__N'est pas conteur qui veut...
Ils ne sont pas si nombreux ceux qui savent, selon un longue tradition, trouver les mots qu'il faut, le souffle qui convient, le ton adéquat pour vous intéresser, vous emporter, vous séduire, même quand le geste n'accompagne pas la parole.
Même par la seule écriture.
La plume fait parfois des merveilles.
Rendez-vous contes!...Savoir prendre les esprits dans ses filets: un art qui confine au mystère.
Traditionnels ou contemporains, solitaires ou associés, ils sont portés par une force communicative qui peut parfois engendrer la fascination.
__________Nabum, bonimenteur de Loire, est de ceux-là.
Ses histoires, tantôt engagées, tantôt descriptives, douces ou amères, côtoient souvent la poésie, passant de la sérénité à l'ironie (1), de la rêverie à l'amertume parfois désespérée (2), de la contemplation à la critique, voire à la colère, la révolte.
Elles forcent presque toujours à se laisser emporter ou à réagir.
On tombe souvent sous le charme.
On le trouvera aussi ICI
A vous de juger...
_______________________________________
CARNET DE BORD D'UN PASSEUR FATIGUE MAIS EVEILLE...QUI NE VEUT PAS MOURIR (TROP) IDIOT. _____________________________________________________ " Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile." [Thucydide]--------------------- " Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti " [A.Camus]
vendredi 31 mai 2013
jeudi 30 mai 2013
Nouveau voyage en Amazonie
Un explorateur très (trop?)curieux
________________________Le regretté C.Levi-Strauss fut un des premiers ethnologues à entrer et à séjourner dans le bassin amazonien, alors très redouté, pour y découvrir les moeurs d'ethnies méconnues: les Bororos, notamment...
Il fut fasciné par un monde humain aussi varié que culturellement riche, qu'il s'efforça de comprendre de son mieux en recueillant une abondante moisson d'observations et de réflexions relatées dans des études restées célèbres.
__L'explorateur-journaliste JB Malet a osé pénétrer lui aussi dans l'univers amazonien jugé géant, obscur et impitoyable...
Il fut d'abord heureusement frappé par une apparence très engageante des lieux, puis surpris par des moeurs assez sauvages sous un vernis de civilisation.
Il croyait être entré dans le meilleur des mondes, tel un conquistador cherchant l'eldorado, une sorte de famille....
Mais la vie amazonienne s'est finalement révélée pleine de périls et de pièges dissimulés.
Il y a découvert un monde étrange, qui, malgré ses dangers, se révèle très favorisé et surprotégé, un univers à part.
___________Il ne faut pas toujours se laisser séduire par l'Amazonie...☺
________________________________________________________________
________________________Le regretté C.Levi-Strauss fut un des premiers ethnologues à entrer et à séjourner dans le bassin amazonien, alors très redouté, pour y découvrir les moeurs d'ethnies méconnues: les Bororos, notamment...
Il fut fasciné par un monde humain aussi varié que culturellement riche, qu'il s'efforça de comprendre de son mieux en recueillant une abondante moisson d'observations et de réflexions relatées dans des études restées célèbres.
__L'explorateur-journaliste JB Malet a osé pénétrer lui aussi dans l'univers amazonien jugé géant, obscur et impitoyable...
Il fut d'abord heureusement frappé par une apparence très engageante des lieux, puis surpris par des moeurs assez sauvages sous un vernis de civilisation.
Il croyait être entré dans le meilleur des mondes, tel un conquistador cherchant l'eldorado, une sorte de famille....
Mais la vie amazonienne s'est finalement révélée pleine de périls et de pièges dissimulés.
Il y a découvert un monde étrange, qui, malgré ses dangers, se révèle très favorisé et surprotégé, un univers à part.
___________Il ne faut pas toujours se laisser séduire par l'Amazonie...☺
________________________________________________________________
mercredi 29 mai 2013
Modèle suédois?
Le modèle suédois a pris du plomb dans l'aile.
________________________________________Malgré une prospérité industrielle retrouvée après une crise sévère, la Suède connaît, sous la houlette d'un gouvernement libéral, une croissance des inégalités parmi les plus fortes des pays européens.
Même si la pauvreté en Suède reste encore mesurée, par rapport à d'autres pays comparables, un masse importante de la population surtout immigrée hétérogène connaît un sort peu enviable du fait d'un chômage qui l'affecte particulièrement et aux réductions, voire aux suppressions des aides sociales et des projets d'intégration.
La Suède n'est pas le paradis que certains imaginent encore, même si le pays semble se porter mieux que le nôtre dans le secteur manufacturier. Le pays de Volvo, Ikea, Saab, Electrolux, Ericsson a encore de beaux restes...
___En 2010 dèjà, la crise dans ce pays annonçait des tensions nouvelles qui ont surpris. __[Précisons de Lord sur les particularités de l'immigration en Suède]__
Aujourd'hui, certaines banlieues craquent.
A l'occasion des émeutes récentes, les faiblesses de ce modèle apparaissent mieux.
Une vitrine se brise:
"... Le 14 mai, un rapport de l'OCDE constatait que les écarts des revenus augmentent davantage en Suède que dans l'ensemble des autres pays européens. Et une semaine plus tard, de violentes émeutes ont éclatés à Husby, dans la banlieue de Stockholm, où des jeunes masqués ont incendiés des voitures et attaqué les forces de l'ordre avec des jets de pierre. Plusieurs commentateurs de la presse suédoise lient justement ces évènements à l'inégalité croissante du pays.
"Un échec gigantesque" écrit Lena Mellin, chroniqueuse du quotidien social-démocrate Aftonbladet, estimant que les autorités ont trop longtemps fermé les yeux sur les problèmes liés à la ségrégation des banlieues comme Husby où 85 % des 12 000 habitants sont nés en Suède mais ont deux parents nés à l'étranger.
De son côté, Aftonbladet estime dans son éditorial que les émeutes à Husby reflètent l'essentiel de la politique conduite par la coalition gouvernementale de droite, une politique que la phrase emblématique "Il doit être rentable de travailler" illustre le mieux. "Lorsqu'on baisse les impôts, ce sont les parties les plus faibles de la société, des endroits comme Husby, qui en paient le prix", poursuit le journal..."
La presse conservatrice renvoie les émeutiers à leur seule responsabilité, faisant silence sur les défaillances des efforts d'intégration.
Pour les politiques de nos pays, toujours à la recherche d'une référence, il est clair que le modèle scandinave ne peut pas s'exporter.
Il a en fait toujours été un mythe.
Sur certains points même, il pourrait servir de contre-exemple.
________________________
- Pourquoi les banlieues de Stockholm se sont-elles enflammées?
__________
-Paru dans Agoravox
__________________________________________________________
________________________________________Malgré une prospérité industrielle retrouvée après une crise sévère, la Suède connaît, sous la houlette d'un gouvernement libéral, une croissance des inégalités parmi les plus fortes des pays européens.
Même si la pauvreté en Suède reste encore mesurée, par rapport à d'autres pays comparables, un masse importante de la population surtout immigrée hétérogène connaît un sort peu enviable du fait d'un chômage qui l'affecte particulièrement et aux réductions, voire aux suppressions des aides sociales et des projets d'intégration.
La Suède n'est pas le paradis que certains imaginent encore, même si le pays semble se porter mieux que le nôtre dans le secteur manufacturier. Le pays de Volvo, Ikea, Saab, Electrolux, Ericsson a encore de beaux restes...
___En 2010 dèjà, la crise dans ce pays annonçait des tensions nouvelles qui ont surpris. __[Précisons de Lord sur les particularités de l'immigration en Suède]__
Aujourd'hui, certaines banlieues craquent.
A l'occasion des émeutes récentes, les faiblesses de ce modèle apparaissent mieux.
Une vitrine se brise:
"... Le 14 mai, un rapport de l'OCDE constatait que les écarts des revenus augmentent davantage en Suède que dans l'ensemble des autres pays européens. Et une semaine plus tard, de violentes émeutes ont éclatés à Husby, dans la banlieue de Stockholm, où des jeunes masqués ont incendiés des voitures et attaqué les forces de l'ordre avec des jets de pierre. Plusieurs commentateurs de la presse suédoise lient justement ces évènements à l'inégalité croissante du pays.
"Un échec gigantesque" écrit Lena Mellin, chroniqueuse du quotidien social-démocrate Aftonbladet, estimant que les autorités ont trop longtemps fermé les yeux sur les problèmes liés à la ségrégation des banlieues comme Husby où 85 % des 12 000 habitants sont nés en Suède mais ont deux parents nés à l'étranger.
De son côté, Aftonbladet estime dans son éditorial que les émeutes à Husby reflètent l'essentiel de la politique conduite par la coalition gouvernementale de droite, une politique que la phrase emblématique "Il doit être rentable de travailler" illustre le mieux. "Lorsqu'on baisse les impôts, ce sont les parties les plus faibles de la société, des endroits comme Husby, qui en paient le prix", poursuit le journal..."
La presse conservatrice renvoie les émeutiers à leur seule responsabilité, faisant silence sur les défaillances des efforts d'intégration.
Pour les politiques de nos pays, toujours à la recherche d'une référence, il est clair que le modèle scandinave ne peut pas s'exporter.
Il a en fait toujours été un mythe.
Sur certains points même, il pourrait servir de contre-exemple.
________________________
- Pourquoi les banlieues de Stockholm se sont-elles enflammées?
__________
-Paru dans Agoravox
__________________________________________________________
mardi 28 mai 2013
Impression 3D: une révolution?
L'usine 2.0 |
___________________________Une révolution est nos portes.
On ne les avait pas vu venir, ces drôles de machines, car elles n'étaient réservées jusqu'ici qu'à des usages industriels très réduits et spécialisés, notamment dans le domaine des prototypes ou des maquettes..
Elles arrivent pour le grand public.
Leur coût ne va pas cesser de baisser.
Les imprimantes 3D font rêver, malgré leurs applications encore limitées. Mais on pressent qu'elles ne vont pas tarder à gagner rapidement du terrain et parvenir jusqu'à la portée des enfants, qui pourront, par exemple, fabriquer leurs propres legos.
L’impression 3D est une technologie qui relevait de la science-fiction il y a quelques années encore et qui s’est progressivement rendue disponible au grand public. Pourtant, la plupart des imprimantes n’étaient pas directement proposées dans de grandes chaines de distribution, c’est désormais le cas.
___Certains parlent de révolution industrielle.
Déjà, on peut fabriquer des armes, malheureusement, mais aussi des pizzas (!), des prothèses médicales de toutes sortes, etc...
Et ça marche, même si les possibilités sont encore réduites pour les machines grand public et si les prix des produits de base, des matières premières, sont encore élevés.
__Il en est qui voient déjà la possibilité de régler la faim dans le monde. C'est sans doute aller un peu vite en besogne... Comme pour toute technologie nouvelle, les espoirs s'emballent. La nouveauté première est d'abord dans la révolution numérique, qui a rendu possible ce type de produit.
Pour la médecine en tous cas, ces imprimantes permettent des merveilles, et on soupçonne à peine toutes les futures applications possibles.
Nous ne sommes qu'à l'aube d'une mutation. Tout reste encore à faire, notamment dans le domaine de la production créative, qui va modifier en profondeur les normes et les pratiques industrielles, comme l'entrevoit Chris Anderson. (1)
Mais la généralisation de cette technologie ne sera pas sans poser des problèmes, juridiques surtout, notamment en matière de propriété intellectuelle.
____________________________________________________
-Paru dans Agoravox
lundi 27 mai 2013
Libre échange transatlantique (suite)
La ligne Maginot tiendra-t-elle?
_______________________________"Je défendrai un accord respectueux de nos valeurs, de la vision européenne de la culture, de notre modèle agricole et favorisant la transition écologique et énergétique. Je veillerai à ce que la France fasse entendre ses intérêts" (Nicole Bricq, 13 février 2013)
__ "Nous allons lancer des discussions sur un accord transatlantique global sur le commerce et l'investissement avec l'Union européenne parce qu'un commerce libre et équitable de part et d'autre de l'Atlantique soutiendra des millions d'emplois américains bien payés" (Obama: Discours sur l'état de l'Union)
Angela Merkel est enthousiaste: "I find the idea fascinating"
Pierre Hilard y voit un projet de décomposition des nations européennes, obstacles aux intérêts des firmes multinationales cherchant à élargir leur influence.
Mélenchon y détecte le risque d'une fatale homogénéisation des normes de toutes sortes et surtout des normes sociales.(1)
__Outre une possibilité de manoeuvre totale des multinationales,
les dispositions de ce libre-échange ne comportent pas que des aspects économiques, mais touchent aussi nécessairement des aspects culturels essentiels, en introduisant une concurrence inéquitable.
Même si la ministre Filippetti voit dans l'exception cuturelle "une ligne rouge" à ne pas franchir, on peut douter que cette nouvelle ligne Maginot puisse tenir longtemps...
Bertrand Tavernier pense que " La culture deviendrait ainsi une marchandise".
Mais il n'y a pas que l'exception culturelle...
___Bref, les dangers du traité sont réels, comme le souligne même un européiste convaincu comme Quatremer, en parlant de l'UE à la rame :
"... Certains socialistes se montrent plus sceptiques quant aux supposées vertus de ce futur accord de libre-échange. La focalisation du débat sur l'audiovisuel ne doit pas occulter, à leurs yeux, l'immensité des secteurs, de l'agriculture au secteur financier, qui risquent d'être impactés. « C'est une très mauvaise idée d'entamer ces négociations, à l'heure où l'euro-scepticisme gagne du terrain, estime Liêm Hoang-Ngoc, un autre élu socialiste français à Strasbourg. La France doit s'opposer à cet accord, qui s'annonce très aventureux. Ses conséquences risquent d'être bien plus favorables aux Américains. » « L'exclusion du secteur audiovisuel ne suffit pas, poursuit-il. Prenons un autre exemple, les services financiers. On a déjà du mal à avoir une réglementation digne de ce nom pour les banques en Europe, et maintenant, on risque de s'aligner sur les standards américains, qui n'appliquent même pas les règles de “Bâle 3.."
___La servitude volontaire est-elle le destin de l'Europe?
_____________________________________________________________
-Refusons d’engager les négociations pour un projet d’accord transatlantique
- Accord transatlantique : « Le pouvoir sera alors à Washington pour la grande politique et à Berlin pour l’économie »
- Le partenariat de tous les dangers
- L'agroalimentaire, champ de batailles commerciales entre les Etats-Unis et l'Union européenne
_______________________________"Je défendrai un accord respectueux de nos valeurs, de la vision européenne de la culture, de notre modèle agricole et favorisant la transition écologique et énergétique. Je veillerai à ce que la France fasse entendre ses intérêts" (Nicole Bricq, 13 février 2013)
__ "Nous allons lancer des discussions sur un accord transatlantique global sur le commerce et l'investissement avec l'Union européenne parce qu'un commerce libre et équitable de part et d'autre de l'Atlantique soutiendra des millions d'emplois américains bien payés" (Obama: Discours sur l'état de l'Union)
_____ Les tractations continuent, les criques aussi...
Plus on se rapproche de l'échéance officielle (en fait, des avancées ont déjà eu lieu, les orientations sont déjà bien explicitées, les bases de travail sont déjà connues et le processus s'accélère), plus le débat se fait vif.Angela Merkel est enthousiaste: "I find the idea fascinating"
Pierre Hilard y voit un projet de décomposition des nations européennes, obstacles aux intérêts des firmes multinationales cherchant à élargir leur influence.
Mélenchon y détecte le risque d'une fatale homogénéisation des normes de toutes sortes et surtout des normes sociales.(1)
__Outre une possibilité de manoeuvre totale des multinationales,
les dispositions de ce libre-échange ne comportent pas que des aspects économiques, mais touchent aussi nécessairement des aspects culturels essentiels, en introduisant une concurrence inéquitable.
Même si la ministre Filippetti voit dans l'exception cuturelle "une ligne rouge" à ne pas franchir, on peut douter que cette nouvelle ligne Maginot puisse tenir longtemps...
Bertrand Tavernier pense que " La culture deviendrait ainsi une marchandise".
Mais il n'y a pas que l'exception culturelle...
___Bref, les dangers du traité sont réels, comme le souligne même un européiste convaincu comme Quatremer, en parlant de l'UE à la rame :
" La grande majorité des États européens, contrairement à une
idée reçue, ont toujours été demandeurs d’un accord de libre-échange transatlantique,
à la différence des États-Unis, beaucoup plus protectionnistes. Mais depuis les
années 90, les droits de douane ont considérablement diminué des deux côtés de
l’Atlantique (4 % en moyenne, avec des pics dans le textile ou certains
produits agricoles) et l’unilatéralisme américain en matière de rétorsions
commerciales (ils décidaient seuls des bonnes pratiques commerciales) n’est
plus qu’un souvenir avec la mise en place de l’Organisation mondiale du
commerce (OMC). La crise économique aidant, les réticences américaines se sont
envolées. « Rien qu’en éliminant les tarifs, les exportations américaines
vers l’UE pourraient s’accroître de 17% », calcule le sénateur démocrate
Max Baucus, président de la commission des finances (qui supervise le
commerce). Côté européen, on est tout aussi optimiste : la Commission estime
qu’une libéralisation totale des échanges permettra de dégager un surplus de
croissance pour l’Union de 0,5% du PIB.
Vu la faiblesse des droits de douane, le cœur de la
négociation portera en réalité sur l’harmonisation des réglementations. Ce sont
leurs différences qui s’opposent, à l’heure actuelle, à une libre circulation
totale (ce qu’on appelle obstacles non quantitatifs). L’idée américaine va bien
au-delà d’une harmonisation transatlantique : il s’agit d’élaborer des
normes à vocation mondiale qui s’imposeront aux nouveaux acteurs économiques,
la Chine au premier chef. Comme le dit Bruce Stokes, du German Marshall Fund,
il s’agit de « s’assurer que le capitalisme version occidentale reste la
norme mondiale et pas le capitalisme d’État chinois ».
Ainsi, parallèlement à l’accord de libre-échange avec
l’Union, les États-Unis négocient avec leurs partenaires du Pacifique
(Trans-Pacific Partnership). Mais, bien entendu, dans l’idée américaine, il
s’agit d’adopter leurs normes, pas celle des Européens jugées trop
contraignantes. « L’Europe est un créateur de normes très puissant,
beaucoup plus que les Américains », souligne-t-on à l’Élysée. « Si on
fait un compromis, et il y a un compromis, c’est celui qui a les normes les
plus ambitieuses qui sera perdant », ajoute un haut fonctionnaire
communautaire.
- Quels sont les pays européens qui sont opposés à cet accord ?
Officiellement, aucun. Chacun a trop peur d’être désigné
comme un « ennemi » des États-Unis avec les risques de rétorsions commerciales
que cela comporte. En clair, en proposant directement un accord de libre-échange
aux États-Unis, sans consulter préalablement les États, la Commission savait qu’ensuite
plus personne ne pourrait s’y opposer. La France, le pays qui a
traditionnellement le plus de réserves, s’est donc retrouvée pris au piège :
« nous ne sommes pas en position de bloquer quoi que ce soit »,
reconnaît-on au sein du gouvernement français : « la négociation est
déjà lancée puisqu’Obama a donné son feu vert dans son discours de février sur
l’État de l’Union ». « De plus, nous avons consulté nos entreprises
et elles sont très demandeuses », ajoute-t-on à Paris.
Néanmoins, la France a des « lignes
rouges » : elle refuse que l’exception culturelle soit dans le mandat
de négociation qui va encadrer la Commission, tout comme les marchés publics
dans le domaine de la défense ou encore les normes sanitaires et
environnementales les plus importantes. D’autres pays, comme l’Italie,
s’inquiètent aussi du sort des appellations d’origine géographique (style un
« parmesan » américain).
Pour la Commission, « si on commence à exclure tel ou
tel domaine, les Américains vont faire de même. Si on la joue défensive, on
n’en sortira pas. On ne peut pas nous demander de conduire une formule 1 en
nous coupant un bras » ! La Commission réclame un minimum de
« confiance » des États membres : « on ne bradera pas
l’exception culturelle ou nos normes ». Mais voilà, la France, et elle
n’est pas la seule, a quelques doutes : « la Commission est d’une
rare naïveté si elle croit que les Américains sont prêts à tout
négocier », dit-on à l’Élysée. Même si l’administration Obama fait des
concessions, le Congrès, qui doit donner son accord quasiment à chaque étape,
veillera au respect de ses propres « lignes rouges ». « Ainsi,
jamais ils n’accepteront d’ouvrir les services financiers ou le transport
maritime et, surtout, ils ne pourront pas s’engager pour leurs États fédérés,
seuls compétents pour les marchés publics ou les services, ou pour leurs
agences indépendantes », souligne-t-on à l’Élysée. « Alors que nous,
si on ouvre, ça s’appliquera effectivement dans l’ensemble des États membres,
la Commission y veillera… » La bataille du mandat s’annonce chaude, mais
brève : la Commission compte bien le faire adopter par les États membres
(à l’unanimité ou à la majorité qualifiée, juridiquement ça n’est pas clair)
d’ici le mois de juillet.
- Que veulent les Américains ?
Les Etats-Unis espèrent bien se « payer les
Européens ». A Washington, on estime que l’Union, affaiblie par sa crise
de l’euro et ses crises d’austérité, aurait grand besoin de cet accord pour se
relancer et serait donc prête au compromis. Barack Obama lui-même a repris
l’argument : « Je pense (que les Européens) ont plus faim d’un accord
qu’ils ne l’ont été par le passé » a-t-il plaidé le 12 mars. « Ce qui
a changé, je pense, est la reconnaissance à travers toute l’Europe qu’ils ont
du mal à trouver une recette de croissance pour le moment ». Le président
américain s’attend aussi à une « pression de plus de pays de l’autre côté
de l’Atlantique » pour parvenir à un accord. L’idée, à Washington, est que
les Américains vont négocier avec les libres échangistes convaincus de la
Commission, soutenus par les Allemands ou les Britanniques, et qu’ensuite ils
feront pression sur leurs amis français pour qu’ils acceptent le compromis. Karel
De Gucht, le commissaire au commerce, clame d’ores et déjà que « la France
est isolée ».
Les Américains sont, en tout cas, décidés à obtenir le
maximum y compris dans le domaine des normes sanitaires et phytosanitaires. Ils
veulent ainsi ouvrir tout grand le marché intérieur européen à leurs produits
actuellement interdits de séjour, des OGM au bœuf aux hormones en passant par
la viande à la ractopamine ou le poulet à la chlorine. Pour le sénateur
démocrate Max Baucus «les produits des ranchers et fermiers américains sont les
meilleurs au monde ». Demetrios Marantis, le responsable américain du
commerce, réclame donc des « standards internationaux
scientifiques », par opposition à ceux de l’Union jugés « non
scientifiques » par le Congrès, et s’engage à « permettre plus
d’exportations des produits cultivés et élevés en Amérique ».
Si la Commission jure ses grands Dieux qu’elle ne cèdera
rien, elle est en réalité prête à céder beaucoup. Un responsable de l’exécutif
européen s’interroge ainsi devant Libération : « on peut se demander
si le délai d’usage de 3 ans avant d’autoriser l’importation d’un OGM, ça n’est
pas trop long »... De même, la Commission vient d’autoriser la pratique
américaine consistant à nettoyer les carcasses de porc à l’acide lactique, avant
même le début des négociations : « comme ça, on se met en position de
rouvrir le marché américain à notre viande bovine toujours interdite pour
cause de vache folle », poursuit cette même source. La Commission sait
parfaitement qu’il sera très difficile à un État de s’opposer à ces reculs
puisque l’accord final sera global. Qui osera alors le faire capoter pour
sauver quelques normes sanitaires ou environnementales ?
- Barroso joue-t-il une carte personnelle ?
Que veut donc Barroso ? À Lisbonne, on estime qu’il
vise soit le secrétariat général de l’ONU, soit celui de l’OTAN. Il a ainsi mis
en place un dispositif diplomatique aux États-Unis pour assurer sa
promotion : son chef de cabinet, José Vale de Almeida, a été nommé ambassadeur
de l’UE à Washington et le gouvernement portugais, de sa couleur politique, a
envoyé deux de ses très proches aux États-Unis, Nuno Brito, ambassadeur du
Portugal à Washington, et Alvaro Mendonça e Moura à l’ONU.
Cela étant, le succès est loin d’être assuré. Si les États
n’ont pas le courage de s’opposer à un accord qui bradera une partie de
l’acquis européen, les opinions publiques pourraient le faire à leur place,
comme l’a montré le rejet par le Parlement européen, le 4 juillet 2012, de
l’Accord commercial anti-contrefaçon (ACTA) parce qu’il ne respectait pas les
droits fondamentaux. « La Commission a tort de sous-estimer le rejet que
pourrait susciter un accord qui ferait la part belle aux intérêts
américains », prévient-on à Paris. « En voulant passer en force, elle
prend le risque de gâcher ce qui pourrait être une bonne idée à condition de ne
pas ignorer la société civile et le Parlement européen ». À Washington, on
reconnaît que le chemin pourrait être long. Obama l’optimiste l’a rappelé:
« Ce sera un gros boulot ».
___________________________Des eurodéputés socialistes, parfois très divisés, affichent aussi leur désaccord"... Certains socialistes se montrent plus sceptiques quant aux supposées vertus de ce futur accord de libre-échange. La focalisation du débat sur l'audiovisuel ne doit pas occulter, à leurs yeux, l'immensité des secteurs, de l'agriculture au secteur financier, qui risquent d'être impactés. « C'est une très mauvaise idée d'entamer ces négociations, à l'heure où l'euro-scepticisme gagne du terrain, estime Liêm Hoang-Ngoc, un autre élu socialiste français à Strasbourg. La France doit s'opposer à cet accord, qui s'annonce très aventureux. Ses conséquences risquent d'être bien plus favorables aux Américains. » « L'exclusion du secteur audiovisuel ne suffit pas, poursuit-il. Prenons un autre exemple, les services financiers. On a déjà du mal à avoir une réglementation digne de ce nom pour les banques en Europe, et maintenant, on risque de s'aligner sur les standards américains, qui n'appliquent même pas les règles de “Bâle 3.."
___La servitude volontaire est-elle le destin de l'Europe?
_____________________________________________________________
-Refusons d’engager les négociations pour un projet d’accord transatlantique
- Accord transatlantique : « Le pouvoir sera alors à Washington pour la grande politique et à Berlin pour l’économie »
- Le partenariat de tous les dangers
- L'agroalimentaire, champ de batailles commerciales entre les Etats-Unis et l'Union européenne
samedi 25 mai 2013
L'anglais pour tous?
Un problème mal posé
____________________Les députés ont voté, dans la plus grande confusion, jusqu'à en perdre leur latin.
Il y a sans doute de bonnes raisons, par commodité, à maintenir l'anglais comme langue de publication à un niveau de recherche élevé dans les sciences dures, étant donné la nécessité de fait de lire et de transmettre des données à une échelle internationale.
Comme dit un chercheur,"...L’anglais est, de fait, la lingua franca des sciences et techniques, comme l’a été le latin par le passé. C’est parce que nos collègues coréens, japonais, italiens, allemands, espagnols, hongrois, etc. écrivent leurs articles scientifiques en anglais que nous, scientifiques français, pouvons les lire : un chercheur dont le métier serait, par exemple, les mathématiques, ne pourrait se permettre d’apprendre toutes ces langues. Cet anglais est, certes, limité - ce n’est ni la langue de Shakespeare ni celle de Nabokov ; mais, si ces articles, ces monographies et ces thèses étaient écrits en français, ils ne seraient ni dans la langue de Montaigne ni dans celle de Proust.
Le langage scientifique se veut précis et univoque, son vocabulaire est codifié : il s’agit de transmettre des faits, des concepts, des idées, des démonstrations, sans se préoccuper de style. Il porte sur des phénomènes indépendants des cultures..."
___Certes, mais hors ce domaine très spécialisé, c'est une aberration de vouloir enseigner en anglais systématiquement, hors des cours spécifiques à cette langue naturellement.
Ce sont des universitaires étrangers eux-mêmes qui nous incitent à ne pas renoncer à notre capital linguistique, surtout parce que: "Les langues ne sont pas interchangeables, on ne dit pas la même chose dans une langue et dans une autre. Vous avez la chance de disposer en français d’un formidable capital d’intelligence lié à une tradition plusieurs fois séculaire : ne le dilapidez pas en renonçant à la langue qui le constitue. Il est absurde de considérer le français comme un obstacle à l’attractivité de votre pays : dans la concurrence mondiale, il représente votre avantage comparatif, votre valeur différentielle..."
****___________________Ce n’est pas l’anglais qui nous menace, belle langue au demeurant, c’est l’anglomanie généralisée, le globish imposé, dont se moquent nos amis anglophones.
Même les Québecois déplorent un de nos travers qui s’aggrave et s’élargit : la fatigue linguistique de la France.
Allons-nous un jour devenir étranger à notre propre langue ?
"Quand la France s’anglicise avec enthousiasme et désinvolture, bien au-delà de ce qu’exigent ses intérêts, quand elle donne l’exemple du zèle dans la soumission au nouvel empire, elle trahit ceux et celles qui depuis Léopold Senghor ont cru à une universalité de la culture française qui survivrait au déclin du pouvoir politique de la France. Le prestige de la culture grecque n’avait-il pas survécu à l’affaiblissement de la Grèce ? «
____________Un article du New-York Times soulignait "ce phénomène d’anglomanie qui semble se généraliser dans toute la France et dont les illustrations ne laissent pas d’étonner. La langue de tous les jours en est affectée ; dans les commerces, les médias, les publicités, en politique, on emprunte directement à l’anglais pour faire moderne, tendance, à la page, pour se distinguer de la « plèbe » restée franchouillarde, pour marquer son appartenance à un monde unifié, globalisé, interconnecté, électrostatique, sans frontières. Les emprunts à l’anglais sont de plus en plus délibérés, choisis à la manière d’une signature, d’un logo, d’une image de marketique qu’on lance à la volée pour épater le Gaulois ; plus l’emprunt est fracassant, grossier, tonitruant, meilleure est la réclame. Ainsi à la télévision française organise-t-on des « Talk », comme si la langue française était sans ressource pour nommer une émission de variété. Même le monde de la littérature se place sous le patronage de l’anglo-américain. Ainsi, s’inspirant du Courrier International, pourtant fondé comme une entreprise d’ouverture à la diversité linguistique, un magazine de recensions de livres a pris le nom de Books , façon désinvolte d’annexer une publication française au modèle anglo-saxon de revue littéraire (comme le New York Review of Books). Sur la scène parisienne, se faire jouer les trésors de la littérature française en anglais semble être du plus grand chic : ainsi le renommé théâtre du Châtelet a-t-il mis à l’affiche du 28 mai au 4 juillet 2010 une production anglaise de la comédie musicale Les Misérables d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg originalement conçue en français d’après le célèbre roman de Victor Hugo. (Quand verra-t-on sur les scènes londoniennes une comédie musicale Hamlet ou King Lear en français ?)
Dans les grandes entreprises françaises, l’anglais a supplanté le français dans les rouages névralgiques ; mêmes les entreprises à vocation strictement nationale voient arriver à leur tête des armées de jeunes managers formés à l’anglo-saxonne, pressés d’appliquer les recettes apprises en anglais à la lecture de manuels américains. Les universitaires français se convertissent aussi frénétiquement à l’anglais. Le prestige des publications dans les grandes revues et maisons d’éditions françaises a faibli ; les embauches dans les universités, les promotions, les honneurs se jouent de plus en plus sur la capacité à publier en anglais dans les forums mondialement cotés, à s’insérer dans les réseaux de recherche « européens » où tout se décline en anglais. Les grandes écoles et les universités françaises, au nom d’une autonomie fraîchement accrue, multiplient les programmes et les formations bilingues ou donnés strictement en anglais, dans l’espoir de toucher une part du marché lucratif des étudiants étrangers qui rêvent de vivre « a french experience » sans dépaysement linguistique. Il n’est pas rare que des professeurs français se vantent de donner leur cours en anglais, sans protestation des bacheliers français, au grand dam des étudiants…. étrangers que la France séduit encore par la langue et la culturex. Même le vocabulaire de la politique française se ressent de cette anglomanie. Le secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a proposé en avril 2010 de renouveler les politiques sociales françaises en s’inspirant du « care » britannique v. La diplomatie française s’est mise aussi à l’english, en publiant, sous l’impulsion de Bernard Kouchner, ses cahiers (Mondes) en version bilingue. On applaudit même en France à « l’impérialisme cool de l’anglais », ainsi que l’a fait le thuriféraire de la culture américaine Frédéric Martel, dans un texte publié dans Le Point du 28 juillet 2010, « Français, pour exister, parlez English », où il clame sans ambages sa conviction que le français est incapable d’être autre chose qu’une langue de Gaulois rétifs à la modernité, sans dimension internationale ni même européenne.
Si le français fut l’une des langues fondatrices de la construction européenne, il se recroqueville aujourd’hui dans l’arrière-cour de l’Union européenne, détrôné par un « euroglish » triomphant. ..."
__Même Alain Touraine se croit obligé d’utiliser l’anglais pour faire une communication à Montréal , dans le cadre d’une réunion sur la francophonie !
Nos politiques pourraient montrer l'exemple, ainsi que Bruxelles, qui en rajoute....
Stop à l'anglomania!
****________________________La fuite en avant vers le tout-anglais correspond à des rapports de forces politiques clairement explicités:
A l'heure ou le libre-échange euro-américain va se mettre en place, il faut se remettre en mémoire quelques affirmations non dépourvues d'ambiguïtés:
-"L'Anglais est la langue du vainqueur", disait le général Jean Béca
-« L’anglais est l’avenir de la francophonie », osait B.Kouchner
-Dans son rapport de 1987/88, le directeur du British Council écrit « Le véritable or noir de la Grande-Bretagne n’est pas le pétrole de la Mer du Nord mais la langue anglaise . Le défi que nous affrontons est de l’exploiter à fond. »
-« Il y va de l’intérêt économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le Monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais et que, s’il s’oriente vers des normes communes en matière de communication, de sécurité et de qualité, ces normes soient américaines et que, si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si s’élaborent des valeurs communes, ce soient des valeurs dans lesquelles les américains se reconnaissent...Les Américains ne doivent pas nier le fait que, de toutes les nations dans l’histoire du monde, c’est la leur qui est la plus juste, la plus tolérante, la plus désireuse de se remettre en question et de s’améliorer en permanence, et le meilleur modèle pour l’avenir ...affirmait David Rothkopf dans Praise of Cultural Imperialism, 1997)
_________
- Universités en anglais : les déboires européens
- Avenir de la Langue Française
- Les mythes du tout-anglais
- L’enseignement supérieur en anglais véhiculaire : la qualité en question
- Le déshonneur linguistique
_ Ma langue
____________________________________________________________
____________________Les députés ont voté, dans la plus grande confusion, jusqu'à en perdre leur latin.
Il y a sans doute de bonnes raisons, par commodité, à maintenir l'anglais comme langue de publication à un niveau de recherche élevé dans les sciences dures, étant donné la nécessité de fait de lire et de transmettre des données à une échelle internationale.
Comme dit un chercheur,"...L’anglais est, de fait, la lingua franca des sciences et techniques, comme l’a été le latin par le passé. C’est parce que nos collègues coréens, japonais, italiens, allemands, espagnols, hongrois, etc. écrivent leurs articles scientifiques en anglais que nous, scientifiques français, pouvons les lire : un chercheur dont le métier serait, par exemple, les mathématiques, ne pourrait se permettre d’apprendre toutes ces langues. Cet anglais est, certes, limité - ce n’est ni la langue de Shakespeare ni celle de Nabokov ; mais, si ces articles, ces monographies et ces thèses étaient écrits en français, ils ne seraient ni dans la langue de Montaigne ni dans celle de Proust.
Le langage scientifique se veut précis et univoque, son vocabulaire est codifié : il s’agit de transmettre des faits, des concepts, des idées, des démonstrations, sans se préoccuper de style. Il porte sur des phénomènes indépendants des cultures..."
___Certes, mais hors ce domaine très spécialisé, c'est une aberration de vouloir enseigner en anglais systématiquement, hors des cours spécifiques à cette langue naturellement.
Ce sont des universitaires étrangers eux-mêmes qui nous incitent à ne pas renoncer à notre capital linguistique, surtout parce que: "Les langues ne sont pas interchangeables, on ne dit pas la même chose dans une langue et dans une autre. Vous avez la chance de disposer en français d’un formidable capital d’intelligence lié à une tradition plusieurs fois séculaire : ne le dilapidez pas en renonçant à la langue qui le constitue. Il est absurde de considérer le français comme un obstacle à l’attractivité de votre pays : dans la concurrence mondiale, il représente votre avantage comparatif, votre valeur différentielle..."
****___________________Ce n’est pas l’anglais qui nous menace, belle langue au demeurant, c’est l’anglomanie généralisée, le globish imposé, dont se moquent nos amis anglophones.
Même les Québecois déplorent un de nos travers qui s’aggrave et s’élargit : la fatigue linguistique de la France.
Allons-nous un jour devenir étranger à notre propre langue ?
"Quand la France s’anglicise avec enthousiasme et désinvolture, bien au-delà de ce qu’exigent ses intérêts, quand elle donne l’exemple du zèle dans la soumission au nouvel empire, elle trahit ceux et celles qui depuis Léopold Senghor ont cru à une universalité de la culture française qui survivrait au déclin du pouvoir politique de la France. Le prestige de la culture grecque n’avait-il pas survécu à l’affaiblissement de la Grèce ? «
____________Un article du New-York Times soulignait "ce phénomène d’anglomanie qui semble se généraliser dans toute la France et dont les illustrations ne laissent pas d’étonner. La langue de tous les jours en est affectée ; dans les commerces, les médias, les publicités, en politique, on emprunte directement à l’anglais pour faire moderne, tendance, à la page, pour se distinguer de la « plèbe » restée franchouillarde, pour marquer son appartenance à un monde unifié, globalisé, interconnecté, électrostatique, sans frontières. Les emprunts à l’anglais sont de plus en plus délibérés, choisis à la manière d’une signature, d’un logo, d’une image de marketique qu’on lance à la volée pour épater le Gaulois ; plus l’emprunt est fracassant, grossier, tonitruant, meilleure est la réclame. Ainsi à la télévision française organise-t-on des « Talk », comme si la langue française était sans ressource pour nommer une émission de variété. Même le monde de la littérature se place sous le patronage de l’anglo-américain. Ainsi, s’inspirant du Courrier International, pourtant fondé comme une entreprise d’ouverture à la diversité linguistique, un magazine de recensions de livres a pris le nom de Books , façon désinvolte d’annexer une publication française au modèle anglo-saxon de revue littéraire (comme le New York Review of Books). Sur la scène parisienne, se faire jouer les trésors de la littérature française en anglais semble être du plus grand chic : ainsi le renommé théâtre du Châtelet a-t-il mis à l’affiche du 28 mai au 4 juillet 2010 une production anglaise de la comédie musicale Les Misérables d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg originalement conçue en français d’après le célèbre roman de Victor Hugo. (Quand verra-t-on sur les scènes londoniennes une comédie musicale Hamlet ou King Lear en français ?)
Dans les grandes entreprises françaises, l’anglais a supplanté le français dans les rouages névralgiques ; mêmes les entreprises à vocation strictement nationale voient arriver à leur tête des armées de jeunes managers formés à l’anglo-saxonne, pressés d’appliquer les recettes apprises en anglais à la lecture de manuels américains. Les universitaires français se convertissent aussi frénétiquement à l’anglais. Le prestige des publications dans les grandes revues et maisons d’éditions françaises a faibli ; les embauches dans les universités, les promotions, les honneurs se jouent de plus en plus sur la capacité à publier en anglais dans les forums mondialement cotés, à s’insérer dans les réseaux de recherche « européens » où tout se décline en anglais. Les grandes écoles et les universités françaises, au nom d’une autonomie fraîchement accrue, multiplient les programmes et les formations bilingues ou donnés strictement en anglais, dans l’espoir de toucher une part du marché lucratif des étudiants étrangers qui rêvent de vivre « a french experience » sans dépaysement linguistique. Il n’est pas rare que des professeurs français se vantent de donner leur cours en anglais, sans protestation des bacheliers français, au grand dam des étudiants…. étrangers que la France séduit encore par la langue et la culturex. Même le vocabulaire de la politique française se ressent de cette anglomanie. Le secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a proposé en avril 2010 de renouveler les politiques sociales françaises en s’inspirant du « care » britannique v. La diplomatie française s’est mise aussi à l’english, en publiant, sous l’impulsion de Bernard Kouchner, ses cahiers (Mondes) en version bilingue. On applaudit même en France à « l’impérialisme cool de l’anglais », ainsi que l’a fait le thuriféraire de la culture américaine Frédéric Martel, dans un texte publié dans Le Point du 28 juillet 2010, « Français, pour exister, parlez English », où il clame sans ambages sa conviction que le français est incapable d’être autre chose qu’une langue de Gaulois rétifs à la modernité, sans dimension internationale ni même européenne.
Si le français fut l’une des langues fondatrices de la construction européenne, il se recroqueville aujourd’hui dans l’arrière-cour de l’Union européenne, détrôné par un « euroglish » triomphant. ..."
__Même Alain Touraine se croit obligé d’utiliser l’anglais pour faire une communication à Montréal , dans le cadre d’une réunion sur la francophonie !
Nos politiques pourraient montrer l'exemple, ainsi que Bruxelles, qui en rajoute....
Stop à l'anglomania!
****________________________La fuite en avant vers le tout-anglais correspond à des rapports de forces politiques clairement explicités:
A l'heure ou le libre-échange euro-américain va se mettre en place, il faut se remettre en mémoire quelques affirmations non dépourvues d'ambiguïtés:
-"L'Anglais est la langue du vainqueur", disait le général Jean Béca
-« L’anglais est l’avenir de la francophonie », osait B.Kouchner
-Dans son rapport de 1987/88, le directeur du British Council écrit « Le véritable or noir de la Grande-Bretagne n’est pas le pétrole de la Mer du Nord mais la langue anglaise . Le défi que nous affrontons est de l’exploiter à fond. »
-« Il y va de l’intérêt économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le Monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais et que, s’il s’oriente vers des normes communes en matière de communication, de sécurité et de qualité, ces normes soient américaines et que, si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si s’élaborent des valeurs communes, ce soient des valeurs dans lesquelles les américains se reconnaissent...Les Américains ne doivent pas nier le fait que, de toutes les nations dans l’histoire du monde, c’est la leur qui est la plus juste, la plus tolérante, la plus désireuse de se remettre en question et de s’améliorer en permanence, et le meilleur modèle pour l’avenir ...affirmait David Rothkopf dans Praise of Cultural Imperialism, 1997)
_________
- Universités en anglais : les déboires européens
- Avenir de la Langue Française
- Les mythes du tout-anglais
- L’enseignement supérieur en anglais véhiculaire : la qualité en question
- Le déshonneur linguistique
_ Ma langue
____________________________________________________________
jeudi 23 mai 2013
Psychiatriser la vie?
Psychiatrie de nouveau en question
_______________________________Une tristesse indéterminée, une mélancolie après un deuil, une nervosité soudaine sous l'effet d'une contrariété, une morosité tenace suite à un temps qui reste obstinément excécrable...Tous les bleus de l'âme.
Petits maux de la vie, sur lesquels parfois les mots n'existent pas...Aléas psychiques de l'existence, qui ne peut jamais être un long fleuve tranquille...Petits maux d'une civilisation qui supporte de moins en moins bien les frustrations inévitables, obsédée par une image du bonheur (impossible) qui hante notre environnement médiatique et nos désirs profonds.
Faut-il en faire faire l'objet de traitements médicamenteux? Psychiatriser, en plus des désordres psychiques majeurs, les mille et un problèmes existentiels? Et pourquoi pas les problèmes sociaux?...
__DSM, nouveau guide des maladies mentales, veut s'y employer, au grand dam de certains psychiatres à qui il reste encore un peu de bon sens et d'éthique professionnelle. L'existence tend à être médicalisée..dans ses dysfonctionnements normaux. Heureusement, des réactions se manifestent.
"Aux Etats-Unis et dans de nombreux autres pays dont la France, la tension monte dans les milieux psy, à quelques jours de la présentation officielle de la nouvelle édition du DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), prévue au congrès annuel de l'Association de psychiatrie américaine (APA) qui se tient du 18 au 22 mai à San Francisco."
Le débat est vif entre spécialistes.
_____Patrick Landman crie Stop DSM, la bible de la psychiatrie, déclarant: "La lutte contre ce détestable et dangereux DSM V est un long combat, mené dans le monde entier contre l'hégémonie imbécile d'une vision scientiste et d'une conception profondément réactionnaire de l'humanité et de l'esprit humain en général, de la folie et de la psychiatrie en particulier.
La politique scélérate de Sarkozy qui visait à criminaliser la folie cf (En France, les Innocents vont en prison ), et dont il faut souligner que pour l'heure Hollande n'y a rien changé, s'accomode parfaitement de ce DSM V, manuel de pilotage automatique dicté par une industrie pharmaceutique toute-puissante à une psychiatrie qu'elle espère réduire à un statut subalterne.
Une récente et très remarquable intervention sur France Info du psychiatre et psychanalyste Patrick Landman qui est à la pointe de ce combat en France mérite d'être écoutée attentivement ( ici)..."
_____Silvagni dénonce , " la situation désastreuse des malades mentaux, qu'ils soient hospitalisés, en obligation de soins, ou encore comme c'est de plus en plus le cas après les lois scélérates votées sous Sarkozy: en prison.
Quant à la psychiatrie, qui n'a plus d'internat, dont les infirmiers ne sont plus reconnus comme les vrais professionnels qualifiés qu'ils sont, et dont le budget est misérable: elle est à l'agonie, depuis que les DSM III et IV sont devenus, erreur fatale, la référence en matière de diagnostic et de prescription.
Avec le DSM V dont on annonce la prochaine entrée en vigueur, désormais il y a le feu.
Voici le texte intégral d'une pétition. C'est un texte long, détaillé, qui ne peut se permettre de simplifier mais qui est accessible aux non-spécialistes au prix d'un effort pourtant nécessaire.
De plus, ce texte révèle une situation sinistrée et peu connue de l'opinion publique: il mérite d'être lu attentivement par toutes celles et ceux qui savent à quel point ce qui se joue dans le domaine de la santé mentale, et ce qui s'ourdit contre les plus vulnérables d'entre nous, est annonciateur des pires dérives en matière de libertés individuelles..."
____La psychiatrie va mal. Elle est soumise à des dérives, à des pressions, perméable à trop d'intérêts.. PV signale que de récents rapports parlementaires font état de son coût (selon le dernier rapport du Sénat concernant la prise en charge psychiatrique des personnes atteintes de troubles mentaux, le coût social de la négligence de cette problématique coûterait 107 milliards d’euros par an à la France (une synthèse ici, et le document de 60 pages là).
Cette nouvelle édition, qui a coûté à l'Association américaine de psychiatrie 25 millions de dollars (19 millions d'euros), laisse... beaucoup à désirer sur le plan de la qualité scientifique, accusent les détracteurs du DSM-5. L'une des principales critiques, déjà ancienne, concerne la mainmise de l'industrie pharmaceutique sur les experts participant à l'élaboration du DSM. Ces collusions ont été notamment décortiquées par l'historien américain Christopher Lane, dans son ouvrage Comment la psychiatrie et l'industrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions (Flammarion, 2009), et plus récemment par le philosophe québécois Jean-Claude St-Onge, dans Tous fous ? (Ecosociété, 236 p., 19 euros).
Allen Frances, professeur émérite à l'université de Duke (Caroline du Nord), qui avait coordonné le DSM-IV, note plutôt "les conflits d'intérêts intellectuels" des spécialistes des groupes de travail, "qui leur font voir les bénéfices possibles mais ignorer certains risques". Surtout, déplore-t-il, "le processus a été secret, fermé et incapable de s'autocorriger ou d'incorporer des réponses provenant de l'extérieur. Ainsi, les experts ont rejeté l'appel de 57 associations de santé mentale qui proposaient un examen scientifique indépendant".
Ce qui est rassurant, c’est que le DSM commence à être remis en cause aux USA.
____________Le normal et le pathologique restent des concepts flous et relatifs, qu'il faut sans cesse redéfinir, dans le cadre d'une société donnée, à une époque donnée.
Il reste à repenser une psychiatrie plus libérée des impératifs des laboratoires et d'une vision étroitement positiviste et organiciste , une véritable anthropologie politique de la santé au sens global.
________________________
- DSM : quand la psychiatrie fabrique des individus performants et dociles
- Deuil, caprices, chagrin : l'invention de nouvelles "maladies"
-Classification très controversée
________________________________________________
-Publié dans Agoravox
_______________________________Une tristesse indéterminée, une mélancolie après un deuil, une nervosité soudaine sous l'effet d'une contrariété, une morosité tenace suite à un temps qui reste obstinément excécrable...Tous les bleus de l'âme.
Petits maux de la vie, sur lesquels parfois les mots n'existent pas...Aléas psychiques de l'existence, qui ne peut jamais être un long fleuve tranquille...Petits maux d'une civilisation qui supporte de moins en moins bien les frustrations inévitables, obsédée par une image du bonheur (impossible) qui hante notre environnement médiatique et nos désirs profonds.
Faut-il en faire faire l'objet de traitements médicamenteux? Psychiatriser, en plus des désordres psychiques majeurs, les mille et un problèmes existentiels? Et pourquoi pas les problèmes sociaux?...
__DSM, nouveau guide des maladies mentales, veut s'y employer, au grand dam de certains psychiatres à qui il reste encore un peu de bon sens et d'éthique professionnelle. L'existence tend à être médicalisée..dans ses dysfonctionnements normaux. Heureusement, des réactions se manifestent.
"Aux Etats-Unis et dans de nombreux autres pays dont la France, la tension monte dans les milieux psy, à quelques jours de la présentation officielle de la nouvelle édition du DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), prévue au congrès annuel de l'Association de psychiatrie américaine (APA) qui se tient du 18 au 22 mai à San Francisco."
Le débat est vif entre spécialistes.
_____Patrick Landman crie Stop DSM, la bible de la psychiatrie, déclarant: "La lutte contre ce détestable et dangereux DSM V est un long combat, mené dans le monde entier contre l'hégémonie imbécile d'une vision scientiste et d'une conception profondément réactionnaire de l'humanité et de l'esprit humain en général, de la folie et de la psychiatrie en particulier.
La politique scélérate de Sarkozy qui visait à criminaliser la folie cf (En France, les Innocents vont en prison ), et dont il faut souligner que pour l'heure Hollande n'y a rien changé, s'accomode parfaitement de ce DSM V, manuel de pilotage automatique dicté par une industrie pharmaceutique toute-puissante à une psychiatrie qu'elle espère réduire à un statut subalterne.
Une récente et très remarquable intervention sur France Info du psychiatre et psychanalyste Patrick Landman qui est à la pointe de ce combat en France mérite d'être écoutée attentivement ( ici)..."
_____Silvagni dénonce , " la situation désastreuse des malades mentaux, qu'ils soient hospitalisés, en obligation de soins, ou encore comme c'est de plus en plus le cas après les lois scélérates votées sous Sarkozy: en prison.
Quant à la psychiatrie, qui n'a plus d'internat, dont les infirmiers ne sont plus reconnus comme les vrais professionnels qualifiés qu'ils sont, et dont le budget est misérable: elle est à l'agonie, depuis que les DSM III et IV sont devenus, erreur fatale, la référence en matière de diagnostic et de prescription.
Avec le DSM V dont on annonce la prochaine entrée en vigueur, désormais il y a le feu.
Voici le texte intégral d'une pétition. C'est un texte long, détaillé, qui ne peut se permettre de simplifier mais qui est accessible aux non-spécialistes au prix d'un effort pourtant nécessaire.
De plus, ce texte révèle une situation sinistrée et peu connue de l'opinion publique: il mérite d'être lu attentivement par toutes celles et ceux qui savent à quel point ce qui se joue dans le domaine de la santé mentale, et ce qui s'ourdit contre les plus vulnérables d'entre nous, est annonciateur des pires dérives en matière de libertés individuelles..."
____La psychiatrie va mal. Elle est soumise à des dérives, à des pressions, perméable à trop d'intérêts.. PV signale que de récents rapports parlementaires font état de son coût (selon le dernier rapport du Sénat concernant la prise en charge psychiatrique des personnes atteintes de troubles mentaux, le coût social de la négligence de cette problématique coûterait 107 milliards d’euros par an à la France (une synthèse ici, et le document de 60 pages là).
Cette nouvelle édition, qui a coûté à l'Association américaine de psychiatrie 25 millions de dollars (19 millions d'euros), laisse... beaucoup à désirer sur le plan de la qualité scientifique, accusent les détracteurs du DSM-5. L'une des principales critiques, déjà ancienne, concerne la mainmise de l'industrie pharmaceutique sur les experts participant à l'élaboration du DSM. Ces collusions ont été notamment décortiquées par l'historien américain Christopher Lane, dans son ouvrage Comment la psychiatrie et l'industrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions (Flammarion, 2009), et plus récemment par le philosophe québécois Jean-Claude St-Onge, dans Tous fous ? (Ecosociété, 236 p., 19 euros).
Allen Frances, professeur émérite à l'université de Duke (Caroline du Nord), qui avait coordonné le DSM-IV, note plutôt "les conflits d'intérêts intellectuels" des spécialistes des groupes de travail, "qui leur font voir les bénéfices possibles mais ignorer certains risques". Surtout, déplore-t-il, "le processus a été secret, fermé et incapable de s'autocorriger ou d'incorporer des réponses provenant de l'extérieur. Ainsi, les experts ont rejeté l'appel de 57 associations de santé mentale qui proposaient un examen scientifique indépendant".
Ce qui est rassurant, c’est que le DSM commence à être remis en cause aux USA.
____________Le normal et le pathologique restent des concepts flous et relatifs, qu'il faut sans cesse redéfinir, dans le cadre d'une société donnée, à une époque donnée.
Il reste à repenser une psychiatrie plus libérée des impératifs des laboratoires et d'une vision étroitement positiviste et organiciste , une véritable anthropologie politique de la santé au sens global.
________________________
- DSM : quand la psychiatrie fabrique des individus performants et dociles
- Deuil, caprices, chagrin : l'invention de nouvelles "maladies"
-Classification très controversée
________________________________________________
-Publié dans Agoravox
mercredi 22 mai 2013
Tournant de l'an II
Le Président au carrefour
______________________ "Je me situe entre l’immobilisme et l’incantation" (F.Hollande)
On attendait le cap...
Une année d'attentisme, d'hésitations...révélatrice d'une grande impréparation.
La perplexité, voire la déception, est aussi à gauche.
Faute d'être Roosevelt, notre Président serait-il en passe de faire du Schröder?..
...L'homme qui, engagé chez Gazprom, murmure à l'oreille de François.
« Le progrès, c'est aussi de faire dans les moments difficiles des choix courageux pour préserver l'emploi, pour anticiper les mutations industrielles et c'est ce qu'a fait Gerhard Schröder ici en Allemagne et qui permet à votre pays d'être en avance sur d'autres » a déclaré F.H. au congrès du SPD, dans une ode remarquée. Peut-on être plus clair?
Malgré l'irritation merkelienne et les menaces de la CDU.
Mais l'Allemagne actuelle est-elle la mieux placée pour donner des leçons?
Le "changement" n'ayant pas jusqu'ici tenu ses promesses, le "mouvement" sera-t-il en mesure de le faire?
Le PS se contentera-t-il de continuer à jouer à la droite complexée?
____François Hollande s'incline devant les dogmes de l'Europe -
La Commission européenne obéit toujours au même logiciel néolibéral. « Il n’y a pas d’inflexion. Nous sommes toujours dans les mêmes objectifs arbitraires sans lien avec la situation économique. Là où il faudrait des programmes de relance, on poursuit l’austérité par d’autres moyens », insiste Henri Sterdyniak. Des réformes, il en voit de nombreuses qui s’imposent, mais pas celles préconisées par la commission. « Limiter la domination de la finance, faire une vraie séparation bancaire entre les banques de dépôts et d’investissement, en finir avec la concurrence fiscale… Cela devrait être des réformes impératives. On oublie les origines de la crise. Elle n’a pas été causée par les allocs et les retraites, mais la faillite du modèle néolibéral financier. On utilise la crise pour faire avancer les réformes néolibérales...
« La commission reste dans le dogme néolibéral. Mais il est des biens collectifs, des situations de monopole naturel, comme typiquement l’énergie ou le ferroviaire, où le public est moins cher que le privé, pour le profit de tous, et pour une simple raison : il n’a pas le même coût du capital que le privé, il n’est pas obligé de rémunérer ses actionnaires », rappelle Christophe Ramaux. Mais là encore, cette leçon d’économie a été volontairement oubliée.
« Si la France accepte sans discuter la vision néolibérale de Bruxelles, ce n’est pas seulement par tactique ou par faiblesse. Le mal est plus profond que cela. Toute une partie des élites, notamment à Bercy, est persuadée que ces réformes structurelles sont exactement ce qu’il faut faire. On est en train de payer des années de régression intellectuelle, d'absence de débat théorique », dit Christophe Ramaux. Cette carence risque de se payer au prix fort..."
___Dans son langage abrupt, Emmanuel Todd, qui avait beaucoup espéré en l'action du nouveau Président, en fait un bilan sans complaisance...
Vers quoi ira le mouvement de l' An II?..
______________________________________________________________________
______________________ "Je me situe entre l’immobilisme et l’incantation" (F.Hollande)
On attendait le cap...
Une année d'attentisme, d'hésitations...révélatrice d'une grande impréparation.
La perplexité, voire la déception, est aussi à gauche.
Faute d'être Roosevelt, notre Président serait-il en passe de faire du Schröder?..
...L'homme qui, engagé chez Gazprom, murmure à l'oreille de François.
« Le progrès, c'est aussi de faire dans les moments difficiles des choix courageux pour préserver l'emploi, pour anticiper les mutations industrielles et c'est ce qu'a fait Gerhard Schröder ici en Allemagne et qui permet à votre pays d'être en avance sur d'autres » a déclaré F.H. au congrès du SPD, dans une ode remarquée. Peut-on être plus clair?
Malgré l'irritation merkelienne et les menaces de la CDU.
Mais l'Allemagne actuelle est-elle la mieux placée pour donner des leçons?
Le "changement" n'ayant pas jusqu'ici tenu ses promesses, le "mouvement" sera-t-il en mesure de le faire?
Le PS se contentera-t-il de continuer à jouer à la droite complexée?
____François Hollande s'incline devant les dogmes de l'Europe -
La Commission européenne obéit toujours au même logiciel néolibéral. « Il n’y a pas d’inflexion. Nous sommes toujours dans les mêmes objectifs arbitraires sans lien avec la situation économique. Là où il faudrait des programmes de relance, on poursuit l’austérité par d’autres moyens », insiste Henri Sterdyniak. Des réformes, il en voit de nombreuses qui s’imposent, mais pas celles préconisées par la commission. « Limiter la domination de la finance, faire une vraie séparation bancaire entre les banques de dépôts et d’investissement, en finir avec la concurrence fiscale… Cela devrait être des réformes impératives. On oublie les origines de la crise. Elle n’a pas été causée par les allocs et les retraites, mais la faillite du modèle néolibéral financier. On utilise la crise pour faire avancer les réformes néolibérales...
« La commission reste dans le dogme néolibéral. Mais il est des biens collectifs, des situations de monopole naturel, comme typiquement l’énergie ou le ferroviaire, où le public est moins cher que le privé, pour le profit de tous, et pour une simple raison : il n’a pas le même coût du capital que le privé, il n’est pas obligé de rémunérer ses actionnaires », rappelle Christophe Ramaux. Mais là encore, cette leçon d’économie a été volontairement oubliée.
« Si la France accepte sans discuter la vision néolibérale de Bruxelles, ce n’est pas seulement par tactique ou par faiblesse. Le mal est plus profond que cela. Toute une partie des élites, notamment à Bercy, est persuadée que ces réformes structurelles sont exactement ce qu’il faut faire. On est en train de payer des années de régression intellectuelle, d'absence de débat théorique », dit Christophe Ramaux. Cette carence risque de se payer au prix fort..."
___Dans son langage abrupt, Emmanuel Todd, qui avait beaucoup espéré en l'action du nouveau Président, en fait un bilan sans complaisance...
Vers quoi ira le mouvement de l' An II?..
______________________________________________________________________
mardi 21 mai 2013
La reine bicyclette
Le vélo: meilleur ami de l'homme...après le cheval
_________________________________Quand il se laisse aller aux confidences, il nous apprend beaucoup sur nous-mêmes, surtout si on est un familier de ce morceau de ferraille ( ou de carbone) monté sur roues, reposant toujours sur les mêmes principes de base, malgré les variantes et quelques mutations.
Sur l'histoire récente aussi.
Depuis le fin de XIX° siècle, les Français ont entretenu une relation particulière avec la petite reine.
Il s'est intégré peu à peu dans leur vie de loisirs, de travail, de luttes aussi (pendant la guerre, le vélo avait une valeur militante, combattante...), d'émancipation des femmes.
" Depuis sa naissance à Paris, le vélo a parcouru toutes les évolutions de notre pays, jusqu’à devenir aujourd'hui le porte-drapeau de l’écologie. Le vélo, la bicyclette, le biclou, c'est l'histoire d'un mythe populaire, nourri par nos souvenirs personnels et par des luttes politiques et sociales...le vélo est un symbole qui incarne des évolutions économiques, environnementales et politiques, pour nos arrières grands-parents comme pour nos enfants. Le vélo n’est pas un véhicule comme les autres : véritable prolongement de notre corps, il nous rend sensibles aux autres et à l’environnement."
Elle est devenue reine...
Une histoire bien française
Sa préhistoire remonte à 1817: du vélocipède à la bicyclette
Peugeot a très tôt imposé son hégémonie dans le PVF (Paysage vélocipédique français)
_________Il y a mille et une raisons de faire du vélo
Même si on commence sur le tard.
Il ne suffit pas d'en parler.
Tous à vélo! Mais pas tous les vélos!
Vive le vélo!
___________________________________________________
_________________________________Quand il se laisse aller aux confidences, il nous apprend beaucoup sur nous-mêmes, surtout si on est un familier de ce morceau de ferraille ( ou de carbone) monté sur roues, reposant toujours sur les mêmes principes de base, malgré les variantes et quelques mutations.
Sur l'histoire récente aussi.
Depuis le fin de XIX° siècle, les Français ont entretenu une relation particulière avec la petite reine.
Il s'est intégré peu à peu dans leur vie de loisirs, de travail, de luttes aussi (pendant la guerre, le vélo avait une valeur militante, combattante...), d'émancipation des femmes.
" Depuis sa naissance à Paris, le vélo a parcouru toutes les évolutions de notre pays, jusqu’à devenir aujourd'hui le porte-drapeau de l’écologie. Le vélo, la bicyclette, le biclou, c'est l'histoire d'un mythe populaire, nourri par nos souvenirs personnels et par des luttes politiques et sociales...le vélo est un symbole qui incarne des évolutions économiques, environnementales et politiques, pour nos arrières grands-parents comme pour nos enfants. Le vélo n’est pas un véhicule comme les autres : véritable prolongement de notre corps, il nous rend sensibles aux autres et à l’environnement."
Elle est devenue reine...
Une histoire bien française
Sa préhistoire remonte à 1817: du vélocipède à la bicyclette
Peugeot a très tôt imposé son hégémonie dans le PVF (Paysage vélocipédique français)
_________Il y a mille et une raisons de faire du vélo
Même si on commence sur le tard.
Il ne suffit pas d'en parler.
Tous à vélo! Mais pas tous les vélos!
Vive le vélo!
___________________________________________________
lundi 20 mai 2013
Drôles de drones
Guerre à distance
__________________Les drones, ces nouvelles technologies volantes, produits de l'aéronautique et de l'informatique, peuvent rendre de multiples services civils, être très utiles pour des géographes, pour surveiller un territoire en cas d'accidents majeurs, etc..."Leurs applications civiles incluent les contrôles sur le trafic, la surveillance maritime, les opérations de recherches aériennes et de sauvetage, la récolte de données pour la prévision météorologique ou en environnement difficile (en zone de risque NRBC ; nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique par exemple), le relais d'informations, la prise de photographies aériennes…" (Wiki)
Les drones civils sont promis à un rapide développements.
___Une technologie neutre en elle-même, comme toutes les innovations, mais qui peut être utilisée à des fins destructrices et changer la nature de la guerre et de la perception de la violence. Le développement des drones militaires tactiques, pré-stratégiques ou armés semble tenter beaucoup de pays, pour des raisons d'économie et de coût humain. Paris achète aussi des drones américains
ou israëliens, pour rattraper son retard._Mais pour quel usage?
Les premiers drones ont été " élaborés pendant la guerre du Viêtnam, puis délaissés à la fin des années 1970, les drones ont poursuivi leur développement en Israël, avant de faire retour vers les États-Unis. Jusqu’au début des années 2000, ils n’étaient que des engins de renseignement, surveillance et reconnaissance. La métamorphose s’est opérée entre la guerre au Kosovo et celle d’Afghanistan. Au Kosovo, le désormais fameux Predator, mis au point par la firme General Atomics, se bornait à filmer et à illuminer des cibles au laser, afin de les désigner aux frappes des avions F16." (Mediapart)
Le président Obama en a fait un moyen personnel d'intervention antiterroriste...entretenant un fol amour pour les drones, une drone-mania très contestée, jugée comme un abus de pouvoir, dans un grand flou juridique.
« Il a promis de fermer Guantanamo, de mettre fin aux interrogatoires coercitifs et aux tribunaux militaires, et de restaurer les principes américains de la justice; pourtant, au cours de son premier mandat, il a fait marche arrière sur chacune de ces promesses, fait monter en puissance la guerre secrète des attaques de drones et les opérations clandestines. En coulisses, les débats déchirants entre « faucons » et « colombes » - ceux qui tueraient par rapport à ceux qui captureraient - a été un test pour le noyau même de l'identité du président. »
__Les drones à usage militaire ont de l'avenir . Ils sont "propres", ne font pas de prisonniers, ne traumatisent pas le tueur à distance, derrière sa console...Déjà, le pilote d'un bombardier US larguant sa cargaison de mort ne voyait jamais le visage d'un Vietnamien...Ici, la guerre devient encore plus abstraite, désincarnée, sans contact physique, sans émotions, une sorte de télétravail à distance...L'ordinateur rendrait la guerre presque clean...Un pas de plus vers la robotisation de la guerre.
Allons-nous vers des types de guerres déshumanisées, si tant est que la guerre puisse être humaine?..
C'est la philosophie de la guerre qui en est modifiée, comme le signale G.Chamayou:
"... Les forces armées américaines disposent de plus de 6 000 drones qui se déploient partout dans le monde, y compris dans des pays qui ne sont pas en guerre. Mais cette « dronisation » d’une part grandissante des forces armées ne constitue pas seulement un bouleversement technologique.
Cet « objet violent non identifié » affecte en effet des notions aussi élémentaires que « celles de zone ou de lieu (catégories géographiques et ontologiques), de vertu ou de bravoure (catégories éthiques), de guerre ou de conflit (catégories à la fois stratégiques et juridico-politiques) », explique Grégoire Chamayou dans son dernier livre...La dronisation de la guerre porte en elle une mutation de la manière de tuer, et des justifications pour le faire, qui ne fait pas seulement trembler le droit international. En permettant à la guerre, d’asymétrique qu’elle pouvait être, de se faire unilatérale et en brouillant la distinction entre combattants et non-combattants, le développement des drones cèle des conséquences vertigineuses, à la fois éthiques, juridiques et anthropologiques. « Plutôt que de se demander si la fin justifie les moyens », le philosophe doit donc se demander « ce que le choix de ces moyens, par lui-même, tend à imposer. »
Outre les bavures signalées sur le terrain, notamment en Afghanistan, la relative imprécision des drones, on peut aussi souligner la complexité et les risques de leur gestion dus notamment à la masse des données numériques à gérer, la surcharge des informations qu'ils induisent.
__"...Outre les frappes de personnalités inscrites sur une kill list approuvée en personne, et oralement, par le président des États-Unis, la majorité des cas où les drones opèrent sont constitués par des « frappes de signatures » : « Signatures pris ici au sens de traces, d’indices ou de caractéristiques définitionnelles. Celles-ci sont dirigées sur des individus dont l’identité demeure inconnue, mais dont le comportement laisse supposer, signale ou signe une appartenance à une “organisation terroriste”. »
Mais, souligne Grégoire Chamayou, « on frappe alors en ce cas sans connaître précisément l’identité des individus ciblés, sur cette seule base que leurs agissements, vus du ciel, dérogent à des normes et des habitudes que les États-Unis associent à un comportement suspect ». Et ce, bien que les formes demeurent imprécises et que l’on cible plutôt des téléphones que des noms, « alors même qu’un nombre croissant de numéros de téléphone de civils non combattants se met à apparaître sur la carte du réseau des insurgés ».
___"Sur le plan juridique, le drone ne rentre ni dans le cadre du droit de la guerre, ni dans celui du law enforcement exercé par les forces de l’ordre. D’un côté, « cette arme, parce qu’elle supprime tout rapport de combat, parce qu’elle transforme la guerre, d’asymétrique qu’elle pouvait être, en rapport unilatéral de mise à mort, privant structurellement l’ennemi de toute possibilité de combattre, glisse subrepticement hors du cadre normatif initialement prévu pour des conflits armés », d’autant que « le droit international ne reconnaît pas le droit de tuer avec des armes de guerre hors d’un conflit armé effectif ».
Pour Grégoire Chamayou, cette « violence armée à sens unique persiste pourtant à se dire “guerre” alors qu’elle a mis la guerre hors de combat. Elle prétend pouvoir continuer à appliquer à des situations d’exécutions ou d’abattage des catégories antérieurement forgées pour des situations de conflits. » Pour le philosophe, « la guerre n’est plus la guerre : elle se transforme en une sorte d’opération de police hors cadre ».
Mais il devient alors nécessaire de saisir ce qui sépare, dans l’usage de la force létale, « les prérogatives d’un soldat sur un champ de bataille de celles d’un officier de police en patrouille. Alors que le premier peut impunément “tirer pour tuer” sur toute cible militaire légitime, le second ne peut faire feu qu’en dernier recours, seulement à titre de réponse proportionnée à une menace imminente ».
"La guerre devenant fantôme et téléguidée, et les citoyens ni les soldats n’y risquant plus leur vie, le peuple n’aurait, à la limite, plus son mot à dire sur les actes de guerre. Ainsi, « la dronisation des forces armées altère, comme tout procédé d’externalisation des risques, les conditions de la décision guerrière. Le seuil du recours à la violence armée s’abaissant drastiquement, celle-ci tend à se présenter comme une option par défaut pour la politique étrangère », écrit le philosophe. Les drones opèrent en effet une triple réduction des coûts (politiques, économiques et réputationnels) et le fait de pouvoir agir sans prendre de risques, ni assumer de coûts trop importants, conduit à déresponsabiliser les agents des effets de leur décision...." (Mediapart)
______Il est temps que le droit international encadre l'usage croissant des drones.
____________________
-France 5: Drones tueurs et guerres secrètes.
- Les drones ont tué au moins 400 civils au Pakistan depuis 2004
_____________________________________________________________________________
Paru dans Agoravox
__________________Les drones, ces nouvelles technologies volantes, produits de l'aéronautique et de l'informatique, peuvent rendre de multiples services civils, être très utiles pour des géographes, pour surveiller un territoire en cas d'accidents majeurs, etc..."Leurs applications civiles incluent les contrôles sur le trafic, la surveillance maritime, les opérations de recherches aériennes et de sauvetage, la récolte de données pour la prévision météorologique ou en environnement difficile (en zone de risque NRBC ; nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique par exemple), le relais d'informations, la prise de photographies aériennes…" (Wiki)
Les drones civils sont promis à un rapide développements.
___Une technologie neutre en elle-même, comme toutes les innovations, mais qui peut être utilisée à des fins destructrices et changer la nature de la guerre et de la perception de la violence. Le développement des drones militaires tactiques, pré-stratégiques ou armés semble tenter beaucoup de pays, pour des raisons d'économie et de coût humain. Paris achète aussi des drones américains
ou israëliens, pour rattraper son retard._Mais pour quel usage?
Les premiers drones ont été " élaborés pendant la guerre du Viêtnam, puis délaissés à la fin des années 1970, les drones ont poursuivi leur développement en Israël, avant de faire retour vers les États-Unis. Jusqu’au début des années 2000, ils n’étaient que des engins de renseignement, surveillance et reconnaissance. La métamorphose s’est opérée entre la guerre au Kosovo et celle d’Afghanistan. Au Kosovo, le désormais fameux Predator, mis au point par la firme General Atomics, se bornait à filmer et à illuminer des cibles au laser, afin de les désigner aux frappes des avions F16." (Mediapart)
Le président Obama en a fait un moyen personnel d'intervention antiterroriste...entretenant un fol amour pour les drones, une drone-mania très contestée, jugée comme un abus de pouvoir, dans un grand flou juridique.
« Il a promis de fermer Guantanamo, de mettre fin aux interrogatoires coercitifs et aux tribunaux militaires, et de restaurer les principes américains de la justice; pourtant, au cours de son premier mandat, il a fait marche arrière sur chacune de ces promesses, fait monter en puissance la guerre secrète des attaques de drones et les opérations clandestines. En coulisses, les débats déchirants entre « faucons » et « colombes » - ceux qui tueraient par rapport à ceux qui captureraient - a été un test pour le noyau même de l'identité du président. »
__Les drones à usage militaire ont de l'avenir . Ils sont "propres", ne font pas de prisonniers, ne traumatisent pas le tueur à distance, derrière sa console...Déjà, le pilote d'un bombardier US larguant sa cargaison de mort ne voyait jamais le visage d'un Vietnamien...Ici, la guerre devient encore plus abstraite, désincarnée, sans contact physique, sans émotions, une sorte de télétravail à distance...L'ordinateur rendrait la guerre presque clean...Un pas de plus vers la robotisation de la guerre.
Allons-nous vers des types de guerres déshumanisées, si tant est que la guerre puisse être humaine?..
C'est la philosophie de la guerre qui en est modifiée, comme le signale G.Chamayou:
"... Les forces armées américaines disposent de plus de 6 000 drones qui se déploient partout dans le monde, y compris dans des pays qui ne sont pas en guerre. Mais cette « dronisation » d’une part grandissante des forces armées ne constitue pas seulement un bouleversement technologique.
Cet « objet violent non identifié » affecte en effet des notions aussi élémentaires que « celles de zone ou de lieu (catégories géographiques et ontologiques), de vertu ou de bravoure (catégories éthiques), de guerre ou de conflit (catégories à la fois stratégiques et juridico-politiques) », explique Grégoire Chamayou dans son dernier livre...La dronisation de la guerre porte en elle une mutation de la manière de tuer, et des justifications pour le faire, qui ne fait pas seulement trembler le droit international. En permettant à la guerre, d’asymétrique qu’elle pouvait être, de se faire unilatérale et en brouillant la distinction entre combattants et non-combattants, le développement des drones cèle des conséquences vertigineuses, à la fois éthiques, juridiques et anthropologiques. « Plutôt que de se demander si la fin justifie les moyens », le philosophe doit donc se demander « ce que le choix de ces moyens, par lui-même, tend à imposer. »
Outre les bavures signalées sur le terrain, notamment en Afghanistan, la relative imprécision des drones, on peut aussi souligner la complexité et les risques de leur gestion dus notamment à la masse des données numériques à gérer, la surcharge des informations qu'ils induisent.
__"...Outre les frappes de personnalités inscrites sur une kill list approuvée en personne, et oralement, par le président des États-Unis, la majorité des cas où les drones opèrent sont constitués par des « frappes de signatures » : « Signatures pris ici au sens de traces, d’indices ou de caractéristiques définitionnelles. Celles-ci sont dirigées sur des individus dont l’identité demeure inconnue, mais dont le comportement laisse supposer, signale ou signe une appartenance à une “organisation terroriste”. »
Mais, souligne Grégoire Chamayou, « on frappe alors en ce cas sans connaître précisément l’identité des individus ciblés, sur cette seule base que leurs agissements, vus du ciel, dérogent à des normes et des habitudes que les États-Unis associent à un comportement suspect ». Et ce, bien que les formes demeurent imprécises et que l’on cible plutôt des téléphones que des noms, « alors même qu’un nombre croissant de numéros de téléphone de civils non combattants se met à apparaître sur la carte du réseau des insurgés ».
___"Sur le plan juridique, le drone ne rentre ni dans le cadre du droit de la guerre, ni dans celui du law enforcement exercé par les forces de l’ordre. D’un côté, « cette arme, parce qu’elle supprime tout rapport de combat, parce qu’elle transforme la guerre, d’asymétrique qu’elle pouvait être, en rapport unilatéral de mise à mort, privant structurellement l’ennemi de toute possibilité de combattre, glisse subrepticement hors du cadre normatif initialement prévu pour des conflits armés », d’autant que « le droit international ne reconnaît pas le droit de tuer avec des armes de guerre hors d’un conflit armé effectif ».
Pour Grégoire Chamayou, cette « violence armée à sens unique persiste pourtant à se dire “guerre” alors qu’elle a mis la guerre hors de combat. Elle prétend pouvoir continuer à appliquer à des situations d’exécutions ou d’abattage des catégories antérieurement forgées pour des situations de conflits. » Pour le philosophe, « la guerre n’est plus la guerre : elle se transforme en une sorte d’opération de police hors cadre ».
Mais il devient alors nécessaire de saisir ce qui sépare, dans l’usage de la force létale, « les prérogatives d’un soldat sur un champ de bataille de celles d’un officier de police en patrouille. Alors que le premier peut impunément “tirer pour tuer” sur toute cible militaire légitime, le second ne peut faire feu qu’en dernier recours, seulement à titre de réponse proportionnée à une menace imminente ».
"La guerre devenant fantôme et téléguidée, et les citoyens ni les soldats n’y risquant plus leur vie, le peuple n’aurait, à la limite, plus son mot à dire sur les actes de guerre. Ainsi, « la dronisation des forces armées altère, comme tout procédé d’externalisation des risques, les conditions de la décision guerrière. Le seuil du recours à la violence armée s’abaissant drastiquement, celle-ci tend à se présenter comme une option par défaut pour la politique étrangère », écrit le philosophe. Les drones opèrent en effet une triple réduction des coûts (politiques, économiques et réputationnels) et le fait de pouvoir agir sans prendre de risques, ni assumer de coûts trop importants, conduit à déresponsabiliser les agents des effets de leur décision...." (Mediapart)
______Il est temps que le droit international encadre l'usage croissant des drones.
____________________
-France 5: Drones tueurs et guerres secrètes.
- Les drones ont tué au moins 400 civils au Pakistan depuis 2004
_____________________________________________________________________________
Paru dans Agoravox