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mercredi 13 juin 2012

Haro sur Allemagne?

Allemagne ambiguë

___________L'Allemagne est souvent mise en accusation, ou plutôt la politique menée par sa chancellière, sa coalition en voie de fracture et les intérêts qu'elle représente.
  L'OIT n'y va pas par quatre chemins. Pour elle,  l'Allemagne est responsable de la crise en zone euro, soulignant le fait de "la politique salariale "déflationniste", mise en place en Allemagne ces dix dernières années  : "Les coûts du travail en Allemagne ont chuté depuis une décennie par rapport aux concurrents, mettant leur croissance sous pression, avec des conséquences néfastes pour la viabilité de leurs finances publiques".
In Deutschland auch...L'unanimité ne règne pas sur le ligne à suivre, loin de là.
Joschka Fischer n'a pas de mots assez durs à l'encontre de la politique d'austérité imposée par Angela Merkel
Souhaite-t-elle sans le dire le départ de la Grèce de la zône euro?
Selon l'économiste J.Sapir,"... nous voyons se mettre en place petit à petit le mécanisme d’une sortie de la Grèce de l’Euro, solution ouvertement envisagée par le Ministre Allemand de l’intérieur. Ces déclarations, qui ont le mérite de la clarté, soulèvent un autre problème. Quels que soient les démentis, il est clair qu’un membre du gouvernement ne s’exprime pas à la légère, surtout en Allemagne. Il y a au moins un débat important au sein du gouvernement Allemand, et peut-être plus : une décision d’aboutir par petits pas à une sortie de la Grèce de la zone euro. Une sortie qui doit être naturellement « volontaire » (tout comme l’est l’échange des titres de dette est qualifié de « volontaire ») car il n’existe à l’heure actuelle aucun mécanisme pour exclure un pays de la cette zone euro..
Si la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie ont vu leur endettement public s’accroître dans des proportions considérables ces dernières années, c’est en raison de l’écart croissant de compétitivité avec l’Allemagne. Ceci s’est traduit par un déficit commercial croissant avec ce pays mais aussi – plus subtilement – par une plus grande sensibilité à la montée du taux de change de l’Euro depuis 2002. Ce dernier est ainsi passé de 1 Euro pour 1,05 Dollars américains en 2002 à plus de 1,40 pour revenir, vers la mi-décembre 2011 à 1,30. L’économie allemande peut résister à une telle surévaluation, mais pas celles des pays du Sud de l’Europe. La compétitivité des pays de l’Europe du Sud s’est ainsi dégradée face aux autres pays du monde du fait qu’ils étaient entraînés dans une spirale de réévaluation pour eux insupportable.
Cet écart de compétitivité s’enracine dans des configurations très différentes des structures économiques et industrielles des pays de la zone Euro. De ce point de vue, la monnaie unique n’a apporté nulle convergence. Pour qu’il en fut autrement, il eut été nécessaire de prévoir des mécanismes de transferts budgétaires importants des pays comme l’Allemagne vers les pays du Sud de l’Europe. Mais, l’Allemagne s’y est refusée dès le départ..."
_____En suivant ses stricts intérêts, dans la cadre d'un ordolibéralisme dogmatique, Berlin mène un jeu dangereux, devenant un problème pour elle-même.
" La Chancelière Angela Merkel souffle donc le chaud et le froid depuis le début de la crise : si une crise longue mais légère est bénéfique pour l’Allemagne, un effondrement de la zone serait une catastrophe pour elle. C’est comme si elle s’efforçait de maintenir ses voisins sous assistance respiratoire en espérant que le statu quo dure le plus longtemps possible..."
Le modèle de production allemand, essentiellement exportateur, est certes performant, mais paradoxalement aussi de ce fait vulnérable.
__C'est ce qui explique sans doute les tergiversations de  la « dame de plomb », prise dans d'innombrables contradictions, passant de la résistance à l'ouverture.
Sans compter les tensions et les contradictions régnant au sein de son gouvernement.

________________Selon un journaliste allemand, se référant à Helmut Schmidt, l'Allemagne ne doit pas oublier sa dette envers l'Europe:
"... Si le monde entier ne nourrissait pas une profonde méfiance envers l'Allemagne, déclarait récemment Helmut Schmidt, ex-chancelier et grand maître de la politique allemande, l'union européenne n'aurait jamais été mise sur les rails...
 "Nous ne sommes pas assez conscients du fait que les Allemands suscitent la méfiance de presque tous leurs voisins et pour des générations encore", affirme Helmut Schmidt. En tout cas, l'un des principaux moteurs de la construction européenne a été la crainte de voir renaître une Allemagne dominatrice. Il fallait ancrer, et par là dompter, ce pays au cœur de l'Europe, à l'importance géopolitique majeure.
L'introduction hâtive de l'euro s'explique elle aussi par la volonté de rattacher à la communauté cette Allemagne renforcée par la réunification. Pour obtenir la bénédiction de la communauté internationale, l'Allemagne réunifiée a dû renoncer au deutschemark. La monnaie unique fut toutefois bâtie sur son modèle, c'était une condition de l'Allemagne. A l'heure où l'euro révèle ses défauts de conception, la faute en revient aussi aux Allemands..." 
_______Les banquiers allemands ont tendance a vouloir laisser tomber les pays dits faibles, en oubliant qu'ils sont impliqués dans leur dette.  L’Allemagne a donc  une part de responsabilité dans la crise européenne
"... Comme la Banque centrale européenne (BCE) est régie par des règles imposées par l’Allemagne, la politique monétaire de l’UE fut décidée en prenant essentiellement en compte la contraction des salaires allemands. Les banquiers centraux ont alors opté pour une politique monétaire adaptée à la première économie européenne, mais trop expansionniste pour Lisbonne, Madrid, Dublin ou Athènes. L’argent a inondé ces pays nourrissant des bulles (immobilier…), alimentées par un crédit facile. Tandis que la hausse des prix a entraîné celle des salaires, réduisant leur compétitivité. Bien sûr, cela ne veut pas dire que Grecs, Espagnols, Portugais ou Irlandais n’ont pas de responsabilité dans la crise, mais cela explique en partie les distorsions entre le sud et le nord de l’Europe, voire entre l’Allemagne et les autres. Aujourd’hui, les banquiers allemands veulent laisser tomber les pays dits faibles, oubliant que les banques allemandes notamment régionales, ne survivraient sans doute pas à une déconfiture de l’Europe du Sud. Tel est l’avis de Ferdinand Fichtner..."
___ L’Allemagne a cette responsabilité d’avoir imposé le DM, rebaptisé pudiquement euro, au reste de la zone . Monnaie beaucoup trop forte pour une majorité des pays qui l’ont adoptée . On parle souvent de délocalisations, mais sans savoir ce que l’on dit . Les entreprises recherchent, en priorité, à produire hors zone euro . Le coût le la main d’oeuvre est secondaire . La main d’oeuvre peu qualifiée étant, par définition, incapable de productivité et de valeur ajoutée importante . En son temps, monsieur Sellière, alors patron du CNPF, avait eu une remarque qui résume tout . Il avait dit qu’en moyenne, les entreprises industrielles françaises faisaient 2% de gains de productivité par an . Il y a dix ans, l’euro avait été introduit à parité avec le dollar . Quelques années seulement après, il s’était renchéri de 40% . Quelle entreprise peut voir le coût de ses produits prendre 40% en 5 ans par le simple fait de la monnaie ? Un seul exemple illustre celà . La volonté d’Airbus, à l’époque, de partir produire hors zone euro . Volonté vite étouffée par les politiques . Du coup, la facture a été payée par les salariés, par le biais de l’externalisation, souvent hors zone euro . Les Allemands ont réussi à imposer la monnaie, qui permit le mieux de financer sa réunification, sur le dos des autres pays membres..."
"... Comme le souligne The Economist, il y a une grave incompréhension de la position allemande. Il ne s’agit en aucun cas d’une véritable intégration politique fédérale. Les Allemands refusent la « Transfer Union ».
  Berlin n’est prêt à plus d’intégration que pour le contrôle des budgets nationaux et l’imposition d’une rigueur uniforme via des sanctions plus au moins automatiques qui pourraient être initiées ou prises par la Commission ou la Cour de Justice. Voilà la seule intégration européenne à laquelle l’Allemagne est prête aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’une intégration solidaire mais d’une intégration qui imposerait le « modèle allemand » et l’austérité sur le continent...."
_________ Forte de son succès économique, elle impose son droit
Mais les principes qui régissent les relations entre les länder  valent-ils à l'échelle européenne?
Que vaut le projet d'Europe fédérale ? 
 Selon Jacques Sapir : Il n’y a nul fédéralisme dans ce plan, mais le camouflage de la position allemande sous les couleurs d’un soit disant fédéralisme. Ce plan ne fait que refléter, et consolider, la vision « disciplinaire » ou « punitive » d’un fédéralisme budgétaire qui est celle de l’Allemagne. Un fédéralisme réel ne serait possible qu’à la condition d’être cohérent économiquement. Il faudrait donc pouvoir adosser le fédéralisme budgétaire au fédéralisme fiscal et social et prévoir d’emblée des flux de transferts importants. La position de l'Espagne s'explique par la peur de perdre ce qui lui reste de souveraineté directement au profit de Berlin. Un fédéralisme qui serait uniquement budgétaire ne pourrait être que contraignant, tout en ouvrant de nouvelles possibilités de dumping social ou fiscal. En fait, ce que l’on appelle « l’option fédérale » ne peut plus dissimuler qu’elle n’est que le cache-sexe d’une politique disciplinaire imposée par un pays, l’Allemagne..."
On s'acheminerait alors vers un fédéralisme autoritaire
 L'Allemagne, qui n'est pas si vertueuse, est à la croisée des chemins, dans une Europe qui a perdu ses repères. Un leadership plutôt désastreux, selon J. Delors.
______Que fera l'Allemagne pour sortir de ses contradictions?
Les Allemands le savent-ils eux-mêmes? 
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-Dernière nouvelle: une délégation du SPD se rend à l'Elysée pour faire pression sur A.Merkel
-L'intérêt de l'Allemagne..
- Le consensus de Berlin 
- Deutsche Bank: privatisations dans toute l’Europe.

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