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dimanche 5 juillet 2009

Eloge de la marche


La marche, c'est l'homme.

Leroi-Gourhan disait que " l'homme commence par les pieds " - La marche nous rappelle la bipédie et aussi ce qu'elle nous a offert : nos mortelles civilisations...

Il y a marche et marche...

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On évitera de croire que la marche est un sport. Pas même un loisir, encore moins un divertissement. Au contraire, si l'on en croit Frédéric Gros, ce serait plutôt une ascèse, au vieux sens grec - exercice, entraînement -, qui nous ramène à l'essentiel, c'est-à-dire à ce presque rien que nous sommes, présent-absent dans le monde, ne faisant qu'y glisser." (RP .D)














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"Marcher, une philosophie", de Frédéric Gros : crève pas, marche !:
"C'est ce que fait voir Frédéric Gros, dans un admirable petit livre qui ravira même les incurables sédentaires, ceux que Nietzsche appelait "culs-de-plomb". Car personne, après tout, n'est obligé de pratiquer la randonnée pédestre pour prendre plaisir et intérêt à cette prose intelligente et claire - rare, somme toute. Philosophie, ici, ne signifie ni pédanterie ni jargon. Frédéric Gros réinvente, à l'antique, une méditation qui accompagne le mouvement du corps et en creuse les sensations."En marchant, écrit-il, on échappe à l'idée même d'identité, à la tentation d'être quelqu'un, d'avoir un nom et une histoire." On songe à Michel Foucault, que Frédéric Gros a étudié, édité et commenté, disant : "J'écris pour n'être personne." Ecrire, marcher, serait-ce la même chose ? La parenté existe : nombreux sont les écrivains-penseurs-marcheurs. On en croise certains au fil des pages, depuis Nietzsche arpentant l'Engadine ou les collines niçoises jusqu'à Gandhi nomadisant en Inde avec la marche pour action, sans oublier ces promeneurs célestes que furent Rimbaud, Rousseau ou Thoreau. Contrairement à Kant, hygiéniste et métronome, ils convainquent que sur terre l'homme habite en marcheur. En parcourant le monde à pied, ne fût-ce que quelques heures ou quelques jours, on le voit tout différemment. Et l'on se voit soi-même autre.Car la marche insiste sur les articulations, en particulier celle du corps et de l'âme. Elle métamorphose le temps, impose fatigue à la pensée, se fait subversion ou vacuité. En pérégrinant, on se perd et se retrouve, comme en tout exercice spirituel. On cesse de s'affairer, on crée parfois. Nietzsche avait les sentiers pour atelier, d'autres y élaborent des psaumes. "Marcher fait venir naturellement aux lèvres une poésie répétitive, spontanée, des mots simples comme le bruit des pas sur le chemin."On évitera donc de croire que la marche est un sport. Pas même un loisir, encore moins un divertissement. Au contraire, si l'on en croit Frédéric Gros, ce serait plutôt une ascèse, au vieux sens grec - exercice, entraînement -, qui nous ramène à l'essentiel, c'est-à-dire à ce presque rien que nous sommes, présent-absent dans le monde, ne faisant qu'y glisser. Avec des mots de tous les jours, et sans en avoir l'air, façon Montaigne, ce philosophe donne là une vraie leçon.De ce livre, en fin de compte, on pourrait dire que le propos est ténu, les constats simples, les remarques presque toujours évidentes. Mais l'écriture est souveraine - limpide, exacte, les termes tous sentis. D'où ce ton juste, qui fait de ce petit volume une très bonne surprise. Du coup... on marche !"
-France Culture:F.Gros

-_Le sens de la marche..
-Petite philosophie du marcheur
-Sentier de Nietzsche
- JJ Rousseau et la marche

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