Un lobbying pas comme les autres
C'est plus que du lobbying. Ce n'est pas la première fois que des tentatives de décrédibilisation s'efforcent de semer le doute et de répandre la critique sur des sites dits d'informations ou d'alertes qui remettent en cause certains intérêts douteux bien établis et rentables. Comme la plate-forme américaine privée Bonus Eventus qui "a accumulé et partagé des informations personnelles sur des scientifiques et des militants critiques des OGM ou des produits phytosanitaires pour mieux les décrédibiliser, dévoilent « Le Monde » et un collectif de médias.."
Les faits sont graves, relevant de l'espionnage, du fichage et de l'intrusion dans la vie privée de chercheurs ou de journalistes spécialisés: "...Par le biais d’une plate-forme en ligne privée, des cadres des principaux fabricants de pesticides et des biotechnologies ont accès, depuis plusieurs années, à un vaste fichier de personnalités considérées comme « critiques » de l’agriculture intensive, qui a massivement recours aux intrants chimiques et aux organismes génétiquement modifiés. L’échelle et la précision de ce fichage, opéré sans distinction de nationalité, sont inédites. Informations sur la famille, la vie privée, le patrimoine et les revenus, divulgation d’adresses personnelles, d’antécédents judiciaires éventuels et parfois d’opinions politiques, informations trompeuses et malveillantes : cette base de données accumule les munitions, prêtes à être utilisées pour déstabiliser, décrédibiliser ou nuire. Obtenus par le média d’investigation Lighthouse Reports et partagés avec Le Monde et plusieurs médias internationaux, les documents internes de cette plate-forme, baptisée « Bonus Eventus », indiquent que plus de 500 scientifiques, militants écologistes, journalistes ou encore experts des Nations unies figurent dans ce registre. Celui-ci apparaît beaucoup plus détaillé et sulfureux que le « fichier Monsanto », révélé en mai 2019 par France 2 et Le Monde.." Comme par hasard, le patron de la plate-forme en question est un ancien responsable de Monsanto. La pratique de collecte d'"informations " sur des opposants à l’industrie agrochimique rappelle le scandale du fichage de personnalités publiques, journalistes et militants par Monsanto dans le but d’influencer le débat public sur l’interdiction de l’herbicide glyphosate. L’agrochimiste, racheté par le groupe allemand Bayer, a écopé en juillet 2021 d’une amende de 400.000 euros prononcée par la Cnil, gendarme français des données personnelles. Selon ce dernier, le fichier incriminé contenait pour chacune des plus de 200 personnalités référencées une « note allant de 1 à 5 » permettant « d’évaluer son influence, sa crédibilité et son soutien à la société Monsanto sur divers sujets tels que les pesticides ou les organismes génétiquement modifiés ». Monsanto, ici de manière interposée, continue de semer le doute, et pire, selon ses habitude commerciales...qui ne relèvent pas du bon génie ______________________
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