Puissance déterminée et cynique contre naïvetés et vues court-termistes
C'est un vrai démenti pour ceux qui considèrent Poutine comme un dictateur borné, sans intelligence ni vues politiques, sans vision d'avenir, entièrement focalisé par le pouvoir et l'enrichissement personnel comme une sorte de chef de gang. On apprend peu à peu à avoir une vue moins caricaturale , en remettant ses ambitions, ukrainiennes dans le cadre de projets historiques un peu oubliés, depuis Pierre le Grand et Catherine II, dans une perspective historique et géopolitique élargie, dans le cadre d'un pays naguère failli, après les aventures tragiques de l'après gorbatchevisme et des dérives eltsiniennes. Non, Poutine n'est pas fou, sauf si on considère que la concentration du pouvoir produit des dérives irrationnelles. La psychologie n'explique pas tout. Un calculateur cynique, un personnage machiavélien au pire sens du terme, certes oui, mais pas un malade mental. La grande Catherine se reconnaîtrait dans certaines de ses ambitions. Le maître du Kremlin a une redoutable capacité à diviser l'Europe tout en l'affaiblissant. Et il choisit méthodiquement ses moyens.
Nous n'avons pas vu venir. Nous avons en Europe baissé la garde. Nos vues à court terme et nos intérêts du moment nous ont aveuglés, nos intérêts immédiats avaient pris le dessus, dans le cadre d'une Union européenne affaiblie et trop mercantile, croyant aux vertus d'un libre échange non réfléchi. L'Allemagne regardait surtout à l'Est jusqu'à la Chine pour vendre ses voitures et ses machines-outils, se rapprochait de Moscou pour une énergie gazière favorable à son industrie. Nord Stream fut un premier piège d'envergure, aujourd'hui détruit.. Schröder était à tu et à toi avec Vladimir. Quelle naïveté! Des intérêts à court terme . Les prises de conscience sont tardives. Une conversion au prix fort et non sans conséquences sur l'économie allemande, ce colosse aux pieds d'argile. C'est toute l'Europe qui tousse... Un piège s'est refermé. Bien calculé. Mais un deuxième, de taille, moins connu et évoqué, continue de fonctionner, qu'on découvre depuis peu. Toujours lié à l'énergie, le nerf de la guerre. Celui de Rosatom, où l'énergie nucléaire est devenue un enjeu et un outil géopolitique puissant pour le pouvoir russe . Un mastodonte difficile à contourner.
___ " En pleine actualité avec les attaques israéliennes et américaines ayant détruit les principaux sites nucléaires iraniens, cette remarquable enquête tombe à pic : tournée sur trois continents, elle propose un tour du monde en cinq actes, articulé autour de la société Rosatom, l’agence russe de l’énergie atomique devenue leader mondial dans le domaine de la construction de centrales et de l’uranium enrichi. Par sa puissance, Rosatom permet à Poutine d’accroître son pouvoir et son influence géopolitique. Le documentaire retrace la montée en force de l’agence, décrypte le jeu d’alliances entre les États européens et la Russie — passant outre les sanctions européennes depuis la guerre en Ukraine —, le transport des matériaux, les zones de production. Dans le cas de la France, le nucléaire, hautement politique, demeure l’affaire du président. Par ailleurs, notre pays continue à acheter de l’uranium à Rosatom pour alimenter ses centrales nucléaires. ____ Teva Meyer, spécialiste des industries nucléaires et professeur à l’université de Haute-Alsace, résume ainsi la situation de monopole des Russes : « De nos jours, l’industrie mondiale ne peut se passer de Rosatom. » Dans cette guerre énergétique totalement interdépendante et interconnectée, des États-Unis au Kazakhstan, de l’Australie au Canada, la Russie a réussi à construire la grande centrale d’Akkuyu, dans le sud de la Turquie, qui lui permet d’avoir un accès privilégié à la mer Méditerranée. Avec cette nouvelle enclave territoriale, que se passerait-il en cas de conflit entre les Russes et l’Otan ? Erdogan et Poutine discutent de la construction d’une deuxième centrale dans la région de Sinop, sur la mer Noire. Émaillée des témoignages d’experts internationaux, une enquête très solide, parfois un peu ardue malgré son souci de pédagogie, sur le business bien sûr, mais aussi sur les capacités d’espionnage et la stratégie militaire dans cette guerre expansionniste..." ________
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