mardi 23 août 2011

Funestes paradis

Les paradis ne sont plus ce qu'ils étaient

Ils ne correspondent pas à ce que l'on croit généralement.
Le riche particulier qui fait passer une partie de sa fortune en Suisse ou qui s'installe en Belgique pour bénéficier d'une imposition favorable, ça existe, bien sûr, mais ce n'est qu'un aspect marginal du problème, le plus connu et le plus spectaculaire.
_Il existe des formes insoupçonnées, immatérielles et massives de détournement de fonds,
de véritables trous noirs de la finance.
Le G20, malgré sa prétention hypocrite , n'est pas venu à bout de la grande évasion, ou plutôt n'a pas eu la volonté politique de le faire.
Des milliards ne s'investissent pas en France (entre 10 et 20, estime-t-on) ou dans d'autres pays et on fait croire que l'on va enfin s'attaquer au problème, dont on dénonce par ailleurs la gravité. Ces refuges confortables, à l'abri de l'impôt, donc de la redistribution et de l'investissment, souvent à deux pas de chez nous, sont une plaie pour l'économie réelle.
__Elle en est déboussolée. Au sens fort: elle a perdu ses repères, ses orientations naturelles que sont l'investissement et les perspectives à long terme, et non la spéculation et la rente improductive.
Cette captation des richesses fausse l'économie mondiale.
"Le rapport « L'économie déboussolée » met en lumière les distorsions entre l'économie réelle et les indicateurs qui guident le G20 et les Institutions financières internationales. Investissement, commerce, épargne, productivité ... le rapport démontre comment la place de la finance offshore rend toute mesure de ces indicateurs impossible. Au cœur de ce mensonge économique, il pointe le rôle majeur des multinationales et des banques, premières utilisatrices des paradis fiscaux...
Les miroirs déformants que sont les paradis fiscaux renvoient une géographie mensongère de l'économie mondiale. La tromperie statistique est flagrante, qui fait de l'île Maurice le premier investisseur en Inde, ou de Jersey le premier pourvoyeur de bananes en Europe. Mais la localisation artificielle de l'activité économique loin de ses bases réelles, dans ces zones de transit de la finance mondiale, a d'autres incidences. Autrement plus graves. Elle fait mentir l'allocation de la richesse au plan mondial, dépouillant les États de leurs assiettes fiscales mobiles -donc de l'impôt que devraient verser les plus riches, et les salariés de leur gagne-pain. Privant, aussi, de façon illicite, les pays en développement de plusieurs centaines de milliards d'euros par an qui leur permettraient d'investir dans l'avenir ; de soigner, d'éduquer, de nourrir leur population ; les privant aussi de la liberté de renoncer à l'aide internationale et à l'endettement. Ce grand écart entre la géographie économique réelle et celle que reflètent les paradis fiscaux, constitue aujourd'hui le creuset des inégalités au plan mondial..."
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_Dessin de Chimulus

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