mardi 17 février 2009

Quand l'esprit vient aux banquiers...

"Sagesse" relative-ou provisoire- ou nécessité ?
Après une succession d'actions désordonnées et inefficaces tenant lieu de conjuration , dans la panique et la confusion, un retour enfin vers la seule issue qui vaille pour reconstruire sur les décombres: un changement radical des structures bancaires elles-mêmes , au service du développement de la richesse pour tous?
Le controle étatique comme seule solution durable et non comme menace ou mesure de transition ?...
Il n'y a plus d'alternative

-"Je n’exclus pas l’idée qu’il faille nationaliser les banques" a déclaré le sénateur républicain de Caroline du sud Lindsey Graham.
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Cette crise n'a pas éclaté inopinément un beau jour dans un ciel serein. Depuis longtemps, les plus lucides attiraient l'attention sur le financement de l'expansion par une fuite en avant vertigineuse dans l'endettement, sur fond de profits non moins vertigineux. Cette crise a des responsables.
«Qui est responsable ? Les banques, évidemment, qui ont oublié que le coeur de leur métier était d'évaluer les risques, et qui, pis encore, les ont transférés à d'autres. Mais les pouvoirs publics également : ils ont conduit des politiques à courte vue, et, surtout, ils ont été des régulateurs déficients.
«Qui est coupable ? En arrière-fond, c'est un modèle idéologique, libéral et anglo-saxon qui a failli. On ne peut impunément se préoccuper exclusivement du profit à court terme Voilà ce qu'écrivent Matthieu Pigasse et Gilles Finchelstein (1). L'un est vice-président de la banque Lazard, l'autre directeur de la Fondation Jean-Jaurès. Ce sont des hommes pondérés. Le diagnostic est implacable. Ils rejoignent la déclaration commune des syndicats qui demandent la réglementation de la sphère financière pour mettre un terme à la spéculation, aux paradis fiscaux, aux mouvements erratiques de capitaux...."(J. J.)
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« Décideurs » dans le brouillard...

Entretien avec Frédéric Lordon : "On peine à croire (d’ailleurs) que la cécité intellectuelle ou l’entêtement idéologique puissent aller jusqu’à une telle nullité de pensée, spécialement au moment où les destructions - financières se produisent là, sous nos yeux, révélant leurs causes les plus évidentes. Le plus étonnant dans cette affaire ne tient presque plus aux événements eux-mêmes - pourtant ô combien spectaculaires ! - mais à l’acharnement de la croyance libérale et à la force du déni...."

"Petite recette de chimie détonante : 1) la tragique désorientation des décideurs ; 2) la (remarquable) persévérance dans l’obscénité des hommes de la finance, même aux tréfonds de la déconfiture ; 3) l’état de rage qui gagne une part croissante de la population ; 4) la cécité, par atermoiement ou simple incapacité, de la quasi-totalité des médiateurs, gouvernants, partisans et syndicaux, incapables de saisir l’enjeu véritable de la situation, qui ne réclame pas le retrait d’une réforme, ou même d’une politique, mais une nouvelle donne d’une ampleur semblable à celle qui eut lieu au sortir de la deuxième guerre..." (F.Lordon)

Surtout ne changez rien !

"...Mieux valant tard que jamais, l’esprit finit tout de même par venir aux banquiers. Il faut dire que la consolidation bancaire d’urgence n’a pas tardé à révéler qu’elle avait été opérée en dépit du bon sens. Ceux qui s’étaient déjà construits comme « supermarchés de la finance », intégrant toutes les activités, des marchés au crédit commercial en passant par les fusions-acquisitions, ont compris qu’il était temps d’abandonner leur modèle et ont commencé à se couper bras et jambes pour en revenir à des configurations moins tentaculaires et plus maîtrisables. De ce point de vue, les « réductions » les plus spectaculaires sont sans doute celles d’UBS et de Citigroup, il est vrai respectivement second et premier au palmarès des pertes sur les subprimes. Quant à Bank of America, elle vient de découvrir, mais un peu tard, qu’avec Merrill Lynch, elle avait surtout acheté… des pertes — 15 milliards de dollars au quatrième trimestre 2008, après, évidemment, que les dirigeants de Merrill eurent juré à leurs futurs acquéreurs que les comptes avaient été passés à la paille de fer. Le Wall Street Journal lui décerne le titre bien mérité de la fusion la plus rapidement tournée en désastre ; mais que faire maintenant qu’il ne semble plus y avoir à choisir qu’entre « mourir tout seul » et « mourir fusionné » ? Plus que jamais se tourner vers l’Etat bien sûr…
Pour ce qui est de la finance, même les plus enclins à la cécité volontaire auront du mal à éviter de voir que les idées s’accumulent : le SLAM pour remettre au pas la finance actionnariale , et un paquet de propositions articulées pour ramener la finance de marché à la raison. Mais si « nouvelle donne » a un sens, il est assez évident qu’elle doit s’en prendre bien plus fondamentalement aux structures bancaires mêmes. En cette matière, la première étape est celle de la nationalisation à grande échelle. Un argument de principe aurait dû l’imposer sans coup férir dès le 15 septembre dernier, au moment où la faillite de Lehman Brothers et l’imminence de la ruine totale du système financier ont montré ce qu’il en coûte de remettre à des entités privées, plongées dans l’instabilité des marchés, la garde de ce bien public vital pour la société en quoi consistent les encaisses monétaires – dont l’effondrement bancaire systémique a failli provoquer l’évaporation totale. Mais, aux acharnés du monde libéral, et jusque dans le spectacle extrême de dévastations jamais vues , les arguments de principe ne sont d’aucun poids. Heureusement l’histoire est plus forte qu’eux et c’est le poids écrasant de la nécessité qui leur force la main. La nationalisation s’est imposée à eux, contre toutes leurs régurgitations. Et, quoiqu’ils continuent, par réflexe conjuratoire, de la proclamer « partielle » et « temporaire », elle s’imposera à eux comme complète et comme définitive.Complète, car les gouvernements ne tarderont pas à s’apercevoir de l’inefficacité rédhibitoire à laquelle les condamnent les variations sans fin de leurs « plans de sauvetage », qui tous méconnaissent la dynamique même de la crise et ses mécanismes d’approfondissement cumulatif....
Paul Krugman rappelle de quelle simplissime manière le New Deal rooseveltien a tordu le coup à l’obscène écart des rémunérations : par ratiboisement fiscal . Miracle de la crise maximale : les choses interdites peuvent de nouveau être dites. Et M. Sarkozy, qui n’est à l’aise que dans la rupture des tabous, devrait logiquement être ravi d’en avoir tant à renverser : taux d’imposition marginal à 90 %, intégration des revenus du capital dans le revenu déclarable « ordinaire », fermeture des niches fiscales, barème fortement progressif de l’ISF, loi de limitation des écarts de salaires dans l’entreprise (de 1 à 20 par exemple), interdiction des bonus et des stock-options . Et vaste programme de redistribution avec la ressource ainsi collectée. Tout de suite. Réduction de la finance de marché, instauration d’un système socialisé du crédit, desserrement de la contrainte actionnariale (SLAM), cessation des formes de concurrence les plus violentes par la réorganisation du commerce international selon un principe d’« ouverture modulée », justice sociale-fiscale redistributive immédiate : ce sont les premiers éléments d’une nouvelle cohérence qui a vocation à s’affirmer comme telle, c’est-à-dire comme réponse à une situation d’ensemble, une forme d’organisation économique, et on pourrait même dire un modèle de société, devenus odieux. À la vérité, c’est bien là le programme minimal, en deçà duquel gouvernants et aspirants risquent bientôt de ne pas comprendre ce qui leur arrive. ..."
-La chronique de Jacques Julliard - Ce n'est qu'un début !
-Pour un système socialisé du crédit
-«Nationaliser les banques : un moyen de réorienter la politique de crédit»
- Remplacer la Fed par une Banque nationale
-Adieux à la finance
-Recherche Google : Nationaliser les banques
-Cette Europe-là est irréparable
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-Aide aux banques: qui va payer ?
-CREDIT : et après ?
- Crise: Que peut, que doit faire l'Etat ?

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