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lundi 26 septembre 2016

Distiller le doute


                                                                                      [Note de lecture]

          ... Pour répondre aux critiques.
                                   Une désinformation  plus ou moins subtile.
       La science, avec ses incertitudes, ses imperfections et ses limites n'est pas en cause.
   Seuls le sont, dans certains domaines, certains scientifiques et vulgarisateurs  qui peuvent se faire propagandistes de puissants intérêts industriels. La savoir et le lobbying ne sont pas toujours en adéquation...
       De l'art de biaiser et de nier les évidences 
            Au cours des dernières décennies, la science s’est transformée, à plusieurs reprises, en un instrument à double tranchant. D’un côté, elle sert à éclairer l’humanité sur le fonctionnement de notre univers et sur celui de notre corps. D’un autre, elle se met parfois au service de causes qui n’ont rien de scientifique. On a ainsi vu des chercheurs s’opposer aux résultats des travaux démontrant les dangers du tabac ou du DDT, établissant la réalité du trou d'ozone ou alertant sur les dégâts des pluies acides sur l’environnement. Aujourd’hui, certains scientifiques contestent la responsabilité des activités de l’homme dans le réchauffement climatique, voire la réalité même de ce réchauffement. Ils sont soupçonnés de servir, eux aussi, des intérêts économiques qui s’accommodent mal des contraintes dues à la limitation des rejets de CO2 dans l’atmosphère.
           Telle est la thèse d’une historienne américaine des sciences de la Terre, Naomi Oreskes, professeur à l’université de Californie, qui vient de publier en France son livre intitulé Les "marchands de doute" , coécrit avec Erik Conway, historien des sciences au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa. Des années d’enquête leurs ont été nécessaires pour reconstituer le fil de ces débats en apparence scientifiques mais qui masquent le lobbying orchestré par de puissantes entreprises ou des secteurs industriels. Si ces affaires sont complexes et délicates à débrouiller, c’est bien parce que les lobbys instrumentalisent des scientifiques pour défendre leurs thèses. Pour atteindre leur objectif, c'est-à-dire souvent une absence de réglementation contraignante et coûteuse pour leur activité, les lobbys ont besoin des médias. Et Naomi Oreskes n’épargne guère la presse ni les journalistes accusés de complicité.
    Comment la science s’est-elle laissée pervertir par les intérêts économiques et financiers depuis une cinquantaine d’années ?Quels sont les coupables ? Les scientifiques, les journalistes, les hommes politiques ?Comment détecter les impostures scientifiques et organiser des débats publics qui échappent aux pressions des lobbys ?Comment rétablir une indépendance des chercheurs mais aussi des journalistes pour éviter que ne se reproduisent des situations dans lesquelles les marchands de doute parviennent à leur fin sans, pour autant, éliminer le doute qui constitue l’un des moteurs de la recherche ?
    ___ Cela vaut dans de multiples domaines:
En économie (comme ici)
* Dans l’industrie du tabac (ou de l'amiante)
* A propos du trou dans la couche d’ozone
* Au sujet du  réchauffement climatique (en plusieurs périodes)
* En ce qui concerne les pluies acides; la tentative de réhabilitation du DDT, la « Guerre des étoiles », etc... 
                                    Qui doit-on écouter pour se forger un jugement?
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    On peut lire aussi avec profit: 24h sous influences, de Roger Lenglet, La fabrique du mensonge, de Stéphane Foucart, ou Le monde selon Monsanto de M. Robin.

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...Son esprit s'échappa vers le labyrinthe de la double pensée. Connaître et en pas connaître; en pleine conscience et avec une absolue bonne foi, émettre des mensonges soigneusement construits; retenir simultanément deux opinions qui s'annulent alors qu'on les sait contradictoires et croire à toutes les deux; employer la logique contre la logique; répudier la morale alors qu'on se réclame d'elle..." (Orwell 1984)
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