dimanche 31 octobre 2021

Billet du dimanche

__  Pavot talibanais

__ Ville fantôme

__ Gaspillage en ligne

__ Rire féminin: danger!      

__ Prix agricoles  en hausse

__ Hôpital: revoir la copie

__ Vraie-fausse fuite?

__ Biden: arrière, toutes!

__  Nobel de la paix en question     

__ Elkin avance ses pions.       

__ On n'arrête pas le progrès (?)

______Mieux vaut en débattre: Pourquoi et comment être « critique de science » ?, par Jacques Testart Pour une critique de science, par Jean-Marc Lévy-Leblond Aux racines de la critique des sciences, par Renaud Debailly Pourquoi il ne faut pas sauver la recherche scientifique, par le Groupe Oblomoff Allons-nous continuer la recherche scientifique ?, par Alexandre Grothendieck « Il n'y a pas de maîtrise démocratique de la science », un Grand Entretien avec Jean-Marc Lévy-Leblond « Il faut prendre le mal à la racine », un Grand Entretien avec Jacques Testart « La démocratie dans la recherche n'est pas pour demain », Trois questions à... Roland Gori La technologie est une politique, par Philippe Godard Religiosité de la technoscience, par Simon Charbonneau___________

samedi 30 octobre 2021

Zemmour et les Zarabes

Faut pas pousser! Charles...

      Et ne pas se mettre martel en tête.

              Si on en croit notre frère prêcheur, ce serait l'invasion. Plus même, la submersion 😱, comme dit sa vraie fausse-concurrente, qui fait dans la surenchère...                                                                                        Charles Martel, reviens! pour bouter les zarabes hors du royaume, loin de Poitiers de St Denis ou de Roubaix. Il y eut Charles...magne. et le fameux Charles Martel. ...dont le nom fut revendiqué par un certain groupe d'extrême droite.       ____L'histoire explique ce que l'on veut, disait P.Valéry, ou plutôt on peut l'instrumentaliser,  tordre les faits à sa convenance, jusqu'à l'invention, en fonction de certains objectifs pas toujours avouables. La manoeuvre est vieille comme le monde. Certains mythes historiques ont la vie dure et peuvent encore avoir prise sur les esprits ignorants.....


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L'ami américain?

Le "grand frère" est ingrat

                        Il n'est pas nécessaire d' avoir lu Machiavel pour s'apercevoir que les relations entre les Etats n'ont rien à voir avec celles qui caractérisent les rapports amicaux, encore moins familiaux. Hegel le répète aussi: les Etats n'ont de relations à d'autres qu'en fonction de leurs intérêts, à long ou à court terme, réels ou supposés, légitimes ou non. Ce sont des "monstres froids", même s'ils ont un vernis démocratique. C'est la base même du fameux "réalisme" en politique, qui est souvent loin du monde des sentiments humains, mais qui n'est pas nécessairement hostile, qui peut être associé à des alliances, durables ou de circonstance.                     ____ Des affaires récentes nous le rappellent, en ce qui concerne les rapports France/USA: celle de l'opération, humiliante pour nous, de Général Electric à l'égard de Framatome, opération industrielle mais politiquement inspirée, et celle du récent volte-face des Australiens qui renoncèrent in extrémis à un achat conséquent de sous-marins français, jugés finalement moins performants que ceux que proposaient les USA, soucieux d'avancer leurs pions dans le Pacifique face aux défis de la Chine. Biden essaie maladroitement de renouer un lien rompu avec Paris, mais avec quelle "maladresse"!           La récente affaire  des sous-marins australiens , les remous qu'elle engendre, même au sein des partenaires européens, vient nous rappeler que l'"amitié" entre Etats n'est qu'une façon de parler (même si on peut évoquer éventuellement de "bonnes relatons", toujours provisoires). Il ne faut pas se fier au vocabulaire diplomatique ni au langage convenu. Se rappeler que les Etats, dans le contexte international, ont d'abord des intérêts, politiques, économiques, géostratégiques, légitimes ou discutables.             .         ___Que les USA ait fait un choix qui n'est pas le nôtre, que l'Australie ait changé son fusil d'épaule, voilà qui ne devrait pas nous étonner, même si nous ne connaissons pas les dessous du dossier, malgré le courroux de Paris, qui aura peut-être un petit lot de consolation...Biden, qu'on plaçait au pinacle, pour le coup a fait du Trump. La Realpolitik s'est imposée.    On devrait se souvenir que ce n'est pas la première fois que les USA nous font de "mauvais coups" au cours de relations souvent assez mouvementées. Malgré Lafayette et le partage ancien d'idéaux communs. 


         ___  Il est utile de revenir sur le passé, comme le fait, de manière fouillée et intéressante, le livre de Branca:  L'ami américain.    Il met le doigt sur des rapports difficiles que nous ne connaissons guère ou que nous avons oubliées. Dans notre guerre au Vietnam à celle de l'Algérie, et même pendant la seconde guerre mondiale, l'oncle Sam nous a joué des coups pendables, évoqué dans les mémoires de De Gaulle ou dans certaines déclarations ultimes de Miterrand (« La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. ») Sans parler de l'affaire irakienne ou syrienne...                                   "...Pourquoi de Gaulle refusa-t-il, en 1964, de présider les commémorations du vingtième anniversaire du débarquement allié en Normandie ? Parce qu'il se souvenait que, sans sa volonté farouche de faire échec aux plans de Roosevelt, la France ruinée de 1944 n'aurait pas été traitée autrement que l'Allemagne vaincue, privée d'une fraction de son territoire et placée sous administration militaire américaine. Pis, c'est sur une partie des élites de Vichy que, durant tout le confit, la Maison-Blanche avait misé pour barrer la route à l'homme du 18-Juin.   Grâce aux archives déclassifiées, mais aussi à des témoignages inexploités, il est désormais possible de raconter pour la première fois cette " guerre de trente ans " qui, de 1940 à 1969, opposa le Connétable de la France libre à la volonté de puissance des Etats-Unis. Alors que, aux instants les plus cruciaux de la guerre froide, le soutien du Général resta toujours acquis à Washington, le Département d'Etat et la CIA ont beaucoup tenté pour l'éliminer de la scène internationale. Du financement du FLN algérien au concours prêté à l'OAS, de l'espionnage nucléaire à la corruption d'une partie de la classe politique française, en passant par l'enrôlement d'Hollywood dans la croisade antigaulliste, Eric Branca raconte avec verve l'histoire secrète et inédite d'un conflit rendu d'une brûlante actualité par l'élection de Donald Trump...."                                                                                                                               Bref, les relations franco-américaines n'ont jamais été un long fleuve tranquille, même au sein de l'Otan, qu'il a fallu quitter un temps et dont on devrait abandonner le projet définitivement du fait de son caractère désuet et des aventures où cette organisation d'une autre époque peut encore nous entraîner contre notre gré et nos intérêts...Florence Parly manque de recul historique.______

vendredi 29 octobre 2021

Eoliennes de la discorde

 Aujourd'hui en question.

        ______"C'est moche" a dit Jupiter, le maître d'Eole et de Chronos. Un argument qui manque de souffle....comme pour un de ses "conseillers".

              Les zéoliennes en question, en période pré-électorale. Qui fera le point sans courtes vues, passions ni intérêts?...

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Ecrans toxiques

Surtout pour les jeunes enfants, les premières victimes.

                                Cela finit par se savoir et par faire consensus: trop d'écrans nuisent à leur santé, pas seulement psychique, non seulement à cause de leur aspect chronophage et de la captation d'attention qu'ils engendrent, mais aussi par leurs contenus, souvent d'une violence banalisée. Le danger n'est pas toujours mesuré de l'usage non maitrisé des écrans de toutes sortes de certains outils numériques.
         Trop d' écrans font écran.    On ne le répétera jamais assez. Leur usage immodéré fait trop souvent obstacle à la réalité, à la perception correcte du monde, forme un filtre par rapport au monde que nous vivons, un frein à la réflexion sur celui-ci, sur nous-mêmes et nos potentialités.  Le virtuel tend à prendre le pas sur le réel.  Utilisés à haute dose, les écrans nuisent à notre capacité d'attention, à notre rapport à la vie réelle et à notre santé aussi, quand ils deviennent chronophages, quand ils se font toxiques. A conseiller avec modération. Pour les enfants surtout.       Les leaders de la Silicon Valley  le savent bien, qui éloignent les leurs le plus possible de ce qui ne remplace pas la présence humaine, la pédagogie vivante, les relations concrètes. Il y a lieu dans bien des cas de s'inquiéter de l'omniprésence des écrans de toutes sortes, de leur envahissement non contrôlé, de la fascination qu'ils procurent très tôt, de la dépendance qu'ils entrainent, de la passivité qu'ils créent, surtout quand la pratique n'est pas encadrée. Et l'on s'étonne que la concentration des enfants pose problème, que son enfermement passif devienne problématique quand la boulimie s'installe...Si rien n'est fait, on prépare (déjà) une génération de zombies, de caractériels et de diabétiques par manque de mouvement.                                                 "....Télé allumée en permanence, dessins animés pour mieux faire avaler les repas, jeux sur appli pour calmer les cris, parents rivés sur leurs téléphones, il en faut peu pour rendre son enfant accro aux écrans. Les Centres médicaux psychologiques sont assaillis de très jeunes enfants, surexposés aux écrans dès le berceau, qui présentent des symptômes en tout point semblables à ceux des enfants autistes, ou avec des troubles massifs de l'attention. Retards important de langage, grande agitation, absence de coopération, manque de concentration, comportements violents et addictifs, isolement, à travers la présentation de nombreux cas de patients, Sabine Duflo, psychologue clinicienne, pousse un cri d'alerte : les écrans sont des retardateurs puissants du développement des compétences cognitives et relationnelles Mais en supprimant ou en régulant fortement leur usage, il est possible de modifier très rapidement et profondément les symptômes de troubles d'allure autistique ou de TDAH. Elle propose ainsi des solutions simples, applicables et déjà testées avec les familles, notamment la méthode des 4 temps sans écrans (smartphone/tablette/TV/Jeux vidéos/ordinateur) : Pas d'écran le matin, Pas pendant les repas, Pas avant de se coucher, Pas dans la chambre de l'enfant..."                                            _____La surabondance des écrans dans la vie quotidienne, dans tous leurs usages et leurs diversités, l'invasion du numérique dans les aspects les plus divers de la vie sociale et intime posent problème à plus d'un titre. L'utilité de la plupart de ces nouvelles technologies n'est pas à discuter dans nombre des secteurs, même si les modalités de leur introduction dans la vie quotidienne peuvent avoir des conséquences d'une grande violence, notamment sur les conditions du travail.  La présence des écrans au coeur de la vie de famille et de la vie personnelle, dans son aspect utilitaire mais surtout ludique, pose plus d'un problème. Du smartphone aux jeux vidéo, il y a un mésusage de plus en plus signalé, qui met en péril les relations familiales et sociales et, par ses aspects chronophages, compromet la disponibilité à d'autres tâches, affecte les dispositions affectives et sociales, les capacités d'ouverture aux autres et d'attention.  Les effets toxiques de la surconsommation du numérique commencent à être mieux connus, même s'il y a toujours débat entre spécialistes. Une addiction qui peut prendre des dimensions inquiétantes, psychologiquement et même physiquementJusqu'à la nomophobie

       Plus d'un spécialiste de l'enfance et du développement du cerveau se rejoignent: la consultation immodérée des écrans dès la prime enfance et à proscrire, étant donnés les effets néfastes constatés au niveau psychologique et même physiologique: le développement du cerveau, très malléable dans les premières années, est compromis à plus d'un titre.         Les enfants ne devraient pas être abandonnés très tôt  au monde numérique pour des usages ludiques ou même pédagogiques, surtout hors de toute surveillance humaine.       Ce qu'on compris les concepteurs et les vendeurs de ces objets digitaux de la SiliconValley, qui proscrivent les tablettes pour l'éducation de leurs propres enfants.  Les facultés cognitives seraient compromises par un usage abusif des outils numériques. Les recherches se poursuivent sur ce sujet. Mais on sait déjà que le développement affectif et social est atteint à des degrés divers. L'addiction caractérisée aux portables se remarque aussi chez l'adulte, mais l'emprise est bien plus marquée dans les premières années, compromettant les possibilité d' apprentissages multiples et divers et sclérosant l'attention et la vie affective.

Dans son étude fouillée au titre provocateur, La fabrique du crétin digital, Michel Desmurget remarque que dès deux ans, les enfants des pays occidentaux cumulent chaque jour presque trois heures d'écran.. Ce docteur en neurosciences parle de "décérébration" au sujet de cette consommation croissante avec l'âge, dans toutes sortes d'activités, même parascolaires.    Contrairement à certaines idées reçues, cette profusion d’écrans est loin d’améliorer les aptitudes de nos enfants. Bien au contraire, elle a de lourdes conséquences : sur la santé (obésité, développement cardio-vasculaire, espérance de vie réduite…), sur le comportement (agressivité, dépression, conduites à risques…) et sur les capacités intellectuelles (langage, concentration, mémorisation…). Autant d’atteintes qui affectent fortement la réussite scolaire et humaine des jeunes. Une étude encore en débat, mais qui ouvre des voies prometteuses....

          « Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, une telle expérience de décérébration n’avait été conduite à aussi grande échelle », estime Michel Desmurget. Ce livre, première synthèse des études scientifiques internationales sur les effets réels des écrans, est celui d'un homme en colère. La conclusion est sans appel : attention écrans, poisons lents.."
      Un constat sévère, mais sans doute nécessaire  dans l'emploi anarchique de ce qui ne peut que proliférer. Des études incomplètes et encore discutées sur certains points, mais qui semblent bien corroborées par le simple constat empirique. Comme l'usage abusif des tablettes dans le domaine scolaire.__________

jeudi 28 octobre 2021

Humour Zemmour

    __Il l'a dit: Marine Le Pen est de gauche! 😱

          ____Jupiter serait alors un dangereux gauchiste...  Le "radicalisé" ne manque pas d'audace, quoique...

             Faut-il continuer à en parler?

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Europe: être ou ne pas être fédéraliste

   Quand l'adorateur sort ses armes critiques

                                           Il faut avoir la foi bien accrochée, chevillée au corps, pour adhérer encore à l'idée d'une possible fédération européenne dans un avenir prévisible, étant donné le caractère bancal de l' Union telle qu'elle fonctionne.   Quatremer est de ceux-là, fidèle parmi les fidèles, mais aussi pourfendeur à ses heures. Qui aime bien châtie bien...Les beaux projets, comme les critères de convergence, en ont pris un coup. Mais n'était-ce pas fatal, étant donné les institutions telles qu'elles sont?...

             _______J.Q. peste, il fulmine       C'est aux Etats que Jean Quatremer s'en prend, à leurs égoïsmes, aux institutions bruxelloises dévoyées, ce puriste de l'Europe à venir, ce prophète des temps nouveaux de l'intégration, ce mystique de la transcendance schumanienne par delà les Etats.   Comme dans son dernier livre, où il pousse un coup de gueule bien senti, mais sur la base d'un paradoxe dont on ne voit comment sortir. L'idée d'Europe ne préexiste pas à ce qu'en font les Etats, dans leur diversité et, si elle est devenue ce qu'elle est, objet de critiques de plus en plus vives, c'est que le projet était mal ficelé, qu'on a mis la charrue avant les boeufs. Il subit admiration ou critique, c'est selon:

[On peut consulter les premières pages]
        ....Pour l'ancien ministre des Affaires étrangères socialiste Hubert Védrine, Jean Quatremer est « un ayatollah du fédéralisme »européen.. L'économiste Frédéric Lordon a consacré à Jean Quatremer un article critique dans lequel il lui reprochait sa tendance à confondre critique de l'Union européenne et conspirationnisme. Selon lui, Quatremer serait le « journaliste le plus attaché à traîner dans la boue – y compris pour conspirationnisme – toute position de gauche critique de l’Europe ». Cette façon de défendre l'Union européenne fait de Jean Quatremer « le meilleur agent de l'europhobie en France » pour le journaliste Daniel Schneidermann....
        Jean Quatremer, figure bien connue dans le monde du journalisme, spécialiste un peu atypique à Libération, suivant les question européennes de très près, laisse éclater une colère à première vue violente, mais légitime et salutaire à l'égard du système européen tel qu'il est devenu, de manière un peu provocatrice, pour susciter un réveil nécessaire des hommes et un changement radical des institutions. Il met les pieds résolument dans le plat. Ce n'est pas nouveau, mais de la part d'un auteur qualifié d'europhile, parfois d' eurocrate, cela amène quelques questions.
       Tout cela sur fond de croyance fédéraliste, lui qui n'a cessé, depuis ses premiers billets, de faire appel à plus d'unité politique et de dénoncer les dérives marchandes, les scandales et les élargissements aveugles. Sa critique est au début de son livre très véhémente, reprenant à son compte les plus sévères émanant de certains courants anti-européens.
     On pourrait le comparer à un nouveau Luther fustigeant avec force et parfois violence les excès et les déviations de l'Eglise de son temps et de sa hiérarchie souvent corrompue, détournées de leur mission essentielle, et centrant son message rénovateur sur le dépouillement, les textes fondamentaux et la foi, en deçà du désolant  virage maastrichtien.
    Quatremer veut encore croire à une reconstruction de l'Europe, à un certain retour des idéaux fondateurs d'après-guerre, à un projet dont nous nous sommes éloignés par aveuglement et par égoïsme national. Retrouver le chemin d'une politique commune, qu nécessiterait d'autres institutions, une vraie révolution. Pour faire face aux défis économiques qui nous attendent.
     Retrouver le chemin de la foi. Mais la question est de savoir si la seule foi peut sauver et permettre d'opérer le virage salutaire qui nous sortirait des lois d'un simple marché libéral, voulu par les anglo-saxons, accepté par les élites pantouflardes de l'UE, de la suprématie de fait de l'Allemagne devenue la référence et la donneuse de leçon. L'auteur est silencieux ou vague sur les conditions qui permettraient à Bruxelles de sortir de la bureaucratie tatillonne et à courte vue qu'elle est devenue, de dépasser l'extrême financiarisation dans laquelle elle s'est elle-même piégée, après avoir joué un certain rôle redistributeur, mais sans solidarité durable.. Il est surtout bien allusif sur les influences néolibérales qui n'ont cessé de marquer de leur empreinte des institutions, que Delors lui-même ne reconnait plus sur ses vieux jours.
 _____________         Dans son livre Les salauds de l'Europe, l'auteur, désabusé, dit:
                  "« Longtemps, j'ai cru en l'Europe. Longtemps, j'ai souhaité l'émergence des États-Unis d'Europe. Longtemps, j'ai pensé qu'elle était notre Terre promise, celle qui nous permettrait de dépasser les États-nations, ces fauteurs de guerre. Aujourd'hui, c'est fini. Je n'y crois plus. Elle n'a pas été inutile, mais son rôle historique est derrière elle... »
     Comme dit Joseph Savès, "c'est par cette confession désabusée et sans équivoque que débute l'essai iconoclaste de Jean Quatremer. Le journaliste rappelle avec brio les origines de l’aventure européenne. Mais c’est pour mieux dénoncer ensuite les dérives qui, du talentueux Jacques Delors au piteux Jean-Claude Juncker, ont mené à l’impasse actuelle.
    Y a-t-il une lumière au bout du tunnel ? Jean Quatremer détaille en quelques pages une possible sortie par le haut. Mais lui-même n’y croit pas vraiment. Son essai s’adresse aux européistes convaincus : quand le clergé lui-même ne croit plus à son dieu, est-il encore raisonnable de le prier ? N’est-il pas temps de repenser l’avenir ? Ce qui reste de l’Union est plus néfaste qu’autre chose. Mais le projet communautaire demeure nécessaire. Il s’agit de le refonder....
     "..La Commission européenne a affirmé son autorité sous la présidence de Jacques Delors (1985-1995), lequel a pu convaincre les États d’adopter aussi bien Schengen que l’Acte Unique et la monnaie unique. Il a seulement échoué sur l’Europe sociale."
Mais ses successeurs, rivalisant d’incompétence, ont rapidement réduit la Commission à n’être plus que le secrétariat du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement. Jean Quatremer a des mots très durs pour Jacques Santer, dont il a provoqué la chute en 1999 pour cause de corruption, comme pour Romano Prodi (1999-2004) et son commissaire à la concurrence Mario Monti, qui ont bradé l’industrie européenne, Manuel Barroso (2004-2014), homme-lige de la banque Goldman Sachs, impliquée dans la crise de 2007, et bien sûr Jean-Claude Juncker, qui a érigé son grand-duché en paradis fiscal.
Le Conseil européen, organe suprême de l’Union, est donc revenu au cœur du jeu. Il se réunit désormais tous les mois ou tous les deux mois. Mais c’est seulement pour constater ses désaccords sur tous les sujets d’importance : Ukraine, Russie, énergie, libre-échange, travailleurs détachés, terrorisme, migrants etc. La faute en est à l’élargissement intempestif de l’Union de quinze membres en 1995 à 27 ou 28 aujourd’hui, avec des niveaux de développement très différents.
     Jean Quatremer exécute en passant le Parlement européen, caution démocratique de l’ensemble : ses députés n’ont d’européens que le nom car ils sont élus sur des logiques partisanes nationales. « Quand sur certains textes, on voit les députés allemands voter comme un seul homme pour ou contre, de l’extrême droite à l’extrême gauche, comment ne pas ressentir un malaise ? » (p. 23). Leur légitimité est contestable quand on songe qu’un député français représente douze fois plus d’électeurs qu’un maltais. Enfin, le Parlement n’a pas l’initiative des lois et dans le domaine législatif, « il a le même poids que le Conseil des ministres qui n’est, au mieux, qu’élu au suffrage indirect » (p. 24).
   Fait aggravant pour Jean Quatremer : la médiocrité des chefs qui y siègent aujourd’hui et notamment du couple franco-allemand. « Aucune personnalité d’envergure ne sort du lot, si ce n’est par défaut, celle d’Angela Merkel, la chancelière allemande » (p. 21). Les conséquences en sont dramatiques : « Il suffit de voir dans quel état de panique cet aréopage distingué a géré en dépit du bon sens la crise de la zone euro entre 2010 et 2012, entraînant les uns après les autres les pays dans le gouffre, dont la Grèce n’est toujours pas sortie sept ans après ! Et cela se paie par des centaines de milliers de vies brisées » (p. 22).
      Jean Quatremer s’alarme des conséquences de l’incurie européenne : « Le ‘doux monstre de Bruxelles’ qui impose le bien européen à coups de normes rigides et souvent idiotes, est devenu le principal destructeur, non seulement de l’idéal européen, mais aussi de la démocratie. Par une sorte de retournement historique, il en vient même, par son existence, à menacer la paix… » (p. 10).
      Le journaliste en voit la raison dans le dogmatisme étroit des agents européens :
« Engluée dans une idéologie libérale et libre-échangiste promue par la Commission, l’Union refuse par principe d’offrir une protection aux citoyens européens alors qu’elle a été fondée sur le principe de la préférence communautaire. L’Union est devenue l’idiot utile de la globalisation et le reste du monde en profite : la Chine par exemple… » (p. 31). « Pour l’Union, tout ce qui est une barrière, même si celle-ci obéit à une bonne raison, doit être abattu, quel qu’en soit le prix à payer. Le dogme avant tout et le dogme, c’est l’absence de frontière » (p. 30).
     Jean Quatremer constate aussi l’échec de la monnaie unique et ses effets délétères sur la solidarité européenne. Il rejoint le point de vue que développe depuis plusieurs années Joseph Savès sur notre site : « Lancée en fanfare en 1999, la monnaie unique, qui devait elle aussi doper la croissance et protéger les Européens contre les chocs extérieurs, n’a pas rempli son rôle, comme l’ont montré la crise financière et économique de 2007-2008, puis la crise de la zone euro de 2010-2012. (…) Depuis le lancement de l’euro, la France est en déficit commercial alors que l’Allemagne accumule les excédents dans des proportions sans précédent. L’euro, qui peut le contester, a appauvri la France et tous les pays du Sud, mais a bénéficié plus que de raison à l’Allemagne » (p.31).
      Et l’auteur d’en tirer la conclusion avec l’amertume que l’on devine chez un jeune sexagénaire qui découvre s’être illusionné toute sa vie : « Un triste bilan. Cet astre mort qu’est devenu l’Union n’a plus de raison d’être, il n’apporte plus aucune chaleur, bien au contraire. Elle est un problème en elle-même. Il est temps de redonner leur liberté aux nations européennes qui ont été la source de la grandeur du Vieux Continent. Il faut libérer les énergies au lieu de les entraver ! » (p. 38).
     Un exemple cité par l'auteur des nombreuses dérives d'une Europe bien lointaine: Le monolinguisme, l’un des traits les plus significatifs de la « Bulle européenne »:Par négligence et lâcheté, les dirigeants de l’Union et les fonctionnaires de Bruxelles ont laissé choir le multilinguisme et n’usent pratiquement plus que d’un seul idiome… L’anglais ? Que nenni. « À Bruxelles, c’est le globish qui règne en maître, une forme appauvrie à l’extrême de la langue de Shakespeare qui permet tout le monde de communiquer sans problème » (p. 155). Cet idiome est semé de néologismes propres à la Commission au point qu’il a fallu publier un dictionnaire des correspondances entre le mot anglais et sa traduction en globish bruxellois (comme for exemple au lieu de for instance).____Il ne s’agit pas d’un trait secondaire ! « La langue n’est pas neutre, rappelle Jean Quatremer. Elle véhicule des valeurs et des concepts et, surtout, seule la langue de naissance permet de communiquer au plus près de sa pensée : ce n’est pas un hasard si un Américain, un Chinois ou un Japonais ne négocie jamais dans une autre langue que la sienne » (p. 155).
_______________Un magazine eurocitoyen renchérit mollement. 
       Mais une grande interrogation surgit au sein de cette critique assez violente et inattendue, quoique justifiée pour beaucoup d'observateurs, même europhiles de la première heure: comment un retournement pourrait-il se faire dans les conditions actuelles, à moins d'une crise majeure? Aucune tendance forte ne se dessine, même au sein des courants progressistes qui siègent au parlement européen sans grand pouvoir. Pas d'homme d'exception à l'horizon susceptible de marquer d'un empreinte réformatrice forte le système berlino-bruxellois. Il semble bien que le ver soit dans le chou.
        Quatremer n'est-il pas condamné encore longtemps à la désillusion? On peut le craindre.
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- L'euro est-il viable à long terme?
- Nouvelle question allemande
- Où est passé le peuple européen?
Europe vassalisée
- Et pourtant elle ne tourne pas...
- L'Europe fait fausse route
- Revoir le chantier.
L’euro n’est pas viable à long terme», selon l'Institut Jacques Delors
Aux origines de la construction européenne
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mercredi 27 octobre 2021

Energies en question

 Nucléaire sur la sellette

                                   Le rapport RTE: dans les starting blocks? Et le projet Hercule de Jupiter?...

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Sondagite aigüe en question (2)

 Une présidentielle sans sondages? 

                                          Chiche!  [- Sus à la tyrannie!...]                   _____Une ivresse périlleuse. 

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                    Point de vue:               "...   L' espace d’un instant, les soutiens de François Fillon ont retrouvé le sourire. Le 23 mars 2017, à un mois du premier tour de la présidentielle, le candidat des Républicains reprend quelques couleurs dans une campagne ternie par les affaires.   Sur le plateau de « L’Émission politique », le grand rendez-vous de France 2, François Fillon a été cuisiné pendant plus de deux heures sur l’emploi fictif de son épouse à l’Assemblée nationale et les costumes offerts par un intermédiaire de la Françafrique. Mais, selon un sondage commandé par France TV à l’institut Harris Interactive, 28 % des Français ont été « convaincus » par ses arguments pendant l’émission.  Surtout, 66 % des électeurs de droite ont été « convaincus » par leur candidat. C’est « six points de plus » que lors de son précédent passage sur France 2, en octobre 2016, rappelle le journaliste. « Vous convainquez davantage à droite, ce soir, après deux mois d’affaires, qu’en octobre avant la primaire. »   À la question « François Fillon ferait-il un bon président ? », le candidat a, là aussi, « gagné dix points » chez les sympathisants de droite par rapport au mois d’octobre, ajoute le journaliste. « Vous remobilisez votre camp, mais il y a encore une grande fracture avec les Français. »                  ____ À regarder comment les résultats du sondage commandé à Harris ont été obtenus, il paraît un peu osé de parler de « camp » ou de « Français ». De l’avis de plusieurs anciens sondeurs interrogés par Mediapart (voir notre Boîte noire), ce type d’étude, réalisée dans un temps très court, pose d’énormes problèmes de fiabilité et de représentativité, inversement proportionnels à leur impact sur le débat public. François Fillon n’atteindra jamais le second tour de l’élection présidentielle.                 Concrètement, comme tous les autres sondages réalisés lors des passages télévisés des candidats, celui de François Fillon a été préparé quelques heures avant l’émission, en mobilisant un panel de téléspectateurs amenés à répondre à quelques questions en ligne.  Ils sont 1 219 — dont 368 sympathisants de droite — à répondre pendant l’émission. Avec une carotte à la clef : en participant, ils peuvent s’inscrire à un tirage au sort pour gagner 2 000 euros.    Le sondage est lancé trente minutes après le début de l’émission, alors que le candidat commence tout juste à s’exprimer. Il est clôturé une heure et demie plus tard, le temps de « redresser » à la va-vite les résultats (essayer de faire correspondre les sondés à la composition du corps électoral), et de les insérer dans un Power Point.         


                           
« L’idée est d’aller très vite, mais c’est en réalité sur une population très particulière [de répondants] », critique un ancien salarié d’institut. Comprendre : le panel, même après « redressement », ne reflète pas le corps électoral.    « La moyenne des Français ne répond pas à ces horaires [tard le soir — ndlr]. Les panélistes [sollicitant les répondants] qui travaillent bien ne travaillent pas avec ce genre de structure », appuie un autre.   Mais l’enjeu est ailleurs : avec ces études flash en pleine émission, France 2 peut brandir un chiffre à moindres frais, créer de « l’opinion » sur laquelle vont venir se greffer les avis d’« experts » en tout genre. Dans une illustration parfaite de cette bulle médiatico-sondagière qui se réenclenche à chaque élection  Passé les moments d’indignation collective, la logique du système politique et la curiosité font que l’on reprend à chaque fois les vieilles habitudes  (Nicolas Kaciaf, maître de conférences à Sciences Po Lille)                                                                                                        ________Cinq ans plus tard, la machine sondagière s’emballe à nouveau, transformant la présidentielle en « course de petits chevaux ». Après des précautions d’usage (« en fait-on trop ? », « est-ce vraiment fiable ? »…) vite balayées dans les rédactions, les enquêtes font la « une » de tous les journaux ou presque, dans le sillage des chaînes d’info en continu — elles sont quatre cette année — qui donnent le la. Avec un candidat de choix pour cette édition : le médiatique Éric Zemmour, dont les idées rances, ici réhabilitant Pétain, là attaquant les femmes, en font une machine à buzz pour faire grimper les audiences.   Le 6 octobre, le « pas-encore-candidat d’extrême droite » affole les réseaux. Harris Interactive, dans un sondage commandé par Challenges, vient de le mettre en deuxième position des intentions de vote de la présidentielle, qui se tient dans six mois. Avec 17 %, il dépasse de deux points Marine Le Pen : une première ! Les télés embrayent : « Un sondage place Éric Zemmour au second tour », s’enflamme BFMTV   L’étude d’Harris repose sur un échantillon de 1 310 personnes – 1 062 inscrites sur les listes électorales dont seulement 764 certaines d’aller voter – qui ont été remerciées de leur participation par l’inscription à un tirage au sort mensuel mettant en jeu des lots d’une valeur de 2 000 euros. La marge d’erreur est de 1,8 % à 2,5 % pour les candidats situés entre 10 % et 20 % — ce qui suffit à largement dégonfler l’interprétation selon laquelle Zemmour doublerait Le Pen.     Surtout, l’étude présente des biais méthodologiques que bien peu de personnes ont relevés. Harris Interactive a mesuré la « certitude d’aller voter » des électeurs en quatre catégories (de « pas du tout certain » à « tout à fait certain »), alors que d’autres instituts ont, eux, une échelle plus fine, de 1 à 10. Conséquence : le taux de répondants « certains d’aller voter » est, dans l’étude Harris, nettement supérieur à d’autres études précédentes.   Ce qui peut avoir des incidences importantes dans la surreprésentation de certaines couches de la population, et donc sur le résultat final, comme l’a noté Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof-Sciences Po.  Mais, d’une manière générale, les secrets de fabrication de la petite cuisine sondagière n’intéressent pas. Les incertitudes et les failles sont pourtant nombreuses, faute d’encadrement législatif suffisant.   En 2011, le Sénat avait voté une proposition de loi visant à durcir le texte fondateur de 1977 et « assainir » un écosystème économique florissant. Le texte prévoyait notamment d’imposer aux entreprises de sondages de publier les « critères précis de redressement », ou encore d’interdire les « gratifications » offertes aux sondés – quasiment systématiques dans les enquêtes en ligne, méthode moins coûteuse et donc aujourd’hui largement dominante.                                  La proposition de loi, « une catastrophe pour les sondeurs », avait fini enterrée « par un veto présidentiel de Nicolas Sarkozy déguisé en rejet par la commission des lois de l’Assemblée nationale », résume le politiste Alain Garrigou, fondateur de l’Observatoire des sondages, qui rappelle que l’ex-chef de l’État était lui-même un boulimique d’enquêtes (son entourage est actuellement jugé dans l’affaire des sondages de l’Élysée, Nicolas Sarkozy étant protégé par l’immunité présidentielle).       Dans ce contexte, « beaucoup de choses sont dénoncées depuis des décennies, mais sans écho. Passé les moments d’indignation collective [notamment après les ratés des sondeurs lors des présidentielles de 1995 et 2002 — ndlr], la logique du système politique et la curiosité font que l’on reprend à chaque fois les vieilles habitudes », relève Nicolas Kaciaf, maître de conférences en sciences politiques et co-directeur de la recherche à Sciences Po Lille.               « L’inefficacité des critiques des sondages vient du fait que ce sont les mêmes politiques qui dénoncent les sondages qui sont les premiers à passer commande », ajoute-t-il. Et, au fil des décennies, un consensus mou atour de la pseudo-fiabilité des études s’est installé.            Depuis 1977, c’est la commission des sondages, une autorité composée de hauts fonctionnaires « n’ayant aucune culture du sujet » selon les chercheurs, qui est chargée d’assurer un semblant de contrôle des sondages publiés, en inflation constante – de 14 lors de la première présidentielle au suffrage direct en 1965, on est passé à 560 en 2017.    Deux spécialistes (une administratrice de l’Insee et un statisticien) doivent vérifier les « notices expertes », placées sous le sceau du secret industriel, transmises par les directions des entreprises. « Les sondeurs donnent ce qu’ils veulent », déplore Alain Garrigou, seul chercheur à y siéger. « Le problème vient de la loi, le niveau d’exigence est très faible », regrette son confrère Daniel Gaxie, professeur émérite à l’Université Paris 1-Sorbonne.      Pis, les rares règles imposées (garder les mêmes échantillons lors des sondages par « vagues », ne pas publier de sondage de second tour qui ne soit pas le fruit des résultats du premier tour, appliquer la même méthode de redressement à l’ensemble des candidats) sont assouplies par des « exceptions » tolérées par la commission. « Sur le redressement, ce n’est pas forcément du doigt mouillé, mais on accepte que chaque institut ait ses méthodes », explique son secrétaire général, Stéphane Hoynck, jugeant bon de rappeler qu’il ne s’agit pas d’une « science exacte ».      Entre 2019 et 2021, où quatre élections et des centaines de sondages se sont succédé (la France en est un consommateur record), la commission a fait publier cinq « mises au point » dans la presse pour des enquêtes « défectueuses ou manipulées ». Aucun signalement à la justice n’a été effectué.   Les candidats sont fabriqués par les sondages (Alain Garrigou, politiste, fondateur de l'Observatoire des sondages).       Or les sondages, et leur médiatisation, sont décisifs sur la suite de la campagne. Elles contribuent à crédibiliser une candidature, à en faire dégringoler une autre.    « Par définition, les sondages d’opinion ne se trompent jamais car on ne peut pas les comparer à un phénomène réel. Or ils ont de bonnes chances de dire n’importe quoi (voir un exemple ici), et les gens les interprètent comme une prédiction », relève Daniel Gaxie.         « Jamais les sondages n’ont pris autant d’importance et jamais ils n’auront autant dessiné le scrutin à venir », s’inquiète aussi Patrick Lehingue, de l’université de Picardie, qui souligne « un hiatus entre l’importance des conséquences et la fragilité des données. »        Un ancien salarié du département politique d’un important institut souligne pour sa part l’effet « mécanique » induit par la dynamique sondagière« Sur les intentions de vote, il y a un effet “vu à la télé”qui contribue à faire monter des candidatures [présentes médiatiquement — ndlr] dans les sondages, qui alimentent eux aussi la couverture médiatique, et ainsi de suite », explique-t-il.       « Les médias oublient leur propre rôle, et leur effet sur les sondages, recadre un autre. En 2011, quand un premier sondage Harris place Marine Le Pen au second tour, cela fait des mois qu’il y a une banalisation du FN dans les médias. Aujourd’hui, ce qui se passe [avec Zemmour – ndlr] c’est un peu ça. »             « Les candidats sont fabriqués par les sondages », estime Alain Garrigou dans un article publié dans Le Monde diplomatique« Ils façonnent les élections en avantageant les candidats dont on parle le plus, […] en amenant à présenter des candidatures ou à y renoncer sur la foi de pseudo-études, en poussant les électeurs à calculer plus ou moins savamment quel vote est le plus judicieux, comment leur vote ne va pas être “perdu” sur un candidat sans chance de gagner, en renonçant à voter pour rien. »                À ses yeux, les sondages sont des constructions dont « la réalité est mal assurée et, à cet égard, se rapprochent des fake news devenues endémiques ».      « Le problème, c’est que le sondage est présenté dans un registre informatif », dans un paysage où « l’un des gros changements est le système médiatique dominé par le couple Twitter – chaînes d’information en continu, qui a besoin d’être nourri en permanence », reprend Nicolas Kaciaf, de Sciences Po Lille.  « Quand on a en une journée une multiplicité de bandeaux sur BFMTV sur les bons résultats de Zemmour dans les sondages, il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour savoir que, s’il dépasse Marine Le Pen, il va y avoir des défections dans son camp, et des ralliements », prédit le chercheur. « À gauche, il n’est pas sûr qu’Hidalgo et Montebourg se maintiennent, sur la seule base des sondages, qui est une base très faible », renchérit Patrick Lehingue.                                                                         Les partis politiques eux-mêmes ont intégré la puissance des sondages pour conditionner le débat public, comme l’a montré une opération de la majorité d’Emmanuel Macron pendant le mouvement des gilets jaunes.                Fin 2018, alors que le gouvernement appelle publiquement les représentants du mouvement à cesser de manifester et à se présenter aux élections, La République en marche commande à Ipsos un sondage sur les européennes, qui se tiennent en mai 2019.         LREM veut tester pour la première fois une candidature gilets jaunes, non identifiée par une tête de liste. L’étude ne repose que sur 378 personnes inscrites sur les listes électorales et certaines d’aller voter aux élections européennes. Payée par le parti mais diffusée dans le Journal du dimanche, elle attribue le score spectaculaire de 12 % de voix à une liste du Mouvement des gilets jaunes. L’« information » est reprise partout, et conditionne la suite du mouvement social.      « Tous les sondeurs ont du coup ajouté la liste des gilets jaunes [dans pas moins de 70 études, au total — ndlr], analyse un ancien salarié d’un institut. Cela a eu un impact énorme. La seule question est devenue : “Est-ce que vous allez vous présenter ?” On ne parle plus des revendications mais de qui sera tête de liste, c’est un détournement médiatique. »      Forcément, la façon dont on oriente la question change tout, et le commanditaire de l’étude a le dernier mot....."   __ (Merci à Mediapart _Passages soulignés par moi.)     _______

mardi 26 octobre 2021

 Les prix s'envolent

          Carburer ou s'adapter...

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