Qui travaille plus?
Travailler plus: on connait le slogan, qui depuis Sarkozy hante certains discours officiels.
La situation de notre pays, globalement moins favorable que d'autres au niveau de l'emploi et de l'investissement viendrait d'un déficit de quantité de travail moyen, qu'il suffirait d'augmenter pour se hisser au niveau des pays apparemment plus favorisés.
Nous sommes là devant un grand flou, parfois dénoncé par certains économistes, qui souhaiteraient qu'on utilise d'autres lunettes et d'autres intruments de mesure, la situation de chaque pays étant spécifique, surtout après la crise violente de 2008
Comparaison n'est pas raison. Si on en reste au niveau du PIB, sept des dix pays ayant le plus haut PIB sont aussi classés parmi ceux travaillant le plus faible nombre d'heures. En plus de la Norvège et du Luxembourg, on y compte la Suisse, les Pays-Bas, l'Allemagne et la Suède.
On sait que ces pays bénéficient en particulier soit d'une population réduite, soit de pratiques d'optimisation fiscale très favorable, d'un système éducatif plus performant, d'un chômage réduit ou masqué, de conditions de salaires plus ou moins encadrées (comme l'Allemagne fonctionnant sur ce point à deux vitesses), etc...
Définir un temps moyen travaillé (avec quelle productivité?) dans une période donnée, dans une société donnée, avec tel mode de production est une opération des plus complexes qui soit. Tout juste peut-on donner des approximations, sachant que les situations économiques sont évolutives.
Que sera la prétendue faiblesse du chômage de l'UK, à la productivité si peu flamboyante, après le Brexit? En Allemagne, colosse au pieds d'argile, si les marchés exportateurs continuent de se rétrécir?
Que prétend-on mesurer? Le quantitatif n'étant ni suffisant ni déterminant en matière sociale.
Sur le papier, on voit assez bien de quoi on parle, mais on renvoie à une multitude d'autres dimensions associées.
Déclarer que la France travaille beaucoup moins que ses voisins relève de la désinvolture politique, de l'affirmation gratuite.
Elle est plutôt au-dessus de la moyenne européenne.
Et l'on ne tient pas compte de tous les aspects, parfois masqués, du travail.
Bref, il importe de démystifier les chiffres lancés sans précaution ni analyse, de sortir des slogans, en tenant compte des contextes spécifiques.
Les Français seraient-ils donc paresseux?
Selon l'économiste Jean GADREY, l’idée qu’un pays est d’autant plus riche que ses habitants travaillent plus en quantité d’heures pour 1000 habitants (ou pour 1000 habitant de 15 à 64 ans selon les cas) a deux grandes limites. La première est purement économique : si la valeur produite par heure de travail (la productivité en valeur) est supérieure dans un pays A, le volume de travail peut y être inférieur à celui de B alors que la richesse économique totale de A reste supérieure. Or la France figure parmi les pays développés où cette productivité est la plus élevée.
La seconde limite est bien plus sérieuse : la vraie richesse des nations n’est pas dans leur PIB ou PIB par habitant. Peu m’importe que le PIB par habitant des Etats-Unis soit supérieur de 35 % à celui de la France, comme résultat, notamment, d’un volume de travail (par personne de 15 à 64 ans) supérieur de 30 %, si je sais par ailleurs que l’espérance de vie est très inférieure aux Etats-Unis, que les inégalités, la pauvreté, les violences et les homicides y atteignent des proportions sans commune mesure avec ce que nous connaissons en France (où pourtant…), et que les émissions de gaz à effet de serre par habitant y sont TROIS FOIS supérieures !
Je termine en citant deux très bonnes critiques du slogan « En France on travaille moins que partout ailleurs »...
La première critique, par les « décodeurs » du Monde (18 septembre 2014), s’intitule « La France, pays où l’on travaille le moins ? » et elle désintègre proprement cette idée avancée imprudemment par Hervé Mariton : « On est le pays où l’on travaille le moins dans la semaine, dans l’année et dans la vie ».
La seconde est celle de Guillaume Duval. Elle date du 13 janvier 2012 et s’intitule : « Temps de travail : faux scoop et vraies erreurs ».
Je recommande vivement la lecture de ces deux exercices salutaires, loin de la propagande du MEDEF relayée par les Rivaton, Godet et consorts....
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CARNET DE BORD D'UN PASSEUR FATIGUE MAIS EVEILLE...QUI NE VEUT PAS MOURIR (TROP) IDIOT. _____________________________________________________ " Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile." [Thucydide]--------------------- " Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti " [A.Camus]
mardi 30 avril 2019
lundi 29 avril 2019
Nouvelle guerre du pétrole
Du pétrole et des hommes.
La guerre du pétrole continue, sous une autre forme, moins soft.
Cette matière stratégique vient, de nouveau à point nommé
pour la Maison Blanche.
Bien qu'inattendue il y quelques années, une nouvelle source de carburants vient prendre une place dominante, donnant à Donald Trump, pour un moment, un atout majeur: à grands frais, avec de nouveaux moyens, une nouvelle sorte de pétrole assure une prééminence diplomatiquement bien venus, avec des prix provisoirement plus réduits.
Le pétrole de schistes ne sauvera pas l'Amérique, (pas plus que l'exploration en eaux toujours plus profondes), mais représente, malgré ses inconvénients et ses retombées négatives sur la nature, un atout inespéré pour D.Trump, notamment dans ses relations conflictuelles avec l'Iran et le Vénézuéla et dans l'influence qu'il pourra avoir sur les pays du Golfe pour déterminer les prix qui lui conviennent à un moment donné. Il contribue à redistribuer les cartes géopolitiques de la production et devient une arme pour la politique du moment,
Une production décuplée en 10 ans. Forons! Drill! tel est le mot d'ordre, les banques aidant.
C'est une nouvelle ruée vers l'or noir, qui change beaucoup de choses dans le contexte actuel, mais qui a peu de chances de durer et qui pourrait bien être à double tranchant.
Les effets négatifs d'une production si massive ne pourront pas ne pas avoir d'impacts notamment sur la nature.
Mais le court-termisme est l'horizon du président et notamment sa future réélection.
Il s'agit de faire plier l'Iran en dressant la population contre ses élites. Un calcul déjà fait par ailleurs sans succès.El l'Iran n'est pas le Chili.
Avec l'arme tout puissante de l'exterritorialité, les USA, en même temps, se donnent les moyens exorbitants de sanctionner tous les partenaires commerciaux actuels et potentiels de ce pays. Tel est leur bon vouloir...
....un saut juridique a eu lieu avec le vote, par les États-Unis, de lois extra-territoriales (comme les lois Helms-Burton ou d’Amato-Kennedy, votées en 1996, sous la présidence Clinton). Ces lois permettent, entre autres, de sanctionner tous les États, toutes les entreprises ou tous les individus qui commercent avec des États-parias (Iran, Cuba, Corée du Nord, Venezuela…), et qui, dans leurs transactions, utilisent le dollar ou vendent des produits qui ne comprennent ne serait-ce qu’un boulon ou une ligne de programme issus des États-Unis...
...En violant toute espèce de droit international, en piétinant les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, les Etats-Unis ont pris la responsabilité de mettre par terre le multilatéralisme politique et économique au nom de leurs seuls intérêts : faire de l’argent, le plus possible et le plus rapidement possible. Corollaire de cette posture consumériste et isolationniste : une dérégulation totale prônant « la guerre de tous contre tous » au mépris de tous les engagements internationaux passés....
Il s'agit de suivre l'odeur du pétrole pour voir où veut en venir la Maison-Blanche, à court terme comme à plus long terme.
Tant qu'il y aura du pétrole...
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La guerre du pétrole continue, sous une autre forme, moins soft.
Cette matière stratégique vient, de nouveau à point nommé
pour la Maison Blanche.
Bien qu'inattendue il y quelques années, une nouvelle source de carburants vient prendre une place dominante, donnant à Donald Trump, pour un moment, un atout majeur: à grands frais, avec de nouveaux moyens, une nouvelle sorte de pétrole assure une prééminence diplomatiquement bien venus, avec des prix provisoirement plus réduits.
Le pétrole de schistes ne sauvera pas l'Amérique, (pas plus que l'exploration en eaux toujours plus profondes), mais représente, malgré ses inconvénients et ses retombées négatives sur la nature, un atout inespéré pour D.Trump, notamment dans ses relations conflictuelles avec l'Iran et le Vénézuéla et dans l'influence qu'il pourra avoir sur les pays du Golfe pour déterminer les prix qui lui conviennent à un moment donné. Il contribue à redistribuer les cartes géopolitiques de la production et devient une arme pour la politique du moment,
Une production décuplée en 10 ans. Forons! Drill! tel est le mot d'ordre, les banques aidant.
C'est une nouvelle ruée vers l'or noir, qui change beaucoup de choses dans le contexte actuel, mais qui a peu de chances de durer et qui pourrait bien être à double tranchant.
Les effets négatifs d'une production si massive ne pourront pas ne pas avoir d'impacts notamment sur la nature.
Mais le court-termisme est l'horizon du président et notamment sa future réélection.
Il s'agit de faire plier l'Iran en dressant la population contre ses élites. Un calcul déjà fait par ailleurs sans succès.El l'Iran n'est pas le Chili.
Avec l'arme tout puissante de l'exterritorialité, les USA, en même temps, se donnent les moyens exorbitants de sanctionner tous les partenaires commerciaux actuels et potentiels de ce pays. Tel est leur bon vouloir...
....un saut juridique a eu lieu avec le vote, par les États-Unis, de lois extra-territoriales (comme les lois Helms-Burton ou d’Amato-Kennedy, votées en 1996, sous la présidence Clinton). Ces lois permettent, entre autres, de sanctionner tous les États, toutes les entreprises ou tous les individus qui commercent avec des États-parias (Iran, Cuba, Corée du Nord, Venezuela…), et qui, dans leurs transactions, utilisent le dollar ou vendent des produits qui ne comprennent ne serait-ce qu’un boulon ou une ligne de programme issus des États-Unis...
...En violant toute espèce de droit international, en piétinant les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, les Etats-Unis ont pris la responsabilité de mettre par terre le multilatéralisme politique et économique au nom de leurs seuls intérêts : faire de l’argent, le plus possible et le plus rapidement possible. Corollaire de cette posture consumériste et isolationniste : une dérégulation totale prônant « la guerre de tous contre tous » au mépris de tous les engagements internationaux passés....
Il s'agit de suivre l'odeur du pétrole pour voir où veut en venir la Maison-Blanche, à court terme comme à plus long terme.
Tant qu'il y aura du pétrole...
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dimanche 28 avril 2019
Billet dominical
- Vidéosurveillance: une technologie limitée.
- Travailleurs (vraiment) indépendants?
- Subventions au chateau.
- Niche fiscale masquée.
- Autoroutes: irrégularités.
- Affaire Assange:
Le paradoxe – et même le scandale – de l’affaire Assange est qu’au départ, le fondateur de Wikileaks révèle des faits scandaleux, immoraux, illégaux commis par les Etats-Unis (par exemple la tuerie gratuite de plusieurs personnes, en Irak, par des pilotes d’un hélicoptère). C’est un scandale du même type que celui qui voit le dénonciateur d’une fraude fiscale être poursuivi par les banques ou les officines qui aident à dissimuler cet argent : on ne punit pas le malfaiteur mais celui qui dénonce le méfait ! Cela me rappelle le tableau qui m’avait tant frappé lorsque, adolescent, je l’avais vu pour la première fois : Les porteurs de mauvaises nouvelles, de Lecomte du Nouÿ (1871). On y voit, sous un auvent, un pharaon à l’air sombre, le regard rivé sur l’horizon, et, à ses pieds, trois corps dénudés et inertes, baignant dans leur sang. Le pharaon a châtié les messagers…
Mais souvent, les États coupables de ces méfaits ont conscience de l’irrégularité de leur action : ils la nient ou la dissimulent. Toutefois un saut juridique a eu lieu avec le vote, par les États-Unis, de lois extra-territoriales (comme les lois Helms-Burton ou d’Amato-Kennedy, votées en 1996, sous la présidence Clinton). Ces lois permettent, entre autres, de sanctionner tous les États, toutes les entreprises ou tous les individus qui commercent avec des États-parias (Iran, Cuba, Corée du Nord, Venezuela…), et qui, dans leurs transactions, utilisent le dollar ou vendent des produits qui ne comprennent ne serait-ce qu’un boulon ou une ligne de programme issus des États-Unis...
- Brexit: facile à comprendre...
- Travailleurs (vraiment) indépendants?
- Subventions au chateau.
- Niche fiscale masquée.
- Autoroutes: irrégularités.
- Affaire Assange:
Le paradoxe – et même le scandale – de l’affaire Assange est qu’au départ, le fondateur de Wikileaks révèle des faits scandaleux, immoraux, illégaux commis par les Etats-Unis (par exemple la tuerie gratuite de plusieurs personnes, en Irak, par des pilotes d’un hélicoptère). C’est un scandale du même type que celui qui voit le dénonciateur d’une fraude fiscale être poursuivi par les banques ou les officines qui aident à dissimuler cet argent : on ne punit pas le malfaiteur mais celui qui dénonce le méfait ! Cela me rappelle le tableau qui m’avait tant frappé lorsque, adolescent, je l’avais vu pour la première fois : Les porteurs de mauvaises nouvelles, de Lecomte du Nouÿ (1871). On y voit, sous un auvent, un pharaon à l’air sombre, le regard rivé sur l’horizon, et, à ses pieds, trois corps dénudés et inertes, baignant dans leur sang. Le pharaon a châtié les messagers…
Mais souvent, les États coupables de ces méfaits ont conscience de l’irrégularité de leur action : ils la nient ou la dissimulent. Toutefois un saut juridique a eu lieu avec le vote, par les États-Unis, de lois extra-territoriales (comme les lois Helms-Burton ou d’Amato-Kennedy, votées en 1996, sous la présidence Clinton). Ces lois permettent, entre autres, de sanctionner tous les États, toutes les entreprises ou tous les individus qui commercent avec des États-parias (Iran, Cuba, Corée du Nord, Venezuela…), et qui, dans leurs transactions, utilisent le dollar ou vendent des produits qui ne comprennent ne serait-ce qu’un boulon ou une ligne de programme issus des États-Unis...
- Brexit: facile à comprendre...
samedi 27 avril 2019
Jupiter: un virage...
...En ligne droite?
Se demandent les esprits critiques, ceux qui ont n'ont pas été convaincus par les propos trop généraux, équivoques ou défaillants du Maître des horloges.
D'autres diront: attendons de voir et voyons si Jupiter a compris certains messages venus des ronds-point et d'ailleurs. La com', parfois brillante,était là, mais, pour le fond, qu'en sera-t-il des orientations annoncées. La politique est l' art du possible, mais le possible n'est pas défini à l'avance, dans une démocratie vivante et peu dépasser les schémas incrustés.
On regrette, entre autres choses, (mais est-ce un oubli?) la référence à l'écologie, problème majeur des temps qui viennent.Pas un mot par exemple sur le fiasco de Flamanville, qui semble compromettre des choix énergétiques anciens.
Le problème de l'emploi a été évoqué cavalièrement, avec les poncifs d'usage. Dans un monde qui change rapidement, l'essentiel n'a pas été traité. Le problème du temps de travail, si débattu, a été caricaturé.
La question de la concentration toujours plus grande de la richesse et de ses causes ont été écartées, alors que ce problème revient même aux USA....
On peut se demander si Jupiter ne peut quitter le mythe du self made man et du cadre des réseaux qui l'ont aidé à conquérir le pouvoir dans un contexte si singulier, marqué par la KS. (*)
_______________
(*) Si l'on croit l'étude de Marc Edenweld, ... Presque deux ans d’exercice du pouvoir n’ont pas suffi à percer le mystère Macron. Dans le Grand Manipulateur (publié chez Stock), c’est un portrait peu flatteur de l’actuel chef de l’Etat que brosse le journaliste Marc Endeweld, quatre ans après l’Ambigu Monsieur Macron(Flammarion). Dans cette enquête fouillée, il s’intéresse en particulier à la manière dont Emmanuel Macron, conseiller de l’ombre puis jeune ministre, candidat vierge de tout mandat et enfin président sans expérience, s’est appuyé sur de forts anciens réseaux, bien loin des slogans, pour lancer et faire aboutir sa conquête élyséenne comme pour accompagner ses premiers pas au pouvoir. Des personnalités souvent âgées et ayant servi ou sévi sous d’autres quinquennats ou même septennats. Extraits.
avec une poignée de fidèles plus jeunes que lui, Emmanuel Macron a d’entrée de jeu pioché à gauche, jusque dans les restes de la mitterrandie mais aussi chez les ex-fabiusiens, les ex-strauss-kahniens ou les radicaux de gauche, et en même temps à droite, sans distinction. Il a également traité les milieux d’affaires et ses intermédiaires. Le tout, avec un art consommé du cloisonnement, un affect limité et une volonté en acier. Très loin des envolées empathiques de la campagne où son supposé libéralisme sociétal avait largement masqué que son projet de démantèlement social était en fait du Fillon à peine light. «Ironie du sort pour ces soutiens, Macron n’est ni Obama ni Trudeau. Le président est beaucoup plus conservateur et bonapartiste que son image de campagne ne pouvait le laisser penser», souligne Endeweld, qui a placé en exergue de son ouvrage cette citation du Portrait de Dorian Gray : «Agissant en hypocrite, il avait revêtu le masque de la vertu.»
«Cette nouvelle enquête cartographie l’ensemble de ces réseaux divers qui ont contribué en 2017, et quelques mois avant, à la victoire du jeune président. Mais aussi de comprendre pourquoi, à tous les échelons, des hommes de l’ombre sont revenus à l’avant-scène, dans la plus pure tradition de la Ve République des "cabinets noirs", et autres polices parallèles, après un quinquennat Hollande qui s’était d’abord construit contre le système Sarkozy. "Ils ont réussi une synthèse entre les pires turpitudes de la Sarkozie et de DSK", flingue un ancien camarade de l’ENA de l’actuel président.»
Dans cette success story politique sans équivalent sous la Ve République, on le savait mais le livre vient le confirmer, le rôle politique de Brigitte Macron a toujours été majeur, compliquant sa relation avec le conseiller politique officiel du ministre, du candidat puis du chef de l’Etat, le jeune Ismaël Emelien, qui a depuis quitté l’Elysée sur fond d’affaire Benalla.
«Des tensions apparaissent entre Brigitte Macron, omniprésente et influente, et le jeune conseiller spécial du Président, Ismaël Emelien. Une situation ancienne en réalité, ces deux-là ne se sont jamais appréciés. Pour l’un comme pour l’autre, les enjeux politiques et affectifs de la relation avec Emmanuel sont tels que ça fait des étincelles : "Qu’est-ce qu’il lui trouve à Emelien ?" se désole régulièrement Brigitte Macron auprès de ses proches.»
S’il ne fait pas de révélations sur son influence dans la conduite du pays, Marc Endeweld souligne combien son destin à lui s’est nourri de l’ambition qu’elle nourrissait pour eux. Il détaille aussi les larges réseaux qu’elle a tissés – de Bernard Montiel à Bernard Arnault – bien avant que son mari ne devienne ministre. Autant de leviers qu’elle a mobilisés quand cela a été nécessaire, en poussant, comme Hermand, pour que son champion se lance dès 2017.
«C’est lors d’un dîner chez Alain Minc, à l’été 2014, que la future première dame a estimé que son mari devait se jeter dans le grand bain de la présidentielle dès 2017, et ne pas attendre 2022, comme de nombreuses personnes lui conseillaient alors, car son âge, disait-elle, deviendrait un handicap indépassable pour le couple : "On ne peut pas attendre 2022. Car on a un énorme problème. Le problème, c’est moi, c’est ma gueule. Donc il faut accélérer."» […]
«A l’été 2016, alors que la machine En marche est lancée et que le ministre de l’Economie est sur le point de démissionner, le doute s’insinue en lui : "Est-ce que j’y vais maintenant, et je gagne en six mois ? Ou est-ce que j’attends pour gagner plus tard ?" C’est alors Brigitte qui le convainc de présenter sa candidature dès cette présidentielle.»
Dans la description du système Macron, Marc Endeweld consacre bien sûr de nombreuses pages à Alexandre Benalla qui restera une des figures du quinquennat. Loin d’en faire un simple Rambo adepte du coup de poing, l’auteur documente le fait que celui qui faisait physiquement partie du premier cercle au moment de la mise sur orbite du candidat Macron a tout vu et tout entendu. Au QG d’En Marche, lors des sorties privées de l’ancien ministre, mais aussi lors des déplacements et des levées de fonds à l’étranger qui ont précédé le lancement de la campagne.
On retrouve aussi Benalla lors du récit d’un voyage présidentiel en Algérie, en décembre 2017. La présence du sulfureux intermédiaire dans des contrats d’armement, Alexandre Djouhri, proche de Villepin comme de Sarkozy et sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par deux juges français, lors d’une réception en présence du chef de l’Etat à l’ambassade avait été révélé par le Canard enchaîné et suscité la colère de Macron. Mais Marc Endeweld raconte comment Djouhri a de nouveau tenté d’entrer en contact avec le président de la République le soir même lors d’un dîner officiel offert par le Premier ministre algérien.
«Au Canard enchaîné, l’Elysée a d’ailleurs expliqué à l’époque : "Il a été invité par l’ambassade […] ce n’est pas la première fois que ce monsieur tente de croiser le Président […] [Cette insistance] a mis [Macron] en colère." La version que nous avons recueillie auprès de plusieurs diplomates du Quai d’Orsay, dont certains en poste à l’ambassade d’Alger, est pourtant très différente : tous assurent que les deux listes, celle du déjeuner comme celle de la soirée, ont bien été envoyées au protocole de l’Elysée. Et c’est Alexandre Benalla, chargé des déplacements, qui les a validées ! Devant les policiers, l’ambassadeur Driencourt nuancera la version délivrée à chaud par l’Elysée, en précisant qu’à l’origine, c’est le secrétaire général du Quai d’Orsay, Maurice Gourdault-Montagne, 64 ans, ami personnel d’Alexandre Djouhri, qui lui a demandé d’inviter ce dernier à cette soirée. Gourdault-Montagne est une figure au Quai. Ancien directeur de cabinet d’Alain Juppé à Matignon, puis conseiller diplomatique de Jacques Chirac de 2002 à 2007, il a été propulsé par Emmanuel Macron – ce fut l’une de ses premières décisions – secrétaire général du Quai d’Orsay à Paris.»
Si Marc Endeweld raconte par le menu les luttes d’influence qui ont eu lieu au sein de la police, avec les sarkozystes à la manœuvre, et dans le monde du renseignement après l’élection d’Emmanuel Macron, il décrit aussi au fil des pages une organisation singulière du sommet de l’Etat déjà mise en lumière par la commission d’enquête sénatoriale sur l’affaire Benalla. Au-delà du cabinet officiel dirigé par Patrick Strzoda, l’auteur décrit comment un quarteron de jeunes fidèles emmenés par le secrétaire général, Alexis Kohler, lequel a la haute main sur le régalien, constitue la vraie garde rapprochée du Président. Certains ont un rôle bien officiel, mais d’autres sont des chargés de mission aux missions floues ou travaillent à la «task force» mise en place par Macron pour centraliser et coordonner la lutte antiterroriste. Une équipe bis dont certains ont quitté le château mais sans rien renier de Macron.
Au final, une question demeure. Comment François Hollande, si fin politique, a-t-il pu à ce point manquer de lucidité et même de clairvoyance en mettant sur orbite ce jeune ambitieux qui, au moins autant que Manuel Valls auquel il était censé faire office de contrepoids, a savonné la planche du président sortant à son profit. S’il a fait entrer le loup dans la bergerie, c’est que celui-ci ne manquait pas de références, avec Jean-Pierre Jouyet et Jacques Attali comme parrains :
«Autre connexion d’influence à inscrire au palmarès de Brigitte Macron, Jacques Attali, qu’elle fait rencontrer à Emmanuel. C’est elle aussi qui demandera personnellement à l’ancien conseiller de François Mitterrand de présenter son jeune mari à François Hollande.»
Une ambition de couple, qui vient de très loin, portée par des barons d’hier, des capitaines d’industrie et de jeunes loups avides de pouvoir. Où comment des seniors ont largement contribué à la victoire d’un trentenaire pour faire la nique à des quinquas...
Se demandent les esprits critiques, ceux qui ont n'ont pas été convaincus par les propos trop généraux, équivoques ou défaillants du Maître des horloges.
D'autres diront: attendons de voir et voyons si Jupiter a compris certains messages venus des ronds-point et d'ailleurs. La com', parfois brillante,était là, mais, pour le fond, qu'en sera-t-il des orientations annoncées. La politique est l' art du possible, mais le possible n'est pas défini à l'avance, dans une démocratie vivante et peu dépasser les schémas incrustés.
On regrette, entre autres choses, (mais est-ce un oubli?) la référence à l'écologie, problème majeur des temps qui viennent.Pas un mot par exemple sur le fiasco de Flamanville, qui semble compromettre des choix énergétiques anciens.
Le problème de l'emploi a été évoqué cavalièrement, avec les poncifs d'usage. Dans un monde qui change rapidement, l'essentiel n'a pas été traité. Le problème du temps de travail, si débattu, a été caricaturé.
La question de la concentration toujours plus grande de la richesse et de ses causes ont été écartées, alors que ce problème revient même aux USA....
On peut se demander si Jupiter ne peut quitter le mythe du self made man et du cadre des réseaux qui l'ont aidé à conquérir le pouvoir dans un contexte si singulier, marqué par la KS. (*)
_______________
(*) Si l'on croit l'étude de Marc Edenweld, ... Presque deux ans d’exercice du pouvoir n’ont pas suffi à percer le mystère Macron. Dans le Grand Manipulateur (publié chez Stock), c’est un portrait peu flatteur de l’actuel chef de l’Etat que brosse le journaliste Marc Endeweld, quatre ans après l’Ambigu Monsieur Macron(Flammarion). Dans cette enquête fouillée, il s’intéresse en particulier à la manière dont Emmanuel Macron, conseiller de l’ombre puis jeune ministre, candidat vierge de tout mandat et enfin président sans expérience, s’est appuyé sur de forts anciens réseaux, bien loin des slogans, pour lancer et faire aboutir sa conquête élyséenne comme pour accompagner ses premiers pas au pouvoir. Des personnalités souvent âgées et ayant servi ou sévi sous d’autres quinquennats ou même septennats. Extraits.
«Tout s’est joué au cours de la campagne présidentielle. Certes, l’ambitieux a bénéficié d’une chance insolente. Mais pour gravir la plus haute marche du pouvoir sans carrière politique, ni même un parti derrière lui, Emmanuel Macron a utilisé tous les réseaux de la République. Si les communicants ont réussi à le présenter dans les médias comme "le candidat des start-up", le candidat du "nouveau monde" a, en réalité, utilisé de nombreux canaux du "vieux monde". Celui qui prétend n’avoir aucun compte à rendre, et qui s’est fait, selon lui, "tout seul", n’a pas eu grand mal à trouver de l’aide dans son ascension.» […]
«Les communicants de l’Elysée peuvent bien affirmer que le Président "veut absolument rompre avec la République des intermédiaires, notamment en Afrique", cette mythologie cache mal une autre réalité. En l’absence d’un parti politique constitué, le candidat Macron a fait appel à de vieux réseaux, plus ou moins avouables, qui, jusqu’alors, avaient travaillé pour les deux grands partis traditionnels. Ces réseaux qu’on présente pudiquement comme "transversaux" se sont épanouis dans le "ni droite ni gauche" macronien. Grand commerce international, Françafrique, industrie d’armement, services de renseignement mais aussi boîtes de sécurité privées, ou encore entreprises qui travaillent pour l’Etat, dans le BTP, les utilities ou les télécoms. Ces "intermédiaires" sont inconnus du grand public.»Parti d’une feuille blanche ou presque – même si le soutien et l’amitié du mécène de la deuxième gauche Henry Hermand, décédé en 2016, fut décisif –,avec une poignée de fidèles plus jeunes que lui, Emmanuel Macron a d’entrée de jeu pioché à gauche, jusque dans les restes de la mitterrandie mais aussi chez les ex-fabiusiens, les ex-strauss-kahniens ou les radicaux de gauche, et en même temps à droite, sans distinction. Il a également traité les milieux d’affaires et ses intermédiaires. Le tout, avec un art consommé du cloisonnement, un affect limité et une volonté en acier. Très loin des envolées empathiques de la campagne où son supposé libéralisme sociétal avait largement masqué que son projet de démantèlement social était en fait du Fillon à peine light. «Ironie du sort pour ces soutiens, Macron n’est ni Obama ni Trudeau. Le président est beaucoup plus conservateur et bonapartiste que son image de campagne ne pouvait le laisser penser», souligne Endeweld, qui a placé en exergue de son ouvrage cette citation du Portrait de Dorian Gray : «Agissant en hypocrite, il avait revêtu le masque de la vertu.»
«Cette nouvelle enquête cartographie l’ensemble de ces réseaux divers qui ont contribué en 2017, et quelques mois avant, à la victoire du jeune président. Mais aussi de comprendre pourquoi, à tous les échelons, des hommes de l’ombre sont revenus à l’avant-scène, dans la plus pure tradition de la Ve République des "cabinets noirs", et autres polices parallèles, après un quinquennat Hollande qui s’était d’abord construit contre le système Sarkozy. "Ils ont réussi une synthèse entre les pires turpitudes de la Sarkozie et de DSK", flingue un ancien camarade de l’ENA de l’actuel président.»
Dans cette success story politique sans équivalent sous la Ve République, on le savait mais le livre vient le confirmer, le rôle politique de Brigitte Macron a toujours été majeur, compliquant sa relation avec le conseiller politique officiel du ministre, du candidat puis du chef de l’Etat, le jeune Ismaël Emelien, qui a depuis quitté l’Elysée sur fond d’affaire Benalla.
«Des tensions apparaissent entre Brigitte Macron, omniprésente et influente, et le jeune conseiller spécial du Président, Ismaël Emelien. Une situation ancienne en réalité, ces deux-là ne se sont jamais appréciés. Pour l’un comme pour l’autre, les enjeux politiques et affectifs de la relation avec Emmanuel sont tels que ça fait des étincelles : "Qu’est-ce qu’il lui trouve à Emelien ?" se désole régulièrement Brigitte Macron auprès de ses proches.»
S’il ne fait pas de révélations sur son influence dans la conduite du pays, Marc Endeweld souligne combien son destin à lui s’est nourri de l’ambition qu’elle nourrissait pour eux. Il détaille aussi les larges réseaux qu’elle a tissés – de Bernard Montiel à Bernard Arnault – bien avant que son mari ne devienne ministre. Autant de leviers qu’elle a mobilisés quand cela a été nécessaire, en poussant, comme Hermand, pour que son champion se lance dès 2017.
«C’est lors d’un dîner chez Alain Minc, à l’été 2014, que la future première dame a estimé que son mari devait se jeter dans le grand bain de la présidentielle dès 2017, et ne pas attendre 2022, comme de nombreuses personnes lui conseillaient alors, car son âge, disait-elle, deviendrait un handicap indépassable pour le couple : "On ne peut pas attendre 2022. Car on a un énorme problème. Le problème, c’est moi, c’est ma gueule. Donc il faut accélérer."» […]
«A l’été 2016, alors que la machine En marche est lancée et que le ministre de l’Economie est sur le point de démissionner, le doute s’insinue en lui : "Est-ce que j’y vais maintenant, et je gagne en six mois ? Ou est-ce que j’attends pour gagner plus tard ?" C’est alors Brigitte qui le convainc de présenter sa candidature dès cette présidentielle.»
Dans la description du système Macron, Marc Endeweld consacre bien sûr de nombreuses pages à Alexandre Benalla qui restera une des figures du quinquennat. Loin d’en faire un simple Rambo adepte du coup de poing, l’auteur documente le fait que celui qui faisait physiquement partie du premier cercle au moment de la mise sur orbite du candidat Macron a tout vu et tout entendu. Au QG d’En Marche, lors des sorties privées de l’ancien ministre, mais aussi lors des déplacements et des levées de fonds à l’étranger qui ont précédé le lancement de la campagne.
On retrouve aussi Benalla lors du récit d’un voyage présidentiel en Algérie, en décembre 2017. La présence du sulfureux intermédiaire dans des contrats d’armement, Alexandre Djouhri, proche de Villepin comme de Sarkozy et sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par deux juges français, lors d’une réception en présence du chef de l’Etat à l’ambassade avait été révélé par le Canard enchaîné et suscité la colère de Macron. Mais Marc Endeweld raconte comment Djouhri a de nouveau tenté d’entrer en contact avec le président de la République le soir même lors d’un dîner officiel offert par le Premier ministre algérien.
«Au Canard enchaîné, l’Elysée a d’ailleurs expliqué à l’époque : "Il a été invité par l’ambassade […] ce n’est pas la première fois que ce monsieur tente de croiser le Président […] [Cette insistance] a mis [Macron] en colère." La version que nous avons recueillie auprès de plusieurs diplomates du Quai d’Orsay, dont certains en poste à l’ambassade d’Alger, est pourtant très différente : tous assurent que les deux listes, celle du déjeuner comme celle de la soirée, ont bien été envoyées au protocole de l’Elysée. Et c’est Alexandre Benalla, chargé des déplacements, qui les a validées ! Devant les policiers, l’ambassadeur Driencourt nuancera la version délivrée à chaud par l’Elysée, en précisant qu’à l’origine, c’est le secrétaire général du Quai d’Orsay, Maurice Gourdault-Montagne, 64 ans, ami personnel d’Alexandre Djouhri, qui lui a demandé d’inviter ce dernier à cette soirée. Gourdault-Montagne est une figure au Quai. Ancien directeur de cabinet d’Alain Juppé à Matignon, puis conseiller diplomatique de Jacques Chirac de 2002 à 2007, il a été propulsé par Emmanuel Macron – ce fut l’une de ses premières décisions – secrétaire général du Quai d’Orsay à Paris.»
Si Marc Endeweld raconte par le menu les luttes d’influence qui ont eu lieu au sein de la police, avec les sarkozystes à la manœuvre, et dans le monde du renseignement après l’élection d’Emmanuel Macron, il décrit aussi au fil des pages une organisation singulière du sommet de l’Etat déjà mise en lumière par la commission d’enquête sénatoriale sur l’affaire Benalla. Au-delà du cabinet officiel dirigé par Patrick Strzoda, l’auteur décrit comment un quarteron de jeunes fidèles emmenés par le secrétaire général, Alexis Kohler, lequel a la haute main sur le régalien, constitue la vraie garde rapprochée du Président. Certains ont un rôle bien officiel, mais d’autres sont des chargés de mission aux missions floues ou travaillent à la «task force» mise en place par Macron pour centraliser et coordonner la lutte antiterroriste. Une équipe bis dont certains ont quitté le château mais sans rien renier de Macron.
Au final, une question demeure. Comment François Hollande, si fin politique, a-t-il pu à ce point manquer de lucidité et même de clairvoyance en mettant sur orbite ce jeune ambitieux qui, au moins autant que Manuel Valls auquel il était censé faire office de contrepoids, a savonné la planche du président sortant à son profit. S’il a fait entrer le loup dans la bergerie, c’est que celui-ci ne manquait pas de références, avec Jean-Pierre Jouyet et Jacques Attali comme parrains :
«Autre connexion d’influence à inscrire au palmarès de Brigitte Macron, Jacques Attali, qu’elle fait rencontrer à Emmanuel. C’est elle aussi qui demandera personnellement à l’ancien conseiller de François Mitterrand de présenter son jeune mari à François Hollande.»
Une ambition de couple, qui vient de très loin, portée par des barons d’hier, des capitaines d’industrie et de jeunes loups avides de pouvoir. Où comment des seniors ont largement contribué à la victoire d’un trentenaire pour faire la nique à des quinquas...
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vendredi 26 avril 2019
Le silence est d'or
Ecouter le silence...
Paradoxe: le silence, on le recherche ou on le fuit. C'est selon.
Le bruit, que nous attire parfois, nous fatigue et nous épuise.
Il arrive que le silence nous pèse et nous angoisse.
Ce n'est pas seulement une question de tempérament,de culture ou d'éducation.
Le silence imposé peut être une torture.
Le bruit peut finir par nous anéantir.
Il est des silences pesants, voire oppressants et des silences pleins et féconds.
Qui ressourcent et libèrent, dans notre civilisation où dominent le bruit permanent, la saturation des ondes, les bavardages incessants, futiles ou plus ou moins savants.
De toute manière, le silence n'est que relatif et ne peut être que provisoire.
Si je fais silence dans la nature, d'infimes bruissements me surprennent et mille bruissements m'habitent..
Le silence n'est pas seulement une absence de bruit. Il peut être plein de sens dans certaines occasions. Il constitue un élément structurant de la parole et de la musique. Il est des silences éloquents.
Alain Corbin, spécialiste des petits riens, de la vie qui souvent nous échappe, historien du sensible et du silence, a célébré et réhabilité l'odorat.
Le voilà qui se penche sur le silence, ses formes, ses modalités culturelles. Une recherche peu banale, mais féconde.
Il s'intéresse aux archives du silence, notant qu'aujourd'hui «La société enjoint de se plier au bruit afin d’être partie du tout.» Il y a une peur du silence «liée à l’effroi de se trouver face à soi»
C'est dire qu'il y a un rapport étroit entre la qualité du silence et l'état intérieur.
Pour certains, les yeux peuvent être des oreilles.
Mais place au silence...
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jeudi 25 avril 2019
Deux visages de l'Amérique
Contrastes
Quand on aborde ce quasi-continent, il faut s'attendre à des surprises, tant les contrastes sont grands, les inégalités sont profondes.
A tous points de vue.
L'histoire du pays, de sa formation, explique en partie cela.
Le pays des extrêmes présente notamment des aspects économico-sociaux très différents, selon les lieux, les mentalités, les Etats, les législations.
Deux exemples extrêmes constatés aujourd'hui:
San Francisco, ville un peu mythique, attirante, a tout pour séduire. Depuis ses origines modestes, elle a bien changé. Elle est en passe de devenir une des villes les plus chères et d'englober en son sein un très grand nombre de sans-abri et de déclassés de toutes sortes.
Les nouveaux super-riches envahissent de plus en plus la ville tandis que les homeless progressent encore, avec moins d'espace d'accueil.
Si on compare avec Paris, c’est deux fois plus pour une population trois fois moindre (3 641 SDF dans la capitale française pour 2,4 millions d’habitants ; 7 500 à San Francisco pour 884 000 habitants)
A Dallas (pourtant réputée impitoyable...), un procureur texan tente de faire preuve d'une mansuétude inattendue vis à vis des plus pauvres, parfois poussés au vol pour survivre. Seulement pour survivre. Pour des produis vitaux de base.
Allant à l'encontre des réactions de certains de ses confrères et des responsables de la police, il déclare, non sans bon sens, que «Nous avons tendance à sur-criminaliser en Amérique et cela commence avec les pauvres et avec les personnes de couleur. Tout le monde le sait, tout le monde dit qu'il faut faire quelque chose, mais personne ne fait jamais rien et c'est pour cela que j'ai décidé d'agir», a expliqué Creuzot. Le nouveau procureur veut aussi réformer le système de paiement de caution, suivant lequel des personnes qui ne peuvent pas payer se retrouvent bloquées en prison en attendant leur procès pour des délits relativement mineurs...."
Une proportion effarante de noirs hante les prisons américaines, de noirs pauvres, et de blancs tout aussi démunis qui y végètent pour des délits mineurs sans pouvoir payer de caution...
La voix de John Creuzot a-t-elle quelque chance de porter?....
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Quand on aborde ce quasi-continent, il faut s'attendre à des surprises, tant les contrastes sont grands, les inégalités sont profondes.
A tous points de vue.
L'histoire du pays, de sa formation, explique en partie cela.
Le pays des extrêmes présente notamment des aspects économico-sociaux très différents, selon les lieux, les mentalités, les Etats, les législations.
Deux exemples extrêmes constatés aujourd'hui:
San Francisco, ville un peu mythique, attirante, a tout pour séduire. Depuis ses origines modestes, elle a bien changé. Elle est en passe de devenir une des villes les plus chères et d'englober en son sein un très grand nombre de sans-abri et de déclassés de toutes sortes.
Les nouveaux super-riches envahissent de plus en plus la ville tandis que les homeless progressent encore, avec moins d'espace d'accueil.
Si on compare avec Paris, c’est deux fois plus pour une population trois fois moindre (3 641 SDF dans la capitale française pour 2,4 millions d’habitants ; 7 500 à San Francisco pour 884 000 habitants)
A Dallas (pourtant réputée impitoyable...), un procureur texan tente de faire preuve d'une mansuétude inattendue vis à vis des plus pauvres, parfois poussés au vol pour survivre. Seulement pour survivre. Pour des produis vitaux de base.
Allant à l'encontre des réactions de certains de ses confrères et des responsables de la police, il déclare, non sans bon sens, que «Nous avons tendance à sur-criminaliser en Amérique et cela commence avec les pauvres et avec les personnes de couleur. Tout le monde le sait, tout le monde dit qu'il faut faire quelque chose, mais personne ne fait jamais rien et c'est pour cela que j'ai décidé d'agir», a expliqué Creuzot. Le nouveau procureur veut aussi réformer le système de paiement de caution, suivant lequel des personnes qui ne peuvent pas payer se retrouvent bloquées en prison en attendant leur procès pour des délits relativement mineurs...."
Une proportion effarante de noirs hante les prisons américaines, de noirs pauvres, et de blancs tout aussi démunis qui y végètent pour des délits mineurs sans pouvoir payer de caution...
La voix de John Creuzot a-t-elle quelque chance de porter?....
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mercredi 24 avril 2019
Quand les curés (re)convoleront
[Notes pour une recherche]
C'est peu de dire que l'Eglise catholique connaît des difficultés internes. (*)
La foi ne va plus de soi et les traditions se perdent, avec l'érosion de la pratique religieuse.
Le recrutement ecclésiastique pose problème à la hiérarchie et on découvre que des prêtres sont souvent compromis dans des affaires de sexualité ...un peu particulière, ou plus régulière.
Du moins on en parle.
La question de la sexualité a toujours fait problème dans l' Eglise catholique. Plus ou moins selon les époques.
L'idéalisation de la vierge, l'antiféminisme récurrent, la peur de l'enfer ont souvent joué un rôle majeur, surtout depuis St Augustin. Un long et profond refoulement se met en place.
"Depuis le péché originel, pense-t-il, dans un contexte d'invasion barbare, l'humanité est en danger de condamnation imminente. La femme en est la cause puisqu'Ève a cueilli la pomme la première. Alors que le Christ ne parle jamais du péché d'Ève, Augustin inscrit quasi génétiquement ce péché dans la nature humaine et, plus gravement, dans la nature de la femme. Cette certitude, ancrée dans la pensée médiévale, sera dogmatisée par une longue série de théologiens, depuis saint Anselme, au XIIe siècle, jusqu'à saint Thomas qui, au XIIIe siècle, renforcera le préjugé par la doctrine de la loi naturelle, sur laquelle les théologiens chrétiens n'auront aucun mal à s'accorder avec ceux de l'islam, puisque les uns et les autres, tous masculins, se référeront au second récit de la Genèse..."
Ce qui n'empêcha pas par la suite maints écarts. Jusqu'au plus haut niveau.
Aujourd'hui, l'Archevêque d'Arles lancent un pavé dans la marre du conformisme. Mais un petit pavé seulement.
L'histoire montre que le célibat des prêtre fut valorisé de plus en plus.
Latran II constitua un tournant
C'est peu de dire que l'Eglise catholique connaît des difficultés internes. (*)
La foi ne va plus de soi et les traditions se perdent, avec l'érosion de la pratique religieuse.
Le recrutement ecclésiastique pose problème à la hiérarchie et on découvre que des prêtres sont souvent compromis dans des affaires de sexualité ...un peu particulière, ou plus régulière.
Du moins on en parle.
La question de la sexualité a toujours fait problème dans l' Eglise catholique. Plus ou moins selon les époques.
L'idéalisation de la vierge, l'antiféminisme récurrent, la peur de l'enfer ont souvent joué un rôle majeur, surtout depuis St Augustin. Un long et profond refoulement se met en place.
"Depuis le péché originel, pense-t-il, dans un contexte d'invasion barbare, l'humanité est en danger de condamnation imminente. La femme en est la cause puisqu'Ève a cueilli la pomme la première. Alors que le Christ ne parle jamais du péché d'Ève, Augustin inscrit quasi génétiquement ce péché dans la nature humaine et, plus gravement, dans la nature de la femme. Cette certitude, ancrée dans la pensée médiévale, sera dogmatisée par une longue série de théologiens, depuis saint Anselme, au XIIe siècle, jusqu'à saint Thomas qui, au XIIIe siècle, renforcera le préjugé par la doctrine de la loi naturelle, sur laquelle les théologiens chrétiens n'auront aucun mal à s'accorder avec ceux de l'islam, puisque les uns et les autres, tous masculins, se référeront au second récit de la Genèse..."
Ce qui n'empêcha pas par la suite maints écarts. Jusqu'au plus haut niveau.
Aujourd'hui, l'Archevêque d'Arles lancent un pavé dans la marre du conformisme. Mais un petit pavé seulement.
L'histoire montre que le célibat des prêtre fut valorisé de plus en plus.
Latran II constitua un tournant
Le Concile de Trente établit que le célibat et la virginité sont supérieurs au mariage et des injonctions papales incitaient à sortir des griffes des femmes. ...«Celui qui dit que l’état conjugal est préférable à l’état de virginité et de célibat, qu’il soit anathème. Le célibat des prêtres fut toujours objet de doute et l'hypocrisie régna jusqu'à aujourd'hui. Une histoire compliquée, qui fait toujours objet de polémique chez les croyants. Quand l'Eglise d'Occident sortira-t-elle de l'ambiguité, qui renforce son discrédit?_
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(*) L’Eglise catholique est dans la tourmente. Et elle risque de le rester longtemps encore. Le scandale de la pédocriminalité au sein du clergé, séisme planétaire, n’a cessé de s’étendre, sans que la hiérarchie ecclésiale y apporte les réponses attendues, espérées des fidèles comme de la communauté internationale. La sortie en février 2019, dans une vingtaine de pays, de Sodoma, l’enquête de Frédéric Martel sur les mœurs du Vatican, a ajouté au trouble. On referme le livre sidéré par cet invraisemblable voyage dans une contrée aux mœurs exotiques, peuplée de très vieux messieurs vivant un stupéfiant entre-soi, constituant selon l’auteur « une des plus grandes communautés homosexuelles du monde ». Où sont les femmes ? Ce sont elles qui pourraient sauver l’Eglise catholique. Religieuse dominicaine et théologienne, Véronique Margron a écrit Un moment de vérité, non pas pour « ajouter une colère à une autre », mais pour proposer des voies « afin de sortir de ce désastre ». Tout autre est le ton de Christine Pedotti dans Qu’avez-vous fait de Jésus ?, directrice de Témoignage chrétien, dont le livre interpelle et « sermonne » la hiérarchie avec colère et tristesse. Selon elle, la conception d’un prêtre tout-puissant est à l’origine de tous les abus.(V.R.)____mardi 23 avril 2019
Paradis fiscaux (suite...sans fin?)
D'ici et d'ailleurs.
Enjeux géopolitiques.
Officiellement, ils auraient disparu, ou presque.
Cela fait des années que certains proclament que le ménage a été fait, qu'ils n'existeraient même plus. Miracle du verbe! De la part de Moscovici et des autres.
Pourtant, la fête paradisiaque continue, malgré les dénégations, de manières diverses et variées
Aux dépends des budgets publics, de la redistribution et de l'investissement productif.
Beaucoup de gesticulations médiatiques à ce sujet de la part de l' OCDE et de pays pourtant directement concernés...
La grande évasion continue, sous des formes toujours plus sophistiquées et plus ou moins "légalisées".
Le feuilleton de l'évasion fiscale continue...
" Loin d être un nouveau catalogue des différentes techniques de l'évasion fiscale tentative vouée généralement à l échec tant l' astuce des fiscalistes est sans limite et la réglementation en perpétuel changement , loin d être une démonstration apportant une impossible solution définitive aux dérives de la finance offshore, ce livre retrace par l histoire les enjeux géopolitiques qui ont toujours dominé le sujet des paradis fiscaux. Si, depuis la crise économique de 2008, l' opinion publique a pris conscience du phénomène, l actualité nous montre que l on est loin des déclarations du président français de l époque affirmant : « Les paradis fiscaux, c est fini ! ». SwissLeaks, LuxLeaks, affaire UBS, etc., chaque mois apporte son lot de scandales.
La raison en est simple : les paradis fiscaux ne sont pas un problème pour les grandes puissances tant qu elles réussissent à conserver leur pré carré offshore. Toucher à ces territoires, c est toucher à leur contrôle sur le système financier mondial et donc à leur souveraineté. Loin d être à la marge, la finance offshore est au coeur du capitalisme financier et chaque puissance lutte pour gagner en influence ; le règlement FATCA américain en est un parfait exemple. Ni sujet financier ou fiscal, ni sujet juridique, les paradis fiscaux sont le nouveau grand jeu des rivalités de pouvoir géopolitique entre puissances impliquant aussi certains lobbies industriels et financiers. Destiné au plus grand nombre et illustré de cas concrets, l' angle inédit proposé satisfera autant le lecteur curieux que le connaisseur souhaitant un éclairage nouveau. Il est temps de considérer le paradis fiscal comme une représentation, une construction géopolitique, afin que le débat soit enfin abordé sous son vrai visage...."
Le problème des paradis fiscaux dépasse largement le cadre fiscal, il remet en cause la souveraineté des États et le consentement des peuples à mettre en commun des efforts - via l’impôt – pour financer un choix de société. Il est donc majeur.
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Enjeux géopolitiques.
Officiellement, ils auraient disparu, ou presque.
Cela fait des années que certains proclament que le ménage a été fait, qu'ils n'existeraient même plus. Miracle du verbe! De la part de Moscovici et des autres.
Pourtant, la fête paradisiaque continue, malgré les dénégations, de manières diverses et variées
Aux dépends des budgets publics, de la redistribution et de l'investissement productif.
Beaucoup de gesticulations médiatiques à ce sujet de la part de l' OCDE et de pays pourtant directement concernés...
La grande évasion continue, sous des formes toujours plus sophistiquées et plus ou moins "légalisées".
Le feuilleton de l'évasion fiscale continue...
" Loin d être un nouveau catalogue des différentes techniques de l'évasion fiscale tentative vouée généralement à l échec tant l' astuce des fiscalistes est sans limite et la réglementation en perpétuel changement , loin d être une démonstration apportant une impossible solution définitive aux dérives de la finance offshore, ce livre retrace par l histoire les enjeux géopolitiques qui ont toujours dominé le sujet des paradis fiscaux. Si, depuis la crise économique de 2008, l' opinion publique a pris conscience du phénomène, l actualité nous montre que l on est loin des déclarations du président français de l époque affirmant : « Les paradis fiscaux, c est fini ! ». SwissLeaks, LuxLeaks, affaire UBS, etc., chaque mois apporte son lot de scandales.
La raison en est simple : les paradis fiscaux ne sont pas un problème pour les grandes puissances tant qu elles réussissent à conserver leur pré carré offshore. Toucher à ces territoires, c est toucher à leur contrôle sur le système financier mondial et donc à leur souveraineté. Loin d être à la marge, la finance offshore est au coeur du capitalisme financier et chaque puissance lutte pour gagner en influence ; le règlement FATCA américain en est un parfait exemple. Ni sujet financier ou fiscal, ni sujet juridique, les paradis fiscaux sont le nouveau grand jeu des rivalités de pouvoir géopolitique entre puissances impliquant aussi certains lobbies industriels et financiers. Destiné au plus grand nombre et illustré de cas concrets, l' angle inédit proposé satisfera autant le lecteur curieux que le connaisseur souhaitant un éclairage nouveau. Il est temps de considérer le paradis fiscal comme une représentation, une construction géopolitique, afin que le débat soit enfin abordé sous son vrai visage...."
Le problème des paradis fiscaux dépasse largement le cadre fiscal, il remet en cause la souveraineté des États et le consentement des peuples à mettre en commun des efforts - via l’impôt – pour financer un choix de société. Il est donc majeur.
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dimanche 21 avril 2019
Petites ouvertures
- Le monde devient électrique...
- Le présentéisme, un symptôme.
- Rivières: pesticides record.
- Il n'y a pas que ND de Paris.
- Le vélo, ce n'est pas pour les prolos ou pour les bobos
- Comment remettre la finance à sa place:
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- Le présentéisme, un symptôme.
- Rivières: pesticides record.
- Il n'y a pas que ND de Paris.
- Le vélo, ce n'est pas pour les prolos ou pour les bobos
- Comment remettre la finance à sa place:
Comment la finance a capturé l’économie et comment la remettre à sa place
Entretien avec Laurence Scialom, professeure à Paris Nanterre, sur les modes de capture de la finance et les moyens de s’en libérer.
Éco à contre-courant
A lire chez Médiapart (Article payant)
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samedi 20 avril 2019
Autant en parler
OTAN:
Plus que jamais, la question est posée aujourd'hui, surtout dans le nouveau contexte international, après le Kosovo, la Libye...
Comment s'en désengager?
Point de vue:
Plus que jamais, la question est posée aujourd'hui, surtout dans le nouveau contexte international, après le Kosovo, la Libye...
Comment s'en désengager?
Point de vue:
« Je ne veux pas d’une Europe qui soit juste une zone de libre-échange attachée à l’OTAN… » (Ségolène Royal). Qu’est-ce que l’OTAN ? L’OTAN est une des expressions de l’atlantisme. Qu’est-ce que l’atlantisme ? L’atlantisme est le courant politique conceptualisé au début de la guerre froide qui prône une alliance militaire centrée sur les États adjacents à l’océan Atlantique Nord et, par extension, entre l’Europe et l’Amérique du Nord (spécialement les États-Unis et le Canada). Cette alliance s’accompagne d’une coopération dans les domaines politiques, économiques et culturels. Ce courant politique donne pour objectifs à cette alliance d’assurer la sécurité des pays membres et de protéger les valeurs qui les unissent : la démocratie, les libertés individuelles, et l’État de droit (rule of law)1. Un retour en arrière s’impose pour mieux appréhender cette problématique de l’OTAN, de l’atlantisme et d’une éventuelle défense européenne, sorte de serpent de mer.
4 Avril 1949, création de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN ou NATO sous son acronyme en langue anglaise)2. 4 avril 2019, soixante-dix après, qu’est devenue cette institution internationale ? Le résultat est mitigé, en demi-teinte. Le moins que l’on puisse dire est que le cœur n’y est plus tant ses évolutions intervenues depuis la fin de la Guerre froide, soit trente ans après, soulèvent de multiples questions importantes que pose Donald Trump3. Si tôt posées, si tôt évacuées tant elles mettent en cause les dogmes intangibles d’une église dont les fondations se fissurent. Un simple sommet des ministres des Affaires étrangères pour célébrer l’évènement4. Rappelons la genèse de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord en 1949 avant de nous souvenir du tournant de la fin de la Guerre froide en 1989 qui voit la renaissance de l’Alliance atlantique pour conclure sur les interrogations légitimes au sujet de la pertinence et de la pérennité de la structure en 2019 (« toujours vitale » pour certains, « en finir avec l’OTAN » ou « lui accorder sa retraite », pour d’autres) !
Comment définir simplement l’Alliance atlantique créée en 1949 pour protéger les démocraties occidentales européennes et le Canada d’une menace de déstabilisation par l’ours soviétique et ses satellites ? Pour être un outil de sécurité, l’OTAN n’en demeure pas moins un instrument d’asservissement.
Reportons-nous à la situation de l’Europe en 1945 et aux accords de Yalta ! Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale et la défaite de l’Allemagne nazie en mai 1945, la suspicion grandit entre les alliés du temps de la guerre. L’entrisme de Moscou à l’est inquiète à l’ouest. En mars 1946, l’ambassadeur des États-Unis à Moscou, George Kennan incite Washington à contenir (« containment ») l’expansion de la Russie avec vigilance et fermeté. Winston Churchill parle de « rideau de fer descendu à travers le continent de Stettin à Trieste ». Staline l’accuse de « calomnie ». En 1947, « l’année terrible » est marquée par l’entrée dans la « guerre froide » (Walter Lippmann), l’approfondissement des failles idéologiques entre Moscou et Washington. Deux Europe s’affirment sous la tutelle des deux Grands. En 1948, on assiste au « coup de Prague », au blocage des secteurs occidentaux de Berlin. L’antagonisme est-ouest constitue alors l’élément fondamental structurant l’ordre international de l’après-guerre.
4 Avril 1949, création de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN ou NATO sous son acronyme en langue anglaise)2. 4 avril 2019, soixante-dix après, qu’est devenue cette institution internationale ? Le résultat est mitigé, en demi-teinte. Le moins que l’on puisse dire est que le cœur n’y est plus tant ses évolutions intervenues depuis la fin de la Guerre froide, soit trente ans après, soulèvent de multiples questions importantes que pose Donald Trump3. Si tôt posées, si tôt évacuées tant elles mettent en cause les dogmes intangibles d’une église dont les fondations se fissurent. Un simple sommet des ministres des Affaires étrangères pour célébrer l’évènement4. Rappelons la genèse de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord en 1949 avant de nous souvenir du tournant de la fin de la Guerre froide en 1989 qui voit la renaissance de l’Alliance atlantique pour conclure sur les interrogations légitimes au sujet de la pertinence et de la pérennité de la structure en 2019 (« toujours vitale » pour certains, « en finir avec l’OTAN » ou « lui accorder sa retraite », pour d’autres) !
Comment définir simplement l’Alliance atlantique créée en 1949 pour protéger les démocraties occidentales européennes et le Canada d’une menace de déstabilisation par l’ours soviétique et ses satellites ? Pour être un outil de sécurité, l’OTAN n’en demeure pas moins un instrument d’asservissement.
Reportons-nous à la situation de l’Europe en 1945 et aux accords de Yalta ! Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale et la défaite de l’Allemagne nazie en mai 1945, la suspicion grandit entre les alliés du temps de la guerre. L’entrisme de Moscou à l’est inquiète à l’ouest. En mars 1946, l’ambassadeur des États-Unis à Moscou, George Kennan incite Washington à contenir (« containment ») l’expansion de la Russie avec vigilance et fermeté. Winston Churchill parle de « rideau de fer descendu à travers le continent de Stettin à Trieste ». Staline l’accuse de « calomnie ». En 1947, « l’année terrible » est marquée par l’entrée dans la « guerre froide » (Walter Lippmann), l’approfondissement des failles idéologiques entre Moscou et Washington. Deux Europe s’affirment sous la tutelle des deux Grands. En 1948, on assiste au « coup de Prague », au blocage des secteurs occidentaux de Berlin. L’antagonisme est-ouest constitue alors l’élément fondamental structurant l’ordre international de l’après-guerre.
A l’ouest, la réaction s’organise. Britanniques et Français concluent un traité d’alliance et d’assistance mutuelle le 4 mars 1947 à Dunkerque. Il s’élargit aux trois pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) qui créent « l’Union occidentale » à Bruxelles le 17 mars 1948. Ce traité comporte un engagement d’assistance automatique en cas d’agression. Mais comment convertir la défense européenne en défense occidentale ? Des négociations se tiennent d’abord entre anglo-saxons, élargies par la suite à plusieurs autres États entre les deux rives de l’Atlantique. Elles débouchent finalement par la signature du traité de l’Atlantique nord le 4 avril 1949 à Washington. Ses parties sont les cinq États du traité de Bruxelles auxquels se joignent le Canada, le Danemark, les États-Unis, l’Islande, l’Italie, la Norvège et le Portugal. Ce sont donc douze États qui forment l’avant-garde de la défense occidentale face à l’URSS5.
À l’est, la riposte s’organise. Le pacte de Varsovie est une ancienne alliance militaire groupant les pays d’Europe de l’Est avec l’URSS dans un vaste ensemble économique, politique et militaire.
Il est conclu le 14 mai 1955 entre la plupart des pays communistes du bloc soviétique par un traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle. Nikita Khrouchtchev, qui en fut l’artisan, l’avait conçu dans le cadre de la guerre froide comme un contrepoids à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) qui avait vu le jour en avril 1949. La principale raison ayant motivé la formation du pacte de Varsovie, selon l’exposé des motifs, fut l’adhésion de la République fédérale d’Allemagne « en voie de remilitarisation » au traité de l’Atlantique nord au moment de la ratification des accords de Paris le 9 mai 1955. Le pacte de Varsovie est dissout en juillet 19916.
Sur le plan de l’étymologie : le terme d’atlantisme est un dérivé d’atlantique, concept contenu dans l’appellation de l’« Organisation du traité de l’Atlantique Nord » (OTAN sous son acronyme français et NATO en anglais). Le mot atlantique est issu du grec atlantikos, Atlantique. Il est un dérivé d’Atlas, du nom d’une chaîne de montagnes situées en Afrique du Nord. L’adjectif "atlantique" qualifie ce qui concerne l’Océan atlantique et les pays riverains.
L’atlantisme désigne une politique extérieure caractérisée par le soutien apporté aux Etats-Unis, notamment dans le cadre de l’OTAN. Conceptualisé au début de la Guerre froide, l’atlantisme prône une étroite coopération entre les Etats-Unis, le Canada et les pays européens dans les domaines politique, militaire, économique et culturel. L’objectif avoué consiste, en principe, à assurer la sécurité des pays membres de l’OTAN (clause de solidarité de l’article 5 qui veut qu’une attaque contre l’un de ses membres est considérée comme une attaque contre tous) et de protéger les valeurs qui les unissent : démocratie, libertés individuelles et Etat de droit.
L’atlantisme désigne aussi l’attitude politique, l’opinion, la doctrine de ceux qui font du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) la base de leur action extérieure et qui, au nom de ces principes, s’alignent de manière plus ou moins systématique, idéologique sur la politique extérieure des Etats-Unis qu’elle soit entièrement justifiée ou totalement infondée, ce qui arrive parfois7.
C’est que l’Amérique, le pays à la destinée manifeste, n’est pas une nation sentimentale. Accorder une assurance tout-risque à ses alliés comporte un prix, un prix fort que ces derniers doivent acquitter sous peine d’excommunication. Sur le plan politique, d’abord, cela signifie un alignement inconditionnel sur toutes les positions diplomatiques américaines, y compris les plus critiquables. On se souvient des foucades du général de Gaulle contre l’impérialisme américain (Cf. le discours de Phnom Penh de 1966 au cours duquel il critique l’intervention américaine au Vietnam) et de sa volonté de ne pas adhérer automatiquement à la politique étrangère de Washington. Sur le plan économique et commercial, ensuite, cela signifie se plier au primat du dollar comme monnaie d’échange et aux règles de droit américain sur le commerce international. Sur le plan militaire, enfin, cela signifie faire sienne, d’endosser la doctrine du Pentagone en matière d’interventions extérieures (Afghanistan, Irak, Syrie…) et surtout acheter exclusivement du matériel américain au nom du sacro-saint principe de l’interopérabilité. L’Amérique, c’est aussi « Buy American First ».
Quarante ans après sa création, l’OTAN est confrontée à un défi qu’elle n’avait pas envisagé, la disparition de l’ennemi (l’URSS et du Pacte de Varsovie) qui en était sa principale justification et de la menace (nucléaire et conventionnelle) qui pesait sur ses membres.
Quarante ans après sa création, l’OTAN est confrontée à un défi qu’elle n’avait pas envisagé, la disparition de l’ennemi (l’URSS et du Pacte de Varsovie) qui en était sa principale justification et de la menace (nucléaire et conventionnelle) qui pesait sur ses membres.
Que faire logiquement lorsque l’ennemi (le méchant ours russe) disparait ainsi que l’organisation qui lui servait de bras armé (le Pacte de Varsovie). Telle est la question de nature existentielle qui est posée à l’Amérique et à ses alliés fin 1989 et durant toute l’année 1990 ? Alors que certains prévoyaient sa fin, nous assistons à une sorte de renaissance de l’OTAN.
Chargée de protéger les pays occidentaux face à la menace du bloc soviétique, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) n’aurait-elle pas dû naturellement disparaître avec la fin de la Guerre froide, l’effondrement de l’URSS et la dissolution du Pacte de Varsovie (1991) ? Et cela d’autant plus que, dès avant la fin des années 1980, les « ennemis » avaient décidé de se lancer dans une politique de détente entre l’Est et l’Ouest, entre les deux Allemagnes. N’allait-on pas enfin substituer au vieux système d’alliances celui de la sécurité collective, fondement de la Charte de l’ONU ?8 Les prémisses d’un tel système n’existaient-elles pas avec les différents accords conclus durant la Guerre froide : accord d’Helsinki, document sur les mesures de confiance et de sécurité, traité sur les forces classiques en Europe, traité ciel ouvert, accords américano-soviétiques (SALT, START, ABM…) ? Les internationalistes se plaisent alors à le croire.
La fin de la Guerre froide ne signifie-t-elle pas à terme la solution de tous les conflits, y compris les conflits menés par procuration par les deux Grands ? Ne rend-elle pas l’OTAN obsolète, décalée par rapport au monde de paix et de sécurité qui se dessinait après 1989, « année de toutes les ruptures » ? L’ONU ne va-t-elle pas enfin jouer son rôle de pourvoyeuse de stabilité par la mise en place d’une diplomatie préventive des conflits potentiels ? « L’Agenda pour la paix » adoptée en 1992 à New York par l’institution new yorkaise ne préfigure-t-il pas une sorte de paix universelle et perpétuelle chère à Emmanuel Kant ? Tel est le rêve secret que l’on caresse à Paris. François Mitterrand envisage la mise en place d’une « confédération européenne » excluant les États-Unis et le Canada, laissant aux Européens le monopole de leur avenir (1989) ayant pour conséquence la fin de la « Sainte-Alliance » (Cf. sa diatribe lors du sommet de l’OTAN à Rome, 1991). En vain !
Malheureusement, l’Histoire est tout autre. Au lieu d’une logique d’effacement, l’OTAN va petit à petit renaître de ses cendres, Washington a quelques idées sur la question après avoir été un temps dépassé. Désormais qualifiée d’ «Alliance unique », elle subit une triple transformation sans modification de son traité constitutif : élargissement à ses anciens adversaires sans pour autant en définir les limites géographiques ; modification de sa doctrine d’emploi pour une meilleure prise en compte des nouvelles menaces et mue en bras séculier de l’ONU, de l’OSCE, voire de l’Union européenne qui ne parvient pas toujours à mettre sur pied une défense européenne autonome en dépit de l’absorption de l’UEO (Union de l’Europe occidentale). La fin de la Guerre froide s’accompagne de la multiplication des guerres concrètes, réelles. L’éclatement de l’ex-Yougoslavie lui fournit une première occasion de désigner un nouvel ennemi9.
La guerre du Kosovo, contre la Serbie de Slobodan Milosevic, est lancée au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Elle crée un précédent sur la possibilité d’attaquer sans aval de l’ONU un pays ne constituant pas une menace pour la sécurité des membres de l’OTAN. A cette époque, Moscou fait part de son opposition à cette manière de procéder avertissant que ce précédent sera utilisé par la Russie le moment venu (ce sera parole tenue). Cette première intervention est suivie d’une seconde, hors du continent européen (qualifiée en son temps de hors-zone), par l’attaque de l’Afghanistan conduite au titre de la « guerre contre le terrorisme » après les attentats du 11 septembre 2001. Ainsi, l’Alliance atlantique place les armées de ses pays membres en ordre de bataille10. Devenue le gendarme du monde, l’OTAN prête main-forte à la coalition internationale chargée de renverser le guide libyen au titre de sa contribution aux « printemps arabes ». Elle guerroie également au Proche et au Moyen-Orient avec les succès que l’on sait…
La guerre du Kosovo, contre la Serbie de Slobodan Milosevic, est lancée au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Elle crée un précédent sur la possibilité d’attaquer sans aval de l’ONU un pays ne constituant pas une menace pour la sécurité des membres de l’OTAN. A cette époque, Moscou fait part de son opposition à cette manière de procéder avertissant que ce précédent sera utilisé par la Russie le moment venu (ce sera parole tenue). Cette première intervention est suivie d’une seconde, hors du continent européen (qualifiée en son temps de hors-zone), par l’attaque de l’Afghanistan conduite au titre de la « guerre contre le terrorisme » après les attentats du 11 septembre 2001. Ainsi, l’Alliance atlantique place les armées de ses pays membres en ordre de bataille10. Devenue le gendarme du monde, l’OTAN prête main-forte à la coalition internationale chargée de renverser le guide libyen au titre de sa contribution aux « printemps arabes ». Elle guerroie également au Proche et au Moyen-Orient avec les succès que l’on sait…
Soixante-dix ans après sa création que faire de cet enfant légitime de la (première) Guerre froide alors que le monde a changé, que de nouveaux acteurs ont fait leur apparition sur la scène internationale et que certains évoquent une « Guerre froide, deuxième version »12, à quoi sert l’OTAN ? Œuvre-t-elle pour le renforcement de la paix et de la sécurité internationales et donc pour le bien des peuples ou pour les seuls intérêts bien compris des États-Unis et de son puissant lobby militaro-industriel ?
L’OTAN (faux-nez de Washington) s’intronise gendarme du monde à la maladie duquel elle contribue grandement. Elle pousse à l’effacement de l’Europe, à l’alignement de la France. Tel est le bref bilan que l’on peut dresser d’une organisation alors qu’un nouveau siècle commence.
« Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d’ennemi ! » prédit Alexandre Arbatov, conseiller diplomatique de Mikhaïl Gorbatchev en 1989. C’est panique à bord à l’OTAN au début des années 1990. Il faut se trouver un nouvel ennemi13 pour justifier de son existence. C’est d’abord l’ex-Yougoslavie, ensuite le terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001 et, par un bégaiement de l’histoire, de nouveau la Russie depuis les crises géorgienne (2008) et ukrainienne (2014). A Washington, on méprise de plus en plus les Nations unies et le multilatéralisme qu’elles représentent. On préfère déporter les problèmes de New York vers Evere, les alliés y étant réduits au rôle de faire-valoir des États-Unis. Tout ce beau monde est mû par une double force : une inertie phénoménale qui pousse au statu quo et un panurgisme qui pousse à la servitude volontaire. « On vous demande la quadrature du cercle : trouver une solution militaire à une crise politique »14. Il y a un déficit de lucidité sur les risques inhérents aux solutions préconisées par Washington et entérinées par ses alliés en dépit des déconvenues régulières. Le discours politique devient synonyme de mensonge.
Le sommet des chefs d’État et de gouvernement de Varsovie (8- 9 juillet 2016) est marqué par des décisions qui ne sont ni rassurantes, ni de nature à créer de la confiance et de la sécurité entre l’Occident et la Russie15 : exercice de 2000 soldats en Pologne pour tester les nouvelles capacités de réaction de l’OTAN dans un pays voisin de la Russie dans le cadre d’une opération militaire d’entraînement comme il n’en avait pas été élaboré depuis 1989 et la fin du système communiste ; déploiement de quatre bataillons d’ici 2017 en Pologne et dans les pays baltes16 ; activation d’un nouveau site de défense antimissile en Roumanie qui devrait être suivi par un autre en Pologne (« initiative de réassurance européenne » lancée en juin 2014 par Barack Obama) ; protocole d’accession d’un 29ème État membre, le Monténégro qui aura le statut d’observateur (réunion des ministres des Affaires étrangères des 19 et 20 mai 2016) : étude des candidatures de la Bosnie, de la Géorgie17 et de la Macédoine ; dissuasion ; adaptation aux nouvelles menaces…
Malgré la reprise annoncée des activités du conseil OTAN/Russie ou COR (13 juillet 2016), ce sommet est frappé au sceau de la « menace russe » et sur la nécessaire « fermeté » de l’Alliance (Barack Obama). Pour se démarquer, François Hollande déclare au quotidien Le Monde que la Russie n’est « ni un adversaire, ni une menace ». Comprenne qui pourra ! Aujourd’hui, certains insistent sur la « nécessité de relancer le conseil OTAN/Russie »18
Force est de constater qu’à Washington, on ne sait pas reconnaître ses échecs. « Les États-Unis sont en partie responsables de la multiplication de leurs propres ennemis »19. Aujourd’hui, rien ne menace son pouvoir, sinon son propre hubris. Or, les Vingt-Huit (les Vingt-Sept bientôt ?) sont incapables de mettre sur pied une politique de sécurité et de défense, faute de s’entendre sur une vision commune alors même que la défense de l’Europe, c’est l’affaire des Européens. Ces derniers sont « drogués à l’hégémonie américaine, préféreraient une grande Suisse à une Europe puissance »20. Notre réintégration de la structure militaire intégrée n’a en rien changé les choses. Pourquoi dupliquer les missions de l’OTAN à l’Union européenne, nous rétorquent nos partenaires ? La PESD n’est qu’une coquille vide qui satisfait la grande majorité d’entre eux. La défense de l’Europe se pense, se fait à Evere et non au Berlaymont, plus encore après le « Brexit » et en dépit de la déclaration commune OTAN/UE adoptée à Varsovie. De l’UEO qui devait préfigurer une défense européenne robuste, il ne reste qu’un vague souvenir. Les traités de Maastricht et de Lisbonne se bornent à la réaffirmation de principes sans la moindre consistance. En masquant des intentions différentes, ils font au moins autant partie du problème que de sa solution.
Force est de constater qu’à Washington, on ne sait pas reconnaître ses échecs. « Les États-Unis sont en partie responsables de la multiplication de leurs propres ennemis »19. Aujourd’hui, rien ne menace son pouvoir, sinon son propre hubris. Or, les Vingt-Huit (les Vingt-Sept bientôt ?) sont incapables de mettre sur pied une politique de sécurité et de défense, faute de s’entendre sur une vision commune alors même que la défense de l’Europe, c’est l’affaire des Européens. Ces derniers sont « drogués à l’hégémonie américaine, préféreraient une grande Suisse à une Europe puissance »20. Notre réintégration de la structure militaire intégrée n’a en rien changé les choses. Pourquoi dupliquer les missions de l’OTAN à l’Union européenne, nous rétorquent nos partenaires ? La PESD n’est qu’une coquille vide qui satisfait la grande majorité d’entre eux. La défense de l’Europe se pense, se fait à Evere et non au Berlaymont, plus encore après le « Brexit » et en dépit de la déclaration commune OTAN/UE adoptée à Varsovie. De l’UEO qui devait préfigurer une défense européenne robuste, il ne reste qu’un vague souvenir. Les traités de Maastricht et de Lisbonne se bornent à la réaffirmation de principes sans la moindre consistance. En masquant des intentions différentes, ils font au moins autant partie du problème que de sa solution.
L’explosion de sa première bombe nucléaire (1960), la fin de la guerre d’Algérie (1962), le remboursement de ses dernières créances conduisent le général de Gaulle à s’émanciper de la tutelle pesante des États-Unis en quittant la structure militaire intégrée de l’OTAN en 1966. Cette distance vis-à-vis de Washington vaut à la France un capital de sympathie inestimable dans le Tiers-Monde. Ceci va évoluer : « Si tu y pensais un peu plus souvent, tu ne ferais pas tout le temps des propositions idiotes »21. Jacques Chirac amorce un mouvement de rapprochement avec l’Alliance : réintégration du comité militaire, tentative de retour dans certains commandements du flanc sud sans passer la ligne rouge. Nicolas Sarkozy s’enorgueillit de retrouver la « famille occidentale » en rejoignant en 2009 la structure militaire intégrée quittée en 1966 pour démontrer son indépendance face à Washington22. Indépendance par rapport à « l’hybris, la folie des grandeurs, une ignorance condescendante du monde extérieur : ‘The West and the Rest’, dit-on outre-Atlantique »23. Le rapport Védrine ne remet pas en cause ce retour qui s’accompagne de l’émergence d’un courant néo-conservateur au Quai d’Orsay diffusant au sein des plus hauts cercles de l’État24. Manifestement, le plus jeune président de la Cinquième République, Emmanuel Macron s’agite beaucoup (il brandit les mots de défense européenne, d’armée européenne…) mais ne parvient pas pour l’instant à emporter les suffrages de ses partenaires européens, qui ne pensent que NATO pour leur sécurité. Son opération de charme auprès de Donald Trump tourne court25. L’Allemagne ne succombe pas aux sirènes jupitériennes.
Quel constat peut-on dresser en 2019 sur l’OTAN, sur son fonctionnement, sa pertinence ? Si l’OTAN n’est pas aussi solide que ses thuriféraires le prétendent, c’est bien parce qu’elle est bâtie sur de nombreux malentendus, sous-entendus que le temps et Donald Trump mettent à nus.
« Historiquement, on n’a jamais vu une alliance survivre longtemps à la disparition des causes qui l’ont créée »26. Au stade où nous sommes parvenus, le temps n’est plus à la diplomatie déclaratoire aussi inutile qu’inefficace. Tel un médecin, le diplomate se doit d’abord de porter le diagnostic pertinent sur le malade NATO (le temps du constat objectif) avant de lancer le temps du remède approprié (le temps de la réflexion sans tabou)27.
Quel constat peut-on dresser en 2019 sur l’OTAN, sur son fonctionnement, sa pertinence ? Si l’OTAN n’est pas aussi solide que ses thuriféraires le prétendent, c’est bien parce qu’elle est bâtie sur de nombreux malentendus, sous-entendus que le temps et Donald Trump mettent à nus.
« Historiquement, on n’a jamais vu une alliance survivre longtemps à la disparition des causes qui l’ont créée »26. Au stade où nous sommes parvenus, le temps n’est plus à la diplomatie déclaratoire aussi inutile qu’inefficace. Tel un médecin, le diplomate se doit d’abord de porter le diagnostic pertinent sur le malade NATO (le temps du constat objectif) avant de lancer le temps du remède approprié (le temps de la réflexion sans tabou)27.
Un sérieux doute sur son efficacité. Tous les théâtres d’opération extérieurs de l’OTAN présentent la même caractéristique : une bataille gagnée, une guerre perdue. Aucun n’échappe à la règle : Afghanistan (presque vingt ans après les avoir chassé d’Afghanistan dans la foulée des attentats du 11 septembre 2011, Donald Trump négocie dans le dos des alliés le retour des Talibans) ; Irak (le pays n’a toujours pas retrouvé la paix après la ballade de la coalition en 2003 effectuée sans l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU et cela en dépit de la victoire annoncée sur l’EIIL le 22 mars 2019 par Donald Trump) ; Libye (presqu’une décennie après l’intervention prétendument humanitaire de l’Alliance atlantique, le pays et la zone sahelo-sahérienne ne sont toujours pas remis de ce tsunami atlantiste et de la folie de Nicolas Sarkozy particulièrement bien inspiré par le philosophe-diplomate BHL) ; Syrie ( en voulant chasser Bachar Al-Assad, la coalition l’a conforté comme elle a contribué à un renforcement de la présence russe et iranienne dans le pays et chez ses voisins ici aussi en dépit de la défaite de Daesh sur le terrain28)… Veut-on/peut-on tirer les leçons qui s’imposent de cette chronique de défaites annoncées ? Veut-on se souvenir que toutes les alliances sont mortelles ? Nous n’en avons pas l’impression.
Un sérieux doute sur sa pérennité. Depuis, l’arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump29, les alliés de Washington semblent avoir découvert, qu’un jour ou l’autre, les États-Unis pourraient, au mieux, revoir la nature de leur engagement à leur égard (en particulier l’automaticité de la mise en œuvre de la clause de solidarité prévue à l’article 5 du traité de Washington), au pire décréter que soixante-dix ans, ça suffit et qu’ils ont mieux à faire qu’à assurer la sécurité en Europe surtout lorsque cette dernière ne prend pas suffisamment sa part du fardeau financier. En un mot, l’assurance tout-risque a un coût. Au cours des dernières semaines, la ministre des Armées, Florence Parly a mis les pieds dans le plat lors d’une visite au Grand Frère. Elle déclare le 18 mars 2019 lors d’une visite à Washington que l’Europe s’inquiétait de la pérennité de l’engagement des Etats-Unis dans l’OTAN et a implicitement critiqué l’attitude de Donald Trump vis-à-vis de l’Alliance atlantique. « Ce qui préoccupe les Européens est de savoir si l’engagement des Etats-Unis est pérenne », souligne Florence Parly, avant de rencontrer le même jour son homologue américain, le secrétaire d’Etat à la Défense Patrick Shanahan. Nous avions soulevé la question incongrue à l’été 201830. D’autres, plus experts, se la posent sans ambages aujourd’hui alors que règne dans notre pays un silence assourdissant sur le sujet. Il y a urgence à ouvrir ce débat interdit à l’occasion des élections européennes du 26 mai prochain.31.
Le dispositif militaire en Irak et en Syrie est évoqué lors de cet entretien. Donald Trump réclame régulièrement, depuis son accession au pouvoir en janvier 2017, davantage d’efforts financiers de la part des autres pays membres de l’Alliance et promeut sans relâche les armes et équipements militaires américains. Il exige que les pays membres consacrent 2% de leur produit intérieur brut à leurs dépenses militaires, faute de quoi il menace de retirer les Etats-Unis de l’OTAN. « L’alliance ne devrait pas être soumise à des conditions, sinon ce n’est pas une alliance », a estimé lundi Florence Parly. « La clause de solidarité de l’OTAN est baptisée Article 5 et non article F-35 », a-t-elle ironisé, par allusion à l’avion de combat américain fabriqué par Lockheed-Martin. Les Etats-Unis ne devraient pas considérer comme un geste hostile, ni comme un prétexte pour se désengager, la volonté des Européens d’être plus autonomes sur le plan militaire, estime Florence Parly. En novembre dernier, Donald Trump avait jugé « très insultant » que son homologue français Emmanuel Macron ait proposé la création d’une armée européenne pour que l’Union puisse se protéger de potentiels adversaires32. Au pays de la statue de la Liberté, on n’apprécie pas trop que le dogme de la prééminence américaine sur le plan militaire soit remis en cause par les officiants européens. Le message est particulièrement clair et particulièrement bien ciselé en théorie. Mais, une fois encore, la question est de savoir si tout ceci n’est que bonne parole ou si cela peut déboucher sur une réflexion, et qui sait le moment venu, sur des décisions fortes ? Alors que le 45ème président américain contraint les Européens à s’interroger sur l’essence même de leur projet, ces derniers vont-ils, une bonne fois pour toutes, s’interroger sur l’avenir de la relation transatlantique ainsi que, question connexe, sur l’avenir de la défense européenne ? Quelques mots s’imposent sur la farce de Washington.
L’avenir de la relation transatlantique. Une fois de plus, les Européens devraient accepter de débattre de questions qui les embarrassent, et cela, le plus rapidement possible pour éviter de se trouver, un jour prochain, devant la politique du fait accompli, grand classique de Washington à l’égard de ses alliés, de ses vassaux. Dans quels buts, l’OTAN créée pour faire face à la menace des États communistes, URSS en tête, n’a pas été dissoute à la disparition de leur pacte de Varsovie ? Quels sont les intérêts de toutes natures qui poussent les États-Unis à remettre sur la table la question du partage de la charge financière de l’Alliance ? Rappelons que dans le cadre de la présentation du rapport annuel sur les dépenses de Défense des membres de l’Alliance, « l’Allemagne a été appelée par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg à respecter son engagement d’augmenter ses dépenses de Défense », rapporte l’AFP. Alors que ces dépenses à 1,23 % du PIB sont « demeurées inchangées en 2018 », certains qualifient Berlin de « mauvais élève de l’OTAN ». Jens Stoltenberg affirme que « les risques que fait courir Huawei à la sécurité des futurs réseaux de communications mobiles de cinquième génération doivent être pris au sérieux ». En effet, « les Alliés, américains et européens s’inquiètent des négociations avec le groupe chinois pour le déploiement de la 5G, notamment en Allemagne ». On constate que, derrière des intérêts sécuritaires, se dissimulent souvent des intérêts encore plus importants, de nature commerciale, à savoir la compétition entre Pékin et Washington. Pourquoi, les Européens sont-ils dans l’incapacité structurelle d’organiser leur défense de manière indépendante alors que « l’Alliance atlantique court aujourd’hui un risque mortel » ?33 Les Européens veulent-ils ou se poser les questions existentielles sur l’avenir de la relation transatlantique ?34 En dernière analyse, revient de manière récurrente une question lancinante : ce qui est bon pour l’OTAN est-il bon pour l’Europe ?35
L’avenir de la défense européenne36. Manifestement, les Européens restent encore, pour une durée indéterminée, sous tutelle de l’Oncle Sam et cela d’autant plus qu’ils sont divisés sur la meilleure façon de garantir la sécurité du continent. Les ministres de la Défense se réunissent régulièrement et collectivement à Evere pour pratiquer la liturgie otanienne et vont individuellement faire leurs dévotions au Pentagone (comme vient de le faire la ministre des Armées, Florence Parly). Cela ne changera pas encore de sitôt malgré les grandes annonces successives de l’Union européenne empêtrée dans les méandres d’un « Brexit » fluctuant37 : coopération structurée permanente (CSP), Fonds européen de défense, Initiative européenne d’intervention… Au mieux, le « soft », c’est pour l’Europe, le « hard », c’est pour les Américains. Car, au-delà de la conception théorique de la défense, un problème plus technique mais plus politique se pose à travers le concept d’interopérabilité. Pour être plus efficaces, parlons la même langue (l’anglais), achetons les mêmes matériels et les mêmes munitions (américaines), adoptons les mêmes manières de conduire la guerre (à l’américaine38) avec les succès que l’on sait… Le Pentagone n’a aucune raison de voir les choses évoluer dans le sens d’une plus grande intégration militaire européenne au risque de perdre tous ses avantages industriels et ils sont nombreux. La volonté européenne – si tant est qu’elle existe – se heurte à la réalité d’une Alliance dominatrice qui étend sa toile jusqu’aux confins russes. Au mieux, les États-Unis consentiraient à la mise en place d’une annexe européenne de l’OTAN (le fameux pilier européen qui n’a jamais existé) baptisée « défense européenne » pour tromper le gogo et augmenter la note payée par l’Union européenne (revendication chère à Donald Trump)39. On comprend mieux pourquoi l’idée d’une « armée européenne » chère à Emmanuel Macron relève à ce stade de la chimère ou de l’utopie pure. L’idéal serait de dissoudre l’OTAN pour sauver l’Europe40. Et surtout de savoir ce que nous attendons véritablement d’une Europe de la défense41.
La farce de Washington. Le sommet de l’OTAN de Washington au niveau des ministres des Affaires étrangères (3-4 avril 2019) est un pur exercice de diplomatie déclaratoire sans lendemain. Le discours du secrétaire général de l’Alliance atlantique, le norvégien Jens Stoltenberg devant le Congrès frise le ridicule. Il met en garde contre la menace que fait peser sur l’Alliance une « Russie plus affirmée » sur la scène internationale ». Toujours la même rhétorique consistant à désigner un ennemi pour resserrer les rangs de la mauvaise troupe. Et d’ajouter : « L’OTAN n’a aucune intention de déployer des missiles nucléaires terrestres en Europe. Mais elle prendra toujours les mesures nécessaires pour fournir une dissuasion crédible et efficace ». Un exercice d’autosatisfaction ne peut pas faire de mal. Et notre servile courtisan de se présenter l’OTAN comme « l’alliance la plus efficace de l’Histoire ». Rien de moins… « L’OTAN a été bénéfique pour l’Europe, mais aussi pour les Etats-Unis », a-t-il insisté. Le dirigeant norvégien s’était entretenu le 2 avril 2019 avec le président américain, qui lui a dit que ses coups de pression sur les Alliés, à commencer par l’Allemagne, les avaient conduits à augmenter leur contribution financière. « Depuis mon arrivée à la présidence, cela a décollé en flèche », lui a-t-il notamment déclaré. « Nous avons récupéré 140 milliards de dollars en investissement supplémentaire, et il semble que nous aurons au moins 100 milliards de dollars de dépenses en plus par les pays (…) d’ici 2020 ». Réclamé de longue date par Washington, ce rééquilibrage de l’effort de défense entre alliés de l’OTAN a pris une nouvelle dimension depuis son arrivée à la Maison blanche. Pour sa part, Mike Pence, le vice-président américain, a une nouvelle fois ciblé l’Allemagne, critiquant la décision de Berlin de soutenir la construction du gazoduc Nord Stream 2. « Nous ne pouvons garantir la défense de l’Ouest si nos alliés se rendent dépendants de la Russie », a-t-il déclaré42. Russie accusée de s’ingérer dans les processus électoraux en Occident43. C’est pourquoi l’OTAN est contrainte, à son corps défendant, de durcir sa posture vis-à-vis de la Russie44. La Russie, toujours l’ennemi russe. Encore, une carabistouille atlantiste. Quant au secrétaire d’État, Mike Pompeo, il appelle ses alliés de l’OTAN à s’adapter aux nouvelles formes de menaces à travers le monde, pour faire face notamment aux ambitions de la Russie, à la concurrence stratégique de la Chine, à la menace iranienne et aux migrations incontrôlées. Certains en appellent l’Allemagne à plus contribuer au budget de l’Alliance et à trop faire preuve d’attentisme sur les sujets stratégiques45. D’autres stigmatisent l’attitude de la Turquie qui s’apprête à acquérir des missiles de fabrication russe46. En un mot, tout va très bien madame la marquise du côté d’Evere « for ever ».
Même si ce n’est pas la fin du monde, nous approchons de la fin d’un monde. À l’instar d’autres institutions internationales qu’elles soient universelles ou régionales, l’OTAN ou organisation sur l’insécurité et la coercition, sorte de nouveau gendarme du monde libre, commence à vaciller sur ses fondements sous les coups de boutoir répétés du 45ème président des États-Unis. On s’y querelle sur des chiffres en lieu et place de s’interroger sur sa pertinence réelle en ce début de XXIe siècle. La machine otanienne tourne à vide. Plus elle s’élargit en nombre, plus elle se dégonfle en substance ! Mais, les atlantistes et autres néo-conservateurs continuent de la vénérer tel le Saint Chrême. Quoi de mieux que de la célébrer à échéances régulières pour faire oublier aux croyants dubitatifs la remise en cause des évangiles américaines repris par les idiots utiles européens ! L’absence de grand-messe au niveau des chefs d’État et de gouvernement pour les cérémonies du 70ème anniversaire de sa création (Washington, 3-4 avril 2019) traduit à l’évidence un malaise certain sur le devenir de cette organisation, héritage de la Guerre froide.
Manifestement, les Européens sont indécrottables lorsqu’il s’agit de l’OTAN47. Ils pratiquent à la perfection la politique de l’autruche. La perle revient à Florence Parly, précitée qui déclare, sans trembler et avec la plus grande piété, lors de son dernier voyage de dévotion à Washington : « Une Europe forte n’est pas synonyme d’un lien transatlantique distendu ». Bravo, Miss OTAN ! Toute brillante énarque que vous êtes, vous n’avez toujours pas compris la différence entre être allié et être aligné. Vous seriez bien inspirée de relire quelques excellents discours du général de Gaulle et l’éternel Discours de la servitude volontaire d’Etienne de La Boétie en lieu et place des notes que vous préparent vos brillants conseillers néo-cons. Quant à notre stratège de « Breton madré » du Quai des Brumes présent à cette grand-messe atlantiste, on peine à comprendre sa pensée tant elle brille par le flou, par le brouillard marin. (Guillaume Berlat)