mardi 31 janvier 2023

Parcours-sup

 Peut mieux faire...

           Cet outil de sélection/orientation demande à être repensé, dans le cadre d'un système universitaire devenu le parent pauvre de la politique scolaire française. Un système algorithmique encore opaque sur bien des points. De plus, "...Il existe une forme d'inégalité face à l'enjeu qu’est l’orientation : tous les élèves ne disposent pas du même niveau d’informations sur les filières. Parcoursup a créé un stress lors de cette année de seconde qui n’existait pas dans le système précédent. Et demander à un élève de 15 ou 16 ans de faire des choix d’orientation si tôt, c’est ne pas tenir compte de l’évolution d’un adolescent, qui change d’intérêts en fonction de ses découvertes...."   De plus, "   "La plateforme a bouleversé le rapport de l’enseignant à l’élève. Car pour être sûr d’obtenir une place dans la filière de son choix, ce dernier doit avoir le meilleur dossier possible. Et comme 40 % de la note du bac provient des évaluations en contrôle continu, l’élève a l’impression d’être en surveillance permanente. Dès le début de la 1re, c’est comme si chaque devoir était une épreuve terminale. Il ne peut pas échouer. Ce système supprime la valorisation de la progression, qui est pourtant l’un des fondements de la pédagogie. Par ailleurs, ne pas comprendre un chapitre du cours, cela arrive. Cela ne devrait pas occasionner une telle tension pour se rattraper. Le lycée est devenu une usine à stress...."     


                                                   Plus insidieusement et plus gravement, "...
Combiné au Bac Blanquer organisé en contrôle continu dès la classe de 1ère, le dispositif Parcoursup engendre une situation pathogène pour de nombreux·ses jeunes et pervertit leur rapport aux études: il ne s'agit plus d'apprendre, y compris en ayant droit à l'erreur, mais de valoriser son dossier en vue du marché concurrentiel de l'enseignement supérieur..."   Bref, ce serait un "générateur d'anxiété", selon le journal Le Monde. De plus, il y a toujours la crainte de ne pas disposer des bonnes clés. Les familles sont, elles aussi, impliquées dans ces choix de "formation motivée", qui arrivent bien trop tôt dans le parcours scolaire. La pression parentale sur les enseignants et celle qui pèse sur les élèves dès la première dénaturent le véritable enjeu de la transmission des savoirs.   La transparence ne brille pas dans ce système complexe, qui rencontre un nombre toujours plus grand de critiques: si on on croit les sondages, "...Cette année, les lycéens et les étudiants interrogés se montrent nettement plus critiques vis-à-vis de la plateforme par rapport à l’édition précédente : 66 % la trouvent accessible (contre 81 % en 2021) et 63 % estiment qu'elle fournit des informations utiles pour leur orientation (contre 76 %). Une minorité, 44 %, la trouve utile (- 18 points), 38 % intuitive (- 10 points) et 33 % en capacité de répondre à leurs questions (-11 points). Malgré les fiches détaillées par formation, seuls 54 % des jeunes considèrent que Parcoursup est simple d'utilisation et 44 % qu’elle est efficace...."                                                                               Une inflation dans les notes est constatée et déplorée. ainsi qu'une stratégie précoce en amont de la part de certains parents favorisés pour préparer les parcours scolaires de leurs chers petits... 
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lundi 30 janvier 2023

Impôts (justes) pour tous

Une histoire fluctuante

           L'impôt direct en France, sous la forme que nous connaissons, avec ses variations, a une histoire assez récente. Déjà débattu à la fin du XIX° siècle, il ne connaît sa forme "moderne" qu'au début de la guerre de 14, pour financer l'effort de guerre et plus tard la reconstruction. L'impôt indirect (dit TVA), auquel personne n'échappe, peut êtes considéré comme un des plus injuste, quoiqu'apparemment indolore. Mais l'impôt direct peut être lui-même sujet à de multiples variations, avec des injustices mettant en cause la notion de proportionnalité et souvent soutenu par un pouvoir favorisant les plus hauts revenus et l' "optimisation fiscale" pour les motifs les plus divers, si bien que échapper à l'impôt est devenu parfois un sport national, toléré ou encouragé par le "verrou de Bercy", aux dépends de la redistribution nationale.

     Depuis des décennies, des économistes notamment, comme Thomas Piketty, prêchent pour une révision, voire une révolution fiscale. Le libéralisme lié à la financiarisation de l'économie, s'accompagne d'une tendance à une baisse des impôts en faveur des plus favorisés, dans l'optique d'un prétendu "ruissellement" attendu pour la collectivité. Aux USA comme chez nous. Au point que certaines grandes fortunes font mine de réclamer régulièrement un prélèvement plus important, comme à Davos, bien conscients de leurs privilèges. Imposer les plus riches est aujourd'hui comme hier une nécessité impérative, surtout quand se creusent autant les inégalités. Comme Roosevelt en son temps avait osé le faire. La plus grande fortune de France est loin de participer à l'effort fiscal, qui est un effort de dolidarité national?
     ______Dans son article 13, la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 fonde l’exigence de justice fiscale : la contribution doit être déterminée en fonction des « facultés » de chacun, ce qui implique une progressivité de l’impôt. C’est ce qui permet d’éviter de faire supporter le même taux d’effort à tous. Par exemple, dans le cas d’un impôt proportionnel, payer un impôt au taux uniforme de 15 % de son revenu est en réalité plus douloureux pour un revenu modeste qui servira pour l’essentiel à la satisfaction de besoins vitaux (manger, boire, se loger) que pour un haut revenu qui disposera d’une capacité d’épargne élevée. La progressivité permet de prendre en compte cette différence de facultés et d’aboutir à une situation où on réclamera, dans notre exemple, bien moins de 15% aux revenus modestes mais bien plus aux revenus élevés. Cette redistribution par l’impôt est essentielle pour corriger les inégalités de revenus ou de patrimoines._____
      Les principes sont admirables, mais ses applications ont connu  bien des vicissitudes et ont  rarement été adéquates à ces règles républicaines.
La  révolution fiscale promise, qui devait revoir complètement un système aussi complexe qu'illisible, n'a pas eu lieu.
                       Aujourd'hui, le ras le bol fical semble atteindre un sommet.
En fait, la France ne détient pas le niveau le plus élevé de l'impôt sur le revenu. Si l'inégalité dans l'effort collectif est bien réel, si des réformes de fond n'ont pas eu lieu, si l'impôt indirect reste le plus injuste des impôts, il y a une certaine  démagogie à proclamer que l'impôt est confiscatoire par nature, d'autant plus que les voix les plus fortes, criant à la spoliation, viennent de ceux que le système fiscal épargne le plus, voire absout, de ceux qui échappent à l'impôt par l'exil fiscal, qui profitent de cadeaux fiscaux, qui ne sont pas pour rien dans la dette.  L'optimisation fiscale reste un des fléaux majeurs de notre temps.
 Il y a une part de matraquage médiatique, en cette période, qui s'inscrit dans cette critique généralisée de l'impôt, qui fait partie de la machine de guerre néolibérale depuis une quarantaine d'années, pour qui "l'Etat est le problème", alors que "L'impôt est la base matérielle de l'Etat(J.Schumpeter)
                                          Réhabiliter l'impôt est toujours nécessairemais l'acceptation de cette charge ne peut fonctionner que si le système, qui ne peut être parfait, se réforme sans cesse en se rééquilibrant. Le problème de l'égalité devant l'impôt reste entier, comme celui de la résolution de la crise, qui enrichit les plus grandes fortunes et dont les conséquences ont peu ou pas d'effets sur le train de vie des plus favorisés. 
Ce n'est pas parce que notre système est devenu brouillé et souvent injuste qu'il faut jeter le bébé avec l'eau du bain. L'urgence de réformes de fond n'en est que plus forte et plus urgente, à l'heure où les plus favorisés le sont aussi par le système fiscal en vigueur.
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TVA : 32 milliards d'euros perdus par la France chaque année
Ce n'est pas d'une pause fiscale dont la France a besoin mais d'une véritable réforme de la fiscalité dans son ensemble.
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dimanche 29 janvier 2023

En bref

__ Les empêcheurs

__ Fracture numérique

__ Et les moyens?

__ Cosa nostra    

__ Il est "confiant"

__ " En même temps..."

__ Mésange en action

__ Pantoufle d'or

__ Ligne de crête

__ Entrepôts d'aujourd'hui

__ Baisse démographique?

__  Lire Stiglitz   

          __________________ Revue de presse. _______________________

samedi 28 janvier 2023

PS: naufrage en cours

Jaurès, reviens! ils sont devenus fous...

                                                Mais jusqu'où descendra ce qui reste du PS? Il touche le fond. Tué par ses divisions. Cela n'étonnera pas ceux qui suivent son chemin chaotique, depuis les années Mitterrand où il avait le vent en poupe. Assez vite, ce parti composite fut travaillé par des forces antagonistes et malgré une unité de façade, connut des divisions qui éclatèrent surtout au moment des congrès, notamment celui de Rennes. Le réformisme mou de certains devait aboutir à des ralliement "contre-nature", à l'ère macronienne notamment. Il ne reste que des lambeaux d'un parti qui a épousé, au plus haut niveau, les thèses néo-libérales. Jusqu'aux guerres picrocholines d'aujourd'hui. Alors qu'on attendait de lui plus que quelques lois sociales. Une vraie réforme des institutions. Des dérives qui ont fait le jeu des forces les plus conservatrices, voire de l'extrême-droite, comme on le voit dans le Nord ouvrier. Un descente aux enfers qui ne désespère pas seulement les militants qui restent...                                                                                                                     Comme beaucoup le remarquaient depuis des années: l'effacement de la gauche, son progressif mais inéluctable recul, sa dissolution dans la  pensée néolibérale sous prétexte d'adaptation et de "modernité", l'oubli de ses valeurs et de ses engagements, jusqu'à ceux des notions de service public et de justice sociale...voilà pourquoi notamment pourquoi de plus en plus de personnes ne se reconnaissent plus dans ce qui reste d'un PS moribond et d'un PC exsangue.           ___Depuis les années 83, ce fut une longue dérive, de compromissions en compromissions, d'abandons en renoncements ..avec le souci d'un vague réformisme ou d'un néo-keynésianisme timide et occasionnel, souvent plus verbal qu'effectif. La notion même de socialisme semble avoir disparu de l'horizon.           Il faut dire que le terme est galvaudé.       Quel socialisme? Il y a le mot et la chose...Les "socialistes" d'aujourd'hui furent au mieux de bons gestionnaires d'un système qui accentuait les inégalités, générait plus de précarité. On comprend le recul massif de ceux qui n'osent même plus arborer les étiquettes traditionnelles.

De Jaurès à Lamy, quel rapport?
     Juste un mot....
La réponse viendrait-il de l'intérieur? Il n'y a pas si longtemps, M.Valls, héritier du deloro-rocardisme, avançait cette proposition, qui eut le don de faire réagir vivement Mme Aubry, qui doit être autant socialiste que le pape est mormon:
" Il faut transformer de fond en comble le fonctionnement du PS, nous dépasser, tout changer : le nom, parce que le mot socialisme est sans doute dépassé ; il renvoie à des conceptions du XIXe siècle."
     Constat d'un autre courant, en forme d' aveu: " Le PS n'existe plus, ni en attaque, ni en défense (…) Le Parti socialiste est devenu un parc à moutons. » Estimant que « le Parti socialiste est dans un état comateux » et que sur « le plan du rassemblement de la gauche, il n’a pas du tout joué son rôle », il plaide pour un sursaut .." (Henri Emmanuelli).  Sursaut nécessaire ou retour aux sources? D'autres se libèrent: "Le gouvernement n’a plus rien de socialiste".
   A l'extérieur, C.Duflot fait le constat du vide: "  pour certains, les mots ont vocation à rester des mots. Je fais le triste constat que c'est aussi cela qui a été sanctionné par les Français dimanche, une politique où le verbe et la "com" sont plus que les actes»   
     Il y a déjà quelques années, Eric Dupin invitait la gauche à sortir du coma, faisant l'analyse de son effacement  et proposait quelques pistes pour sa possible reconstruction. On attend le début de l'ombre du moindre petit tournant. L'autoroute néolibérale est de conduite si aisée...
   Coma dépassé ou décès?
N'a-t-on pas affaire à une doctrine morte?
           Où est passé le socialisme, celui qui avait encore un sens pour beaucoup?
 .Celui du Président n'est plus qu'un vernis. Un socialiste modernisé, ripolinisé, à la mode St Germain. L'héritier du deloro-rocardisme est au commande.
      _____________________________ Depuis Jaurès, l'eau a coulé sous les ponts.. et avant lui déjà cette notion vivante faisait débat en Europe dans les divers mouvements ouvriers et les courants qui les soutenaient.
.                Le mot socialisme a déjà une longue histoire et a connu bien des variantes, le point commun étant "de prôner une organisation sociale et économique allant dans le sens d'une plus grande justice, celle-ci supposant une égalité des conditions, ou du moins une réduction des inégalités. Plus largement, le socialisme peut être défini comme une tendance politique, historiquement marquée à gauche, dont le principe de base est l'aspiration à un monde meilleur, fondé sur une organisation sociale harmonieuse et sur la lutte contre les injustices..."
             Un mot souvent  galvaudé, qu'on peut ramener à un petit dénominateur commun partagé" Le socialisme est l'ambition de construire une société où la naissance, l'argent, la propriété ne soient pas les seuls déterminants.
Il est possible de construire une société basée sur la connaissance, où chacun puisse réaliser ses potentialités humaines dans un cadre collectif, une société où chacun puisse vivre décemment, être créatif et libre. Pour s'appeler socialiste il faut ne pas avoir renoncé à certaines priorités, priorités à la connaissance, à l'échange, au travail organisé sans l'obligatoire subordination qui caractérise le salariat , il ne faut pas avoir renoncé à choisir la citoyenneté contre la sujétion.
Sans l' objectif de résoudre les problèmes les plus criants, sans l'objectif jugé utopique de contribuer à une amélioration de la vie de tous et de toutes, il n'y a plus de progrès possible, il ne reste que" la régression compétitive". La compétition féroce à tous les niveaux qui exige que tout, les biens et les services soient produits au moindre coût. Le moindre coût du travail c' est la misère du plus grand nombre pour une production standardisée, de mauvaise qualité. Cette production et ce travail "compétitif" assurent à la finance mondialisée les moyens de régner et de décider de la vie des humains, de faire une entreprise là, d'en ouvrir une autre là-bas.
        Sur la base de ces exigences, il y eut dans l'histoire des tendances très diverses et le mot ne manque pas d'ambiguïté.
     Le PS semblant avoir perdu sa substance et étant devenu un parti de notables et de fonctionnaires, de gestionnaires (honnêtes ou non) des affaires courantes, épousant les choix politico-économiques du néolibéralisme, avec un zeste de social. Maastricht l'a achevé.
             Il est censé représenter une partie de la gauche...
 Mais quelle gauche?..On assiste à la dérive  d'un idéal et d'une pratique politique, surtout depuis les année 80. On peut situer l' acte de décès final en 1983:la tournant de la rigueur, avec l'ouverture inconditionnelle à la mondialisation financière et la mise en chantier de privatisations en chaîne:
    Mitterrand fait le choix de rester au sein du Système monétaire européen (SME), et de réduire le différentiel d'inflation (et de hausse des salaires) français vis-à-vis du partenaire allemand, qui pèse sur la compétitivité du pays et la valeur de sa monnaie sur le marché des changes.
Face à la crise et à la menace d’une déroute économique, le président doit revenir sur ses engagements économiques de début de mandat. Pierre Bérégovoy, ministre de l'Économie, des Finances et du Budget du gouvernement Laurent Fabius, ouvre la voie à un processus de privatisations après les nationalisations de début de mandat. Les marchés financiers sont partiellement dérégulés. La plupart des entreprises qui ont été nationalisées entre 1981 et 1984 seront privatisées sous le gouvernement Jacques Chirac entre 1986 et 1988 ; on peut considérer qu’à partir de 1984, la France quitte un fonctionnement économique étatisé et adopte davantage un fonctionnement d'économie sociale de marché....
    Sous la poussée des forces néoconservatrices reaganiennes et thatcherienne,  s'inspirant de Hayek et de Friedman, pour faire "moderne", une sorte d'ordo libéralisme à la Kohl s'est installé en quelque sorteen question en Europe.....comme en Allemagne. Un modèle finalement contesté.
          Des responsables du PS vont aujourd'hui plus loin dans la déréglementation et la soumission au marché. C'est ainsi que récemment  on a entendu, faisant du sous-Merkel,  le chantre de l'OMC, Pascal Lamy, prôner des petits boulots en dessous du Smic, faisant se dresser Madame Parisot. Un comble!
    Comme beaucoup le disent, le PS a abandonné la classe ouvrière, les plus modestes, se situant même parfois à la pointe de la  libèralisation du monde.   
 Le  (social)- libéralisme, cette "troisième voie", s'est épanoui. Les éléphants de Maastricht ont encore pignon sur rue.
   Bref, l'état des lieux est consternant, après une  histoire des gauches vivantes et variées, Terra Nova représentant la pointe la plus visible de cette adaptation mimétique à l'air du temps.
        La gauche française serait  devenue une droite qui ne s'assume pas
Faut-il  faire appel au docteur Marx,  pour réanimer le malade?
En sachant que les partis sont à l'image d'une société.
Il reste à  changer de modèle économique, à restaurer une démocratie vivante, à refonder une citoyenneté responsable.
         Une forme de  socialisme cohérent, dans un seul pays, peut-il encore advenir dans une économie mondialisée et financiarisée, une Europe soumise aux contraintes libérales, avec un peuple idéologiquement résigné?         
       That is the question..._______
                  ___*  Benoît Hamon lui-même, porte-parole du PS, fait ce constat, dans son dernier livre:
...« Au sein de l’Union européenne, le Parti socialiste européen (PSE) est historiquement associé, par le compromis qui le lie à la démocratie chrétienne, à la stratégie de libéralisation du marché intérieur et à ses conséquences sur les droits sociaux et les services publics. Ce sont des gouvernements socialistes qui ont négocié les plans d’austérité voulus par l’Union européenne et le Fonds monétaire international [FMI]. En Espagne, au Portugal et en Grèce bien sûr, la contestation des plans d’austérité prend pour cible le FMI et la Commission européenne, mais aussi les gouvernements socialistes nationaux. (…) Une partie de la gauche européenne ne conteste plus qu’il faille, à l’instar de la droite européenne, sacrifier l’Etat-providence pour rétablir l’équilibre budgétaire et flatter les marchés. (…) Nous avons été en plusieurs lieux du globe un obstacle à la marche du progrès. Je ne m’y résigne pas..."
                           __ *  ___Jean-Pierre Chevènement fut un des rares à dénoncer très tôt les dérives d'une social-démocratie agenouillée devant la loi des marchés.
La gauche s’est ralliée au néolibéralisme, à la désindustrialisation et à l’euro fort et a signé ainsi la fin de sa spécificité.
"Cet idéal d’émancipation culturelle et morale de l’individu a fini par détrôner dans les années 1980, tant dans l’esprit des dirigeants de la gauche que dans les aspirations du cœur de son électorat, les considérations économiques et sociales traditionnelles rapidement devenues « archaïques » à l’heure des restructurations industrielles et de la dérégulation de l’économie. Des demandes non plus sociales mais « sociétales » se sont alors rapidement déployées dans les programmes politiques des partis de gauche des années 1980-90 : nouveaux droits, respect de la « différence », valorisation de la diversité… L’horizon des luttes s’est peu à peu déplacé. C’est désormais l’individu dans ses identités multiples qui doit être émancipé, et non plus le travailleur ou le salarié dans son rapport à la production. Ainsi, par exemple, le triptyque du Parti socialiste français des années 1970 (« nationalisation, planification, autogestion ») qui résumait bien son époque a-t-il été remplacé dans les années 1980-90, par un autre, implicite mais omniprésent : « individu, minorités, diversité ».
Au-delà de cet aspect culturel, le socialisme européen s’est plus généralement engagé tête baissée dans l’impasse libérale en abandonnant, soit qu’il l’a cru irréalisable soit qu’il l’a cru réalisé, son projet historique. Illusion encore renforcée au lendemain de la chute du Mur de Berlin en 1989 avec la disparition du vieil ennemi communiste. La social-démocratie aurait finalement épuisé son destin historique, la voie particulière qu’elle a historiquement incarnée ayant triomphé. Le réformisme comme méthode (plutôt que la révolution), la régulation de l’économie de marché comme programme (plutôt que l’appropriation collective des moyens de production) et la démocratie politique comme cadre d’exercice du pouvoir (plutôt que la dictature du prolétariat) s’imposant définitivement à gauche.

Mais ce faisant, le socialisme n’a pas su résister aux sirènes du libéralisme ; il en a même parfois volontairement épousé les contours, dans le cas du social-libéralisme. Il a adopté si ce n’est l’idée libérale, qu’il continue à dénoncer avec virulence, du moins son contenu matérialiste et consumériste, voué au culte de la croissance pour elle-même à coup de dérégulation, de flexibilité et de privatisation, mais aussi son projet culturel tout entier forgé autour de l’individu et de ses droits sans cesse étendus, et bien évidemment son programme politique qui privilégie les formes institutionnelles de la représentation et de la préservation des intérêts individuels au détriment d’une ouverture plus collective, plus égalitaire, plus démocratique (participative dirait-on aujourd’hui) du champ politique et social.

De la sorte, les socialistes, sociaux-démocrates et autres travaillistes européens ont largement ignoré la question, pourtant constitutive de leur 
ethos, de la répartition des richesses et de l’équilibre entre capital et travail. Ils ont littéralement abandonné le terrain de la lutte pour l’égalité au profit d’une promotion de la « diversité » qu’ils ont érigée en valeur. Ils ont aussi délaissé la notion fondamentale de solidarité en autorisant une politique généreuse d’accès à l’Etat social à de nouveaux ayants droit sans toujours exiger un quelconque devoir en retour de leur part. En négligeant de repenser le rôle de l’Etat pour l’adapter à son temps, ils ont laissé le slogan authentiquement néolibéral de Ronald Reagan, « l’Etat comme problème plutôt que comme solution », devenir le principe directeur de la réforme des politiques publiques. Ils ont oublié que le but de la vie sociale ne pouvait se résumer à un pur matérialisme, de la même manière qu’ils ont laissé faire les libéraux lorsque ceux-ci ont vu dans les nouvelles aspirations démocratiques et les nouvelles formes de la participation à la vie politique une menace plutôt qu’une chance pour les sociétés contemporaines. Bref, ils ont capitulé.
.."                                                                         Point de vue.__

vendredi 27 janvier 2023

Méritocratie

Il y a ceux qui "méritent" vraiment et les autres.

                                                       La méritocratie n'est plus ce qu'elle était. Ceux que Bourdieu appelaient les héritiers, qui doivent surtout leur position sociale à leur naissance, qui accèdent aux plus hautes fonctions et aux plus grandes responsabilités du fait d'un parcours largement redevable à un ensemble de chances et de moyens. Combien de ministres, de hauts fonctionnaires, de grands capitaines d'industrie, etc...doivent leur fonction, leurs statut au seul fait d'avoir eu beaucoup de d'appuis et de soutiens?  Même à l'Assemblée Nationale, il est de plus en plus réduit le  nombre de députés d'origine modeste, représentant les forces vives de la nation.  Le diplôme devient le nec plus ultra pour atteindre les plus haute fonction. Mais pas n'importe lequel et pour un public particulier...                               _____ " ...  En France, un diplôme d’une très grande école est, sinon un prérequis, au moins un fort accélérateur aux postes de direction les plus prestigieux. Tous les présidents de la Vᵉ République sont passés par leurs bancs, de même qu’une majorité de PDG du CAC40, dont une dizaine a été formée par la seule École Polytechnique. Toutefois, les chances d’admission dans ces écoles apparaissent particulièrement inégales. Et, même une fois le précieux diplôme acquis, les carrières des diplômés restent influencées par leur origine sociale. C’est le constat qui ressort de la thèse de doctorat que j’ai menée sur le rôle central des grandes écoles dans la stabilité des élites françaises depuis la fin du XIXe siècle. Alors que s’ouvre pour près d’un million de candidats la première phase d’inscription sur Parcoursup, où lycéens et étudiants peuvent enregistrer leurs vœux d’orientation ou de réorientation dans l’enseignement supérieur, notamment vers les classes préparatoires aux grandes écoles, revenons sur cet envers du discours méritocratique.... 


                                                                                                                               
 ...La disparité la plus frappante concerne la capitale. Alors que Paris accueillait selon les générations entre 4 et 7 % des naissances nationales sur le siècle passé, les Parisiens représentaient entre un tiers et la moitié des effectifs des grandes écoles les plus prestigieuses. Si la plupart de ces écoles sont situées en région parisienne, la surreprésentation des Parisiens est sans commune mesure avec celle des Franciliens, et l’hégémonie parisienne a même eu tendance à s’accentuer depuis la fin du XXe siècle.   L’étude s’intéresse par ailleurs à la reproduction sociale entre générations de diplômés des grandes écoles. Les enfants de diplômés nés entre 1891 et 1915 avaient 154 fois plus de chances d’être admis dans ces prestigieuses écoles. Cet avantage est divisé par deux pour la génération suivante et reste ensuite stable avec environ 80 fois plus de chances d’admission pour un enfant de diplômé né entre 1916 et 1995...Le terme « méritocratie » a d’ailleurs pour origine une dystopie de Michael Young dans laquelle le mérite (supposé) servait à justifier la confiscation du pouvoir. Dans les grandes écoles françaises, nous décrivons plutôt le produit d’une forme d’« héritocratie », telle que le sociologue Paul Pasquali qualifie la résistance de ces institutions aux transformations. En effet, la réforme de l’ENA, provoquée par la dénonciation de la déconnexion des élites par le mouvement des « gilets jaunes », apparaît minime pour répondre à de telles inégalités..."

        ___La notion de mérite est plus qu'ambiguë: Elle a un sens quand elle est surtout l'effet de talents et de travail personnels.  Mais beaucoup au sommet sont parvenus à la "réussite" et de la richesse personnelles par accident, par chance et par rencontres: par exemple, la fortune de J.Bezos n'en finit pas de gonfler, la crise aidant. Celle de B. Arnault, comme celle de F.Pinault, n'est pas mal non plus et connaît des bonds spectaculaires. Mais comment font-ils, se demande le petit smicard, abasourdi par de tels chiffres? Combien de vie de labeur devrait-t-il remplir pour arriver à de tels sommets, qui dépasse l'imagination?   C'est à cause du mérite personnel, diront certains, même parmi les économistes de salon. Il suffit de "traverser la rue" avait dit qui vous savez et tous les jeunes peuvent devenir millionnaires, s'ils en ont la volonté. Ce n'est pas si compliqué. Mais pourquoi est-ce si rare?                                  Il n'est pas question de remettre en cause la notion de mérite ni celle de la réussite personnelle. Mais dans quelle proportions, dans quelles conditions? Tout le monde n'est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche, comme les fils Bolloré. Les héritiers, ça existe, surtout dans un pays où la transmission du patrimoine favorise l'accumulation des richesses. Le problème certainement le plus important est le pouvoir d'influence que possèdent ces grandes fortunes, sur le plan politique et médiatique. La grande majorité des grands titres de presse leur appartient, ce qui semble ne pas poser de problèmes au pouvoir, notamment la main mise de V.Bolloré sur nombre de réseaux d'information.

_____________Je m'suis fait tout seul et j'ai réussi, parce que je le vaux bien...
 Moi, monsieur, j' suis parti de rien...
______________________________De rien? Vraiment?...
Personne ne se fait tout seul. L'anthropologie et la psychanalyse montrent que tout individu ne serait rien sans un milieu qui le porte, une culture qui le fait être humain...
Nous sommes donc toujours en lien avec un héritage social, un modèle familial, même si nous les ignorons ou les refusons, fortement conditionnés par des facteurs dont nous ne pouvons nous extraire qu'en  partie ou en imagination. Nous sommes dépendants d'un monde humain particulier, qui nous a fait ce que nous sommes..
    Mais chacun a toujours la possibilité de faire des écarts, de sortir des normes, de se distinguer, de mettre en oeuvre des capacités particulières, qui peuvent l'élever au dessus du lot et l'amener, dans certaines conditions, à une certaine réussite sociale et financière. Parfois en tant qu'héritier, parfois sans appuis particuliers.
      On ne peut méconnaître la part de volonté entrepreneuriale, d'ambition exceptionnelle qui peut entraîner des individus à se dépasser et s'engager dans des aventures industrielles et financières qui font leur prospérité et leur renommée, comme Bill Gates, talentueux concepteur mais enfant de son époque technologique; on doit lui reconnaître cependant  beaucoup d'opportunisme et de pratiques monopolistiques. Le désir de dépassement, de réussite sociale, qui est plutôt positif,  a de profondes racines historiques, culturelles et familiales, comme Balzac l'avait bien vu..
 _______Ce qui fait problème c'est la prétention à être son propre créateur, le libre sculpteur de soi-même, ne devant rien à personne
Il faut reconnaître que l'expression self-made-man est abusive et fonctionne le plus souvent de manière condescendante, culpabilisante et exclusive: les losers et les pauvres mériteraient leur sort,  idée qui nous vient du darwinisme social propre au rêve américain (1)
 Le pasteur baptiste Russell Cornwel  (1853-1925) donne corps à cette fiction: « Je dis que vous avez le droit d’être riche, et c’est votre devoir de l’être. L’homme qui devient riche est peut-être l’homme le plus honnête de votre communauté. Je serai clair sur la chose : 98 % des hommes riches vivant en Amérique sont honnêtes et se sont hissés au sommet à la force du poignet. C’est justement la raison pour laquelle ils sont riches. C’est aussi la raison pour laquelle on leur fait confiance en matière de finance. C’est la raison pour laquelle ils ont créé de grandes entreprises et qu’ils ont réussi à inciter des tas de gens à travailler pour eux. Je compatis néanmoins avec ceux qui sont restés pauvres, même s’ils doivent, d’abord, à leur propre incompétence de n’avoir pas échappé à leur condition. Rappelons-nous qu’il n’y a pas une seule personne pauvre aux États-Unis qui n’a pas été pauvre par ses propres défauts et faiblesses. »
______Les critères de la réussite et de son coût, par exemple celle des grands  capitaines d'industrie et de la finance, peuvent légitimement être contestés.
Vouloir réussir, ça peut-être raté...
Et réussir quoi? « Toute vie qui n'a pour but que de ramasser de l'argent est une piètre vie. » (disait A Carnegie, le milliardaire mécène, qui pourrait inspirer quelques winners d'aujourd'hui...)
Il y a matière à réfléchir quand on s'interroge par exemple sur le cas Tapie, figure tant valorisée dans les années 80, ou sur les conditions de la fortune de F.Pinault, l'ambition de JMMessier, le parcours de B.Arnault... à l'heure de la logique de caste et de l'aggravation des inégalités
 A leur époque, Carnegie a su profiter du développement fulgurant du rail, W BuffetSoros, du contexte spéculatif contemporain,  Ford n'a pas brillé pas l'excès de scrupules, pas plus que Rockefeller...PC Roberts parlaient de nouveaux barons pillards, monopolisant les fortunes, comme le maître du crédit, J.Pierpont Morgan, fils d’un banquier, ayant hérité de son géniteur l’horreur de la concurrence « qui, dit-il, crée la banqueroute et lamine les profits » ! Pendant la Guerre de Sécession, cet adolescent prometteur achète à un arsenal, 3,5 dollars pièce, des fusils qu’il revend à un général nordiste 22 dollars chaque !"
_________Le mérite, valorisé jusqu'à l'excès, est souvent une valeur faussée, oubliant l'importance des occasions heureuses et du tissu des relations dans le succès social.
Aimerions-nous vivre dans une société où, comme le suggérait Nicolas Sarkozy en 2006, " tout se mérite, rien n'est acquis, rien n'est donné ? Certes le mérite n'est pas sans lien avec la démocratie. Mais il est aujourd'hui l'objet d'un détournement qui en fait surtout - cet essai se propose de le montrer - l'outil de circonstance du néolibéralisme. Autrefois vertu publique, le mérite se prétend désormais mesure de la valeur individuelle indexée sur l'effort. Ainsi est-il communément convié pour justifier non seulement les distinctions sociales, mais aussi chaque situation particulière, notamment les situations difficiles. Il en vient à rendre compte des épreuves comme du signe d'une défaillance. Chômage, maladie, rupture... voilà ce qui attendrait ceux qui ne font pas les efforts nécessaires pour les éviter. Nous entraînant à justifier l'injustifiable, le mérite ne met-il pas dès lors sa logique au service de la violence néo-libérale, qu'il pare d'un voile de légitimité ? Placé sous la double référence à Hannah Arendt et au paradigme du don, attentif aux liens entre mérite et reconnaissance, cet ouvrage avance que la force d'attraction du mérite réside dans le rempart fantasmatique qu'il constitue contre la précarisation généralisée : plus nous croyons au mérite, plus nous nous sentons assurés que nos efforts nous protègent. Face à la violence néolibérale des dominants, le mérite alimente alors une autre violence : celle du corps social tout entier, qui, pour conjurer l'angoisse de l'exclusion et de l'invisibilité sociales, stigmatise et décuple la souffrance en la déclarant méritée. Sous les apparences du bon sens, cette société du mérite généralisé ne risque-t-elle pas de nous entraîner dans une impasse ?"
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L’illusoire méritocratie américaine   ____________________________

jeudi 26 janvier 2023

Varia

1.__ Relocalisations nécessaires 

2.__ Tribalisme et clanisme

3.__  Accord en trompe l'oeil?

4. __ Portables en question

5. __ Défaut de paiement?

6.__ Uber et Manu

7.__ Réticenses allemandes

8.__ France en miettes

9.__ Journalisme de cour

10.__Le niveau baisse

11.__ Ne pas recopier!                 

12.__ Trafic humain

13.__ Pha-ra-o-nique!

14__ Pauvre Google!

15.__ Exigences européennes

16.__ Un génie?                                        ________________________

mercredi 25 janvier 2023

Y a pas d'raison....

 ________________________________ Chacun peut être utile, longtemps...comme ici.

 

Orthographe: combat d'un autre âge?

 La "science des ânes..."

                       ...Disait -on naguère pour parler de ceux qui vantaient les vertus d'une orthographe parfaitement maîtrisée, aboutissement de l' histoire complexe d'une langue  reçue en héritage. La dictée, au certificat d'étude, avait une valeur centrale et aujourd'hui encore, l'orthographe imparfaite, approximative, est souvent un critère de sélection sociale et professionnelle, même si les exigences se sont déplacées. Elle reste un marqueur social, un critère de distinction, elle est un élément important dans une lettre de motivation, d'où l'insistance scolaire toujours vive sur son importance, malgré les heures qui se sont réduites en français et des méthodes d'enseignement souvent contestées.                               On dénonce une dérive dans la maîtrise de l'expression écrite, les exigences minimales d'apprentissage n'étant plus assurées. Ce n'est pas seulement l'effet d'un recours abusif aux tablettes et aux correcteurs orthographiques, mais peut-être plus une dispersion de l'attention et un intérêt moins affirmé pour sa langue et surtout peut-être la régression de la lecture et de l'exercice de composition écrite dans le cadre scolaire. Le "retour à la dictée" par injonction ministérielle ne produira pas ses fruits si des conditions matérielles en classe ne sont pas assurées, si une certaine ligne pédagogique n'est pas modifiée. Le retour au totem de la dictée sera une vaine incantation si l'attention aux structures de la langue, la grammaire, ne sont pas précocement étudiées; ce qui ne cadre pas avec les démarches dites ludiques des apprentissages scolaires, depuis des décennies.     


                        Toute une histoire...                      Comme dit une enseignante: "..."On charge effectivement la barque : on nous demande de faire de l'histoire des arts, de l'éducation à la citoyenneté, de l'oral, des rédactions… Donc les fondamentaux comme l'apprentissage de la langue, notamment de la grammaire, et de l'orthographe, diminuent forcément. Et le reste ne suit pas : on ne peut pas construire une pensée et un discours riche, nuancé et précis. Rendez les heures de français ! Quand j'étais collégien, j'avais 5 à 6 heures de français par semaine. Les dernières années où j'enseignais, autour de 2017. On était tombé à 3 h et demie. Et les élèves sont de plus en plus nombreux par classe. Ils arrivent en sixième, sans avoir acquis les fondamentaux. Derrière, il n'y a pas de miracle."____Rachid Santaki ajoute : "On a aussi des élèves aujourd'hui qui ont des temps de concentration beaucoup moins importants."   __Le niveau baisse : de quoi parle-t-on ?Mais si le temps consacré au français est moindre, la question du niveau est à interroger, explique Florie Cristofoli-Coulon : "Il faudrait peut-être se poser la question de comment est mesuré le niveau. Si on mesure des techniques, des automatismes, le niveau baisse peut-être. Mais est-ce vraiment le rôle de l'école ? Doit-on former des automates qui réussissent aux tests ou forme-t-on à la pensée complexe, à la réflexion sur la langue, aux liens faits avec la littérature ? L'orthographe n'est pas là pour réussir la dictée. L'enjeu, de l'orthographe est de pouvoir mieux comprendre les textes qu'on lit, mieux écrire pour être mieux compris, pour pouvoir faire l'écriture qui permet de diffuser des idées, de convaincre, etc.    Donc le niveau baisse, mais les recherches montrent que, au niveau de l'argumentation, de la capacité à confronter ses idées, les élèves ne sont pas en reste, même si on a du mal à travailler ce genre de choses à l'école parce qu'effectivement on parle beaucoup des fondamentaux et qu'il faudrait connaître la base avant d'aller à l'activité complexe. Et moi, je défends le fait que tout apprentissage est complexe."   ____Philippe auditeur, et enseignant à Sens déplore le nombre d'élèves par classe qui ne permet pas d'approfondir, mais surtout souligne-t-il "Quelle place a l'orthographe dans la société. S'il n'en est question qu'à l'école, quel sens cela a ? Et à quoi va leur servir dans leur vie cette discipline ? Si on envisageait ces disciplines sous l'angle de la communication, on arriverait mieux à intéresser les élèves."  ____ Rachid Santaki s'inquiète : "Depuis dix ans, avec cette casquette de romancier, j'ai eu l'occasion d'intervenir en classe. Je vois vraiment une différence. Entre 2011-2012, ces élèves de collège et de lycée prenaient un livre. Aujourd'hui, ils ne touchent même pas de livre. Ils sont dans de la vidéo et de l'audio. Cette fracture existe. Ce n'est pas pour jeter la pierre aux écrans, mais c'est une réalité. Ensuite, il faut expliquer aux élèves qu'on a besoin pour justement connaître les mots, leur sens, et leur donner une force. Mais également pour trouver un stage et pour l'insertion professionnelle."  _____Julien Soulié : "On peut le déplorer, mais l'orthographe est un marqueur social, qu'on le veuille ou non."                                                                                                                    Un déclin inéluctable?... Au fond, Voltaire faisait pas mal de "fautes d'orthographe"...à une époque où les règles n'étaient pas encore bien fixées et les exigences sociales de l'écriture moindres. Ne parlons pas de Montaigne...   ______________