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jeudi 22 novembre 2012

Courte vue

 ____________________________________________________________[Billet du vendredi 23]__
On n'est pas près de s'ennuyer...
____________________________Entre deux infinis, nous sommes comme des infirmes, des non voyants._______
Andromède (cliquez)
 ______Deux infinis, dont les dimensions peuvent sidérer ("effrayer" dit l'inventeur de la fameuse machine), l'imagination étant elle-même mise en défaut, comme le remarque Pascal, témoin d'une époque où la science copernicienne et galiléenne ouvre l'esprit à d'autres aspects jusque là insoupçonnés, Giordano Bruno osant déjà évoquer l'idée d'un univers infini...
...En attendant Hubble et SEM, pour des plongées autrement plus profondes dans les deux dimensions du réel qui nous entoure et dont nous faisons partie. Nous sommes nous-mêmes un monde infini de complexité (sans finalité) microbiologique, moléculaire et infra atomique.
Face à un monde devenu soudain énigmatique, non plus simple et rassurant, comme il pouvait l'être depuis Aristote, Pascal s'interroge, dans une problématique religieuse aujourd'hui absente des laboratoires et une poétique propre à réveiller les sens endormis, l' esprit sclérosé et l'imagination désarmée: Qu'est-ce que l'homme dans la nature...?
"...Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout. Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et leur principe sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d'où il est tiré, et l'infini où il est englouti..."
Source: Maxiscience
___Nous vivons un peu comme des aveugles dans le champ clos de nos perceptions ordinaires, adaptées au monde qui nous entoure, s'imposant d'emblée à un esprit non critique comme simple et sans profondeur.
L'infini nous échappe, de par nos sens structurellement limités et en partie par notre intelligence naturellement infirme: que savons-nous finalement de la complexité de l'univers, et même d'une simple cellule? (Depuis Kant d'ailleurs, nous savons qu'un savoir englobant et fini, présupposant l'existence d'un super point de vue déjà constitué, ne peut avoir de sens. La recherche ouvre sans cesse de nouvelles portes en posant de nouvelles questions, toujours plus complexes.)
Nous ne voyons pas les ultraviolets, n'entendons pas les ultrasons, ne sentons pas certaines odeurs....
Nous sommes sensoriellement très démunis par rapport à certains animaux. Ces limites explicables peuvent être dépassées par l'intelligence, qui nous permet de "voir" plus loin, de concevoir partiellement la nature du réel et de nos cadres mentaux, d'abord ajustés à la vie pratique. L'étude du cerveau, cet univers lui tout seul, est un condensé d' hypercomplexité structurelle et fonctionnelle.
Igor Siwanowicz, 2010 Olympus BioScapes
_____Les outils d'observations, qui débloquent et stimulent nos savoirs, permettent l'ouverture sur un monde à la fois surprenant, fascinant, parfois presque inquiétant, mais aussi d'une beauté sans équivalent.
►Dans le monde de l'infiniment grand, la connaissance du plus lointain ne cesse de s'enrichir, de Galilée à Hubble, nous amenant à voir un monde toujours en gestation et à sonder des mutations révolues, dans l'immense forge cosmique (puisque plus on voit loin, plus on remonte le temps...) La splendeur de cette petite fraction d'univers accessible au télescope le plus puissant ne peut laisser insensible même le plus chevronné des astrophysiciens.
►Dans le monde de l'infiniment petit, nous sommes à même d'entrer dans le détail des cellules, des microbes: invisibles, mais innombrables, variés, essentiels à la vie et  étonnants. Le microscope ouvre nos yeux à la beauté du vivant. Déjà l'objectif macro nous révèle des détails insoupçonnés, offrant un spectacle parfois somptueux, insolite, baroque ou fantastique. (1)
La raison interrogative côtoie ici la poésie contemplative et peut déboucher sur le questionnement philosophique...
_____________________________________________Question en suspens: «...Toutes ces combinaisons infiniment fertiles de la matière, cette activité nucléaire des étoiles, ce bourdonnement électromagnétique des nébuleuses interstellaires, cette fièvre biochimique exubérante de l'océan primitif, tout n'aurait d'autre sens que de préparer l'holocauste nucléaire ? La conscience n'émergerait-elle - en quinze milliards d'années - que pour s'éliminer en quelques minutes ? L'univers engendre la complexité. La complexité engendre l'efficacité. Mais l'efficacité n'engendre pas nécessairement le sens. Elle peut aussi conduire au non-sens. Potentiellement, le conflit est inscrit depuis les temps les plus reculés, dans le développement de l'univers et l'édification de la complexité. Avec l'homme, il prend sa dimension tragique. Simultanément, une issue se dessine. Il revient à l'être humain de donner un sens à la réalité. Nous (notre génération) sommes les témoins et les acteurs de cette période de l'histoire où ce problème entre dans sa phase décisive. Si nous avons un rôle à jouer dans l'univers, c'est d'aider la nature à accoucher d'elle-même. L'être le plus menaçant est aussi le seul qui puisse faire réussir l'accouchement. L'intelligence n'est pas nécessairement un cadeau empoisonné. L'absurde est encore évitable. L'éveil de la jubilation est, peut-être, l'antidote le plus efficace. » (Hubert Reeves)

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