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mardi 26 août 2008

Servitude (in)volontaire ?

-"Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux." (E.de la Boétie)

-"Le peuple est le même partout . Quand on dore ses fers , il ne hait pas la servitude." (Napoléon)

"L'esclave perd tout dans ses fers , jusqu'au désir d'en sortir." (J.J. Rousseau)



En lisant ALAIN ACCARDO...

--"Il n'y a pas d'émancipation possible sans la prise de conscience explicite de ce par quoi on est asservi , et plus fondamentalement sans la conscience même de l'asservissement , jusque là étouffée, anesthésiée par les habitudes et le poids des conformismes." (A.A.)_________

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Nous accordons toujours beaucoup plus au système que nous ne lui refusons. Parce que le système a les moyens de nous extorquer notre assentiment sans même que nous y prenions garde" (A.A.)_________

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La référence à la nature est un moyen de contester, ou de conquérir, ou de conserver une position dominante , en faisant d'une pierre deux coups: en effet, on ne peut légitimer des propriétés en les présentant comme “naturelles” (donc conformes à l'ordre du monde et s'imposant à la Raison universelle) sans par là-même dé-légitimer, implicitement ou explicitement, les propriétés opposées, ou concurrentes, en les faisant apparaître comme des propriétés contre nature, qui n'ont pas de place dans un ordre humain." (A.A.)_______________

Changer le monde et se changer:

"Dans la société capitaliste, comme dans n’importe quelle autre, l’ordre social repose fondamentalement et nécessairement sur deux piliers, comme dirait Maurice Godelier : un pilier objectif, celui de la force et des contraintes de toute nature qui s’exercent de l’extérieur sur les agents sociaux, et un pilier subjectif, celui du consentement personnel qui s’enracine dans la psychologie de chacun, au plus intime de son intériorité.
S’agissant du capitalisme actuel, on peut ajouter une réponse plus spécifique : la socialisation des individus dans une société où tout est marchandise et où l’argent est roi tend à façonner un homo œconomicus porteur de propriétés matérielles et psychologiques – par exemple un certain esprit de lucre et de jouissance – qui l’inclinent spontanément à se soumettre à la domination du capital économique, à la trouver normale et à y participer, par exemple (un exemple entre mille) en confiant son épargne à sa banque pour que celle-ci spécule en son nom et lui serve les intérêts de cette spéculation financière ; spéculation que par ailleurs il condamne peut-être quand elle est le fait des grands investisseurs et des multinationales. Si la personne qui consomme les « produits financiers » que lui vend sa banque est un homme ou une femme « de gauche », se disant « hostile à la domination du capital », faut-il voir dans la contradiction entre ses actes et ses convictions proclamées une marque de cynisme, ou de tartuferie ? Pas nécessairement. Ce qui est à incriminer, c’est la pédagogie diffuse et institutionnalisée du système qui a façonné cette personne, qui a structuré chez elle son entendement et son affectivité de telle sorte qu’elle est capable de percevoir, penser, ressentir certaines choses et qu’elle reste aveugle et insensible à d’autres choses. Chaque formation sociale se fabrique les types d’humains dont elle a besoin pour fonctionner et durer....
Nous accordons toujours beaucoup plus au système que nous ne lui refusons. Parce que le système a les moyens de nous extorquer notre assentiment sans même que nous y prenions garde . Pour la raison essentielle que nous lui sommes accordés en profondeur, structuralement et que la logique de son fonctionnement est inscrite en nous sous une forme pratique d’abord, sous forme de dispositions, de tendances, d’automatismes qui nous poussent à agir, concevoir, sentir, comme nous le faisons, de façon compatible et connivente avec le système, sans avoir besoin d’y réfléchir expressément. Il faut beaucoup de temps et de travail d’autoanalyse pour prendre clairement conscience de l’infinité des liens par lesquels nous sommes liés au monde qui nous a façonnés à notre insu même....
Contrairement à une idée très reçue aujourd’hui, le laxisme des pratiques actuelles, loin de manifester un progrès des individus dans l’ordre de la libération personnelle, est plutôt une manifestation de régression à un stade de moindre évolution. Le manque de tenue et de retenue, au sens de Benda, est devenu dans tous les domaines un des plus sûrs symptômes de la décomposition sociale et de l’aliénation ultra individualiste par le système...
Ce que ne voient pas toujours la plupart des gens, c’est que la dictature du plaisir des sens est en relation circulaire avec l'exigence capitaliste de la marchandisation généralisée.L'offre et la demande sur le marché du plaisir à tout prix s'entretiennent réciproquement, insatiablement. Mais le degré d’aliénation est désormais tel que le simple fait de critiquer cet aspect des choses, dans le climat du politiquement correct, est perçu paradoxalement comme une menace à la « liberté » de chacun de « s’éclater », « prendre son pied », « jouir comme une bête », etc. Il faudrait peut-être se préoccuper de réapprendre à jouir comme un humain, car le capitalisme sait parfaitement tenir la bête en laisse tout en excitant ses appétits....
quand on veut changer le monde, on doit prendre conscience qu’il faut opérer des changements partout où est le monde et que le monde est partout, c’est-à-dire à l’extérieur de soi et au-dedans de soi....
Une sociologie de la domination, comme celle développée par Bourdieu , met en lumière le fait fondamental que les rapports sociaux de domination sont inséparablement des rapports de force et des rapports de sens. Pour qu’une domination soit durable, il faut qu’aux yeux des dominés, les dominants, qui disposent de tous les capitaux qui font leur force, disposent aussi de ce type de capital symbolique que leur amassent la confiance et la reconnaissance par les dominés de leur excellence et de leur générosité. La force brute du dominant doit être redoublée par le sens positif que le dominé confère au rapport de domination. Le terme de légitimité résume cette alchimie qui transmute la force en droit et le droit en force..."

-L'illusion naturaliste
-Le double jeu des classes moyennes
-Succession Lagardère
-Alain Accardo: bibliographie
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-SOUMISSION: fragile humanité ?
-Jean-Claude Michéa et la servitude libérale
- Consommateurs ou/et citoyens ?
-Rêves de pauvres ?
-Pourquoi les pauvres votent à droite
- Individualisme: positif ou négatif ?
- L’incohérence éthique
- Ego-mania

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