Et protectionnisme relatif
L'idée d'une liberté de commercer entre pays, de manière relativement libre, dans le cadre de traités négociés, d'échanger des biens qui font défaut ici en échange tarifé d'autres qui abondent là, pour une plus grande prospérité, partagée ne date pas d'aujourd'hui. Montesquieu, à son époque, avait traité de "doux commerce" cette pratique, variable historiquement, proche à rapprocher les peuples, en évitant les affrontements brutaux pour s'accaparer des biens convoités. Le commerce, pas la guerre...Ce principe d'échanges contractuels a connu bien des formes et en connaîtra bien d'autres. D'échanges limités, on est passé à des accords plus larges dans le cadre de conventions internationales, dans le cadre notamment de l'OMC, de date relativement récente, dans le contexte qu'il fut convenu d'appeler la "mondialisation heureuse", avec Alain Minc, surfant sur le libéralisme échevelé des décennies récentes, où toute forme de protectionnisme, même relatif, était vouée aux gémonies, considéré comme forme de régression économique et de danger d'affrontement potentiel. C'est l'époque de la globalisation tant célébrée, qui n'a pas tardé ses limites et ses impasses, voire ses absurdités, certains pays développés déléguant la fabrication de productions essentielles pour des raisons de baisse de coups de production et se retrouvant démunis de biens fondamentaux en cas de crise, comme dans le domaine des médicaments de base, de masques en période de Covid, etc... Sans parler des coûts écologiques parfois énormes et absurdes dus à la circulation de produits, comme l'automobile ou certains produits alimentaires.
Néanmoins Clinton voyait cette évolution comme une sorte de processus naturel: "La mondialisation n'et pas quelque chose que nous pouvons arrêter. C'est l'équivalent d'une force de la nature" tandis que B.Obama disait plus tard: "Le libre échange est bon pour les USA..." On comprend mieux le relatif succès électoral de Trump dans certains milieux: depuis 2008, les ravages de la mondialisation sans contraintes ont accéléré la désindustrialisation: depuis l'Alena, aux USA, 90000 usines ont disparu avec son cortèfe de chômage et de bas salaires, notamment dans l'Ohio et le Michigan. Mme von der Leyen pousse aujourd'hui à conclure avec l'Inde "le plus grand accord de libre-échange jamais accompli..." La politique commerciale à la tronçonneuse de Trump pousse vers de nouvelles directions, et en partie vers l'inconnu, en tous cas vers un rebrassage des choix passés, des nouveaux rapports politiques qui se font jour, pleins d'incertitudes, même en Europe. Le Mercosur reste en suspens. La Nouvelle Zélande est encore discutée.. En tous cas, depuis Paul Kugman, la valorisation naïve du libre échange de Delors et consorts est discutée, parfois âprement, en attendant de retrouver de nouveaux équilibres... "... La valorisation des vertus du libre-échange a cédé la place à une mise en valeur de ses défauts. Peut-être y a-t-il, dans cette mise en balance d’avantages et de défauts, un arbitrage difficile, voire impossible. Nul ne sait aujourd’hui à la fois capitaliser sur les vertus de l’échange, protéger les populations les plus fragiles, et tenir la promesse de la solidarité et de la redistribution. Une chose est sûre, les doutes ne vont pas s’évanouir et le libre-échange se voit exiger, désormais, de faire ses preuves. Si l’on ne veut pas renoncer à ses bénéfices, reste donc pour les politiques à faire inlassablement la pédagogie des accords commerciaux en explicitant les enjeux de chaque accord, en mettant à nu les avantages et les coûts de chaque accord, en prenant au sérieux les politiques de remédiation pour les perdants. " Il est urgent de repenser les règles. Paradoxe __ " ...Le credo réaffirmé dans les vertus de la concurrence. « Notre industrie et nos entreprises technologiques aiment la concurrence. Elles savent que la concurrence mondiale est bonne pour les affaires ». Mais dans quel monde vit Madame von der Leyen ! En plein IRA américain (Inflation Reduction Act), en plein effort massif d’investissements chinois sur les technologies de pointe, domaines dans lesquels le pays mène une guerre économique à outrance, le message de l’UE consiste à réaffirmer le principe de concurrence et à se plaindre du fait que les autres sont des méchants qui ne croient pas au libre jeu des marchés. D’où l’annonce du lancement d’une enquête antisubventions sur les véhicules électriques en provenance de la Chine. Pas besoin d’y passer du temps et de l’argent, on peut donner le résultat tout de suite : le secteur des voitures électriques a été, comme bien d’autres, largement subventionné en Chine. Les experts ont du mal à estimer les montants précis mais le Cepii a montré cet été qu’ils sont importants..." __________________
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