mardi 13 mars 2012

Sarkozysme en question

Objet politique mal identifié

Il ne suffit pas de dire, comme le font les Français, que leur nation a été surprise. On ne pardonne pas à une nation, pas plus qu’à une femme, le moment de faiblesse où le premier aventurier venu a pu leur faire violence" ( Le 18 Brumaire_)

__L'enfant de Neuilly: un aventurier de la politique?
...qui a donné à la Présidence un visage si particulier qu'il semble qu'il ne soit pas destiné à durer, à se perpétuer, du moins sous cette forme, qui a fait sa spécificité, son caractère atypique mais aussi sa faiblesse.
L'hyperprésidence portait en elle-même son déclin.

Il y a crise au Palais .Le bilan est son boulet, disait quelqu'un...
__Un bilan encore difficile à faire.
Comme toujours, dans l'histoire, il faut du temps et du recul pour juger de la signification et de l'importance ou non d'une phase politique particulière.
L'enfant de Neuilly, Janus insaisissable, est complexe et pragmatique, avec beaucoup de fers au feu.
Venu au pouvoir au terme d'une ascension programmée et obstinée, porté par des intérêts politiques très précis, un droite très particulière, voulant en découdre avec l'état social hérité de la Libération, en phase avec la montée de l'
esprit d'un capitalisme financier ultralibéral agressif et décomplexé, se prétendant au début sans ambition aucune, vierge de tous préjugé ( « Je ne suis pas un théoricien, je ne suis pas un idéologue, je ne suis pas un intellectuel » - Interview télévisée du 20/06/07), laissant poindre déjà son antiintellectualisme et sa volonté forcée de "faire peuple".
_Que retiendra-t-on de son passage: un météore filant dans l'histoire avant de disparaître aussi vite de l'espace politique ou un choc ayant produit une empreinte profonde et durable, dans la gestion cynique des affaires publiques?
Toute étoile a une vie finie , mais celle-ci brille encore , même si son éclat pâlit, si elle semble aller sur so
n déclin, sa phase terminale. Pour durer, elle tente d'inverser le processus en décrétant un changement de trajectoire, en se reniant verbalement, en nous faisant du Marine ou du Mélenchon...
___Beaucoup de penseurs et de journalistes ont tenté de cerner l'homme et son projet
_Badiou s'est essayé très tôt à le faire: c'est le plus daté.
_Il fut sans aucun doute un
déconstructeur du gaullisme, ou de ce qu'il en restait, de ses liens avec un étatisme social, poussant plus loin l'héritage giscardien.
_Un
décliniste? Sans doute, en surdramatisant les risques et les dangers, sans donner les moyens du redressement
_Un affairisme? Par un singulier mélange d'intérêts publics et privés, très certainement. Certaines affaires sont encore dans toutes les mémoires (2)
_Un autoritarisme? par certains côtés sûrement. Rarement autant de pouvoirs présidentiels n'ont été concentrés dans une cellule élyséenne aussi réduite, le parlement jouant un rôle croupion.
_Une forme de berlusconisme? Oui, par ses frasques, ses aspects outranciers et provocateurs. Le bling bling est passé par là et laisse des traces.
_Un chef de clan? Au sens de défenseurs de certains privilèges, oui. Les grandes fortunes sont reconnaissantes.
_Un pragmatisme ? comme le pense Rosanvallon. Pas faux.
_Le premier président postmoderne de la Ve République", opérant un renversement de valeurs , comme le suggère Gauchet ("NS n'a tout simplement pas le sens de l'Etat")
?
_Une sorte de bonapartisme de notre temps, comme le pense A.Garrigou? Il y a de cela.
_Un marqueur de l'esprit du temps, sans aucun doute.Il est le produit de son époque, de l'argent-roi et fou et de la télé...
_Un activisme permanent, mettant en scène en son propre personnage et sa propre action, un auteur-acteur rusé de storytelling, gérant habilement un calendrier qu'il impose autour de lui.
_____On n'a pas fini de s'interroger, tant l'homme a provoqué fascination, ambivalence, crispation, rejet, jusque dans son propre camp ou ses premiers fidèles.
Il se peut, estiment d'autres, que la chute de Nicolas Sarkozy ne signifiera pas la fin du sarkozime, qui perdurera sous une autre forme...
Attendons, mais il semble plutôt que le rejet sera finalement si important qu'il ne survivra pas sous ses traits les plus saillants et que l'accentuation de la crise contraindra son successeur probable à une forme moins ostensible et narcissique du pouvoir, à un profil plus modeste, à une politique plus redistributive, ce qui ne sera pas difficile...
Si on voulait trouver une synthèse assez incisive, on pourrait lire cette petite analyse, engagée, bien entendu.
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La campagne sarkozienne vue par nos voisins

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