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lundi 26 janvier 2009

Retour au protectionisme ?

"... Le protectionnisme revient dans les discours européens face à la concurrence des pays émergents. Mais la pratique n'a jamais disparu. Notamment sous des formes difficiles à réguler, comme la sous-évaluation des monnaies.

Hubert Védrine a remis en septembre 2007 à Nicolas Sarkozy un rapport sur la France et la mondialisation qui préconise le retour à un protectionnisme européen coordonné. Doit-on en déduire que la méthode est à nouveau au goût du jour?

Le protectionnisme n'a jamais disparu, pas plus que le libre-échange généralisé a jamais existé dans la réalité. C'est le discours que l'on tient sur lui qui a pu être plus ou moins fluctuant. Au cours des années 1980 par exemple, la tonalité du discours "savant" comme du discours politique était assez protectionniste. Dans les années 1990, le protectionnisme a régressé ..."(J-M.S.)

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Vive le protectionnisme ! Oui mais lequel ? (1/2):

"Généralement le protectionnisme est décrié par l'économie officielle comme le mal absolu. Il exacerberait les nationalismes et conduirait à la guerre, fermerait les débouchés à l'export, comprimerait le commerce mondial et plongerait le monde dans une spirale récessive infernale. Ce protectionnisme là, celui qui consiste à renchérir les produits importés par des taxes ou les limiter par des contingentements, est encore tabou.
Pourtant il est des propositions acceptées qui recherchent les mêmes effets : dévaluer la monnaie en baissant les taux d’intérêts, soutenir l’appareil productif par des aides publiques, relancer une politique industrielle pour préparer les produits de demain, mettre en place la TVA sociale pour alléger le coût du travail... Toutes ces propositions conduisent à altérer les termes de la concurrence mondiale pour soutenir plus ou moins artificiellement les emplois nationaux.
Il y aurait-il alors un bon protectionnisme compétitif et un mauvais protectionnisme défensif ? Oui, mais le bon n'est pas celui qu'on croit.
Le protectionnisme « compétitif » avait sa raison d'être à l'époque pas si lointaine de la mondialisation heureuse lorsqu'il fallait trouver sa place dans la division internationale du travail. C'est celui qui a été pratiqué avec succès par l'Allemagne quand elle a réduit son cout du travail au début des années 2000 en appliquant la TVA sociale, en comprimant les salaires, en délocalisant des activités de sous-traitance et en réduisant son Etat-providence. Ainsi, sa bonne spécialisation industrielle conjugué à un regain de compétitivité-coût lui a permis de battre tous les records d'exportation.
La politique de monnaie forte de la France
C'est aussi ce que la France s'est toujours refusé à faire. Dans les années 90, elle a mené un politique de monnaie forte pour s’aligner sur le Mark. Elle a toujours obstinément négligé de soigner sa compétitivité-coût et l' impératif de spécialisation et, in fine, lorsque les effets délétères de la mondialisation ont commencé à se faire sentir a refusé d'appliquer à son tour la TVA sociale.
Le protectionnisme compétitif fonctionnait bien lorsqu'il y avait des débouchés à l'export. Un bon positionnement sur la qualité comme sur les coûts permettait d'accéder à un marché mondial en croissance et ainsi de bénéficier d'une appréciable rente de situation.
Il a cependant l'inconvénient d'être non coopératif. Les succès à l'exportation de l'Allemagne se sont ainsi majoritairement fait au détriment de ses « partenaires » européens, principalement la France et l'Italie. Cette solution ne fonctionne réellement que de manière isolée. L'effet s'annule dès que le concurrent se décide lui aussi à mener des politiques pour accroître sa compétitivité-coût. Généralisé, il risque d'entraîner l'économie mondiale dans une spirale récessive : chacun réduisant tellement ses coûts pour préserver ou accroître sa compétitivité que la demande se contracte et les marchés se ferment.
C'est exactement ce à quoi on assiste aujourd'hui dans la filière automobile qui s'est lancée plus que d'autres dans une folle entreprise de réduction des coûts ces dernières années. Le problème en Europe est bien différent de celui aux États-Unis. Il ne s'agit pas d'une inadéquation de l'offre aux attentes du marché, mais d'une dépression de la demande, qui n'a finalement pas grand-chose à voir avec la crise financière. Les voitures neuves sont tout simplement devenues trop chères pour le pouvoir d'achat des consommateurs européens !
Les prévisions de croissance sont désastreuses pour la Tchéquie et la Slovaquie
Il est d'ailleurs étonnant de constater que les pays d'Europe centrale qui ont largement bénéficié des délocalisations n'ont pas pour autant connu la prospérité. Les prévisions 2009 pour la Pologne, la Tchéquie ou la Slovaquie sont désastreuses pour des pays émergents (environs 2% de croissance et un taux de chômage entre 8 et 10%). Évidemment : Lorsqu'on construit sa compétitivité sur sa pauvreté, on reste pauvre pour ne pas la perdre !
La course à la compétitivité a tellement fait pression sur les salaires qu'elle a eu pour effet de rendre « hors de prix » les biens fabriqués aux coût de production de la zone de fabrication ! (Malakine)
-La spirale protectionniste
-Le dilemme de la “déglobalisation”
-Todd: il faut dissoudre le Conseil d’analyse économique
-Le mondialisme, entropie accélérée
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-Protectionnisme raisonnable ?
-Crise: Que peut, que doit faire l'Etat ?

->>>>>>>>Vive le protectionnisme? Oui mais lequel? (2/2)

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