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lundi 14 avril 2008

CHINE : notre énigme ?

Sur un problème difficile parce que complexe et éloigné de nos critères culturels , quelques éléments de réflexion par des spécialistes évitant les pièges passionnels...

Domenach-Jullien: l'Occident peut-il comprendre la Chine ?
"...Je suis scandalisé par la niaiserie démagogique de certains commentateurs français sur la question. Un pays comme la Chine ne passe pas du totalitarisme à la démocratie en un tour de main. Il est un fait que la presse en Chine est très contrôlée et que 30 journalistes chinois sont en prison, souvent pour des raisons non politiques d'ailleurs, mais il faut aussi rappeler qu'il y a en Chine 550 000 journalistes. Idem pour les 80 à 100 internautes poursuivis sur les 210 millions d'internautes que compte ce pays ! Autre exemple : celui de la peine de mort. Depuis que les jugements doivent être confirmés par la Cour suprême, les exécutions capitales ont diminué de 25 à 30 % l'an dernier. On continue à exécuter en Chine plus de monde que partout ailleurs, mais les progrès sont indéniables. Enfin, je crois, pour en avoir parlé avec eux pendant cinq ans, que les Chinois n'ont pas envie de recevoir des leçons de notre part. Ils perçoivent notre démocratie comme étant en crise avec toutes sortes de phénomènes qui les laissent sceptiques : des banlieues qui brûlent, un président sortant qui à affaire à la justice, ou un traité européen qui, après avoir été refusé démocratiquement, sera quand même appliqué.F. J. Nos exhortations sont vaines si nous ne voyons pas que les droits de l'homme ne sont pas une notion d'emblée universelle, mais relèvent d'une histoire singulière qui est celle de l'Europe. Cette notion a mûri avec la modernité et la montée en puissance de l'individu ainsi que de l'idée du contrat social. Pour autant, il ne s'agit pas de relativiser les droits de l'homme, mais de dissocier en eux deux versants : l'un positif et l'autre «négatif». Le versant positif est lié à un certain mode de vie, qui va de pair avec notre conception occidentale du bonheur et de l'individu, conception dont je ne vois pas pourquoi nous l'imposerions aux autres cultures. Car je suis obligé de constater que, dans d'autres cultures, cette notion d'affranchissement de l'individu ne s'est pas développée ; une autre a prévalu qui est, à l'inverse, fondée sur l'intégration de l'individu, depuis la famille jusqu'au niveau cosmique . Il suffit d'aller en Inde pour s'en rendre compte. En revanche, il est une dimension «négative» ou protestataire des droits de l'homme qui consiste à dire non à l'oppression, et que l'on peut considérer comme universelle. Ce sont ces droits du refus qu'il faut tenir pour absolus. Leur intérêt est de faire affleurer de l'inconditionné dans toute condition historique. Si, parce qu'un père a volé une pomme, on punit de mort son enfant, cela fait jaillir, où que ce soit, un même cri de révolte face à l'intolérable..."

-Jean-Luc Domenach : La Chine peut-elle s'ouvrir au monde ?
-La Chine, un gros enfant maladroit ?
-Ballades chinoises,
- Chine - Livres et sites
-"Monde Chinois", une revue pour mieux comprendre la Chine

Le débat Jullien-Billeter :
-François Jullien - Wikipédia
- François Jullien : « La Chine est un dépaysement de l'esprit »
-François Jullien, sinologue et philosophe
-Chine trois fois muette
-Jean Levi, Propos intempestifs sur le Tchouang-tseu
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Craindre la Chine ?

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