samedi 31 décembre 2022

Tics à gogo

Le langage dans tous ses états 

                 Effets de modes. Dans les échanges courants, il est difficile d'échapper à certains tropismes langagiers, ceux que l'air du temps fait circuler de bouche en bouche, le temps d'une saison. Que nous le voulions ou non, nous sommes pris pas certains automatismes, ceux d'expressions toutes faites, qui ne veulent souvent rien dire, mais qui sont là pour combler les vides, pour se caler dans des modes, pour paraître parfois, tout simplement.                                                                                 [ Je ne parlerai pas de la langue de bois, à laquelle on échappe peu, et qu'il est assez facile à identifier, avec un peu de recul et d'expérience, et qui ne fait pas toujours rire.. Mais c'est un autre débat, toujours d'actualité. ] On les trouve dans tous les domaines. Ce sont des mot-béquilles, qui remplissent une fonction pas toujours facile à identifier, mais qui sont de l'ordre du mimétisme, donc destinés à changer ou à ne pas être compris en dehors d'un groupe social donné, à un moment donné.                                                                                                                                  Il ne sont pas toujours bien acceptés. Il y a un qui m'énerve particulièrement, car il est révélateur d'une époque ou d'une tendance trop répandue. Pas d'souci, comme on dit à tous propos, pour des choses banales ou parfois, hélas! plus importantes....La novlangue d'aujourd'hui est particulièrement inventive...     C'est pas faux, comme dirait prudemment mon voisin.

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vendredi 30 décembre 2022

Adieu Catherine!

 La "Grande" Catherine, tsarine de toutes les Russies, est priée de descendre de son trône.

                        Déboulonnée à Odessa, la ville qu'elle avait fondée...C'est tout un passé que Kiev veut évacuer définitivement. Une figure historique que le pays veut effacer. Face à une Russie qu'elle ne reconnaîtrait plus, passée de secousses en dérives. C'est le réveil des mythes, la guerre des symboles, dans le fracas des bombardements, où se crée une conscience nationale, à un tournant décisif d'une histoire compliquée. Les rêves de grandeur de Moscou se sont évanouis. Pierre le Grand a laissé sa marque. Catherine, l'ambivalente, ouverte aux idées de progrès jusqu'à un certain point, mais surtout soucieuse de grandeur sur le plan politique, a suivi ses traces. Le déboulonnage des statues fait problème, mais on comprend qu'à Odessa cet acte ait un sens puissant, à l'heure actuelle, dans ce "laboratoire démocratique" qui se forge à Kiev, dans la détermination et l'effroi, au coeur d'un conflit qu'on n'imaginait pas, une quasi guerre civile.   


                                                                              Cette statue a elle-même une histoire, un peu compliquée, avant de finir au musée. "...C'est en 1794 que l'impératrice Catherine la Grande signe le rescrit ordonnant la construction de la ville et du port d'Odessa. C'est en témoignage de ce fait historique fondateur que les Odessites font ériger ce monument en 1900 par souscription, sur la place Catherine, de forme triangulaire. Il est ôté en 1920 et à sa place sur le piédestal une sculpture à la gloire de la mutinerie du cuirassé Potemkine de 1905 y est installée en 1965. La municipalité décide en 1995 de remettre à sa place le monument de Catherine II (dont le personnage de bronze avait été endommagé), mais le président Koutchma s'y
 oppose..."                               ___Ouverte aux Lumières et même aux philosophes français, elle agit et bataille en despote, aveugle aux conditions dans lesquelles vit "son" peuple, surtout quand elle apprit la Révolution Française, qui l'effraya. Elle joua, comme les autres monarques, au grand jeu de l'Europe, favorisée notamment par l'affaiblissement de l'empire ottoman au sud. Elle redessina les cartes:   « Nous n’avons point trouvé d’autres moyens de garantir nos frontières que de les étendre », écrit Catherine à Voltaire                      ____Tout sur cette femme fascinante, qui fut aussi une étonnante réformatrice.... Quel homme!
      * Portail de l'UKRAINE   _________________

jeudi 29 décembre 2022

Varia

1__ Participe dépassé?

2.__ Au Japon aussi

3.__ La jungle

4.__ Blocages et contradictions                       

5.__ Pompier pyromane

6.__ Eventail des possibles

7.__Ramasser des cartons

8.__ Transferts de données!   "...Qu’est-ce qui a poussé Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, à passer un accord avec Joe Biden, en septembre, pour que les données personnelles de tous les Européens soient transférées aux États-Unis ? « Cela fait partie des choses que l’on ne s’explique pas, assure Emmanuel Maurel, député européen rattaché au groupe de gauche. Cet accord ne respecte pas le RGPD [Règlement général sur la protection des données] et nous pensions que les Allemands, qui sont très tatillons en matière de droit, s’y opposeraient. Ne mentionnons pas la France, qui parlait d'"autonomie stratégique", d'"indépendance industrielle" et de “cloud européen”. »   ___Côté américain, l’appropriation de ces données, de tous les éléments se rapportant à notre vie publique comme privée, fait sens. Les Gafam comme les sociétés d’Elon Musk réclament – pour bâtir le nouveau monde de l’intelligence artificielle, qui doit prédire les besoins des individus et, parfois même, les inventer – de disposer des données personnelles d’un maximum d’individus. « C’est l’or noir de ces sociétés :sans lui, Musk ne peut pas construire son rêve poursuit notre eurodéputé. Joe Biden a considéré – c’est tout à fait certain – que les intérêts économiques des Gafam prévalaient sur tout le reste. Il y a forcément un lien entre cet accord et le lancement de cette “intelligence artificielle”. »      ___________

mardi 27 décembre 2022

Vers l'Etat digital

     En route vers l'Etat plate-forme(Bis repetita)

                                   Des projets bien ficelés sont en place pour accélérer la digitalisation des services publics. L'accélération de la numération tous azimuts se met en place à la vitesse grand"V", au détriment des laissés pour compte.  Déjà des jeunes connaissent des difficultés. Ne parlons pas des anciens, de ceux qui sont le plus dans le besoin.   Le tout-numérique avance à grands pas, sous prétexte de simplification, de modernisation....                                                                

Dans la start up nation, l'Etat se dématérialise à grande vitesse.

      Tous les actes administratifs, à quelque niveau que ce soit, devront vite passer pas le numérique (*)
                    A vos ordis!

     Même les non et les faiblement connectés, ceux qui n'ont pas d'ordinateurs ou qui ne savent et ne sauront jamais s'en servir, les analphabètes du clavier, les nombreux anciens qui ne s'y mettront jamais...
      La plupart des services publics ne seront accessibles que pour les familiers du net, que pour une partie de la population, surtout aisée, cultivée, urbaine.
     Près de 60% des personnes se disent démunis face à l'utilisation de l'ordinateur pour des tâches un peu élaborées. Ne parlons pas des plus âgés.
     L'exclusion numérique n'est pas rare. L'inclusion numérique ne favorise que ceux qui sont déja outillés et formés.
    Le pass numérique ne suffira pas, surtout à l'horizon 2022. et certains technophobes ou e-résistants ne franchiront pas le pas de si tôt.
   La e-administration va vite montrer ses limites. La modernité, c'est bien beau, mais elle risque de laisser beaucoup de monde au bord de la route, pour des démarches qui ne sont pas anodines.
Et quelques clics ne suffiront pas dans des démarches complexes.
Et s'il s'agissait d'abord de faire des économies, sans autre considération que la rentabilité immédiate?
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   (*)   "  .....Incomplets , mélangeant des types de démarches à exécuter très hétérogènes (consultation, télédéclaration, ouverture de compte, information), ces recensements laissent en particulier dans l’ombre deux éléments pourtant majeurs du processus de dématérialisation engagé.
    D’une part, ne sont pas précisés pas quels « services » ne sont aujourd’hui accessibles qu’en ligne : demandes de bourses étudiantes, Prime d’activité, demande de logement social, inscription à pôle emploi, la liste serait longue des démarches qui ont basculé dans le « tout numérique », n’offrant aucune autre alternative aux administrés. Selon la typologie d’Albert Hirschman (1970), il n’y a ici pas de possibilité d’exit  : le rapport à l’offre doit nécessairement se faire par l’intermédiaire d’une interface numérique. Le Défenseur des droits a formulé plusieurs avis [5](2016) enjoignant aux services publics et administrations de proposer une offre de contact alternative au numérique, restée à ce jour lettre morte.
      D’autre part, ces tableaux ne rendent pas compte de la dématérialisation de la relation administrative, au-delà des procédures de demande de droit ou d’accès à des formulaires administratifs. Une part grandissante des échanges se déroule aujourd’hui par voie électronique (mail, sms, boîte de dialogue/ chat box), et on assiste à une généralisation de la prise de rendez-vous physique par internet (préfecture [6]CAF, Pôle emploi, etc.) couplée à l’impossibilité d’avoir un contact physique avec un agent pour les premiers contacts, les inscriptions, les démarches d’entame des procédures. De plus en plus, les usagers se voient orientés vers une interface en ligne pour prendre attache avec les administrations, ou obtenir des informations ou explications. Incidemment, la relation administrative devient ainsi majoritairement numérique, le contact « humain » (téléphonique ou physique en face à face) constituant une voie seconde et complémentaire des démarches en ligne. Ce virage de la dématérialisation de la relation apparaît d’autant plus fort qu’il s’est fait concomitamment à une réduction des accueils physiques et des autres modes de contact, renforçant la perception d’une déshumanisation du contact avec les administrations....

    En l’état actuel, l’obligation administrative à se connecter demeure très inégale entre les individus : une personne bénéficiaire de droits sociaux soumis à déclaration de ressources trimestrialisées a mécaniquement davantage l’obligation de se connecter qu’une personne ne percevant pas de prestations sociales. La connectivité étant socialement distribuée, l’on assiste ainsi à une double peine (Credoc 2016) : les individus les plus précaires, aussi bien économiquement que sur le plan de l’isolement social (Défenseur des Droits 2017) sont moins connectés alors que, dépendants davantage de droits et prestations sociales, ils ont davantage l’obligation de le faire.
     Davantage que d’exclusion numérique, qui renverrait à un manque de compétences d’individus qui ne seraient pas à l’aise avec le numérique, cette inégale exposition à l’obligation de connexion conduit à parler d’exclusion par le numérique : ce sont prioritairement les normes implicites de la dématérialisation qui rendent ici les usagers incapables de demander leurs droits...."

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lundi 26 décembre 2022

Pas con, le gars...

 

 Comme aurait dit autrement Pascal ou Einstein...

                Re-la-ti-vi-sons!

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Economie libidinale

Le désir et le marché

                   Avec le développement de l'économie de marché de plus en plus avancée, les secteurs de la vie, même la plus privée, parfois la plus intime, deviennent objets d'investissements lucratifs. Il est dans la logique  marchande  de  s'immiscer dans tous les secteurs de la vie, même la plus personnelle. Au nom de la "liberté" d'entreprendre et de consommer sans frein, jusqu'à la démesure, L'individualisme devint une référence, un terreau à exploiter, à exacerber même, pour vendre des produits de plus en plus nombreux, pour insuffler des valeurs de plus en plus axées sur la jouissance personnelle, dans le cadre d'une société véhiculant des valeurs les plus narcissiques. Il ne s'agissait pas de faire naître le désir , mais de le stimuler et de l'orienter. La vie affective fut une cible de choix, pour stimuler par la publicité, l'intérêt redoublé pour le sexualité notamment, jusqu'à la pornographie, devenue une quasi industrie. C'est ce qu'ont bien montré certains sociologues et des philosophes, faisant état de ce virage marchand, surtout à partir des années 1970. Aucune sphère ne doit échapper à la sphère marchande, au profit, qui ne doit rien avoir à faire avec la morale, mais doit relever d'une action sur les désirs: 


                Dans le sillage de ce qu’on a pu appeler le freudo-marxisme (dont l’un des principaux représentants, Herbert Marcuse, a beaucoup inspiré des philosophes comme Gilles Deleuze ou Michel Foucault), un certain nombre de penseurs se sont emparés du concept d’« économie libidinale ». Le terme en tant que tel donne son titre à un essai de Jean-François Lyotard. Son idée : l’économie capitaliste investit dans la consommation de marchandises un certain nombre de pulsions d’ordre libidinal ou sexuel. L’analyse a été reprise et radicalisée par des auteurs comme Michel Clouscard, auteur d’un Capitalisme de la séduction (1981) ou Dany Robert-Dufour, qui parle quant à lui d’un « capitalisme libidinal » pour signifier, plus encore, que le capitalisme s’est peu à peu mis à investir la sphère érotique elle-même, jusqu’à la rééduquer et la diriger complètement. Robert-Dufour expose notamment ses vues dans un ouvrage incisif intitulé Le Délire occidental et ses effets actuels dans la vie quotidienne : travail, loisir, amour (Les Liens qui libèrent, 2014).À ses yeux, le tournant libidinal du capitalisme aurait débuté à partir de la crise de 1929, au moment où s’observait une crise de la production qui devait se résoudre par une relance de la consommation : « Ce tournant, écrit le philosophe, peut être analysé comme une rétrocession de jouissance. Pour sortir de la crise, le capitaliste rationnel, soucieux de son intérêt, a été amené à envisager de partager une partie de la jouissance qu’auparavant il confisquait en s’appropriant presque tous les fruits du travail des prolétaires. »   Dany Robert-Dufour explique qu’à cet instant-là, l’économie capitaliste ne s’est plus concentrée seulement sur le temps de travail des individus, mais aussi sur leur temps de loisir : « Et le loisir, explique-t-il, s’est trouvé saturé de marchandises, c’est-à-dire, pour l’essentiel, de leurres qu’il s’est agi de présenter comme répondant à des besoins impérieux, autrement dit à des pulsions qu’il n’y eut plus besoin de réprimer, mais au contraire d’exalter. Le capitalisme, de répressif qu’il était, devenait libidinal. Il passait du commandement “Travaille bêtement et pour le désir, tu repasseras !” à une intimation incitative : “Pour peu que tu veuilles bien continuer à travailler bêtement, tu auras des récompenses, c’est-à-dire quelques chatouilles !” »    Il fallait que les ouvriers des usines Ford puissent eux-mêmes consommer les voitures qu’ils avaient produites et que la plupart des personnes aient accès à l’automobile, la télévision, le réfrigérateur, ce qui a été rendu possible par un certain nombre de mécanismes tel que le crédit à la consommation. Mais il aurait été dommage de ne pas aller vers un terrain particulièrement efficace, une récompense ou une chatouille particulièrement chatouilleuse – à savoir, le plaisir sexuel. Il ne suffisait pas de donner un tour libidinal à la consommation mais aussi de faire de la libido elle-même, de la sphère du désir et du plaisir sexuel, jusqu’alors relativement épargnée par le marché, un lieu qui n’échapperait pas à la sphère de la consommation capitaliste...C’est là que les publicités comme celle de Lelo, mais aussi celles de Flink, la plateforme de livraison rapide qui promet de livrer en dix minutes aussi bien des préservatifs que des glaces en vertu du mot d’ordre « Chacun ses pulsions », prennent tout leur sens. La consommation doit être pulsionnelle, irréfléchie, immédiate. À un désir, une satisfaction rapide et efficace.    La puissance du désir sexuel à cet égard fait qu’il ne pouvait logiquement pas être épargné et c’est ainsi, explique Robert-Dufour, que le capital a changé « l’érotisme » en « pornographie », c’est-à-dire en un endroit où la sexualité n’est plus délestée d’un horizon de domination par l’argent et les affects et mots d’ordre qui ont cours dans le capitalisme (efficacité, intensité, compétition, humiliation…), et à faire de la masturbation une activité rentable..."      _______________

dimanche 25 décembre 2022

On n'y échappe pas

Mon beau sapin...♪♫♪
                             Le développement vertigineux et la vente massive du produit-phare de Noël font que le symbole n'est plus ce qu'il était. Ras le sapin!
    Dans mon enfance (c'était après JC quand même!), le petit arbre symbolique était recherché et choisi avec soin dans la forêt vosgienne proche. C'était généralement un petit épicéa qui n'avait pas la longévité des produits danois, mais qui était destiné à ne rester au salon que quelques jours, avec ses petits cadeaux et ses modestes friandises suspendues qui nous mettaient en joie. La magie de ses bougies (pas électriques) fascinait nos yeux d'enfants, mais juste pour une petite période. Le plastique n'avait pas encore conquis les salons.


    Aujourd'hui, dans l'espace du marché -roi, où le Père Noël standard est devenu un excellent vendeur, le "sapin" hors lieu  est devenu un produit hautement rentable, à l'échelle quasi-internationale.
 Le prix du sapin a suivi les courbes des ventes saisonnières, comme les oeufs au chocolat de Pâques.
  Une fructueuse affaire, qui se développe dans le sens inverse des croyances religieuses en voie de disparition, pour l'arbre-culte qui avait intégré une bonne part de la mythologie antique de l'arbre toujours vert, donc en quelque sorte symbole de renouveau et d'éternité.
                            ____     "...Que vous le considériez comme un totem non confessionnel de la fête du solstice d’hiver ou comme un symbole de la Nativité, il y a des chances que vous achetiez encore un sapin cette année. Il brille la nuit de Noël en France dans près d’un foyer sur quatre.

          Votre sapin proviendra-t-il du royaume du Danemark ? Pourquoi de ce pays ? Parce qu’il y est cultivé à grande échelle et que le Danemark est le premier exportateur européen. Parenthèse avant d’aller plus loin : l’arbre de Noël n’est plus aujourd’hui prélevé en forêt, il est devenu agricole. Si jamais une telle inquiétude vous avait traversé l’esprit, ne craignez pas d’appauvrir la forêt en achetant un sapin naturel.
     C’est bien d’ailleurs parce qu’il n’est pas forestier que le sapin de Noël ne vient pas de Norvège ou de Suède, pays aux vastes ressources ligneuses et aux grandes industries du bois. En plus, à cause des conditions climatiques, il y pousserait moins vite et gèlerait souvent sur pied.
     Deux chiffres : le Danemark produit une dizaine de millions de sapins de Noël chaque année pour une consommation intérieure dix fois moindre. Leur culture s’est révélée attractive dans les années 1990 avec l’entrée du Royaume dans l’Union européenne et son système de subventions agricoles.
     Les cultivateurs danois ont aussi pris très tôt le virage du sapin de Nordmann (Abies nordmanniana). Vous savez, celui qui une fois coupé garde longtemps ses aiguilles mais n’embaume pas la pièce d’une délicate odeur de miel et de résine contrairement à l’épicéa (Picea abies). Plus cher, il a cependant conquis le cœur des Français. En l’occurrence plutôt des Françaises car si les femmes consacrent 45 minutes quotidiennes au ménage, les hommes sont à 15. Pratiquement absent des foyers modernes des années 1960, le Nordmann a progressivement imposé ses cônes dressés et son feuillage à revers argenté.
    Si vous achetez votre sapin chez Ikea, il sera danois. Le distributeur suédois est le plus grand acheteur et vendeur mondial d’arbres de Noël.
     Il en a fait un produit d’appel. Vous le paierez 24,99 euros en caisse avec vos autres achats, y compris les babioles plus ou moins volumineuses et dispendieuses que vous n’envisagiez absolument pas d’acquérir mais qui se retrouvent tout de même au fond de votre chariot. Un bon de 20 euros vous sera remis, à dépenser lors de votre prochaine visite d’ici février prochain. N’espérez cependant pas faire une bonne affaire avec votre sapin au prix imbattable de 4,99 euros. En retournant en magasin pour toucher votre bon vous repartirez encore une fois avec vos babioles superfétatoires plus ou moins volumineuses et dispendieuses. En plus si vous allez chez Ikea en couple cela ne vous rapprochera pas. Il n’existe pas d’études économétriques sur le nombre de disputes et de ruptures causées par Ikea mais même sans chiffres je me permets de vous suggérer de vous y rendre sans votre conjoint·e.
     L’avantage tout de même d’Ikea est de proposer une seule taille de sapin, un mètre quarante. Pas d’hésitation entre l’achat d’un arbre de Noël plus petit mais moins cher ou plus cher mais plus grand. D’autant que la relation théorique entre prix et taille du sapin de Noël passe par des calculs hyper compliqués. Si je vous dis qu’elle obéit à la règle d’Hotelling modifiée Faustmann cela ne vous dira rien. Je vous livre alors quelques explications.
     Harold Hotelling, grand économiste-statisticien américain, a établi que le prix d’une ressource naturelle devrait augmenter au rythme du taux d’intérêt. L’intuition est que son propriétaire arbitre entre exploiter maintenant ou exploiter demain. Si le prix de demain est inférieur à ce que lui rapporterait le produit de sa vente placée à la banque, il préférera évidemment vendre aujourd’hui. La différence de prix entre un Nordmann de 10 ans avec ses 20 cm de plus et un Nordmann de 9 ans dépend donc du taux d’intérêt.
    Martin Faustmann, un forestier allemand, entre en jeu car les arbres, une fois coupés peuvent être replantés, ce qui n’est évidemment pas le cas du charbon ou du pétrole qu’Hotelling avait plutôt en tête. Si le cultivateur de sapin de Noël vend ses Nordmann à 10 ans et non à 9 ans, il perd l’année de croissance des nouveaux plants qu’il aurait semés sur la parcelle récoltée. Si vous voulez en savoir plus et aimez les équations, reportez-vous à l’article « A Hotelling-Faustmann Explanation of the Structure of Christmas Tree » de l’American Journal of Agricultural Economics. Les économistes académiques américains sont formidables car ils ont publié sur tous les sujets.
     Restons aux États-Unis. Cela ne vous étonnera pas que le plus grand producteur et consommateur de sapins de Noël de la planète les cultive de façon industrielle. Noble Mountain Tree Farm, par exemple, élève le sapin noble (Abies procera), le Douglas vert (Pseudotsuga menziesii) et autres pin sylvestre (Pinus sylvestris) sur près de 2 000 hectares. Une fois coupés, ils sont enlevés par hélicoptère et embarqués en camion ou en container réfrigérés pour les livrer partout dans le reste des États-Unis, en Amérique centrale et même beaucoup plus loin, à Doha, Singapour et Saïgon.
     En revanche, vous n’auriez pas imaginé un instant que le sapin de Noël cultivé dans l’Oregon puisse être l’otage d’un conflit commercial entre le Mexique et les États-Unis. Une longue dispute sur l’accès des camions mexicains au réseau routier fédéral en est à l’origine.

    L’accord de libre-échange nord-américain prévoyait cette ouverture pour 2000. Pour des raisons plus ou moins convaincantes (véhicules moins sûrs, chauffeurs insuffisamment expérimentés, passage de drogue et de clandestins, etc.), les États-Unis ont traîné des pieds et le Mexique a fini par se lasser. En 2009, son gouvernement a imposé des surtaxes à l’importation pour plusieurs milliards de dollars sur près de 100 produits dont le sapin de Noël. Que vient faire là notre petit résineux ? La faute à deux membres du Congrès élus de l’Oregon qui se sont sans cesse opposés à l’accès des camions mexicains. Il y a une certaine logique au ciblage des mesures de rétorsion commerciales.
      On retrouve encore notre petit sapin pris dans les filets du conflit commercial entre les États-Unis de Donald Trump et la Chine de Xi Jinping. Plus précisément les guirlandes et autres articles de Noël. Pas le sapin lui-même direz-vous car la Chine n’en cultive pas ; et ce pour une bonne raison : Noël n’y est pas fêté et le symbole du Nouvel An chinois est un animal, pas un arbre, et la couleur de circonstance le rouge, non le vert (à propos, la prochaine année sera placée sous le signe du Rat et débutera le 5 février.) La Chine n’en produit pas moins pour l’exportation des sapins factices en plastique et toutes les décorations qui vont avec. Elle en est même de très très loin la premier fabricant mondial.
     Dès la première salve du conflit, les États-Unis ont imposé une taxe de 10 % sur les importations de décorations de Noël. Rien en revanche sur les sapins en chlorure de polyvinyle ou en polyuréthane. Ne me demandez pas la logique de ce traitement différencié. Je ne la connais pas. Ne me demandez pas non plus pourquoi la surtaxe sur les articles de Noël a été retirée l’été dernier. Donald Trump se serait-il ému à l’idée que les petits enfants d’Amérique trouveraient un sapin moins abondamment décoré ?
            La fabrique chinoise des accessoires de Noël est bien sûr assez éloignée des histoires racontées aux petits enfants. Ni elfes aux oreilles pointus ni lutins espiègles aidant le père Noël, mais des ouvriers travaillant à la chaîne et des machines découpant le PVC en millions d’aiguilles factices. La fabrication ne se situe pas non plus quelque part au-delà du cercle polaire. Elle se tient à 300 km de Shanghai. À Yiwu, précisément. Près d’un millier d’entreprises d’articles de Noël s’y côtoient. Elles réalisent à elles seules 60 % de la production mondiale de sapins en plastique, guirlandes lumineuses, étoiles dorées, et autres personnages et boules de Noël. Pour un aperçu des chaînes de fabrication et des usines de cet atelier du monde de la Nativité, regardez la vidéo de National Geographic« I did not know that : how Christmas trees are made ». Plutôt quand vos jeunes enfants seront couchés. Maintenant vous saurez...."                                                                                     ___Du paganisme au christianisme. __ Cadeaux d'hier, cadeaux d'aujourd'hui.

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samedi 24 décembre 2022

Vite fait

__  Gafam en France

__ La Finlande aussi

__ Ça sent le sapin

__ Ave Caesar                                    

__ Bitcoin: en perdition?

__ Ecrans-addiction

__ Echec et maths 

__ Ben G'vir  et ses oeuvres.

                           ________ * Best off 2022 _________________________

vendredi 23 décembre 2022

Tant qu'il y aura des prof's

On se mentirait si on disait que tout va bien à l'école

      Ce que reconnaît (enfin!) le nouveau ministre, de manière bien allusive et non programmatique...Le chemin est encore long...

             (Lettre fictive: )    " À toi, mon élève, Tu te souviens de moi ? En maternelle, à l'école élémentaire, au collège, au lycée, à l'université, c'est moi qui t'accueillais en salle de classe, qui t'apprenais des choses et te faisais travailler. C'est moi aussi qui t'encourageais, qui te conseillais, qui t'expliquais ce que tu ne comprenais pas. C'est moi également, parfois, qui me fâchais quand tu n'étais pas d'humeur à travailler et amusais la galerie, ou bien que tu passais tes nerfs sur un camarade ou sur moi parce que tu ne te sentais pas bien... Rappelle-toi tous ces bons moments et ces moins bons. On en a fait, du chemin, ensemble. Tu n'as pas que de mauvais souvenirs, admets-le ! Mais aujourd'hui, tu n'es plus mon élève. C'est ton enfant qui a pris ta place, ou ton petit-enfant. Et tu l'aimes, ce petit, et tu ne supportes pas que je puisse comme avec toi trahir sa confiance. Je t'avais dit que tu aurais un bon travail si tu travaillais dur, et te voilà au chômage. Je t'avais dit que l'école formait des citoyens éclairés capables de rendre le monde meilleur, et la vie meurt partout où porte le regard. Je t'avais dit de respecter ton prochain car nous formions un peuple fraternel, et pourtant il n'y a jamais eu autant d'injustices. Oui, je t'ai menti. Comme tes parents avant moi. Le père Noël, la petite souris, les licornes et la Justice n'existent pas. C'est à nous de nous battre pour qu'ils enchantent le monde. Mais tu sais, je ne t'ai pas menti pour te désarmer, ni même pour te protéger. Je l'ai fait parce que je croyais à mon mensonge. Je croyais moi aussi qu'une Justice était possible, puisque j'étais devenu enseignant. Seulement, je n'avais pas compris qu'un professeur ne fait pas partie de l'élite, mais seulement du couvercle de la marmite. Pour ne pas faire de vagues, on nous intime de prendre sur nous, de nous dépasser, d'être bienveillants : l'école doit accueillir, inclure, accompagner et donner des diplômes à tous. L'école est une garderie magnifique où l'égalité permet à tous de se sentir également traités par la République. Le réel triera ensuite les méritants. Et tant pis si les méritants sont le plus souvent les héritants. Tant pis si ceux qui trinquent le font de père en fils, de mère en fille. L'École a fait son œuvre et tamponné le front du jeune du sceau républicain de l'égalité des chances. Il a masqué les inégalités niées par les discours et assénées pourtant par la vie. Aujourd'hui, les professeurs sont divisés, méprisés, déprimés et pleins d'amertume. Aujourd'hui, les élèves sont stressés, démoralisés, désespérés et en souffrance. Aujourd'hui, les parents sont angoissés, en colère, pleins de rancœur. Aujourd'hui, les réseaux sociaux, les médias et les politiques regardent s'affronter les membres de ce trio en s'amusant avec nostalgie de ces enfantillages. Sauf que ce n'est pas rien, une école malfaisante. Sauf que ce n'est pas rien, une jeunesse en souffrance. Sauf que ce n'est pas rien, une société en crise. Sauf que les victimes n'en sont pas les seuls responsables. Si l'école est maltraitante, malfaisante, mal-apprenante, ce n'est pas qu'à cause de la malveillance des profs, mais à cause de la bienveillance dont on les étouffe, dont on les désarme, dont on les force à faire un usage immodéré et inconsidéré. On doit faire plaisir aux élèves, aux familles, à la hiérarchie, et tant pis si c'est sans moyens d'y réussir : on est capables, et cette seule pensée devrait nous suffire pour nous surpasser malgré des classes trop chargées, des locaux inadaptés, des programmes aberrants et des formations inefficaces. L'échec est forcément celui de l'individu, cet enseignant qui n'aura pas fait assez, pas assez bien. N'importe qui peut accuser les professeurs de n'importe quoi. N'importe quel ministre peut annoncer n'importe quelle mesure et ne rien faire, n'importe quel dysfonctionnement peut advenir pour empêcher les enseignants d'enseigner, mais les seuls qui savent ce qui se passe dans les écoles, les seuls capables de dire ce qu'il faut aux élèves, les seuls capables de dénoncer les mensonges d'état, les calomnies du peuple et les erreurs des médias sont les seuls qui n'ont pas le droit de s'exprimer : les enseignants. Pas de vagues. Devoir de réserve. L'écume au cœur et aux lèvres, au bord des yeux, mais pas de vagues. Pourtant, c'est un tsunami qui se déchaîne dans nos cœurs et nos esprits, parce qu'on n'a pas signé pour être complices de la destruction de l'École, du pacte républicain et de notre société. Nous, on a signé pour participer aux fondations d'une société plus juste et éclairée, bâtissant sur la culture, la connaissance du monde, du passé et des hommes, sur les arts et la science pour contribuer à faire de notre espèce ce à quoi elle peut prétendre. Alors, mon élève, toi dont j'ai tenu la main, toi qui me confies ton enfant, n'oublie pas que nous avons le même rêve. Seulement, ce rêve n'est pas partagé par tous. Certains veulent leur part du gâteau. L'argent qui sert à faire fonctionner l'École, l'Hôpital, le Justice... c'est de l'argent collectif issu des impôts, et ce sont des milliards sur lesquels les actionnaires qui possèdent le monde ne perçoivent aucun dividende, et c'est ça, le problème qui fait que les plus grosses fortunes dépensent tant d'argent en lobbying, dans l'achat de médias, en publicité et en soutien aux politiques libérales : pas pour libérer les énergies du peuple, mais pour libérer leurs profits à eux d'une équité sociale sans cesse remise en cause par les nantis. Alors, les enseignants en ont assez d'en saigner, et il est temps que la grande vague de la vérité submerge l'arsenal de mensonges qui empêche l'école de fonctionner ! NON, les profs ne sont pas plus absents qu'ailleurs. Seulement, leur absence est plus remarquée qu'ailleurs, car elle a une répercussion sur les élèves qui n'ont pas cours. Au contraire, les profs sont plus souvent présents que dans le privé, même quand ils sont malades et au mépris des risques sanitaires occasionnés à leurs élèves ou aux baisses d'efficacité pédagogique. En revanche, c'est le nombre de remplaçants qui a diminué : le Ministère de l'Education Nationale ne cesse de diminuer le nombre d'enseignants remplaçants, créant une tension insupportable sur le système et faisant régner une tyrannie de la culpabilisation pour compenser leur gestion calamiteuse des ressources humaines. Les recteurs d'académie n'hésitent plus à embaucher à bas salaires des contractuels précaires, voire des étudiants et des chômeurs sans formation pour remplacer les enseignants manquants, et ce au mépris de la qualité de la formation dispensée aux élèves. L'important est de maintenir la garderie ouverte, pas que les enfants apprennent et atteignent l'égalité réelle des chances. NON, les enseignants ne sont pas tout le temps en grève, en vacances ou surpayés à rien faire. Parmi les enseignants les moins payés des pays développés, ils sont également très peu à être syndiqués ou à faire grève, et les salaires sont gelés depuis des années tandis que les enseignants se situent dans la fourchette des citoyens souffrant de la double peine fiscale : trop riches pour percevoir des aides ou avantages sociaux, ils sont trop pauvres pour accéder aux privilèges des classes moyennes et supérieures. Sans compter qu'une heure de cours en présence des élèves se prépare en amont (recherches, formation, création des documents et outils...) et en aval (correction des travaux, réunions, bulletins, ENT, communication administrative et avec la famille, suivi disciplinaire...). La charge réelle est au moins double, et la charge mentale, elle, est démesurée, et souvent insupportable. NON, les enseignants ne sont pas des tyrans incompétents et cruels : en revanche, ils n'ont pas le temps ni les moyens de mettre en place des pédagogies novatrices (pas de formation, classes trop chargées, trop d'élèves en souffrance et disparition des métiers périscolaires dévolus au traitement de ces difficultés, locaux trop petits et inadaptés, culture de l'effort absente du reste de la société, concurrence des écrans de loisir...). Tout est réuni pour concourir à l'échec scolaire, et on doit surtout s'étonner que certains élèves réussissent encore... mais ce sont souvent ceux dont les familles sont des milieux privilégiés pour se construire en tant qu'élève performant et cultivé. Reste la tension, la violence quotidienne... et les faiblesses humaines qui font qu'on succombe sous la fatigue et l'émotion. Alors, toi qui as vécu dans ma classe certains des moments qui ont fait de toi l'adulte que tu es aujourd'hui, rappelle-toi certains de mes enseignements... Lis les consignes et réfléchis avant de te lancer bille en tête dans l'exercice : dans l'isoloir, ton bulletin de vote vaut copie d'examen, et de notre réussite collective à ce concours pour l'avenir dépend le bonheur collectif ; - Avant de t'attaquer à ton voisin, vérifie avec lui que vous êtes vraiment en désaccord, explique-lui ce que tu ressens, comprends-le et discute avec lui de ce qui te fait souffrir dans la situation : ton chômage, la pollution, les féminicides, le cancer de ton môme, ton découvert, ton mal-être ne sont pas forcément dus au SDF qui n'a plus que sa bouteille à laquelle s'accrocher ou que ce gitan qui est prêt à tout pour quelques euros afin de survivre, ou que ce réfugié qui se cache pour ne pas être renvoyé à la mort dans son pays ; la difficulté pour ton enfant à s'épanouir à l'école n'est pas non plus nécessairement de la seule responsabilité d'un enseignant malveillant. Quand tu fais face à un problème, comprends ses causes, si tu veux le résoudre. Ne te débats pas dans les apparences, mais affronte le réel. Sois le tsunami qui balaiera les obstacles entre les humains et le bonheur." (Inspiré de PT)

* __ Morceaux choisis: Ici (avec ça) ____ Ici __Et aussi...  Ça urge   _________________

jeudi 22 décembre 2022

Varia

1.  Divertir ou éduquer?

2.  Rien ne va plus...

3. Eux aussi

4. Lourd héritage

5. Comme Goethe

6. Qatar courtisé

7. Pro-notes: vrai progrès?

8. Le footballeur et le Président          

9. Flamanville: douze ans après

10. Après l'holocauste

11. Grain à moudre

12.  Bon à entendre           _________________

mercredi 21 décembre 2022

Précarité énergétique

Et pourtant, elle existe... (bis repetita)

       Certains se demandent même s'ils pourront encore se chauffer en 2023... Elle existe bien, même si elle est invisible à nos yeux, en période hivernale "normale" déjà, sous nos latitudes. Se chauffer correctement par grand froid fait partie des nécessités, qui touchent plus de monde que l'on croit, que nous finissons pas oublier, quand nous sommes en capacité de faire le plein d'énergie et d'avoir des murs correctement isolés. L'hiver qui vient risque d'être redoutable pour ceux qui sont touchés de plein fouet pas des hausses inouïes des matières premières énergétiques, même un peu compensées. On se souvient des grands froids de 1954 et des appels d'un certain abbé Pierre pointant du doigt certaines conditions d'habitat de l'époque et la détresse thermique.                                                                                                                                                      Il y a à ce niveau des inégalités profondes mais invisibles. "... les ménages les plus aisés, qui vivent souvent dans des maisons individuelles récentes et qui peuvent ajuster leur température de chauffage, ont tendance à consommer plus que ce que leur diagnostic de performance énergétique indique, comme nous l’avons relevé dans un article de recherche publié en 2021.   En approfondissant cette relation entre niveau de revenu et poids de la consommation énergétique (en se basant sur des données françaises récentes récoltées dans le cadre du projet de recherche PEPSI), nous obtenons que ceux qui déclarent préférer le confort thermique plutôt que de réaliser des économies d’énergie gagnent 7 965 euros de plus par an que la moyenne des ménages...."                      

 ____Il est des formes de pauvreté qui se voient, d'autres qui se font plus discrètes, d'autres qui passent inaperçues, même en milieu urbain. Le manque de ressources ou de revenus suffisants n'est qu'un aspect des nouvelles formes de pauvreté. Le fait de travailler, souvent à temps partiel ou de manière discontinue peut coexister avec une forme de précarité .Les travailleurs pauvres sont de plus en plus nombreux.
Nos sociétés s'installent dans une sorte de précarité généralisée, qui peut affecter un jour tout un chacun et cette précarité s'exprime sous diverses formes.
___En cette période hivernale, elle se manifeste par la précarité énergétique "qui relève d'une difficulté à accéder techniquement pour son logement à des sources d'énergie outre le fait d'avoir des difficultés à les payer."
Se chauffer devient un luxe pour un nombre croissant de personnes et de familles, d'autant plus que l'on assiste à une hausse constante du prix de l'énergie.
On estime que le manque de chauffage, l'inconfort qu'il génère, les maladies qu'il peut engendrer, affectent environ 9 millions de précaires .
Il arrive que se chauffer rend (très) pauvre, du fait de la vétusté de l'habitat représentant souvent un gouffre énergétique, une passoire à KW.
Selon l'INSEE, plus d'un ménage modeste sur cinq déclare souffrir du froid dans son logement

_Si le gouvernement commence à se pencher sur la précarité énergétique, c'est bien tardivement et de manière bien trop limitée, sans agir sur les causes. Les outils existent cependant. Pour ce qui est du mal-logement, une des sources du problème, il existe des solutions. Pas que de la com'...
Selon des données qui demandent à être actualisées, "..Les tarifs sociaux de l'énergie profitaient l'an dernier à moins de la moitié de leurs ayants droit potentiels, estimés à environ 2 millions de personnes, selon la Commission de régulation de l'énergie. Philippe Pelletier, le président du comité stratégique du plan bâtiment Grenelle, avait alors préconisé un plan global de près de 4 milliards d'euros en dix ans, dont 1,7 milliard à la charge de l'Etat, pour aider ces plus démunis à réduire leurs factures de chauffage et d'électricité. A la fin de 2010, le nombre de foyers bénéficiaires du tarif social, qui était encore de 940 000 à la fin de décembre 2009, a encore chuté à 650 000, soit une baisse de 31%..."    ___________________