TPIY en question
Sur les origines et les péripéties cruelles de cette guerre évitable mais trouble de l'ex-Yougoslavie, qu'on peut qualifier de véritable guerre civile, où se mêlèrent des instigations et des influences extérieures, il reste encore beaucoup à écrire, beaucoup à apprendre.
Il nous manque du recul et du temps, des documents essentiels. Mais il y a souvent une part de déni sur des faits qui est déjà établis.
______En ce qui concerne le TPIY, chargé de juger les crimes de guerre, on constate une faillite de la justice internationale.
Une justice au fonctionnement bien obscur, hautement sélective, sans vraie indépendance, soumise à des pressions en tous genres, avec ses condamnations connues et ses étranges acquittements.
L’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadžić, a été reconnu coupable de « génocide » par le TPIY, pour le massacre de juillet 1995, et condamné à 40 ans de prison.
Mais Vojislav Šešelj, « voïvode des tchetniks », chef « historique » de
l’extrême droite nationaliste serbe, a été acquitté jeudi 31 mars par le
Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, au terme de 13 ans
de procédure. Il encourait 28 années de prison. Ce verdict choque les
Balkans et témoigne de la faillite du projet de justice internationale
porté par le TPIY....
... le verdict d’acquittement est un tel choc dans les Balkans qu’il
peut rebattre beaucoup de cartes. Il est en tout cas certain qu’il
ravive toutes les tensions, illustrant de manière tragique l’échec du
TPIY à contribuer à la « réconciliation régionale ».
Lors de sa création, en 1993, le TPIY avait été perçu comme l’expression de la « mauvaise conscience »
des pays occidentaux, incapables de faire cesser la guerre en
Bosnie-Herzégovine et ses massacres. Sa naissance devait marquer le
début d’une nouvelle ère du droit international. Loin des « tribunaux
des vainqueurs », formés après les conflits, il s’agissait de créer une
juridiction neutre et impartiale, capable de dire le droit alors que la
guerre se poursuivait encore. En mai 1999, le tribunal créait un autre
précédent, en inculpant le serbe Slobodan Milošević, chef d’État en
exercice…
Toute l’histoire du TPIY est marquée par de constantes pressions
politiques. Le point de basculement est peut-être intervenu quand la
procureure générale Carla Del Ponte a déclaré son intention d’ouvrir une
enquête sur les éventuels crimes de guerre commis par l’OTAN durant les
bombardements du printemps 1999. Elle assure avoir subi des « pressions politiques immédiates »
l’empêchant de le faire, tout comme elle explique avoir été empêchée de
poursuivre ses investigations sur les crimes imputés à la guérilla
albanaise de l’Armée de libération du Kosovo...
L’affaire semblait donc enterrée jusqu’à la publication du tonitruant
rapport du député suisse Dick Marty, approuvé par l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe en décembre 2010. Ce rapport a
ouvert la voie à la création d’un Tribunal spécial chargé de juger les crimes de l’ancienne UÇK.
Sous fortes pressions internationales, le Parlement du Kosovo a accepté
la création de cette juridiction d’exception, qui dépendra du système
judiciaire du Kosovo, tout en accueillant des juges étrangers, et étant
délocalisée à La Haye, pour des raisons de sécurité…
Les premiers
actes d’accusation de ce nouveau tribunal sont attendus ce printemps :
vingt ans après la création du TPIY, il a donc fallu créer une nouvelle
juridiction spéciale pour juger les dossiers dont celui-ci n’a pas pu se
saisir. Ce seul constat sonne comme un terrible aveu d’échec du TPIY.
_________ Une justice souvent difficile à comprendre, qui semble faire fausse route.
En son temps, la juge Carla del Ponte et d'autres plus discrètement avait noté un certain nombre de dysfonctionnements et de vérités masquées.
_Au Kosovo , la situation reste encore problématique.
_On a oublié comme le signale, Olivier Roy, bon connaisseur du MO, comment les Moudjahidines furent utilisés machiavéliquement par la CIA...jusqu'au Kosovo (selon le journaliste d'investigation allemand J.Elsässer).
_La détention de Florence Hartmann détenue dans des conditions révoltantes est un élément de plus à charge sur les pressions s'exerçant dans cette instance, pour notamment masquer les responsabilités internationales dans le conflit.
Il paraît sûr pour certains que les USA, qui ne voulaient pas au début de cet organisme, interviennent indirectement pour ne pas être un jour mis en cause officiellement, juridiquement, pour leurs exactions nombreuses au Chili, au Vietnam, en Irak....
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire