L'histoire le fait resurgir en différentes circonstances, sous des formes diverses, souvent masquées, et il tend à se (re)manifester dans des contextes nouveaux, mais toujours avec le même vieux fond qui vient de loin.
On se rappelle des études de Levi Straus, faisant de claires distinctions entre ethnocentrisme et racisme et démontant la vanité intellectuelle de la notion de race, même non formulée, qui ne repose sur aucun fondement scientifique. S'il y a des variétés bien plus importantes qu'on ne le croit dans l'humanité, pas seulement culturelles, il n'y a pas de race pure, ne serait-ce que du fait des multiples brassages génétiques qui n'ont pas manqué d'avoir eu lieu dans la très longue histoire des hommes.
Ce qui n'empêche pas la résurgence irrationnelle d'une idéologie, pas toujours formulée, mais souvent instrumentalisée. Les événements récents témoignent de résurgences parfois violentes de ce qui paraissait pourtant résolu en surface
Un vieux passé qui ne passe pas revient sur le devant de la scène, conditionnant une mémoire souvent mal orientée et des actions non sans confusions.
Sous sa forme esclavagiste institutionnalisée, le racisme d'exploitation est loin d'avoir été un phénomène seulement occidental, aussi cruel fut-il.
Il n'y a pas eu que le Code noir
L e déboulonnage, compréhensible parfois, souvent irréfléchi ou outrancier auquel nous avons assisté, qui n'est pas nouveau, est trop souvent le fait d'une mémoire courte et mal informée. Pour Léopold II, ça ne pose guère de problème, Pour Jules Ferry, il faudrait regarder de près ses positions dites coloniales, souvent plus nuancées qu'on le dit, si on lit bien.
*_____"...Il ne va pas de soi.. de déboulonner aux États-Unis la statue du général Robert E. Lee, chef de l'armée sudiste, car celui-ci était malgré tout hostile à l'esclavage et d'une facture morale très supérieure à la plupart des généraux nordistes.
On entend en France des voix s'élever contre le nom d'un général de la Révolution, Dugommier, donné à une station de métro parisienne. Autant que je sache, ce général s'est signalé par de belles actions et une grande générosité à l'égard de ses ennemis. Il n'a eu que le tort de naître en Guadeloupe, dans une famille de planteurs propriétaires d'esclaves.
L'enjeu est le même concernant les planteurs virginiens qui ont mené les États-Unis à l'indépendance, tels George Washington et Thomas Jefferson. Esprits généreux, ils n'avaient que le tort de n'avoir pas choisi le lieu et le moment de leur naissance.
Gare au syndrome de l'arroseur arrosé. Si l'on doit diaboliser une célébrité sous ce seul prétexte, il faudra renvoyer en enfer le héros absolu de tous les antiesclavagistes et des apologistes de la « race noire », le grand Toussaint Louverture en personne, qui a mené Saint-Domingue vers l'indépendance sous le nom de Haïti.
Affranchi par son maître, il put s'établir comme « libre de couleur » et posséda jusqu'à vingt esclaves. Il n'y avait rien d'exceptionnel à cela dans les Antilles françaises au XVIIIe siècle : par la naissance ou l'affranchissement, un certain nombre de métis et de noirs étaient amenés à acheter et posséder des esclaves.
Comme la bêtise humaine est infinie, Einstein dixit, il en est encore pour s'indigner que de beaux immeubles du XVIIIe siècle, à Nantes et Bordeaux, s'ornent de mascarons (figures de pierre au-dessus des fenêtres) à l'effigie d'esclaves noirs ou de rois exotiques..."
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