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mercredi 14 novembre 2012

USA: aspects de l'enseignement

Modeste diagnostic d'un système

_"L'éducation de masse, qui se promettait de démocratiser la culture, jadis réservée aux classes privilégiées, a fini par abrutir les privilégiés eux-mêmes. La société moderne, qui a réussi à créer un niveau sans précédent d'éducation normale, a également produit de nouvelles formes d'ignorance. Il devient de plus en plus difficile aux gens de manier leur langue avec aisance et précision, de se rappeler les faits fondamentaux de l'histoire de leur pays, de faire des déductions logiques, de comprendre des textes écrits autres que rudimentaires..." (Christopher Lasch)

________Malgré sa diversité et certaines réussites, le système d'enseignement aux USA n'est pas en excellente santé (c'est un euphémisme) et connaît, comme le reste, des dérives liées au libéralisme ambiant et des restrictions sévères, conséquences du désengagement progressif des institutions fédérales ou étatiques.
Récemment, les enseignants étaient  dans l'action à Chicago, protestant contre la  privatisation programmée du service public  et plus précisément contre la dégradation des conditions d'enseignement.
 Chicago, ville symbole, qui ne sort pas du marasme comme Détroit, mais qui renoue avec l'ultraviolence, dans un contexte très dégradé, où le maire semble impuissant devant la criminalité montante, où s'appliquent de sévères plans d'austérité, comme en Californie.
"Des milliers d'écoles publiques non "performantes" ont été fermées (ou vont l'être à brève échéance) et leur personnel licencié ou en passe de l'être.
Et, évidemment, ces écoles "non performantes" sont situées dans les ghettos et autres quartiers pauvres. Les "charter schools" (appelées "écoles du choix", c'est dire le cynisme) absorbent les meilleurs élèves et les autres n'ont qu'une alternative: soit abandonner l'école, soit s'entasser dans les classes des écoles publiques restantes, qui, en conséquence, deviennent encore plus sinistrées, cela d'autant plus que le financement de ces écoles repose sur les résultats aux tests des élèves.
Et la "réforme" de l'éducation d'Obama ne fait qu'accélérer le processus déjà entamé par Bush: livrer les services marchands du secteur de l'Education aux prédateurs du secteur privé.
L'égalité des chances, l'éducation pour tous ne sont plus une priorité -même factice - pour les pouvoirs publics. C'est l'éducation de classe, la sélection par l'argent et la ségrégation sociale qui triomphent après une période un peu plus faste."

_____________Selon Mme Ravitch, qui fut vice-ministre de l'enseignement sous le gouvernement Bush et qui en critique aujourd'hui les orientations et les résultats, l’évaluation et le libre-choix, devenus la norme à l'école, sapent l’éducation. 
Elle pointe les dysfonctionnements de fond, contre ceux qui n'accordent aucune part aux déterminismes sociaux dans l'échec scolaire: ("...If every child arrived in school well-nourished, healthy and ready to learn, from a family with a stable home and a steady income, many of our educational problems would be solved. And that would be a miracle.") 
Le « Race to the Top » de type managarial a produit bien des effets pervers... Le mot d'ordre No Child Left Behind n'a pas donné les résultats escomptés
Le système demande une sérieuse révision__"Selon l'enquête d'éducation Pisa 2006 de l'OCDE, les Etats-Unis ne sont qu'au 21e rang en matière de culture scientifique chez les jeunes de 15 ans et au 25e rang pour les mathématiques."Il faut s'assurer que le futur des enfants ne soit pas dicté par une boule de loterie", conclut Michelle Rhee, superintendante des écoles publiques de Washington."
La privatisation va bon train, dans le sens d'une plus grande rentabilité de l'institution, souvent orientée par les exigences de fonds privés.
L'université américaine, qui reste encore de qualité pour les plus réputées, attirant les meilleures cerveaux de la planète, est de plus en plus vampirisée par les marchants, qui orientent les recherches.
Les meilleures ne sont pas à la portée de tous 
(40 000$ (29 000 euros) par an pour aller suivre un master à Harvard ou au MIT (Massachusetts Institute of Technology). Public, Berkeley est nettement moins cher avec 26 000 dollars en master (18 500 euros). Mais cela peut aller encore bien plus loin et il faudra compter 108 000 $ (79 000 euros) pour suivre un MBA (master of business administration) à Harvard.) 
Les étudiants vivent de plus en plus  à crédit, créant une nouvelle sélection et un risque futur de bulle majeure. Les deux tiers des étudiants diplômés sont endettés.
Même Harvard ne fait plus rêver.
   ____Les Etats-Unis, qui ont su développer un complexe militaro-industriel, s'acheminent-ils irréversiblement vers un complexe edu-industriel ?
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-Sélection à l'américaine

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