Quel outil ?
_________On a souvent décrié certains usages de l'internet, qui a un double usage possible, un double aspect, comme Janus: la meilleure et la pire des choses, comme disait Esope de la langue.
C'est une banalité. Internet peut jouer contre la vie privée et facebook peut être un leurre et un piège.
_____Mais les événements en cours en Tunisie ont mis en évidence le rôle important, peut être déterminant, joué par certains réseaux numériques, conjointement aux portables, qui ont facilité, diffusé en temps réel les nouvelles, les événements, tout en les amplifiant et les accélérant, par effet de feedback.
____On apprécie encore mal l'importance politique du "pouvoir numérique'' dans nos démocraties , en période électorale ou en temps normal.
Mais on ne peut mésestimer le rôle joué en temps de crise, dans les mouvements insurrectionnels, par des réseaux comme twitter ou facebook. On est allé jusqu'à évoquer le rôle "révolutionnaire" de ces nouveaux moyens de communication, redoutablement efficaces par leur instantanéité, en Tunisie et aujourd'hui en Egypte.(1)
_____C'est aller un peu loin. Ces outils existaient avant les événements et n'ont rien provoqué par eux-mêmes. Il fallait un déclencheur, un mouvement réel qui se déploie, des événements sur le terrain, un contexte favorable à la révolte à un moment donné. Internet n'a joué qu'un rôle de diffusion, de relai puissant, d'amplification rapide, défiant les censures et la répression, impuissantes sur ce terrain.
"La "mobilisation numérique" n'a été que seconde.Des outils tels que Twitter donnent aux mouvements contestataires un avantage tactique, en accroissant la rapidité de leur mobilisation et en diminuant leur temps de réaction... Ils ne remplacent pas les moyens traditionnels de pression, de mobilisation et d'action, ils les complètent et peuvent en améliorer l'efficacité à condition d'être bien utilisés. Autrement dit, il s'agit de raison garder et de cesser de crier à la révolution technologique à chaque nouvel outil."
____C'est par un certain abus de langage qu'on a pu l'appeler "moteur de la révolte". C'est plutôt un relai. Il serait plus adapté d'évoquer ce phénomène comme courroie des révolutions modernes, comme ce fut le cas (sans succès) déjà en Iran, peut-être un jour en Chine, comme c'est le cas aujourd'hui en Egypte, où les réseaux sociaux deviennent une nouvelle arme de la jeunesse, malgré des interdits bien dérisoires, qui ajoutent à l'exaspération et favorisent les contournements.
Cependant, la diffusion des messages par capillarité ne se fait pas toujours aussi parfaitement qu'on pourrait le croire, elle peut favoriser la diffusion de fausse nouvelles , être l'objet de manipulations et de confusions et n'a pas la puissance coordinatrice et la précision de la diffusion par la parole et la presse, quand elle sont possibles.
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-Après la Tunisie : Internet sert-il à faire la révolution ?
-Twitter, l'Iran et les limites de la révolution en direct
-La révolution Twitter ?
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