jeudi 1 décembre 2011

Angela, la dette et nous

Perseverare diabolicum...

Purger le malade en le saignant?

Le débat sur la dette et l'euro est plus que jamais en cours, prenant souvent un tour vif, parfois polémique. Normal , car ce n'est pas un simple débat technique, une affaire d'experts. Il est essentiellement politique et concerne un problème de fond: quel avenir pour la construction européenne et ce qui devait en être une des pièces maîtresse?
La tourmente financière, qui ne fait que commencer, était dans l'oeuf dans le statut de l'eurozône et son ouverture et s'annonçait dans la financiarisation à tout va, l'emprise de la finance internationale sur les choix politiques. Selon l'économiste PN Giraud, la privatisation de la création monétaire a été à l'origine des désordres financiers et de l'essentiel de la dette que ceux-ci ont engendrés.
Nul ne sait quand et comment cette bourrasque prendra fin. Sans solution, on improvise ...On creuse des trous et on les rebouche. On multiplie les rencontres sans lendemain, sur des questions annexes. La cacophonie est partout, amplifiée par les échéances électorales des deux côtés du Rhin. La peur du vide engendre une agitation qui se détourne de l'essentiel. Comment la majorité des gens peut-elle s'y retrouver?
__Beaucoup de confusions sur la notion de dette publique. Il y a dette et dette et "muscler l'euro" par un renforcement du fédéralisme n'est sans doute pas la solution la plus démocratique, du moins pour l'instant. A moins de revoir la constitution européenne et repenser tout l'édifice. Mais il y a urgence. Un effondrement bancaire s'annoncerait selon certains. La fin de l'euro tel que nous le connaissons serait à l'ordre du jour dans certains cénacles, qui semblent parfois avoir intérêt à jouer aux Cassandre.
La sortie de l'euro, que certains annoncent comme inéluctable et proche, qui tenterait certains milieux politiques allemands, représenterait certainement un séisme psychologique et politique, bien que techniquement possible, comme le montrent des exemples dans l'histoire.
Il serait un moyen d'en finir avec les faiblesses congénitales de l' institution de l'euro, de son rôle de frein, inadapté à la diversité des économies des membres, avec la gouvernance par la dette, avec les diktats bancaires et les chantages des agences de notation, qui préparent sûrement le terrain d'une récession sévère et généralisée, où l'Allemagne, elle aussi serait touchée au coeur.
L’orage financier se propage à toute la zone . J. Delors exprime son pessimisme, sans examiner les causes du mal...Selon lui, l'Allemagne regarde ailleurs
(vers son hinterland?), ne se sent plus guère concernée par ses engagements anciens.
_Serons-nous amenés à annuler la dette, comme le propose Todd, ainsi qu'à abandonner cet euro-là? De toute façon, on sait qu'elle ne sera jamais payée, pour la Grèce notamment.
________Faudrait-il encadrer le budget? Cela demanderait un abandon de souveraineté, car voter un budget est l'acte régalien par excellence, donc demanderait une redéfinition de la Constitution européenne
"Si une telle primauté est accordée au budget, c'est que la question des finances et de l'autonomie budgétaire a été un des fondements de la démocratie moderne. « No taxation without representation » (pas d'impôt sans représentation) fut le premier mot d'ordre des indépendantistes américains contre le pouvoir britannique en 1775. « Le consentement à l'impôt fut une des premières règles posées par la Révolution, par un décret de 17 juin 1789, puis inscrit dans la déclaration des droits de l'homme », rappelle Jean Gicquel. Les gouvernements européens sont si conscients du caractère souverain du budget qu'ils souhaitent faire inscrire la « règle d'or », interdisant tout déficit budgétaire – puisque leur seule analyse de la crise se résume à un excès de dette publique –, dans la constitution des différents pays de la zone euro. Nicolas Sarkozy n'a pas osé présenter le texte à la rentrée, par peur d'essuyer une défaite : il courait le risque de ne pas réunir une majorité des trois cinquièmes au Congrès réunissant les députés et les sénateurs. Mais aujourd'hui, il laisse entendre qu'il n'a pas renoncé à ce projet. Mais pourquoi envisage-t-il une révision constitutionnelle pour faire adopter la «règle d'or», alors qu'il semble l'exclure pour la réforme de la zone euro, discutée actuellement avec Berlin? Car selon les premières informations qui ont filtré, Berlin et Paris envisagent un cadre bien plus rigide que la règle d'or. Outre l'engagement pour les Etats de cette nouvelle mini zone euro d'avoir des budgets tendant vers zéro déficit, Angela Merkel exige un contrôle draconien de l'ensemble du processus budgétaire, justifié, selon Berlin, par les garanties apportées par l'Allemagne....Avant même le vote de la loi de finances par les parlements nationaux, le projet budgétaire de chaque pays serait soumis à un contrôle a priori par la commission pour examiner s'il respecte bien les dispositions communes. Tout pays qui contreviendrait aux règles de déficit, ou ne respecterait pas la réduction de l'endettement public, se verrait infliger des sanctions automatiques, procédure aussi prévue dans le cadre du mécanisme de stabilité financière, qui devrait être instauré en 2013..." (M.Orange)
Angela reste stricte, malgré les pressions qui augmentent. Droite dans ses bottes, utilisant la méthode Coué .«Il n’est pas question de changer le système, martelait-on vendredi à la chancellerie, au risque de produire de nouvelles erreurs de construction.» Refusant de «céder à l’hystérie des marchés», on estime à Berlin que l’euro n’est nullement menacé. On admet, du bout des lèvres, qu’il y a «maintenant des doutes sur la survie du système», mais ils seront dissipés une fois «qu’on aura réparé les dysfonctionnements actuels». La chancellerie conclut : «Cela va être difficile. Mais, une fois passé ce moment pénible, on sera bien plus forts.»
Angela oublie que ce n'est pas surtout l'inflation qui a plombé l'Allemagne en 29, mais l'austérité imposée (précisions): l'histoire se répèterait-elle?
L'Allemagne, qui n'est pas si vertueuse, est à la croisée des chemins, dans une Europe qui a perdu ses repères. Un leadership plutôt désastreux, selon J. Delors. Des intérêts nationaux prioritaires, qui l'éloignent de ses engagements passés.
Le sommet européen du 9 décembre permettra-t-il de sortir des tergiversations et des discours volontaristes, mais trompeurs?
On peut toujours tracer quelques pistes...

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