mardi 31 mai 2022

Ukraine: (suite)

Sortir du brouillard (parfois entretenu).  [Notes de lecture]

          « Tout potentat qui n’a que la puissance terrestre n’a qu’un bras,
Mais qu’il y ajoute la puissance maritime, il a les deux
. » (Pierre le Grand)                                               
________ Voulant se mettre dans les pas de Pierre Le Grand, mais aussi de la Grande Catherine, le nouveau tsar du Kremlin prétend ne pas vouloir couper l'immense Russie de l'accès aux mers chaudes, pour désenclaver la Grande Russie et lui offrir de nouveaux horizons commerciaux et militaires. C'est du moins l'intention principale que d'aucuns lui prêtent dans l'"opération" en cours. Poutine vit de ses mythes historiques et de ses ambitions personnelles. Une nouvelle géopolitique tente de se mette en place, après les échecs et les humiliation de l'ère post-gorbatchevienne et surtout eltsinienne. Une nouvelle ambition, mais sans les mêmes moyens et avec d'autres méthodes, sur un échiquier international qui a radicalement changé. Avec comme effet non attendu le réveil d'un Otan déclaré moribond.   

                              Une guerre qui ne dit pas son nom et qui semble destinée à durer:

     "....En attendant confirmation, on peut raisonnablement supposer ce qui suit : Poutine craint que l’armée ukrainienne, suréquipée par les États-Unis, ne devienne assez forte pour lancer une offensive générale et reprendre le Donbass et la Crimée ; cette épreuve aurait ruiné ses efforts et humilié comme jamais la Russie. Il fait donc le pari d’envahir l’Ukraine avant qu'il ne soit trop tard. Pari largement perdu puisque l’armée russe, plus mal en point qu’il ne devait lui-même le penser, a échoué dans sa tentative de « guerre-éclair ».  Le président russe s’est donc très vite rabattu sur son objectif a minima : occuper le Donbass et le sud de l’Ukraine, jusqu’à Khesron, sur le Dniepr, au total 60 000 km2, de façon à sécuriser la Crimée et fermer la mer d’Azov aux Ukrainiens et donc à l’Amérique. Trois mois après le lancement de l’offensive, cet objectif est largement atteint, au prix de lourdes pertes et de graves destructions, mais sans que Moscou ait eu à décréter une mobilisation générale.   Chacun se prépare désormais à une guerre de longue haleine où c’est l’armée ukrainienne qui devra prendre l’initiative de l’offensive face à un ennemi solidement retranché. Même avec derrière elle l’industrie de guerre américaine, elle aura du mal à récupérer les territoires perdus.   Conscient de la difficulté, le président Zelensky place ses espoirs dans les sanctions économiques, même si l’Histoire nous enseigne que tous les blocus et embargos se sont révélés inefficaces et même contre-productifs, depuis le Blocus continental jusqu’à Cuba, la Corée du nord et l’Iran en passant par Berlin.   Les Russes se sont préparés à cette éventualité depuis 2008 en cultivant l’autarcie et en nouant de nouvelles alliances. Ils peuvent compter sur la complicité de la Chine et des grands États d’Asie continentale. C’est ainsi que leurs exportations de gaz auraient baissé vers l’Europe mais augmenté vers la Chine, en rapportant plus de devises que jamais à Gazprom !  L’Ukraine, de son côté, risque de perdre dans cette guerre à rallonge ce qui lui reste de sève vitale. Depuis son indépendance en 1991 et jusqu’en 2021, le pays, rappelons-le, avait un PIB en baisse rapide et une population tombée de 52 millions à 45 millions d’habitants sous l'effet de l'émigration et de la dénatalité (un record mondial !). Cela ne s’est pas arrangé avec la guerre, ses destructions, ses victimes, ses déplacés et ses réfugiés, parmi lesquels beaucoup ne reviendront pas au pays. Au vu de sa démographie, il est difficile d'imaginer que le pays se remette de l'épreuve, surtout s'il devait se dissoudre dans l'Union européenne.     Sans égaler le malheur ukrainien, les Européens ont aussi du souci à se faire. Ils n’échapperont pas à une crise économique et sociale majeure, du fait des pénuries et des hausses de prix sur les hydrocarbures, les matières premières, les céréales, etc. C'est la conséquence du choix qu'a fait l'Union européenne dans la dernière décennie de promouvoir le recours au gaz et russe, plus accessible et moins cher que toute autre énergie, de la même façon qu'elle a encouragé les industriels européens à s'approvisionner en Extrême-Orient en composants électroniques. Il s'ensuit des dissensions entre les Européens qui pourraient accélérer le détricotage de l'Union.  La France craint de perdre ses derniers fleurons industriels, à commencer par Renault, secoué par la perte de son principal marché à l’étranger (la Russie). Son secteur de l’armement est aussi très affecté par le forcing de ses concurrents américains auprès des Européens (Allemands, Polonais, etc.)… et auprès des Australiens bien sûr. L'Allemagne tente de conserver ses importations de gaz russe, indispensables à ses industries. La Hongrie, quant à elle, refuse de renoncer à ses achats de pétrole russe...."                                                                                                                                      _____ _____   L'épine  Azov: mythe et réalité.

_____  Echos du Donbass                             ________________________

lundi 30 mai 2022

De-ci de-là....

 __  Halte au feu!  le cas australien

            "...Entre octobre 1996 et septembre 1997, le pays est parvenu à confisquer officiellement 650.000 armes détenues par les membres de la population civile australienne. Le déclencheur de cette opération a eu lieu en avril 1996: Martin Bryant, 28 ans, avait alors tué trente-cinq personnes au fusil semi-automatique dans un café de Port Arthur. Vingt-huit autres avaient été blessées...."

__  Macron et les Gafam

               "... Emmanuel Macron est-il en capacité de mener une véritable politique de souveraineté numérique ? L'analyse de son premier mandat fait apparaître de nombreuses contradictions entre les paroles et les actes. Le président réélu peut, bien sûr, revendiquer d'indéniables réussites dans le numérique, telles que l'explosion de la French Tech, le déploiement rapide de la fibre dans les territoires -au prix de nombreuses tensions-, la mise en place de plans sectoriels en général cohérents et ambitieux sur les technologies pour développer des filières nationales, ou encore un activisme efficace à Bruxelles pour créer une Europe de la tech. Mais son premier quinquennat est également entaché par des échecs cuisants, notamment TousAntiCovid, la stratégie cloud de confiance, le Health Data Hub, la « taxe Gafa » ou encore la loi Avia. Le point commun à tous ces échecs ? Les Gafam, c'est-à-dire les géants du Net américains [Google, Apple, Facebook devenu Meta, Amazon et Microsoft, Ndlr], avec qui le pouvoir aura entretenu un rapport ambigu, contradictoire et incohérent pendant tout le mandat...."

__  Total et ses dividendes

             Léger début de fronde. Et pourtant ils savaient.     "... « TotalEnergies décroche la palme de l’obstruction et refuse de discuter des enjeux climatiques avec ses actionnaires ». Joint par Reporterre, TotalEnergies motive ce rejet par le fait que la résolution « empiète sur la compétence du conseil d’administration de fixer la stratégie de la société » et invite, en vue de « favoriser le dialogue avec ses actionnaires », les porteurs du projet de résolution « à s’exprimer lors de l’assemblée générale sous forme d’une question écrite ou d’une question orale qui sera traitée en priorité ». Les codéposants ont décidé d’interpeller l’Autorité des marchés financiers (AMF) — l’entité chargée de veiller au bon fonctionnement des marchés d’instruments financiers — pour lui demander d’enjoindre à TotalEnergies de réintégrer la résolution à l’ordre du jour de l’AG. L’AMF s’est déclarée incompétente dans ce conflit..."   Une seule et unique résolution climatique reste donc à l’ordre du jour de l’assemblée générale : celle portée par l’entreprise elle-même. « Un plan qui n’est, malheureusement, pas du tout compatible avec l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C », dénonce Guillaume Pottier. Une étude produite par un groupe de plus de 700 investisseurs représentant plus de 68 000 milliards de dollars d’actifs, conclut par exemple que TotalEnergies satisfait seulement 3 des 9 critères pour un plan de transition complet aligné sur 1,5 °C...." 

__  Clinéa vous en donne plus

                     Dans le sillage de Orpéa. __« Avec Clinea, le taux d’occupation de la clinique est devenu un élément majeur dans la prise en charge. Il faut que la clinique soit pleine. La prise en charge, le temps passé avec le patient, les échanges en équipe pluridisciplinaire sont devenus accessoires. On nous demande de moins penser. On réduit notre travail à la distribution de traitements. Le management est harcelant, déshumanisant. Ils ne cessent de le répéter : “Orpea, soit tu l’aimes, soit tu le quittes.” 

__ Kirill contesté

              Guerre des popes...Pas content, le fidèle de l'ours du Kremlin.

__  Aux armes! enseignants, dit-il...____More Business,! La NRA se réjouit.__ Fétichisme du 2° amendement.

__  Un vélo génial                  ____________________

dimanche 29 mai 2022

Fête d'un jour

 De Wilson à Pétain

                                            "...Au début du XIXème siècle, en France, Napoléon Bonaparte évoque la création d’une fête des Mères officielle, célébrée au printemps. Il aurait confié l’idée à son premier chambellan, M. de Rémusat : « Une fête des mères, des enfants, de la famille, voilà ce que j’aimerais voir en France chaque printemps quand renaît la nature, car c’est à ma mère que je dois tout. »    L’idée n’aboutit pas mais ressurgit à la fin du siècle alors que le déclin de la natalité entraîne la naissance de mouvements familiaux et natalistes.     En 1897, l’Alliance nationale contre la dépopulation, créée un an plus tôt par le médecin, démographe et statisticien Jacques Bertillon (1851-1922), lance l’idée d’une fête des enfants, afin de mettre en avant l’importance de la fécondité.  ______C'est dans cet esprit que Prosper Roche, instituteur à Artas, fonde en 1904 une société de secours mutuels « l'Union Fraternelle des Pères de Famille Méritants d'Artas ». Celle-ci prévoit l’organisation d'une journée annuelle pour remettre des « récompenses de haut mérite maternel ». Cette célébration a lieu pour la première fois le 10 juin 1906 dans la cour de l’école de garçons d'Artas et par cette célébration, les Artasiens déposent en quelque sort le brevet de la fête des mères.   Plus tard, en pleine guerre mondiale, le 16 juin 1918, le colonel de la Croix-Laval va instaurer la première « Journée des mères » officielle, à Lyon pour rendre hommage à toutes les femmes ayant perdu un fils dans les tranchées.                    Le traumatisme des pertes humaines de la Grande Guerre amplifie la crainte de la dépopulation. En 1920, la contraception et l’avortement sont interdits. Soucieux de repeupler la France, les pouvoirs publics invitent les femmes à devenir mères en faisant des efforts pour favoriser la natalité, comme les primes d’allaitement. Ils incitent alors les municipalités à organiser au mois de mai une journée pour célébrer les mamans. « Mais il ne s’agit pas de célébrer toutes les mères » précise l’historienne des femmes Françoise Thébaud. « Seulement celles de familles nombreuses d’au moins trois ou quatre enfants. »         Dans le même esprit est fondé en 1920 le prix des Familles nombreuses ou « Prix de la première Fondation Cognacq-Jay ». C'est une dotation de 25 000 francs attribuée par l'Académie française tous les ans à une famille méritante dans chaque département. Le prix a été fondé par Ernest Cognacq et Marie-Louise Jaÿ, deux modestes vendeurs qui ont fait fortune en créant Le Bon Marché à Paris mais se désolent de n'avoir pas pu avoir d'enfants.

Aux États-Unis, l’initiative d’Anna Jarvis

Photographie d'Anna Jarvis (1864-1948). En agrandissement : Norman Rockwell (1894-1978), peintre et illustrateur américain, à l'œuvre sur une affiche officielle de la fête des mères de 1951.Ann Reeves Jarvis (1832-1905) consacre sa vie à mobiliser les mères pour qu'elles s'occupent de leurs enfants et que leur travail soit reconnu. « J'espère et je prie pour que quelqu'un, un jour, trouve une journée commémorative des mères en sa mémoire pour le service inégalable qu'elle rend à l'humanité dans tous les domaines de la vie. Elle y a droit », déclare-t-elle un jour .
Très active au sein de l'Église épiscopale méthodiste, elle dirige des clubs de travail pour la fête des mères afin de lutter contre les taux élevés de mortalité infantile et juvénile, principalement dus aux maladies qui ravageaient leur communauté à Grafton, en Virginie occidentale.
Après sa mort, sa fille Anna Jarvis (1864-1948) reprend le projet d'une journée dédiée à la célébration des mères. Après sa mort en 1905, sa fille Anna promet de réaliser le rêve de sa mère. La première fête des mères est célébrée en 1908 à l'église méthodiste Andrews de Grafton. Anna choisit le deuxième dimanche de mai pour qu’il soit toujours proche de la date du 9 mai, jour du décès de sa mère. En 1910, la fête des mères devient un jour férié en Virginie occidentale et son succès est tel que dès 1914, le président Wilson la déclare fête nationale.

Une idée mise en application par Vichy

C’est sous le régime de Vichy que la célébration de la maternité devient une fête nationale, célébrée le dernier dimanche de mai sous la dénomination de « journée des Mères ».

Affiche du 25 mai 1941 diffusée dans les écoles françaises pour promouvoir la journée des Mères. En agrandissement : Différentes affiches de propagande nataliste du gouvernement de Vichy.Fort de sa devise : « Travail, Famille, Patrie », le régime de Vichy s’empare du thème défendu par les mouvements natalistes de l’entre-deux-guerres et apporte la touche finale à la tendance qui se développait depuis le XIXème siècle en officialisant la journée des mères le 25 mai 1941.

Vichy incite les enfants à la prendre en charge. Ce jour-là, une affiche propagandiste est placardée dans toutes les écoles de France. Le message suivant y est inscrit : « Ta maman a tout fait pour toi, le Maréchal te demande de l’en remercier gentiment… »

L’initiative est relayée par des membres du corps enseignant et du gouvernement. Le secrétaire d’État à l’Éducation Nationale, l'historien Jérôme Carcopino, envoie une lettre au corps enseignant : « L’enfant doit inventer et décider lui-même le geste qu’il accomplira. Il doit pouvoir l’entourer de tout le secret et de tout le mystère qu’il désire. »

Cette même année, le filleul du Maréchal Pétain, Jacques Chevalier, prononce un discours : « Par le don de sa personne et le rayonnement de son amour, la mère est l’âme de la famille. Elle transmet, avec la vie, les vertus qui font les peuples forts. »     La mère de famille acquiert une existence sociale à part entière.  Les mairies d’arrondissement organisent la célébration de la journée des Mères le 31 mai 1942. Le peu de moyens mis en place fait dire à Jean Cocteau, ironique, « fête des Mères, fête de la Misère. »

Message du Maréchal Pétain aux mères de familles françaises le 25 mai 1941

« Depuis dix mois, je convie les Français à s’arracher aux mirages d’une civilisation matérialiste. Je leur ai montré les dangers de l’individualisme. Je les ai invités à prendre leur point d’appui sur les institutions naturelles et morales auxquelles est lié notre destin d’homme et de Français.
La famille, cellule initiale de la société, nous offre la meilleure garantie de relèvement. Un pays stérile est un pays mortellement atteint dans son existence. Pour que la France vive, il lui faut d’abord des foyers.
Le foyer, c’est la maison où l’on se réunit, c’est le refuge où les affections se fortifient. C’est cette communauté spirituelle qui sauve l’homme de l’égoïsme et lui apprend à s’oublier pour se donner à ceux qui l’entourent.
Maîtresse du foyer, la mère, par son affection, par son tact, par sa patience, confère à la vie de chaque jour sa quiétude et sa douceur. Par la générosité de son coeur, elle fait rayonner autour d’elle l’amour qui permet d’accepter les plus rudes épreuves avec un courage inébranlable.
Mères de notre pays de France, votre tâche est la plus rude. Elle est aussi la plus belle.
Vous êtes, avant l’État, les dispensatrices de l’éducation. Vous seules savez donner à tous ce goût du travail, ce sens de la discipline, de la modestie, du respect qui fait les hommes sains et les peuples forts. Vous êtes les inspiratrices de notre civilisation chrétienne.
Et voici qu’aujourd’hui dans nos deuils, dans nos misères, vous portez la plus lourde croix.
Mères de France, entendez ce long cri d’amour qui monte vers vous.
Mères de nos tués, mères de nos prisonniers, mères de nos cités qui donneriez votre vie pour arracher vos enfants à la faim, mères de nos campagnes, qui, seules à la ferme, faites germer les moissons, mères glorieuses, mères angoissées, je vous exprime aujourd’hui toute la reconnaissance de la France. »...
(Hérodote. net)                       _____________________


samedi 28 mai 2022

Miettes philosophiques

           Vagabondages réflexifs

          Les philosophes ne se bousculent pas dans les studios des différentes  radios. Il faut dire que la matière passe difficilement sur les ondes, surtout à des heures de grande écoute et sur les stations les plus populaires. On ne va tout de même pas perdre des auditeurs pressés avec des propos jugés a priori ennuyeux...même s'il est question de la vie, dans ses aspects les plus profonds, les plus existentiels. Réfléchir demande une attention particulière, parfois un effort, et ce n'est pas dans l'air du temps. Il faut faire vite, il faut faire rassurant, divertissant, il faut faire ludique et léger. Le "temps de cerveau disponible" (comme disait Patrick Lelay, le valet de Bouygues) est mobilisé de plus pour des fins souvent mercantiles. Priorité aux annonceurs et à leurs alléchantes propositions. Si vous voulez réfléchir un peu, prière d'aller sur France Culture, qui vous amènera vers l'exploration d'autres champs, de l'histoire à la réflexion philosophique, si vous consentez à mobiliser un peu de votre attention.                                                                                                                                                  Mais il arrive encore que certaines chaînes publiques se risquent, avec parcimonie et légèreté, avec humour parfois, à déranger un peu l'auditeur et à amener son attention sur des sujets qui ne sont plus ludiques ou commerciaux, mais qui le conduisent un moment loin des sentier battus et rebattus. Sans "prise de tête", comme on dit...               C'est ce que fait par exemple Pascale Seys, sur les ondes d'une station voisine, de manière originale, en évitant de faire un cours ennuyeux, en fournissant quelques éléments de réflexion philosophique pour tenter d'aller plus loin par soi-même.  Un peu comme Montaigne...Avec sa "philosophie vagabonde", elle instille des ouvertures vers des thèmes habituellement peu fréquentés, avec la modeste ambition de titiller notre pouvoir de réflexion, mettant ses pas dans ceux de CamusChaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais ma tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse...Ce qui semble bien, pour les temps présents,  un projet prioritaire.                                                                                                                                     Avec passion, mais sans prétention. Pascale Seys aime avec panache les "presque rien" et les "Tics de l'actu"  . A ses risques et périls.  On peut toujours trouver son bonheur...et aller plus loin.    ICI  ou ICI.   __ Bonne écoute et amusez-vous bien!

                                                              ______________

vendredi 27 mai 2022

Les fruits des pesticides

Fruits de la colère

                           L'agriculture productiviste a généré au cours des années des effets qui sont maintenant trop visibles, détectés dans les endroits les plus inattendus, dans les organismes humains, sans parler des dégâts sur la flore et l'environnement général. On le sait, on en parle, on le déplore, on en débat, on annonce des mesures, mais on diffère sans cesse, sous la pression des lobbies de l'agroalimentaire."...Avoir un objectif, c’est bien, mais l’atteindre c’est mieux. L’Union européenne clame haut et fort sa volonté de réduire de moitié d’ici à 2030 le recours aux pesticides les plus dangereux – herbicides, fongicides, insecticides en tête. Depuis 2011, les Etats membres doivent même éliminer les 55 pesticides les plus nocifs. Problème, un rapport de l’ONG Pesticide Action Network Europe (PAN) révèle ce mardi que leur présence dans les légumes et surtout les fruits vendus au sein de l’UE a considérablement augmenté au cours des dix dernières années, entre 2011 et 2019...."                                                     Faute de décisions politiques rapides, radicales et communes, les dégâts ne pourront que grandir pour la santé humaine. Changer nos modèles agricoles n'est plus une option. En France comme ailleurs. C'est à une révolution qu'il faut penser, en faisant appel à l'intelligence, au bon sens même. Or les objectifs ne sont pas tenus. Depuis les avertissements clairs de Mme Robin, il n'y a plus lieu de tergiverser ou de s'installer dans les demi-mesures. L'arme du doute a assez sévi. Combien de produits doivent être bannis pour la survie générale. Une autre agriculture est possible.                                                                                                                                          D'une façon générale, le problème qui hante nos campagnes: le déclin du monde agricole fait de plus en plus problème. Depuis l'étude Henri Mandras, il est en déclin, pas du seul fait de la modernisation, de la productivité, dont le coût n'est pas anodin: "... Il annonçait La Fin des paysans, publié en 1967. Le sociologue y décrivait le déclin inéluctable d’une civilisation paysanne millénaire, familiale et autarcique, et l’apparition de la figure de l’agriculteur, intégré à un système dont il n’était que le premier maillon, alimentant les usines agroalimentaires qui fournissaient elles-mêmes la grande distribution. Il soulignait le basculement du monde de la terre dans un modèle productiviste, qui a désormais atteint ses limites, avec ses excès d’intrants, ses pollutions, ses élevages hors-sol…« Paysan » ou « agriculteur », la sémantique divise toujours les universitaires et les intéressés eux-mêmes. Au moins le premier renvoie-t-il à une vision nostalgique de celui qui nourrit, vit dans un « petit pays » et façonne le paysage – avec d’autres acteurs venus de la ville. Au-delà de la querelle des mots, les chiffres expriment une réalité implacable : le nombre d’exploitations, et donc de leurs propriétaires, est passé de 1,6 million en 1970 à 389 000 en 2020. Le plus grand « plan social » des cinquante dernières années..."   Le déclin de la population agricole se poursuit. Une  mutation qualitative aussi. Le colère paysanne a plus d'une cause.                                                                                                         La grand messe de la Porte de Versailles, grande vitrine pour Parisiens hors sol, ne doit pas masquer les mutations en cours et les crises profondes que vit le monde paysan, surtout dans les secteurs  de l'élevage de moyenne grandeur.

   L'agrobusiness galopant en cours va-t-il finir par avoir raison de l'agriculture relativement raisonnée  en vigueur jusqu'ici? Rappelons-nous de l'affaire Lactalis et celle de la ferme des mille vaches.
  Les paysans ont de moins de pouvoir sur leur activité, soumise à la loi du marché.
 La réforme de la PAC fragilise un peu plus des régions entières où la précarité, parfois la détresse, devient de plus en  plus prégnante. L'ouverture  aux marchés, maintenant aussi internationale, crée des inégalités de fait  tant au niveau de la qualité des produits que du niveau de vie des agriculteurs.
    Les précaires invisibles deviennent de plus en plus nombreux, malgré le silence dans nos campagnes.
  Le "malaise" est  la conséquence d'évolutions rapides qui mettent à mal l'exploitation familiale dans ce qu'elle avait encore de traditionnel. le quantitatif tend à primer sur le qualitatif.
  Changer le système, hérité de Pisani, devient une nécessité, sous la poussée de nouvelles exigences et des changements climatiques en cours, ainsi que les exigences de revenus décents dans la concurrence des firmes et de la pression des grands distributeurs.
  La survie est possible à certaines conditions, qui ne dépendent pas seulement des agriculteurs eux-mêmes, mais aussi du contrôle du marché et des aides sélectives accordées, comme on le fait en Norvège et même aux USA. Une profonde réforme de l'aide de Bruxelles s'impose.
  Sans cela, on verra la crise s'approfondir, notamment avec le vieillissement de la population agricole et la hausse du foncier. Nos campagnes à l'abandon, voilà le risque, comme la revente des terres à des investisseurs privés, parfois étrangers.
    Répondre à certaines exigences de fond ne doit plus tarder. C'est une question vitale.
              Entendez-vous dans nos campagnes...♪♫♪
Petits (et grands) paysans
        Une autre paysannerie est encore possible:    L'agrobusiness est arrivé au bout de sa logique. Deux films assez récents témoignent à leur manière du malaise paysan et les drames qui se jouent souvent en silence dans nos campagnes: Au nom de la terre et Petit paysan.          Les suicides y sont nombreux: plus de un par jour dans une population encore en déclin démographique. Le système est devenu fou et le restera tant que la rentabilité à tous prix restera le moteur essentiel, que l'exploitant restera à ce point exploité par des groupes agro-alimentaires, des producteurs d'intrants, des banques  très intéressées. Les boussoles de ce que devrait être une agriculture pour le moins raisonnée et raisonnable sont perdues au niveau des grandes exploitations de type industriel. Les tentatives pour changer cette logique libérale sont encore trop rares, malgré les déclarations officielles. La question dépasse notre pays et les pays avancés, au coeur du commerce agricole mondial. Il s'agit de nourrir les hommes de la manière la plus satisfaisante, la plus juste et la plus durable qui soit. Au niveau européen, les quelques avancées de la PAC sont déjà compromises, dans la concurrence qui s'exerce au niveau des marchés, où la baisse des prix l'emporte sur la qualité et les perspectives d'avenir: la terre n'est pas une matière première comme une autre. De profondes réformes s'imposent. L'avenir en dépend.

                       L'agriculture va mal, du moins dans certaines filières et certaines régions      " Il s'agit de mettre en oeuvre, en Bretagne notamment, sans délai ni querelle inutile, un modèle de production viable économiquement, socialement, écologiquement.   Une filière de productions durables qui apporteront une forte valeur ajoutée, par la qualité, par la transformation. Et de ce fait, mieux à l'abri des fluctuations et à même d'affronter la compétition du marché au niveau européen et au-delà.   Des productions qui ne nécessiteraient pas l'assistanat financier institutionnel de l'Europe et de l'Etat par des subventions et des déréglementations artificielles...       Ce type d'agriculture, Pisani l'avait voulu et programmé dans les années 70: la Bretagne, alors en retard et enclavée, devait jouer un rôle pionnier, être à la pointe de l'agriculture intensive moderne et de l'élevage à grande échelle. L'autosuffisance alimentaire du pays et l'exportation étaient les objectifs. Il a reconnu plus tard certaines erreurs, notamment un remembrement sauvage et une trop grande et trop rapide industrialisation, à marche forcée. Mais la FNSA, au nom de la modernité, poussait en ce sens, ainsi que quelques gros bonnets.       Aujourd'hui, la première région agricole passe par une phase difficile."Aujourd'hui le cochon, hier les œufs, le lait ou les bovins, entre la pression de la grande distribution, la fluctuation des matières premières et la concurrence européenne, les crises se suivent et se ressemblent"  Les  bonnets rouges  ne sont pas tous bretons, mais certains Bretons (avec ou sans bonnet) sont en colère... Souvent avec raison, malgré les bonnets bénêtsCar la situation actuelle, pour diverses raisons, est mauvaise. Il va falloir réinventer l'avenir. L'agro-industrie bretonne n'est plus un modèle.  Elle est à bout de souffle.

 ___________    Il est temps de repenser l'agriculture dans son ensemble.
L'agrobusiness et son système de subvention ne peut être durable.
    Emportés dans le logique des multinationales, les agriculteurs ont perdu leurs repères.
La viande bon marché a un  coût  et la production demande à être repensée.
Les conditions de l'élevage du porc ne peuvent durer..
       Une nouvelle vision de l'agriculture s'impose.
De nouveaux défis à relever...
      Big is not toujours beautiful.
Chez Smithfield, on fait encore bigger. Good Food for everyone!
          Est-ce cel
a que nous voulons?   _____________________

jeudi 26 mai 2022

Point d'histoire

  Le chancelier Adenauer et ses ombres  [notes de lecture]

        Le voile se lève peu à peu. On ne savait pas tout sur un chancelier devenu icône. Après la guerre, derrière la façade d'une démocratie chrétienne bien sous tout rapport, ce ne fut pas so sauber...Une période où le nazisme était encore influent, même s'il était supposé éradiqué. Il avait encore des sphères d'influence, même en plus haut lieu.

         On découvre le rôle joué par un nombre important de cadres du passé nazi pendant la période de Adenauer. Notamment Reihart Gehlen, qui joua un rôle notable         "... En juillet 1946  Gehlen est libéré en tant que prisonnier de guerre. Il est envoyé dans ce qui deviendra l'Allemagne de l'Ouest, avec pour mission de mettre sur pied un service de renseignement en Allemagne, financé par les Etats-Unis, afin de surveiller les pays de l'Est....D'abord consacrée uniquement au renseignement militaire, l'organisation Gehlen élargit son action au renseignement politique, économique et technique lorsqu'il entre en collaboration avec la CIA en . Le réseau Gehlen est une source de renseignement capitale pour les Américains, lui fournissant 70 % de ses informations militaires sur l'URSS.__La Gehlen aurait recruté et formé, dès 1946, plus de 5 000 agents est-européens et russes anticommunistes, avec parmi eux nombre d'anciens agents nazis, qui exécutent diverses opérations secrètes derrière le rideau de fer, comprenant l'espionnage, le sabotage, et la fourniture d'aide aux bandéristes ukrainiens, qui ont continué à entraver la mainmise soviétique jusqu'en 1956. Elle fournit également à la CIA des rapports précis sur le parc de missiles de l'Armée rouge pointés vers l'ouest.  Cependant, dans les années 1950, l'organisation, comme le MI-5, est infiltrée par des agents doubles du KGB qui trahissent des « douzaines d'opérations et des centaines d'agents » qui, plus tard, seront assassinés, à l'instar de Stepan Bandera.En , l'organisation Gehlen est transférée au gouvernement ouest-allemand. Elle sera intégrée au Bundesnachrichtendienst naissant (abrégé par BND et que l'on peut traduire par   « Service fédéral de renseignement »). Gehlen est promu lieutenant-général dans la Bundeswehr et devient directeur du BND. Il atteint le grade de Generalmajor.  En , l'opération Sting découvre que Heinz Felfe, chef du contre-espionnage au BND, est un agent double du KGB. En 1963, le chancelier Konrad Adenauer démissionne sous le coup du scandale. À cette époque, reconduit pour cinq ans comme directeur du BND, Gehlen démissionne, car son influence et son pouvoir diminuent...                                                                                                                                        ____ Mais il eu aussi la personne de Hans Globke, un proche collaborateur de chancelier,  un fidèle parmi les fidèles, qui organisa un système d'espionnage auprès du SPD, à l'origine d'un super Watergate pendant une dizaine d'année années, une  "incroyable opération de surveillance... est cœur d’un livre de 1 500 pages qui paraîtra, mi-mai, sous le titre Geheime Dienste. Die politische Inlandsspionage des BND in der Ära Adenauer (« services secrets. L’espionnage de la politique nationale par le BND sous l’ère Adenauer »                                                                                                                On peut lire ici une analyse de l'intense espionnage qui  s'exerça à Bonn pendant ces années charnières d'après guerre, dans le cadre de la guerre froide, avec la bénédiction de la CIA. _____