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samedi 6 juin 2009

Enfance et violence

Aurions-nous peur de nos enfants?
Anges ou barbares?
Ni l'un ni l'autre...


Mais qui sont ces jeunes qui nous emmerdent?

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Médicaliser la violence : une utopie

"l’INSERM a rendu récemment un rapport sur le trouble des conduites. Ce rapport est contesté car, à côté d’une guidance familiale justifiée, il préconise des psychothérapies comportementalistes et des traitements médicamenteux, là où les aléas des histoires familiales, les intrications relationnelles conflictuelles et les difficultés psychologiques des jeunes nécessitent des accompagnements pluridisciplinaires patients et durables. Il l’est aussi parce que ses recommandations se limitent à une clinique adaptative à la vie sociale qui, dans son orientation préventive, s’illusionne en oubliant que le processus de développement des subjectivités est conflictuel. Ces considérations expertes divergentes devront donc être arbitrées par des choix politiques car ces symptômes, au-delà des cas particuliers, témoignent de l’état de notre société et de son évolution."(Lescaudron D.)
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Enfants violents : adultes coupables ? - AgoraVox
"...Toujours viennent en appui des chiffres plus fantaisistes les uns que les autres. Selon l’Education nationale, 30 000 enfants poseraient des problèmes graves de comportement en France. Cette statistique est citée par Marion Vaqué-Marti dans son documentaire Enfants violents : l’école au bord de la crise de nerfs diffusé vendredi sur Canal + à 22h30. Elle est l’invitée de ces Rdv de l’Agora.
30 000 enfants qui ont des problèmes de comportement, ça ne fait pas 30 000 délinquants. Mais il semble que le curseur de « supportabilité » des enfants, à l’école et ailleurs, soit au plus bas. Fini l’enfant-roi ! Sauf quand il s’agit de s’en servir pour vendre des yaourts, des télés, des voitures...
Ce divorce entre les adultes et les enfants est validé par des chercheurs. Le très sérieux Inserm a ainsi publié un rapport sur les troubles de l’enfant. Opportunément récupéré par les politiques, Nicolas Sarkozy en tête, il préconise ni plus ni moins un traitement psychiatrique, donc médicalisé, de l’enfant. Comme aux Etats-Unis, on prescrit aux mômes de la Ritaline, autrement appelée la cocaïne des enfants. Ce ne sont pas les laboratoires pharmaceutiques qui vont s’en plaindre…
Marie-Pierre Hourcade, juge pour enfants au tribunal de Paris déclare dans le documentaire de Marion Vaqué-Marti que le parquet « ne nous saisi pas pour des situations de violence commises par de très jeunes enfants. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de violences commises par des petits dans le cadre scolaire. C’est totalement différent ». Cela signifie donc qu’il y a des enfants qui présentent des troubles de comportement, mais qu’il est sûrement plus commode, au nom du déterminisme social, d’en faire des futurs voyous. Alors qu’il suffirait peut-être simplement des accompagner, de les rassurer. Les enfants ne sont pas des modèles réduits d’adultes. Ce sont des êtres qui possèdent à la fois une personnalité, une intégrité et qui sont, par définition, en développement.
Des associations comme Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans ou Mission possible se battent pour résister à cette idée spectaculairement répandue dans les médias que les petits d’aujourd’hui, dès trois ans, sont de futurs barbares prêts à en découdre dès que nous aurons le dos tourné.
La réalité est moins croustillante. Elle requiert, pour mieux l’appréhender, plus d’effort et d’analyse que des imprécations bâclées par des pigistes en mal de sujets journalistiques.
Il y a un mal-être des adultes et les enfants sont les premiers à le capter. Ils nous renvoient à nos contradictions ou, comme le dit Marion Vaqué-Marti, à nos non-dits. La réalisatrice a déjà tourné, notamment un documentaire remarqué sur les adolescents, 15 ans, le monde et nous.
Dans Enfants violents : l’école au bord de la crise de nerfs, on entend de nombreux adultes - pédopsychiatres, magistrats, responsables d’association, représentants de l’éducation nationale, parents -, mais on entend surtout la parole des enfants.
N’est-ce pas finalement ce qui compte le plus, cette parole ? Comment peut-on prétendre régler un problème sans écouter les principaux protagonistes ? Sauf évidemment quand on crée ce problème de toute pièce…
Marion Vaqué-Marti, réalisatrice de Enfants violents : l’école au bord de la crise de nerfs répond aux questions d’Olivier Bailly pour les RDV de l’agora
J’ai essayé de montrer, en évoquant notamment les mères, que ces dernières faisaient ce qu’elles pouvaient et qu’on n’en ferait sûrement pas plus à leur place, mais que la responsabilité des adultes est une question collective qu’il faut se poser collectivement.
OB : Est-ce que selon vous l’enfant est devenu un enjeu de politique sécuritaire ?
MVM : C’est sûr. L’enfant est au centre d’un tel enjeu depuis les années 70, il y a eu tellement de fantasmes et de projets portés par les enfants que finalement un enfant c’est toujours un peu « décevant » parce qu’il n’est pas l’être fantastique qu’on aurait rêvé qu’il soit. Est-ce que l’on revient de ce fantasme ? Ces mômes font peur, et comme l’enfant est un être moins policé qu’un adulte, ça permet effectivement de mettre toutes nos peurs dessus. Et c’est ainsi qu’une politique sécuritaire fonctionne. Sur la peur. L’enfant est un bon moyen de tenir les gens par la peur.
OB : Dans votre film vous expliquez comment Nicolas Sarkozy a instrumentalisé le rapport très controversé de l’Inserm [Troubles des conduites chez l’enfant].
MVM : Je pense que Marie-France Le Heuzé qui a fait partie du groupe d’experts et d’auteurs qui ont rédigé ce rapport est très sincère quand elle dit qu’elle n’a pas eu l’intention de participer à une expertise qui servirait à des fins politiques. Où je suis dubitative, c’est que la psychiatrie a toujours été récupérée politiquement. Il y a toujours eu un enjeu autour de la psychiatrie et elle ne peut pas l’ignorer. Comme elle est sur un versant psychiatrique très médical, elle est beaucoup derrière cette image-là.
il y a une chose intéressante, c’est que sur l’hyperactivité qui n’est pas souvent liée à la violence, mais souvent mise en avant pour faire taire des symptômes et donner des explications "rationnalisantes" et neurologiques. Tout mettre derrière le neurologique, c’est facile. Il suffit de donner des médicaments et c’est fini. Les prescriptions de Ritaline sont arrivées aux Etats-Unis au même moment que leurs problèmes de délinquance avec les mineurs, dans les années 90. Et c’est exactement ce qu’on constate en France dans les années 2000, dix ans plus tard.
Aux Etats-Unis les prescriptions ont été très importantes, en particulier dans les milieux afro-américains, notamment dans les ghettos. Aujourd’hui il semblerait qu’il y ait une prise de conscience et un peu de recul. Mais ils restent beaucoup sur ces tendances-là, très comportementalistes. Quelques voix se feraient entendre pour expliquer que ce n’est pas si simple de mettre ces enfants sous stupéfiants et que surtout ça ne règle pas le problème. Sauf quand on considère qu’il y a un trouble d’hyperactivité, mais même là il y a débat...."
-Hyperactivité et troubles du comportement - traiter le problème à la source
-Violences juvéniles et troubles des conduites
-Violences juvéniles et « pathologies de l'agir »
-Des enfants imprégnés d'images
-Trouble Déficit de l'Attention Hyperactivité

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