samedi 3 septembre 2011

Solidarité: valeur en baisse

Intérêt bien compris...

_Le repli de l'individu sur lui-même, le chacun pour soi , qui détruit les solidarités anciennes, sous l'effet de la montée du chômage, du consumérisme compulsif et de l'imprégnation des valeurs libérales, est palpable depuis une trentaine d'années, même en milieu non urbain.
Il irrigue tant le tissu social que la cellule familiale, mise à mal par un individualisme souvent destructeur de liens. Le ciment s'effrite, qui permettait naguère des échanges denses et multiples, une vie associative développée, un certain souci de l'autre.
_Sans idéaliser le passé, nous glissons, sans nous en rendre compte, vers une sorte de régression (provisoire?), où la concurrence devient la règle et l'individualisme le principe, affiché ou tacite.
"...Il ne fait pas de doute qu'une des pentes des sociétés marquées par l'éclatement des encadrements familiaux et religieux ainsi que par l'argent-roi ne conduise à l'affaiblissement de la force d'obligation de tout un ensemble de devoirs, au primat des intérêts privés, au « après moi le déluge », autrement dit un individualisme sans frein, sans souci des autres, sans respect de la loi. Tout simplement un individualisme irresponsable." (Hanse-love)

___La solidarité ne va pas de soi.
Elle résulte de volontés individuelles conditionnées par un certain type d'éducation et par des institutions qu'il faut sans cesse entretenir, améliorer et recréer, un "esprit du temps", qui la stimule ou l'affaiblit. L'ethnologie nous apprend beaucoup là-dessus.
Le souci de l'a
utre n'est pas donné à la naissance. Le narcissisme est plutôt ce qui caractérise tout un chacun dès le début de la vie. L'enfant est naturellement d'abord autocentré, comme la psychanalyse le montre bien. Mais il se socialise peu à peu, sauf si les conditions font défaut.
L'enfant-roi et parfois tyran n'est-il pas souvent le produit de parents infantilisés?

_Pourtant, un certain égoïsme, l'intérêt personnel, reste bien souvent de fait notre moteur d'action essentiel que nous le voulions ou non, même au coeur de nos attitudes que nous jugeons morales (La Rochefoucault allait jusqu'à dire que "Toutes les vertus des hommes se perdent dans l'intérêt comme les fleuves se perdent dans la mer"
Toutes les vertus des hommes se perdent dans l’intérêt, comme les fleuves se perdent dans la mer.


Source : Toutes les vertus des hommes se perdent dans l’intérêt, comme les fleuves se perdent dans la mer. | Blog Dicocitations - Dico citati

Toutes les vertus des hommes se perdent dans l’intérêt, comme les fleuves se perdent dans la mer.


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Toutes les vertus des hommes se perdent dans l’intérêt, comme les fleuves se perdent dans la mer.


Source : Toutes les vertus des hommes se perdent dans l’intérêt, comme les fleuves se perdent dans la mer. | Blog Dicocitations - Dico citati

). La morale est toujours ambivalente et notre humanité est un fragile vernis, qu'il faut entretenir.
On peut affirmer, comme les économistes classiques, que la somme des intérêts individuels concourt à produire l'intérêt collectif, la richesse globale. En tant qu'agent économique, l'égoïsme ( et non la cupidité) est apparu très tôt comme un moteur créatif de liens sociaux, d'échanges et de progrès (Mandeville... A Smith..).
La théorie de l'individualisme possessif a été une des origines du capitalisme anglo-saxon, au développement spectaculaire des biens et des injustices. Revue et adaptée à la théorie hayekienne, elle a abouti à l'intransigeance sociale reaganienne, la
dureté thatcherienne, _l'Etat ne jouant plus son rôle régulateur et redistributeur_ et aux crises d'aujourd'hui, qui sont d'abord des crises de l'inégalité et de la cupidité. Le sacro-saint marché devient roi et représente" une démocratie de consommateurs."(Ludwig von Mises)
_L'accumulation aveugle et sans justice a fini par produire des formes d'(auto)destruction. On aboutit à une sorte de chaos néolibéral où les dépossédés sont amenés à des formes d'expression désespérées, comme on l'a vu récemment à Londres.L'enrichissement croissant des plus riches, les coupes sombres dans les budgets sociaux, l'abandon de couches sociales de plus en plus paupérisés créent une désespérance qui menace la société toute entière...
"Si l'on ajoute à cela le sentiment que les banquiers, qui ont provoqué la crise financière de 2008 à la City, s'en sont sortis avec beaucoup d'égards et aujourd'hui pas mal de bénéfices, il n'est peut être pas si surprenant que les jeunes au bas de l'échelle sociale souhaitent, eux aussi, profiter d'une certaine impunité en brûlant et pillant. « J'ai le sentiment que la criminalité dans nos rues ne peut pas être dissociée de la désintégration morale dans les rangs les plus élevés de la société britannique moderne », écrit l'éditorialiste du Daily Telegraph Peter Oborne. « La culture de la rapacité et de l'impunité que nous avons vue sur nos écrans de télévision lors des émeutes s'étend jusque dans les conseils d'administration et au gouvernement. Elle inclut la police et de nombreux médias. Ce n'est pas seulement la jeunesse dérangée qui a besoin d'être réformée, mais la Grande Bretagne dans son entier. »

__Le développement de la culture du narcissisme, du consumérisme infantilisant, de l'ego-mania érigé en culte, fruits amers du système, dont nous sommes plus ou moins à la fois auteurs et victimes, ne pourra que renforcer la perte d'une certaine solidarité, sans laquelle une société ne peut être viable...
Seul un individualisme socialisé et désensauvagé, civilisé, pourra être un gage d'un avenir supportable. Reste à en créer les conditions...
Ce n'est pas parce que l'égalité au sens strict est irréalisable qu'on doit abandonner les principes de justice et qu'on doit cesser de lutter pour une société plus solidaire, à la richesse plus équitablement répartie
L'homme n'est un loup pour l'homme que si les institutions de l'Etat démocratique ne jouent plus leur rôle.

"Une démocratie ne vaut et ne dure que si elle sait refondre constamment dans la communauté l'individualisme qu'elle fait naître" (J.de Lacretelle)

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