mercredi 13 avril 2022

On est (a) des champions!

 Congratulations!

                 Vive nous! Nous progressons encore.  Ce n'est pas Mélenchon ou Roussel qui le disent."...    Le magazine Forbes recense 43 milliardaires français en 2022, soit un de plus que l'an passé. Et pour se faire une idée, un Français moyen devrait travailler 3,5 millions d’années sans discontinuer pour égaler la fortune de Bernard Arnault, plus grande fortune de l'Hexagone.    La pandémie de Covid-19 a aggravé les inégalités de manière spectaculaire. Un rapport d’Oxfam publié en janvier 2022 révèle que les milliardaires se sont plus enrichis pendant la crise sanitaire qu’en une décennie. En France, Forbes dénombre 43 milliardaires dans son dernier classement des plus grosses fortunes mondiales. En 2021, ce cercle très fermé était composé de 42 personnes.    Bernard Arnault, devenu l’homme le plus riche du monde l’espace d’un instant en 2021, reste haut la main le Français le plus riche. Son capital est estimé à 156 milliards de dollars, soit le double de Françoise Bettencourt Meyers, l’héritière de L’Oréal, deuxième de ce classement. Pour donner une idée de ce que représente cette somme, Statista estime qu’un Français payé autour de 40 000 euros par an devrait travailler sans discontinuer pendant 3,5 millions d’années pour rattraper la richesse du PDG de LVMH. Seulement neuvième en 2021, Rodolphe Saadé a quadruplé sa fortune en l’espace d’un an pour s’inviter à la troisième place. Peu connu du grand public, il est le patron de CMA CGM, la troisième compagnie de transport maritime au monde.     Preuve que le luxe se porte bien : François Pinault, à la tête de Kering (Gucci, etc.) et Alain et Gérard Wertheimer, les dirigeants de Chanel, suivent le trio de tête de près. Le très médiatique Xavier Niel est huitième, devancé par le très discret patron de Lactalis Emmanuel Besnier....


                                                                                     Depuis de 10 ans les inégalités se creusent. Malgré le "pognon de dingue" que l'Etat injecte dans les dépenses sociales. On se demande qui sont les assistés.  Certains semblent vivre hors-sol, parfois dans des ghettos dorés. Certes la France n'est pas isolée dans cette montée des super-profits. Même l'OCDE s'en est inquiété un temps. 
La critique n'est pas morale, mais politico-économique et surprend de la part d'une institution jusqu'ici conformiste.

.         ....Depuis les années 1980, le libéralisme triomphant dans tous les pays occidentaux a inscrit dans les têtes que le creusement des inégalités est la rançon d’une plus grande efficacité d’un système économique. Mais tout cela finalement ne serait pas trop grave car la richesse de certains, même d’un tout petit nombre, finit par retomber en pluie fine sur tous, ont assuré nombre d’économistes. Finalement, après avoir défendu, comme tant d’autres, pendant des années cette vision, l’OCDE se ravise.
   Les chiffres, il est vrai, sont sans appel. Ils donnent une image d’une situation des pays développés que l’on pensait réservée auparavant aux pays émergents. En 2012, 40 % de la population des pays de l’OCDE possédaient 3 % de la richesse totale, quand les 10 % des revenus les plus élevés possédaient la moitié du patrimoine total et les 1% plus de 18%.
     Alors que dans les années 1970, le revenu des 10 % des ménages les plus riches était de 7 fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres, le rapport est désormais de 10 fois. Et ce n’est qu’une moyenne. Aux États-Unis, le ratio s’élève à 18,8 fois, en Grande-Bretagne de 10,5 fois. La France, contrairement à tout ce qui est rabâché, est devenue un des pays les plus inégalitaires du continent. La hausse des inégalités entre 2007 et 2011 est la troisième plus forte augmentation de tous les pays de l’OCDE. Les 10 % les plus riches y gagnent 7,4 fois plus que les 10 % les plus pauvres contre 6,6 fois en Allemagne, ou 5,8 fois en Suède.
      La croissance économique n’a pas permis, contrairement à la prédiction de nombre d’économistes libéraux, de compenser les effets inégalitaires. La crise, en revanche, les a durement aggravés. Le choc a été particulièrement dur pour les pays frappés par la crise, note le rapport de l’OCDE. En Grèce, le revenu moyen a diminué de 8 % par an entre 2007 et 2011, en Espagne, en Irlande, en Islande, les pertes annuelles ont été supérieures à 3,5 %. Mais ce ne sont que des moyennes, prévient le rapport. En Espagne, pendant que le revenu des 10 % des plus pauvres chutait de presque 13 % par an, celui des 10 % les plus riches se réduisait de 1,5 %. En France, comme aux États-Unis ou en Autriche, les plus riches ont continué à bénéficier de hausse de revenus pendant que les plus pauvres voyaient les leurs diminuer, pendant cette période.
Trente années de grande compression des revenus pour les classes les plus pauvres et moyennes ont fini par laisser des traces. Au cours des dernières décennies, 40 % des populations des pays développés ont été tenues à l’écart de l’accroissement sans précédent des richesses produites dans le monde. « Parallèlement à la hausse des 1 %, le déclin de ces 40 % pose des questions sociales et politiques. Quand une partie si large de la population profite si peu de la croissance économique, le modèle social se casse et la confiance dans les institutions s’affaiblit », insiste le rapport....
... Les conséquences, selon l’OCDE, ne sont pas seulement sociales et politiques mais elles sont aussi économiques. Et c’est sans doute ce dernier point qui a ébranlé le plus les convictions de l’institution. Selon ses calculs, la montée des inégalités entre 1985 et 2005 dans les pays de l’OCDE a amputé la croissance de 4,7 % en cumulé entre 1990 et 2010. Les effets se poursuivent. La faiblesse de la croissance économique, la chute de la productivité, la chute de la consommation, et de tous les autres indicateurs enregistrés dans les pays développés depuis la crise, en dépit des milliards distribués par toutes les banques centrales, trouvent sans doute une partie de leur explication dans l’immense fossé qui s’est creusé entre les revenus....
... Les politiques fiscales et de redistribution « constituent les instruments les plus efficaces et puissants de redistribution des richesses (…) La redistribution à travers les taxes et les transferts est souvent présentée comme un handicap à la croissance économique. S’ils sont bien conçus, une fiscalité plus élevée et les transferts pour réduire les inégalités ne nuisent pas à la croissance », assure le rapport.
Il plaide aussi pour des réformes ambitieuses de la fiscalité. « Les gouvernements devraient réexaminer largement leur système fiscal pour s’assurer que les ménages les plus riches assument leur part dans la charge fiscale », insiste le rapport. Cela passe, selon lui, par une hausse des taux d’imposition mais surtout par des remises en cause de tous les systèmes de niches, de déductions qui ont prospéré dans tous les pays occidentaux ces dernières décennies, amenant les plus fortunés à échapper de plus en plus à l'impôt...." (Merci à Mediapart)
              Ce rapport est intéressant, mais ne va pas aux causes du phénomène, ne remet pas en question les fondements politiques et économiques de cette dérive pourtant justement pointée dans ses effets.
       Qu'attend le pouvoir pour mettre en oeuvre des réformes de bon sens, naguère présentée pas Piketty comme indispensables pour refonder les bases d'un nouveau contrat social, notamment en réhabilitant l'impôt.                                                                                                                                                   Faute d'un Biden  qui n'a pas réussi son pari, on attend un nouveau Roosevelt.________________

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