Quelques dessous de la réunification allemande.
Cela fait 25 ans...
Il est bien sûr encore trop tôt pour fournir une analyse assez exhaustive et nuancée de l'impressionnante réunification allemande, qui a pris tout le monde de court, et qu'il fallu largement inventer, voire bricoler.
Hier soir, Arte a eu l'heureuse idée de diffuser un document sur ce événement déterminant dans l'histoire récente de l'Allemagne. Mais le sujet a été trop vite traité, de manière trop anecdotique. Quelques aspects furent abordés concernant le climat affairiste, la brutalité et l'improvisation lors du démantèlement de l'ex-Allemagne de l'Est, par des capitaux privés de l'Ouest et d'autres pays.
Quand on relit les déclarations des responsables politiques français avant les faits, on est frappé par les doutes et les réticences devant une éventualité marquée par tant d'inconnues. La gestion de ce redoutable héritage d'après-guerre n'était pas sans risque.
L'accouchement fut difficile, après la chute du Mur, l'incertitude dominait.
L'inquiètude aussi dansles pays voisins européens, dans un climat de tension que nous avons oublié.
Le succès de l'opération fut mitigé, avec une série d'erreurs, chères payées, dont le poids financier ne retomba pas que sur Bonn..
La réunification fut jugée totalement asymétrique:
...la privatisation de l’économie est-allemande via un organisme spécialisé le Treuhand, dont
la gestion ne fut pas exempte de diverses dérives. Plutôt que
d’assainir dans la durée les entreprises publiques concernées, on les
dépeça : 85% d’entre elles furent acquises par des Allemands de l’Ouest
qui en prirent les commandes, y compris pour les liquider au plus vite ;
5% par des Allemands de l’Est. Des millions de kilomètres carrés de
forêts et de terres arables furent de même cédées à très bon marché.
Selon une plaisanterie répandue en ex-Allemagne de l’Est : « Les
évènements de 1989 ont été une vraie révolution. Pourquoi ? Bah, Marx
avait bien dit que la révolution mènerait à un bouleversement des
rapports de propriété »…
Treuhand aux commandes: les bilans furent contrastés, les décisions souvent opaques, les pratiques parfois douteuses.
Un bilan mitigé, en tous cas. La polémique sur les modalités de la transition, qui fut une vraie déchirure, bien qu'atténuée aujourd'hui, n'est pas éteinte et il reste beaucoup à comprendre pour les historiens sur l'événement qui reconfigura l'Europe..La crise de l'euro aurait là une de ses origines importantes selon le journaliste allemand W.Münchau..
Les écrivains furent plutôt partagés sur le sujet. On se rappelle comment le romancier Gunter Grass, lui, ne fit pas dans la dentelle.
Le dossier reste ouvert...
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