Les mythes
Vraiment divin? Les échanges économiques, qui caractérisent le monde de hommes à différents niveaux, subissent l'épreuve du temps et des transformations des biens et des forces productives. C'est la tâche des économistes de comprendre les règles qui les conduisent, la logique qui les sous-tend. Même si l'économie n'est pas une science exacte, elle peut modestement et souvent provisoirement, éclairer les mécanismes qui président au système de production et d'échanges, même si elle n'est pas une science exacte, mais un système d'interprétation, souvent discuté, parfois contesté. C'est Adam Smith qui a évoqué la métaphore de la main de Dieu, pour faire comprendre que les lois du marché (dans certaines conditions) ne sont pas seulement sources de progrès matériels, mais sont aptes d'elles-mêmes à contribuer à faire progresser la "richesse des nations", le progrès social et humain, loin de tout contrôle d'Etat. On retrouve, pour simplifier, ce courant de pensée dans les différentes formes de libéralisme ou de néolibéralisme qui se sont succédés, contre tout interventionnisme de l'Etat. Mais depuis plus d'un demi-siècle, se développe un courant qui se radicalise au point de donner au marché une valeur quasi-absolue, aux dépends d'une action étatique réduite à sa plus simple expression. On connaît les conséquences sociales d'un tel présupposé Un étude récente le montre avec force et dénonce un mythe entretenu:
" Historiens des sciences à Harvard et au California Institute of Technology, Naomi Oreskes et Erik M. Conway analysent la manière dont la croyance dans le pouvoir des marchés économiques s'est imposée aux États-Unis, puis dans le reste du monde, dans « Le Grand mythe » (Les Liens qui Libèrent)... On aurait pu croire qu'après la crise financière mondiale de 2008 et celle des dettes souveraines, qui lui a succédé en Europe, la croyance selon laquelle les marchés seraient capables de s'autoréguler pour le bénéfice du plus grand nombre s'estomperait. Pourtant, une décennie plus tard, il n'en est rien. Un paradoxe qu'expliquent parfaitement Naomi Oreskes et Erik M. Conway dans leur dernier essai. Les deux universitaires américains décrivent comment un véritable « mythe » s'est imposé dans leur pays, avant de se diffuser à l'ensemble du reste du monde. Ce mythe, celui du néolibéralisme, raconte que les marchés sont foncièrement bons et toujours efficaces, contrairement aux gouvernants, et que souhaiter réguler le capitalisme équivaut à vouloir mettre à bas la démocratie, comme l'ont fait les bolcheviks et les nazis. Une croyance qui ne résiste cependant pas à l'épreuve des faits, comme le soulignent les auteurs, qui sont pourtant loin d'être anticapitalistes. _ Ouvrage conséquent de plus de 700 pages, Le grand mythe, qui prend la forme d'une enquête historique, retrace la manière dont cette idée, qui n'a rien de naturelle, s'est enracinée, au sein d'une Amérique au départ largement favorable à l'intervention de l'État. Pour cela, il a fallu les efforts groupés mais souvent non concertés d'un grand nombre d'acteurs, dont des industriels, des économistes comme Friedrich Hayek et Milton Friedman, ou encore des écrivains, comme Ayn Rand et Rose Wilder Lane. Ensemble, et sur quelques décennies, ils ont diffusé ce qui s'apparente à une foi dans les milieux universitaires, auprès des politiques, au sein des instances religieuses, dans les manuels scolaires et même dans la culture populaire. Un livre important..." (Voir ICI) _______________________
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