Chine toujours surprenante
Mutations à marche contrainte et forcée , blocages et contradictions
-Priorité au marché intérieur, manque relatif et localisé de main d'oeuvre, éveil de la conscience revendicative, dans le cadre d'un malaise social grandissant, poussent les salaires à la hausse.
Bonne nouvelle? En tous cas, évolution prévisible aux conséquences imprévisibles
-Pourquoi les salaires montent
__________-Dans un éditorial, le Quotidien du Peuple, organe de presse du Parti communiste, estime que « pour assurer un travail dans la dignité, les syndicats doivent jouer un plus grand rôle » :
-Adieu au «made in China» bon marché?:« Suite à une série de suicides dans une grande entreprise, l'opinion est très sensible sur la question de la vie des ouvriers, les syndicats ne peuvent plus rester silencieux, fuir leurs responsabilités.Alors que la Chine connaît des changements dans son économie, sa politique et sa société, les conflits sociaux se multiplient. Il faut résoudre ce problème à temps et assurer la stabilité sociale. » (P.Haski)
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"Enfin une bonne nouvelle au milieu du marasme économique mondial?
Face aux protestations sociales surgies au printemps, la Chine est en train de lâcher du lest sur le salaire de ses ouvriers. Quitte à freiner la productivité de son économie, et perdre des marchés à l'extérieur. Les jours du «made in China» bon marché sont-ils comptés? Le New York Times n'y va pas par quatre chemins: le quotidien croit déceler «une nouvelle étape» pour l'économie chinoise.
Deux usines au cœur du Guangdong, la province la plus peuplée du pays, à l'extrême Sud, font parler d'elles. D'abord, le site de Foxconn, où se fabriquent certains composants des iPhone et iPad d'Apple, connaît une vague de suicides sans précédent. Dix ouvriers, âgés de 18 à 24 ans, s'y sont tués depuis le début de l'année, sur 13 tentatives de suicide. Tous étaient des migrants originaires de l'intérieur du pays. Des filets de protection viennent d'être posés le long des bâtiments pour décourager les désespérés.
Le propriétaire milliardaire de Foxconn, Terry Gou, réputé l'homme le plus riche de Taiwan, s'est même plaint de récents problèmes de sommeil, angoissé à l'idée de se faire réveiller par l'annonce d'un nouveau cas de suicide, raconte l'envoyé spécial du Guardian.
En Chine, le débat s'est concentré sur les conditions de travail et le niveau de rémunération des ouvriers, au sein de cette usine hyper-secrète, qui compte environ 420.000 employés. Des photographies volées circulent ici et là sur internet. Le Christian Science Monitor relaie le témoignage d'un journaliste entré dans l'enceinte de Foxconn, et qui a vu des ouvriers obligés à rester debout, silencieux, pendant huit heures, sans pause, devant leur poste de travail. Des conditions extrêmement pénibles, certes, mais loin d'être les pires du pays,
Dans un geste d'apaisement, la maison mère de Foxconn, Hon Hai Industry, a consenti le 28 mai des hausses de 20% des salaires pour au moins 200.000 de ses 800.000 ouvriers en Chine. Le salaire moyen, à l'usine de Guangdong, tournait jusqu'à présent autour de 900 yuans mensuels (108 euros). Pour le quotidien anglophone China Daily, la leçon à tirer de cette affaire ne fait aucun doute: «Evidemment que les forces de travail bon marché ont soutenu la Chine dans son ascension depuis trente ans. Mais il est impensable que notre économie continue de s'appuyer sur la faiblesse de ses coûts salariaux alors qu'elle s'apprête à devenir la deuxième puissance économique au monde.»
Quant à l'usine Honda Auto Parts Manufacturing, qui fabrique des boîtes de vitesse pour le japonais Honda, près de Canton, ses ouvriers sont en grève depuis le 17 mai et exigent des hausses de salaire. Par ricochet, les quatre usines du constructeur en Chine, qui fabriquent 3.000 voitures par jour, sont elles aussi à l'arrêt. Honda a proposé une amélioration de 24% des salaires pour débloquer le conflit, à 1910 yuans (228 euros), mais une petite centaine d'ouvriers du site, sur un effectif global de 1.900 personnes, continuent de demander davantage et empêchent la reprise. «Il va devenir plus difficile de faire de généreux bénéfices en Chine», résume un analyste, stoïque, à l'agence Bloomberg....
Le gigantesque plan de relance dévoilé en octobre 2008, de 450 milliards d'euros, continue de produire des effets. Le déversement de liquidités dans l'économie a provoqué de l'inflation, par ailleurs favorisée par des taux d'intérêt très bas de la Banque centrale. Surtout, ce plan s'est concentré sur le développement de l'intérieur du pays, plus pauvre et rural, aux dépens de la côte. Conséquence, au moins 20 millions de migrants de l'intérieur sont retournés chez eux, abandonnant leur poste de travail dans les grandes villes du littoral.
__Début 2010, il manquait quelque 900.000 ouvriers dans le Guangdong (certains évoquent même deux millions de postes vacants) – une situation inimaginable il y a encore quelques années, dans un pays de 1,3 milliard d'habitants! Face à la pénurie de main-d'œuvre, les patrons n'ont d'autre choix que d'augmenter les salaires. «La croissance chinoise des dernières années a fortement favorisé les détenteurs de capital, mais les évolutions démographiques actuelles laissent penser que la main-d'œuvre va manquer, ce qui renverse l'équation salariale en faveur des salariés», résume le Wall Street Journal...
C'est aussi l'émergence d'une nouvelle génération d'ouvriers, née après l'instauration de la politique de l'enfant unique (1979), donc moins nombreuse, mais aussi beaucoup plus consciente de ses droits, qui se fait entendre. D'après Merrill Lynch, le nombre de Chinois ayant entre 20 et 39 ans a chuté de 22% ces dix dernières années...
Les autorités chinoises voient elles aussi d'un bon œil ce rééquilibrage. Afin d'apaiser les tensions sociales, mais aussi et surtout pour faire évoluer le modèle de croissance du pays. L'enjeu des années à venir est de doper la consommation intérieure (actuellement 37% du produit intérieur brut), pour moins dépendre des exportations. D'où la nécessaire hausse des salaires. Le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, de passage par Pékin fin mai, n'a d'ailleurs pas manqué de féliciter Pékin pour ses efforts en ce sens...(L.Lamant)
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-Patrick Chovanec, qui enseigne l’économie à l’Université de Pékin et y a effectué de nombreux voyages depuis 1986, décrit la Chine comme une mosaïque de régions dotées chacune d’un particularisme propre.
Quiconque veut comprendre la Chine, note-t-il, devrait prendre en compte ces dynamiques régionales.
-Chine : l'"usine du monde" face aux tensions sociales-Aujourd'hui la Chine
-Chine : suicides en série chez un sous-traitant d'Apple et Nokia
-Libération de Yao Fuxin, le "Walesa chinois"
-Et si le miracle de l'économie chinoise était en fait une mystification ?
-Les mauvaises raisons de la supériorité chinoise
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-La Chine déstabilise____- Chine: si loin, si près___- Chine-USA : entente (moins) cordiale ?___- Craindre la Chine ?____- Que fera la Chine ?___-Chine d'hier, Chine d'aujourd'hui...
- CHINE : notre énigme ?
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