mardi 6 avril 2010

Finance prédatrice

Quand l'Etat fait mine de réguler

Entre la finance "folle" et les institutions, une porosité profonde.
_____-Pour le magistrat Jean de Maillard, la globalisation et l'effacement de l'Etat ont favorisé l'émergence d'un pillage sans précédent au cœur du système financier, organisé dans l'opacité et en toute impunité

-" Les Etats sont dépassés par leur puissance et par leur inventivité. Souvent, les acteurs de ces marchés n'ont même plus de comptes à rendre et peuvent faire ce qu'ils veulent allégrement, dans une opacité totale, y compris en violant les principes selon lesquels ils prétendent fonctionner..." (J de M.)

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"Le dogme de l'ultra-libéralisme auto-régulateur a depuis un bon quart de siècle convaincu tous les politiques de confier leurs affaires au marché. L'état s'est privé ainsi de toute capacité d'intervention. D'autant qu'aux dires de notre magistrat, il n'y a pas grand monde dans l'administration étatique qui comprenne quelque chose à ce qui se passe sur les marchés.
Un ministre canadien, à l'issue d'une réunion du G7 consacrée principalement au défaut de "crédibilité" des crédits consentis à certains états et de l'agitation spéculative qui à la fois en découle et la suscite, n'a pu qu'articuler cet aveu pitoyable : "Nous nous engageons à soutenir notre économie"
Dit comme ça, on peut constater que le politique a définitivement abdiqué toute prérogative dans la marche folle du capitalisme. "
(Gregbara)
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-La gouvernance par la délinquance :
"...Dérégulée, la finance crée son propre mode de régulation, la "gouvernance par la délinquance". Un nouvel espace de liberté dans lequel la soif du gain fait loi et les arnaqueurs et malfrats pullulent.
Scandale des Savings & Loans - ces caisses d'épargne qui ruinèrent nombre de petits épargnants américains dans les années 1970 en finançant des promoteurs aux plans douteux - blanchiment de l'argent des mafias, bulles spéculatives, licenciements boursiers, parachutes dorés...
Les exemples ne manquent pas, et Jean de Maillard prend un malin plaisir à décortiquer leurs pernicieux mécanismes.

Parmi eux, la "pyramide" Ponzi, qui inspira le financier américain Bernard Madoff. Son principe : une chaîne d'investisseurs, qui, par leurs contributions, rémunèrent les investisseurs précédents. Si la chaîne se brise, la pyramide s'effondre, laissant les derniers arrivés floués..."
______-Prédation comme mode d'existence_
________-William K. Black : les banquiers sont responsables d’une gigantesque fraude
____-Black : la meilleure façon de voler une banque est d'en posséder une

-Jean de Maillard: "La fraude est un rouage essentiel de l'économie":
"...La globalisation économique et financière a fait évoluer les frontières de la criminalité : à l'ancienne, de forte intensité et de haute fréquence, s'est superposée une fraude de plus faible intensité et de basse fréquence qui est facilement ignorée dans les analyses officielles. Les techniques frauduleuses sont devenues des variables d'ajustement de l'économie globalisée, et même des modes de gestion de celle-ci, et pas seulement des malversations marginales. Il ne s'agit pas du gangstérisme en col blanc des mafias ou des escrocs, mais d'un pillage de l'économie à travers le système financier. Cette prédation est, de la part des acteurs, un acte rationnel, même si elle aboutit à l'irrationalité quand le système s'effondre, comme dans la crise des subprimes.
Ces techniques sont donc frauduleuses sans être toujours délictueuses ?
___Oui, parce que les réglementations étatiques se sont restreintes au profit de l'autorégulation des marchés, censés faire leur propre loi. Les Etats ont accepté que cette dernière se substitue à la leur, et ils ont perdu le contrôle des régulations. Les acteurs de ces marchés peuvent violer - en général impunément - ce qu'il reste de lois étatiques quand elles les gênent. Les Etats sont dépassés par leur puissance et par leur inventivité. Souvent, les acteurs de ces marchés n'ont même plus de comptes à rendre et peuvent faire ce qu'ils veulent allégrement, dans une opacité totale, y compris en violant les principes selon lesquels ils prétendent fonctionner...

Loin d'être un scandale isolé, Enron est symptomatique des nouvelles pratiques, qu'illustreront encore les affaires WorldCom, Adelphia, Qwest ou Vivendi. Donner des informations erronées ou trompeuses sur la réalité de l'entreprise, avec la complicité des auditeurs, des comptables, des commissaires aux comptes, des agences de notation, grâce à la passivité des autorités de contrôle, est devenu pratique courante. Warren Buffett en viendra, dès 1998, à déplorer que "beaucoup de PDG considèrent ces manipulations non seulement comme convenables, mais comme un devoir". L'aspect structurel de la fraude lui ôte, aux yeux de ceux qui la pratiquent, toute connotation morale susceptible de les retenir peu ou prou.

En quoi ont-ils tous besoin de ces pratiques ?
___Ils n'ont pas forcément besoin de pratiques frauduleuses, mais au moins de ne plus avoir de limites. Mettre des limites fait partie des fonctions des Etats, qui, malgré leur affaiblissement, veulent sauver les apparences. On le voit avec le "cinéma" qui est fait autour des bonus des traders ou des paradis fiscaux. En réalité, la fiscalisation des bonus est facile à contourner, et la finance, contrairement aux fraudeurs fiscaux ou aux mafias, n'a pas besoin de paradis fiscaux ou judiciaires pour se dissimuler. Ce qui l'intéresse avant tout, c'est la protection réglementaire des places financières internationales où les régulations et les contrôles sont allégés, voire inexistants, sans qu'elle ait à se cacher...
Ces trois ressorts de la finance Ponzi sont de nouveau à l'oeuvre dans la pseudo-reprise actuelle. L'immobilier n'offre plus d'actifs valorisables par des bulles. La finance s'est donc tournée vers les marchés d'actions et leurs dérivés, les matières premières, l'or, la dette des Etats, etc. Comme la titrisation - cette invention géniale de la finance Ponzi - est en panne, ce sont les Etats qui alimentent directement à fonds perdus la nouvelle spéculation, de plus en plus opaque. Le secteur financier s'est concentré autour d'une poignée de mégabanques qui font la pluie et le beau temps face à des Etats démunis. Croyez-vous vraiment que les Bourses mondiales sont euphoriques parce que l'économie se redresse ? Cherchez plutôt du côté des dark pools et des crossing networks, des flash orders ou du trading haute fréquence, qui sont entre les mains d'un tout petit nombre d'opérateurs, et vous découvrirez pourquoi Martin Bouygues ne comprend plus rien au cours de ses actions. C'est qu'il n'y a rien à comprendre : les cours sont manipulés dans l'obscurité la plus complète..."

-Les prédateurs financiers et les Etats
-Le jour où la fraude a contrôlé l'économie
___L'Arnaque par Jean de Maillard
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- Métastases financières
___ -Finance: pompiers mafieux___-Dette publique: questions (2)___-Banques: bonne affaire
-Finances: effondrement ?___-
CRISE :perspectives pour demain
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Capitalisme toxique ___-G20: poudre aux yeux ?____- Libéralisme de courte vue...
--Madoff: grandeur et décadence...
- Aide aux banques: qui va payer ?
-Un banquier avoue
-Comment (peut-on) être banquier ?
-Redoutable pouvoir des banques
-Quand l'esprit vient aux banquiers...
- Crise: subie ou provoquée ?
- Faillite d'un modèle

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