lundi 30 mai 2011

Démondialiser: une alternative ?

__Un nouveau concept fait son entrée sur la scène des idées politiques:
Celui de démondialisation
:

Un concept flou mais à succès, polysémique et parfois polémique, qui vise à repenser les relations internationales en dehors du carcan d'une certaine mondialisation, dite autrefois"heureuse", qui a fait florès naguère, apparaissant comme synonyme de progrès incontesté, mais qui est devenu aujourd'hui, dans le cadre du "consensus de Washington" et de la politique de l'OMC, l'expression de la dérégulation généralisée des marchés, de la concurrence dite "libre et non faussée", de la conquête du monde par les multinationales et des désordres engendrées par la dictature d'une finance qui a engendré crises et faillites de certains Etats, objet de critiques multiples, car ayant un coût humain considérable.
Depuis les ouvertures coloniales de Christophe Colomb, la mondialisation change de sens sous le coup de la crise, révélatrice de ses limites et de ses effets pervers.
Un concept à relativiser selon certains critiques.
Une notion si équivoque qu'elle a pu être récupérée par Gordon Brown à Davos et une partie de la droite politique, donnant le change, craignant une menace pour l'intégration économique des grandes puissances.

_________"Pour Walden Bello, la démondialisation n’est pas un retrait de la communauté mondiale mais un modèle alternatif à celui de l’OMC, « Il s’agit de réorienter les économies, de la priorité à la production pour l’exportation, à celle pour la production destinée aux marchés locaux ». Mais, toujours selon l’auteur, la démondialisation serait également favorable aux pays du nord, en proie au Dumping social. La dérèglementation des échanges et de la finance conduisant à une mise en concurrence des salariés au niveau mondial, les pays industrialisés subiraient une pression à la baisse sur les salaires et un phénomène de délocalisation vers les pays émergents où la main d’œuvre est à bas coût._La démondialisation se construit donc sur une critique ferme du libre échange et de la dérèglementation financière, coupable selon ses détracteurs de porter atteinte aux droits sociaux et à l’environnement. Elle s’attache à dénoncer le mythe d’une mondialisation « heureuse », qui aurait permis le développement des pays du sud._La crise financière de 2008 a donné lieu à un fort regain de la remise en cause du capitalisme financier. Elle serait la preuve de l’échec de la mondialisation économique néolibérale. Dans ce contexte, le concept de démondialisation a pris de l’importance dans les pays du nord où de nombreux penseurs tentent d’imaginer un modèle alternatif..."(Wiki)
__Certains courants critiques antilibéraux, de fond ou de forme, se sont emparés de cette notion de démondialisation, mais de manière bien différente, parfois superficiellement, dans une rhétorique de lutte, parfois avec des arrière-pensées électoralistes.
__Chez certains économistes tentant d'explorer de nouvelles voies, comme Frédéric Lordon, évoquer cette idée, ce n'est pas revenir en arrière, détricoter ce qui a été construit jusqu'ici, se replier sur les positions d'antan ou instaurer un protectionnisme strict mais impraticable et dangereux (Qui a peur de la démondialisation?), c'est proposer une économie alternative, qui redéfinisse les rapports entre économie réelle et finance, aujourd'hui complètement pervertis, c'est redonner au politique, soumis aux diktats d'une bourse devenue folle, , une autonomie d'action, un certain volontarisme et dirigisme régulateurs et aux citoyens de nouvelles capacités d'agir, pour sortir du carcan de l'absence d'alternative imposée.
C'est aussi un penser un arrêt des délocalisations déstructurantes (voir ici)
Jacques Sapir, dénonçant les "ravages de la mondialisation financière"approfondit cette notion, en prônant l'idée d'un certain protectionnisme limité et sélectif. Démarche que saluent certains gaullistes sociaux___Une certaine gauche reprend ce thème porteur, dans la perspective d'élections futures, en réaction à un certain socialisme mou et trop conciliant._ La notion de démondialisation, trop souvent banalisée et réifiée, est comme le symptôme d'un profond malaise au coeur d'une crise qui dure, d'une indignation qui s'exprime sourdement ou violemment. Comme l'altermondialisation naguère, elle tend à devenir une notion fétiche, cristallisant pour un temps tous les mécontentements, faisant office d'étendard fédérateur. Mais elle a une valeur heuristique et prospective certaine, si elle est appuyée par des analyses rigoureuses._Mais au sein des économistes de sensibilité de gauche, un débat parfois vif est engagé:
"Jacques Sapir s'écharpe depuis quelques semaines avec l'économiste Jean-Marie Harribey, ancien co-président d'Attac-France, sur la question de l'euro. Leurs échanges, riches, sont à lire ici (pour Sapir) et (pour Harribey). Ce dernier assure en particulier que, même en dévaluant de 25% la monnaie nationale, et en instaurant des droits de douane compris entre 15 et 30%, comme le préconise Jacques Sapir, l'industrie chinoise resterait bien plus compétitive que l'industrie française, vu les écarts de coût de production..." (L.Lamant)
__Récupérée par la droite, cette notion est aussi instrumentalisée par l'extrême-droite. Le FN a fait une OPA sur la «démondialisation" pour des raisons évidemment électoralistes, en se réclamant souvent d'un Maurice Allais mal compris.
__"Qui parle? «Notre projet prévoit de nous réarmer face à la mondialisation, nous inspirant sur ce point des travaux de l'économiste Jacques Sapir sur la démondialisation et la sortie de l'euro.» Réponse: Marine Le Pen, lors d'une conférence de presse à Strasbourg consacrée au pouvoir d'achat, vendredi 13 mai. La présidente du Front national braconne ces jours-ci sur les terres de la «démondialisation», ce concept flou, d'abord développé par des économistes et penseurs ancrés à gauche, et qui connaît, en ces temps de crise, un succès fulgurant.

C'est l'une des premières fois où Marine Le Pen utilise ce mot. Dans son discours du 1er mai, à Paris, elle avait simplement fait l'apologie de «cette espérance nouvelle, celle qui tourne le dos à la mondialisation, qui vous protège contre elle», sans recourir précisément à ce terme peu connu du grand public..."

Contre l
'usage parfois abusif de cette notion superficielle et simpliste ,son flou artistique, son aspect souvent polémique, sa réification , il est urgent de revenir aux analyses concrètes et de lui donner un contenu précis.
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Vers une criminalisation de la démondialisation ?

samedi 28 mai 2011

Afghanistan: et maintenant ?

Afghanistan: AN 10

______2011: année charnière ?

_Ce doit être pour cet été.
Le rapatriement des troupes US devrait bientôt commencer, selon la Maison Blanche.
Ce serait l'année de la transition, selon l'ONU , où l'on verrait des "résultats visibles", selon la langue de bois dictée par Washington.
_Pourtant 2010 a été la pire année pour la coalition et les perspectives sont inquiétantes.
"Les déclarations nuancées des chefs d'États, de gouvernement, des ministres, des stratèges, des commentateurs occidentaux ne confirment qu'une seule chose : l'échec de la reconstruction et la progression territoriale des talibans. Chacun préconise d'ouvrir des négociations avec les talibans pour préparer le retrait des troupes occidentales et le transfert de la sécurité aux autorités afghanes.

Sur le plan de la politique intérieure, le Président Karzaï a été élu par défaut, son gouvernement est toujours incomplet et les résultats des élections législatives de 2010 sont toujours contestés. Le nouveau parlement n'a pas encore commencé son activité. L'ONU qui a reconnu les résultats de ces élections et la commission indépendante qui les ont organisées sont souvent accusées de partialité.

Depuis l'été, un conseil national pour la paix, la réconciliation et la réintégration des talibans a été mis en place à Kaboul. Le gouvernement et ce conseil font tout pour que les talibans acceptent de partager le pouvoir, mais les talibans refusent de discuter cette proposition tant que les armées étrangères n'ont pas quitté le pays.

Sur le plan économique, l'échec est encore plus grave. Une étude de l'AREU (Afghanistan Research and Evaluation Unit) publiée le 29 décembre dernier à Kaboul indique que 70% de la population afghane souffre d'insuffisance alimentaire. En conséquence, le PAM a lancé un appel à l'aide et demande 678 millions de dollars pour nourrir 8 millions d'Afghans, non seulement dans les périphéries urbaines mais également dans les campagnes.

En matière de sécurité, l'échec de la reconstruction est tel que ceux et celles qui ne bénéficient pas de la protection d'un chef de guerre ou de tribu ne peuvent pas sortir de chez eux sans risquer d'être enlevés, rançonnés, violés, tués.

Depuis 9 ans, tous les efforts entrepris par les militaires occidentaux dans les campagnes (Provincial Rehabilitation Team) n'ont abouti à rien. Au contraire, les quelques kilomètres de route ou de canaux construits, les quelques tonnes d'engrais ou de semences distribuées au nom du développement, les médicaments l'ont été ponctuellement, au coup par coup, sans vision globale ni politique définie. Seule a compté l'arrière-pensée de monnayer le corps et l'esprit des chefs de guerre ou de village pour les amener à déposer les armes. Tout ceci discrédite le pouvoir central et la gouvernance afghane. Pour les ruraux, les seuls acteurs sur le terrain sont les ONG et les militaires.

Coût du gaspillage (rien que pour les États-Unis) depuis 2002 : 55 milliards de dollars (d'après un rapport de l'inspecteur général américain pour la reconstruction afghane cité par RFI/Internet le 3.11.2010). Où est passé cet argent dépensé par 7 000 ONG privées présentes sur le terrain?.."
_Les transferts de sécurité devraient être faits.
On en est loin...
Mais il est recommandé de ne pas douter!
Cela ressemble fort à certains épisodes de la guerre du Vietnam, quand le général Westmoreland annonçait pour demain le retour au pays. Toujours pour demain...
Et pourtant, il faut savoir arrêter une guerre.
_L'Europe suit sans broncher. La politique canadienne ne varie pas. L'Angleterre envisage un retrait dès 2011.
_La France reste officiellement droite dans ses bottes. On oublie les morts. (1)

__________________Mais des galonnés, et non des moindres, font valoir leur liberté de parole:
le général Desportes pousse un coup de gueule:
"L’Europe mène sa guerre la plus longue « ever », elle le fait avec des effectifs extrêmement importants et elle n’existe pas. Cela donne une résonance nouvelle aux propos du Ministre de la Défense Hervé Morin, qui affirmait fin octobre dernier : « L’Europe est devenue un protectorat des Etats-Unis. » Il est temps que l’Europe se reprenne en main."
[__NB: la censure vient de faire son oeuvre, mais on peut encore retrouver les propos du général ICI. __Pour combien de temps?...]
_Il y aura «encore plus de violences en 2011», prédit le chef de l'armée américaine lui-même.
Les Talibans gardent leur "capacité de nuisance"
L'Afghanistan reste une pétaudière. Les objectifs obscurs demeurent. Les méthodes ne semblent pas avoir changé. Les finalités premières et lointaines restent présentes, mais rarement évoquées.
___«There is no military solution in Afghanistan, not even a military start to a solution. Can Brown not see this?" (Jenkins ,implorant le Premier ministre Brown d’ouvrir les yeux sur la situation en Afghanistan)
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52 afghans dont 32 civils sont morts sous les tirs de l’OTAN ces derniers jours
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L’IISS conteste les justifications de la guerre en Afghanistan
- « Il n’y a pas de solution militaire en Afghanistan »
_________Obama ne peut plus se payer l'Afghanistan
-Afghanistan : retrait militaire à haut risque pour Barack Obama
-Afghanistan : la débâcle américaine

vendredi 27 mai 2011

Euro: avec ou sans ?

Avis de tempête

Turbulences en cours...l'Euro(pe) va mal

"Il est de curieux moments, dans l’histoire des hommes, où il devient impossible de continuer sans de grands changements....lesquels sont perçus comme inacceptables. L’euro- système, devient contre toute attente, une fabuleuse machine régressive hors de contrôle....mais s’en séparer, peut nous diriger vers d’autres formes de régression que beaucoup redoutent. On ne peut plus faire avec l’euro, mais il est difficile de faire sans lui." (JCW)
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__A écouter les diverses voix, souvent modérées, qui s'expriment sur l'avenir de l'euro et de l'Europe, telle qu'elle fonctionne actuellement_une belle idée minée par une doctrine et des pratiques politiques de type néolibéral_ on est pris de tournis et on n'ose à peine croire que la situation ait pris un cours si grave.
__Certains économistes considèrent que
, tel un corset à taille unique, l'Euro est à l'agonie , qu'il y a lieu d'en sortir au plus vite, avant que le bateau ne sombre, emporté mécaniquement par sa propre logique de fonctionnement et son asservissement à la haute finance internationale, malgré les efforts désespérés mais tardifs de certains membres, comme l'Allemagne, ne voulant pas voir leurs banques mises en péril. Si elle a aidé la Grèce, c'est surtout par intérêt.
_"La crise aurait mis en évidence les aspects de construction artificielle (de l'Europe), qui aurait à peu près fonctionné pendant une période en masquant les inégalités de développement, mais qui se révèlerait aujourd'hui plutôt comme un carcan, au sein d'un union où règne aujourd'hui la cacophonie, l'absence d'un minimum de cohérence et de solidarité, d'intérêts convergents."
_Même Herman Van Rompuy , dans sa logique d'orthodoxie bruxelloise, pense que la zone euro joue sa "survie." Sonner le tocsin pour monter sur le pont? Pour quoi faire? détacher les canots de sauvetage ou réparer le mât et retrouver le cap? Le Titanic aurait pu ne pas couler...
Il apparaît que domine le règne du chacun pour soi, dans une Europe qui n'est plus guère qu'un espace de libre-échange, construit sur le modèle anglo-saxon depuis quelques décennies.
___Quitter l'euro paraît une solution tentante pour certains pays, mais à quel prix?
« En renonçant à l'euro, un Etat recouvrerait sa souveraineté monétaire et pourrait dévaluer sa monnaie pour regagner de la compétitivité », explique Clemente de Lucia, de BNP Paribas. Les gains risqueraient cependant d'être de courte durée au moment où la demande mondiale chute et où de nombreuses monnaies jouent déjà de leur faiblesse, à commencer par le dollar. Surtout, « sa monnaie serait immédiatement attaquée » et, en quelques jours, « le pays ferait défaut », aucun investisseur ne voulant plus se risquer à acheter sa dette, précise René Defossez, économiste chez Natixis.
C'est du moins ce que l'on pense du côté du monde de la finance.
_Alors, vraie ou fausse crise de la zone euro? L'économiste Fitoussi s'efforce de relativiser:"le fait que l'euro soit fort prouve qu'il est demandé par des marchés financiers qui parient sur la pérennité de la zone. Ces rumeurs sur l'éclatement participent d'une stratégie de peur pour contraindre les Etats à redoubler de rigueur budgétaire."
Stratégie de peur orchestrée peut-être par ceux à qui profite cette rigueur...

_En tout cas, il est urgent de prendre un autre chemin, car cette crise menace les Etats eux-mêmes.
Mais qui montrera le chemin, qui redressera la barre pour éviter l'iceberg ?
Jacques Sapir donne une boussole, qu'il faut sans doute régler.
Nous sommes à un carrefour et face à un dilemne: quitter l'euro, détricoter un système qui s'autodégrade sous la poussée des pressions financières et les diktats des agences de notation, ou seulement colmater les brèches en attendant leur élargissement?
Ne fait-on que repousser l'échéance, "acheter du temps" ?

__Par un avertissement aux liquidateurs de la zone euro, Jean Claude Werrebrouck fait l'état des lieux , dévoile les contradictions et indique les écueils...
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Sauver l'euro en le dévaluant?
-Huit propositions urgentes pour une autre Europe
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La gouvernance économique et le Pacte pour l'euro

mercredi 25 mai 2011

Piraterie toxique

Pourquoi se gêner?...

Il y a de la place ailleurs et c'est moins cher


"Au niveau mondial, on compte deux milliards de tonnes de déchets industriels, dont quatre cents millions de déchets dangereux. Dix pour cent du fret maritime seraient composés de déchets illégaux et dangereux. Le coût de revient d'une tonne de recyclage de déchets toxiques en Europe ou aux États-Unis est de 250 dollars... contre 2,50 en Afrique. Le calcul est vite fait et la manne financière considérable"

___Hier soir, Arte nous offrait un voyage édifiant en Somalie.
Un document intitulé «Toxic Somalia : l'autre piraterie», dans lequel
Paul Moreira déterre le scandale des déchets toxiques en Somalie et fait apparaître que l' Afrique est devenue la poubelle de l'Europe, et plus généralement de l’Occident.
IL n'y a pas que la Somalie qui est concernée. L'Ethiopie, la Côte d'Ivoire, comme le Nigéria et bien d'autres pays sont dans le même cas. Le désordre politique, la corruption, le poids de la dette sont autant de facteurs qui facilitent ce "commerce" inique.

"Au moment où les pays du Nord signent des conventions (Convention de Rotterdam qui régit le commerce des produits chimiques dangereux et des pesticides, Convention de Stockholm sur les polluants organiques en mai 2001), ils négocient avec les pays du Sud pour que ceux-ci enfouissent chez eux des produits dangereux. Ainsi 29 millions de tonnes étaient en négociation avec une dizaine de pays d'Afrique, moyennant une compensation financière. Jusqu'ici la mobilisation des populations concernées a empêché ces enfouissements, comme en Angola, au Bénin, au Congo. Mais les pressions financières sur ces pays surendettés continuent."
___L'affaire des déchets toxiques d'Abidjan est encore dans les mémoires, de même que celle du Probo Koala.
__"À l'origine de cet échange Nord-Sud d'un genre particulier, l'inextricable problème des rejets chimiques ou autres que les pays industrialisés produisent en quantité chaque année plus importante. Le corset des réglementations occidentales et internationales, la vigilance et les pressions des mouvements écologistes destinées à protéger l'environnement rendent très onéreuse - parfois insupportable - une élimination propre. Et suscitent des vocations de trafiquants. Pour soigner davantage leur marge de manœuvre financière, des grosses firmes industrielles ou chimiques n'hésitent pas à solliciter des filières d'exportation de moins en moins avouables.
Résultat: pour une société, un armateur, le raisonnement parfaitement amoral et simple est évident même quand le pays ciblé s'appelle la Côte d'Ivoire et qu'il se débat depuis quatre ans dans une crise politico-militair
re : pourquoi payer très cher pour se débarrasser de produits dangereux quand on peut les entreposer quelque part, dans un pays du Tiers Monde, pour trois fois rien, transport compris ? Mais pendant combien de temps encore des bateaux comme le Probo Koala pourront-ils continuer, avec la complicité de sociétés écrans et d'autorités locales vénales, à mettre le cap sur le continent au risque d'en faire une poubelle géante pour des pollueurs venus discrètement du Nord" ?
Le "droit à polluer" s'exerce encore sauvagement aux dépens de plus faibles, en leur transmettant un héritage toxique.
Certaines régions françaises sont aussi concernées par ce problème, quoique dans une moindre mesure. Beaucoup reste à faire...

mardi 24 mai 2011

Pauvres éxilés (fiscaux)!

Exilés fiscaux: mauvais patriotes?

"Tous ces grands dinosaures- vedettes de cinéma, du sport et du jeu, quelques princes dorés ou féodaux internationaux - qui défraient la chronique des magazines et de la T.V., c’est toujours leur vie par excès, et la virtualité de monstreuses dépenses qui est exaltée en eux. Leur qualité surhumaine, c’est leur parfum de potlatch. Ainsi remplissent-ils une fonction sociale bien précise : celle de la dépense somptuaire, inutile, démesurée. Ils remplissent cette fonction par procuration, pour tout le corps social, tels les rois, les héros, les prêtres ou les grands parvenus des époques antérieures. (...)." Jean Baudrillard

__Si la Suisse, notamment, est si attrayante pour certains Français, malgré le bouclier fiscal, ce n'est pas pour son chocolat, son air pur ou sa qualité de vie proverbiale.
C'est qu'elle a des coffres profonds, une vieille tradition de refuge bancaire et de recyclage des capitaux, une discrétion à toute épreuve, une législation très favorable à certains fortunes, des impôts négociés à la tête du client étranger (forfait fiscal)...et a l'avantage d'être frontalière.
Les agents bancaires et les avocats suisses savent se faire discrets et efficaces.
Mais il y a aussi la Belgique, le Luxembourg, Jersey et autres paradis fiscaux...
Echapper à l'impôt est si tentant et si facile.
__C'est entre 10 et 20 milliards qui ne s'investissent pas en France.

"L'exil fiscal endommage l'économie, notamment en raison de la perte de recettes fiscales. Comme l'a dit l'économiste Christian Saint-Etienne, les capitaux qui ont fui à cause de l'impôt auraient rapporté entre 6 et 8 milliards d'euros par an en TVA ou en impôts sur les sociétés s'ils avaient été investis en France. L'exil fiscal provoque aussi la raréfaction des investissements, la diminution de la qualité des prestations sociales ainsi que la réduction drastique des effectifs dans tous les secteurs." (La Tribune)
Le bouclier fiscal ne sert donc à rien, contrairement à la langue de bois officielle, malgré quelques modestes succès claironnés.
L'"exit tax" sera sans doute sans grand effet et
"ce dispositif vient d'être condamné par la Cour de justice des communautés européennes au motif qu'il constitue une entrave au principe de la liberté d'établissement prévu par l'article 43 du Traité européen. Pour la Cour, un Etat de la communauté européenne ne peut, par des mesures fiscales, empêcher l'un de ses ressortissants de s'installer dans un autre Etat membre."
De plus, "la Cour d’appel de Paris vient d’annuler les perquisitions du fisc chez un contribuable dont le nom figurait sur la fameuse liste des 3000 évadés fiscaux, étendard de la lutte d’Eric Woerth contre la fraude fiscale. D’après La Tribune, les juges ont estimé que cette perquisition reposait sur un fichier obtenu de façon illicite. De fait, Hervé Falciani, qui avait transmis cette liste au fisc français, avait dérobé le listing à la banque HSBC, dont il était employé."
__S'il y avait une harmonie fiscale entre les Etats européens, l'expatriation fiscale n'aurait pas lieu d'être.
Malheureusement, l'harmonie fiscale n'est pas pour demain...
Et pourtant, il y a urgence.

lundi 23 mai 2011

FMI: bilan mitigé


A quoi sert(encore)le FMI ?

Le FMI a mauvaise réputation
____________________Joseph Stiglitz, notamment, prix Nobel d'économie et vice-président de la Banque mondiale de 1997 à 2000, s'est attaqué au FMI dans son livre "La grande désillusion", devenu un best-seller mondial. Il l'accuse de privilégier les intérêts de son "principal actionnaire", les Etats-Unis, avant ceux des pays en difficulté. D'autre part, prenant pour exemples la crise asiatique et la transition russe, Stiglitz démontre que les politiques d'ajustement structurel préconisées par le FMI ont souvent aggravé les problèmes, entraînant des conséquences sociales dévastatrices et un accroissement de la pauvreté." (L'Internaute)
____Mais le FMI semblait vouloir esquisser un tournant, dans sa politique d'aide aux pays en difficulté et, en acceptant l'idée d'une certaine inflation, commençait à mettre en question les politiques de rigueur telles qu'elles sont pratiquées en Europe notamment. On dit même que DSK était prêt au remplacement du dollar comme monnaie de réserve internationale-(voir ici)
Est-ce pour cela que, quoi qu' on pense de l'homme, DSK apparaissait comme un gêneur pour le monde de la haute finance qui profite des fonds prêtés aux Etats pour renflouer leur dette, tout en les mettant dans des situations les rendant incapables de remboursement?
Hypothèse qui n'accrédite pas certaines théories du complot ayant provoqué sa chute, aussi brutale qu'inattendue
_________Comment expliquer autrement que
"l'inculpation de Dominique Strauss-Kahn a donné lieu, des deux côtés de l'Atlantique, à un concert de louanges pour évoquer le mandat raccourci du socialiste français à la tête du Fonds monétaire international (FMI). Vieille institution menacée d'effondrement en novembre 2007, au moment de l'entrée en fonction tonitruante de DSK comme managing director, le FMI serait désormais rajeuni, et doté d'une nouvelle légitimité. Autrefois bras armé de plans d'ajustement structurel injustes et inefficaces, il se serait converti aux vertus du keynésianisme au cours de l'année 2008. L'ex-ministre de Lionel Jospin resterait comme l'«architecte du renouveau du FMI», selon Les Echos. Le New York Times va jusqu'à vanter l'«audace» de l'ex-patron, tandis que Le Monde évoque le «grand gâchis» pour le FMI que représente à ses yeux la démission de DSK. Pour le ministre des finances brésilien, il fut tout simplement «l'un des meilleurs directeurs généraux qu'ait connu le FMI». Les commentateurs sont donc nombreux, en pleine crise de la zone euro, à regretter le départ forcé de celui que Joseph Stiglitz qualifiait de «leader sagace du FMI» dans une tribune publiée début mai – le compliment n'est pas mince, venant de la bouche d'un ex-chef économiste de la Banque mondiale, nobélisé en 2001, qui ne mâche d'habitude pas ses mots à l'encontre de l'élite économique mondiale."
Dans un rapport cinglant, publié en février 2011, le bureau indépendant d'évaluation du FMI dresse un tableau apocalyptique du Fonds d'avant DSK: non seulement le Fonds n'a rien vu venir de la crise en train de se former, mais pire encore, il a encouragé des pratiques, notamment en matière d'innovation financière, qui ont aggravé le marasme de 2008.." (L.Lamant)
__Dsk tentait de renouer avec un certain keynésianisme, en abandonnant, en paroles du moins, les vieilles lunes néo-libérales:
"Lors d'un discours à l'université George Washington, le 4 avril dernier, DSK a déclaré que «le consensus de Washington (relevait) désormais du passé». La question est centrale, pour tenter un bilan de l'action du mandat DSK – est-il parvenu, ou non, à se défaire du sinistre héritage du «consensus de Washington», cette panoplie de mesures ultralibérales destinées, dans les années 1990, aux pays trop endettés (libéralisation du commerce extérieur, privatisation d'actifs stratégiques, déréglementation, etc.)?
____Mais ces tentatives n'arrivèrent pas à se concrétiser vraiment, même si elles ont aidé à résoudre le moins mal possible le problème de la crise grecque, contre certains pays d'Europe ( ce qui est contesté par Harribey). Une petite équipe, même déterminée, ne peut pas grand chose contre cette énorme machine qu'est le FMI et les pouvoirs financiers qui en orientent la logique:
" Les fondamentaux du FMI sont donc restés les mêmes, à peu de choses près. L'ombre du consensus de Washington continue de menacer. Tout s'est en fait passé comme si le seul homme DSK, aussi motivé soit-il à faire bouger l'institution, n'a pas pu grand-chose face à la lourdeur de l'énorme machine et à ses bataillons de fonctionnaires, souvent en place depuis bien plus longtemps. On ne modifie pas en profondeur les manières de penser et de faire de milliers de salariés en quatre ans. D'autant que le FMI, en dernier recours, est soumis aux pressions de ses Etats membres, qui le financent.
Dans une tribune au Guardian, l'économiste Mark Weisbrot rappelle que les marges de manœuvre du managing director sont bien plus réduites qu'il n'y paraît, notamment face au Trésor américain: «Ni le directeur général, ni personne d'autre au FMI ne se trouve, en dernier ressort, en position de décider seul de la politique mise en place, surtout lorsqu'il s'agit de pays considérés comme importants (...) Le FMI est dirigé par des gouverneurs, et des directeurs adjoints, pour qui les autorités décisives, et de loin, sont le Trésor américain, qui comprend une forte représentation de gens de Goldman Sachs, et, dans un deuxième temps, les puissances européennes.» (L.Lamant)

__Un bilan mitigé donc, pointant le peu de pouvoir que peut avoir un homme dans un sytème si puissant et aux multiples ramifications.

Qui lui succédera?
Mme Lagarde? Ses bonnes relations avec le monde de la finance américaine prêchent en sa faveur, mais un certain rapport secret risque de compromettre son éventuelle candidature. Et pourtant, Martine la soutient!...
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FMI : une réforme urgente et à peine entamée

dimanche 22 mai 2011

Netanyahu: c'est non!

Obama et Netanyahu: glaciation ou épiphénomène?

Un processus chaotique: hier, deux pas en arrière, un pas en avant aujourd'hui...

__La Maison Blanche est seule capable de faire entendre raison aux gouvernants actuels israëliens, vus les moyens de pression dont elle dispose
Tantôt son locataire cède à l'AIPAC, tantôt il esquisse une ouverture _verbale_ vers une reconnaissance du problème palestinien.
L'effet indirect des "révolutions" arabes , le rapprochement récent entre Abbas et l'aile modérée du Hamas ouvrent de nouvelles perspectives dont il doit à l'évidence tenir compte, avant que la campagne électorale ne vienne mettre une sourdine a ses exigences, du fait de l'importance du vote juif aux USA.
Mais il ne va pas au bout de sa logique.
Barack Obama affronte la communauté juive
La rencontre avec le chef du gouvernement israëlien fut (officiellement) tendue. Obama pense pouvoir faire pression aujourd'hui sur son protégé
, en s'avançant beaucoup, du moins dans les bonnes intentions qui ne mangent pas de pain.
"«La communauté internationale est lassée d'un processus sans fin qui ne produit jamais de résultats», a déploré Barack Obama, pour qui le conflit israélo-palestinien a «empêché des partenariats qui auraient pu donner plus de prospérité, de sécurité et de pouvoir aux simples citoyens du Moyen-Orient». «Les attentes n'ont pas été atteintes. La colonisation israélienne a continué et les Palestiniens se sont retirés des négociations», a poursuivi le chef de la Maison-Blanche. «Les États-Unis croient que les négociations doivent aboutir à deux États dotés de frontières permanentes, a déclaré M. Obama. Nous croyons que les frontières d'Israël et de la Palestine doivent être basées sur les délimitations de 1967, moyennant des échanges de territoire mutuellement consentis afin que soient établies des frontières sûres pour les deux camps.» Le président américain a proposé que les questions les plus litigieuses — Jérusalem et le retour des réfugiés palestiniens — ne soient discutées qu'à une date ultérieure..."
Mais il a peu de chances d'être entendu, dans ce bras de fer à haut risque, étant donné que
"Netanyahu se maintient au pouvoir à la tête d'une fragile coalition appuyée sur plusieurs petits partis d'extrême droite . Il ne peut que répéter son refus d'un gel des constructions à Jérusalem-Est. Lors d'une visite à Washington en mars dernier, il a d'ailleurs redit dans ses grandes lignes le credo selon lequel « Jérusalem n'est pas une colonie de peuplement, mais la capitale d'Israël ». Et même si le ton est plus dur, il n'est pas éloigné, non plus, de la position sur ce point de la plupart de ses prédécesseurs depuis 1967, qu'ils soient travaillistes, du Likoud (droite) ou de Kadima (centre-droite)."
C'est un camouflet pour Obama , qui a entraîné la protestation des Palestiniens , et même de vives critiques en Israël : "la chef de l'opposition, Tzipi Livni, a accusé M. Netanyahu de faire « payer un prix trop élevé à l'État hébreu pour sauver sa coalition et assurer sa survie (politique) », en se mettant à dos le président américain. « Le Premier ministre a porté atteinte sans nécessité impérieuse aux relations entre Israël et les États-Unis. Il a ainsi mis en danger la sécurité d'Israël et son pouvoir de dissuasion », a déploré la dirigeante du parti Kadima."
On observe cependant sur le terrain un mouvement vers d'autres formes d'action, alors qu'en Israël une certaine régression est dénoncée et que des appels pressants se manifestent. Comment sortir de la quadrature du cercle?
__Et si on revenait aux accords de Genève?..
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-Israël/palestine
-Obama au pied du mur?
-Triste triomphe de Netanyahou au Congrès américain
-Benjamin Netanyahou devant le Congrès américain
-Proche-Orient : rendez-vous à la prochaine explosion de violence?
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Jésus est Juif en Amérique

vendredi 20 mai 2011

Adonde va Espana?

Drôle de printemps!

__On savait
l'Espagne en difficulté.
Les Châteaux en Espagne se sont effondrés
Le boulet immobilier et l'endettement, la dégradation du système bancaire aux créances parfois douteuses font plonger le pays dans une situation trés sérieuse.
Le marché du BTP et tous les services qui gravitent autour se sont
effondrés.
_Le chômage atteint des sommets: il oscille entre 20 à 15%, selon que l'on tient compte du travail au noir ou pas. Plus de 40 % pour les jeunes. Le plus élevé de l'OCDE. Les bureaux de l'emploi fleurissent partout.
Chômage et crédits immobiliers à taux variables rendent la situation de nombreuses familles
très critique.
Salaires et retraites sont touchés sévèrement depuis un an, sans qu'on discerne une amélioration économique.
La jeunesse bouge. La Puerta del Sol devient un symbole. Le mouvement du 15 Mai fait tache d'huile, internet aidant, mais sans grande perspective politique , en cette période électorale des plus classiques.
"La situation de l'Espagne, qui frôle la banqueroute, et les références de bon nombre d'«indignés», qui proposent de s'organiser en assemblées de citoyens, rappellent une autre expérience: celle de l'Argentine de décembre 2001, lorsque, dans la touffeur de l'été austral, des milliers de voisins, dans les quartiers de Buenos Aires et d'ailleurs, s'étaient réunis, spontanément, sur les places de leur quartier, en «assemblées populaires», pour construire une alternative à l'Etat péroniste, corrompu et en faillite..." (L.Lamant-Mediapart)
Le plus grave est que l'Espagne en crise se retourne contre ses immigrés.

___Comme en Grèce, la Chine, qui ne manque pas de fonds,
avance ses pions en Europe, par le biais des maillons les plus faibles: elle se déclare prête à aider l'Espagne.
__La "vertueuse" Angela ,faisant fi de la solidarité européenne, sort ses clichés sur les "pays du Club Med".
Mais les Allemands continueront à fréquenter les plages de la Costa del Sol, chez ces "
fainéants latins"...

jeudi 19 mai 2011

Leur justice et la nôtre

Une justice de cow-boys?

___________________Equal Justice under Law



__Quand nous, Français, voyons cette image, nous ne manquons pas d'être surpris, voire choqués, quelle que soit la personne ainsi exposée, VIP ou pas.
Cette scène nous apparaît comme une sorte
d'exhibition publique indécente, de lynchage moral, subi avant même que les faits soient établis, alors que l'enquête est supposée en cours, alors que le prévenu ne s'est pas encore exprimé_quelle que soit sa responsabilité_, que les avocats sont encore ignorants des faits reprochés.
Par cette mise en scène, digne d'un film hollywoodien, celui-ci apparaît déjà comme coupable, alors qu'il est en droit présumé innocent.

Justice de cow-boy, va-t-on dire.
Pas si simple...
Aucun système judiciaire n'est parfait. Chacun est le résultat d'une histoire, d'une culture, de mentalités particulière, de pratiques ayant évolué parallèlement.
__Le système anglo-saxon se veut pragmatique: il vise l'efficacité, la rapidité, le moindre coût, en évitant si possible les longs procès coûteux.
Le
plaider coupable permet les arrangements et les avocats, rémunérant les experts, ont une place prépondérante. L'accusé semble mieux défendu que chez nous. Mais mieux vaut choisir les meilleurs (a lot of money!) pour être défendu efficacement. Sans moyens financiers un prévenu part désavantagé.
"Chez nous, un juge d'instruction est chargé de travailler avec la police à charge et à décharge, c'est-à-dire qu’il doit trouver tous les indices de culpabilité et d'innocence. Aux Etats-Unis par contre, on est face à une procédure accusatoire où le juge ne tient qu'un rôle d'arbitrage entre deux équipes. D’un côté, l’équipe de l'accusation (procureur et policiers) cherche les indices de culpabilité, et de l’autre côté, la défense et des enquêteurs privés tachent de démonter le dossier du procureur. De cette manière aux Etats-Unis, 95% des dossiers n'arrivent jamais devant un tribunal car sur la base de ce qu'ils ont chacun dans leur dossier, accusation et défense finissent la plupart du temps par trouver un arrangement". (B.Adnet)

__La droite en France a voulu s'inspirer de ce modèle (pour des raisons d'économie surtout) " "Depuis 2002, la droite a essayé d’importer plusieurs aspects du système judiciaire américain. En 2004, la « comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité » a été créée, une procédure vaguement inspirée du « plaider coupable » américain. En 2009, Nicolas Sarkozy a tenté de supprimer le poste de juge d’instruction pour confier toutes les enquêtes aux procureurs, un projet avorté. Certains y ont vu une autre similitude avec le système américain. En septembre dernier, Brice Hortefeux avait proposé de « réfléchir à l'élection des juges de l'application des peines, voire à celle des présidents de tribunal correctionnel ». L'élection des juges, autre importations des Etats-Unis. D’une manière générale, chaque fois que l’on veut dénoncer l’aspect répressif d’une réforme de la justice, on dénonce à tort ou à raison une dérive « à l’américaine ».
Sauf que l’affaire du futur ex-patron du FMI montre que la justice américaine a au moins un aspect positif : l’égalité de traitement. Au PS, on s’est indigné du traitement de l’ex-ministre des Finances, filmé sortant menotté du commissariat. Elisabeth Guigou, ancienne ministre de la Justice, s’est dite « heureuse » de ne pas avoir le même système en France. Robert Badinter, autre ex-Garde des Sceaux, a lui dénoncé « l'exhibition, provoquée, organisée par la police américaine de Dominique Strauss-Kahn sortant de garde à vue ».
Certes, l’image d’un DSK menotté est peu respectueuse de sa personne. Mais, en garde à vue, au tribunal, il a finalement été traité comme n’importe quel accusé, malgré sa fonction. D’autres se sont indignés qu’il n’y ait pas de « Carré VIP » dans la prison de Rikers. Mais au nom de quoi, si ce n’est sa fonction, DSK aurait-il le droit à un traitement de faveur ? Soit le sort des prisonniers est indigne pour tous, soit pour personne mais il ne peut être indigne uniquement pour les puissants. Les mêmes critiques avaient été faites lors de l’affaire Polanski..."

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_Donnant théoriquement une meilleure défense à l'accusé que chez nous, le système américain a connu et connaît bien des dérives, notamment la judiciarisation excessive dans beaucoup de domaines: médecine, enseignement, etc..
"Tous les prétextes semblent bons, outre-Atlantique, pour intenter un procès contre un fabricant ou un médecin. Les procès remportés pour des raisons surprenantes à nos yeux et les dommages et intérêts faramineux obtenus par les plaignants font régulièrement la une des journaux. La voie judiciaire n'est pas qu'une pratique ancienne, c'est aussi pour le citoyen le moyen privilégié de revendiquer ses droits face aux entreprises dans une société où l'intervention directe de l'Etat est souvent plus limitée qu'en Europe. Si cet activisme encouragé par les avocats américains (ils prélèvent de 30 à 40% des sommes reçues par leurs clients, d'où leur intérêt à multiplier les plaintes) témoigne de la faiblesse de l'Etat providence, il n'est pas dénué d'effet pervers" (Vincent Bagard_ Alternatives économiques)
__Le fait que les juges soient élus ne leur donne pas de qualités particulières d'arbitrage objectif; on les voit parfois aller démagogiquement dans le sens de l'opinion, par souci de réélection.
Le jury populaire n'est pas encadré et peut être redoutable, dans son ignorance du droit (voir 12 hommes en colère)
On peut aussi s'interroger sur maintes
erreurs judiciaires anciennes ou récentes, sur la peine de mort encore en vigueur dans certains Etats, sur le nombre impressionnant de personnes emprisonnées ("
Plus de 7 Américains sur 1 000 sont en prison, contre moins d'un Français sur 1 000. Les disparités raciales restent prédominantes. 37 % des prisonniers aux Etats-Unis sont des hommes noirs, alors qu'ils ne représentent que 7 % de la population du pays.Ainsi, 4,8 % des hommes noirs vivant aux Etats-Unis sont en prison - 11 % pour les 25-34 ans. Au total, près de six prisonniers sur dix sont noirs ou hispaniques." -Le Monde-)

Dans la population carcérale, les noirs sont surreprésentés, le nombre accru des transferts de mineurs vers les cours criminelles et le système pénitentiaire pour adultes s'est accru, le puritanisme des moeurs (surtout depuis Reagan) fait des dégats et les affaires de moeurs finissent par masquer la grande délinquance financière [le sexe est une obsession américaine] , etc...

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Si la justice américaine nous apparaît comme violente, n'y a -t-il pas lieu de nous interroger sur le fonctionnement de la nôtre et sur les projets en cours?
Si la
fin du juge d'instruction ne semble plus au programme, la question des jurés populaires au tribunal correctionnel, mesure démagogique, est toujours d'actualité.
___"Selon ValéryTurcey, le système judiciaire français est en passe de devenir monstrueux : sous l’influence du modèle des lawyers américains, et de la culture judiciaire qu’ils tentent d’imposer, le droit et les pratiques judiciaires françaises s’américanisent. Cependant le système juridique français est déjà imparfait, sclérosé, et les excès du modèle américain, conjugués aux inconvénients du modèle français risquent d’accoucher d’une réelle horreur juridique, dont la manifestation principale sera l’inégalité des citoyens devant l’accès à la justice. "
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La justice française, the best of the world ?
Garde à vue à la française
Justice injustement traitée..
Nos prisons