lundi 28 novembre 2011

Temps des riches

Parce ce que je le vaux bien ?

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Entre le riche et le pauvre, entre le fort et les faibles, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit"
(Lacordaire)

"L'argent qu'on possède est l'instrument de la liberté; celui qu'on pourchasse est celui de la servitude." (Rousseau)

« Ma détermination à atteindre cet objectif est accrue quand je lis les rapports indiquant les profits colossaux et les bonus obscènes dans des firmes qui doivent leur survie même au peuple américain. » (Barack Obama. Discours sur l'etat de l'Union 14/1/2010)
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__Etre riche ?
Personne n'est parfait!...
Tous les (très) riches ne peuvent pas, comme W.Buffet, réclamer plus d'impôts, après moultes opératio
ns douteuses et spéculatives, à l'instar de G.Soros.
Pourquoi encore parler des riches?
Laisser les vivre, cela les regarde, dira-t-on...Et puis, cessez la jalousie, fondement de votre critique des riches (argument libéral classique). Ne faudrait-il pas plutôt les plaindre?...
La question morale, dans cette affaire, n'est pas à à sa place, même si l'indignation peut s'exprimer légitimement au vu de certains revenus stratosphériques, dont la grande masse des gens n'a même pas idée. Le problème est politique au sens large, concerne la société toute entière, pas seulement pour une question de solidarité. Il y va aujourd'hui de sa cohérence et de sa survie.

__Le temps des riches, des très riches, est arrivé.
Une richesse sans commune mesure avec les revenus du commun des mortels, même privilégié, que l'auteur compare à un processus de sécession d'une ploutocratie mettant à mal les valeurs de la République. Un monde à part. Une autre planète.
"
En une trentaine d'années s'est constitué en France et dans d'autres pays un club de gens ayant des ressources financières hors norme. Ils sont 0,01% qui sont à 82.000 euros de revenus mensuels imposables, soit pour la France à peu près 6000 personnes. Leurs rémunérations sont devenues vertigineuses et font de leur groupe un monde à part..."
Aux Etats-Unis, 1 % des ménages captent 23 % du revenu global et vivent "sur une autre galaxie".
Le retour des «années fric» a été spectaculaire en France, grâce à un Président compréhensif et à des impôts allégés. Alain Minc lui-même, qui fait partie du sérail, parlait naguère de l'argent fou.

__Les rémunérations obscènes, qui ne se sont pas développées par génération spontanée, mais grâce au
contexte neolibéral reaganien des années 80, où la finance a pris le pas sur tout le reste, s'étalent sans vergogne et mettent en péril le vivre ensemble, compromettant les bases mêmes de la démocratie. ("obscène" est le terme utilisé par Obama pour qualifier les profits massifs de la finance)
Quand on sait que les 10% les plus-riches possèdent 50% du patrimoine des menages francais, n'y a-t-il pas lieu de s'interroger sur ce déséquilibre indécent et inquiétant?
Au niveau du patrimoine, élément essentiel de la richesse, les inégalités sont en pleine croissance.

_Etre riche: une question de talent, de chance, de naissance, de malversations?
Un peu de tout cela, à des doses diverses. Souvent, on naît avec une cuillère d'argent dans la bouche, co
mme la fille de Mme Bettancourt ou le fils Dassault ou Bouygues...Parfois, le "génie" et la compétence personnels interviennent, avec une dose de filouterie dans certains cas (Bill Gates, doit beaucoup à son intelligence, mais aussi à son opportunisme et à ses "coups" pour affaiblir ses concurrents, comme Rockefeller bien avant lui). Il y a très rarement de très grandes fortunes sans une dose de cynisme et d'absence de scrupules (Soros et ses spéculations sur les monnaies)
__ La richesse, notamment l'extrême richesse, à la source du spectaculaire creusement des inégalités depuis 20 ans n'est pas seulement une affaire de cupidité et de volonté de puissance, poussée parfois jusqu'à l'absurde. Elle est révélatrice d'un problème socio-économique de fond, d'une question de redistribution, notamment dans la répartition entre le capital-rente et le travail. "
Ce soudain intérêt pour les riches constitue une focalisation légitime sur un monde dont la discrétion fait partie du mode de vie, au moment où il capte une part sans cesse croissante de la richesse nationale et menace ainsi la cohésion sociale. Mais il ne peut devenir le seul centre de la question sociale, «au risque, souligne Stéphane Beaud, d’autonomiser cette question des "riches" en la dissociant des rapports de classe et des rapports de travail». (Mediapart)
Le creusement s'accentue, la pauvreté absolue et relative gagne, même si elle est encore mal mesurée. C’est du côté du capital et de sa reproduction intergénérationnelle que se situe une grande part du creusement des inégalités qui corrompt, aujourd’hui, le ciment social.
On connaît les ghettos, les riches niches et les super cadeaux fiscaux
Les chiffres sont brutaux. On a pu dire qu'au niveau mondial, les plus pauvres financent les plus riches.
_La pauvreté existe même si on peut l'ignorer. Demain, tous ne pourront être milliardaires, malgré le rêve
américain, toujours démenti.
Aux USA, la pauvreté fait des ravages. En Allemagne, elle se cache mieux. En France, il suffit d'aller faire le tour des associations et des restaurants du coeur pour en prendre la mesure..

Mais il ne suffit-il pas de déclarer, comme Obama et Cameron naguère, la chasse aux riches pour réparer le tissu social dégradé par la perversion d'un système demeuré intact...
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Parce qu'ils le valent bien !

samedi 26 novembre 2011

En flânant...

1__Une histoire de mallettes. Seulement?
_________Un bon gars, Bongo
Un ami d'exception et une rupture toujours différée

2__ Et si on investissait/subventionnait massivement dans l'isolation et la construction de maisons passives,?
Ce serait un pas vers l'autonomie énergétique, au lieu de dépenser sans limites pour des centrales ruineuses (EPR) à court terme et à long terme, qui ne garantissent rien?
Le nucléaire ne se résume pas qu'à une question d'emploi, dans un discours préélectoral agitant des peurs archaïques ('"revenir à la bougie..."!), des confusions et des ignorances.
Le choix politique de l' énergie_positive serait aussi une garantie contre la montée inéluctable du prix de l'énergie, du pétrole notamment, et une source de développements, de création d'emplois durables
Déjà M.Rocard en parlait en... 1974

Que de temps perdu!

3_Si les données sont fiables et bien analysées, le rapport de l’ONDRP dément en réalité _____l’augmentation des violences.
Que mesure-t-on vraiment? L'insécurité réelle ou le sentiment d'insécurité, parfois cultivé?

4_Les vraies causes du renoncement aux soins des Français
_________Un Français sur deux renonce à se soigner
______Inégalités devant les soins
Le malaise est aussi à l'hôpital

5_Prophéties autoréalisatrices.
__"Les agences de notation viennent donner un coup de main aux spéculateurs pour déstabiliser les marchés."
___Comment faire tomber un pays?
Moody's met la France mais aussi l'Allemagne sous pression
Agences de notation sur la sellette

6_La Chine manque de terres et celles-ci sont de plus en plus urbanisées et/ou polluées.
_____Elle cherche à délocaliser, avec tous les problèmes que cela pose..
____En Afrique. Bientôt en UE?

vendredi 25 novembre 2011

Le cheval: entre nature et culture

Pour une petite anthropologie du cheval


_Parmi les meilleurs amis de l'homme, le cheval a tenu une place prépondérante, historiquement déterminante, quand on remonte à l'origine de sa domestication, quand on considère l'importance de sa fonction économique, militaire et partant politique. Dans les sociétés anciennes, le cheval est partout, compagnon des travaux et des jours, des migrations et des guerres, symbole de pouvoir et de prestige, de distinction sociale. Faire l'histoire du cheval, c'est parcourir une bonne partie de l'aventure humaine. Depuis l'invention du cheval-vapeur et de l'automobile, son rôle a décliné, jusqu' à la domination du tracteur, qui a consacré son effacement.
Il n'a plus aujourd'hui qu'une valeur ludique, en attendant que la rareté du pétrole ne le remette peut-être sur le devant de la scène agricole. On le voit déjà revenir dans certains secteurs (et ici).

__Sur France culture, on peut suivre actuellement une série d'excellentes émissions sur les aspects historiques, culturels et symboliques des rapports que les hommes ont entretenus avec l'équidé privilégié, rapports qui ont contribué à modeler les rapports sociaux et les mentalités.
_L'histoire de la culture équestre est passionnante, ouvrant des horizons mal connus ou oubliés. Nous pouvons relire "notre histoire européenne, de la Renaissance à la révolution industrielle, à la lumière de cette nécessité équestre et de cette permanence du cheval dont la présence est inscrite au cœur de nos pratiques économiques, sociales, ou militaires. Intitulé « Le Cheval moteur », le premier tome retrace l’histoire de cette « utilité » motrice et mobile, à la fois agricole et urbaine, qui estime le cheval à proportion de l’énergie dont il est le pourvoyeur. Les deuxième et troisième tomes à paraître s’intéresseront au cheval émancipé de sa valeur d’usage : le rôle social et politique d’un animal qui sert les stratégies distinctives des hommes et leur appétit de puissance, d’une part, et son avènement en tant qu’objet de connaissance et de représentation dans l’ordre symbolique de la connaissance scientifique et de l’art, d’autre part. A peine un siècle après l’invention de l’automobile, l’homme contemporain a tout oublié de sa dépendance matérielle envers le cheval. "
_Les relations cheval/homme sont révélatrices de l'état du développement économique..
Domestiqué depuis sans doute -10000 ans, il gagne progressivement l'Occident et son usage se diversifie au fur et à mesure des inventions permettant d'augmenter son efficacité au service de l'homme (étrier rigide, collier d'épaule...). L'étrier a permis au cavalier de se dresser pour manier plus efficacement arc ou épée. Le collier d'épaule a augmenté l'efficacité de la traction en permettant une meilleure respiration de l'animal. Cette technique a été décisive, car "
ce dispositif empêche le poitrail d'être comprimé lorsque la traction exige un effort important. La courroie de garrot placée sur un collier rigide marque l'apparition du collier d'épaule, tel que le représente une peinture de Dunhuang (époque Tang, à partir du viie s.).Apparu en Europe vers l'an 1000, le collier d'épaule entraîne une évolution du chariot, qui devient plus important et plus lourd, preuve évidente de l'efficacité de la nouvelle technique d'attelage." (Jacques MÉRAND)
_Des Mongols aux mamelouks et aux janissaires, le cheval est un élément essentiel de la vie.
_Le Moyen-Age nous a laissé d'abondants documents sur les rôles dévolus au cheval et sur sa place central dans la société. La fonction du maréchal, le rôle du chevalier, avec ses codes et ses usages, en témoigne. L'animal est si valorisé qu'il ne fait pas partie du bestiaire courant, comme s'il éta
it considéré comme presque humain.
Parler à son cheval était d'usage répandu. "
Je parle espagnol à Dieu, italien aux femmes, français aux hommes et allemand à mon cheval", disait Charles Quint.
_L'Anglerre continue à entretenir des rapports particuliers avec le cheval. La reine ne fait que suivre une vieille tradition. On frôle l'hippolâtrie. Faire du cheval et prendre des cours d'anglais est devenu un must pour les jeunes continentaux. L' hippophagie n'y est pas répandue, comme dans bien d'autres pays, pour des raisons culturelles et parfois religieuses, dénotant que le cheval n'est pas considéré comme un animal comme les autres...Le cavalier fait corps avec sa monture.
__En dehors de sa fonction utilitaire, le cheval, investi par l'imaginaire, a donné lieu à une symbolique aussi riche que déconcertante.
Le « mythe du centaure », notamment, "désigne « le couplage parfait entre l'instinct et la raison, entre l'intelligence et la force brute », tel qu'il est symbolisé par l'image d'un buste humain rattaché à un corps, une croupe et des membres de cheval. Le Dictionnaire des symboles affirme que tous les rites, mythes, poèmes et contes évoquant le cheval ne font que mettre en relief cette relation entre le cavalier et sa monture, considérée, en termes psychanalytiques, comme représentant celle du psychique et du mental : « s'il y a conflit entre eux deux, la course du cheval mène à la folie et la mort, mais s'il y a accord, la course se fait triomphale ». Pour le cavalier, il s'agit de contrôler l'instinct (la partie animale) grâce à l'esprit (la partie humaine)..." (Wiki)
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- Psychanalyse du cavalier

jeudi 24 novembre 2011

La gauche? Quelle gauche?..

A la recherche d'une idée perdue

(Re)construire la gauche ?

__La gauche existe-t-elle (encore)? Et quelle gauche?
Dans le maquis sémantique et les pièges conceptuels que soulève cette notion à l'histoire déjà longue, à l'heure où se brouillent les repères, où les valeurs néolibérales commencent à s'effriter, comment y voir plus clair?

La notion de
socialisme ne manque pas d'ambiguïtés, variant selon les contextes historiques, les perceptions de la réalité sociale, les choix moraux et politiques, même si la notion de justice sociale, de primauté de l'intérêt général sur les intérêts privés, de contrôle de l'Etat démocratique sur la sphère économique, est au fondement de tout mouvement s'en réclamant, avec des variantes nombreuses. Il y a bien des chemins à inventer, après l'échec de certains. Toute une histoire..

Quelle boussole pour s'orienter, alors que le Nord semble aujourd'hui perdu, que la faillite d'un certain ordre capitaliste destructeur de richesses et de valeurs est si patente? La crise majeure que nous affrontons nous oblige à clarifier cette notion de gauche. On n'en prend pas le chemin. La gauche européenne semble désarmée. Le désarroi est grand.
Des militants du PS eux-mêmes déplorent que l'actuel candidat à la présidentielle fait beaucoup d'efforts pour apparaître comme un bon gestionnaire, sans programme alternatif consistant et crédible. Ils ne veulent pas d'un Sarko II, version light. Que peut encore signifier ce label politique hic et nunc?
___
Benoît Hamon lui-même, porte-parole du PS, fait ce constat, dans son dernier livre:
...« Au sein de l’Union européenne, le Parti socialiste européen (PSE) est historiquement associé, par le compromis qui le lie à la démocratie chrétienne, à la stratégie de libéralisation du marché intérieur et à ses conséquences sur les droits sociaux et les services publics. Ce sont des gouvernements socialistes qui ont négocié les plans d’austérité voulus par l’Union européenne et le Fonds monétaire international [FMI]. En Espagne, au Portugal et en Grèce bien sûr, la contestation des plans d’austérité prend pour cible le FMI et la Commission européenne, mais aussi les gouvernements socialistes nationaux. (…) Une partie de la gauche européenne ne conteste plus qu’il faille, à l’instar de la droite européenne, sacrifier l’Etat-providence pour rétablir l’équilibre budgétaire et flatter les marchés. (…) Nous avons été en plusieurs lieux du globe un obstacle à la marche du progrès. Je ne m’y résigne pas..."
___Il y a quelques années, Eric Dupin analysait les transformations de fond des orientations politiques du PS depuis une trentaine d'années, son glissement vers une certaine américanisation, et appelait à sortir la gauche du coma.
"Pour la mouvance socialiste, il n’y a plus aucune alternative au capitalisme. Le débat ne porte plus que sur la question de savoir jusqu’où et par quels moyens on doit régir et réguler le capitalisme". répétait Anthony Giddens, gourou intellectuel du Premier Ministre britannique et chef du Parti travailliste, Tony Blair, promoteur de la troisième voie (The Third Way, titre du livre de Giddens)".
__Le débat semblait clos et les admirateurs de cette mythique troisième voie étaient convaincus que le socialisme pouvait se ramener à agir à la marge du capitalisme libéral, réparer les dégâts de ses excès, en faisant du social, de la remédiation. Dès 1983, le virage mitterandien ouvre la voie à la doxa néolibérale et à ses dogmes: ouverture à une mondialisation sans règles, acceptation d'une certaine désindustrialisation, confiance naïve accordée à la valeur des marchés financiers, engagement dans les privatisations au nom d'une certaine culte de l'entreprise et du "progrès", qui semblait aller de soi après la chute du Mur. Au nom d'une certaine Europe, la gauche renonçait.
_____Jean-Pierre Le Goff remarquait les efforts pathétiques de la gauche pour « maintenir ensemble les morceaux d’une identité éclatée », oscillant sans cesse entre ses conceptions traditionnelles et « une fuite en avant moderniste » censée lui attirer les bonnes grâces des couches sociales montantes.
"L'effondrement du bloc communiste a pratiquement anéanti l'idée d'une autre voie que celle de l'économie de marché. Les transformations du capitalisme financiarisation, transnationalisation) et celle du salariat ont compliqué la question.Mais la professionalisation de l'activité politique, accompagné d'une sélection sociale, a également joué un rôle..." (L.Bonnelli)
__Le PS assiste, impuissant, au creusement des inégalités, sans anticiper sur les orages qui se préparaient. La crise elle-même n'est pas analysée en profondeur, ses causes proches et lointaines sont éludées par les "présidentiables" du PS, et les recettes envisagées risquent fort de faire durer le mal. L'absence de projet, le vide des idées ont été propices à la montée de la guerre des chefs, aux querelles tribales très médiatisées...
Les "modernistes" du PS donnèrent le ton...


___Jean-Pierre Chevènement fut un des rares à dénoncer
très tôt les dérives d'une social-démocratie agenouillée devant la loi des marchés.
La gauche s’est ralliée au néolibéralisme, à la désindustrialisation et à l’euro fort et a signé ainsi la fin de sa spécificité.
"Cet idéal d’émancipation culturelle et morale de l’individu a fini par détrôner dans les années 1980, tant dans l’esprit des dirigeants de la gauche que dans les aspirations du cœur de son électorat, les considérations économiques et sociales traditionnelles rapidement devenues « archaïques » à l’heure des restructurations industrielles et de la dérégulation de l’économie. Des demandes non plus sociales mais « sociétales » se sont alors rapidement déployées dans les programmes politiques des partis de gauche des années 1980-90 : nouveaux droits, respect de la « différence », valorisation de la diversité… L’horizon des luttes s’est peu à peu déplacé. C’est désormais l’individu dans ses identités multiples qui doit être émancipé, et non plus le travailleur ou le salarié dans son rapport à la production. Ainsi, par exemple, le triptyque du Parti socialiste français des années 1970 (« nationalisation, planification, autogestion ») qui résumait bien son époque a-t-il été remplacé dans les années 1980-90, par un autre, implicite mais omniprésent : « individu, minorités, diversité ».
Au-delà de cet aspect culturel, le socialisme européen s’est plus généralement engagé tête baissée dans l’impasse libérale en abandonnant, soit qu’il l’a cru irréalisable soit qu’il l’a cru réalisé, son projet historique. Illusion encore renforcée au lendemain de la chute du Mur de Berlin en 1989 avec la disparition du vieil ennemi communiste. La social-démocratie aurait finalement épuisé son destin historique, la voie particulière qu’elle a historiquement incarnée ayant triomphé. Le réformisme comme méthode (plutôt que la révolution), la régulation de l’économie de marché comme programme (plutôt que l’appropriation collective des moyens de production) et la démocratie politique comme cadre d’exercice du pouvoir (plutôt que la dictature du prolétariat) s’imposant définitivement à gauche.

Mais ce faisant, le socialisme n’a pas su résister aux sirènes du libéralisme ; il en a même parfois volontairement épousé les contours, dans le cas du social-libéralisme. Il a adopté si ce n’est l’idée libérale, qu’il continue à dénoncer avec virulence, du moins son contenu matérialiste et consumériste, voué au culte de la croissance pour elle-même à coup de dérégulation, de flexibilité et de privatisation, mais aussi son projet culturel tout entier forgé autour de l’individu et de ses droits sans cesse étendus, et bien évidemment son programme politique qui privilégie les formes institutionnelles de la représentation et de la préservation des intérêts individuels au détriment d’une ouverture plus collective, plus égalitaire, plus démocratique (participative dirait-on aujourd’hui) du champ politique et social.

De la sorte, les socialistes, sociaux-démocrates et autres travaillistes européens ont largement ignoré la question, pourtant constitutive de leur
ethos, de la répartition des richesses et de l’équilibre entre capital et travail. Ils ont littéralement abandonné le terrain de la lutte pour l’égalité au profit d’une promotion de la « diversité » qu’ils ont érigée en valeur. Ils ont aussi délaissé la notion fondamentale de solidarité en autorisant une politique généreuse d’accès à l’Etat social à de nouveaux ayants droit sans toujours exiger un quelconque devoir en retour de leur part. En négligeant de repenser le rôle de l’Etat pour l’adapter à son temps, ils ont laissé le slogan authentiquement néolibéral de Ronald Reagan, « l’Etat comme problème plutôt que comme solution », devenir le principe directeur de la réforme des politiques publiques. Ils ont oublié que le but de la vie sociale ne pouvait se résumer à un pur matérialisme, de la même manière qu’ils ont laissé faire les libéraux lorsque ceux-ci ont vu dans les nouvelles aspirations démocratiques et les nouvelles formes de la participation à la vie politique une menace plutôt qu’une chance pour les sociétés contemporaines. Bref, ils ont capitulé.
.."

__Constante dans l'erreur depuis si longtemps, la gauche est -elle condamnée à se répéter?... Comment repartir du pied gauche?

mardi 22 novembre 2011

Espana herida

Une Espagne blessée

L'automne ressemble au
printemps...en pire!


De la folie du béton, de la fièvre de la brique, à une situation à l'argentine?


_Les Espagnols désabusés donnent un chèque en blanc à la droite:
"...Le candidat de la droite, Mariano Rajoy, 56 ans, a profité de la débâcle socialiste. Il obtient 44% des voix, soit une majorité absolue en sièges, à l'Assemblée (186 sur 350). Après deux échecs consécutifs, en 2004 et 2008, celui que la presse espagnole nomme le «survivant» est appelé à diriger une Espagne exsangue et inquiète, qui compte près de cinq millions de chômeurs. Rajoy réalise la meilleure performance de l'histoire du Parti populaire (PP), puisqu'il améliore encore le score de José María Aznar, qui avait obtenu, lors de sa réélection en 2000, 185 sièges. Le scrutin de dimanche ( résultats ici) confirme cette règle en vigueur en Europe, selon laquelle les exécutifs sortants, de droite comme de gauche, se trouvent systématiquement sanctionnés dans les urnes depuis l'éclatement de la crise. Il marque aussi un nouveau revers de taille, pour le camp social-démocrate sur le continent, après les défaites de Gordon Brown en Grande-Bretagne (en mai 2010), de José Socrates au Portugal (en juin 2011) et la démission de Georges Papandréou en Grèce..."
Une alternance sans alternative...
__C'est l'heure du désenchantement.
Après l'euphorie bancaire, la déconstruction
"..."NOUS SAVIONS AVANT 2008 QUE LA BULLE IMMOBILIÈRE allait exploser. Certains économistes disaient que l'Espagne n'avait pas l'argent pour construire autant de logements... dont elle n'avait pas besoin ", reconnaît José Maria de Lapuerta, surnommé Chema. Depuis 1985, il partage avec des associés son cabinet d'architectes, spécialisé dans le logement social, et dirige depuis huit ans le Master en logement de l'université Politecnica de Madrid, l'une des mieux cotées au monde. Personne ne voulait l'entendre. L'Espagne, euphorique, regardait d'un mauvais oeil les Cassandre. "C'était une fête à laquelle tout le monde était convié. Les banquiers donnaient des crédits et exigeaient très peu de garanties, les promoteurs construisaient grâce aux crédits bancaires et finissaient suffisamment riches pour acheter leur propre banque. Les acheteurs réalisaient d'importantes plus-values. Et les politiciens percevaient des impôts et des taxes liées à la construction et l'immobilier....", dénonce Chema. Dans chaque province, des constructions insensées deviennent autant de preuves de ce que fut la burbuja (la bulle), parties visibles de l'iceberg de la mégalomanie, de la corruption et de la spéculation immobilières....
La crise fait fuir des centaines de milliers de personnes.
L'immigration est en question.
___"L'explosion de la bulle immobilière, accélérée par la crise financière qui a brutalement fermé le robinet des crédits, a laissé le pays patiner dans le vide", explique Rafael Pampillon, directeur du département d'économie de l'IE Business School, à Madrid. Les entreprises du bâtiment sont tombées les unes après les autres à travers l'Espagne, dans un parfait effet domino, entraînant tout le secteur des services qui en dé-pendait. Avec un stock de près de 1 million de logements vides et un pays truffé de programmes immobiliers laissés en plan, plus personne n'a besoin de porte ni de fenêtre. On a le choix entre l'austérité et l'austérité"
__Des mesures à la Cameron?
Le rêve immobilier est terminé
. Fin des seigneurs de la brique...
La logique libérale de Aznar et de son successeur a fini par produire ses effets pervers.
Les
banques ne font plus rêver.
Une spéculation toxique s'est envolée , débouchant sur des châteaux en Espagne. (1)
Des regions en grande difficulté.

dimanche 20 novembre 2011

Petite revue dominicale

1_USA: bulle étudiante en vue
_________Une dette qui explose:
"...Un business juteux et sur le long terme pour les organismes de crédit qui n'a pas échappé à certaines universités : elles sont de plus en plus nombreuses à développer des entreprises rentables de prêts sur le dos des étudiants. Les critiques se font de plus en plus virulentes contre ce fonctionnement, les facultés incriminées ciblant délibérément les étudiants issus de familles pauvres. Une politique clairement irresponsable pour Jake Stillwell, porte-parole de l'Association des étudiants américains. Selon lui, alors que ces universités font miroiter de bonnes chances d'emploi grâce à leur diplôme, elles passent sous silence les conséquences de contracter un prêt. « En moyenne, les dettes d'un diplômé s'élèvent à 25 000 dollars avant de se lancer sur le pire marché de l'emploi de l'histoire. »...
_Va-t-elle crever?: "En 2012, cette dette étudiante devrait dépasser le billion (français) de dollars, c’est-à-dire mille milliards de dollars. Cette dette est 11 fois plus élevée qu’il y a vingt ans..."

2_Paradis fiscaux
: : déficit d'information
______Empires sous-estimés
3_Un Français sur deux renonce à se soigner
______Inégalités devant les soins
Le malaise est aussi à l'hôpital

4_Pas de rigueur pour les hauts salaires
____________Et les députés ne baisseront pas les leurs. Manquerait plus que ça!
__Minc et Riboud font fortune malgré la crise

5_Une Allemagne exemplaire?
____________Un modèle pas toujours aussi vertueux qu'on le dit
_"...
Le déficit allemand en 2009 n'aurait pas été de 3,2 % mais de 5,1 %, calcule Natixis. Un niveau comparable à celui de la France... De quoi faire écho aux propos de Jean-Claude Juncker, le président luxembourgeois de l'Eurogroupe. "En Allemagne, on fait souvent comme si le pays n'avait aucun problème, comme si l'Allemagne était exempte de dettes tandis que tous les autres auraient des dettes excessives", a-t-il lâché récemment. Une contre-vérité à ses yeux : "L'Allemagne a une dette plus élevée que celle de l'Espagne. Seulement personne ne veut le savoir ici..."

6_Goldman Sachs, pompier et pyromane: une banque à qui parler?
_______________Les hommes de Goldman Sachs
_Entrisme de GS en europe
_GS dirige-t-elle l'Europe?
_GS: Nouveau maître du monde?

samedi 19 novembre 2011

Le choc

BCE: une banque apolitique?

N
ouvelle stratégie du choc?
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"Seule une crise réelle ou imaginaire peut engendrer un changement profond" (Milton Friedman)
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__JC Trichet, le directeur de la BCE, plaidait il y a huit ans déjà pour de profondes réformes structurelles en Europe, dans la plus pure ligne néolibérale.
Il prônaitt notamment des mesures de libéralisation dans les services publics "de manière à faciliter les gains de productivité et à soutenir la compétitivité" (sic). Un dogme un temps mis sous le boisseau, par prudence, mais régulièrement réactualisé
_Ce projet reprend du poil de la bête à l'occasion d'une crise majeure qui permet de faire passer plus facilement ces mesures, en jouant sur la peur, la culpabilité, le désarroi et la stupeur. Quand il y a "choc" psychologique et social, la pression idéologique peut s'exercer plus facilement sur des esprits désemparés.
"Les dirigeants de la BC déroulent le programme du FMI, avec ses plan d'ajustement structurel, lesquels ont largement échoué..." là où ils furent appliqués. (P.Canfin)
_M. Trichet a laissé ses consignes à son successeur Mario Draghi, lui demandant "de rendre plus flexibles les procédures de licenciement..de privatiser les sociétés municipales (transports publics, voieries..)... de procéder par décrets, d'application immédiate, et non par projet de loi, que le Parlement met toujours du temps à approuver .."
On avait déjà remarqué que les coups ultralibéraux s'accommodent mal de délibérations politiques et que, face aux oukhazes des marchés, il n'est pas bon de convoquer les représentant du peuple. Quelle perte de temps en plus!
Les circonstances sont aujourd'hui plus favorables à l'application de mesures toujours prônées par la BCE, pressée par les exigences des marchés spéculatifs. "On est dans une situation type Argentine-FMI à la fin des années 1990, où le prêteur exerce une forte pression sur l'emprunteur pour être sûrqu'il applique les réformes considérées comme "bonnes et nécessaires". Finalement, la crise a été une fenêtre d'opportunité pour la BCE", dont le discours n'était pas toujours entendu. (C.Fontan)
_La Bankfurt (BCE de Frankfurt), prétextant de simples mesures techniques, finit par dicter ses principes, que l'on voit s'appliquer rapidement en Grèce, en Italie, notamment , à la tête desquels ont été placé des "experts" issus de la sphère de Goldman Sachs (la banque pompier pyromane de la Grèce) qui ne vont pas s'embarrasser de longs débats de société sur les mesures à prendre pour affaiblir encore le malade, qui finira bien par mourir guéri.. Comme disait le bon docteur Monti «Je suis parvenu à la conclusion que l'absence de responsables politiques dans le gouvernement faciliterait la vie à l'exécutif, enlevant des motifs d'embarras." De son côté, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, déclarait que L’Italie « a besoin de réformes, pas d'élections » anticipées si elle souhaite rassurer les marchés.
_Il faut s'y attendre, les médecins vont appliquer des purges si sévères que le patient s'en remettra difficilement."Augmenter les salaires en Europe serait la dernière bêtise à faire", déclarait clairement Trichet., qui, en prônant de la" souplesse sur le marché du travail" dans le même temps jugeait "normal" qu'il y ait pour les traders une part variable "plus importante lorsqu'on pratique des métiers terriblement volatils".
En générant nécessairement la récession par la baisse des salaires, l'augmentation du chômage et de la précarité, on va augmenter inévitablement les chances d'accentuer la dette, en tuant l'économie réelle. Keynes aurait parlé de folie absolue. Certains ont évoqué une histoire de fous prenant le contrôle de l'asile".
Chassée par la porte, la politique revient par la fenêtre...comme on le voit en Grèce. Au nom de l'économie, s'applique parfois la pire une idéologie qui ne dit pas son nom.
Nul contrôle sur le banques, malgré les conseils de prudence donnés. "Pour sauver le système, la BCE à ouvert le robinet à liquidités. Mais le problème, c'est que le tuyau est percé: l'argent qui coule ne parvient pas dans l'économie réelle. Parce que, entre les deux, il y a les banques commerciales, qui préfèrent, aujourd'hui encore, la spéculation à l'investissement..." (Canfin)
Le credo monétariste de la BCE ne produira pas de miracles, mais engendrera plus sûrement le chaos social.
Quels pays d'Europe vont se réveiller pour mettre un peu de raison dans ces dérives inquiètantes?
A.Merkel n'a-t-elle pas raison, non sans arrière-pensée peut-être, elle qui disait jeudi:" Je suis convaincue que seules les décisions politiques peuvent résoudre la situation"?
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« Ce ne sont pas les marchés qui sont en cause mais l’impuissance politique ».

jeudi 17 novembre 2011

Rassurer les robots

Le trader et le politique

Trading haute fréquence

_Le temps des marchés spéculatifs et celui des décisions politiques, qui aujourd'hui interfèrent plus que jamais, ne peuvent coïncider.
De par la vitesse d'action et de réaction et de la logique profonde.
D'un côté, on est dans l'ordre de la nanoseconde, du fonctionnement robotisé (quoique programmé par des décideurs qui savent ce qu'ils font), du très court terme et du maximum de profit estimé, du panurgisme et de la folie spéculative. De l'autre, on se situe dans le temps long de la réflexion, du débat, parfois contradictoire, des choix dictés en principe par un intérêt général, pas forcément strictement économique, en fonction d'un moyen ou long terme.
On peut ainsi comprendre pourquoi, dans certains cas, les marchés financiers peuvent s'accommoder d'une dictature ou d'une technocratie à leur service.
Mario Monti a eu cette magnifique explication pour justifier la disparition des politiques: «Je suis parvenu à la conclusion que l'absence de responsables politiques dans le gouvernement faciliterait la vie à l'exécutif, enlevant des motifs d'embarras.»
Un gouvernement peut décider de s'endetter (dans la recherche, par exemple), en investissant pour des gains futurs collectifs estimés, ce que les marchés interpréteront comme une dette menaçant leurs propres intérêts. C'est le sens de la formule gaullienne (avant la fameuse loi Pompidou): "La politique ne se fait pas à la corbeille".
C'est pourquoi la fameuse "règle d'or" peut constituer un frein au développement d'un pays et un facteur de récession dans le cadre d'une souveraineté monétaire perdue.

En ces temps de crise dans la crise, de politique sous tutelle, les marchés, tels qu'ils fonctionnent, mettent en péril la démocratie.
"Nous sommes entrés dans une situation d’urgence démocratique, précisément par ce fait que la logique financière elle-même ne supporte plus deux caractéristiques majeures de la démocratie : le temps d’une part, la pluralité et la divergence des orientations de l’autre.
__Les marchés financiers fonctionnent aujourd’hui à la seconde, ou à la nanoseconde, et ne supportent plus le temps démocratique, qui ne va jamais assez vite pour eux. Un phénomène permis et aggravé par le fait que 70% des transactions financières aux Etats-Unis, et près de la moitié en Europe, sont réalisées par des automates, à travers le trading algorithmique. On ne cesse de dire qu’il faut rassurer les marchés, parce que ça ne passerait pas si on disait qu’il faut
«rassurer les robots». D’où le développement de cette novlangue jargonnante de l’économie financière, qui, par son opacité, joue un rôle structurant dans le déni de démocratie.__Il y a un formidable travail de déconstruction et d’éducation populaire à faire pour savoir qui sont ces fameux marchés financiers à rassurer. Le seul fait de se poser la question du «qui?» permet de saisir à la fois le rôle considérable des automates et la psychose maniaco-dépressive dans laquelle les financiers sont engagés.
__ Le
Wall Street Journal, qui n’est pas l’incarnation d’une pensée alternative, écrivait, au moment du krach de 1987, mais cela reste valable aujourd’hui, que les marchés ne connaissent que deux sentiments : l’euphorie ou la panique. C’est exactement ce qui caractérise la psychose maniaco-dépressive. C’est-à-dire un état où les personnes perdent le contact avec le réel, notamment économique, et peuvent dilapider l’argent. C’est une des raisons pour lesquelles on préconise tutelle et curatelle. Il ne s’agit donc pas seulement de réguler les marchés financiers, mais aussi de les soigner. Les marchés financiers constituent aujourd’hui un problème de santé internationale.
_L’autre fondement de la démocratie que les marchés ne supportent plus est la division ou la pluralité des orientations, pourtant inhérente au processus démocratique. Ils exigent donc, partout, des règles d’or et des gouvernements d’union nationale, dirigés par des techniciens. On l’avait déjà senti cet été, aux Etats-Unis, lors du désaccord entre républicains et démocrates sur le plafond d’endettement. La gestion dynamique de la divergence, qui est un fondement démocratique, n’est plus compatible avec la logique financière. Si on laisse cette logique s’imposer, on en arrive donc à ce qu’a décrit le prix Nobel hétérodoxe Paul Krugman. Pour lui, nos programmes d’austérité sont l’équivalent des sacrifices humains chez les Mayas. Il faut analyser la crise actuelle à travers les catégories d’une crise de foi, donc d’une crise religieuse, pas seulement d’une crise de confiance. Nous sommes dominés par un socle de croyances et de crédulités conduisant à penser que, face à ces nouveaux dieux courroucés que sont les marchés financiers, nous n’avons d’autres choix que les rassurer avec des sacrifices ! Et des sacrifices humains. Chaque annonce d’un plan d’austérité implique plus de chômage, moins d’infirmières, moins d’éducation… C’est pourtant une destruction de richesse réelle et humaine aussi absurde que les sacrifices mayas, qui ne parvenaient pas à arrêter les éclipses de soleil et n’ont pas empêché la civilisation maya de s’effondrer. On voit bien que c’est inefficace, mais on nous explique que c’est lié au fait qu’on n’a pas été assez loin dans le sacrifice ! Or, cette logique sacrificielle, si on la laisse aller jusqu’au bout, met en cause non seulement la démocratie, mais, ensuite, la paix elle-même.
Une économie entièrement autonome vis-à-vis du politique et de toute éthique engendre des formes de guerres civiles intérieures : on en a perçu les germes lors des émeutes britanniques de l’été. Mais elle porte aussi en elle les germes de guerres internationales. Les éléments de révolte sociale sont déjà présents et le seront plus encore avec les programmes d’austérité..."
_
Comment en sortir?
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Comprendre la mystérieuse "règle d'or"

mercredi 16 novembre 2011

Boucs émissaires

Simplifications, stigmatisation, diversion

Fraudes sociales: vous avez dit abus?


__Le Locataire de l'Elysée lance son cheval de bataille dans la course pour 2012, en se gardant à gauche, en se gardant à droite... en reprenant un thème récurrent depuis le début du septennat.
Un problème réel certes, mais une goutte d'eau dans l'océan d'autres fraudes tues, de plus grande ampleur, traité cavalièrement et instrumentalisé à souhait, cherchant à détourner les regards de problèmes plus cruciaux et plus urgents, dans la période que nous vivons.
On n'entendra pas soulever les questions: où sont les (plus grands) fraudeurs ? que fait-on vraiment contre le travail au noir? que fait-on pour controler les firmes pharmaceutiques? qu'en est-il de l'évasion fiscale, du train de vie de l'Etat? etc...
__Ainsi les assurés seraient les seuls coupables?
Et même les malades, des fraudeurs? Les Français, plus malades que les autres?
C'est aller un peu vite en besogne...

"Selon le bilan de la lutte contre la fraude établi par le ministère du Budget, deux catégories de professionnels sont à l’origine de près de 40% du préjudice subi demandé en réparation par l’Assurance maladie en 2010. D'abord, les infirmiers, pour lequel il s'élève à 12,7 millions d'euros, et les ambulanciers ("transporteurs") avec 10,1 millions d'euros de préjudice constaté pour 70 plaintes pénales, 13 signalements au Parquet et 24 transactions signées. "Le non-respect des règles de facturation ainsi que des prestations fictives, facturations multiples frauduleuses, la fraude à l’agrément aux véhicules constituent l’essentiel du préjudice subi", explique le rapport 2010. De leur côté, médecins généralistes et spécialistes sont à l’origine de 4,9 millions d’euros de préjudice financier détecté pour l’assurance maladie, dont 2,8 millions d’euros pour les généralistes, contre 3,8 millions d’euros pour les chirurgiens dentistes et 2,5 millions d’euros pour les masseurs-kinésithérapeutes. En parallèle, les contrôles effectués dans les pharmacies et les CHU ont permis de constater un préjudice subi de 3,1 millions et 3.2 millions d'euros.Car il s'agit bien d'une question de contrôle...".
__L'accent mis démagogiquement sur les mêmes est une vieille histoire...
"...Dans la catégorie «stigmatisations et raccourcis rapides», ce rapport d'information parlementaire est une pépite. Le député UMP Dominique Tian estime ainsi que, toutes fraudes sociales confondues (à la Sécu, à la CAF mais aussi à l'Urssaf), les fraudes représentent «à peu près 20 milliards d'euros», soit environ 10% du budget de la Sécurité sociale et «44 fois plus que la fraude actuellement détectée». Depuis ce chiffre circule, repris à tout-va, sans que l'on puisse réellement le vérifier. La semaine dernière, la ministre du Budget, Valérie Pécresse, a admis : «Je ne peux pas confirmer ce chiffre puisque c'est une extrapolation»
.
__Le rapport met surtout l'accent sur les fraudes des particuliers alors que l'essentiel des abus (entre 8 et 15,8 milliards) relève des entreprises (cotisations patronales et salariales non versées). La fraude générée par les bénéficiaires eux-mêmes (arrêts maladie abusifs, RSA...) est évaluée entre 2 et 3 milliards. «La fraude au RSA est dérisoire, comparée à la fraude aux cotisations sociales ou à la fraude fiscale», rappelait en juin dernier dans Libé Julien Damon, professeur associé à Sciences-Po et spécialiste des questions de pauvreté. «La fraude des pauvres est une pauvre fraude.» «On aimerait mieux consacrer notre énergie à positiver en aidant les gens à s'en sortir, à les accompagner plutôt que de traquer les abus mineurs, affirme Jean-Louis Deroussen, de la Cnaf. Pour quelques fraudeurs, on met en péril la situation de personnes en grande difficulté, légitimes à demander de l'aide

_Bref, un thème de campagne favori est lancé
"...Nicolas Sarkozy sait rebondir, le plus souvent à sa droite. L'hiver 2009-2010, il avait fait diversion avec un débat sur l'identité nationale stigmatisant les musulmans (suivi plus tard d'un débat sur l'islam, si cela n'était pas suffisamment clair). L'été 2010, en pleine tempête avec l'affaire Woerth-Bettencourt, il opérait un virage sécuritaire avec un nouveau bouc émissaire: les Roms. En 2011, le chef de l'Etat s'attaque aux allocataires sociaux, accusés d'être en partie des «assistés» ou des «profiteurs»...Au départ, il y a une idée murmurée par Patrick Buisson, conseiller de Nicolas Sarkozy: priver plus d'un million de bénéficiaires du RSA et leur famille de revenu minimum. En mars, au lendemain de la cuisante défaite de l'UMP aux cantonales, cet ancien journaliste de Minute théorisait dans Paris-Match son «plan de bataille» pour reconquérir d'ici 2012 l'électorat populaire: immigration, identité nationale, et lutte contre l'assistanat dans le cadre d'une «grande loi de réhabilitation du travail».
Quelques semaines plus tard, Laurent Wauquiez lui emboîte le pas en qualifiant «les dérives de l'assistanat» de «cancer de la société» (lire notre portrait) et en proposant une batterie de mesures: faire travailler les bénéficiaires du RSA, plafonner le cumul de tous les minima sociaux à 75 % du Smic, établir une durée minimale de travail pour que les étrangers puissent bénéficier du système social français...
(On fait sciemment une)mauvaise lecture de ces chiffres ici et .
En réalité, la fraude aux prestations sociales (RSA, allocations familiales, arrêt maladie...) reste un phénomène mineur, qui représente moins de 1% des 400 milliards de prestations sociales versées chaque année par la Sécurité sociale. Un rapport de la Cour des comptes de 2010 l'évalue en effet à environ 3 milliards d'euros par an.
D'autres rapports d'organismes vont dans le même sens. La Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), par exemple, estime avoir été escroquée de 90,1 millions d'euros en 2010, ce qui ne constitue que 0,15% des 60 milliards d'euros de «prestations directes versées aux allocataires pour les prestations légales et l'action sociale familiale».
Peu importe, ce chiffre est répété en boucle par les ténors du parti (lire notre article) et il leur permet toutes les folies. Comme de demander le fichage des allocataires sociaux. Une vieille idée ressortie par Thierry Mariani en août dernier et acceptée illico par le ministre du travail. Ce week-end, Xavier Bertrand a d'ailleurs confirmé la mise en place d’ici la fin de l’année de ce fichier central qui doit permettre une «bonne utilisation de l’argent public, de l’argent de la solidarité».
En septembre, l'idée de Wauquiez, qui avait tant créé la polémique en avril, a été reprise sans grincements de dents par le rapport du centriste Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint de l'UMP. A tel point que le ministre de l'enseignement supérieur a cru bon de poursuivre dans la même veine avec d'autres propositions, comme celle de réserver une partie des logements sociaux à ceux qui travaillent. Le 25 octobre, lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), le gouvernement a écouté l'aile droite de la majorité en annonçant de nouvelles mesures pour sanctionner plus durement les fraudeurs. «Les fraudeurs, c'est un sujet qui monte. C'est normal en cas de crise, et on va mettre le paquet là-dessus», a glissé à TF1 un responsable du parti majoritaire sous le couvert de l'anonymat. Le PS dénonce une «lutte contre les pauvres». Les centristes, eux, savent à quoi s'en tenir: «la campagne se fera à droite», comme le réclame la Droite populaire.

En 2007, Nicolas Sarkozy évoquait déjà «l'assistanat» dans son clip de campagne . «Je ne peux pas accepter une société où un assisté a, à la fin du mois, davantage que celui qui travaille», disait-il, proposant «qu'on ne puisse pas refuser plus de deux offres d'emplois». Mais son idée phrare restait la valorisation du travail, via son credo du «travailler plus pour gagner plus» et sa formule du «candidat du pouvoir d'achat».
A l'approche de 2012, il a changé les meubles de place: son éloge du travail est devancé par une dénonciation de «l'assistanat». Ce refrain, il le martèle désormais à chaque intervention: lors de son allocution télévisée du 27 octobre, dans ses déplacements à travers la France (lire notre décryptage et notre reportage). Le sujet a un grand mérite pour l'aile droite de l'UMP, il permet de désigner (sans le dire) les étrangers comme responsables des déficits des comptes sociaux et de justifier au passage la politique d'immigration du gouvernement.

_Soucieuse de ne pas se faire voler ce thème des «profiteurs d'en bas» et du «fraudeur» «étranger», Marine Le Pen a surenchéri. Dans un communiqué, lundi, la présidente du FN estime que «l'explosion de la fraude sociale est liée à une explosion de l'immigration» et «déplore l'inaction totale du gouvernement Sarkozy face à la fraude sociale». «Parce qu'il aura été le quinquennat de l'immigration de masse, légale et illégale, le quinquennat de Nicolas Sarkozy aura aussi été celui de la fraude sociale», assène-t-elle
.
__Mardi, à Bordeaux, la CGT Aquitaine et les députés PS de Gironde n'assisteront pas au discours de Nicolas Sarkozy. Dans un courrier envoyé le 10 novembre à l'Elysée, le secrétaire régional de la CGT dénonce l'«empressement» du président «à stigmatiser les bénéficiaires des prestations sociales» et l'invite à «(s')intéresser à ceux qui grèvent le plus les comptes sociaux, c'est-à-dire, comme le montrent les études auprès de l'Urssaf, les employeurs». Les parlementaires socialistes expliquent quant à eux dans un communiqué que «l'hémorragie la plus lourde pour le budget de l'Etat est l'évasion fiscale», estimée, rappellent-ils... «à 20 milliards d'euros».
Selon un rapport parlementaire récent, "L'hémorragie la plus lourde pour le budget de l'Etat est l'évasion fiscale, estimée à minima à 20 milliards d'euros. Aucun moyen n'est donné aux services fiscaux, ni pour la détecter, ni pour la contrer, et aucune mesure n'a été prise par le gouvernement, alors que Nicolas Sarkozy avait 'déclaré la guerre' aux paradis fiscaux", expliquent les parlementaires dans leur communiqué.
"La fraude sociale se partage entre la fraude aux prestations et celle aux prélèvements. La première est estimée, selon le rapport parlementaire du député UMP, Dominique Tian, entre 2 et 3 milliards d'euros et la seconde entre 8,4 et 14,6 milliards d'euros" (N.Obs)
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Réactions de médecins
Responsabiliser les malades» a-t-il un sens ?
Quand les Sarko-trafiquants de haut vol s'indignent de la petite fraude
Les vraies fraudes sociales