vendredi 8 avril 2022

Allemagne au tournant

Les soucis d'Olaf

                     Berlin n'inaugure pas seulement une nouvelle période politique. Il entre aussi dans une nouvelle phase de sa vie économique. Avec nombre de questions de fond. Le géant industriel européen se trouve projeté dans une période d'incertitudes, le mercantilisme jusque là triomphant prend conscience de ses fragilités, à l'heure où une nouvelle donne se fait jour à l'Est, de Moscou à Pékin. La grande dépendance au gaz russe fait problème et alerte les industriels, à l'heure d'une transition énergétique audacieuse mais problématique. Le développement accéléré de l'économie chinoise et son autonomie progressive, même dans les domaines de pointe, l'amène et l'amènera à se détacher plus encore du marché chinois et de ses fabuleuses demandes. Un géant au pied d'argile: c'est ainsi que qualifiaient certains économistes le flamboyant état du pays de Merkel, qui semblait avoir un avenir de développement sans fin.                                                                     Il est difficile de prévoir dans quel sens se dirigera la nouvelle politique qui se prépare, surtout dans le contexte des exigences impérieuses de la réduction drastique  des effets- carbone. Un réveil difficile pour le pays, comme le signale La Tribune. Le libre échange à tout va commence à poser de sérieux problèmes dans un proche avenir. La nation exportatrice prend comme jamais conscience de ses dépendances. L'angélisme d'Angela commence à être contesté à Berlin, trop favorable à Poutine et trop confiante face à la fulgurance de la croissance chinoise et à ses ambitions. L'affaiblissement de notre voisine d'Outre-Rhin ne serait pas sans conséquences sur ses partenaires européens, mais l'obligera peut-être à ne plus regarder vers l'Est avec les mêmes ambitions et les mêmes illusions. La voie "Nach Osten" va devoir être revue, avec les conséquences géopolitiques qui s'imposeront. Les impulsions de Schröder, non sans brutalités, sont redéfinies et l'ancien chancelier affairiste russophile est aujourd'hui violemment contesté, même par Olaf Scholz, son ancien collaborateur déjà en difficulté. Le jeu va devenir compliqué à Berlin, où les décisions majeures ne sont pas caractérisées par la rapidité et la cohérence.

                                             Olaf en est conscient: " « Nous vivons un changement d’époque. Cela signifie que le monde d’après n’est plus le même que le monde d’avant. Au fond, il s’agit de savoir si la force peut transgresser le droit. » Le discours d’Olaf Scholz, lors de la session historique au Bundestag, le 27 février 2022, marque une révolution dans l’approche qu’a l’Allemagne de sa politique extérieure. Contraint par l’intervention russe en Ukraine, le chancelier social-démocrate a opéré un renversement des principes qui guidaient l’Allemagne depuis la fin de la seconde guerre mondiale : le pays a compris qu’il ne pouvait plus compter sur le droit et l’interdépendance économique entre Etats pour garantir la paix et la stabilité.   C’est aussi une rupture pour le moteur de la quatrième économie du monde. Longtemps, la doctrine du « Wandel durch Handel » (le changement par le commerce) avait tenté de réconcilier ces deux approches : le pays était convaincu qu’en entretenant des relations commerciales étroites avec les pays non démocratiques ces derniers finiraient par prendre le chemin de la libéralisation et de la démocratie. Cette posture était d’autant plus confortable que l’Allemagne a largement profité économiquement du « dividende de la paix », une relative stabilité géopolitique, ces vingt dernières années.  L’offensive de la Russie, principal fournisseur de gaz du pays, au mépris du droit international, a fait sortir la quatrième économie du monde d’une naïveté géopolitique devenue intenable....."

       * ______ Allemagne ambigüe.  ___ Que veut l'Allemagne? ___Berlin: nain politique. ___ Excédents commerciaux allemands. ___ (Nouvelle) question allemande. __ L'Allemagne: un modèle?                          _____________________

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