samedi 16 août 2025

Ayn Rand, son héritage, ses épigones

                        C'est une figure bien connue aux USA, presque inconnue chez nous. Ses oeuvres sont les livres de chevet dr Trump et de ses alliés, bien dans l'air du temps Outre-Atlantique, surtout depuis le tournant néolibéral de Reagan (et de Thatcher).. Ce qui  ne veut pas lire qu'il a bien compris cette auteure adulée, très contestée et clivante, plus complexe que ce que l'on en dit généralement, aux prises de positions généralement proches des courants libertariens, prônant l'effacement maximal de l'Etat aux profits des intérêts particuliers. Elle a gardé l souvenir des années Roosevelt qui a renforcé le contrôle des capitaux et des fortunes ayant contribué à la grande crise des années 30. En gros , ce sont deux conceptions qui s'affrontent, aujourd'hui encore: celle en faveur d'institutions nécessaires pour garantir les libertés individuelles en limitant l'expansion excessives des intérêts particuliers vecteurs d'inégalités et facteurs de crises ou celle d'un Etat minimal favorisant le développement économique des plus fortunés. L'égoïsme, pour Rand est érigée au rang d'absolu, dans un sens très particulier, dans le contexte libertarien en vogue, que revendique aujourd'hui les super-décideurs  richissimes de la Silicon Valley, qui ont rallié les objectifs minimalistes trumpiens de contrôle  de l'expansion de la méga-richesse. Dans l'esprit de Mandeville ou de Guizot, dans la valorisation du marché, qui aurait toutes les vertus.                                                                                                                                                                     Cette auteure connaît encore aux USA une influence extraordinaire dans certains milieux des affaires et de la politique, surtout de tendance libertarienne , à tel point qu'elle fut le livre de chevet de R.Reagan (à l'instar de la bible) et que Trump s'en réclame souvent, même sil ne respecte pas toujours l'esprit de sa pensée. Une oeuvre qui est l'aboutissement d'une histoire personnelle singulière. Papesse de l'ultralibéralisme du reaganisme et du thacherisme notamment, dont Trump et les libertariens restent des admirateurs inconditionnels, dans leurs critiques du rôle de l'Etat et de la justice sociale, de la redistribution. Une apologie de la réussite personnelle ou du self made man. Une gourou pas comme les autres, qui a surfé sur la vague néolibérale des économistes de l'école de Chicago, notamment d'un de ses influents promoteurs Friedman, après la période où l'influence de Rooseelt et du Welfare State était dominante. 

Une philosophie politique "impossible"        [notes]               

  Il est des systèmes de pensée politique que l'on peut qualifier de plus ou moins utopiques (même si l'utopie d'aujourd'hui peut être la réalité de demain, comme le suggérait Victor Hugo...), qui prônent, surtout depuis le XIX° siècle, et précisent les conditions d'une société où la solidarité et le partage deviendraient des valeurs dominantes, à l'heure où l'individu livré à lui-même, était soumis à l'arbitraire de ses employeurs, sans règles ni droits contre  l'association pour la défense de ses intérêts légitimes. Owen, Proudhon, Bakounine, Marx, Jaurès, chacun à sa manière...Les luttes ouvrières sont marquées par des idées émancipatrices qui montraient le chemin.

                          Mais  il est une écrivaine au destin singulier, au parcours compliqué, se réclamant d'un Nietzsche mal compris, qui prône une éthique de l'égoïsme, du chacun pour soi, qui est devenue  l'héroïne des libertariens aux USA, que l'on pourrait qualifier d' odieuse et moderne, comme le fait un commentateur.
   Elle a inspiré plus ou moins fortement la "pensée" économique de Reagan et de toux ceux qui ont suivi la voie de l'ultralibéralisme, en poupe depuis les années 70. Elle continue à avoir une influence sur une certaine droite américaine, notamment sur Mitt Romney. Elle allait jusqu'à juger comme immoraux les programme soçiaux.
    La réussite et l'enrichissement individuels comme idéal, l'égoïsme comme horizon: c'est devenu le leitmotiv du monde des affaires, contre l'exigence de solidarité sociale demandée par Roosevelt.
  L'idéal est l' individu sans liens...:, comme si ce pouvait être un but assignable, une réalité vivante.
    Un retour à l'"individualisme possessif", terreau et conséquence de la "révolution conservatrice" chère à Margaret Thatcher, fidèle lectrice de Hayek,Friedman, De von Mises...

    Rand est passée de fait de l'individualisme radical à l'éloge du conformisme néolibéral, qui s'emploie à dissoudre les liens de solidarité et à désarmer l'individu face aux pressions marchandes.

Un retour à l'"individualisme possessif", pointé déjà par Hobbes.
Même beaucoup de ceux qui défendent encore la pensée de Ayn Rand voient assez vite les impasses où elle conduit.
     Et, pour le moins, la philosophie ultralibérale d’Ayn Rand passe mal de la théorie à la pratique 
       A l'heure où les valeurs de solidarité sont en baisse, de dérégulations en prétendues "modernisations", on peut encore lire Rand, comme vaccin pour s'immuniser un peu plus contre un certain individualisme, valeur en hausse dans le monde du business et de la société imprégnée par les valeurs mercantiles, où l'Etat minimal apparaît comme un frein ( "l'Etat est le problème", disait Reagan) mais destructeur du tissu social et source de violences.    __________________

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