* Homo connecticus: dormir moins pour consommer plus
* Boutin: républicaine malgré elle
* Que faire de la dette ?
Vrai et faux problème
* Sont fous ces Chinois! La valise a de l'avenir
* Partenariat transatlantique: catastrophe à venir
Ce traité qui nous attend
* Le paradoxe de FOG: Copé, quel talent! oui mais...
* Ecole: là où ça cloche
* Tsunami frontiste: vraiment?
L'effet d'un trou noir démocratique
* Redistribution: urgence
* Europe: fétiche encombrant?
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-Semaine en images
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CARNET DE BORD D'UN PASSEUR FATIGUE MAIS EVEILLE...QUI NE VEUT PAS MOURIR (TROP) IDIOT. _____________________________________________________ " Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile." [Thucydide]--------------------- " Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti " [A.Camus]
vendredi 30 mai 2014
jeudi 29 mai 2014
Dette publique, encore
La dette! la dette!...
L'ombre de la dette pèse sur notre quotidien. Qu'on en parle ou non, elle entre par la porte ou par la fenêtre dans le discours politique sur les grandes orientations économiques et pèse sur les esprits comme sur le pouvoir d'achat.
Comment en sortir, mais surtout comment se libérer du discours dominant qui en parle ad nauseam?
Non pas qu'elle n'existe pas, elle a toujours existé, aussi loin que l'on remonte, sans mettre en péril les grands équilibres économiques, mais son poids, son sens, son origine et ses mécanismes ne sont que très rarement interrogés. L'Allemagne elle-même a vu par le passé sa dette annulée plusieurs fois. Depuis quelques années, des verrous idéologiques commencent à sauter.
Certains banquiers apportent des éclaircissements nouveaux sur la question.
Des économistes, non asservis au système, font un diagnostic éclairant sur la vraie nature de cette dette, à la lumière de l'histoire et de l'expérience grecque sans solution..
Fait nouveau, le « Collectif pour un audit citoyen de la dette publique » dévoile ce mardi un rapport important. Ruinant la doxa libérale selon laquelle le pays vivrait au-dessus de ses moyens, il établit que la dette publique aurait été limitée à 43 % du PIB en 2012, au lieu des 90 % constatés, si la France ne s'était pas lancée dans une course folle aux baisses d'impôt et avait refusé de se soumettre à des taux d'intérêt exorbitants...
Le rapport part d’abord des arguments qui sont le plus souvent donnés dans le débat public, pour justifier la politique d’austérité : « Tout se passe comme si la réduction des déficits et des dettes publiques était aujourd’hui l’objectif prioritaire de la politique économique menée en France comme dans la plupart des pays européens. La baisse des salaires des fonctionnaires, ou le pacte dit "de responsabilité" qui prévoit 50 milliards supplémentaires de réduction des dépenses publiques, sont justifiés au nom de cet impératif. Le discours dominant sur la montée de la dette publique fait comme si son origine était évidente : une croissance excessive des dépenses publiques. »
En quelque sorte, voilà le refrain que l’on nous serine perpétuellement : le pays vit bel et bien au-dessus de ses moyens ; et nous avons l’irresponsabilité de vivre à crédit, reportant de manière égoïste sur nos enfants ou nos petits-enfants le poids des dépenses inconsidérées que nous engageons aujourd’hui. Qui n’a entendu ces messages culpabilisants ? Les néolibéraux de tous bords le répètent à l’envi aussi bien dans le cas des dépenses de l’État, qui seraient exorbitantes, que dans le cas de la protection sociale. Ainsi la France financerait-elle son modèle social à crédit...
... La dette publique a donc été le prétexte au cours de ces dernières années d’un formidable mouvement de « redistribution à l’envers », ou si l’on préfère d’un immense mouvement de transferts de revenus puisque si les hauts revenus sont doublement gagnants, les bas revenus, eux, sont perdants, étant conviés en bout de course à supporter le poids du plan d’austérité pris pour contenir l’explosion de la dette. En résumé, ce que les hauts revenus gagnent au travers des baisses d'impôt ou de la politique de l'argent cher, ce sont les revenus modestes qui le financent au travers de la politique d'austérité.
Au lendemain des élections européennes, ce rapport est donc bienvenu, parce qu’il montre qu’une autre politique économique est possible. Quelques esprits chagrins pourront ergoter sur la pertinence de telle ou telle hypothèse prise dans ces simulations. Il reste que cette immense redistribution à l’envers est indiscutable, et que le grand mérite de ce rapport est de le montrer, ruinant du même coup l’arnaque néolibérale selon laquelle le pays vivrait au-dessus de ses moyens..".
___________________59% de la dette publique publique proviennent des cadeaux fiscaux et des taux d’intérêt excessifs.
Le discours convenu sur la dette repose sur un mensonge : elle ne vient pas d'une orgie de dépenses publiques, mais de l'érosion organisée des recettes fiscales. Les niches et les cadeaux consentis aux ménages les plus riches et aux grandes entreprises se sont multipliés à l'infini. En empruntant sur les marchés financiers pour financer ces déficits, les États se sont encore enfoncés davantage, puisqu'ils ont dû payer des taux d'intérêts souvent excessifs.
Cette dette est donc largement illégitime. La crise financière de 2008, la récession et le sauvetage des banques ont alourdi le boulet. Affolés par l'envolée des dettes publiques les marchés financiers se sont alors mis à spéculer contre les États qui les ont sauvés. Dans toute l'Europe, des plans d'austérité drastiques déferlent pour " rassurer les marchés ". Mais en voulant nous faire payer la crise financière, les gouvernements nous enfoncent dans la récession et sacrifient les investissements vitaux pour la reconversion écologique de l'économie.
Les Etats cèdent devant les banques, qui ont été réformées trop peu, trop tard, comme le rappelle utilement un banquier lui-même, comme un examen un peu approfondi le montre assez bien. La rente a pris le dessus sur le travail, depuis les années 70.
600 milliards manquent à la France
________La question de la dette, arme de destruction massive, et de sa révision éventuelle est une vieille affaire.
Avant qu'il ne soit trop tard, il serait nécessaire de penser l'effacement, au moins partiel de la dette, ou sa renégociation. Il faudra de toutes manières y venir un jour, vu son ampleur dans certains pays. (*) L'Allemagne elle-même en a bénéficié plusieurs fois. Une sortie par le haut, n'est pas une question utopique. La prix exigé pour la payer est tel quelle n'est pas acceptable.
_________________
(*) 1- Japon : dette publique de 242,3 % du PIB _ 2- Grèce : dette publique de 174 % du P _ 3- Italie : dette publique de 133,1 % du PIB _ 4- Portugal : dette publique de 125,3 % du PIB _ 5- Irlande : dette publique de 121 % du PIB _ 6- Etats-Unis : 107,3 % du PIB. _ 7- Espagne : 99,1 % du PIB. _ 8- Royaume-Uni : 95,3 % du PIB._ 9- France : 94,8 % du PIB.
La France se situe dans la moyenne des pays européens.
Malgré ses excédents commerciaux, L'Allemagne ne se prive pas, dans la crise actuelle, de se présenter en modèle pour le reste des pays européens dans la gestion de sa dette publique. Et pourtant. Dans une étude publiée en février et reprise mardi dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung,, deux économistes, Lars Feld et Ekkehard Köhler, montrent que le niveau de la dette allemande n'est historiquement pas soutenable.
En établissant un comparatif depuis 1850, soit 21 ans avant l'unification allemande, l'étude montre que le niveau actuel de la dette publique allemande, 82 % du PIB, est le plus élevé en temps de paix si l'on exclut l'année 1923 marquée par l'hyperinflation. Jusqu'au début des années 2000, le plus haut historique touché par la dette allemande en temps de paix avait été de 60 % du PIB. "Record" atteint à trois reprises : deux fois sous l'empire en 1892 et en 1909, puis, après la réunification à la fin des années 1990.
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L'ombre de la dette pèse sur notre quotidien. Qu'on en parle ou non, elle entre par la porte ou par la fenêtre dans le discours politique sur les grandes orientations économiques et pèse sur les esprits comme sur le pouvoir d'achat.
Comment en sortir, mais surtout comment se libérer du discours dominant qui en parle ad nauseam?
Non pas qu'elle n'existe pas, elle a toujours existé, aussi loin que l'on remonte, sans mettre en péril les grands équilibres économiques, mais son poids, son sens, son origine et ses mécanismes ne sont que très rarement interrogés. L'Allemagne elle-même a vu par le passé sa dette annulée plusieurs fois. Depuis quelques années, des verrous idéologiques commencent à sauter.
Certains banquiers apportent des éclaircissements nouveaux sur la question.
Des économistes, non asservis au système, font un diagnostic éclairant sur la vraie nature de cette dette, à la lumière de l'histoire et de l'expérience grecque sans solution..
Fait nouveau, le « Collectif pour un audit citoyen de la dette publique » dévoile ce mardi un rapport important. Ruinant la doxa libérale selon laquelle le pays vivrait au-dessus de ses moyens, il établit que la dette publique aurait été limitée à 43 % du PIB en 2012, au lieu des 90 % constatés, si la France ne s'était pas lancée dans une course folle aux baisses d'impôt et avait refusé de se soumettre à des taux d'intérêt exorbitants...
Le rapport part d’abord des arguments qui sont le plus souvent donnés dans le débat public, pour justifier la politique d’austérité : « Tout se passe comme si la réduction des déficits et des dettes publiques était aujourd’hui l’objectif prioritaire de la politique économique menée en France comme dans la plupart des pays européens. La baisse des salaires des fonctionnaires, ou le pacte dit "de responsabilité" qui prévoit 50 milliards supplémentaires de réduction des dépenses publiques, sont justifiés au nom de cet impératif. Le discours dominant sur la montée de la dette publique fait comme si son origine était évidente : une croissance excessive des dépenses publiques. »
En quelque sorte, voilà le refrain que l’on nous serine perpétuellement : le pays vit bel et bien au-dessus de ses moyens ; et nous avons l’irresponsabilité de vivre à crédit, reportant de manière égoïste sur nos enfants ou nos petits-enfants le poids des dépenses inconsidérées que nous engageons aujourd’hui. Qui n’a entendu ces messages culpabilisants ? Les néolibéraux de tous bords le répètent à l’envi aussi bien dans le cas des dépenses de l’État, qui seraient exorbitantes, que dans le cas de la protection sociale. Ainsi la France financerait-elle son modèle social à crédit...
... La dette publique a donc été le prétexte au cours de ces dernières années d’un formidable mouvement de « redistribution à l’envers », ou si l’on préfère d’un immense mouvement de transferts de revenus puisque si les hauts revenus sont doublement gagnants, les bas revenus, eux, sont perdants, étant conviés en bout de course à supporter le poids du plan d’austérité pris pour contenir l’explosion de la dette. En résumé, ce que les hauts revenus gagnent au travers des baisses d'impôt ou de la politique de l'argent cher, ce sont les revenus modestes qui le financent au travers de la politique d'austérité.
Au lendemain des élections européennes, ce rapport est donc bienvenu, parce qu’il montre qu’une autre politique économique est possible. Quelques esprits chagrins pourront ergoter sur la pertinence de telle ou telle hypothèse prise dans ces simulations. Il reste que cette immense redistribution à l’envers est indiscutable, et que le grand mérite de ce rapport est de le montrer, ruinant du même coup l’arnaque néolibérale selon laquelle le pays vivrait au-dessus de ses moyens..".
___________________59% de la dette publique publique proviennent des cadeaux fiscaux et des taux d’intérêt excessifs.
Le discours convenu sur la dette repose sur un mensonge : elle ne vient pas d'une orgie de dépenses publiques, mais de l'érosion organisée des recettes fiscales. Les niches et les cadeaux consentis aux ménages les plus riches et aux grandes entreprises se sont multipliés à l'infini. En empruntant sur les marchés financiers pour financer ces déficits, les États se sont encore enfoncés davantage, puisqu'ils ont dû payer des taux d'intérêts souvent excessifs.
Cette dette est donc largement illégitime. La crise financière de 2008, la récession et le sauvetage des banques ont alourdi le boulet. Affolés par l'envolée des dettes publiques les marchés financiers se sont alors mis à spéculer contre les États qui les ont sauvés. Dans toute l'Europe, des plans d'austérité drastiques déferlent pour " rassurer les marchés ". Mais en voulant nous faire payer la crise financière, les gouvernements nous enfoncent dans la récession et sacrifient les investissements vitaux pour la reconversion écologique de l'économie.
Les Etats cèdent devant les banques, qui ont été réformées trop peu, trop tard, comme le rappelle utilement un banquier lui-même, comme un examen un peu approfondi le montre assez bien. La rente a pris le dessus sur le travail, depuis les années 70.
600 milliards manquent à la France
________La question de la dette, arme de destruction massive, et de sa révision éventuelle est une vieille affaire.
Avant qu'il ne soit trop tard, il serait nécessaire de penser l'effacement, au moins partiel de la dette, ou sa renégociation. Il faudra de toutes manières y venir un jour, vu son ampleur dans certains pays. (*) L'Allemagne elle-même en a bénéficié plusieurs fois. Une sortie par le haut, n'est pas une question utopique. La prix exigé pour la payer est tel quelle n'est pas acceptable.
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(*) 1- Japon : dette publique de 242,3 % du PIB _ 2- Grèce : dette publique de 174 % du P _ 3- Italie : dette publique de 133,1 % du PIB _ 4- Portugal : dette publique de 125,3 % du PIB _ 5- Irlande : dette publique de 121 % du PIB _ 6- Etats-Unis : 107,3 % du PIB. _ 7- Espagne : 99,1 % du PIB. _ 8- Royaume-Uni : 95,3 % du PIB._ 9- France : 94,8 % du PIB.
La France se situe dans la moyenne des pays européens.
Malgré ses excédents commerciaux, L'Allemagne ne se prive pas, dans la crise actuelle, de se présenter en modèle pour le reste des pays européens dans la gestion de sa dette publique. Et pourtant. Dans une étude publiée en février et reprise mardi dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung,, deux économistes, Lars Feld et Ekkehard Köhler, montrent que le niveau de la dette allemande n'est historiquement pas soutenable.
En établissant un comparatif depuis 1850, soit 21 ans avant l'unification allemande, l'étude montre que le niveau actuel de la dette publique allemande, 82 % du PIB, est le plus élevé en temps de paix si l'on exclut l'année 1923 marquée par l'hyperinflation. Jusqu'au début des années 2000, le plus haut historique touché par la dette allemande en temps de paix avait été de 60 % du PIB. "Record" atteint à trois reprises : deux fois sous l'empire en 1892 et en 1909, puis, après la réunification à la fin des années 1990.
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mercredi 28 mai 2014
Paradis bien de chez nous
Si proches...
Inutile d'aller très loin pour jouir du paradis, inutile de faire des rêves exotiques pour y avoir accès.
Traversez le Channel, en passant par quelques charmantes iles anglo-normandes, franchissez le Quiévrain, osez le Luxembourg austère ou la Suisse riante, il est à notre portée, là, en Europe.
A plusieurs visages.
Concentré dans le petite et très sérieuse City, réparti discrètement dans quelques charmantes villes helvètes, niché dans quelques petites principautés...
Il vous attend, si vous avez beaucoup à cacher au méchant fisc de votre pays, à l'horrible spoliation, si vous ne vous sentez pas concerné par la solidarité publique et l'effort national, en suivant la pente si facile de la mondialisation financière.
Des milliards, comme s'il en pleuvait... qui ne s'investissent pas, qui font un peu désordre dans l'effort de redressement national et de maintien du niveau de vie, de restauration des finances nationales, pompant les richesses avec discrétion et sophistication. Le monde paisible des rentiers...
Il n'est pas nécessaire de s'exiler pour cela. Pas besoin de déménager ou même de transporter des valises, comme au bon vieux temps. La grande évasion peut se faire sans risque, si l'on a de bons conseillers fiscalistes...Même pas besoin d'être une multinationale puissante. Optimisons, qu'ils disent...
L'Europe des dumping divers et variés se satisfait des frontières fiscales poreuses. Mr Junker est d'un silence assourdissant sur ce sujet.
Des promesses ont été faites, des occasions ont été manquées. Des éclats de voix sans portée. Pour les réformes de fond, on est prié d'attendre. On a à peine ouvert quelques brèches. La finance n'est plus l'adversaire...
La pompe à phynance continue de plus belle. Le dopage financier est toujours à l'ordre du jour.
___________ L' Europe est bien toujours un paradis fiscal
Au cœur de l’économie...
" Cette vérité émerge trop peu, malgré les efforts des Verts, ou de Nouvelle Donne, qui y consacrait une de ses dernières conférence de presse avant l’élection européenne. Les programmes des partis en lice ce 25 mai ne sont guère diserts sur la question. « Tous les ans, l’évasion fiscale permet de cacher 60 à 80 milliards d’euros, rien que pour la France. C’est environ 20 % des impôts français qui sont soustraits », rappelle Eva Joly. Dans le monde, on estime que 26 000 milliards de dollars sont gérés dans les paradis fiscaux, ce qui correspond à plus d’un tiers du PIB mondial.
Ces faits commencent à être connus. Mais qui a compris que dans cet océan de fraude, les riches particuliers pèsent relativement peu, au contraire des mastodontes de l’entreprise ? « Les deux tiers des fonds cachés dans les paradis fiscaux appartiennent à des entreprises », souligne Eva Joly.
De ces rois de l’optimisation fiscale agressive, Apple, Google ou Microsoft sont aujourd’hui devenus les symboles, par leur capacité à payer moins de 3 % d’impôts sur leurs bénéfices. Mediapart a détaillé ici tous les trucs et astuces utilisés par ces artistes de l’évasion fiscale, que l’OCDE tente de combattre par un vaste plan censé se mettre en place à partir de 2015.
Mais les géants du net sont loin d’être les seuls à jongler avec les montages fiscaux pour échapper à l’impôt. Un coup d’œil au classement des sociétés américaines détenant le plus de cash à l’étranger, bien à l’abri des 40 % de l’impôt américain sur les sociétés, est édifiant. General Electric détient 110 milliards d’euros dans des places offshore. Microsoft approche les 80 milliards, suivi par les laboratoires pharmaceutiques Pfizer et Merck. Et qui doivent remercier ces groupes acharnés à réduire leurs taxes, au mépris de leurs concurrents et des citoyens lambda, qui, eux, règlent leurs impôts ? On ne le dit presque jamais, mais dans leur immense majorité, les pros de l’optimisation peuvent donner un grand coup de chapeau à… l’Union européenne. Car pour une multinationale bien conseillée, qu’elle soit américaine, française ou allemande d’origine, l’Europe a de furieux airs de paradis fiscal.
C’est parce que l’Irlande et les Pays-Bas permettent aux entreprises de curieuses manœuvres fiscales, surnommées « double irlandais » et « sandwich hollandais », que les multinationales américaines parviennent à stocker leurs bénéfices dans d’accueillantes juridictions offshore sans débourser un centime ou presque.
C’est parce que ces pays, mais aussi le Luxembourg, la Belgique ou la Grande-Bretagne, tendent une oreille compréhensive aux lobbyistes du secteur que les mesures de défiscalisation bien ciblées s’empilent sur le continent, aboutissant à des taux d’impôt sur les sociétés bien éloignés des 24 % à 34 % officiels selon les pays.
Et c’est parce qu’aucun État-membre de poids n’ose ou ne souhaite briser ce statu quo que cette « course vers le fond » (pour reprendre l’expression du think tank britannique Institute for fiscal studies) se poursuit en Europe.
La mécanique date de plusieurs dizaines d’années, comme le soulignait récemment l’excellent livre du journaliste belge Éric Walravens faisant le point sur le « dumping fiscal » organisé partout sur le continent. Si l'on s'en tient aux données officielles, comme le dernier rapport d’Eurostat sur le sujet, la situation est déjà préoccupante. L’institut européen de statistiques indique que « les taux de taxes sur les bénéfices des entreprises ont été vigoureusement coupés depuis le milieu des années 1990 » dans les pays-membres de l’UE, passant d’une moyenne de 35,3 % à 23,5 % en 2013 ! Eurostat constate que cette tendance a ralenti, puis a stoppé, les taux étant stable en moyenne pour la période 2012-2013, « avec même une légère augmentation dans la zone euro ».
Rien de trop inquiétant, en apparence, donc ? Il est permis d’en douter. Car ces taux nominaux cachent des disparités ahurissantes, au bénéfice exclusif des plus grandes entreprises, capables de payer des armées de fiscalistes et de multiplier les filiales partout dans le monde pour écraser au maximum leur taux d’imposition. Et elles s’en tirent magnifiquement bien. La preuve de ces pratiques est gracieusement fournie par le bureau d’analyse économique américain, qui analyse les régimes d’imposition des entreprises américaines dans une cinquantaine de pays.
C’est l’universitaire spécialiste ès systèmes fiscaux, professeur au Trinity college de Dublin, Jim Stewart, qui a récemment rappelé la réalité dans une note décapante. En 2011, les entreprises américaines en Europe avaient payé, au titre de l’impôt sur leurs bénéfices, 2,2 % de taxes en Irlande, 2,4 % au Luxembourg, et 3,4 % aux Pays-Bas ! Pas si loin des 0,4 % pratiqués par les Bermudes… L’Allemagne leur applique quant à elle un taux de 20 %, et la France, celui de 35,9 % (les taux officiels y sont respectivement de 29 % et de 33,3 %)."
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Inutile d'aller très loin pour jouir du paradis, inutile de faire des rêves exotiques pour y avoir accès.
Traversez le Channel, en passant par quelques charmantes iles anglo-normandes, franchissez le Quiévrain, osez le Luxembourg austère ou la Suisse riante, il est à notre portée, là, en Europe.
A plusieurs visages.
Concentré dans le petite et très sérieuse City, réparti discrètement dans quelques charmantes villes helvètes, niché dans quelques petites principautés...
Il vous attend, si vous avez beaucoup à cacher au méchant fisc de votre pays, à l'horrible spoliation, si vous ne vous sentez pas concerné par la solidarité publique et l'effort national, en suivant la pente si facile de la mondialisation financière.
Des milliards, comme s'il en pleuvait... qui ne s'investissent pas, qui font un peu désordre dans l'effort de redressement national et de maintien du niveau de vie, de restauration des finances nationales, pompant les richesses avec discrétion et sophistication. Le monde paisible des rentiers...
Il n'est pas nécessaire de s'exiler pour cela. Pas besoin de déménager ou même de transporter des valises, comme au bon vieux temps. La grande évasion peut se faire sans risque, si l'on a de bons conseillers fiscalistes...Même pas besoin d'être une multinationale puissante. Optimisons, qu'ils disent...
L'Europe des dumping divers et variés se satisfait des frontières fiscales poreuses. Mr Junker est d'un silence assourdissant sur ce sujet.
Des promesses ont été faites, des occasions ont été manquées. Des éclats de voix sans portée. Pour les réformes de fond, on est prié d'attendre. On a à peine ouvert quelques brèches. La finance n'est plus l'adversaire...
La pompe à phynance continue de plus belle. Le dopage financier est toujours à l'ordre du jour.
___________ L' Europe est bien toujours un paradis fiscal
Au cœur de l’économie...
" Cette vérité émerge trop peu, malgré les efforts des Verts, ou de Nouvelle Donne, qui y consacrait une de ses dernières conférence de presse avant l’élection européenne. Les programmes des partis en lice ce 25 mai ne sont guère diserts sur la question. « Tous les ans, l’évasion fiscale permet de cacher 60 à 80 milliards d’euros, rien que pour la France. C’est environ 20 % des impôts français qui sont soustraits », rappelle Eva Joly. Dans le monde, on estime que 26 000 milliards de dollars sont gérés dans les paradis fiscaux, ce qui correspond à plus d’un tiers du PIB mondial.
Ces faits commencent à être connus. Mais qui a compris que dans cet océan de fraude, les riches particuliers pèsent relativement peu, au contraire des mastodontes de l’entreprise ? « Les deux tiers des fonds cachés dans les paradis fiscaux appartiennent à des entreprises », souligne Eva Joly.
De ces rois de l’optimisation fiscale agressive, Apple, Google ou Microsoft sont aujourd’hui devenus les symboles, par leur capacité à payer moins de 3 % d’impôts sur leurs bénéfices. Mediapart a détaillé ici tous les trucs et astuces utilisés par ces artistes de l’évasion fiscale, que l’OCDE tente de combattre par un vaste plan censé se mettre en place à partir de 2015.
Mais les géants du net sont loin d’être les seuls à jongler avec les montages fiscaux pour échapper à l’impôt. Un coup d’œil au classement des sociétés américaines détenant le plus de cash à l’étranger, bien à l’abri des 40 % de l’impôt américain sur les sociétés, est édifiant. General Electric détient 110 milliards d’euros dans des places offshore. Microsoft approche les 80 milliards, suivi par les laboratoires pharmaceutiques Pfizer et Merck. Et qui doivent remercier ces groupes acharnés à réduire leurs taxes, au mépris de leurs concurrents et des citoyens lambda, qui, eux, règlent leurs impôts ? On ne le dit presque jamais, mais dans leur immense majorité, les pros de l’optimisation peuvent donner un grand coup de chapeau à… l’Union européenne. Car pour une multinationale bien conseillée, qu’elle soit américaine, française ou allemande d’origine, l’Europe a de furieux airs de paradis fiscal.
C’est parce que l’Irlande et les Pays-Bas permettent aux entreprises de curieuses manœuvres fiscales, surnommées « double irlandais » et « sandwich hollandais », que les multinationales américaines parviennent à stocker leurs bénéfices dans d’accueillantes juridictions offshore sans débourser un centime ou presque.
C’est parce que ces pays, mais aussi le Luxembourg, la Belgique ou la Grande-Bretagne, tendent une oreille compréhensive aux lobbyistes du secteur que les mesures de défiscalisation bien ciblées s’empilent sur le continent, aboutissant à des taux d’impôt sur les sociétés bien éloignés des 24 % à 34 % officiels selon les pays.
Et c’est parce qu’aucun État-membre de poids n’ose ou ne souhaite briser ce statu quo que cette « course vers le fond » (pour reprendre l’expression du think tank britannique Institute for fiscal studies) se poursuit en Europe.
La mécanique date de plusieurs dizaines d’années, comme le soulignait récemment l’excellent livre du journaliste belge Éric Walravens faisant le point sur le « dumping fiscal » organisé partout sur le continent. Si l'on s'en tient aux données officielles, comme le dernier rapport d’Eurostat sur le sujet, la situation est déjà préoccupante. L’institut européen de statistiques indique que « les taux de taxes sur les bénéfices des entreprises ont été vigoureusement coupés depuis le milieu des années 1990 » dans les pays-membres de l’UE, passant d’une moyenne de 35,3 % à 23,5 % en 2013 ! Eurostat constate que cette tendance a ralenti, puis a stoppé, les taux étant stable en moyenne pour la période 2012-2013, « avec même une légère augmentation dans la zone euro ».
Rien de trop inquiétant, en apparence, donc ? Il est permis d’en douter. Car ces taux nominaux cachent des disparités ahurissantes, au bénéfice exclusif des plus grandes entreprises, capables de payer des armées de fiscalistes et de multiplier les filiales partout dans le monde pour écraser au maximum leur taux d’imposition. Et elles s’en tirent magnifiquement bien. La preuve de ces pratiques est gracieusement fournie par le bureau d’analyse économique américain, qui analyse les régimes d’imposition des entreprises américaines dans une cinquantaine de pays.
C’est l’universitaire spécialiste ès systèmes fiscaux, professeur au Trinity college de Dublin, Jim Stewart, qui a récemment rappelé la réalité dans une note décapante. En 2011, les entreprises américaines en Europe avaient payé, au titre de l’impôt sur leurs bénéfices, 2,2 % de taxes en Irlande, 2,4 % au Luxembourg, et 3,4 % aux Pays-Bas ! Pas si loin des 0,4 % pratiqués par les Bermudes… L’Allemagne leur applique quant à elle un taux de 20 %, et la France, celui de 35,9 % (les taux officiels y sont respectivement de 29 % et de 33,3 %)."
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mardi 27 mai 2014
Grèce: chiffres bruts
... Réalité brutale
Quiconque va en Grèce, autrement qu' en touriste pressé, se trouve confronté à un véritable désastre social.
Le visage de la Grèce n'est plus ce qu'il était.
Une crise de subprime menace, s'ajoutant aux malheurs quotidiens de plus défavorisés.
Le pays est au bout du rouleau, n'en déplaise à Mr Junker et son optimisme de commande (à distance)
La voie de la guérison, annoncée par Barroso et Mme Merkel, nul Grec ne la voit venir, sauf peut-être quelques favorisés et les investisseurs étrangers qui viennent se servir à la grande braderie et embaucher dans les conditions les plus favorables.
La médecine de Molière, avec purges et saignées, continue de produire ses effets. Si le malade ne meurt pas guéri, le rétablissement, problématique, demandera peut-être des dizaines d'années...
La crise sanitaire qui sévit n'émeut personne à Bruxelles.
Le problème grec n'est pas que grec, c'est aussi une faillite européenne.
Sans la demande pressante de VGE, qui reconnut plus tard que "la décision de faire participer la Grèce à la monnaie unique était une grave erreur", la Grèce ne serait pas entrée dans une machine qui a fini par la broyer, avec le consentement de ses élites corrompues et le soutien de Goldman Sachs, mais aurait suivi son propre chemin, à son rythme propre, faisant peu à peu les réformes qui s'imposaient..
Jamais A. Merkel, surtout soucieuse de sauver les banques allemandes, ne reconnaîtra cette faillite et la participation de banques allemandes à l'endettement du pays. Et elle sait que la Grèce ne peut être abandonnée sans mettre en péril tout l'édifice européen.
Pendant ce temps, Aube dorée fait son beurre dans la désolation
Une lueur d'espoir: le peuple grec en état de choc va-t-il se réveiller à la suite de la percée de Syriza
aux élections européennes?
On oublie vite ce qui se joue dans le pays d'Aristote et de Démosthène. Une violence silencieuse. On a toujours besoin d'une piqûre de rappel concernant l'origine de la crise grecque...
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Quiconque va en Grèce, autrement qu' en touriste pressé, se trouve confronté à un véritable désastre social.
Le visage de la Grèce n'est plus ce qu'il était.
Une crise de subprime menace, s'ajoutant aux malheurs quotidiens de plus défavorisés.
Le pays est au bout du rouleau, n'en déplaise à Mr Junker et son optimisme de commande (à distance)
La voie de la guérison, annoncée par Barroso et Mme Merkel, nul Grec ne la voit venir, sauf peut-être quelques favorisés et les investisseurs étrangers qui viennent se servir à la grande braderie et embaucher dans les conditions les plus favorables.
La médecine de Molière, avec purges et saignées, continue de produire ses effets. Si le malade ne meurt pas guéri, le rétablissement, problématique, demandera peut-être des dizaines d'années...
La crise sanitaire qui sévit n'émeut personne à Bruxelles.
Le problème grec n'est pas que grec, c'est aussi une faillite européenne.
Sans la demande pressante de VGE, qui reconnut plus tard que "la décision de faire participer la Grèce à la monnaie unique était une grave erreur", la Grèce ne serait pas entrée dans une machine qui a fini par la broyer, avec le consentement de ses élites corrompues et le soutien de Goldman Sachs, mais aurait suivi son propre chemin, à son rythme propre, faisant peu à peu les réformes qui s'imposaient..
Jamais A. Merkel, surtout soucieuse de sauver les banques allemandes, ne reconnaîtra cette faillite et la participation de banques allemandes à l'endettement du pays. Et elle sait que la Grèce ne peut être abandonnée sans mettre en péril tout l'édifice européen.
Pendant ce temps, Aube dorée fait son beurre dans la désolation
Une lueur d'espoir: le peuple grec en état de choc va-t-il se réveiller à la suite de la percée de Syriza
aux élections européennes?
On oublie vite ce qui se joue dans le pays d'Aristote et de Démosthène. Une violence silencieuse. On a toujours besoin d'une piqûre de rappel concernant l'origine de la crise grecque...
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lundi 26 mai 2014
Rien?
The day after
Aujourd'hui, rien... notait Louis XVI
Aujourd' hui, c'est un séisme...dit Manuel, ne voyant de solution que dans la poursuite accélérée de la même politique, conforme à l'esprit de la Troïka.
C'est le plus sûr moyen d'entraîner la gauche (ou ce qu'il en reste) par le fond.
Le chef de l’Etat, qui n’entend pas changer de cap, apparaît plus fragilisé que jamais.
Cela explique ceci. Perseverare diabolicum...Claque et cap!
Ce n'est pas un phénomène naturel, comme le serait un séisme, c'est l'effet presque prévisible d'un trou noir démocratique.
La sortie de route (la dé-route) était prévisible vu la cécité des responsables.
Avec le montée des extrêmes, les réformes urgentes, exigeant une renégociation des règles de fonctionnement de l'Union et des règles économiques ordolibérales en vigueur, vont se faire dans les plus mauvaises conditions.
La nouvelles donne européenne risque de ne pas connaître le rebond souhaité.
L'Union a largement sa part dans l'absentéisme massif, qui favorise la surreprésentation des extrêmes.
Le déficit de démocratie produit ses effets.
La logique ultralibérale imposé comme un dogme intangible, a neutralisé tout débat et tout approfondissement en opposant le TINA à toutes propositions de changement.
Roosevelt disait en 1932 : “Nos dirigeants républicains nous expliquent que les lois économiques – sacrées, inviolables, immuables – provoquent des mouvements de panique que nul ne peut prévoir. Mais pendant qu’ils déblatèrent sur ces lois économiques, des hommes et des femmes meurent de faim. Nous devons affirmer fermement que les lois économiques ne sont pas faites par la nature. Elles sont faites par les êtres humains. Lorsque nous en aurons la possibilité, le gouvernement prendra toutes ses responsabilités pour soulager la détresse.” (1)
Si nous voulons rompre le cercle vicieux de la seule austérité et impliquer au mieux les citoyens dans les choix, l’Europe devrait à son tour prendre toutes ses responsabilités.
______________
-Les raisons de la colère
-Recadrer le phénomène
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Aujourd'hui, rien... notait Louis XVI
Aujourd' hui, c'est un séisme...dit Manuel, ne voyant de solution que dans la poursuite accélérée de la même politique, conforme à l'esprit de la Troïka.
C'est le plus sûr moyen d'entraîner la gauche (ou ce qu'il en reste) par le fond.
Le chef de l’Etat, qui n’entend pas changer de cap, apparaît plus fragilisé que jamais.
Cela explique ceci. Perseverare diabolicum...Claque et cap!
Ce n'est pas un phénomène naturel, comme le serait un séisme, c'est l'effet presque prévisible d'un trou noir démocratique.
La sortie de route (la dé-route) était prévisible vu la cécité des responsables.
Avec le montée des extrêmes, les réformes urgentes, exigeant une renégociation des règles de fonctionnement de l'Union et des règles économiques ordolibérales en vigueur, vont se faire dans les plus mauvaises conditions.
La nouvelles donne européenne risque de ne pas connaître le rebond souhaité.
L'Union a largement sa part dans l'absentéisme massif, qui favorise la surreprésentation des extrêmes.
Le déficit de démocratie produit ses effets.
La logique ultralibérale imposé comme un dogme intangible, a neutralisé tout débat et tout approfondissement en opposant le TINA à toutes propositions de changement.
Roosevelt disait en 1932 : “Nos dirigeants républicains nous expliquent que les lois économiques – sacrées, inviolables, immuables – provoquent des mouvements de panique que nul ne peut prévoir. Mais pendant qu’ils déblatèrent sur ces lois économiques, des hommes et des femmes meurent de faim. Nous devons affirmer fermement que les lois économiques ne sont pas faites par la nature. Elles sont faites par les êtres humains. Lorsque nous en aurons la possibilité, le gouvernement prendra toutes ses responsabilités pour soulager la détresse.” (1)
Si nous voulons rompre le cercle vicieux de la seule austérité et impliquer au mieux les citoyens dans les choix, l’Europe devrait à son tour prendre toutes ses responsabilités.
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-Les raisons de la colère
-Recadrer le phénomène
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samedi 24 mai 2014
Au fil du net
* Les USA font le ménage...à l'extérieur
Et Goldman Sachs?
* Juncker ou Schulz? A la fin c’est Merkel qui décide.
* Grand marché transatlantique :
tergiversations du Parti socialiste
Ce traité qui nous attend
* Le Portugal va mieux, sauf que...
* Tourisme hospitalier de luxe
Et on manque de chambres!
* Pour l'Europe sexy
Qui est, que peut Matin Schultz?
* Kafkaïen! :L'effet du cloisonnement étanche entre SNCF et RFF.
Bourdes en série
En attendant la réforme...
* Quand les alliés israëliens espionnent
le grand frère.
Comme dans le film Les Patriotes
* Citoyenneté européenne à vendre
__________
-Photos de la semaine
-Mediapart en accès libre pendant 48 heures
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Et Goldman Sachs?
* Juncker ou Schulz? A la fin c’est Merkel qui décide.
* Grand marché transatlantique :
tergiversations du Parti socialiste
Ce traité qui nous attend
* Le Portugal va mieux, sauf que...
* Tourisme hospitalier de luxe
Et on manque de chambres!
* Pour l'Europe sexy
Qui est, que peut Matin Schultz?
* Kafkaïen! :L'effet du cloisonnement étanche entre SNCF et RFF.
Bourdes en série
En attendant la réforme...
* Quand les alliés israëliens espionnent
le grand frère.
Comme dans le film Les Patriotes
* Citoyenneté européenne à vendre
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-Photos de la semaine
-Mediapart en accès libre pendant 48 heures
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vendredi 23 mai 2014
L'Europe fait fausse route.
L'Europe: un objet non identifiable?
Un discours à la peine dans le cadre d'une campagne sans ambition, dénotant l'épuisement d'un projet., entre la langue de bois habituelle et les excès de type libéral ou nationaliste...
Les eurobéats inoxydables (de moins en moins nombreux il est vrai, ou de plus en plus silencieux) reprennent le théorème de Guetta, établi par P. Rimbert selon lequel il y aurait 3 principes intangibles : toute réussite s’explique par l’Europe ; tout échec est imputable au manque d’Europe ; toute réussite et tout échec appellent davantage d’Europe.
Ce mantra, d'essence quasi religieuse, cette croyance naïve ne peut plus fonctionner, car elle défie la réalité et escamote les analyses des dysfonctionnements finalement reconnus par de plus en plus d'individualités de droite (opportunistes?) ou centristes. Même Jean-Louis Bourlanges , inconditionnel de l'UE, exprime sa déception et son désarroi.
Rocard, l'ambigü, tonne: "... l’Europe n’est pas commandée (...) Pis, elle donne l’impression de ne pas le souhaiter et en tout cas, elle ne le peut pas. Elle s’est donnée des règles qui lui interdisent d’être commandée», analyse l’ancien Premier ministre, faisant allusion à la règle de l’unanimité entre les Etats de l’Union qui prévaut dans de nombreux domaines de décision. Et pour lui, «le départ de la Grande-Bretagne est la condition permissive à la reconstruction d’une Europe qui puisse et sache décider». «Pourquoi les pro-européens n’ont-ils jamais osé le dire? C’est l’une des hontes de cette campagne», estime-t-il, ajoutant même que la Grande-Bretagne «est membre de l’Union européenne par malentendu». «Si dans les décennies qui viennent, nous ne construisons pas une Europe qui décide et dans tous les champs du politique, nul ne sait où l’on va», avertit-il encore..."
Du point de vue de sa politique économique et de gestion de la crise, l'Europe fait fausse route.
Cela devient de plus en plus partagé, même si les analyses et les solutions comportent des divergences.
Une nouvelle donne semble cependant se dessiner, dénonçant le déficit politique européen inhérent aux structures existantes, à leur mode de fonctionnement et aux choix assumés:
C'est Naulot, ancien banquier, qui le dit: "Le meilleur moyen de maîtriser la dette publique, ce n’est pas de s’installer dans l’austérité et la déflation mais de sauvegarder la croissance, de tenter de convaincre l’Allemagne que si tous les pays de la zone euro pratiquent l’austérité, si la troïka continue ses opérations commandos en Grèce, la zone euro va droit dans le mur.
Et le meilleur moyen de maîtriser la dette publique c’est aussi d’éviter une nouvelle crise financière en respectant la feuille de route fixée par les G20 de 2008-2009 pour encadrer la finance. Pour le moment, cela n’est malheureusement pas le cas..."
Le dumping social et les paradis fiscaux continuent à miner les institutions, à contredire les principes et à décrédibiliser le discours convenu.
Les promesses de changement ne prennent plus, surtout quand elles viennent de ceux qui sont enracinés à Bruxelles depuis si longtemps, comme M.Barnier.
Un changement à la tête de la Commision ne changera pas grand chose: Juncker ou Schulz ? A la fin c’est Merkel qui décide...
Mais les Allemands découvrent le dessous des cartes.
Il n'y a pas de peuple européen a décrété le tribunal de Karlsruhe..
Tout le problème est là. Ce projet hugolien, s'il est possible dans un proche avenir, reste encore à construire, mais sur d'autres bases.
________________________
Point de vue:
" Par ses travaux sur les structures familiales, Emmanuel Todd est l'un des principaux historiens de sa génération. C'est aussi un témoin engagé de son époque qui peut se flatter de n'avoir jamais été pris en défaut dans ses nombreux essais. Volontiers provocateur, il s'est attiré quelques inimitiés par ses interventions dans la presse et à la télévision mais rares sont les contradicteurs qui s'estiment assez armés pour lui faire front.
Herodote.net : À vous lire, on peut se demander si vous avez le don de prophétie. En 1976, à 25 ans, votre coup d'essai fut un coup de maître car vous avez annoncé dans La Chute finale l'effondrement à moyen terme du système soviétique sans connaître pour autant l'URSS.
Emmanuel Todd : Je vais vous l'avouer, il n'y a rien de miraculeux là-dedans ! Je fais simplement un peu plus attention que d'autres aux chiffres qui traînent partout. Par exemple, mon intuition sur La Chute finale est venue de ce que la mortalité infantile en URSS était en train de fortement remonter. C'est un phénomène exceptionnel et j'y ai vu l'effritement du système. J'en ai conclu que le pouvoir soviétique était condamné à brève échéance.
Plus récemment, en pleine guerre froide irano-américaine, j'ai pronostiqué avec mon ami Youssef Courbage l'entrée dans la modernité de l'Iran et de plusieurs pays arabes (Le Rendez-vous des civilisations, 2007). Ce n'était pas difficile, il suffisait de regarder le nombre d'enfants par femme et le pourcentage d'étudiantes à l'université. En adoptant une rationalité familiale proche des standards occidentaux, ces peuples étaient prêts à se convertir aussi à une nouvelle rationalité démocratique et politique.
En ce qui nous concerne, c'est différent. En écrivant L'invention de l'Europe, en 1990, j'ai pris conscience de l'extrême diversité anthropologique de notre continent et j'y ai vu l'illusion de réduire l'Europe à une construction étatique. Gardons-nous de sacrifier notre diversité car elle est la clé de notre dynamisme.
Pour cette raison, bien que partisan de l'Union européenne, j'ai voté Non au traité de Maastricht qui lançait la monnaie unique et, en 1995, quand mon livre a été réédité, je me suis hasardé à écrire dans la préface : « Soit la monnaie unique ne se fait pas, et L'Invention de l'Europe apparaîtra comme une contribution à la compréhension de certaines impossibilités historiques.
Soit la monnaie unique est réalisée, et ce livre permettra de comprendre dans vingt ans pourquoi une unification étatique imposée en l'absence de conscience collective a produit une jungle plutôt qu'une société. »
Herodote.net : Nous y voilà ! Vous avez donc aussi voté Non au référendum sur le Traité constitutionnel en 2005 ?
Emmanuel Todd : Eh bien, pas du tout ! Quand la monnaie unique est arrivée, j'ai voulu faire preuve d'optimisme en bon citoyen européen et j'ai voté Oui au référendum. Mais la réalité nous a tous rattrapés...
Cela dit, j'ai été scandalisé par le viol du suffrage universel qu'a représenté le passage en force du traité constitutionnel sous le nom de Traité de Lisbonne. J'y vois un tournant historique avec le basculement dans une forme de post-démocratie. L'oligarchie s'assoit sur le suffrage universel... comme en Afghanistan où l'on affecte de prendre au sérieux des scrutins dont on sait pertinemment qu'ils sont massivement truqués. Nos parlementaires sont certes mieux élus mais ils n'ont pas plus de respect pour leurs électeurs et n'ont rien à faire de leur avis. Quand la révolte des Bonnets rouges a éclaté en Bretagne, les élus locaux n'ont rien vu venir et ils ont choisi de détourner les yeux ou de condamner les manifestants. Les discours sur la « fracture sociale » ou le « monde de la finance » ne servent que le temps d'une campagne. Rien à voir par exemple avec les débuts de la IIIe République en France.
Ce fossé entre les élus et les électeurs est bien plus grand encore au Parlement européen en raison du scrutin de liste à la proportionnelle, qui fait qu'on ne choisit pas une personne mais une étiquette, et plus encore parce que ce Parlement ne sert à rien !
Herodote.net : Le Parlement européen ne sert à rien ? Vous exagérez ?
Emmanuel Todd : Pas du tout. Voyez donc. Qu'il s'agisse de la crise financière ou des enjeux géopolitiques en Ukraine ou en Afrique, c'est au Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement, à la Banque Centrale Européenne et à la Commission européenne que se prennent toutes les décisions. Et c'est la Commission européenne qui détient le droit d'initiative alors que, dans toute véritable démocratie, il revient au Parlement.
Nous avons affaire à un « Parlement Potemkine », un vernis démocratique pour un système qui ne l'est pas. En toute confidence, les députés eux-mêmes ne se font pas beaucoup d'illusions. En réunion autour d'un verre avec d'anciens députés, ceux-ci ne m'ont parlé que de la maison qu'ils avaient pu acheter grâce à leurs indemnités !
Je constate que la Nation demeure le seul lieu au sein duquel nous pouvons faire valoir nos opinions par le vote. Et c'est le seul lieu où nos votes peuvent encore peser sur les choix de société.
Participer aux élections européennes n'a pas plus de sens pour moi que de voter aux États-Unis... quoique, si l'on me permettait d'échanger mon droit de vote au Parlement de Strasbourg contre un droit de vote aux présidentielles américaines, je choisirai ce dernier car, par son pouvoir de décision, le président américain a plus d'influence sur ma vie que les députés européens !
En conséquence, j'ai choisi de ne pas aller voter le dimanche 25 mai. Je ne veux pas apporter ma caution à une institution non démocratique et proprement illégitime.
Herodote.net : Comment ? Mais s'abstenir, ce n'est pas un comportement civique ! Et ce n'est pas comme ça que vous ferez bouger les choses ! Au moins, vous pourriez choisir de voter avec un bulletin blanc.
Emmanuel Todd : Voter blanc, c'est signifier que l'on croit en ce système et qu'il suffirait de changer le personnel pour l'améliorer et le démocratiser. Mais c'est une illusion. Même Le Monde, porte-parole des européistes, l'admet : tout ce qu'on peut attendre des élections, c'est de passer d'une orientation de centre droit à une orientation de centre gauche ! Que l'on vote ou non, cela ne changera rien au fonctionnement des institutions européennes, de la BCE comme de la Commission. Celles-ci continueront de tourner au-dessus nos têtes en ignorant le Parlement, ses députés et ses électeurs, de quelque parti qu'ils soient.
Ces institutions n'empêchent d'ailleurs pas les nations et les égoïsmes nationaux de s'exprimer. Quand le britannique BAE et le franco-allemand EADS ont voulu se rapprocher pour créer un géant européen de l'aéronautique, Angela Merkel y a mis son veto pour préserver les emplois allemands... En géopolitique, c'est encore plus net : chaque gouvernement agit selon ses intérêts en habillant ceux-ci d'une vague résolution européenne. La France agit seule en Afrique tandis que l'Allemagne mène la danse en Russie. Ce n'est pas un hasard si quatre des sept observateurs européens retenus en otage en Ukraine étaient Allemands.
S'abstenir, c'est signifier que l'on n'est pas dupe de la mascarade. C'est dénoncer l'européisme béat des partis classiques. C'est aussi dénoncer le Front National en mettant en évidence son appartenance au système. L'abstention massive aux élections européennes, si elle se vérifie, aura une conséquence pour le moins positive : elle témoignera de ce que la nation demeure le seul échelon démocratique au sein duquel peuvent s'affirmer les solidarités..." (Hérodote)...
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-L'Europe a perdu son projet
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Un discours à la peine dans le cadre d'une campagne sans ambition, dénotant l'épuisement d'un projet., entre la langue de bois habituelle et les excès de type libéral ou nationaliste...
Les eurobéats inoxydables (de moins en moins nombreux il est vrai, ou de plus en plus silencieux) reprennent le théorème de Guetta, établi par P. Rimbert selon lequel il y aurait 3 principes intangibles : toute réussite s’explique par l’Europe ; tout échec est imputable au manque d’Europe ; toute réussite et tout échec appellent davantage d’Europe.
Ce mantra, d'essence quasi religieuse, cette croyance naïve ne peut plus fonctionner, car elle défie la réalité et escamote les analyses des dysfonctionnements finalement reconnus par de plus en plus d'individualités de droite (opportunistes?) ou centristes. Même Jean-Louis Bourlanges , inconditionnel de l'UE, exprime sa déception et son désarroi.
Rocard, l'ambigü, tonne: "... l’Europe n’est pas commandée (...) Pis, elle donne l’impression de ne pas le souhaiter et en tout cas, elle ne le peut pas. Elle s’est donnée des règles qui lui interdisent d’être commandée», analyse l’ancien Premier ministre, faisant allusion à la règle de l’unanimité entre les Etats de l’Union qui prévaut dans de nombreux domaines de décision. Et pour lui, «le départ de la Grande-Bretagne est la condition permissive à la reconstruction d’une Europe qui puisse et sache décider». «Pourquoi les pro-européens n’ont-ils jamais osé le dire? C’est l’une des hontes de cette campagne», estime-t-il, ajoutant même que la Grande-Bretagne «est membre de l’Union européenne par malentendu». «Si dans les décennies qui viennent, nous ne construisons pas une Europe qui décide et dans tous les champs du politique, nul ne sait où l’on va», avertit-il encore..."
Du point de vue de sa politique économique et de gestion de la crise, l'Europe fait fausse route.
Cela devient de plus en plus partagé, même si les analyses et les solutions comportent des divergences.
Une nouvelle donne semble cependant se dessiner, dénonçant le déficit politique européen inhérent aux structures existantes, à leur mode de fonctionnement et aux choix assumés:
C'est Naulot, ancien banquier, qui le dit: "Le meilleur moyen de maîtriser la dette publique, ce n’est pas de s’installer dans l’austérité et la déflation mais de sauvegarder la croissance, de tenter de convaincre l’Allemagne que si tous les pays de la zone euro pratiquent l’austérité, si la troïka continue ses opérations commandos en Grèce, la zone euro va droit dans le mur.
Et le meilleur moyen de maîtriser la dette publique c’est aussi d’éviter une nouvelle crise financière en respectant la feuille de route fixée par les G20 de 2008-2009 pour encadrer la finance. Pour le moment, cela n’est malheureusement pas le cas..."
Le dumping social et les paradis fiscaux continuent à miner les institutions, à contredire les principes et à décrédibiliser le discours convenu.
Les promesses de changement ne prennent plus, surtout quand elles viennent de ceux qui sont enracinés à Bruxelles depuis si longtemps, comme M.Barnier.
Un changement à la tête de la Commision ne changera pas grand chose: Juncker ou Schulz ? A la fin c’est Merkel qui décide...
Mais les Allemands découvrent le dessous des cartes.
Il n'y a pas de peuple européen a décrété le tribunal de Karlsruhe..
Tout le problème est là. Ce projet hugolien, s'il est possible dans un proche avenir, reste encore à construire, mais sur d'autres bases.
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Point de vue:
" Par ses travaux sur les structures familiales, Emmanuel Todd est l'un des principaux historiens de sa génération. C'est aussi un témoin engagé de son époque qui peut se flatter de n'avoir jamais été pris en défaut dans ses nombreux essais. Volontiers provocateur, il s'est attiré quelques inimitiés par ses interventions dans la presse et à la télévision mais rares sont les contradicteurs qui s'estiment assez armés pour lui faire front.
Herodote.net : À vous lire, on peut se demander si vous avez le don de prophétie. En 1976, à 25 ans, votre coup d'essai fut un coup de maître car vous avez annoncé dans La Chute finale l'effondrement à moyen terme du système soviétique sans connaître pour autant l'URSS.
Emmanuel Todd : Je vais vous l'avouer, il n'y a rien de miraculeux là-dedans ! Je fais simplement un peu plus attention que d'autres aux chiffres qui traînent partout. Par exemple, mon intuition sur La Chute finale est venue de ce que la mortalité infantile en URSS était en train de fortement remonter. C'est un phénomène exceptionnel et j'y ai vu l'effritement du système. J'en ai conclu que le pouvoir soviétique était condamné à brève échéance.
Plus récemment, en pleine guerre froide irano-américaine, j'ai pronostiqué avec mon ami Youssef Courbage l'entrée dans la modernité de l'Iran et de plusieurs pays arabes (Le Rendez-vous des civilisations, 2007). Ce n'était pas difficile, il suffisait de regarder le nombre d'enfants par femme et le pourcentage d'étudiantes à l'université. En adoptant une rationalité familiale proche des standards occidentaux, ces peuples étaient prêts à se convertir aussi à une nouvelle rationalité démocratique et politique.
En ce qui nous concerne, c'est différent. En écrivant L'invention de l'Europe, en 1990, j'ai pris conscience de l'extrême diversité anthropologique de notre continent et j'y ai vu l'illusion de réduire l'Europe à une construction étatique. Gardons-nous de sacrifier notre diversité car elle est la clé de notre dynamisme.
Pour cette raison, bien que partisan de l'Union européenne, j'ai voté Non au traité de Maastricht qui lançait la monnaie unique et, en 1995, quand mon livre a été réédité, je me suis hasardé à écrire dans la préface : « Soit la monnaie unique ne se fait pas, et L'Invention de l'Europe apparaîtra comme une contribution à la compréhension de certaines impossibilités historiques.
Soit la monnaie unique est réalisée, et ce livre permettra de comprendre dans vingt ans pourquoi une unification étatique imposée en l'absence de conscience collective a produit une jungle plutôt qu'une société. »
Herodote.net : Nous y voilà ! Vous avez donc aussi voté Non au référendum sur le Traité constitutionnel en 2005 ?
Emmanuel Todd : Eh bien, pas du tout ! Quand la monnaie unique est arrivée, j'ai voulu faire preuve d'optimisme en bon citoyen européen et j'ai voté Oui au référendum. Mais la réalité nous a tous rattrapés...
Cela dit, j'ai été scandalisé par le viol du suffrage universel qu'a représenté le passage en force du traité constitutionnel sous le nom de Traité de Lisbonne. J'y vois un tournant historique avec le basculement dans une forme de post-démocratie. L'oligarchie s'assoit sur le suffrage universel... comme en Afghanistan où l'on affecte de prendre au sérieux des scrutins dont on sait pertinemment qu'ils sont massivement truqués. Nos parlementaires sont certes mieux élus mais ils n'ont pas plus de respect pour leurs électeurs et n'ont rien à faire de leur avis. Quand la révolte des Bonnets rouges a éclaté en Bretagne, les élus locaux n'ont rien vu venir et ils ont choisi de détourner les yeux ou de condamner les manifestants. Les discours sur la « fracture sociale » ou le « monde de la finance » ne servent que le temps d'une campagne. Rien à voir par exemple avec les débuts de la IIIe République en France.
Ce fossé entre les élus et les électeurs est bien plus grand encore au Parlement européen en raison du scrutin de liste à la proportionnelle, qui fait qu'on ne choisit pas une personne mais une étiquette, et plus encore parce que ce Parlement ne sert à rien !
Herodote.net : Le Parlement européen ne sert à rien ? Vous exagérez ?
Emmanuel Todd : Pas du tout. Voyez donc. Qu'il s'agisse de la crise financière ou des enjeux géopolitiques en Ukraine ou en Afrique, c'est au Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement, à la Banque Centrale Européenne et à la Commission européenne que se prennent toutes les décisions. Et c'est la Commission européenne qui détient le droit d'initiative alors que, dans toute véritable démocratie, il revient au Parlement.
Nous avons affaire à un « Parlement Potemkine », un vernis démocratique pour un système qui ne l'est pas. En toute confidence, les députés eux-mêmes ne se font pas beaucoup d'illusions. En réunion autour d'un verre avec d'anciens députés, ceux-ci ne m'ont parlé que de la maison qu'ils avaient pu acheter grâce à leurs indemnités !
Je constate que la Nation demeure le seul lieu au sein duquel nous pouvons faire valoir nos opinions par le vote. Et c'est le seul lieu où nos votes peuvent encore peser sur les choix de société.
Participer aux élections européennes n'a pas plus de sens pour moi que de voter aux États-Unis... quoique, si l'on me permettait d'échanger mon droit de vote au Parlement de Strasbourg contre un droit de vote aux présidentielles américaines, je choisirai ce dernier car, par son pouvoir de décision, le président américain a plus d'influence sur ma vie que les députés européens !
En conséquence, j'ai choisi de ne pas aller voter le dimanche 25 mai. Je ne veux pas apporter ma caution à une institution non démocratique et proprement illégitime.
Herodote.net : Comment ? Mais s'abstenir, ce n'est pas un comportement civique ! Et ce n'est pas comme ça que vous ferez bouger les choses ! Au moins, vous pourriez choisir de voter avec un bulletin blanc.
Emmanuel Todd : Voter blanc, c'est signifier que l'on croit en ce système et qu'il suffirait de changer le personnel pour l'améliorer et le démocratiser. Mais c'est une illusion. Même Le Monde, porte-parole des européistes, l'admet : tout ce qu'on peut attendre des élections, c'est de passer d'une orientation de centre droit à une orientation de centre gauche ! Que l'on vote ou non, cela ne changera rien au fonctionnement des institutions européennes, de la BCE comme de la Commission. Celles-ci continueront de tourner au-dessus nos têtes en ignorant le Parlement, ses députés et ses électeurs, de quelque parti qu'ils soient.
Ces institutions n'empêchent d'ailleurs pas les nations et les égoïsmes nationaux de s'exprimer. Quand le britannique BAE et le franco-allemand EADS ont voulu se rapprocher pour créer un géant européen de l'aéronautique, Angela Merkel y a mis son veto pour préserver les emplois allemands... En géopolitique, c'est encore plus net : chaque gouvernement agit selon ses intérêts en habillant ceux-ci d'une vague résolution européenne. La France agit seule en Afrique tandis que l'Allemagne mène la danse en Russie. Ce n'est pas un hasard si quatre des sept observateurs européens retenus en otage en Ukraine étaient Allemands.
S'abstenir, c'est signifier que l'on n'est pas dupe de la mascarade. C'est dénoncer l'européisme béat des partis classiques. C'est aussi dénoncer le Front National en mettant en évidence son appartenance au système. L'abstention massive aux élections européennes, si elle se vérifie, aura une conséquence pour le moins positive : elle témoignera de ce que la nation demeure le seul échelon démocratique au sein duquel peuvent s'affirmer les solidarités..." (Hérodote)...
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-L'Europe a perdu son projet
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jeudi 22 mai 2014
Point d'histoire
Torture made in France
Un passé qui ne passe pas
La torture est d'une terrifiante banalité.
Venue du fond des âges, elle est hélas! trop présente, sous des formes diverses, officielles ou masquées, au cours d'une histoire où elle fut souvent justifiée pour des raisons diverses (étatiques, policières et même religieuses)
Ce qui se passe en Syrie nous le rappelle cruellement aujourd'hui.
Le nazisme et ses collaborateurs ont fait école.
L'Amérique de Bush n'est pas si loin, qui en a fait une pratique institutionnalisée, jamais jugée. Un important rapport au Sénat là-dessus peine aujourd'hui à s'imposer.
Les réflexions de A. Arendt restent à méditer. L'humanité n'est jamais vaccinée contre la perversité de ce mal.
L'action des organisations mobilisées contre cette pratique banalisée dans certains pays reste limitée et souvent sans réelle efficacité.
Elle n'est pas une invention et une exclusivité de notre pays, mais la spécificité de sa pratique pendant la guerre d'Algérie laissent encore des traces d'un côté comme de l'autre.
________________La particularité française de cette pratique est qu'elle a fait école et est devenue un temps une matière d'exportation.
Le maître d'oeuvre en fut le général Aussaresses, ami des tortionnaires en Amérique du Sud, notamment au Brésil et en Argentine. Il a tenu un rôle central de conseiller au sein de l'organisation Condor.
En ce qui concerne l'Algérie, si Massu finit par reconnaître les faits et sembla les regretter, Bigeard les nia ou les justifia jusqu'au bout.
Les recherches de Marie-Monique Robin aboutirent à un rapport accablant concernant l'école française auprès du dictateur Videla.
____" « J’ai honte pour la France. J'espère que nous aurons le courage de faire toute la lumière sur cette face cachée de notre histoire pour que nous ayons enfin le droit de nous revendiquer patrie des droits de l'homme. »
Ces mots ont été prononcés en 2003 par Bernard Stasi, médiateur de la République, au moment où le Sénat remettait un prix à Marie-Monique Robin pour son documentaire Escadrons de la mort, l’école française.
Dans cette enquête exceptionnelle, la réalisatrice faisait témoigner des généraux argentins qui, pour la première fois, reconnaissaient avoir utilisé des techniques de torture et de disparitions de manière méthodique. Son film, riche en témoignages et en preuves accablantes, servit de pièce à conviction dans plusieurs procès intentés en Argentine contre des responsables militaires.
Mais le sujet premier du documentaire était de montrer comment la France exporta, dans les années 1960 et 1970, les techniques de lutte antisubversive apprises en Algérie, et forma les militaires sud-américains à la torture et au renseignement. Les méthodes employées durant l’opération Condor en Amérique latine furent inventées par les militaires français après la défaite de Diên Biên Phu, puis testées en Algérie. Par la suite, des vétérans devenus experts en guerre antisubversive (dont le général Aussaresses)..."
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Un passé qui ne passe pas
La torture est d'une terrifiante banalité.
Venue du fond des âges, elle est hélas! trop présente, sous des formes diverses, officielles ou masquées, au cours d'une histoire où elle fut souvent justifiée pour des raisons diverses (étatiques, policières et même religieuses)
Ce qui se passe en Syrie nous le rappelle cruellement aujourd'hui.
Le nazisme et ses collaborateurs ont fait école.
L'Amérique de Bush n'est pas si loin, qui en a fait une pratique institutionnalisée, jamais jugée. Un important rapport au Sénat là-dessus peine aujourd'hui à s'imposer.
Les réflexions de A. Arendt restent à méditer. L'humanité n'est jamais vaccinée contre la perversité de ce mal.
L'action des organisations mobilisées contre cette pratique banalisée dans certains pays reste limitée et souvent sans réelle efficacité.
Elle n'est pas une invention et une exclusivité de notre pays, mais la spécificité de sa pratique pendant la guerre d'Algérie laissent encore des traces d'un côté comme de l'autre.
________________La particularité française de cette pratique est qu'elle a fait école et est devenue un temps une matière d'exportation.
Le maître d'oeuvre en fut le général Aussaresses, ami des tortionnaires en Amérique du Sud, notamment au Brésil et en Argentine. Il a tenu un rôle central de conseiller au sein de l'organisation Condor.
En ce qui concerne l'Algérie, si Massu finit par reconnaître les faits et sembla les regretter, Bigeard les nia ou les justifia jusqu'au bout.
Les recherches de Marie-Monique Robin aboutirent à un rapport accablant concernant l'école française auprès du dictateur Videla.
____" « J’ai honte pour la France. J'espère que nous aurons le courage de faire toute la lumière sur cette face cachée de notre histoire pour que nous ayons enfin le droit de nous revendiquer patrie des droits de l'homme. »
Ces mots ont été prononcés en 2003 par Bernard Stasi, médiateur de la République, au moment où le Sénat remettait un prix à Marie-Monique Robin pour son documentaire Escadrons de la mort, l’école française.
Dans cette enquête exceptionnelle, la réalisatrice faisait témoigner des généraux argentins qui, pour la première fois, reconnaissaient avoir utilisé des techniques de torture et de disparitions de manière méthodique. Son film, riche en témoignages et en preuves accablantes, servit de pièce à conviction dans plusieurs procès intentés en Argentine contre des responsables militaires.
Mais le sujet premier du documentaire était de montrer comment la France exporta, dans les années 1960 et 1970, les techniques de lutte antisubversive apprises en Algérie, et forma les militaires sud-américains à la torture et au renseignement. Les méthodes employées durant l’opération Condor en Amérique latine furent inventées par les militaires français après la défaite de Diên Biên Phu, puis testées en Algérie. Par la suite, des vétérans devenus experts en guerre antisubversive (dont le général Aussaresses)..."
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mercredi 21 mai 2014
Les barbares à Zemmour
Phobies et fureurs zemmouriennes
Attila est là. Les Huns sont dans la cité!
C'est ce qu'on croit deviner en écoutant notre Zemmour national, qui, tel Ste Geneviève, vient nous alerter sur les menaces de la barbarie dans nos murs. Ils existent; il les a rencontrés.
Un brave garçon, qui ne dit pas que des bêtises, mais un peu brouillon, assez excessif, un peu énervé, atrabilaire, souvent pris d'urticaire identitaire...Un mal récidivant.
Il nous prévient gentiment : "...Notre territoire, privé de la protection de ses anciennes frontières, renoue dans les villes, mais aussi dans les campagnes, avec les grandes razzias, les pillages d’autrefois, les Normands, les Huns, les Arabes.
Les grandes invasions d’après la chute de Rome sont désormais remplacées par des bandes de Tchétchènes, de Roms, de Kosovars, de Maghrébins, d’Africains, qui dévalisent, violentent ou dépouillent. Une population française sidérée et prostrée crie sa fureur, mais celle-ci se perd dans le vide intersidéral des statistiques. »
Diable! Entendez-vous dans nos campagnes?...Ils viennent jusque dans nos bras...! ♪♫♪
Sie kommen! Des quatre coins des confins de l'Europe ou de ses marges lointaines...C'est une ligue, que dis-je! un complot. La République est en danger. Des accents de Valmy.
Rome n'est plus dans Rome. Paris n'est plus Paris...Mais Bangui. Les Maliens sont à Montreuil.
Les Roms sont là! Halte-là!
L'herbe ne repousse plus sous les ruées barbares.
Vous avez dit Barbares...?
Nos ancêtres les barbares... Les Gaulois furent les barbares de César. Les Romains en virent passer bien d'autres plus tard...victimes eux-mêmes d'autres barbares...On est toujours les barbares de quelqu'un.
Les Huns et les autres. Les vandales!
Rome ne survécut pas, mais laissa place à une autre civilisation, à d'autres recompositions... "Il ne faut pas voir le remplacement de l’Empire romain par les royaumes barbares comme une invasion à l’instar de celle de la France par l’armée allemande en 1940. Il s’agit d’un phénomène migratoire, encouragé par les Romains eux-mêmes, notamment pour combler les manques dans leur armée... et Rome a gagné quelques années de survie grâce aux généraux barbares. » nous disent les historiens.
Les barbares n'ont pas fait que passer et (parfois) détruire (un peu, beaucoup) . On en trouve encore: des descendants de Goths en Lorraine, des Normands là où vous savez, etc... Les Vikings: quelles richesses!
Et ces Francs, franchement, ces affreux!..qui firent la future France. Tous des barbares! Assumons l'héritage...
________________ Notre polémiste
Sur les ondes de RTL, il faut faire vite.
Il ne craint pas de racialiser la délinquance, qui, comme chacun sait, vient toujours de l'étranger, comme le dit ma concierge, qui a besoin de se rassurer.
Les nouveaux Goths sont là! Le gang des voleurs de poules rôde. Jamais un Français n'oserait braquer une bijouterie!
Singulière conception de l'histoire...
Gibbon est lu avec de drôles de lunettes.
Pas de critiques de la mondialisation en cours et du système économique qui autorise, encourage même ce que l'auteur considère comme une déferlante.
Il en rajoute à Obertone lui-même , tout dans
_________________ "Le barbare, c'est celui qui croit à la barbarie", dit par expérience Levi-Strauss
Il met certains à cran
Lepéniste, Zemmour? Il s'en défend, même s'il a déjeuné avec Jean-Marie, toujours aussi nuancé.
Peut-être seulement inconséquent, xénophobe (un peu quand même...) et à courte vue, racialisant la délinquance. (*)
Une histoire grand guignol... |
" Concernant Pétain, je réhabilite l'armistice de 1940. Au fond, le maréchal a fait la même chose qu'en 1917, il a gagné du temps pour attendre les Américains. »
« Plus je vieillis, plus je pense que nos ancêtres étaient mieux que nous ! La littérature était supérieure aussi. A part la médecine et la technologie, je ne vois pas où sont les progrès.» , etc...
__________________On ne niera pas les problèmes liées à une immigration (souvent réclamée par la patronat) mal maîtrisée, non négociée, dans l'espace-passoire Schengen, au coeur d'une mondialisation ouverte à tout vent...
Zemmour semble ignorer les causes d'une immigration le plus souvent non choisie.
Mais on ne va pas pour autant guillotiner le journaliste le plus décrié du PAF ...pour son ignorance et ses élans ethnophobiques. Et paf!
Malaise à RTL...
La posture zemmourienne est difficile à défendre. On peut lui conseiller de calmer ses nerfs, de se retirer du PAF et de faire un peu de sport et surtout beaucoup d'histoire, sérieusement, pas revisitée....pour ne pas nous raconter des histoires.
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(*) Il faudrait qu'on nous démontre en quoi la diversité culturelle dans un Etat mène à la violence - je ne suis pour ma part pas du tout convaincu de cela. La violence, elle vient en partie de ceux qui n'ont pas accepté la différence, et qui au sein de groupuscules d'extrême-droite vont tout faire pour la rejeter. Faudrait-il donc changer d'identité pour être réputé pacifiste? Moi qui suis né en France de parents syriens, moi qui suis parfaitement intégré à la société française mais qui reste en partie syrien, moi qui ai appris la langue de mes parents que je parle souvent avec ma mère parce que c'est dans mes habitudes, dois-je être considéré comme un danger public à cause de mes origines? Eric Zemmour pense que les délinquant sont en grande majorité noirs et arabes. Je l'entend. Mais est-ce à dire que la majorité des noirs et des arabes sont des délinquants? Si 60% des délinquants sont noirs et arabes, est-ce à dire que 60% des noirs et arabes sont délinquants. De plus, ne faut-il pas chercher quels noirs et quels arabes sont délinquants, chercher leur origine sociale, quel facteur aurait encouragé la délinquance? Mais au lieu de cela, avec Eric Zemmour, on pointe du doigt des hommes et des femmes et on dit: « Voilà les monstres! » Si bien qu'avant même qu'elle ait agi ou qu'elle ait foulé le sol français, on pourra savoir, contre l'Etat de droit, que telle personne est destinée à être coupable.
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-Relayé par Agoravox