CARNET DE BORD D'UN PASSEUR FATIGUE MAIS EVEILLE...QUI NE VEUT PAS MOURIR (TROP) IDIOT.
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" Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile."
[Thucydide]---------------------
" Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti " [A.Camus]
Depuis La Fontaine, peu de choses ont changé. Deux poids, deux mesures... Une justice trop souvent à géométrie variable. Une justice qui peine souvent à faire son travail, avec le peu de moyens qu'elle a. Une justice souvent injustement traitée. On comprend que, malgré ses failles intrinsèques, elle puisse devenir objet de suspicion, surtout depuis certaines "affaires"...
"...¨Pourquoi cet élu corrompu ne dort-il pas en prison, alors qu’on y envoie volontiers les petits voleurs ? Obsédante, la question revient à chaque affaire politico-financière ou presque. Elle relèverait d’un raisonnement simpliste et populiste, maugréeront certains, mais cette interrogation repose pourtant sur une réalité bien palpable. Alors que le nombre d’atteintes à la probitéaugmente, on voit très peu de politiques envoyés dans les geôles de la République, au demeurant pleines à craquer (avec 72 809 détenu·es pour 60 698 places en novembre). Premier constat : la volonté politique du moment est de lutter en priorité contre la petite délinquance, un combat supposé payer médiatiquement et électoralement. Dans le même temps, police et justice sont mal armées pour combattre efficacement la corruption : les effectifs comme les moyens matériels font défaut. Par ailleurs, un certain nombre de magistrates et de magistrats répugnent à incarcérer les cols blancs, soit par un effet de biais culturel, soit qu’ils doutent de l’utilité de la mesure elle-même, soit qu’ils craignent tout simplement pour leur carrière. D’où l’exaspération récurrente des citoyen·nes au vu du traitement judiciaire plutôt doux qui est réservé aux politiques, au mépris du principe d’égalité devant la loi, malgré le durcissement de l’arsenal répressif, et en dépit des exigences d’exemplarité et de probité censées peser sur les élu·es.peser sur les élu·es.
Pourquoicet élu corrompu ne dort-il pas en prison, alors qu’on y envoie volontiers les petits voleurs ? Obsédante, la question revient à chaque affaire politico-financière ou presque. Elle relèverait d’un raisonnement simpliste et populiste, maugréeront certains, mais cette interrogation repose pourtant sur une réalité bien palpable. Alors que le nombre d’atteintes à la probité augmente, on voit très peu de politiques envoyés dans les geôles de la République, au demeurant pleines à craquer (avec 72 809 détenu·es pour 60 698 places en novembre). Premier constat : la volonté politique du moment est de lutter en priorité contre la petite délinquance, un combat supposé payer médiatiquement et électoralement. Dans le même temps, police et justice sont mal armées pour combattre efficacement la corruption : les effectifs comme les moyens matériels font défaut. Par ailleurs, un certain nombre de magistrates et de magistrats répugnent à incarcérer les cols blancs, soit par un effet de biais culturel, soit qu’ils doutent de l’utilité de la mesure elle-même, soit qu’ils craignent tout simplement pour leur carrière. D’où l’exaspération récurrente des citoyen·nes au vu du traitement judiciaire plutôt doux qui est réservé aux politiques, au mépris du principe d’égalité devant la loi, malgré le durcissement de l’arsenal répressif, et en dépit des exigences d’exemplarité et de probité censées peser sur les élu·es. Dans les années 1990, un semblant d’opération « mains propres », lancée par des magistrat·es, avait bien provoqué l’incarcération de quelques barons locaux comme Alain Carignon à Grenoble (Isère), de 1996 à 1998, Michel Mouillot à Cannes (Alpes-Maritimes), de 1996 à 1997, puis de 2005 à 2007, Jean-Michel Boucheron à Angoulême (Charente), de mars 1997 à juillet 1998, ou encore l’ancien ministre délégué au tourisme Léon Bertrand, en Guyane, de novembre 2009 à mars 2010, puis de septembre 2018 à avril 2019. Alors novice en politique, Bernard Tapie avait quant à lui été incarcéré de février à juillet 1997 dans l’affaire du match de foot truqué VA-OM. Mais à de très rares exceptions près, les poids lourds de la politique, comme Jacques Chirac, Charles Pasqua ou Roland Dumas, étaient pour leur part ménagés, les enquêtes étant freinées et s’étirant interminablement, pour s’achever parfois sur une simple peine de prison avec sursis. Par un mouvement de balancier, la lutte contre la corruption et pour la transparence avait paru reculer progressivement, la prison devenant à nouveau quasiment taboue pour les politiques, du moins jusqu’à une époque récente. Au vu de l’actualité de ces derniers mois, il semble en effet que certains juges aient un regain de vigueur répressive. Toujours ce mouvement de balancier. Deux proches de Nicolas Sarkozy ont ainsi été hébergés récemment par l’administration pénitentiaire. L’ancien maire (Les Républicains) de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) Patrick Balkany, de septembre 2019 à février 2020, puis de février 2022 à août 2022, et l’ancien secrétaire général de l’Élysée et ex-ministre de l’intérieur Claude Guéant, de décembre 2021 à février 2022. Surnommé le « Balkany catalan », Alain Ferrand, maire divers droite du Barcarès (Pyrénées-Orientales), l’a également été, de janvier à février 2022. Quant à l’ancien ministre Georges Tron, il fait figure d’exception, son incarcération de février 2021 à mars 2022 étant consécutive à sa condamnation aux assises pour viol et agressions sexuelles. Pour être spectaculaires, ces incarcérations n’en demeurent pas moins rares.....Comme les grands patrons, les politiques ont un autre atout dans la manche : ils s’offrent souvent les services des meilleurs avocats, habiles à soulever des incidents de procédure et enclins à jouer la montre. Dans le meilleur des cas, ceux-ci peuvent obtenir l’annulation de tout ou partie de la procédure. Au pire, en multipliant les recours, ils pourront toujours, le moment venu, plaider avec indignation la longueur excessive de la procédure et l’ancienneté des faits, tout en implorant la clémence du tribunal. Au besoin, des campagnes de communication peuvent aussi tenter d’attendrir l’opinion et d’exercer une pression sur les juges. Nicolas Sarkozy, notamment, a eu recours à toutes ces méthodes dans les affaires où il est mis en cause, et notamment avant l’ouverture de son procès pour corruption dans l’affaire « Paul Bismuth », en novembre 2020, devant le tribunal de Paris, quand il multipliait les interviews pontifiantesLe parfum d’impunité qui entoure nos chers politiques est encore renforcé par la survivance d’une juridiction d’exception : la Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à poursuivre puis à juger les ministres pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions. La longue liste des affaires jugées par la CJR, dans laquelle les parlementaires sont majoritaires au sein de la formation de jugement, confirme sa tare originelle, celle de l’entre-soi : aucune peine de prison ferme n’a été prononcée depuis le premier procès, en 1999. Relaxes, dispenses de peine, prison avec sursis, c’est la litanie des décisions complaisantes rendues par les juges de la CJR, y compris dans des affaires de corruption pour lesquelles d’autres acteurs ont effectué des séjours en prison. Ce faisant, les politiques se protègent, mais ils prennent le risque d’attiser les colères. [Michel Deléan
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