mardi 28 février 2012

Dexia: vente à la découpe

Le piège se referme , sur le premier financier mondial des collectivités locales et des services publics

_Une bombe dans la zône euro, une alliance contre nature entre politiques et aventures financières
______Un scandale plus grave que le Crédit lyonnais
"...18 milliards d’euros perdus dans le silence. A titre de comparaison, les pertes anticipées du régime de retraite à l’horizon de 2020 étaient de l’ordre de 20 milliards d’euros. Et le gouvernement jugea qu’il n’y avait pas une minute à perdre : il fallait dans l’urgence mener une réforme bâclée et injuste. Mais manifestement, les milliards des systèmes sociaux ne pèsent pas le même poids que les milliards du monde financier.
Cette facture ne reflète que les premiers comptes de son démantèlement en cours, devenu inévitable depuis octobre (
voir Dexia se meurt, Dexia est morte). La séparation de sa banque commerciale belge, reprise en urgence par l’Etat belge, lui coûte 4 milliards d’euros ; la cession d’autres activités, 500 millions de pertes ; les pertes sur la dette grecque, qu’elle avait conservée à la différence de tant d’autres banques et qu’elle a dû déprécier à hauteur de 75 %, 2,3 milliards ; les produits de couverture qui y étaient liés, plus d’1 milliard ; la liquidation d’une partie de son portefeuille obligataire et de ses produits toxiques, près de 2 milliards, etc. L’addition ne peut que s’alourdir dans le temps. Le bilan de Dexia s’élève encore à plus de 500 milliards d’euros. Il reste plus de 100 milliards dans le portefeuille obligataire de la banque franco-belge. L’ensemble a été logé dans une structure de défaisance (une bad bank), qui bénéficie d’une garantie de 90 milliards d’euros de la part des Etats belge, français et luxembourgeois.
Pour assurer ses financements au jour le jour, la banque ne survit plus que sous la respiration artificielle de la Banque centrale européenne. Celle-ci lui assure au moins 35 milliards d’euros de financement à court terme et lui a prêté 20 milliards d’euros supplémentaires dans le cadre du grand emprunt (LTRO) lanc L’Etat français, de son côté, a volé à son secours en reprenant la filiale française spécialisée dans le financement des crédits aux collectivités locales, Dexia Municipal Agency (ex-Crédit local de France) avec la Caisse des dépôts et la banque postale. Ce sont 15 milliards d’euros, au bas mot, qui vont être mobilisés dans cette opération.
On jongle avec les milliards, sans qu’il soit possible, à ce stade, de prédire le coût final de cette faillite. L’évolution de la crise de la dette, de la zone euro, des marchés financiers, comme l’exécution de l’extinction du groupe bancaire sont autant de facteurs qui peuvent modifier de façon spectaculaire l’équation. Mais quelles que soient les circonstances, le prix s’annonce déjà énorme pour les finances publiques. Car une fois de plus, ce sont les Etats qui sont appelés à la rescousse d’une finance privée défaillante..
." (Martine Orange)
_____________________________Avec la bénédiction de l'Etat, une aventure bancaire invraisemblable, insensée, une frénésie conquérante, un club d'aigrefins (C.Bartolone)
____________8 à 12 milliards d'euros: C'est le montant estimé du manque de crédits auquel vont être confrontés les acteurs du secteur local en 2012. En cause : la disparition de Dexia, ainsi que l'entrée en vigueur de nouvelles règles comptables qui rendent le métier plus coûteux en capital et donc moins attractif pour les banques. Parmi les collectivités à la recherche d'argent frais figurent de nombreux centres hospitaliers comme ceux de Gap ou de Briançon, mais aussi des communautés d'agglomérations et des communes à la trésorerie fragile telle qu'Argenteuil.____Pierre Richard PDG de Dexia entre 2000 et 2006: Le rêve de cet ingénieur était de faire de l'ex-Crédit local de France une grande banque. Sous sa houlette, Dexia s'implante dans 37 pays. Une boulimie qui lui aura été fatale. Rémunération : 1,7 million d'euros en 2004 et 2005. Il perçoit aujourd'hui une retraite chapeau de 600 000 euros annuels.
___________La faute à pas de chance?
"...Ce qu’il vaudrait la peine de faire – et je suggère qu’on s’en occupe toutes affaires cessantes – c’est de réunir tout ce beau monde pour leur faire dire devant un micro et une caméra – comme M. Greenspan dans ses petits souliers devant une commission du Congrès américain en octobre 2008 : « Je croyais ceci et cela et je me suis complètement planté : ce n’est pas du tout comme cela apparemment que ça marche », on apprendrait au moins quelque chose et – on peut toujours rêver – on pourrait peut-être tirer des leçons de toute cette ignorance, de toutes ces certitudes sans fondement, de toute cette arrogance d’apprenti-sorciers, la prochaine fois..."

lundi 27 février 2012

Ici et là

1)_Ce que les mots veulent dire:
___ "Charges sociales" ou "cotisations sociales"?


2)_ Grèce: remède d'une rare violence
_ ________Appel de MIKIS THEODORAKIS
_Le retour des erreurs des années 1930


3)_Dette publique, la conjuration des bonnes idées

4)_ Le diagnostic de Marius Schattner semble se vérifier
___Guerre culturelle en Israël?


5)_En finir avec la guerre aux pauvres
______"...Contraindre les chômeurs à accepter l'offre d'emploi qu'on leur proposera après une (hypothétique) formation. Et faire adopter cette mesure par référendum. C'est la nouvelle proposition du bientôt candidat Nicolas Sarkozy, dans un entretien au Figaro Magazine paru samedi. Dans le contexte électoral, la proposition est conçue pour faire parler, voire pour choquer. Partis de gauche, syndicats, François Bayrou comme le pourtant très droitier Alain Madelin ont d'ailleurs dénoncé la mesure jugée tour à tour «simpliste», «humiliante» ou destinée à «livrer en pâture les chômeur

6)_Culture générale: simple vernis?
___Une matière hors-concours?

7) « L’oligarchie des incapables »
_____Oligarchie et capitalisme de connivence

8)_USA: "Ceux qui possèdent le pays doivent aussi le gouverner"

vendredi 24 février 2012

De Sarko à Sarkozy

In verbo veritas?

"J'ai changé".
Il suffit de le proclamer.
On efface tout et on recommence, comme une ardoise magique.
Le changement, il suffirait donc de le décrèter.
La grâce a touché notre lider maximo sur son chemin de Damas.
La naïveté du nouveau converti a quelque chose de touchant.
Et pourtant en politique, les miracles n'existent guère. Les vieilles ficelles ont fait leur temps.
Surtout quand on a eu cinq longues années pour faire ses preuves.
Mais il le déclare: le Fouquet's, péché originel, c'était une erreur. Il ne recommencera plus...
Le voilà prêt à virer de bord. Il pense maintenant à ceux qui souffrent, il visite les usines, bénit les foules ouvrières, maudit les puissants...
__On retrouve les accents de Toulon et ses condamnations des dérives financières et des méchantes banques...
A cette époque, il fallait chasser les marchands du temple. Rien ne serait plus comme avant.
Il réitère à Toulon II .
__A mi-parcours cependant, on pouvait déjà s'interroger...
Le clan du Président n'a pas de souci à se faire. Si restrictions il doit y avoir, elles seront mineures.
Mais le storytelling , fait d'éléments contradictoires, est devenu inopérant.
La fabrique du consentement a montré ses failles.

____Depuis Giscard surtout, le changement est devenu un mot à la mode.
Mot magique, qui accompagne l'hyperlibéralisme aux fonts baptismaux.
Un thème idéologique qui produit ses effets: il s'agit, par un rideau de fumée, de modifier en profondeur les institutions républicaines et les acquis sociaux, selon les règles de la révolution libérale, qui produit sa novlangue.
Dans le discours politique et économique dominant, le changement n'est pas une notion neutre, même s'il se présente sous les apparences de la nécessité, le mouvement même de la vie...
Déjà Chaban Delmas évoquait le mirage de la nouvelle société.
Les thèmes inlassablement répétés en politique, surtout en campagne électorale, sont rarement innocents.
Alors que la situation d'une majorité de Français continue à se dégrader, le changement est devenu une incantation , comme la modernisation, un alibi.
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Merci à na!

jeudi 23 février 2012

Vers une biométrisation généralisée?

Fichier des "gens honnêtes":
_____De retour au Sénat

Une petit carton bleu plastifié.
Cela ne paraît rien.
Et pourtant il y a des questions à se poser à son sujet. Officiellement fait pour notre bien: faciliter l'identification et éviter les fraudes.
A l'heure biométrique, au temps de l'évolution fulgurante de la collecte possible des multiples données personnelles, on peut s'interroger...
___Censée protéger de l'usurpation d'identité (dont le nombre est discuté, sans doute un peu supérieur à 10000) , elle pourrait bien devenir une source de fichage généralisée, de traque et de contrôle , si elle débouche, comme c'est presque inévitable, sur un fichier général centralisé. On peut au moins le redouter, combinée comme elle peut l'être de plus en plus facilement avec d'autres données privées de moins ne moins dispersées...De plus, son contenu sera évolutif.
Ce risque n'est pas théorique comme le signalait à maintes reprises Alex Türk, poussé vers la sortie de la CNIL:
"L'informatisation apporte autant de risques nouveaux que de possibilités nouvelles : comme tout outil l'informatique peut indifféremment servir la barbarie ou la civilisation, le meurtre ou le bien-être.
Or la technique évolue plus vite que ne peuvent le faire nos savoir-faire, notre savoir-vivre, le droit, la compétence de l'appareil judiciaire, et ses effets peuvent être irréversibles.

Nous risquons d'aller vers une société du traçage généralisé, utilisant conjointement des techniques dont les applications se développent rapidement : « les caméras nous filment, les lecteurs biométriques nous identifient et nous reconnaissent, les dispositifs de géolocalisation nous repèrent et nous suivent, les applications Internet nous profilent, analysent nos goûts et enregistrent nos habitudes, les micros nous écoutent, l'arsenal des fichiers nationaux, européens et internationaux se déploie, le nuage numérique enveloppe la planète, l'informatique contextuelle comblera peu à peu les espaces disponibles entre nos pensées respectives, les nanotechnologies rendront les systèmes invisibles et donc innombrables et irréversibles »

__Il est maintenant très facile et très rapide de constituer des fichiers centralisés et riches de données, au prétexte que les gens honnêtes n'ont rien à craindre.
S'il n'y avait pas de possibilité d'usages dévoyés, pourquoi deux pays sont-ils en train d'abandonner la biométrie, en raison des risques pour les libertés publiques et du manque de fiabilité?
Déjà, les fichiers de police sont incontrôlables par leur masse et leur manque de cohérence.
Pourquoi tant de questions se demanderont certains, jugeant cette carte sécurisante?
«L’histoire montre de nombreux détournements» "La proposition de loi envisage la constitution d’une base centralisée dans laquelle seront conservées les données biométriques de chaque titulaire de la carte. Si la création de ce fichier centralisé ne semble plus faire débat, c’est l’usage dont il pourra faire l’objet qui est au cœur de toutes les polémiques. Servira-t-il uniquement à authentifier le demandeur d’une carte… Ou bien à des fins généralistes d’identification policière ?"
_Et puis,
ne serait-ce pas aussi un probleme de gros sous?...
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-Les failles du futur «fichier des honnêtes gens»

mercredi 22 février 2012

Mourir pour le Yuan?

La Chine avance ses pions

____Après une analyse du libre-échangisme à tout va et du court-termisme désastreux de l'économie mondialisée, J.M.Quatrepoint, toujours stimulant, propose une nouvelle approche, où l'histoire, la géopolitique et les stratégies politiques s'articulent de manière vivante et éclairante.
Un tour d'horizon très intéressant, pour mieux comprendre les enjeux de notre temps, où il est aussi beaucoup question d'Europe, constituant une excellente base de discussion, même si le titre, accrocheur, semble inutilement provocateur. Quoique...

_D'aucuns ont défini la Chine comme pratiquant la stratégie de l'araignée. L'idéal chinois: s'implanter en Europe...
C'est ce que montre aussi l'auteur avec talent, même si des points demanderaient à être nuancés et/ou contestés.

_Une très bonne lecture pour le futur président de la République, juge JP Chevénement
H. Védrine souligne de son côté l'intérêt de l'ouvrage
A_Montebourg en montre aussi toute la valeur.
Les Echos évoque son actualité brûlante
Des blogueurs en parlent aussi à leur manières, comme ici

mardi 21 février 2012

Retour sur Monsanto

Paul fait de la résistance

__Contre la pieuvre Monsanto, prétendant améliorer la qualité de vie des agricultures et préserver les ressources naturelles (sic!).
David a gagné un point contre Goliath.
Pour lui-même et pour ceux qui, atteints du même mal, sont sans voix ou n'osent pas, il tient tête à Monsanto et fait plier la firme," gazé (en 2004) par le monochlorobenzène. Une molécule qui entre dans la composition du désherbant qu'il utilise pour traiter ses champs, le Lasso". Un produit interdit au Canada, au Royaume-Uni, en Belgique, retiré officiellement du marché français en 2007.
Monsanto est condamné, pour la première fois en France.
"La reconnaissance de la responsabilité de Monsanto dans cette affaire est essentielle : les firmes phytosanitaires savent dorénavant qu'elles ne pourront plus se défausser de leurs responsabilités sur les pouvoirs publics ou l'utilisateur et que des comptes leur sont demandés", a déclaré François Veillerette, porte-parole Générations futures, une ONG qui se bat contre l'utilisation massive de pesticides dans l'agriculture.
__On dira que François a cherché les ennuis, l'intoxication (grave) par manque de précaution, mais "A l'audience, le 12 décembre 2011, devant la 4è chambre civile du TGI de Lyon, son avocat, Me François Lafforgue a reproché à Monsanto d'avoir «tout fait pour laisser le Lasso sur le marché» alors que sa dangerosité avait été établie dès les années 1980, d'où son interdiction au Canada, en Angleterre et en Belgique. Ce n'est qu'en 2007 qu'il a été retiré du marché français. Selon Me Lafforgue, Monsanto aurait aussi manqué à son «obligation d'information» en ne détaillant pas la composition du produit sur l'étiquette, et en n'avertissant pas des risques liés à l'inhalation, ni de l'obligation de porter un masque"
___Monique Robin avait attiré courageusement l'attention sur le pouvoir de nuisance de la multinationale américaine, à travers un ouvrage très informé sur les pratiques et les méthodes de la firme de Indianapolis, qui cherche à se rendre indispensable au niveau mondial: Le monde selon Monsanto.
Il y a tellement à savoir sur Monsanto...
De l'agent orange au brevetage du vivant, les méthodes du géant sont bien connues.
Malgré une communication tous azymuts, un lobbying constant, la firme a à son actif un demi siècle de scandales sanitaires
Les Procédures et les critiques contre Monsanto ne manquent pas.
Régulièrement, elle essaie de relancer ses projets, en faisant pression sur les gouvernements, notamment sur Bruxelles.
La société Monsanto est fière...

lundi 20 février 2012

Point d'histoire

Pourquoi?

D'une barbarie à l'autre, au coeur d'une guerre totale, d'un conflit lui-même barbare.
Dresde, Hiroshima: deux villes, deux théâtres d'opération, deux tragédies stratégiquement inutiles, en certains points comparables.

___A moins de trois mois de l'effondrement définitif d'un Reich moribond, la ville de Dresde subit pendant deux jours des bombardements alliés massifs terriblement destructeurs. La fin d'une longue série de villes anéanties: Hambourg, Cologne, Berlin...qui devait, pensait-on, outre ruiner l'appareil de guerre nazi, anéantir le moral de populations traumatisées et précipiter l'issue des combats. On reconnut que ce fut une erreur, que ces destructions urbaines engendrèrent le plus souvent l'effet inverse, la terreur et la propagande paralysant toutes réactions hostiles au régime.
Ce dernier bombardement massif, qui ne toucha que marginalement la zône industrielle d'importance mineure et le complexe ferroviaire visé officiellement, où l'on expérimente de nouveaux types de bombes incendiaires, a été (et reste encore parfois)une des opérations les plus controversées et instrumentalisées de la deuxième guerre mondiale.
__Sur la tragédie de Dresde, le point de vue de l'historien J.Pauwels, auteur de "Le mythe de la bonne guerre", vient apporter d'utiles précisions. Sans clore définitivement le débat, sans entrer dans une vaine bataille de chiffres, il apporte de nouveaux éclairages et correctifs.
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Hiroshima:
____________Le début d'une
nouvelle ère, par la nature de l'arme utilisée, dont la menace va planer sur la guerre froide, et continue de conditionner les rapports entre grandes puissances.
Pourquoi Hiroshima? La question s'est posée très tôt.
_Un drame évitable, décidée par Truman en dernière instance, malgré les craintes de Niels Bohr et de certains scientifiques du projet Manhattan, les réticences de certains conseillers et chefs militaires, faisant valoir des arguments contre cette première dans l'histoire humaine.
Par exemple, "le secrétaire d'Etat James Byrnes - qui, au Sénat, avait été le mentor de Truman avant que ce dernier n'accède à la présidence après la mort de Roosevelt le 12 avril 1945 - ne le cachait d'ailleurs pas. Leo Szilard, qui l'avait rencontré le 28 mai rapporte ainsi que "Byrnes ne prétendait pas qu'il était nécessaire d'utiliser la bombe contre les villes japonaises pour gagner la guerre. Son idée était que la possession et l'usage de la bombe rendraient la Russie plus contrôlable". Le mot-clé n'est ni "compromis" ni "négociation" mais "contrôlable". Ce que Truman confirma lui-même : "Byrnes m'avait déjà dit [en avril 1945] qu'à son avis la bombe nous permettrait de dicter nos conditions à la fin de la guerre."
La [destruction] d'Hiroshima et de Nagasaki servit donc de prélude et de prétexte à un déploiement mondial de la puissance économique et diplomatique américaine. Après
l'explosion, couronnée de succès, de la première bombe atomique, le 16 juillet 1945, dans les
sables du désert du Nouveau-Mexique, Truman avait décidé d'exclure l'URSS de tout rôle significatif dans l'occupation et le contrôle du Japon. Le même personnage, alors sénateur, répondant à Roosevelt qui plaidait pour un prêt-bail à une URSS en proie aux pires difficultés, s'était exclamé : "Si nous voyons que l'Allemagne est en train de gagner la guerre, il faudrait que nous aidions la Russie, et si la Russie est sur le point de l'emporter, il faudrait que nous aidions l'Allemagne, pour qu'ils s'entretuent le plus possible." L'arme [de destruction] massive ne fit pas l'unanimité au sein du petit noyau des décideurs..."
__Plus tard, en 1995, "dans ses mémoires, l'amiral Leahy, chef d'état-major particulier des présidents Roosevelt puis Truman, expliquait :
"Les Japonais étaient déjà vaincus et prêts à se rendre. (...) L'utilisation à Hiroshima et à Nagasaki de cette arme barbare ne nous a pas aidés à remporter la guerre. (...) En étant le premier pays à utiliser la bombe atomique, nous avons adopté (...) la règle éthique des barbares."
Quant au général
Eisenhower, qui dénonça plus tard les dangers du complexe militaro-industriel, il écrivait lui aussi dans ses Mémoires : "À ce moment précis [août 1945], le Japon cherchait le moyen de capituler en sauvant un peu la face. (...) Il n'était pas nécessaire de frapper avec cette chose horrible."
_
"C'est un jour noir pour l'humanité." (Léo Szilard, initiateur du projet)
_____
On dira: toutes les guerres se ressemblent et dès que les hostilités sont déclenchées, le pire peut arriver, car la raison n'a plus sa place dans l'enchaînement des événements (Dresde répondait aussi à Coventry et Londres)...Les bombardements sur le Vietnam, aussi cruels qu'inutiles, furent là pour nous le rappeler.
Sortir de la logique de l'affrontement est toujours au programme de l'histoire de l'humanité...
_________________________________

«Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes, que n'importe quelle ville d'importance moye
nne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à célébrer une découverte qui se met d'abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles»
. (Albert.Camus)

jeudi 16 février 2012

Sport: toujours plus

S'accomplir ou se dépasser? (Isabelle Queval)

Je ne vois point de créature

Se comporter modérément.

Aux petits comme aux grands. Il n’est âme vivante
Qui ne prêche en ceci. «Rien de trop» est un point
Dont on parle sans cesse, et qu’on n’observe point.

La Fontaine

_____________

Le dépassement de soi, dans tous les domaines, fait partie de notre nature. L'homme est d'abord par ce qu'il n'est pas, ou pas encore, ce qu'il aspire à être. Pas d'accomplissement de soi sans dépassement de nos limites initiales, des conditionnements de tous ordres qui sont notre lot. C'est un aspect de notre liberté.
Mais sommes-nous encore libres quand nous sommes au prise avec certaines valeurs sociales qui nous poussent à rechercher fébrilement, obsessionnellement, un corps parfait, une santé de fer, une forme toujours éclatante..
Un idéal qui habite les magazines, récent dans l'histoire de notre culture, qui conditionne peu ou prou notre rapport à nous-mêmes et nos aspirations, inaccessible par définition, donc source de frustrations et de culpabilisation.
___Le culte de la performance, qui fait tant de ravages dans un contexte ultra-concurrentiel et non coopératif, nous hante, tant dans le travail que dans les loisirs que dans l'activité sportive éventuelle.
Le sport (de haut niveau), historiquement datable, qui contamine les formes populaires et modérées de pratiques sportives, se trouve investi le plus souvent par ce culte, jusqu'à la déraison. Une'idéologie du sport contestable s'exprime jusque dans l'
idéal olympique. (1)
La course exacerbée vers une excellence problématique nous conditionne à notre insu, source de multiples excès et de dangers manifestes, individuels et collectifs, propice à la récupération marchande et l'instrumentalisation politique.

"...Dans cette course vers l'excellence, le corps devient pour la médecine, le sport, la publicité, le territoire d'un impératif culturel : l'amélioration de l'humain.
Dans le circuit vicieux de l'optimisation, la santé prend la coloration morale d'un
nouveau critère d'intégration sociale : « manger sain », « être bien », « être en forme ». L'optimisation de la diététique, préparant, comme le souligne l'auteure, le terrain de l'optimisation chimique et pharmacologique ; mais la mise en cause des adjuvants et des artifices est vaine.
Or ce que fragilise le sport de haut niveau, c'est le mythe culturellement ancré selon lequel « le sport, c'est la santé » car le vrai risque du sport de haut niveau, c'est le sport de haut niveau. Au-delà du dopage, qui s'est imposé comme un véritable fait de société, c'est le sport lui-même qui peut devenir une drogue, un comportement pathologique : addiction à l'effort, production d'endorphine engendrée par cet effort, sensation de plaisir et de douleur, habitudes al
imentaires, mécanismes ritualisés, conduites addictives ou toxicomaniaques (ainsi, parfois, l'héroïne viendrait se substituer à une première drogue dure qu'aurait été l'activité physique intensive). On est témoin d'un glissement de la pharmaco-assistance à la pharmacodépendance. Puisque le sport de haut niveau est médicalisé à l'excès, on ne sait plus parmi les sportifs qui se soigne qui se dope.
Le corps du sportif est devenu un o
bjet d'expérimentation (on va jusqu'à provoquer des microlésions qui, à terme, rendent les muscles plus gros et les fibres plus résistantes). On passe de la préparation à la performance. Il s'agit de produire un corps machine. Après l'artifice chimique, c'est la reconstruction organique qui est en ligne de mire, puis l'intervention sur la cellule, la programmation génétique. Ainsi le dopage, s'il n'est plus un obstacle à la santé, ne sera plus perçu comme un interdit mais comme un moyen supplémentaire de concourir à l'amélioration sans fin de l'humain. Se doper, se reconstruire, se modifier, se programmer. Il est aisé d'imaginer les futurs robocops du sport, à travers des poses de prothèses, la construction de tissus cartilagineux, l'implant de fibres musculaires, le recours au dopage génétique.."

_________ Le sport se démocratise, mais est-il pour autant un idéal démocratique ?
" Le sport de haut niveau s’est constitué à partir des années 1960-1970 une sphère propre, avec ses codes, son économie, ses modalités de reconnaissance et ses fameuses « dérives » – argent, dopage –, souvent vilipendées....
Le sport de haut niveau est par essence recherche du dépassement de soi, ce qui change la nature de l’activité. Tout est optimisé, – matériel, matériaux, science des entraînements et science médicale, diététique, psychologie et dopage – pour accroître sans limitation la performance.
Dans le même temps, la médiatisation du sport devenu sport-spectacle dans les années 1970, les flux financiers que cela a engendrés, les enjeux politiques qui se sont amplifiés, ont contribué à faire du sport de haut niveau un laboratoire expérimental à différents titres (médical, économique et social).
C’est là sans doute son intérêt premier : le sport nous parle de la société, de l’amélioration du corps humain, de la technicisation de l’homme, etc. Le sport en général, le football en particulier. Car un sport planétaire, un sport qui se pratique dans toutes les couches de population, sur les terrains, dans la rue, un sport dont les champions sont des stars surpayées érigées en icônes et qui suscite de tels processus d’identification de
la part du public ne peut être isolé de la société et de ses problèmes (la violence, le racisme, les contrecoups de la crise économique etc.). Par là s’effondre sans doute l’idée, plus exactement le mythe d’une contre-société vertueuse que le sport incarnerait, d’un idéal de la démocratie mis à mal par les excès du football et de ses coulisses. Dans le sport comme ailleurs dans la société – mais il faudrait pour les différencier analyser très spécifiquement le statut de la règle – existent la triche, la corruption, la violence, le dopage, etc.
Le sport...est instrumentalisé. Ce n’est pas nouveau : il l’est depuis ses origines pédagogiques en Angleterre. La liste est longue : Coubertin cherchant à redresser une « jeunesse veule et confinée », récupérations communistes, fascistes, capitalistes et autres. Ce qui tend à dire que le sport ne crée pas son sens politique. Il n’incarne pas un type de pensée ou de comportement politique en particulier. Il est une « machine à faire penser » dans laquelle s’engouffrent, grâce à sa grande plasticité les idéologies politiques. Le sens du sport est hors du sport..."

Quand vous me demandez si la Coupe du monde de football est « encore » du sport, vous supposez qu’on puisse distinguer entre un sport « en soi », une essence du sport, et les usages ou détournements sociopolitiques qui le/la dénatureraient. Je vous réponds : oui, la Coupe du monde de football est du sport, à la dimension contemporaine, économique et politique d’un sport universel et de haut niveau, et si l’on admet que le sport « neutre », « pur » ou « absolu » n’existe pas. Le sport est traversé par ses contextes qu’il illustre en retour de manière spectaculaire. Il est donc bien, en certaines occasions, un formidable «
opium du peuple »
.
____________
D'une manière plus large, le culte du corps, réaction trop humaine à notre finitude et à notre mortalité s'exprime à travers la nostalgie d'une santé parfaite et durable, capital(e),
et d'une possible intervention des techniques modernes pour le maîtriser et le réparer à souhait.

"L’ idéologie libérale... repose sur l’exaltation de la « liberté de choix ». Or, ce qui frappe, c’est l’impuissance que trahit le discours de ses enquêtés : « Qu’on le veuille ou non, seule l’apparence compte dans notre société » ; « Le fait est que le poste va toujours à celle ou à celui qui paraît le plus jeune », etc. Le lifting ou le Botox leur apparaît comme une fatalité, « au même titre que les impôts ou la mort », observe-t-elle. Ainsi, ils créent eux-mêmes la réalité qu’ils prétendent subir, comme si la portée collective de leurs actes, à force d’être niée, se retournait contre eux. Puisque chacun veut sortir du lot, on voit s’instaurer une surenchère absurde où les fronts doivent être toujours plus lisses, les traits toujours plus figés, les seins toujours plus gros. Le déferlement d’images de corps artificiels, lisses et brillants, ceux des mannequins et des célébrités, donne le la, alimentant l’anxiété, le mépris et la haine du corps réel...."
Les normes de la beauté, relatives et changeantes, finissent par imposer leur diktat.
Le conditionnement est d'autant plus puissant qu'il est ignoré.
Le fantasme de la posthumanité vient aujourd'hui se greffer sur cette quête de dépassement sans fin. Mais la surhumanité, produi
t d'un fantasme de maîtrise du corps, de la santé, de l'abolition du vieillissement et de la mort, constitue un mythe inquiétant, prenant à chaque époque des formes différentes.
____μηδὲν ἄγαν _rien de trop_ disait la sagesse des anciens...
____________Les hommes la plupart sont étrangement faits!
Dans la juste nature on ne les voit jamais;
La raison a pour eux des bornes trop petites;
En chaque caractère ils passent ses limites;
Et la plus noble chose, ils la gâtent souvent
Pour la vouloir outrer et pousser trop avant.
(Molière)

mercredi 15 février 2012

Grèce (sans fin...)

Et après?...

___"Le feuilleton n’est pas terminé. Un nouvel épisode du sauvetage de la Grèce à peine terminé – en attendant les suivants – le doute s’insinue déjà..."

______Même le monde financier ne croit pas à l'austerite européenne
" ...Dans un entretien au Welt am Sonntage, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schaüble, juge déjà que les engagements de la Grèce sont insuffisants, car « trop de promesses n’ont pas été tenues et la situation a depuis empiré » ... de nombreux analystes et investisseurs commencent à exprimer à nouveau de sérieux doutes sur la politique suivie par les gouvernements européens. Leurs analyses et leurs critiques rejoignent en de nombreux points ce que disent les Grecs.
« C’est une pause, un soulagement. Mais ce sera de courte durée. Chacun le sait. Nous nous achetons quelques mois de plus avant le prochain épisode de trouble », indique Milton Ezrati, chef économiste chez Lord Abbett & Company. « Une période de calme va s’installer. Après quelques mois, il deviendra évident que les coupes dans les salaires et les retraites grecques ont aggravé la dépression. Les dirigeants européens découvriront alors que dans un environnement si désolé, même un objectif réduit de privatisations est irréaliste. Le PIB de la Grèce a chuté de 6 % en 2011, il continuera à tomber au même rythme cette année. Et avant longtemps, un autre round de restructuration de la dette s’imposera », note de son côté l’éditorialiste Wolfgang Münchau, dans le Financial Times...
Les reproches se font de plus en plus sévères sur la politique suivie par l’Europe depuis le début de la crise de l’euro. Pas un économiste, pas un financier ne la défend. « Les politiciens grecs et les autres eurocrates ont pris une question de 250 milliards d’euros pour le transformer en un problème existentiel de 1.000 milliards. Pire, leur refus de travailler ensemble et leurs politiques erronées de “contraction fiscale” ont plongé la Grèce dans une dépression qui menace toutes les autres économies faibles. A ce stade, il n’y a aucune donnée suggérant que le pays, de quelque manière que ce soit, soit plus compétitif qu’il y a trois ans », note un économiste dans un blog financier, accusant l'Europe de tuer la Grèce.
« La raison pour laquelle la Grèce se trouve dans cet état tient à la stratégie imposée par la Troïka. Le FMI n’a jamais traité un pays de cette manière. Avec une telle austérité, il y a toujours eu une importante dévaluation aussi », note l’économiste Samuel Tilford, du centre de réforme européenne, cité par le New York Times. « On pousse la Grèce à faire des choses infaisables...
L’Europe, pour tous, a complètement fait fausse route et s’entête. « Tant de dégâts ont été faits que je me demande si le mariage peut être encore sauvé », écrit Erick Nielsen, chef économiste d’UniCredit, dans une note adressée à ses clients, ce lundi matin. A ce stade que faire ? La Grèce doit sortir de l’euro, préconise un blog de The Economist, rappelant le précédent de 1931, lorsque la Grande-Bretagne avait quitté l’étalon-or et ne s’en était pas trouvée plus mal. La tentation de pousser la Grèce à quitter la zone euro semble de plus en plus forte en Allemagne, aux Pays-Bas et en Finlande..
" (M.Orange)
_ Il s'agissait bien de sauver les banques, pas la Grèce!.. L'impasse est totale.

Et demain à qui le tour ?
"La Grèce a e servi de bouc émissaire pour cacher derrière elle un problème européen. Elle s'est vu imposer des plans de redressement budgétaire condamnés dès le départ parce que mal conçus, mal préparés et, bien sûr, mal exécutés.La Grèce doit faire des efforts. Soit ! Mais subir un électrochoc à la fois économique, social et politique, cela est injuste. On a imposé une contrainte de liquidité à l'économie grecque alors qu'à l'évidence il s'agissait d'un problème de solvabilité européenne. Faire de la Grèce un cas à part permettait à l'Europe de contenir le problème dans un périmètre limité et ainsi de gagner du temps, alors qu'elle était dépourvue des armes institutionnelles pour faire face à la crise...."
L'Italie?
L'UE a-t-elle des leçons à donner à la Grèce? On se le demande...
"Plutôt que de reconnaître l’erreur politique et économique de l’Europe depuis deux ans, et essayer de la corriger, même s'il est bien tard, Berlin préfère mettre tout sur le dos de la Grèce. L’incurie, la gabegie, la corruption, les mensonges de la classe politique grecque sont de merveilleux alibis. Cela permet d’éviter de poser les véritables questions sur les vices d’origine de la construction de la zone euro, où la réunion des pays avec des économies, des systèmes de production, des systèmes sociaux et fiscaux différents a conduit à des distorsions ingérables, car non compensées par des transferts, où la surévaluation de l’euro, aligné sur le deutsch mark, a laminé l’ensemble des activités de production de l’Europe du Sud. L’Allemagne en a profité (voir le petit graphique mettant en regard l’évolution de la dette grecque et des importations de voitures). Mais elle est un des seuls pays européens.Berlin, qui a accepté à contrecœur l’entrée de la Grèce dans la zone euro (voir l’article : pourquoi l’Allemagne a décidé de faire un exemple), voit aujourd’hui le moyen de remettre de l’ordre. Tout se met en place pour organiser le départ de la Grèce de la zone euro. Le scénario est à l'étude depuis le printemps dernier. Mais il est difficile de pousser un pays européen hors de la monnaie unique. D’autant que la France, soutenue par l’Italie, l’Espagne et d’autres, se refuse à cette sortie et une révision de la carte de la zone euro. « Toute sortie d’un pays serait fatale à la construction européenne. Elle ne pourrait conduire qu’à son écroulement », ont prévenu à plusieurs reprises des dirigeants européens, l’ancien président de la BCE, Jean-Claude Trichet, n’étant pas le dernier à adresser cette mise en garde..."(M.Orange)
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_____"Vouloir rassurer les marchés financiers, c’est la tâche de Sisyphe, on n’en aura jamais fini de rassurer les marchés financiers. C’est à mon avis sans contenu. Ce qu’il faut faire, c’est tout à fait autre chose, c’est réglementer les marché financiers pour les mettre au service de la société, et pas le contraire."
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Pendant ce temps, la misère gagne...

".
..les enfants font cours dans des écoles sans chauffage, on attend toujours les livres (mais ça ça paraît franchement anodin comparé à tout le reste), pour faire des examens à l'hôpital, il faut avancer les frais (et être remboursé à 70%, si la caisse de Sécu existe encore à la date du remboursement...)et comme on ne paie pas nos impôts divers (on est imposable à partir de 5.000 euros par an..., + impôt sur la propriété, et bon nombre de Grecs, pauvres par ailleurs, sont propriétaires, etc etc.),...on nous fait une ponction à la source sur nos salaires. Mon dernier salaire (janvier, sans la ponction automatique d'environ 30euros pour impôts, et avant les baisses annoncées aujourd'hui) était de 758 euros. Byzance, quoi.Mon loyer est de 320 euros, le fuel est à 1,06 euros le litre, l'essence à 1.69 (dans le meilleur des cas), le pain à 1.60 le kg, les patates à 0.8, le lait à 1.2 ... "
Des vies bouleversées_
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"Il aurait fallu que la Grèce sorte de l'euro !...on impose à la Grèce l'équivalent d'une dévaluation intérieure, tout en gardant une monnaie forte. C'est une équation insoluble"__Giscard
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___Amnésie