vendredi 30 janvier 2009

Euroland : chacun pour soi ?

Crise en Euroland , Euroland en crise..

Tensions vives entre certains pays à la faveur des remous d'une crise qu' exacerbent les niveaux de développement, les différences et les choix politiques. Une certaine cohérence n'est-elle pas menacée ?

A l'épreuve de la crise, les Vingt-Sept se réfugient dans le "chacun pour soi":

"Chaque Etat est tenté depuis d'agir en fonction de ses spécificités nationales"
, constate le commissaire en charge des affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia : "Certains pays ont privilégié l'action sur le taux de TVA, d'autres sur les investissements d'avenir", explique-t-il.L'impact de la "boîte à outils" mise sur pieds dès octobre sous l'égide de Nicolas Sarkozy pour voler au secours des banques s'est quant à lui essoufflé. Trois mois après, le dispositif est jugé "insuffisant". La concertation en vue d'une seconde opération de sauvetage aux banques est cependant embryonnaire. Dans l'urgence, le Royaume-Uni, la Belgique, la France, ou bientôt l'Allemagne, n'ont pas attendu leurs voisins pour reprendre l'initiative.D'inspiration libérale, la présidence tchèque reste sceptique à l'égard d'une nouvelle opération d'envergure. Quant à la Commission européenne, elle a, face à l'interventionnisme de certaines capitales, le plus grand mal à maintenir la cohérence entre les milliards d'euros d'aide d'Etat qui assurent la survie du secteur bancaire. "L'occasion d'une véritable action collective a été manquée dès octobre, lorsque les Etats membres n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur un fonds européen de gestion des actifs toxiques", regrette Daniel Gros, le directeur du Centre d'étude des politiques européennes : "Chacun est reparti chez soi prendre des mesures nationales, et l'on assiste à une renationalisation du secteur bancaire."Le "chacun pour soi" touche d'autres secteurs. Dans l'automobile, le plan européen réclamé par les constructeurs reste très modeste. Du coup, ce sont les capitales qui alignent les mesures de sauvetage. "L'essentiel des aides sont de nature fiscale, il n'est donc pas anormal que les Etats gardent la main", nuance un industriel du secteur. Même les pays partenaires d'Airbus – France, Allemagne, Royaume-Uni et Espagne– n'ont pas été capables d'annoncer en commun un plan d'aide à l'avionneur : la semaine dernière, la France a décidé la première d'aider au financement des clients du groupe, obligeant l'Allemagne à se positionner à son tour.Les Vingt-Sept se sont certes mis d'accord pour mettre la Hongrie et la Lettonie sous perfusion, avec l'aide du FMI. La Roumanie pourrait suivre. L'Autriche exige, avec le soutien de Berlin, un plan d'aide aux pays d'Europe centrale et orientale. Mais la "solidarité" dont se targuent les dirigeants européens a trouvé ses limites face à la crise."

- L'euroland au bord de la crise:
Les critères de Maastricht et le pacte de stabilité n'ont pas réussi à rapprocher les économies des pays membres de la zone euro. Les disparités Nord-Sud perdurent et deviennent une véritable bombe à retardement




Tout a commencé avec la crise financière. Celle-ci s'est rapidement transformée en crise économique. Elle pourrait maintenant se muer en crise de l'euro. Dix ans après l'adoption de la monnaie commune européenne, force est de constater que les critères de Maastricht et le pacte de stabilité, qui devaient permettre aux Etats concernés d'harmoniser leurs politiques économiques, se sont soldés par un échec total. En réalité, les écarts de compétitivité entre, d'une part, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Autriche et, d'autre part, la France, l'Espagne, l'Italie, le Portugal et la Grèce n'ont cessé de se creuser et vont encore s'aggraver sous l'effet de la crise économique et financière.
Les pays économiquement plus faibles vont devoir financer la relance de leur économie par un nouvel accroissement de leur dette et devront verser encore plus d'intérêts. La Grèce, par exemple, devra payer deux fois plus que l'Allemagne pour rembourser ses emprunts d'Etat. Il n'y a pratiquement aucun espoir d'échapper à ce cercle vicieux. Autrefois, la dévaluation de la monnaie était l'arme la plus efficace dans ce genre de situation. Cela est aujourd'hui impossible. Désespéré, le gouvernement italien a tenté de négocier avec l'Allemagne pour lancer un emprunt d'Etat conjoint et s'est naturellement fait envoyer sur les roses. Car les Allemands n'ont pas l'intention de payer pour les Italiens.
Ces tensions ne retomberont que si la disparité des économies du Nord et du Sud s'estompe. A défaut, il ne restera d'autre alternative que de sortir de la zone euro.

- La zone Euro en crise avec l'éclatement de la bulle immobilière espagnole et des bulles monétaires spéculatives en Europe de l'Est
- Désormais, les Irlandais sont favorables au traité européen

-Vu d'Allemagne: Et si l'euro implosait ?:
"...Et si l’euro échouait, éclatait? La question n’est plus taboue. Elle se fait sa place discrètement dans les journaux et elle a envahi depuis longtemps les lettres confidentielles et les débats sur Internet. Mais, comme pour le traité constitutionnel européen, les gouvernements n’ont pas prévu de plan B. Que se passera-t-il si la Grèce, l’Espagne, l’Irlande, l’Italie et même la France sont traversées de tensions économiques et sociales majeures et que l’un de ces pays craque, sur le plan monétaire? La divergence des taux d’emprunt accordés aux gouvernements devient telle que certains, sur les marchés, commencent à parier sur l’éclatement de l’euro. Beaucoup d’analystes soulignent que le problème d’une sortie de l’euro est moins économique que politique: la crédibilité de l’Europe serait en jeu et il suffirait qu’un pays sorte pour provoquer une réaction en chaîne...

Dislocation du marché mondial, dislocation de l’Union européenne ? | AgoraVox
-La défaillance des économies d'Europe centrale et orientale s'impose au G4

-Le dilemme de la “déglobalisation

DAVOS: désenchantement...


La fête est-elle finie au club des puissants
?



Morosité à DAVOS , club de la pensée unique.
Certes, ce n'est pas le groupe fermé de Bilderberg, mais ce haut-lieu de l'intégrisme néo-libéral, forum d'échanges d'idées , d'influences et centre d'affaires, reste une opération commerciale hautement symbolique
Changement de ton cependant, crise oblige...
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-Au terme de sa première journée dans la station suisse, Jean-Pierre Lehmann, professeur à l'IMD à Lausanne, confiait ce jeudi à LEXPRESS.fr son sentiment d'assister à "une déroute intellectuelle et émotionnelle". "On a un peu l'impression d'être au milieu d'une congrégation qui vient d'apprendre que son Dieu n'existe pas", poursuit-il.
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-Tim Weber évoque même un participant pour qui la prochaine décennie sera, au mieux, une décennie de faible croissance: "Gulp"... D'autres thèmes ont aussi la cote dans les ateliers, comme le retour de l'Etat. "J'ai participé à un brainstorming où on demandait aux participants quelle était la cause principale de la situation actuelle, confie Jean-Pierre Lehmann. Et c'est l'absence de régulation qui a été la plus citée, par 40% des gens. C'est incroyable d'être à Davos et d'entendre que les gouvernements doivent intervenir davantage!"
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La réunion n'a plus la cote et prête le flanc a de sévères critiques....
Le Forum économique mondial n'est même qu'un "café du commerce", affirmait mardi dans la presse helvétique Jacques Attali. Selon l'ancien conseiller de François Mitterrand, "les gens se rencontrent là-bas pour coordonner leurs agendas, planifier des rencontres ou faire du réseautage. [...] Il ne faut y voir rien de plus qu'une machine à café mondiale où des gens se rencontrent, bavardent, se serrent la main, échangent des tuyaux et s'en vont". "Davos est surtout une opération commerciale, très efficace et très réussie, où il faut payer pour participer et les places sont très chères", ajoutait jacques Attali, précisant cependant saluer "le génie" de son fondateur Klaus Schwab."
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A Davos, "une déroute intellectuelle et émotionnelle":

"...Le Forum annonce un nombre de participants record - près de 2500. Mais les absences pèsent lourd... Un grand nombre de banquiers n'ont même pas été invités, comme les PDG de Goldman Sachs et de Citigroup. Quant à John Thain, l'ancien patron de Merrill Lynch, récemment licencié par Bank of America, il a été rayé de listes à la dernière minute.Bill Clinton, Paolo Coelho, Mohammad Yunus, mais aussi Gordon Brown et Angela Merkel... Davos a quand même ses stars (Pour avoir la liste complète des participants, c'est ici). Mais certains ne sont pas à proprement parler les plus fidèles avocats du système capitaliste. Le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, et Vladimir Poutine, son homologue russe, se sont ainsi taillé un beau succès en pointant notamment la responsabilité de la finance occidentale dans le déclenchement de la crise qui secoue le monde. Tout cela devant une salle comble, comme si l'heure était au mea culpa..."
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Davos, bastion de l'intégrisme économique

Le World Economic Forum (WEF) de Davos est essentiellement une bourse de contacts parfaitement organisée, dont les banquets constituent les moments privilégiés. Le "hasard" de la disposition des places autour d’une table peut se transformer en contrat de plusieurs millions. Klaus Schwab, le président du Forum, est réputé pour savoir faire se rencontrer les dirigeants d’entreprises selon leurs affinités réciproques. ...Depuis quelques années, le Forum devenu une pièce centrale dans l’édifice de la mainmise capitaliste sur le monde. Schwab, non sans raison, est fier de pouvoir déclarer que le Forum est le centre du pouvoir parce qu’il a su réunir les décideurs économiques et politiques, en même temps que des représentants de l’ONU, de la Banque mondiale, du FMI ou de l’OMC. La Fondation créée par Schwab est active toute l’année et sur les cinq continents. Elle joue le rôle d’interface entre la globalisation du marché et les gouvernements. Les ONG et autres représentants de la société civile ne peuvent que se faire phagocyter s’ils se risquent à participer à ces joutes capitalistes, quelle que soit leur "attitude critique".Le World Economic Forum (WEF)est un club dans lequel chaque membre verse une cotisation annuelle de $12 500 ($15 000 pour les banques). Pour faire partie du club, une compagnie doit démontrer vendre pour au moins 1 milliard de dollars annuellement, et les banques, contrôler au moins 1 milliard de dollars en capital. Il y a en fait différentes catégories d’appartenance à la fondation. Par exemple, le Global Growth Companies regroupe les entreprises particulièrement rapides dans leur croissance ; le Regional Membership permet l’intégration d’entreprises qui représentent un intérêt stratégique particulier dans une région spécifique, les "knowledge partners", principalement des consultants de la finance, ou les "institutional partners", comme Sun Microsystem Inc. Ces derniers versent annuellement $250 000 en plus de la cotisation normale. Les entreprises qui envoient un administrateur au sommet annuel s’acquittent, en plus de la cotisation de membre, d’un billet d’entrée de 9 000 francs suisses (36 000 FF), hôtel et nourriture non compris. Les politiciens sont, quant à eux, gracieusement invités. Les journalistes sont triés sur le volet.Le WEF représente un tel lobby - les 1000 plus grandes multinationales - que c’est lui, en fait, qui impose ses directives aux sous-fifres politiques, même lorsque ceux-ci sont démocratiquement élus. Mais les maîtres du monde ne contrôlent pas seulement le politique ; les médias, les technologies et même la culture et l’art font partie des cibles stratégiques...."

-En direct de Davos
-Pour les leaders de Davos, l’année 2009 est déjà perdue:
Wen Jiabao, professeur de Singapour résume la situation : « Nous sommes tous dans le même bateau. Chaque pays est une cabine et les gouvernements sont soucieux de ce qui se passe dans leur cabine. Mais personne ne s’inquiète de savoir où va le bateau. »
- Davos hors-piste, – à la dérive

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Gauchet: «Le communisme rendait fou, le néolibéralisme rend stupide»---Scepticisme sur la capacité des politiques à assurer une régulation:

« Il faut tordre le coup à un canard journalistique : cette crise marquerait un retour du politique ! Il n’y a aucun retour du politique. Le politique a été pris en otage par les financiers qui sont venus lui mettre le marché en main : on saute tous ou vous faites quelque chose. Et ce quel qu’en soit le prix. On voit que le prix augmente tous les jours…Nous avons assisté à un appel au secours désespéré du politique, cela n’a rien à voir à un retour du politique.
... Le politique n’a aucune idée de ce qu’il faut faire. Il agit à très courte vue pour colmater les brèches et boucher les trous, sans aucune vision ne serait-ce qu’à très moyen terme. Il y a bien l’horizon magique de la régulation, qui règlerait tout, mais c’est une incantation. La mondialisation économique a été faite pour contourner tout système de règles, c’est son principe. Vouloir réguler la mondialisation, c’est vouloir construire un cercle carré. Il y a très peu de chances que nous assistions à ce genre de choses dans les mois prochains »....


jeudi 29 janvier 2009

Crise en Grande Bretagne

De la splendeur de la monnaie impériale à l'effondrement spéculatif

-Le financier britannique Jim Rogers, co-fondateur du fonds Quantum avec George Soros, déconseille à ceux qui l'envisageraient d'investir au Royaume-Uni en raison de l'explosion de la dette publique et de l'effondrement de la Livre Sterling.


-"Avec 61 milliards de dollars, les réserves de change de la Grande-Bretagne sont inférieures à celles de la Malaisie ou de la Thaïlande. Quant aux dettes vis-à-vis de l’étranger du système bancaire britannique, elles sont de 4’400 milliards de dollars, soit deux fois le P.I.B. annuel du pays !"

"L’événement est en soi historique car la Grande Bretagne a - depuis des temps immémoriaux - été considérée avec respect comme une nation forte, solvable, comme un "bon risque " en somme n’ayant aucun point commun avec des nations comme l’Argentine ou la Russie faisant régulièrement défaut sur leurs obligations respectives." (MS)
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"C'est affreux! Si les choses étaient aussi graves, comme se fait-il que personne ne les ait vues venir"( Elisabeth II)

Sa Majesté doit ressortir ses vieux chapeaux!Shocking !


-IMF predicts UK will be hardest hit :
"'World economists predicted today that the UK would be hit harder than any other developed nation by the worst recession in more than 60 years. "

-Grande-Bretagne : le pire est à venir:
"...Les banques britanniques, après avoir pris de plein fouet la crise des subprimes -- on se souvient de la faillite de Nothern Rock et de la nécessaire augmentation de capital de la Royal Bank of Scotland -- pourraient voir leur situation financière aggravée par la montée de douteuses créances hypothécaires.En effet, l'immobilier traverse une crise déclarée. Toujours d'après le club Item d'Ernst & Young, les prix de l'immobilier devraient perdre 10% cette année, puis 6% en 2009. Pas de quoi rassurer les ménages fortement endettés, qui vont se retrouver avec des crédits supérieurs à la valeur réelle de leur bien..."

-Et si la Grande Bretagne faisait faillite?
"...le parallèle avec l'Islande devient troublant. Le système bancaire dopait la croissance. Mais en asséchant les circuits de refinancement des banques, la crise a brutalement brisé le rêve le rêve islandais. Les trois banques du pays, qui avaient fortement investi à l’étranger se sont retrouvées sans le sous. Le pays a été ruiné par les égarements de ses trois principaux établissements bancaires qui avaient accumulé des dettes équivalentes à 900% du PIB plongeant l’Islande dans la crise et forçant le gouvernement à les renationaliser. Si l’agence de notation Standard’s & Poors estime que la situation britannique constitue un « test sévère » pour le gouvernement de Gordon Brown, la situation de la Grande Bretagne est différente de celle de l’Islande..."
-L'Islande, une révolte à méditer pour les dirigeants européens

Evans-Pritchard : de sérieuses inquiétudes pour la Livre Sterling :
Les mesures décidées en urgence à l’automne pour sauver les banques ont mis un terme à la panique. Mais elles n’ont pas résolu le problème pour autant. Elle l’ont simplement déplacé. Car des pans entiers du système bancaire sont virtuellement en faillite. A titre d’exemple, Roubini vient de chiffrer à 3 600 milliards le montant que pourraient atteindre les pertes aux USA, alors que la capitalisation totale des banques n’est que de 1400 milliards. Dans cette nouvelle phase, la question auxquels les Etats sont confrontés n’est plus le « too big to fail », mais « too big to save ». Lorsque les bilans des établissements pèsent plusieurs fois le PIB de la nation, aucune autorité ne dispose évidemment des fonds nécessaires pour éponger les pertes. Les seules solutions sont donc l’émission monétaire et/ou la dette. Les USA, forts du statut de monnaie de réserve du dollar, ont pu se permettre jusqu’à présent ces deux expédients sans en souffrir, personne n’ayant intérêt à une dévaluation du dollar qui provoquerait un raz de marée planétaire sur les réserves et les patrimoines. La Grande Bretagne, fière jusqu’à présent du rôle de « hub » de la mondialisation financière qui était le sien, ne dispose évidemment pas du même crédit que les USA. Et les craquements répétés ces derniers jours de son système bancaire affaiblissent la Livre. Mais elle est en plus confrontée à un danger bien spécifique : ses établissements sont massivement endettés en devise étrangère, à hauteur de 4400 milliards de dollars. Et là, la planche à billet de Sa Majesté n’y peut mais..
-Malaise en Grande-Bretagne | AgoraVox
-Un passage du témoin douloureux et traumatisant | AgoraVox
-Gordon Brown, le naufrageur devenu sauveteur | Mediapart

- La récession britannique fait plonger la livre sterling:"...Si une livre faible favorise les exportations, elle rend plus difficile le financement de la dette publique en forte augmentation. En théorie, cette parité devrait relancer le débat sur l'adhésion du Royaume-Uni à la zone euro. Mais pour des raisons politiques, le sujet n'est pas d'actualité. La victoire de l'euro n'est donc pas totale.En pleine dégringolade, la livre sterling est-elle devenue la triste mère d'un empire mort, comme disait Byron de l'Italie ? La question est posée à la lumière de l'impressionnante glissade du sterling vers la parité avec l'euro. La livre a perdu 13 % de sa valeur par rapport à l'euro depuis le 1er décembre et 25 % au cours de l'année 2008. Elle cotait, mardi 30 décembre dans la matinée, 1,0313 euro, après être tombée lundi soir jusqu'à 1,0198 euro..."
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"...Le Grande-Bretagne est officiellement en récession. Et, si on en juge par notre parcours le long de la M62 – un axe routier d’environ 170 km qui part de Liverpool, à l’ouest, et se perd quelque 25 km avant Hull –, le déclin a été rapide et brutal. Il y a deux ans, le gouvernement se vantait d’une croissance économique plus rapide que celle des autres pays du G7. Aujourd’hui, on se demande plutôt si le pays ne se dirige pas droit vers la faillite. Les actifs des banques ont dégringolé. Il y a 75 000 chômeurs et demandeurs d’allocation supplémentaires. L’un des plus célèbres spéculateurs du monde a conseillé aux investisseurs de laisser tomber la livre sterling. “Vendez tous vos actifs en livres. C’est fini”, a déclaré Jim Rogers. Londres s’est vue décerner le nouveau surnom – peu enviable – de “Reykjavík-sur-Tamise”.
Pendant cinq ans et demi, John Young a travaillé comme représentant de la Banque d’Angleterre dans le Nord-Ouest. “Si vous étiez venus à la mi-2008, vous auriez pu encore espérer que la région serait relativement épargnée, dit-il. Mais, depuis novembre, l’espoir s’est largement évanoui à cause de la crise. Il n’est pas rare que des entreprises voient leur chiffre d’affaires diminuer d’un tiers ou de la moitié. Les carnets de commandes sont aussi moitié moins remplis.” ...(Courrier International)
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-Une livre sterling vaut un euro : Londres laisse filer sa monnaie
-Voyage à Londres par temps de crise -
-La crise financière vide la City de ses effectifs
-Recherche Google : crise livre sterling

-"Shocking !" : Elizabeth II doit se serrer la ceinture
- Elisabeth II d'Angleterre mesure l'ampleur du désastre
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-Mirage outre-Manche ?
-Islande en faillite : cas d'école ?

mercredi 28 janvier 2009

Bulle médicale ?





Dérives d'une médecine de plus en plus mercantile...

-"La médecine a fait tellement de progrès que plus personne n’est en bonne santé."
(Aldous Huxley)

La méthode avait déjà fait la fortune du docteur Knock de Jules Romains : chaque bien-portant entrant dans son cabinet en ressortait malade, et prêt à débourser sans compter pour être guéri. A son image, ayant atteint les limites du marché des malades, certaines firmes pharmaceutiques se tournent désormais vers les bien-portants pour continuer à croître. Et emploient pour cela les techniques de publicité les plus avancées...."

Quand la "bulle médicale" va-t-elle éclater ? | AgoraVox:

"...L’une des causes de la bulle financière a été l’incroyable aveuglement des agences et experts chargés d’évaluer la sécurité des placements financiers et de surveiller le système économique. Nous découvrons avec quelque surprise l’intensité de la collusion entre les agences de notation, les "experts" et les acteurs économiques de la finance.
Dans le domaine médical, l’effet de surprise est absent. Les liens entre les experts de la médecine et les acteurs économiques sont institutionnalisés et légaux. Les agences gouvernementales publient la liste des liens financiers entre les membres de leurs commissions et les firmes pharmaceutiques. Ces liens financiers ne sont pas limités à des travaux de recherche et peuvent consister en des missions de conseils. Cette publication par les agences est d’ailleurs l’exception "vertueuse" : la majorité des liens financiers entre experts et industriels sont tenus secrets, malgré une loi récente imposant leur mention publique.




Ces mêmes commissions décident de l’intérêt des médicaments. Il ne vient à l’esprit de personned’exiger que les experts de ces commissions ne soient liés à aucun industriel : l’argument fallacieux avancé est que la compétence n’existe que chez ceux qui travaillent avec l’industrie pharmaceutique...
Un exemple parmi d’autres : l’Assemblée Nationale a confié à l’Association Française d’Urologie l’évaluation du dépistage controversé du cancer de la prostate. Cette association, outre le fait qu’elle représente les urologues dont l’activité est étroitement liée au problème évalué, est financée à plus de 80% par l’industrie pharmaceutique avec laquelle elle noue des "partenariats".
Le constat est sans appel : telles les agences de notations financières financées par les financiers, les experts de la santé sont liés aux firmes commercialisant les médicaments ou stratégies qu’ils doivent évaluer...
En médecine, de nombreuses stratégies paraissent consensuelles alors qu’elles sont très contestables et d’ailleurs contestées.
Récemment, un vaccin a été commercialisé pour diminuer le risque de cancer du col de l’utérus. Les données permettant d’établir l’efficacité de ce vaccin sont maigres face à un coût exorbitant et à des conséquences à long terme mal connues. Les médecins libéraux de l’île de la Réunion se sont élevés contre la promotion intensive de ce vaccin. L’expert du sujet, dépêché en catastrophe sur l’île pour "étouffer la polémique" (sic), n’a pas hésité à les traiter de négationnistes [5] :
Notons que cet expert n’a pas jugé utile de déclarer l’état de ses liens financiers avec les industriels qui commercialisent ces vaccins.
Le dépistage des cancers par exemple n’est pas aussi anodin qu’il y paraît. Un dépistage aboutissant à de nombreux faux diagnostics ou révélant des cellules cancéreuses qui n’auraient jamais provoqué de maladie peut être plus néfaste qu’utile. Si le dépistage du cancer du col de l’utérus ne prête pas à discussion, le dépistage du cancer du poumon n’a pas d’intérêt et n’est pas pratiqué. Celui du cancer de la prostate, pourtant très répandu, ne repose sur aucune base solide. Or, la mise en cause de ce dépistage, fondée sur des arguments scientifiques de qualité, provoque des réactions violentes et agressives chez ses partisans.
Le dépistage du cancer de la prostate concerne tous les hommes vers 50 ans. La ménopause concerne, elle, toutes les femmes au même âge. Le vaccin contre le cancer du col concerne toutes les jeunes filles. Nous ne sommes donc plus dans la prise en charge de telle ou telle maladie, mais dans l’intrusion de la médecine dans la vie de la totalité de la population....
Les médecins ont donc un intérêt spéculatif à adhérer à de nouvelles techniques ou traitements médicaux. Les médias sont beaucoup plus intéressés par les apporteurs "d’innovations", pourtant douteuses, avec leurs dossiers de presse qui facilitent le travail, que par ceux dont le discours est plus mesuré et n’est pas soutenu par les agences de communication des industriels. Ce succès médiatique amène une adhésion du public qui fait pression sur les médecins neutres, qui finissent par céder et prescrire ces pseudo-nouveautés.
C’est donc bien l’équivalent d’un phénomène spéculatif qui s’installe : le succès artificiellement créé attire un véritable succès commercial qui le "valide" a posteriori, et donc l’entretient..."

-"Disease mongering" : tailler des maladies sur mesure pour chaque médicament;
"...Il y a une trentaine d’années, le dirigeant d’une des plus grosses firmes pharmaceutiques au monde tint des propos fort éclairants. Alors proche de la retraite, le très dynamique directeur de Merck, Henry Gadsden, confia au magazine Fortune son désespoir de voir le marché potentiel de sa société confiné aux seuls malades. Expliquant qu’il aurait préféré que Merck devînt une sorte de Wrigley – fabricant et distributeur de chewing-gums –, Gadsden déclara qu’il rêvait depuis longtemps de produire des médicaments destinés aux... bien-portants. Parce qu’alors Merck aurait la possibilité de « vendre à tout le monde ». Trois décennies plus tard, le rêve de feu Henri Gadsden est devenu réalité.
Les stratégies marketing des plus grosses firmes pharmaceutiques ciblent dorénavant les bien-portants de manière agressive. Les hauts et les bas de la vie de tous les jours sont devenus des troubles mentaux, des plaintes somme toute communes sont transformées en affections effrayantes, et de plus en plus de gens ordinaires sont métamorphosés en malades. Au moyen de campagnes de promotion, l’industrie pharmaceutique, qui pèse quelque 500 milliards de dollars, exploite nos peurs les plus profondes : de la mort, du délabrement physique et de la maladie – changeant ainsi littéralement ce qu’être humain signifie. Récompensés à juste titre quand ils sauvent des vies humaines et réduisent les souffrances, les géants pharmaceutiques ne se contentent plus de vendre à ceux qui en ont besoin. Pour la bonne et simple raison, bien connue de Wall Street, que dire aux bien-portants qu’ils sont malades rapporte gros.Au moment où la majorité des habitants des pays développés jouissent de vies plus longues, plus saines et plus dynamiques que celles de leurs ancêtres, le rouleau compresseur des campagnes publicitaires ou de sensibilisation, rondement menées, transforment les bien-portants soucieux de leur santé en souffreteux soucieux tout court. Des problèmes mineurs sont dépeints comme autant d’affections graves, de telle sorte que la timidité devient un « trouble d’anxiété sociale », et la tension prémenstruelle, une maladie mentale appelée « trouble dysphorique prémenstruel ». Le simple fait d’être un sujet « à risque » susceptible de développer une pathologie devient une pathologie en soi...."


-Pour vendre des médicaments, inventons des maladies
-L’hôpital vendu à la découpe ! | AgoraVox
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-Psychiatrie sous influence
- Hopital Public en danger

mardi 27 janvier 2009

Gaza: autre regard    



« Je ramènerai les captifs de mon peuple d’Israël. Je les replanterai dans leur sol, et ils ne seront plus déracinés de ce sol, que Je leur ai donné,dit l’Eternel..." (Amos)

"Le projet est en train d’être mis en œuvre, sous la forme de faits accomplis. Ce qui existe aujourd’hui doit demeurer un arrangement permanent au Moyen-Orient (Moshe Dayan)

-Dov Weisglass, chef de cabinet d’Ariel Sharon, Premier ministre à l’époque, présenta l’objectif stratégique de la diplomatie sharonienne comme consistant à garantir du soutien de la Maison Blanche et du Congrès américain à des mesures israéliennes susceptibles de mettre tant le processus de paix que l’Etat palestinien "dans le formol".(HS)

-"Ce que j’ai effectivement négocié, avec les Américains, c’est qu’une partie des colonies ne ferait jamais l’objet d’une quelconque négociation, et que les autres ne feraient pas l’objet d’une quelconque négociation avant que les Palestiniens ne se soient transformés en Finlandais.
C’est ça, que ça veut dire, ce que nous avons fait.
L’important, c’est le gel du processus politique. Et en gelant ce processus, vous empêchez la création d’un Etat palestinien et vous empêchez toute discussion sur le devenir des réfugiés, les frontières et Jérusalem."(Weisglass)
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"Les modérés palestiniens ne prévaudront jamais sur les Palestiniens considérés extrémistes, dès lors que ce qui définit la modération, chez Olmert, c’est l’approbation par les Palestiniens du démembrement par Israël de leur propre territoire. ...
Gaza, dont l’évacuation des colonies a été si naïvement saluée par la communauté internationale qui s’est plu à y voir la geste héroïque d’un homme tout récemment converti à une paix honorable avec les Palestiniens, n’était que la première création de toute une série de bantoustans palestiniens.
La situation à Gaza nous donne une idée de ce dont auront l’air ces bantoustans au cas où leurs habitants ne se comporteraient pas conformément aux desiderata d’Israël...." (HS)


Gaza et le Hamas : Rétablir la vérité


-Henri Siegman, ancien directeur de l’American Jewish Congress, conteste la version israélienne des évènements qui ont précédé le conflit de Gaza, communément reprise par les médias Citations et témoignages de responsables de l’armée et du renseignement israélien à l’appui, il rappelle que l’accord de trêve prévoyait un allègement du blocus qui n’a jamais été appliqué, et que c’est Israël qui rompu la trêve le 4 novembre, au lieu de mettre à profit cette accalmie pour la consolider. D’autre part, note-t-il, la description du Hamas comme un mouvement terroriste ayant pour objectif la destruction d’Israël ne correspond pas à la réalité. Le Hamas est depuis plusieurs années entré dans le jeu politique, abandonnant le recours aux attentats terroristes, et il défend désormais la solution des deux états dans les frontières de 1967. Au delà de ces rappels factuels, Siegman juge que la politique de confrontation choisie par Israël, si elle peut amener des succès tactiques, aura sur le long terme l’effet inverse, en renforçant les tendances les plus radicales au détriment des perspectives de paix.

"Les gouvernements et la plupart des médias occidentaux ont accepté nombre d’assertions israéliennes justifiant l’assaut militaire sur Gaza : que le Hamas avait constamment violé puis ensuite refusé de prolonger la trêve de six mois qu’Israël avait respectée ; qu’Israël n’avait donc d’autre choix que de détruire la capacité du Hamas de lancer des missiles sur les villes israéliennes ; que le Hamas est une organisation terroriste, appartenant au réseau jihadiste mondial ; et qu’Israël a non seulement agi pour sa propre défense mais au nom de la lutte internationale que mènent les démocraties occidentales contre ce réseau.

Je n’ai connaissance d’aucun journal, station de radio ou de TV américains d’importance dont la couverture de l’assaut sur Gaza ait interrogé cette version des événements. Les critiques dirigées contre les actions d’Israël, si tant est qu’il y en ait eu (et il n’y en a eu aucune émanant de l’administration Bush), ont plutôt convergé sur le fait de savoir si le carnage des forces armées israéliennes est proportionnel à la menace qu’elles tentaient de contrer, et si elles prenaient des mesures suffisantes pour éviter les victimes civiles.

Les questions concernant la paix du Moyen-orient sont en général décrits en termes d’euphémismes trompeurs. Je voudrais au contraire déclarer ici sans ambages que chacune de ces assertions est un mensonge. C’est Israël, et non pas le Hamas, qui a violé la trêve : le Hamas avait accepté d’arrêter ses tirs de roquettes vers Israël ; en retour, Israël devait alléger sa pression sur Gaza. En fait, pendant la trêve, elle s’est accrue. Ceci a été confirmé non seulement par tous les observateurs et ONG internationaux neutres présents sur place mais aussi par le brigadier général de réserve Shmuel Zakai, un ancien commandant de la Division de Gaza des forces armées israéliennes. Dans un entretien accordé au Ha’aretz le 22 décembre, il a accusé le gouvernement d’Israël d’avoir fait une « erreur majeure » pendant la tahdiyeh, la période de six mois de trêve relative, en « empirant nettement la situation économique catastrophique des Palestiniens de la bande de Gaza, au lieu de profiter du calme pour l’améliorer. . . Quand on établit une tahdiyeh, et que la pression économique sur la Bande se poursuit, » déclarait le Général Zakai, « il est évident que le Hamas essaiera d’obtenir une tahdiyeh améliorée, et que leur façon de l’atteindre est la reprise des lancers de Qassam. . . On ne peut pas simplement donner des coups, maintenir les Palestiniens de Gaza dans leur détresse économique, et s’attendre à ce que le Hamas se contentera simplement de s’asseoir sans agir ».

La trêve, qui a commencé en juin l’an dernier et devait être renouvelée au mois de décembre, exigeait des deux parties qu’elles s’abstiennent de toute action violente l’une contre l’autre. Le Hamas devait cesser ses tirs de roquettes et empêcher les tirs des autres groupes comme le Djihad Islamique (même les agences de Renseignement d’Israël ont reconnu que ceci avait été exécuté avec une efficacité étonnante), et Israël devait mettre fin à ses assassinats ciblés et ses incursions militaires. Cette entente a été sérieusement violée le 4 novembre, quand les forces armées israéliennes sont entrées à Gaza et ont tué six membres du Hamas. Le Hamas a répondu en lançant des fusées Qassam et des missiles Grad. Même alors, il avait offert d’étendre la trêve, mais seulement à condition qu’Israël mette fin à son blocus. Israël a refusé. Il aurait pu remplir son devoir de protection de ses citoyens en consentant à alléger le blocus, mais il n’a même pas essayé. On ne peut affirmer qu’Israël ait lancé son attaque pour protéger ses citoyens des roquettes. Il l’a fait pour protéger son droit à poursuivre l’étranglement de la population de Gaza.

Tout le monde semble avoir oublié que le Hamas avait déclaré mettre fin aux attaques suicide et aux lancers de roquettes lorsqu’il a décidé de se joindre au processus politique palestinien, et avait pour l’essentiel respecté ses engagements pendant plus d’un an. Bush avait publiquement bien accueilli cette décision, la citant comme un exemple du succès de sa campagne pour la démocratie au Moyen-orient. (Il n’en avait aucun autre à revendiquer). Quand le Hamas a surpris en gagnant les élections, Israël et les Etats-Unis ont immédiatement cherché à délégitimer le résultat et ont pris le parti de Mahmoud Abbas, le leader du Fatah, qui avait été jusque - là mis écarté par les dirigeants d’Israël qui le traitaient de « volaille plumée ». Ils ont armé et entraîné ses forces de sécurité pour renverser le Hamas ; et quand le Hamas a anticipé - brutalement, sans conteste - cette tentative de renversement par la violence du résultat de la première élection démocratique honnête au Moyen-orient, Israël et l’administration Bush ont imposé le blocus.

Israël cherche à contredire ces faits indiscutables en maintenant qu’en retirant les colonies israéliennes de Gaza en 2005, Ariel Sharon a offert au Hamas la chance de prendre le chemin de l’indépendance, une chance qu’il aurait refusé de saisir ; au lieu de cela il aurait transformé Gaza en un base de lancement de missiles sur la population civile d’Israël. L’accusation est doublement mensongère. D’abord, quelque soient ses défauts, le Hamas avait restauré à Gaza, pour la première fois depuis plusieurs années, un niveau de loi et d’ordre inconnu, et y avait réussi sans les grandes sommes d’argent que les donateurs ont fait pleuvoir sur l’Autorité palestinienne menée par le Fatah. Il a éliminé les bandes et les chefs militaires violents qui terrorisaient Gaza sous le règne du Fatah. Les musulmans non pratiquants, les chrétiens et les autres minorités ont une liberté religieuse sous la direction du Hamas plus grande qu’ils ne l’auraient en Arabie Saoudite, par exemple, ou dans beaucoup d’autres régimes arabes.

Le plus grand mensonge est que le retrait de Sharon de Gaza ait été voulu comme un prélude a de plus amples retraits et à un accord de paix. Voici comment le conseiller principal de Sharon, Dov Weisglass, qui était aussi son négociateur principal avec les Américains, avait décrit le retrait de Gaza, dans un entretien avec le Ha’aretz en août 2004 :

L’accord auquel je suis en réalité parvenu avec les Américains était qu’une partie des colonies [c-a-d les principaux blocs de colonies en Cisjordanie] ne ferait pas du tout partie d’éventuelles négociations, et que le reste ne serait traité que lorsque les Palestiniens deviendraient des Finlandais. . . La signification [de l’accord avec les Etats-Unis] est le gel du processus politique. Et quand vous gelez ce processus, vous empêchez l’établissement d’un état palestinien et vous empêchez une discussion sur les réfugiés, les frontières et Jérusalem. En réalité, la totalité de ce qui est appelé l’état palestinien, avec tout qu’il signifie, a été enlevé de notre programme indéfiniment. Et tout ceci avec l’autorité et la permission [du Président Bush]. . . Et la ratification des deux Chambres du Congrès.

Les Israéliens et les Américains pensent-ils que les Palestiniens ne lisent pas les journaux israéliens, ou que quand ils ont vu ce qui arrivait en Cisjordanie ils ne pourraient pas déchiffrer ce que Sharon préparait ?

Le gouvernement d’Israël aimerait que le monde croie que le Hamas a lancé ses roquettes Qassam parce que c’est ce que font les terroristes et que le Hamas est un groupe intrinsèquement terroriste. En fait, le Hamas n’est pas plus une « organisation de terreur » (le terme préféré d’Israël) que le mouvement sioniste ne l’a été pendant sa lutte pour une patrie juive. A la fin des années 1930 et dans les années 1940, les partis du mouvement sioniste ont recouru aux activités terroristes pour des raisons stratégiques. Selon Benny Morris, c’est l’Irgoun qui a le premier visé des civils. Il écrit dans les Righteous Victims qu’une vague de terrorisme arabe en 1937 « a déclenché une vague d’attentats à la bombe contre les foules et les autobus arabes par l’Irgoun, introduisant une nouvelle dimension au conflit ». Il documente aussi des atrocités commises pendant la guerre de 1948-49 par les forces armées israéliennes, admettant dans un entretien de 2004, publié dans le Ha’aretz, que le matériel déclassifié par le Ministère de la Défense d’Israël a montré que « il y avait eu beaucoup plus d’actes de massacre israéliens que je ne l’avais pensé auparavant. . . Dans les mois d’Avril-Mai 1948, il a été donné aux unités du Haganah des ordres d’action qui déclaraient explicitement qu’ils devaient déraciner les villageois, les expulser, et détruire les villages ». Dans un certain nombre de villages et de villes palestiniennes les forces armées israéliennes ont procédé à des exécutions organisées de civils. Interrogé par le Ha’aretz pour savoir s’il condamnait le nettoyage ethnique, Morris a répondu que ce n’était pas le cas :

« Il ne pouvait pas y avoir un Etat juif sans le déracinement de 700.000 Palestiniens.Il était donc nécessaire de les déraciner. Il n’y avait d’autre choix que celui d’expulser la population. Il était nécessaire de nettoyer l’arrière-pays et de nettoyer les secteurs frontaliers et de nettoyer les routes principales. Il était nécessaire de nettoyer les villages à partir d’où on faisait feu sur nos convois et nos colonies. »En d’autres termes, quand les juifs ciblent et tuent des civils innocents pour faire avancer leur lutte nationale, ils sont des patriotes. Quand leurs adversaires le font, ce sont des terroristes.

Il est trop simple de décrire le Hamas simplement comme une « organisation de terreur ». C’est un mouvement nationaliste religieux qui recourt au terrorisme, comme le mouvement sioniste l’a fait pendant sa lutte pour l’indépendance, dans la conviction erronée que c’est le seul moyen de mettre fin à une occupation oppressive et entraîner la formation d’un état palestinien. Alors que l’idéologie du Hamas appelle formellement à établir un état palestinien sur les ruines de l’état d’Israël, ceci ne détermine pas les véritables politiques du Hamas aujourd’hui, pas plus que la même déclaration dans la charte de l’OLP ne déterminait les actions du Fatah.

Ce ne sont pas là les conclusions d’un apologiste du Hamas mais les opinions de l’ancien chef du Mossad et conseiller de sécurité nationale de Sharon, Ephraim Halevy. La direction de Hamas a connu un changement « sous notre nez même », écrivait récemment Halevy dans le Yedioth Ahronoth, en reconnaissant que « son objectif idéologique n’est pas réalisable et ne le sera pas dans l’avenir prévisible ». Il est maintenant prêt et désireux de voir l’établissement d’un état palestinien dans les frontières temporaires de 1967. Halevy notait alors que le Hamas n’a pas précisé à quel point ces frontières seraient « temporaires », « ils savent qu’à partir du moment ou un état palestinien est établi avec leur coopération, ils seront obligés de changer les règles du jeu : ils devront adopter une voie qui pourrait les mener loin de leurs objectifs idéologiques originaux ». Dans un article précédent, Halevy avait aussi insisté sur l’absurdité qu’il y a à relier le Hamas à al-Qaida

Aux yeux d’al-Qaida, les membres du Hamas sont perçus comme des hérétiques en raison de leur désir affirmé de participer, même indirectement, aux processus de n’importe quel entente ou accord avec Israël. La déclaration [du chef du bureau politique du Hamas, Khaled] Mashaal contredit diamétralement l’approche d’al-Qaida, et fournit a Israël une occasion, peut-être historique, de l’utiliser pour le mieux.

Alors pourquoi les dirigeants d’Israël sont si déterminés à détruire le Hamas ? Parce qu’ils croient que sa direction, contrairement à celle du Fatah, ne peut pas être intimidée pour accepter un accord de paix qui établisse un « Etat » palestinien composé d’entités territorialement déconnectées sur lesquelles Israël pourrait garder un contrôle permanent. Le contrôle de la Cisjordanie a été l’objectif permanent de l’armée, du renseignement et des élites politiques d’Israël depuis la fin de la Guerre des Six-Jour.[*] Ils croient que le Hamas ne permettrait pas un tel cantonisation du territoire palestinien, quelque soit la durée de l’occupation. Ils peuvent avoir tort concernant Abbas et sa cohorte usée, mais ils ont tout à fait raison concernant le Hamas.

Les observateurs moyen-orientaux se demandent si l’assaut d’Israël contre le Hamas arrivera à détruire l’organisation ou a l’expulser de Gaza. Ceci est une question non pertinente. Si Israël a l’intention de garder le contrôle sur la future entité palestinienne, il ne trouvera jamais un partenaire palestinien, et même s’il arrive à démanteler le Hamas, le mouvement sera avec le temps remplacépar une opposition palestinienne bien plus radicale.

Si Barack Obama choisit un émissaire au Moyen-orient qui s’accroche à l’idée que les outsiders ne devraient pas présenter leurs propres propositions pour un accord de paix juste et viable, encourageant ainsi les parties a renforcer leurs différences au lieu de les résoudre, il rend assuré la naissance d’une future résistance palestinienne, de loin plus extrême que celle du Hamas -probablement alliée avec al-Qaida. Pour les Etats-Unis, l’Europe et la plupart du reste du monde, ceci serait la pire issue possible. Peut-être que quelques Israéliens, dont les leaders des colons, croient-ils que cela servirait leurs buts, puisque cela fournirait au gouvernement un prétexte irrésistible pour tenir toute la Palestine. Mais ceci est une illusion qui provoquerait la fin d’Israël en tant qu’état juif et démocratique.Anthony Cordesman, un des analystes militaires les plus fiables du Moyen-orient, et un ami d’Israël, affirme dans un rapport publié le 9 janvier par le Center for Strategic and International Studies que les avantages tactiques d’une continuation de l’opération à Gaza étaient contrebalancés par le coût stratégique - et n’étaient probablement pas plus grands que n’importe quel gain qu’Israël aurait pu obtenir tôt dans la guerre grâce a des frappes sélectives sur des installations-clées du Hamas. « Israël s’est-il d’une manière ou d’une autre empêtré dans une guerre d’escalade sans un objectif stratégique clair, ou a t-il au moins un objectif qu’il puisse atteindre de façon crédible » ? s’interroge-t-il. « Israël finira-t-il par renforcer, politiquement, un ennemi qu’il aura battu en termes tactiques ? Les actions d’Israël compromettront-elles sérieusement la position des Etats-Unis dans la région, l’espoir de paix, de même que les régimes et les voix arabes modérés dans le processus ? Pour répondre sans ambages, la réponse jusqu’ici semble être oui ». Cordesman conclut que « n’importe quel dirigeant peut adopter une position intransigeante et proclamer que les gains tactiques représentent une victoire significative. Si c’est tout ce que Olmert, Livni et Barak ont pour réponse, alors ils se sont déshonorés et ont porté un coup à leur pays et leurs amis ».

-Henri Siegman dirige le US Middle East Project, sis à New York. Il est professeur associé à la School of Oriental and African Studies de l’université de Londres. Par le passé, il a occupé le poste de directeur de l’American Jewish Congress et du Synagogue Council of America.


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-La grande arnaque du ‘processus de paix’ au Moyen-Orient;
"...Un an, tout juste, après la guerre de 1967, Moshe Dayan, un ancien chef d’état major de l’armée israélienne qui était, à l’époque, ministre de la Défense, interrogé sur ses projets pour le futur, répondit qu’il s’agissait "de la réalité présente dans les territoires".
"Le projet", avait-il dit, "est en train d’être mis en œuvre, sous la forme de faits accomplis. Ce qui existe aujourd’hui doit demeurer un arrangement permanent au Moyen-Orient".
Dix ans plus tard, lors d’une conférence à Tel-Aviv, le même Dayan déclara : "La question n’est pas de savoir "Quelle est la solution ?", mais "Comment pouvons-nous vivre sans solution ?"...
Au cours d’une interview accordée au quotidien israélien Ha’aretz, en 2004, Dov Weissglas, chef de cabinet d’Ariel Sharon, Premier ministre à l’époque, présenta l’objectif stratégique de la diplomatie sharonienne comme consistant à garantir du soutien de la Maison Blanche et du Congrès américain à des mesures israéliennes susceptibles de mettre tant le processus de paix que l’Etat palestinien "dans le formol".
C’était là une métaphore diaboliquement adéquate : en effet, le formaldéhyde a pour principal intérêt d’empêcher les corps morts de se détérioré, allant jusqu’à créer, parfois, l’illusion qu’ils seraient encore en vie.
Weissglas explique que l’objet du retrait unilatéral de Gaza et du démantèlement de plusieurs colonies isolées en Cisjordanie, était de conquérir l’acceptation de l’unilatéralisme israélien par les Etats-Unis, et non de créer un quelconque précédent en vue d’un éventuel retrait de Cisjordanie.
Ces retraits partiels visaient à fournir à Israël l’espace politique lui permettant d’approfondir et d’élargir sa présence en Cisjordanie, et c’est effectivement ce qu’ils ont permis.
Dans une lettre adressée à Sharon, Bush écrivait : "A la lumière des nouvelles réalités sur le terrain, y compris en ce qui concerne les grands centres de population israéliens, il serait irréaliste d’escompter que les négociations finales aient pour effet un retour total et complet aux lignes d’armistice de 1949."
Dans une interview récemment publiée par Ha’aretz, James Wolfensohn, qui était représentant du Quartette au moment du désengagement unilatéral (israélien) de Gaza, déclara qu’Israël et les Etats-Unis avaient systématiquement sapé l’accord qu’il espérait obtenir, en 2005, entre Israël et l’Autorité palestinienne, et transformé, en revanche, Gaza en une immense prison.
Le responsable de cet état de fait, déclara-t-il à Ha’aretz, c’était Elliott Abrams, vice-conseiller en matière de sécurité nationale des Etats-Unis. "Jusque dans les moindres détails, tous les aspects, sans exception, de l’accord sponsorisé par Wolfensohn, furent "abrogés".( HS)

-Le retrait israélien, préalable à la paix,
-Israël : les boucliers humains pour les nuls | AgoraVox
-«Sur la carte, il ne reste que des enclaves»
-Palestine: vérité des cartes
-Naissance d'Israël
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-Gaza: opération pour rien ?
- Gaza : l'embrasement

lundi 26 janvier 2009

Retour au protectionisme ?

"... Le protectionnisme revient dans les discours européens face à la concurrence des pays émergents. Mais la pratique n'a jamais disparu. Notamment sous des formes difficiles à réguler, comme la sous-évaluation des monnaies.

Hubert Védrine a remis en septembre 2007 à Nicolas Sarkozy un rapport sur la France et la mondialisation qui préconise le retour à un protectionnisme européen coordonné. Doit-on en déduire que la méthode est à nouveau au goût du jour?

Le protectionnisme n'a jamais disparu, pas plus que le libre-échange généralisé a jamais existé dans la réalité. C'est le discours que l'on tient sur lui qui a pu être plus ou moins fluctuant. Au cours des années 1980 par exemple, la tonalité du discours "savant" comme du discours politique était assez protectionniste. Dans les années 1990, le protectionnisme a régressé ..."(J-M.S.)

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Vive le protectionnisme ! Oui mais lequel ? (1/2):

"Généralement le protectionnisme est décrié par l'économie officielle comme le mal absolu. Il exacerberait les nationalismes et conduirait à la guerre, fermerait les débouchés à l'export, comprimerait le commerce mondial et plongerait le monde dans une spirale récessive infernale. Ce protectionnisme là, celui qui consiste à renchérir les produits importés par des taxes ou les limiter par des contingentements, est encore tabou.
Pourtant il est des propositions acceptées qui recherchent les mêmes effets : dévaluer la monnaie en baissant les taux d’intérêts, soutenir l’appareil productif par des aides publiques, relancer une politique industrielle pour préparer les produits de demain, mettre en place la TVA sociale pour alléger le coût du travail... Toutes ces propositions conduisent à altérer les termes de la concurrence mondiale pour soutenir plus ou moins artificiellement les emplois nationaux.
Il y aurait-il alors un bon protectionnisme compétitif et un mauvais protectionnisme défensif ? Oui, mais le bon n'est pas celui qu'on croit.
Le protectionnisme « compétitif » avait sa raison d'être à l'époque pas si lointaine de la mondialisation heureuse lorsqu'il fallait trouver sa place dans la division internationale du travail. C'est celui qui a été pratiqué avec succès par l'Allemagne quand elle a réduit son cout du travail au début des années 2000 en appliquant la TVA sociale, en comprimant les salaires, en délocalisant des activités de sous-traitance et en réduisant son Etat-providence. Ainsi, sa bonne spécialisation industrielle conjugué à un regain de compétitivité-coût lui a permis de battre tous les records d'exportation.
La politique de monnaie forte de la France
C'est aussi ce que la France s'est toujours refusé à faire. Dans les années 90, elle a mené un politique de monnaie forte pour s’aligner sur le Mark. Elle a toujours obstinément négligé de soigner sa compétitivité-coût et l' impératif de spécialisation et, in fine, lorsque les effets délétères de la mondialisation ont commencé à se faire sentir a refusé d'appliquer à son tour la TVA sociale.
Le protectionnisme compétitif fonctionnait bien lorsqu'il y avait des débouchés à l'export. Un bon positionnement sur la qualité comme sur les coûts permettait d'accéder à un marché mondial en croissance et ainsi de bénéficier d'une appréciable rente de situation.
Il a cependant l'inconvénient d'être non coopératif. Les succès à l'exportation de l'Allemagne se sont ainsi majoritairement fait au détriment de ses « partenaires » européens, principalement la France et l'Italie. Cette solution ne fonctionne réellement que de manière isolée. L'effet s'annule dès que le concurrent se décide lui aussi à mener des politiques pour accroître sa compétitivité-coût. Généralisé, il risque d'entraîner l'économie mondiale dans une spirale récessive : chacun réduisant tellement ses coûts pour préserver ou accroître sa compétitivité que la demande se contracte et les marchés se ferment.
C'est exactement ce à quoi on assiste aujourd'hui dans la filière automobile qui s'est lancée plus que d'autres dans une folle entreprise de réduction des coûts ces dernières années. Le problème en Europe est bien différent de celui aux États-Unis. Il ne s'agit pas d'une inadéquation de l'offre aux attentes du marché, mais d'une dépression de la demande, qui n'a finalement pas grand-chose à voir avec la crise financière. Les voitures neuves sont tout simplement devenues trop chères pour le pouvoir d'achat des consommateurs européens !
Les prévisions de croissance sont désastreuses pour la Tchéquie et la Slovaquie
Il est d'ailleurs étonnant de constater que les pays d'Europe centrale qui ont largement bénéficié des délocalisations n'ont pas pour autant connu la prospérité. Les prévisions 2009 pour la Pologne, la Tchéquie ou la Slovaquie sont désastreuses pour des pays émergents (environs 2% de croissance et un taux de chômage entre 8 et 10%). Évidemment : Lorsqu'on construit sa compétitivité sur sa pauvreté, on reste pauvre pour ne pas la perdre !
La course à la compétitivité a tellement fait pression sur les salaires qu'elle a eu pour effet de rendre « hors de prix » les biens fabriqués aux coût de production de la zone de fabrication ! (Malakine)
-La spirale protectionniste
-Le dilemme de la “déglobalisation”
-Todd: il faut dissoudre le Conseil d’analyse économique
-Le mondialisme, entropie accélérée
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-Protectionnisme raisonnable ?
-Crise: Que peut, que doit faire l'Etat ?

->>>>>>>>Vive le protectionnisme? Oui mais lequel? (2/2)

dimanche 25 janvier 2009

Democratie en lambeaux...

...Et fédération des mécontentements

"Où sont annoncées les lois à venir ? Sur le perron de l’Elysée, à la Cour de cassation, en conférence de presse. Quand j’entends la parole élyséenne, je sais ce que sera la loi. Et cela me rappelle l’axiome de l’ancien droit : “Si veut le Roi, si fait la loi
(R.Badinter)



Robert Badinter : Nous vivons dans une monocratie:



"Le président de la République nous dit qu’il s’agit de mettre fin à l’hypocrisie de la nomination par le CSA. Mais la question n’est pas là. L’essentiel est de garantir l’indépendance de l’audiovisuel public. A cet égard, la nomination par l’exécutif est un retour en arrière. Il n’y a aucun doute possible. Que ce choix soit soumis à l’avis du CSA ne change rien. Il y a une grande différence entre choisir entre une série de candidats après auditions publiques et se prononcer sur un seul candidat proposé par le président de la République. Vous n’êtes plus, si j’ose dire, à la carte, mais au menu. Et même au plat unique ! Quant au contrôle du Parlement, c’est un leurre. Si l’approbation devait se faire à la majorité des 3/5 des commissions des Affaires culturelles des deux assemblées, c’est-à-dire si l’opposition était nécessairement associée au choix, celui-ci aurait le mérite d’être consensuel. Mais, en l’occurence, c’est l’inverse qui a été décidé : pour que le choix du président de la République soit refusé, il faut qu’il le soit par 3/5 des membres des deux commissions ! En fait, ce qu’il aurait fallu, c’était renforcer l’indépendance du CSA en confiant la nomination de ses membres aux parlementaires votant à la majorité des 3/5.

Cette affaire conforte l’idée que nous vivons actuellement dans une monocratie. Notre système institutionnel se résume au pouvoir d’un seul, indiscutablement élu par le peuple. Où sont annoncées les lois à venir ? Sur le perron de l’Elysée, à la Cour de cassation, en conférence de presse. Quand j’entends la parole élyséenne, je sais ce que sera la loi. Et cela me rappelle l’axiome de l’ancien droit : “Si veut le Roi, si fait la loi”. »

Total contrôle:

C'est un arbre vénérable, aux racines profondes mais au feuillage ­léger : l'Arbre de la liberté qu'on plantait jadis sur les grand-places et que les bourrasques de l'Histoire ont tour à tour ployé et redressé. Depuis que Nicolas le jardinier s'en est vu confier l'entretien, un méchant coup de froid s'est abattu sur lui : des branches cassent, les libertés publiques se ramassent à la pelle. Pluie de lois répressives votées par le Parlement, création d'une ribambelle de délits, alourdissement des peines, augmentation spectaculaire des gardes à vue et des condamnations pour outrage, multiplication des expulsions, des atteintes au droit d'expression et à la présomption d'innocence : Gnafron joue du bâton ! Et certains craignent qu'il ne s'attaque au tronc.-« Tous paranos ! » affirment des défenseurs de cette politique sécuritaire. Peut-être, mais l'Histoire nous y autorise. Quand le chef de l'Etat endosse un costume de justicier, il n'est pas interdit de suivre le conseil de Marc Crépon : « La question qui hante, qui devrait hanter toute démo­cratie, écrit le philosophe dans son ­dernier essai, La Culture de la peur, pourrait être la suivante : comment être sûr que les mesures de sécurité qui sont prises pour répondre aux présupposées peurs des citoyens ne portent pas en elles une insécurité plus grave encore que celles qu'elles prétendent combattre ? » Nicolas Sarkozy a été élu sur un programme sécuritaire. Qu'il se montre hyper­actif sur ce front ne surprend donc personne. Et la Constitution lui en donne le droit. Mais ces lois, ces pratiques et ces discours mettent-ils les libertés fondamentales en danger ? Il nous arrive de le penser, et pas seulement en nous rasant...


- le Parlement retrouvé ? | AgoraVox:
"...Qu’est-ce que par essence le Parlement comme son nom l’indique, en effet, sinon le lieu où les représentants élus de la nation se parlent, c’est-à-dire débattent ? Or l’article 13 de la loi organique en cours de discussion restreint le droit de parole et donc d’amendement qui est un droit constitutif du Parlement quand il élabore la loi. Lui ôter le temps de parole nécessaire revient à museler l’Opposition.
M. Emmanuelli a fait valoir son expérience d’ancien président de l’Assemblée. Il a rappelé qu’il avait dû, en menaçant de démissionner, s’opposer au gouvernement et au président de la République qui souhaitaient couper court au débat sur la révision constitutionnelle nécessitée par le traité de Maastricht, au début des années 90. Car, à l’époque, c’était l’Opposition de droite qui pratiquait l’obstruction, comme l’Opposition de gauche aujourd’hui. M. Emmanuelli a souligné que dans la constitution de la 5ème République, l’Opposition n’a pas d’autre moyen de se faire entendre. Il a concédé volontiers que cette obstruction peut prendre des formes ridicules. Mais, il ne faut pas perdre de vue l’essentiel, : « Derrière des formalismes ridicules, a-t-il averti avec force, il y a une réalité politique qui ne l’est pas ». Et cette obstruction n’est pratiquée que sur des sujets jugés cruciaux, à droite comme à gauche..."(P.V.)

-Droits de l'homme : un recul généralisé en France | Rue89:
"...A cette asphyxie démocratique s’ajoute en France un activisme présidentiel appuyé sur une véritable stratégie de déconstruction sociale. Cette stratégie s’engouffre dans les brèches sociales, en stigmatisant les « assistés » et les « racailles ». Elle profite des appétits personnels et de la déconfiture idéologique pour pratiquer l’« ouverture », atomisant du même coup les partis et brouillant l’offre politique. Enfin, elle décrédibilise l’Etat en le désengageant du terrain politico-social au profit de régulations marchandes, et en utilisant le bloc police/justice pénale comme un outil exclusivement répressif. Le patchwork idéologique présidentiel, mêlant moralisme traditionnel et discours postmodernes, répond à l’individuation sociétale par un individualisme antipolitique..."

-Nicolas Sarkozy et les droits de l'Homme : bilan du premier tiers du quinquennat
-Gérard Mordillat : « On organise la ruine du service public » | Rue89
-M. Bayrou : "Les atteintes aux libertés se multiplient de façon inquiétante"
-La dictature soft à la Française | AgoraVox
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-Le front des refus s’organise :
«l’Appel des appels» que nous publions aujourd’hui est-il un événement qui dépasse de loin le jeu du mécontentement catégoriel. Depuis de longs mois, nombre de professions, souvent vouées au service public, manifestent leur opposition. Elles usent de protestations classiques, mais aussi d’un langage et de méthodes dont la radicalité doit être méditée, alors même que leurs porte-parole ne sont pas forcément des militants organisés. Les psychiatres, les professeurs, les magistrats, les créateurs on tous un motif d’exprimer leur refus et leur revendication, quand ce n’est pas leur révolte. Il y a là un phénomène politique qui n’émane pas du monde des élus, des responsables de partis ou de syndicats. Il vient de la société..."
Désobéissance civile: l'arme des désespérés?

-L'«appel des appels» vise à la convergence des colères sociales | Mediapart:

La convergence des multiples inquiétudes catégorielles réveillées à la suite des réformes engagées ou annoncées de l'Education nationale, l'audiovisuel public, la santé, la justice... commence à s'opérer.Ce rassemblement est initié par Roland Gori, psychanalyste et professeur de psychopathologie à l'université d'Aix-Marseille (Bouches-du-Rhône) et Stefan Chedri, psychanalyste et enseignant à l'université de Paris-IV.Roland Gori en explique ci-dessous l'objectif :Cette convergence se traduit d'ores et déjà par un texte commun, l'Appel des appels, qui n'entend pas seulement s'en prendre au travail du pouvoir en place mais plus largement critique l'«idéologie de "l'homme économique"» au nom de laquelle «le pouvoir défait et recompose nos métiers et nos missions en exposant toujours plus les professionnels et les usagers aux lois "naturelles" du marché»Pour les pétitionnaires, elle est à l'œuvre – notamment et en vrac dans les nouveaux programmes scolaires et l'aide personnalisée à l'école, dans le statut de l'enseignant-chercheur et le démantèlement du CNRS, dans la tarification à l'acte à l'hôpital, dans la remise en cause des modalités de l'hospitalisation d'office en psychiatrie, etc. Et de façon moins catégorielle, on la retrouve aussi dans le dépistage précoce des "troubles du comportement" chez l'enfant.Pour Roland Gori, les divers dispositifs visentà «l'apprentissage à la servitude volontaire"

-Appel des appels : un SOS désespéré et pluriel des acteurs de la République | AgoraVox
-Obama fait douter Sarkozy-Président sans boussole
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Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien."Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, de l’Europe peut-être. Seulement voilà, il a pris la France et n’en sait rien faire. Dieu sait pourtant que le Président se démène : il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c’est le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! Cette roue tourne à vide. L’homme qui, après sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux. Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort. Il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse. Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit et qu’ensuite on mesure le succès et qu’on le trouve énorme, il est impossible que l’esprit n’éprouve pas quelque surprise. On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l’insulte et la bafoue Triste spectacle que celui du galop, à travers l’absurde, d’un homme médiocre échappé".(Victor HUGO, dans "Napoléon, le petit", réédité chez Actes Sud)

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- Une lenteur soudaine
- Le Président et ses chaînes