mercredi 11 décembre 2024

Quelle école?

  Et quelle priorité?

       L'école est malade. Seulement par manque d'attractivité?  Un défi, oui, mais pourquoi? Il y a urgence.


                   QUELQUES REFLEXIONS POUR REPONDRE A L'ARTICLE DU MONDE INTITULE " Le vieillissement de la population enseignante, un enjeu majeur de ressources humaines."

Dans l'EN, la privatisation est en route (Relisons les recommandations de l'OCDE)- Ici -
                        Tous les SR qui lisent mes publications savent que, depuis des années, je tente de vous démontrer, preuves à l'appui, que la privatisation de l'EN est en phase terminale et qu'elle passe par la contractualisation du recrutement des enseignants, au détriment du recrutement statutaire via les concours de la fonction publique.
Or, la semaine dernière, deux faits importants sont venus confirmer cette offensive néolibérale qui s'accélère contre l'Ecole Publique : le retrait de 207 postes aux CAPES 2025 publié au JO et le rapport de la Cour des comptes qui dit "s'inquiéter du vieillissement des personnels - essentiellement enseignants - de l'Education Nationale".
Chacun le sait, la Cour des comptes n'a jamais été partisane du statut général de la fonction publique mais plutôt de l'austérité budgétaire pour "faire des économies" et "rembourser la Dette Publique" provoquée par les baisses d'impôts et de cotisations sociales des entreprises du CAC 40.
Nous allons voir que son souci n'est pas tout à fait le même que le nôtre, ou de nos syndicats, à savoir : comment remplacer tous les départs en retraite par des enseignants fonctionnaires d'Etat, donc comment sauver nos statuts de la contractualisation galopante ?
J'ai publié dernièrement un autre article du Monde qui rappelait, à juste titre, les "difficultés" pour recruter suffisamment d'enseignants via les concours. Cet article nous informait notamment que, depuis 2017, le nombre d'enseignants contractuels avait augmenté de 18% pour dépasser désormais 49 000 dans l'enseignement public (dont 40 300 dans le second degré.).
Le problème de la Cour des comptes, comme celui des gouvernements macronistes, c'est que cette contractualisation ne va pas assez vite pour remplacer les très nombreux départs en retraite du "Papyboom" dans les années qui viennent !
Je vous invite à regarder la première illustration : la pyramide des âges de l'EN.
Cette pyramide des âges ne nous donne pas seulement des renseignements sur le vieillissement de la profession mais un autre indice qui saute au yeux : le fait que les nouvelles générations sont beaucoup moins nombreuses que les anciennes... donc que le recrutement s'effondre depuis les années RGPP - 2007-2012 - et que cet effondrement s'amplifie chaque année.
Bizarrement, certains oublient vite que l'attaque des gouvernements néolibéraux contre les concours de recrutement n'a pas débuté en 2017 mais en 2008 lorsque JM Blanquer était directeur général de l'enseignement scolaire auprès du ministre Luc Chatel, sous la présidence de Sarkozy.
Pour réduire le nombre de fonctionnaires ( - 150 000 en cinq ans ! ), la première mesure du MEN avait été de supprimer les trois quarts des postes aux concours. Mais c'était trop visible et trop impopulaire. Le MEN a donc trouvé l'invention du siècle qui permettait de déclarer que les candidats n'étaient plus en nombre suffisant car les étudiants n'étaient "plus attirés par le métier d'enseignant" : la masterisation des concours était née !
Avec un peu de bagout et de vagues promesses de "revalorisation" (cela a toujours fonctionné avec les enseignants et leurs syndicats, depuis 1990 et le statut de PE... ), le ministre réussissait la prouesse de liquider la formation initiale et les IUFM, de faire financer par les candidats deux années d'études supérieures supplémentaires (M1 et M2), de supprimer 9 000 puis 18 000 recrutements en plaçant les profs stagiaires en alternance dans une classe, et surtout, d'inaugurer dans le premier degré le recrutement de contractuels dans les académies déficitaires - Créteil et Versailles, les deux plus importantes en terme de besoins.
Comme l'explique bien cet article du Monde, une deuxième contre-réforme devenait indispensable pour ralentir les départs en retraite : après la réforme des retraites de 2003, il fallait bloquer les fonctionnaires en reculant l'âge de départ de deux ans et en augmentant progressivement la durée de cotisation au nom de "l'espérance de vie".
Les illustrations 2 et 3 montrent bien comment, après la contre-réforme Woerth de 2010, les âges de départ ont augmenté rapidement pour "faire tomber la décote" - 25% en moins, cela donne à réfléchir ! - ce qui explique ce vieillissement subi et désastreux.
"La Cour des comptes s’inquiète d’une pyramide des âges « particulièrement vieillissante », un phénomène accentué par la réforme des retraites de 2023, et estime le « degré de préparation » de l’éducation nationale « très insuffisant ». Un rapport qui fait écho aux alertes syndicales, alors qu’il est très difficile d’aménager les fins de carrière." écrit Le Monde.
En réalité, ce qui inquiète la Cour des comptes, et les gouvernements, c'est que le vivier de profs contractuels ne soit pas intarissable et qu'il ne permette jamais de remplacer les milliers de départs en retraite même s'ils deviennent de plus en plus tardifs après la contre-réforme de 2023. Il faut donc réduire les besoins de profs en... supprimant des milliers de postes ! CQFD.
La spirale infernale de la RGPP doit donc être remise en route, sur les conseils avisés de Nicolas Sarkozy, venu récemment rappeler ses prouesses de 2012, pour inciter Macron à frapper plus fort pendant les deux dernières années de son quinquennat.
La RGPP++, dès 2025, doit combiner les attaques suivantes :
1/ Réduire le nombre de postes : - 4 000 pour commencer "en douceur", mais les cartes scolaires seront de plus en plus saignantes...
2/ Réduire le nombre de postes aux concours au nom de la démographie en baisse dans la plupart des académies,
3/ Hors de question de revenir sur la contre-réforme de la masterisation des concours ce qui obligerait à refinancer une véritable formation initiale et à recruter les 18 000 fonctionnaires stagiaires "économisés" chaque année depuis 2022.
4/ Limiter au maximum toute forme de cessation progressive d'activité qui obligerait, là encore, à recruter plus de profs stagiaires pour compléter ces temps partiels supplémentaires,
5/ Limiter au maximum les temps partiels, notamment les 80% (mesure déjà annoncée dans certains départements, dont le 76 ),
6/ Limiter les départs, notamment les milliers de demandes de disponibilité quand elles ne sont pas "de droit",
7/ Limiter ou interdire le recrutement sur les listes complémentaires des concours 2025, quand elles existent... A quoi bon réduire le nombre de postes aux concours si c'est pour recruter au-delà de ce seuil ?
8/ Réduire le nombre de postes de remplaçants en continuant à développer le RCD dans le second degré et accélérer la contractualisation dans les premier et second degrés : +18% en sept ans, ce n'est pas assez rapide dans leur calendrier. Deux ans ; le temps presse.
9/ Multiplier les opportunités pour réduire les recrutements en détachant des PE dans le second degré ( maths - français... pour l'instant ).
10/ Ne surtout pas abroger la réforme des retraites, ce qui permettrait aux fonctionnaires de partir deux ans plus tôt. ( Un enseignant)     ___________

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