La part allemande
________________Au sein de l'Eurozone en crise, la question allemande revient de plus en plus souvent.
 En Hollande aujourd'hui, le gouvernement libéral commence à prendre ses distances avec les normes économiques imposées par Berlin, nos amis d'outre-Rhin étant eux aussi traversés par une contestation grandissante à l'approche des élections.
Il n'y a aucune germanophobie à contester un modèle, qui d'ailleurs commence à accuser des faiblesses (*). Et ce ne sont pas les Allemands qui sont en cause, mais la ligne suivie par Merkel et la coalition qu'elle dirige, depuis la virage Schröder, qui déclare que: 
 "l’Allemagne est appelée à jouer un rôle 
de meneur au sein de l’Union européenne, du fait de sa force économique 
et de son importance politique", en oubliant  le rôle crucial de 
l’Allemagne dans la crise des dettes souveraines, la politique de 
l’Agenda 2010 qui a baissé les salaires réels allemands par rapport aux 
"concurrents" européens, ce qui a entraîné des pressions néfastes sur 
leur croissance et, par ce biais, sur leurs finances publiques, en oubliant qu’en même temps l’Allemagne leur interdisait d’exporter en 
retour, puisque sa demande globale stagnait?
 L'économie allemande respire, mais à quel prix et pour combien de temps? Elle a tout à perdre de l'affaiblissement de ses voisins. Le pacte européen de stabilité, critiqué par l'OFCE  et M.Fitousi,conduit à l'austérité  et à la récession.
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En Hollande aujourd'hui, le gouvernement libéral commence à prendre ses distances avec les normes économiques imposées par Berlin, nos amis d'outre-Rhin étant eux aussi traversés par une contestation grandissante à l'approche des élections.
Il n'y a aucune germanophobie à contester un modèle, qui d'ailleurs commence à accuser des faiblesses (*). Et ce ne sont pas les Allemands qui sont en cause, mais la ligne suivie par Merkel et la coalition qu'elle dirige, depuis la virage Schröder, qui déclare que: 
 "l’Allemagne est appelée à jouer un rôle 
de meneur au sein de l’Union européenne, du fait de sa force économique 
et de son importance politique", en oubliant  le rôle crucial de 
l’Allemagne dans la crise des dettes souveraines, la politique de 
l’Agenda 2010 qui a baissé les salaires réels allemands par rapport aux 
"concurrents" européens, ce qui a entraîné des pressions néfastes sur 
leur croissance et, par ce biais, sur leurs finances publiques, en oubliant qu’en même temps l’Allemagne leur interdisait d’exporter en 
retour, puisque sa demande globale stagnait?
 L'économie allemande respire, mais à quel prix et pour combien de temps? Elle a tout à perdre de l'affaiblissement de ses voisins. Le pacte européen de stabilité, critiqué par l'OFCE  et M.Fitousi,conduit à l'austérité  et à la récession.
__ Le rêve allemand serait-il un 
cauchemar européen?
"Que se passera-t-il lorsque l'outil de la dévaluation ne sera plus disponible en Espagne et en Europe et que l'économie allemande s'imposera partout grâce à ses énormes gains de productivité avec la monnaie unique ?", s'était interrogé, dès 1997 le futur chancelier...
Le discours de F.Hollande, souvent équivoque, fait allusion ce risque:  
"Les pays européens qui sont en excédent courant et budgétaire doivent soutenir la 
demande», insiste le président la République, qui ne fait que reprendre 
une requête adressée aux Allemands par Christine Lagarde lorsqu'elle 
était ministre des Finances de Nicolas Sarkozy… La réaction des 
Allemands, outragés à l'époque, n'a guère changé avec la crise. 
L'orthodoxie budgétaire et la désinflation compétitive restent, pour 
Berlin, la principale issue à la crise européenne", déclare F.Hollande.
_____Il s'agit plus qu'un voeu, mais d'une nécessité économique urgente, dans l'intérêt même de Berlin et d'une reconstruction d'une Europe sur d'autres bases, car:  
(*)"...  Pour qu’une union monétaire ait un intérêt il faut donc que les avantages l’emportent sur les coûts.
Depuis les années 60, avec les travaux de Mundell, Mc Kinnon et Kenen,
 on connaît assez bien les conditions de réussite d’une union monétaire.
 Ces conditions sont les suivantes : 1°) les travailleurs doivent 
pouvoir être mobiles et s’installer sans contrainte  là où le marché du 
travail est le plus favorable, 2°) les capitaux doivent pouvoir circuler
 librement entre pays, 3°) des transferts fiscaux importants (par 
exemple à travers un budget fédéral) doivent pouvoir avoir lieu, 4°) les
 cycles économiques entre pays doivent être assez proches. Les 
Etats-Unis constituent un bon exemple d’union monétaire fonctionnant de 
manière satisfaisante. Les cinquante Etats américains partagent le 
dollar comme monnaie commune. Ils présentent pourtant des différences 
importantes. Les économies du Mississippi, du Nevada ou du Massachusetts
 sont très différentes. Cependant, la facilité de circulation et 
d’installation des travailleurs entre ces différentes régions, ainsi que
 l’existence de transferts fiscaux importants des régions riches aux 
régions pauvres, permet à l’union américaine de fonctionner sans que des
 déséquilibres insupportables ne s’installent entre ses membres.
La zone Euro ne remplit pas ces conditions, en particulier les points
 concernant la mobilité du travail et les transferts entre pays sont 
loin d’être remplis. Dès lors, dans ces conditions, la seule et unique 
façon d’éviter une explosion de l’union monétaire est de coordonner les 
politiques économiques de ses membres pour s’assurer que ne naissent pas
 des déséquilibres trop importants. En particulier, l’Union Européenne 
doit s’assurer que ceux dont le poids économique est le plus important 
(Allemagne, France, Italie, Espagne) ne connaissent pas des évolutions 
trop divergentes. Or, ce n’est pas du tout le cas depuis la création de 
l’Euro. Les cycles et les politiques économiques des différents pays de 
la zone divergent fortement. Les responsabilités sont partagées mais 
l’Allemagne en porte une part importante. En effet, elle a mis en place 
au début des années 2000, une politique économique visant spécifiquement
 à devenir plus compétitive que ses voisins. Qui plus est, elle ne l’a 
pas fait grâce à des gains de productivité mais simplement en comprimant
 ses coûts salariaux, en réduisant la consommation à travers des 
augmentations de TVA et en ayant une inflation inférieure à l’objectif 
de 2% de la BCE. L’Allemagne a volontairement freiné sa demande 
interne : consommation des ménages, investissement des entreprises et 
même les dépenses publiques jusqu’en 2008... Elle a tout fait pour gagner des parts de marché vis-à-vis 
des autres membres de la zone Euro. Cela a eu pour conséquence de faire 
exploser son solde des échanges extérieurs qui est maintenant sur des 
niveaux jamais atteints depuis 1945. Compte tenu de l’absence de 
mobilité des travailleurs et de l’absence de transferts fiscaux entre 
Etats, cette stratégie est exactement à l’opposé de ce qui doit être 
fait pour assurer la viabilité de l’Union Européenne...
 Le succès de la stratégie allemande et ses bonnes performances 
économiques n’ont été rendus possibles que parce que dans le même temps,
 ses partenaires étrangers importaient ses produits.  Sa croissance 
depuis 2000 a reposé essentiellement sur les surplus commerciaux. Sans 
cela les performances de l’économie allemande auraient été beaucoup 
moins convaincantes. Ce sont les achats de ses voisins qui ont été la 
clé de son succès. La politique et les performances économiques de la 
France ont été plus respectueuses des équilibres intra-européens. La 
productivité française a progressé dans les mêmes proportions que 
l’Allemagne mais la France n’a pas cherché à comprimer ses salaires ni à
 réduire son inflation en-dessous de l’objectif européen des 2%. La 
politique française n’a pas consisté à fonder sa croissance sur le 
moteur des exportations. Aujourd’hui, la Commission Européenne, la BCE 
et les gouvernements européens veulent dupliquer le modèle allemand à 
l’ensemble de l’Europe, en se lançant dans une course à la compétitivité
 avec compression des coûts salariaux et mise en place de programme 
d’austérité généralisé (voir ci-dessous le graphique de l’évolution des 
soldes budgétaires.
 Mais c’est un contre-sens économique majeur. Aucun pays ne pourra 
dégager les mêmes surplus commerciaux que l’Allemagne des années 2000, 
puisque ces politiques économiques ont pour conséquence de freiner la 
demande dans toute l’Europe et donc de réduire les importations 
potentielles de nos principaux partenaires commerciaux.
 Contrairement à ce qu’écrivent certains,
 il n’est nul besoin d’être extrémiste pour se rendre compte que la 
stratégie d’austérité imposée à l’ensemble de l’Europe et la course à la
 compétitivité par la baisse des coûts salariaux mène droit à la 
faillite de la zone euro. Au contraire, si l’on veut sauver le projet 
européen, il convient de faire les bons constats. Il faut comprendre les
 conditions de fonctionnement d’une union monétaire, et  il faut 
comprendre que des politiques d’austérité en période de récession sont 
un contre-sens économique majeur. Critiquer la politique économique 
allemande n’est pas être anti-allemand ou anti-européen. L’ancien 
Chancelier allemand Helmut Schmidt l’a formidablement bien expliqué dans
 un discours prononcé en décembre 2011 :
 "Celui qui croit que l'Europe peut réussir à recouvrer la santé 
uniquement grâce à des coupes budgétaires devrait étudier plus en détail
 la politique déflationniste du Chancelier Heinrich Brüning en 
1930-1932. Elle avait déclenché une dépression et un chômage d'une telle
 ampleur qu'elle avait ainsi initié la disparition de la première 
démocratie allemande..." (Bertrand Groslambert)
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_Ulrich Beck: “Germany has created an accidental empire-
-Habermas: L'Allemagne profite de la crise 
-  Altkanzler Schmidt kritisiert Merkels Europa-Kurs -
- Europe : est-ce vraiment l'Allemagne qui paie ?
 -Et si l' Allemagne n'était pas si exemplaire...
-L'Allemagne prise au piège