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samedi 29 octobre 2011

Deutschland mit uns

Quid du modèle économique allemand?

___Au point où elle en est, la crise avive ou ravive les tensions entre les pays de la zône euro, notamment avec notre partenaire privilégié et incontournable, l'Allemagne, qui a fini, malgré les dénégations élyséennes, par imposer ses vues, lors des dernières négociations nocturnes de Bruxelles.

_Les relations avec Berlin sont devenues assez paradoxales, empreintes d'une certaine méfiance ou d'une admiration sans nuances du fameux modèle d'outre-Rhin, souvent cité comme exemplaire par la droite française. En se référant aux performances économiques allemandes, le chef de l'Etat a sans dont voulu rassurer les Français, qui connaissent mal le fonctionnement de cette machine à exporter, telle qu'elle s'est mise en place sous Schröder, qui a abandonné progressivement le modèle rhénan au profit des règles anglo-saxonnes, avec toutes leurs conséquences.
_Comme le dit E.Todd, "« Nicolas Sarkozy renoue avec la “germanolâtrie” traditionnelle des élites de la droite française, fascinées par la culture de discipline et de hiérarchie de ce pays. Après avoir manifesté de l'indiscipline vis à vis de l'orthodoxie de son camp, Sarkozy se soumet. C'est le signe qu'il a perdu le contrôle".
Or, pour des raisons historiques et culturelles et du fait des règles (trop) contraignantes liées au fonctionnement de la monnaie unique, vouloir imiter le "modèle allemand" est une utopie culpabilisante. Culpabilisante, car la "vertueuse" Allemagne est souvent présentée comme aux antipodes des "laxistes" pays latins. A.Merkel a su jouer sur cette corde là.
"...Laurent Fabius s'étonnait que l'on n'utilise pas la monnaie comme instrument de compétitivité, à la différence de ce que font les Chinois ou les Américains. En construisant la monnaie unique, la France a pourtant renoncé à utiliser la monnaie à ces fins. L'Allemagne se refuse à le faire, se montrant toujours très ferme sur le sujet : c'est par d'autres moyens qu'elle impose la compétitivité se ses produits : 1)par sa discipline sur les salaires-2)par des réductions temporaires du temps de travail-3par le positionnement sur le « haut de gamme »-3)par la sous-traitance industrielle dans les pays d'Europe centrale..."

__Vouloir
imiter le modèle allemand , outre que ce serait impossible, du fait que l'euro est taillé à l'allemande, que nous ne connaissons pas son mode de gestion décentralisée ni sa politique mercantiliste serait pour nous lourd de déconvenues. De plus, par impossible, si tous les pays européens imitaient l'Allemagne, à supposer qu'ils aient une monnaie équivalente, celle-ci perdrait inévitablement son avance, la surproduction serait inévitable et la récession généralisée (70 % de l'excédent commercial de l'Allemagne est réalisé au sein de la zône euro). Les pays de l'euroclub ne jouent pas dans la même cour...
De plus, beaucoup d'Allemands sont déçus par leur modèle social, même en cette période plus florissante, à condition que les exportations soient soutenues.
Là est le tendon d'Achille: si la Chine et l'Europe, principaux acheteurs captifs, entre en récession ou voient seulement baisser leur niveau de vie, Mercedes, Siemens, Man et autres AEG verront leurs profits plonger. Angela Merkel sait bien que la prospérité actuelle des firmes allemandes ne tient qu'à un fil et que l'avance technologique n'est pas garantie dans le moyen terme.
L'intransigeance allemande risque de mettre en péril ce qui fait aujourd'hui sa force: la compétitivité que lui donne une redoutable expérience industrielle dans certains domaines et surtout une arme décisive: une monnaie taillée à sa mesure, mais qui fait aussi la faiblesse des autres, sur un marché faussé, qui ne suit pas les mêmes règles, n'a pas les mêmes contraintes partout. Ce modèle est non exportable, il est hyper-productiviste et non coopératif du point de vue européen.
___Le modèle allemand fait problème.
Le constater n'est pas être germanophobe. Il joue dangereusement contre son propre intérêt.
De plus, la compétitivité allemande a un coût social qu'on est loin d'imaginer. Les travailleurs pauvres augmentent en nombre.
Les dessous de l'Allemagne sont souvent mal connus par ses partenaires. Sait-on que de nombreuses communes allemandes sont menacées de faillite, comme Wuppertal, par exemple?
Les bas salaires allemands sont en chute libre depuis dix ans. Les remèdes du bon docteur Hartz, qui semblent séduire F.Copé, ont étendu leurs domaines et leurs effets.
La précarité, autre raison du miracle économique allemand, se fait maintenant bien visible.
______Il ne s'agit ni d'imiter nos amis d'Outre-Rhin, ni d'écarter le meilleur de ce qui peut être transposable pour nous, mais d'abord de revoir d'urgence, avant de voir resurgir de nouvelles et plus graves querelles de voisinage, les règles parfois absurdes qui régissent la cour de récréation, l'espace de jeu économique.
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Le mythe du modèle allemand
-Modèle allemand : Et moins longtemps la pauvreté durera
_Les inégalités sociales se creusent en Allemagne
_Des salaires à la baisse
_Allemagne de cocagne?
-L'Allemagne : vraie réussite et faux modèle
-Ce qu'il faut savoir avant de « copier l'Allemagne »
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Pour mieux comprendre la politique économique de l'Allemagne [à partir de la 40° minute]

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