mardi 31 mai 2022

Ukraine: (suite)

Sortir du brouillard (parfois entretenu).  [Notes de lecture]

          « Tout potentat qui n’a que la puissance terrestre n’a qu’un bras,
Mais qu’il y ajoute la puissance maritime, il a les deux
. » (Pierre le Grand)                                               
________ Voulant se mettre dans les pas de Pierre Le Grand, mais aussi de la Grande Catherine, le nouveau tsar du Kremlin prétend ne pas vouloir couper l'immense Russie de l'accès aux mers chaudes, pour désenclaver la Grande Russie et lui offrir de nouveaux horizons commerciaux et militaires. C'est du moins l'intention principale que d'aucuns lui prêtent dans l'"opération" en cours. Poutine vit de ses mythes historiques et de ses ambitions personnelles. Une nouvelle géopolitique tente de se mette en place, après les échecs et les humiliation de l'ère post-gorbatchevienne et surtout eltsinienne. Une nouvelle ambition, mais sans les mêmes moyens et avec d'autres méthodes, sur un échiquier international qui a radicalement changé. Avec comme effet non attendu le réveil d'un Otan déclaré moribond.   

                              Une guerre qui ne dit pas son nom et qui semble destinée à durer:

     "....En attendant confirmation, on peut raisonnablement supposer ce qui suit : Poutine craint que l’armée ukrainienne, suréquipée par les États-Unis, ne devienne assez forte pour lancer une offensive générale et reprendre le Donbass et la Crimée ; cette épreuve aurait ruiné ses efforts et humilié comme jamais la Russie. Il fait donc le pari d’envahir l’Ukraine avant qu'il ne soit trop tard. Pari largement perdu puisque l’armée russe, plus mal en point qu’il ne devait lui-même le penser, a échoué dans sa tentative de « guerre-éclair ».  Le président russe s’est donc très vite rabattu sur son objectif a minima : occuper le Donbass et le sud de l’Ukraine, jusqu’à Khesron, sur le Dniepr, au total 60 000 km2, de façon à sécuriser la Crimée et fermer la mer d’Azov aux Ukrainiens et donc à l’Amérique. Trois mois après le lancement de l’offensive, cet objectif est largement atteint, au prix de lourdes pertes et de graves destructions, mais sans que Moscou ait eu à décréter une mobilisation générale.   Chacun se prépare désormais à une guerre de longue haleine où c’est l’armée ukrainienne qui devra prendre l’initiative de l’offensive face à un ennemi solidement retranché. Même avec derrière elle l’industrie de guerre américaine, elle aura du mal à récupérer les territoires perdus.   Conscient de la difficulté, le président Zelensky place ses espoirs dans les sanctions économiques, même si l’Histoire nous enseigne que tous les blocus et embargos se sont révélés inefficaces et même contre-productifs, depuis le Blocus continental jusqu’à Cuba, la Corée du nord et l’Iran en passant par Berlin.   Les Russes se sont préparés à cette éventualité depuis 2008 en cultivant l’autarcie et en nouant de nouvelles alliances. Ils peuvent compter sur la complicité de la Chine et des grands États d’Asie continentale. C’est ainsi que leurs exportations de gaz auraient baissé vers l’Europe mais augmenté vers la Chine, en rapportant plus de devises que jamais à Gazprom !  L’Ukraine, de son côté, risque de perdre dans cette guerre à rallonge ce qui lui reste de sève vitale. Depuis son indépendance en 1991 et jusqu’en 2021, le pays, rappelons-le, avait un PIB en baisse rapide et une population tombée de 52 millions à 45 millions d’habitants sous l'effet de l'émigration et de la dénatalité (un record mondial !). Cela ne s’est pas arrangé avec la guerre, ses destructions, ses victimes, ses déplacés et ses réfugiés, parmi lesquels beaucoup ne reviendront pas au pays. Au vu de sa démographie, il est difficile d'imaginer que le pays se remette de l'épreuve, surtout s'il devait se dissoudre dans l'Union européenne.     Sans égaler le malheur ukrainien, les Européens ont aussi du souci à se faire. Ils n’échapperont pas à une crise économique et sociale majeure, du fait des pénuries et des hausses de prix sur les hydrocarbures, les matières premières, les céréales, etc. C'est la conséquence du choix qu'a fait l'Union européenne dans la dernière décennie de promouvoir le recours au gaz et russe, plus accessible et moins cher que toute autre énergie, de la même façon qu'elle a encouragé les industriels européens à s'approvisionner en Extrême-Orient en composants électroniques. Il s'ensuit des dissensions entre les Européens qui pourraient accélérer le détricotage de l'Union.  La France craint de perdre ses derniers fleurons industriels, à commencer par Renault, secoué par la perte de son principal marché à l’étranger (la Russie). Son secteur de l’armement est aussi très affecté par le forcing de ses concurrents américains auprès des Européens (Allemands, Polonais, etc.)… et auprès des Australiens bien sûr. L'Allemagne tente de conserver ses importations de gaz russe, indispensables à ses industries. La Hongrie, quant à elle, refuse de renoncer à ses achats de pétrole russe...."                                                                                                                                      _____ _____   L'épine  Azov: mythe et réalité.

_____  Echos du Donbass                             ________________________

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