lundi 15 novembre 2021

Miracle à Jérusalem?

On pouvait s'y attendre.  

                    La succession de Bibi à Tel Aviv n'a pas produit les effets escomptés par la frange la plus éclairée de l'opinion israëlienne. Bennett ne fera pas de miracles. Il tracera son chemin dans le sens engagé par Sharon, en durcissant les choses.  Selon G.Levy de Haaretz, la vie politique interne s'est un peu plus réduite à des débats d'identité sioniste, voire d'ultra-sionisme, masquant les véritables questions sociales et politiques. Profitant de ce vide, la colonisation des territoires occupés continue à bas bruit, selon un projet mûrement réfléchi, provoquant même de timides critiques américaines, se rappelant parfois de certaines résolutions de l'ONU. L'Europe regarde ailleurs, l'Allemagne est officiellement plutôt bienveillante, comme d'habitude.                         ____ Côté israëlien , les critiques ne manquent pas de la part de  certains journalistes de Haaretz, de l'organisation La paix maintenant, de certains intellectuels comme le professeur D. Shulman de Jérusalem, notamment, un peu las de crier dans le désert: « Un jour, ce conflit trouvera sa résolution, mais aujourd’hui il y a beaucoup à faire. La réalité quotidienne est pratiquement insupportable. Je ne pouvais plus la tolérer en restant assis à mon bureau. Je me sens responsable des atrocités commises, en mon nom, par la moitié israélienne de l’histoire. Laissons les Palestiniens prendre leurs responsabilités face à celles que l’on commet en leur nom. De notre côté, il y a l’entreprise, toujours en cours, des colonies, installées sur une terre annexée dans l’intention manifeste de rendre malaisé tout compromis. Et cette forme de violence, qui a fait des ravages dans tous les Territoires – et nous oblige à faire face à une sorte d’État dément et rapace de colons et de soldats de l’autre côté de la Ligne verte –, s’accompagne d’une violence aussi inacceptable du cœur et de l’esprit : l’égoïsme borne et autosatisfait du nationalisme moderne. »                              ___ La censure se renforce. La moindre critique est mise en cause, certaines ONG sont ostracisées. Les tensions internes sont exploitées sans qu'on s'interroge sur le sort des arabes palestiniens. La peur reste une valeur sûre pour l'équipe au pouvoir, les ultra-orthodoxes donnant le ton, comme les évangélistes de partout.    Mais critiquer Israël sur sa ligne politique reste toujours le grand tabou, tant les amalgames et les confusions sont savamment entretenues.                                                                                                                                        La colonisation suivra son cours...Mais jusqu'où? La constitution de deux Etats prévus a vécu, même si certains font semblant d'y croire encore...

                      C'était attendu. Bibi a chuté. La justice va pouvoir s'exercer enfin.  Mais la suite laisse songeur. Que vaudra une coalition où la chèvre côtoie le choux?    Certains diront: on est passé de la peste au choléra. Difficile de faire pire que Bibi, le roi du chaos. C'est tout le système qui est en crise, et depuis longtemps. Rien ne risque de changer sur le fond, juste moins d'autocratisme et de cynisme.  (*)  
                                   Les résultats qui suivront risquent d'être très inattendus, mais pas dans le sens espéré. Le pourrissement de la situation risque de s'aggraver dans le contexte actuel. L'apartheid de fait peut aller vers un renforcement, tant que les USA soutiennent inconditionnellement Jérusalem. L'absence de constitution et un système  électoral de proportionnalité intégrale n'arrangent pas les choses et favorisent les pires alliances. Rabin, au secours!

     _____(*)  "....Mais le climat dans lequel il quitte ses fonctions, le dépit hargneux qu’il se montre incapable de contenir, comme ses propos provocateurs et irresponsables, sont ceux d’un aventurier de la politique et d’un chef de clan, drogué au pouvoir et avide des honneurs et des privilèges qu’il procure. Un homme dont l’effacement ne peut pas nuire à son pays.    Comment ne pas se réjouir de la chute d’un chef de gouvernement poursuivi pour corruption, fraude, abus de confiance, qui attribue son infortune judiciaire à l’« État profond », aux élites, à la gauche, aux magistrats, à la presse ? Comment ne pas se féliciter, sept mois après la défaite de Donald Trump, d’assister à la sortie de scène de son « ami Bibi », cousin du président américain en mégalomanie et en égocentrisme, comme en déni massif de la réalité ?   Ici s’arrête, hélas, pour les Israéliens et les Palestiniens, la similitude des situations.  Car si, aux États-Unis, Joe Biden est arrivé au pouvoir résolu à rompre avec les grandes lignes de la politique de Trump et à rectifier une partie au moins de ses pires erreurs, Naftali Bennett, le nouveau premier ministre israélien, n’annonce aucune rupture historique et n’incarne rien de réellement nouveau. Ni en matière économique et sociale, ni en politique, ni surtout en ce qui concerne les réponses à la « question palestinienne ».   Seuls devraient changer, au moins à première vue, les personnalités des principaux acteurs de l’exécutif, la vision de certaines questions de société et les aspects les plus choquants de la gouvernance imposée par Netanyahou.   Au « démocrateur » – dictateur démocratiquement élu –, selon les termes de Haaretz, pourrait succéder un chef de gouvernement moins idéologue et plus pragmatique. Plus respectueux des formes de la démocratie parlementaire. Moins influencé par les régimes « illibéraux » d’Europe de l’Est.   Mais rien ne dit qu’à la politique du statu quo et de « gestion du conflit » pratiquée par Netanyahou face aux Palestiniens sera substituée une politique de « résolution du conflit ». Et moins encore un retour au « processus de paix ». Pour une raison simple : le nouveau premier ministre n’y est pas du tout disposé et il n’existe aucun consensus dans ce domaine entre les huit formations qui constituent la nouvelle majorité parlementaire.  Plusieurs d’entre elles, parmi les principales, ont sur ce point des conceptions qui ressemblent fort à du Netanyahou sans Netanyahou : hostiles à la création d’un État palestinien, résolues à poursuivre – voire à développer – la colonisation des territoires occupés, et favorables à l’annexion d’une large partie de la Cisjordanie.   À vrai dire, lorsque leurs dirigeants ont commencé à négocier, elles n’avaient qu’un seul dénominateur commun : « dégager Netanyahou ».  Quels partis trouve-t-on autour de Yesh Atid (« Il y a un avenir »), la formation centriste laïque de l’ancien animateur de télé Yaïr Lapid qui fut l’architecte de la « majorité de changement » désormais au pouvoir ? Leur simple énumération donne une idée de l’hétérogénéité de la nouvelle coalition. Et sans doute de l’un des problèmes majeurs que devra affronter le successeur de Benjamin Netanyahou...."_____________________

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