vendredi 30 novembre 2018

Etudiants US en résistance

Une résistance d'un genre particulier.
                                    Qui se développe de manière inquiétante: L'opposition, parfois systématique, aux savoirs enseignés, même au coeur des universités. parfois même des plus prestigieuses.
         Il ne s'agit pas de l'exercice nécessaire et et salutaire de la critique rationnelle des savoirs enseignés. Les connaissances sont toujours perfectibles et la parole de l'enseignant n'est jamais un dogme arrêté, La parole du "maître" mérite réflexion et discussion, quelle que soit la discipline, à condition que l'esprit critique soit de bonne foi et suffisamment éclairé.
     Or on voit de développer, jusque dans les universités américaines un tout autre genre de critique, systématique et irrationnelle, vis à vis de l'autorité de savoirs constitués.
    Un climat d'intolérance épistémologique se développe, comme si la parole enseignante était offensante par nature, dès lors qu'elle remet en question les idées communes, les a priori admis comme non critiquables, les préjugés considérés comme des vérités établies.
   On sait que le relativisme et certaines croyances ou tabous font obstacle très tôt à une connaissance éclairée, comme la contestation des théories de l'évolution, du moins dans certains états. Le créationnisme continue, par exemple, à s'imposer comme dogme intangible dans les écoles primaires de certains Etats.
      Mais ce que pointent maints enseignants, c'est une attitude systématique de résistance aux savoirs, qui se développe de plus en plus au coeur même de l'université.
    Tout ce qui vient déranger le "mol oreiller" du dogmatisme, comme disait Montaigne, ne trouve plus grâce aux yeux de certains. Toute idée qui dérange finit par être considérée comme violente.
    Une résistance qui s'enracine dans une enfance où l'enfant-roi ne doit pas êtres contesté, sans doute, dans une société où le sens critique s'abolit, où le relativisme règne en maître, alimentée par des médias pour qui la vérité n'est pas les souci majeur.
    ....On a affaire à une génération de jeunes Américains qui ont été trop protégés sur le plan émotionnel durant leur enfance. Leurs parents s’étant exagéré leur fragilité, les ont maternés. Ils ne supportent tout simplement pas la contradiction. En outre, on leur a trop répété qu’ils devaient se fier à leurs impressions, protéger leur susceptibilité, préserver leur authenticité. Personne ne les a prévenus que nos jugements pouvaient être biaisés par nos émotions. Au contraire, leur éducation les a habitués à considérer que leur vérité particulière devait être respectée et jamais questionnée.Par ailleurs, leur manichéisme ne fait que refléter l’ambiance politique américaine actuelle, terriblement polarisée depuis l’élection de Trump. « Leur monde est composé de bons et de méchants ». Le juste combat, c’est « nous » contre « eux ». Enfin, il faut compter avec les bureaucraties universitaires, créées, au départ, pour lutter contre le racisme, le sexisme et les discriminations. Elles ont été parfois détournées de leur fonction et justifient leur existence en montant des sortes de procès contre des enseignants, coupables de péché plus ou moins imaginaires, comme cela a été illustré par un certain nombre de romans récents....
     Attitude infantile et inquiétante, source de dérives multiples.
      On sait que beaucoup d'universités américaines, même abondamment financées, sont dans dans une situation difficile. La marchandisation du système n'arrange rien.
            La privatisation-chartérisation de l'activité enseignante va aussi bon train.
     Une récente tentative, comme en Suède ne serait pas concluante, loin de là.
  Le système du chèque  éducation a voulu être tenté chez nous par les plus libéraux.   Dans les universités, la privatisation a déjà fait des avancées tellement spectaculaires, que les droits d'inscription deviennent presque inaccessibles à la grande masse ou peuvent peser sur presque toute une vie, créant une ségrégation de fait  et une bulle problématique
  La vampirisation dans l'enseignement secondaire par les marchands, compromet l'avenir et peut être considéré comme un carnage pour l'ascenseur social.
   Au Québec, on observe des tendances qui vont dans le même sens, stérilisant le recrutement et la diversification des talents, au coeur d'une ségrégation sociale masquée.
    Aux USA, l'intrusion marchande est spectaculaire et sans frein, la finance et l'élite formant une symbiose toujours plus forte, que dénoncent certaines élites américaines, voyant un avenir très sombre pour le pays. 
    Même Harvard ne fait plus rêver...
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