Ambivalentes limites.
La détermination des limites, c'est ce qui institue l'individualité. C'est vrai pour l'existence humaine, comme pour celle d'un pays. Je "suis" parce que mon corps est autonome, ma conscience m'est propre, une nation ne fonctionne que si elle a une identité, qui plonge ses racines dans l'histoire. Mais ces limites n'ont de sens que parce qu'elles permettent des échanges, maîtrisées ou non. La question des frontières se pose régulièrement pas seulement quand il est question de conflits, mais aussi dans les relations de tous ordres (démographiques, économiques, politiques...quand il est question parfois d'unification, de redéfinition des limites.) L'histoire le montre amplement. Les cartes n'ont rien de définitif, pas plus que les frontières, même dites naturelles. Les limites de la souveraineté sont souvent fluctuantes, au hasard des effondrements ou des rebrassages (les nouvelles configurations à partir de la fin de l'Empire ottoman, puis l'histoire récente de l'ex-Yougoslavie en sont des exemples récents et frappants) "...Les même États qui avaient inventé les frontières se sont attribués le droit de les dépasser pour aller s’approprier des ressources ailleurs. Ces mécanismes que l’on dit d’« extra-territorialité » ne viennent pas après ou en plus, ou pour contredire le principe initial de souveraineté qui a toujours justifié l’invention des frontières. Ils mettent en évidence la flexibilité d’une institution comme la frontière, qui n’a rien de stable, contrairement à ce qu’une vision réaliste des relations internationales nous habitue à penser. Plutôt que les traditionnelles définitions de la frontière qui lient traditionnellement Etat, territoire et souveraineté d’une manière quasiment tautologique, je propose désormais, pour la différencier aussi d’autres types de limites, de définir la frontière comme un espace-temps matérialisant les normes. Cela permet d’une part d’intégrer dans la pensée de ce concept les dynamiques d’extra-territorialité que les États s’autorisent et, d’autre part, de pouvoir penser des frontières à d’autres échelles. Voir: Géopolitique des frontières. Découper la terre, inventer une vision du monde..."
Parfois, les frontières sont poreuses, comme en Guyane, parfois, elles sont murées.
Définir des frontières n'est pas toujours chose aisée.
Quelles sont celles d'Israël, par exemple, dont le projet sioniste réactivé, laisse la question dans le flou, volontairement?
Les frontières dites "naturelles" ne le sont pas toujours, ou pas toujours longtemps et les problèmes historiques ne manquent pas de montrer les limites de cette fixité provisoire.
Les cartes souvent fascinent... et perturbent.
Surtout celles qui dormaient à l'école primaire, bien jaunies, souvent écornées, au fond de la salle, sagement accrochées, et que l'on sortait de la poussière au fur et à mesure des besoins et des cours d'histoire-géographie.
Très tôt, elles imposent à l'enfant curieux leurs évidences.
Les pays, colorés ou non, avaient valeur d'éternité, les frontières se donnaient comme des limites absolues. C'était comme ça et pas autrement. Depuis toujours.
...Jusqu'au moment où les naïves certitudes initiales se trouvent peu à peu ébranlées par des données non plus visibles, mais apprises. Non, les nations n'ont pas toujours existé tel qu'on peut se les représenter aujourd'hui, avec les mêmes limites. Le doute s'installe. Les pseudo certitudes s'effondrent...
Le terrain n'est pas la carte et les pays, les nations, les confédérations sont le résultat de constructions dans le temps. Les USA, par exemple, présentent une apparente homogénéité qui masquent une histoire récente compliquée. L'unité n'était pas donnée.
Rien n'est éternel. Pas même la France, si jeune dans l'histoire du monde (n'en déplaise à De Gaulle). Les Gaulois n'étaient pas la France.
L'histoire (écrite) a aussi une histoire, qui mérite d'être interrogée.
Comme la cartographie.
Les cartes n'ont qu'une valeur provisoire, éphémère à l'échelle de l'histoire des hommes, qui, au début, ignoraient la notion de territoire, au sens politique. Les chasseurs-cueilleurs n'avaient pas de passeport...
On comprend que nous puissions être perturbés par des changements lents ou rapides au niveau des territoires, qui se font et se défont, au niveau des frontières qui se déplacent au gré des péripéties historiques et parfois écologiques. Il suffit de comparer entre elles les cartes de la Pologne ou de l'Autriche depuis quelques siècles...Voyez l'Ukraine.
Cela donne parfois prétexte à perplexité un peu facétieuse (*)
Il semble qu'on n'en ait jamais fini avec les problèmes de frontières. Les guerres surtout sont suivies de redistributions de territoires, contraintes ou négociées, sources parfois de nouvelles instabilités. Staline et Churchill ont été orfèvres à ce jeu-là, reconfigurant l'Europe sur un coin de table, comme on le dit...
, Combien de fois l’Europe a changé de frontières en 25ans?
On peut le constater aujourd'hui en Europe centrale et de l'Est, dans les Balkans, où existent encore des plaies non cicatrisées. Combien de temps durera le Kosovo bricolé? Qu'en sera-t-il de la Belgique dans quelques décennies?...
Parfois, des frontières sont en suspens... ________________________
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