lundi 16 mai 2011

Le réel et le possible

There is no alternative ...

...répétait Margar
et Thatcher, évoquant qu'en matière de politique économique, la voie de l' l'utralibéralisme, conseillée par des économistes comme Hayek et l'Ecole de Chicago, appliquée d'abord par Reagan, est la seule voie possible: fin du rôle régulateur de l'Etat, financiarisation de l'économie, libre échange absolu dans le cadre d'une mondialisation non régulée.
On voit les ravages, pas seulement financiers de ce dogme depuis le début de la crise, qui continue, tant qu'il n'est pas remis en cause dans ses fondements.

Le mot d'ordre (
TINA) a fini de jouer son rôle de slogan intimidant et démobilisateur.
L'idée fait son chemin d'une critique de l'idéologie masquée par la formule, d'une possible remise en question du pouvoir de la finance internationale, d'autres voies pour la gestion économique.

En matière économique, s'il y a toujours des impératifs et des contraintes, il n'y a pas une seule option possible, une seule voie impérative, et la "science économique" n'est pas une science dure. Des choix économiques autres que ceux qu'imposent la routine, les renoncements, les intérêts, peuvent toujours imposer un cours différent à la répartition des richesses produites. C'est une question de choix autant éthique que politique, au sens fondamental.
Les
économistes peuvent sortir du carcan de l'horizon idéologique de leur époque et travailler sur d'autres hypothèses que celles qu'impose le système. Il y a donc d' autres choix possibles, en matière de gestion des affaires humaines.
Des possibles sont toujours ouverts, si l'on sort de la prison du
réel qu'imposent parfois nos idées. Le prétendu réalisme est parfois pris en flagrant délit de conservatisme économique ou d'imposture politique. Les changements en cours dans certains pays arabes, qui paraissaient improbables, viennent conforter cette idée.
Le fait de ne proposer qu'une seule voie possible résulte souvent d'un rapport de forces qui impose des choix arbitraires comme si c'était des données naturelles (
on n'y pourrait rien!), entrainant résignation, fatalisme, découragement, inaction, dépolitisation et donc effondrement démocratique.
La "réalité"sociale et politique ne s'impose pas à nous comme le rythme des saisons ou un tsunami, ce qui ne signifie pas qu'elle soit malléable à l'infini.

_______________C'est ce que
Gérard Mordillat essaie de mettre en valeur, en évoquant la politique économique des trente dernières années.
On pourrait multiplier les exemples dans des domaines variés:

*Sous la royauté, en 1788, il n'y avait pas d'alternative pour la majorité du peuple français....
*Au pouvoir exorbitant des grandes banques, de Wall Street, sur l'économie américaine et certains choix de la Maison Blanche, il n'y aurait pas d'alternative...

*Il faudrait remettre en question les
minima sociaux, il n'y aurait pas d'alternative (on cache le fait que les plus "assistés" ne sont pas ceux qu'on croit)...

*Selon
Christine Lagarde : « Il n'y a pas d'alternative à une gestion rigoureuse des dépenses » , ce qui sous-entend une réduction du pouvoir d'achat pour les plus défavorisés...
*Aujourd'hui, il n'y aurait pas
d'alternative aux agences de notation, qui pèsent injustement sur les finances de pays en difficulté...
*En matière d'agriculture, il n'y aurait
pas d'alternative aux pesticides (selon les intérêts de l'agrobusiness et de Monsanto)
*Il n'y aurait-il pas d'alternative au
productivisme issu du mode de développement économique d'après guerre?
*N'y aurait pas non plus d'alternative au nucléaire en France, dans les temps qui viennent?
____Il y a (presque) toujours une alternative à ce que nos esprits limités, conditionnés ou aveuglés jugent inchangeable à un moment donné...

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