Ça va jazzer

https://www.jazzradio.fr/

mardi 28 février 2023

Drame à Huwara

Le chaos s'organise.

                         Haaretz, le seul journal "libéral" d'opposition qui reste en Israël, sioniste malgré tout, ne manque pas de courage depuis longtemps et sait faire entendre sa voix (minoritaire) dans des circonstances qui se tendent et se dramatisent dans le contexte israëlien d'aujourd'hui, qui commence à inquiéter pas seulement une partie de la population, mais, plus timidement,  certaines puissances "amies", qui s'effraient de la radicalisation d'un pouvoir soumis aujourd'hui aux extrémistes les plus radicaux. Bibi perd même ses soutiens aux USA. ________Une limite a été franchie. Des colons ont fait la loi en toute impunité, à un niveau encore jamais atteint. Le chaos de Huwara commence à inquiéter des puissances européennes traditionnellement "amies". Une "nuit de Cristal"? comme ose titrer un quotidien juif américain. Le journaliste franco-israëlien Charles Enderlin ne mange pas ses mots. Il y a dans ces derniers événements, où l'armée israëlienne est restée bien passive, comme elle l'a toujours été vis à vis des colons extrémistes, quelque chose d'inédit en même temps que tragique, faisant redouter pire encore.   


                                                                                                                    C'est Israël contre Israël. La réforme du système judiciaire est en train de mettre le feu aux poudres dans le pays, qui se droitise à l'extrême, dans une cécité renversante     . C'est une fuite en avant qui est aussi une impasse, pilotée dans l'ombre par un groupe de réflexion libéral. Beaucoup d' Israëliens éclairés se posent la question des risques courus pour la démocratie. La crainte du pire envahit les esprits à Jérusalem. Un pas de plus aussi dans les luttes internes, mettant en péril l'unité fragile d'un pays complexe?      _____L'historien isaëlien Daniel Batman est on ne peut plus clair: La maison brûle..
 Si Nétanyahou et sa coalition atteignent leur but, le système judiciaire sera totalement contrôlé par le gouvernement qui choisira et nommera les juges, non seulement pour la Cour suprême, mais pour l’intégralité du système de justice. L’équilibre des pouvoirs entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire aura vécu. Nous serons entrés en dictature. Les citoyens n’auront plus aucun moyen de se défendre contre le pouvoir. Qu’il s’agisse de leurs droits civiques, de la protection de leurs biens, de leur droit d’opposition politique, ils n’auront rien à attendre du gouvernement. Qui ne protégera que ceux qui le soutiendront. Irréel ! Mais c’est ce qui pourrait nous arriver.      Nétanyahou est un politicien populiste. Ce n’est pas nouveau. Il y a eu d’autres dirigeants populistes en Israël et ailleurs dans le monde. Même en Europe. Mais ce que Nétanyahou est en train de faire aujourd’hui en dénonçant l’opposition entre le peuple et les élites, c’est franchir le pont qui le rapprochera de ce qu’il risque de devenir : un dirigeant fasciste.
Je pense qu’il en est conscient, car il est tout sauf stupide. Il est même très intelligent. Mais je ne sais pas s’il mesure qu’il entraîne le pays vers des périls jamais affrontés jusque-là. Je ne parle pas des dangers qui menaçaient le pays entre 1967 et 1973, ni des risques dont on peut se protéger avec un mur de sécurité. J’hésite même à prononcer les mots « guerre civile », mais ce pourrait être quelque chose comme ça. Des affrontements, des violences dans les rues comme Israël n’en a jamais connu jusqu’à présent...."_
          Alliance de fer.    ____________

lundi 27 février 2023

La vache et le Président

           Il fallait y être

                            Le rituel annuel a été respecté. Comme tous les ans, le Président s'oblige à descendre dans l'étable, à se montrer au milieu de la gente bovine et à partager fromage, rillette et saucisson. Depuis Chirac surtout, le rituel est bien rodé, avec son lot d'imprévus, de prises à parti, d'altercations viriles, de mises en demeure. La routine, quoi....Comme on s'en doute, il fut quand même un peu question d'agriculture et des problèmes qu'elle affronte dans ce tournant historique, au coeur d'un commerce mondial impitoyable et d'une crise climatique qui interroge. 


                              Les questions de fond comme celle de l'indépendance alimentaire ne fut pas vraiment évoquée. Le déclin relatif de notre capacité agricole encore moins: "...La France importe près de 63 milliards d'euros de denrées alimentaires, soit 2,2 fois plus qu'en 2000. La plupart des secteurs sont touchés : un poulet sur deux consommés en France est importé ;   56% de la viande ovine consommée en France est d'origine importée ; 28% de la consommation de légumes et 71% de la consommation de fruits sont importés...."   Les grands distributeurs ne sont pas pour rien dans le renchérissement des prix, mais il y a une problème à la source. Les sociétés financiarisées commencent à prendre le contrôle. Et au niveau mondial, le défis sont nombreux. L'élevage n'est pas sans poser des problèmes. La souveraineté alimentaire est en question. Les fractures sont nombreuses. L'agriculture intensive de par le monde ne va pas sans effets pervers. Au niveau mondial, on peut noter une forte instabilité et nombre d'incertitudes.
      __ Une vieille histoire: "...Aujourd'hui, en France, les derniers paysans bénéficient de conditions matérielles proches de celles des employés en ayant toutefois fait le sacrifice de leur indépendance à l'agro-industrie et à la grande distribution. Ils sont souvent devenus des ouvriers à domicile payés à la pièce, mais toujours à la merci du climat et de la spéculation, ainsi que le déplore Matthieu Calame. Fait aggravant, la monnaie unique a levé toutes les barrières à l'importation de produits agro-alimentaires à bas coût issus des fermes industrielles d'outre-Rhin. Il s'ensuit que la France, bien qu'exceptionnellement dotée par la nature, a perdu en vingt ans sa place parmi les grands exportateurs de produits agro-alimentaires et risque même de devenir débitrice nette avec plus d'importations que d'exportations..." ___________________  ___________

dimanche 26 février 2023

Petit billet dominical

__ Micropolluants

__ Même Jeff!

__ Utopie (?)

__ Banalisation

__ Bataille du rail?              

__ Résilience russe?

__ Aujourd'hui la Caspienne?

__ Pollution éternelle

__ La honte et la morale

__ Fin de l'âge d'or coréen?

                      _______________Revue de presse ___________________

samedi 25 février 2023

Un dernier mot?

Sur les retraites...

        Ou plutôt sur cette nouvelle mouture qui nous est proposée....Il y a ce qu'on croit, ce que l'on dit et ce que l'on répète. Sur la base de données approximatives, d'injonctions venant de haut, de répétitions prenant valeur de vérité. Il y a encore beaucoup à dire sur une (nouvelle) réforme sortie du chapeau des experts de Bercy, alors que certains pays qui ont réfléchi à des modifications sans doute nécessaires, ont mis parfois une dizaine d'années avant d'arriver à des conclusions imparfaites, comme en Suède... Pourquoi tant de hâte et d'obstination, sur les injonctions de Bruxelles? Ne s'agirait-il pas d'abord de rassurer les marchés, très attentifs, comme l'a dit A.Minc?  Il y aurait des progrès à faire...  


                                                                                                                Point de vue: il y a des élément d'impensé dans les mesures qui sont avancées, que peu de gens comprennent toujours bien, d'autant plus que la voix gouvernementale cafouille parfois, comme sur la question des carrière longues...."...Évoquons d’abord l’abandon de la question du chômage. Celui-ci est aggravé dès lors que des emplois sont rendus indisponibles par le fait de reculer l'âge de la retraite. Le partage du travail, en revanche, permettrait de lutter contre le chômage tout en gardant la retraite à 62 ans. Il faut donc en finir avec le sophisme selon lequel "on vit plus longtemps donc on doit travailler plus longtemps". Cette affirmation est fausse par son abstraction. L'égalité devant la mort n'existe pas. Et la différence d’espérance de vie selon les métiers a des conséquences lourdes. Pour l'ouvrier qui meurt 8 ans avant un cadre supérieur, travailler plus longtemps c'est aussi mourir plus tôt, et ne pas pouvoir profiter de la retraite.                                           
Quant aux gains de productivité du travail, il est scandaleux de les passer sous silence quand on entend souligner le déficit prétendu des personnes qui assument le financement des retraites par rapport à celles qui en jouissent. Quand on souligne qu'en 1950 il y avait quatre "actifs" pour un retraité, alors qu'en 2020 il y en a "seulement" 1,7, on abdique tout sens historique. On oublie que si les quatre actifs produisaient des biens mesurables par l'indice 400, 1,7 "actifs" produisent aujourd'hui des biens mesurables par l'indice 1200 (INSEE). Qu'a-t-on fait des gains de productivité ainsi multipliés par 10 ? Le capitalisme définirait-il la seule manière possible de les utiliser ? Par quel paradoxe le progrès de la productivité peut-il conduire à repousser l'âge de la retraite ? Objection : « Le travail produit beaucoup plus dans le même temps donc on peut travailler moins sans risque pour l’économie ». La logique du capitalisme mondialisé est autre. Il joue la géographie des délocalisations contre l’histoire des conquêtes ouvrières pour réduire le coût du travail.                                Aggravation du chômage, allongement de la pénibilité, absence de prise en compte des gains de productivité… Évoquons d’abord l’abandon de la question du chômage. Celui-ci est aggravé dès lors que des emplois sont rendus indisponibles par le fait de reculer l'âge de la retraite. Le partage du travail, en revanche, permettrait de lutter contre le chômage tout en gardant la retraite à 62 ans. Il faut donc en finir avec le sophisme selon lequel "on vit plus longtemps donc on doit travailler plus longtemps". Cette affirmation est fausse par son abstraction. L'égalité devant la mort n'existe pas. Et la différence d’espérance de vie selon les métiers a des conséquences lourdes. Pour l'ouvrier qui meurt 8 ans avant un cadre supérieur, travailler plus longtemps c'est aussi mourir plus tôt, et ne pas pouvoir profiter de la retraitQuant aux gains de productivité du travail, il est scandaleux de les passer sous silence quand on entend souligner le déficit prétendu des personnes qui assument le financement des retraites par rapport à celles qui en jouissent. Quand on souligne qu'en 1950 il y avait quatre "actifs" pour un retraité, alors qu'en 2020 il y en a "seulement" 1,7, on abdique tout sens historique. On oublie que si les quatre actifs produisaient des biens mesurables par l'indice 400, 1,7 "actifs" produisent aujourd'hui des biens mesurables par l'indice 1200 (INSEE). Qu'a-t-on fait des gains de productivité ainsi multipliés par 10 ? Le capitalisme définirait-il la seule manière possible de les utiliser ? Par quel paradoxe le progrès de la productivité peut-il conduire à repousser l'âge de la retraite ? Objection : « Le travail produit beaucoup plus dans le même temps donc on peut travailler moins sans risque pour l’économie ». La logique du capitalisme mondialisé est autre. Il joue la géographie des délocalisations contre l’histoire des conquêtes ouvrières pour réduire le coût du travail                                     Financer les retraites...Voilà le leitmotiv ressassé, sur la base d'une approche comptable partiale qui passe sous silence le rôle possible des cotisations patronales, et des augmentations de salaire, pour un partage plus équitable des gains de productivité. L’impensé des économistes néo-libéraux favorables aux réformes actuelles est l'accroissement vertigineux, depuis 1975, des inégalités entre les revenus du capital et ceux du travail, et des inégalités de patrimoine.   Comparons les Trente Glorieuses (entre 1950 et 1983) et l'âge de la mondialisation capitaliste (entre 1983 et 2016). Entre 1950 et 1983, les revenus ont progressé de 4% par an pour la majorité de la population, et les plus hauts revenus ont progressé d’à peine 1% par an. La solidarité redistributive a bien fonctionné. Pour les 33 années qui suivent, c’est l’inverse qui se produit. Entre 1983 et 2016, le revenu moyen des 1% les plus aisés a progressé de 100% (en sus de l’inflation), et celui des 0,1% les plus aisés de 150%, contre à peine 25% pour le reste de la population (soit moins de 1% par an). Les 1% les plus riches ont alors capté 21% de la croissance totale, contre 20% pour les 50% les plus pauvres. Les chiffres confirment aussi la forte croissance des plus hauts patrimoines. Les entreprises du CAC 40 ont distribué 60 milliards d'euros de dividendes en 2019 battant le record de 2008. La solidarité s'est donc effondrée, à rebours du modèle social français. En France, la fin des « Trente Glorieuses », conjuguée avec le premier essor d’une mondialisation capitaliste débridée, a consacré le démantèlement des conquêtes sociales et tout particulièrement des services publics, forme de salaire indirect qui tempère les inégalités. Denis Kessler, vice président du CNPF (devenu le MEDEF) a indiqué le vœu du patronat dans la revue Challenges, le 4 octobre 2007 :« Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer... Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! » Un vœu parachevé par M. Macron, soldat zélé du MEDEF, récent fossoyeur du code du travail, du statut de la SNCF, des allocations chômage, et aujourd'hui des retraites.              A qui profitent ces réformes ? Les statistiques de l’INSEE en témoignent. Voyez les rémunérations exorbitantes des dirigeants et le niveau abyssal de leur fortune. Et c’est une telle ploutocratie qui s’insurge contre l’idée d’une majoration des cotisations patronales destinées à conforter les retraites par répartition ! On mesure cet égoïsme de classe et les bénéfices secondaires qu’elle en tire dans la perspective d’une retraite par capitalisation, accessible seulement à ceux qui ont les moyens d’épargner. Du pain bénit pour les fonds de pensions et les assurances privées. En France, un salarié travaille 45 jours par an pour payer les dividendes des actionnaires. En 1981, c’était 10 jours.                                                                     Quant aux nouvelles pénibilités, elles justifient des régimes spéciaux de retraite. Le gouvernement l'a prouvé en décidant de maintenir pour les policiers un régime spécial. Que ne fait-il la même chose pour les autres métiers pénibles ? Comment peut-on prétendre que la pénibilité du travail des cheminots a disparu avec la locomotive à vapeur ? Le stress du conducteur d'un TGV lancé à 340 km/heure est bien réel, de même que le fait de travailler à toute heure. Comme pour les mineurs jadis, voués à la mort par les coups de grisou et la silicose, nombre de professions sont aujourd’hui pénibles. Refuser de prendre en compte le port de charges lourdes est une honte. Les déménageurs et les ouvriers du bâtiment, pour ne citer qu’eux, apprécieront ce refus réaffirmé par le président de la République, en cela fidèle serviteur du Medef.      Quant aux 28 suicidés de France Télécom, leur sacrifice, récemment condamné par la justice, pourrait nous rappeler le stress angoissant d'un qui-vive permanent lié au turn-over des postes. Pensons également aux enseignants sous-payés, qui dans les classes subissent de plein fouet le dénigrement de l'Ecole par des parents déboussolés, l'indiscipline et l'irrespect d'enfants à qui on n'inspire plus le goût et le respect de l'Ecole comme du savoir qui les émancipe. Il en va de même de la multiplication ubuesque de tâches administratives diverses. Christine Renon, directrice d’école à Pantin, s’est suicidée le 21 septembre 2019 en disant sa souffrance dans une lettre bouleversante. Pensons aussi aux infirmières, si mal payées, stressées par la misère des hôpitaux publics, victimes de la réduction de la dépense publique. Pendant ce temps, les cadeaux fiscaux vont bon train pour les plus riches. Cet inventaire des nouvelles pénibilités n’est pas exhaustif, et il faudrait le relier avec la différence de l'espérance de vie.                                                                                      Aggravation du chômage, allongement de la pénibilité, absence de prise en compte des gains de productivité… Pour le philosophe Henri Peña-Ruiz, auteur notamment de « Marx quand même » (Plon), « Entretien avec Karl Marx » (Plon) et « Karl Marx penseur de l’écologie » (Seuil), bien des arguments en faveur de la réforme des retraites méritent des objections en règle.   Évoquons d’abord l’abandon de la question du chômage. Celui-ci est aggravé dès lors que des emplois sont rendus indisponibles par le fait de reculer l'âge de la retraite. Le partage du travail, en revanche, permettrait de lutter contre le chômage tout en gardant la retraite à 62 ans. Il faut donc en finir avec le sophisme selon lequel "on vit plus longtemps donc on doit travailler plus longtemps". Cette affirmation est fausse par son abstraction. L'égalité devant la mort n'existe pas. Et la différence d’espérance de vie selon les métiers a des conséquences lourdes. Pour l'ouvrier qui meurt 8 ans avant un cadre supérieur, travailler plus longtemps c'est aussi mourir plus tôt, et ne pas pouvoir profiter de la retraite.                                                                                                                                       Quant aux nouvelles pénibilités, elles justifient des régimes spéciaux de retraite. Le gouvernement l'a prouvé en décidant de maintenir pour les policiers un régime spécial. Que ne fait-il la même chose pour les autres métiers pénibles ? Comment peut-on prétendre que la pénibilité du travail des cheminots a disparu avec la locomotive à vapeur ? Le stress du conducteur d'un TGV lancé à 340 km/heure est bien réel, de même que le fait de travailler à toute heure. Comme pour les mineurs jadis, voués à la mort par les coups de grisou et la silicose, nombre de professions sont aujourd’hui pénibles. Refuser de prendre en compte le port de charges lourdes est une honte. Les déménageurs et les ouvriers du bâtiment, pour ne citer qu’eux, apprécieront ce refus réaffirmé par le président de la République, en cela fidèle serviteur du Medef.    Quant aux 28 suicidés de France Télécom, leur sacrifice, récemment condamné par la justice, pourrait nous rappeler le stress angoissant d'un qui-vive permanent lié au turn-over des postes. Pensons également aux enseignants sous-payés, qui dans les classes subissent de plein fouet le dénigrement de l'Ecole par des parents déboussolés, l'indiscipline et l'irrespect d'enfants à qui on n'inspire plus le goût et le respect de l'Ecole comme du savoir qui les émancipe. Il en va de même de la multiplication ubuesque de tâches administratives diverses. Christine Renon, directrice d’école à Pantin, s’est suicidée le 21 septembre 2019 en disant sa souffrance dans une lettre bouleversante. Pensons aussi aux infirmières, si mal payées, stressées par la misère des hôpitaux publics, victimes de la réduction de la dépense publique. Pendant ce temps, les cadeaux fiscaux vont bon train pour les plus riches. Cet inventaire des nouvelles pénibilités n’est pas exhaustif, et il faudrait le relier avec la différence de l'espérance de vie.                                                          Quelle différence d'espérance de vie, et de vie en bonne santé, entre les catégories sociales les plus aisées et les plus démunies ? Place aux chiffres de l’Insee.  Entre 2012 et 2016, le niveau de vie des personnes situées parmi les 5 % les plus aisées atteint une moyenne de 5 800 euros mensuels. Parmi les personnes les plus aisées, à la naissance, les hommes ont une espérance de vie de 84,4 ans. En revanche, parmi les 5 % de personnes les plus modestes, dont le niveau de vie moyen n’atteint que 470 euros par mois, les hommes ont une espérance de vie de 71,7 ans. Les personnes les plus aisées vivent donc en moyenne 13 ans de plus que les plus modestes. Pour les femmes, un tel écart est plus faible : à la naissance, l’espérance de vie parmi les 5 % de personnes les plus aisées atteint 88,3 ans, contre 80,0 ans parmi les 5 % les plus modestes, soit 8 ans d’écart. Selon l’enquête Santé et protection sociale de 2014, 11 % des adultes issus des 20 % les plus modestes ont renoncé à consulter un médecin au cours de l’année, contre 1 % des adultes issus des 20 % les plus aisés....."  (Merci à H. P-R)  ___                                                    ____Il faut écouter la parole d'un "sage":
                                                         "... Tant qu'on n'a pas réglé le problème du chômage, dans notre pays, franchement, ce serait assez hypocrite de décaler l'âge légal. Quand, aujourd'hui, on est peu qualifié, quand on vit dans une région qui est en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu'on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver déjà à 62 ans...Mais on va dire: "Maintenant il faut passer à 64 ans?...Vous ne savez déjà plus comment faire après 55 ans. Les gens vous disent: les emplois ne sont plus bons pour vous. C'est ça la réalité.. ...On doit alors gagner ce combat avant d'aller expliquer aux gens: "Mes bons amis, travaillez plus longtemps." Ce serait hypocrite...." (E.Macron, conf. de presse, 25 avril 2019)________

vendredi 24 février 2023

Prof's

     En première ligne

                   Métier à risques

                Elle a été une victime malheureuse.. L'enquête suit son cours. Pas la peine d'en rajouter à la douleur et à la consternation. Beaucoup de profs sont en plein désarroi. On les comprend. Etant donné le contexte de l'acte meurtrier, sur fond de profond malaise dans l'EN, de dérives qui ne doivent rien au hasard.                                             Si l'heure est à l'émotion partagée, à la colère aussi, la déploration a ses limites. Laissons à la presse faire ses choux gras de l'affaire, frôlant souvent l'indécence. Nous ne sommes pas aux USA, où les pleurs des familles ne changent jamais rien. Et attendons l'aboutissement de l'enquête pour y voir plus clair.   


                                  Mais il conviendrait déjà de s'interroger sur cette tragédie qui n'avait peut-être rien de tout à fait inéluctable. On peut la juger comme une conséquence de l'épuisement d'un système, sa faillite par maints aspects (même si un acte extrême comme celui-là est peu prévisible).  Il y a des précédents, sans parler de l'affaire Paty. . Surtout, il y a une faille dans le suivi des élèves connus comme pathologiquement marqués. Il n'y pas que la performance qui baisse, une certaine forme de "bienveillance" ne vient rien arranger. L'école dite "inclusive", telle qu'elle est pratiquée en France,  montre ses limites. Surtout pas de vague!...                                                                                                                          Le repérage et le suivi psychiatrique de certains élèves ne peut être que défaillant, la où l'abandon psychiatrie est devenu la règle. "...Il faut un  suivi adapté entre les conseillers principaux d'éducation du collège et ceux du lycée. On voit arriver des élèves qui ont des problèmes visiblement psychiatriques, avec des comportements bizarres. On a déjà alerté l'administration et le ministre. Mais il n'y a toujours pas cette démarche de signalement, avant ce moment particulier d’un changement de cycle comme l’arrivée au lycée..”  Sans oublier nombre d'adolescents déstructurés.   Et le psychiatrie est devenue le parent pauvre en France. Ls médecins scolaires, n'en parlons pas; ils ont disparus. Les infirmières, insuffisantes, se débrouillent avec les moyens du bord. Les psys sont rares. Ces conditions dégradées, malgré l'engagement des profs, n'expliquent pas tout, mais ne peuvent pas ne pas être évoquées.                                                                                                Avis d'un prof très concerné:

...Ce jeune homme a 16 ans, cela peut donc avoir été diagnostiqué. après, effectivement il faut attendre les résultats de l'enquête, mais il ne peut pas en être arrivé avec une arme dans son sac sans qu'il n'y ait eu de soucis auparavant... J'ai personnellement un élève de 3e détecté schizophrène, il est sous traitement lourd, m'a agressé physiquement, a été exclu provisoirement de mes cours, est revenu; j'ai envoyé un mail à ma direction expliquant que je ne me sentais pas en sécurité avec lui en classe; je n'ai jamais eu de retour de mail... aujourd'hui,je me dis que cette prof d'espagnol (je le suis aussi), ca aurait pu être moi... et j'ai peur...  ____________________

jeudi 23 février 2023

Les chênes et les Chinois

Notre forêt en coupe réglée?

                             Du pillage organisé

                               On en prend le chemin, au vu des tendances mercantiles actuelles. "...Des centaines de milliers de mètre cubes de chêne quittent ainsi le territoire français chaque année en direction des ports de Qingdao ou de Shanghaï..."... pour nous revenir plus tard transformés, suivant parfois des parcours douteux. Colbert se retournerait dans sa tombe. Un trafic lucratif s'est mis en place depuis des années. "... La forêt devant apporter les fruits financiers nécessaires à sa gestion, elle devient un objet de rendement, impliquant une foresterie essentiellement orientée vers la fonction économique, contredisant de fait les orientations initiales de Pisani..."                                                                            La France reste un pays où la forêt reste remarquable par sa surface et la diversité de ses essences. Malgré les canicules successives dans certaines régions, qui affectent surtout les conifères par un développement important de scolytes qui force à l'abattage, nous n'en sommes pas comme dans certaines régions du monde où les pics extrêmes de chaleur deviennent extrêmement problématiques.                                                                             Mais les garde forestiers sonnent le tocsin, dénonçant la dérive purement commerciale de la gestion des bois et revendiquant une vision de l'avenir avec d'autres enjeux. "...L’ONF n’est pas en déficit, il est en manque criant de financements, c’est différent ! Le vocabulaire que l’on utilise a un sens. Un service public existe parce qu’il répond à des missions d’intérêt général qui nécessitent des investissements sur le long terme ; il n’a pas pour but premier d’être rentable. L’ONF a un rôle de protection et de police qui ne peut pas répondre à des objectifs purement financiers. Nos forêts ne sont pas des usines à bois. Elles captent le carbone, filtrent l’eau, préservent la biodiversité. Ce sont d’abord et avant tout des biens communsNous devons donc changer le modèle économique de l’ONF. Aujourd’hui, il est clair que nous ne pouvons plus financer un service public principalement avec les recettes issues de la vente du bois des forêts publiques. Depuis plusieurs décennies, les cours du bois sont orientés à la baisse comme la plupart des matières premières agricoles. En trente ans, la récolte en forêts d’État a augmenté de 30 % mais les recettes ont diminué de 30 %. Cela ne peut plus continuer ainsi, d’autant que la situation risque de se dégrader davantage avec le changement climatique, l’augmentation des sécheresses, des tempêtes et des pathogènes. Nous devons rompre avec ce modèle qui pousse au productivisme au détriment des écosystèmes...".                                                                                                                                  Un modèle de gestion économique qui coûte cher: nous exportons du bois qui nous revient en meubles que nous ne fabriquons plus chez nous. Et une déforestation accélérée dans d'autres pays.    La France peut se vanter de posséder un domaine forestier parmi les plus importants et les plus variés d'Europe, dont la gestion ne peut être laissée au hasard, aux bons vouloirs des autorités locales et surtout des particuliers, voire des lobbies commerciaux, mais elle suppose surveillance, contrôle, gestion dans le temps avec une vision d'avenir, pour une pérennité garantie dans la diversité des adaptations au cours du temps. 

         Les arbres se développent  au-delà de nos courtes vies, de nos projections limitées et on en connaît mieux l'importance d'un point de vue écologique. Ils ne sont donc pas seulement des éléments "bons à abattre" pour le chauffage ou les scieries, ils nécessitent surveillance, soins, intelligence et souci d'avenir. Les ventes de bois sont nécessaires, de manière raisonnable, souvent dans l'intérêt même de la forêt elle-même.                                                                                                                                      ______ Mais, depuis un certain nombre d'années, le monde des forestiers vit assez mal les différentes réformes qui affectent leur activité et qui se profilent à l'horizon. Certaines les touchent particulièrement, dans la tendance constatée un peu partout, sous la pression libérale, notamment celle consistant à privatiser leur fonction et à réduire drastiquement leur nombre, dans la perspective d'une gestion à court terme et au nom de la rentabilité, qui ne serait pas au rendez-vous.              ___Un grand nombre de forestiers sont en plein désarroi et le font savoir, malgré leur petit  nombre. Les nouvelles tendances gestionnaires, comme la spécificité de leur statut particulier, les mènent à se manifester, à sortir de leur silence traditionnel. Ils dénoncent purement et simplement un démantèlement de l'ONF ainsi que certaines dérives mercantiles, qui ne sont pas propres à leur secteur d'activité.   IL s'agit de la forêt publique, qu'ils estiment en danger, toutes associations réunies. Ils remettent en question une tendance lourde ou insidieuse:               ___ "....En proposant de généraliser les possibilités de recrutement d’agents contractuels de droit privé, cet article acte une dérive qui s’est installée depuis plusieurs années au sein de l’Office : le remplacement de fonctionnaires assermentés par des salariés de droit privé. Depuis trois ans, les concours de recrutement de techniciens forestiers fonctionnaires sont bloqués et les postes de gardes forestiers sont affectés massivement à des contractuels. La conséquence de cette politique est un affaiblissement de la protection des forêts. Au quotidien, les agents forestiers sont soumis à de nombreuses pressions pour couper davantage de bois, fermer les yeux sur des dégâts causés par l’exploitation forestière, sur des dérives liées à la pratique de la chasse ou encore sur des décharges sauvages en forêt. Le fait d’être assermenté leur permet de résister à ces pressions et donc de protéger au mieux la forêt et l’intérêt général. Pourtant, le projet du gouvernement est de confier à des salariés de droit privé l’ensemble des missions actuellement exercées par des fonctionnaires, ce qui inclut, par exemple, la recherche et la constatation des infractions pénales en matière forestière. Une incongruité relevée par le Conseil d’État et corrigée par le Sénat qui a amendé le texte pour préciser que seuls les agents assermentés sont habilités à rechercher et à constater ce type d’infractions. Les amendements apportés par le Sénat ne règlent qu’en apparence le problème car, depuis 30 ans, le nombre de gardes forestiers assermentés est passé de 9000 à 3000 sur l’ensemble des forêts publiques soit 10% du territoire. L’application en l’état de l’article 33 de la loi ASAP permettrait d’en réduire encore fortement le nombre au détriment de la protection des écosystèmes forestiers. Travaillant le plus souvent seuls et avec des surfaces de forêts à gérer toujours plus grandes, les agents assermentés ne sont déjà plus en capacité de remplir les missions de protection qui leur sont confiées par la loi. Alors que les réformes de l’ONF se succèdent depuis 15 ans, ils dénoncent une perte de sens de leur métier. Les liens de confiance qui s’étaient tissés entre l’ONF, les élus et les citoyens s’étiolent peu à peu. Tout ceci a des conséquences dramatiques : depuis 2005, on recense plus de 50 suicides à l’ONF, un taux plus fort qu’à France Télécom (devenu Orange) rapporté à l’effectif...."__

            Les risques de surexploitation ne sont pas un fantasme. Les dégradations sont là, les pressions sont fortes. Le climat est délétère. Nos forêts nous survivront certes, mais dans quel état? Même  si, comme on le dit, la nature reprend ses droits. Les confrontations sont vives entre les purs "marchands" et les partisans d'une saine gestion à long terme d'un patrimoine inestimable...pas seulement financièrement.   Il reste encore à  trouver un équilibre entre un colbertisme revu et adapté et le nouvel esprit gestionnaire...._______

mercredi 22 février 2023

Lire et lire...

    On ne le dira jamais assez

                           Lire fait vivre...




Varia

1.  Guerre des puces

2.  Détruire, dit-il...

3.  Epuisement

4.  Management retors

5.  Amortisseurs malades

6.  Fini le krach?

7.  Japan Today

8.  Lituanie en tête

9.  Péter les plombs

10. Juteux business   

11.Les intouchables

12. La plume et le clavier

13. Voir Calais et mourir

14. Economie de l'Ukraine en guerre      ____________________________

mardi 21 février 2023

Pas bête...

 Je dirais même intelligent... Y'a encore du boulot

               Oui mais quelle intelligence?

         Une valeur à éclaircir...                                                  ___________________

Folie américaine

 Les Uniens et leurs démons.

                                     Toutes les études le confirment. Le nombre de tués par armes à feu (parfois de guerre) ne faiblit pas Outre-Atlantique. On le savait depuis longtemps. Le bilan est effrayant. Ce qui est notable, c'est qu'un écrivain célèbre comme Paul Auster, mais pas seulement lui, fait un diagnostique sans concession du mal qui ravage régulièrement son pays, stimulé par une vieille tradition, ancré dans l'histoire profonde du pays, toléré par un amendement considéré comme intangible et encouragé par le juteux commerce de la NRA, qui a pignon sur rue et qui sait soudoyer les élus. "Les Américains possèdent 393 millions d’armes à feu, soit plus d’une par habitant", signale l'auteur, qui s'interroge:   


                                                                                                                                                    "...Comment trouver les mots pour dire le claquement des coups de feu, les corps en sang, l’horreur de la violence ? Paul Auster y parvient, racontant par exemple, minute par minute, le massacre qui eut lieu le 5 novembre 2017 dans la First Baptist Church de Sutherland Springs, qui fit 26 morts et 22 blessés.... Il pénètre dans le cerveau du « taré » qui a décidé de massacrer cette petite communauté du Texas et retrouve la trace du plombier qui, réveillé de sa sieste, courut chercher un fusil dans son armurerie personnelle puis fonça vers l’église où il réussit à mettre le tueur hors d’état de nuire.  Mais la force de cet essai, qui s’achève par une réflexion sur la présidence Trump et l’attaque du Congrès, réside aussi dans les photos des lieux où eurent lieu les massacres, prises par le jeune artiste Spencer Ostrander : des églises, des supermarchés, des écoles. Des espaces vides, pour la plupart fermés aujourd’hui, comme l’Amérique en compte tant sur son territoire. « Pays de sang » n’est pas un livre ordinaire. C’est une œuvre terrible, un réquisitoire profondément humain et un coup de gueule ..."    Les USA, " le pays le plus brutal du monde occidental. « Les fusillades, ou tueries de masses, ne représentent qu’une petite fraction des morts par balles en Amérique, elles se produisent néanmoins à une fréquence époustouflante, environ une par jour en moyenne sur une année. »                                                                    Les larmes et les déplorations officielles n'y changent rien. Avec des armes toujours plus puissantes, c'est plutôt une terrible montée en puissance que l'on déplore régulièrement, même de la part de gamins. Les fusillades de masse ne se sont pas ralenties.                                                     Ne parlons pas des guerres menées par la puissance américaine, dont les justifications se sont avérée plus que douteuses. 
  __________

lundi 20 février 2023

Dans la caverne aujourd'hui...

 Les hommes à com.

              Une presse malade. Des Fake nows en abondance. Le choix des sources.

         Une lecture actualisée et "libre" de Platon....    ___________________

Nourrir les hommes

Quoi de plus fondamental?

                                 Un problème qui est loin d'être résolu à l'échelle de la planète. La famine est même en hausse dans le monde. La réorganisation des politiques agricoles est une nécessité. Le défit que représente la Chine et son immense population est à prendre à compte.  "...Avec 18 % de la population mondiale pour seulement 8,6 % des terres arables en 2020, la Chine fait face à un défi quasi structurel de sécurité alimentaire. D’autant que ses terres arables ont diminué de 6 % de 2009 à 2019 (ministère des Ressources naturelles) sous la pression de l’urbanisation et offrent une productivité moyenne relativement modeste.   Cette situation délicate est aggravée par la pollution des eaux et des sols, particulièrement saillante par le passé du fait d’une administration peu regardante. Jusqu’au début des années 2000, la consommation alimentaire chinoise était assurée principalement par des approvisionnements locaux, le commerce avec le reste du monde étant extrêmement limité.  L’enrichissement de la Chine s’est traduit par une transformation de son régime alimentaire : plus de calories et de protéines consommées et plus de produits d’origine animale ; d’après FAOSTAT, en Chine, la part des protéines d’origine animale dans le total des protéines consommées est passée de 32 % en 2001 à 39 % en 2018.   


                                                                                      
Ce supplément de demande n’ayant pas pu être satisfait par la production intérieure, les importations de produits alimentaires chinois ont commencé à augmenter en 2002, le déséquilibre entre consommation et production s’accélérant même depuis 2013 jusqu’à conduire la Chine à devenir le premier importateur mondial de produits agricoles et alimentaires en 2012....Résultat, au cours de la période 2010-2017 la Chine a procédé à une fantastique accumulation de stocks de grains, de sorte qu’aujourd’hui les stocks de l’ensemble des céréales et oléagineux sont estimés à près de 500 millions de tonnes, pour une consommation annuelle de 780 millions de tonnes (graphique 2). Même si ces stocks ont été pour beaucoup accumulés à partir de productions domestiques, ils ont nécessité d’augmenter les importations : les stocks actuels correspondent à près d’un tiers des importations chinoises depuis 2000.   La politique de stockage chinoise illustre bien les effets secondaires d’une politique nationale sur la sécurité alimentaire mondiale. Du fait de la taille du pays, le stockage chinois de céréales et d’huiles végétales a des répercussions significatives sur les équilibres globaux. Concernant le blé, les stocks chinois représenteraient aujourd’hui environ 20 % de la consommation mondiale (graphique 3), soit 54 % des stocks mondiaux. La situation serait encore pire pour le maïs (69 %) et le riz (64 %)...."                                                                                                                                           Une situation périlleuse à l'échelle mondiale, la demande alimentaire chinoise ayant explosé.  Les fractures alimentaires ne sont pas prêtes de se réduire. Surtout aujourd'hui. ______

dimanche 19 février 2023

Rapide survol

__ Crypto-gangster

__ Pas une blague 

__ Baisse du chômage?

__ Brexit or no? 

__ Désinformation      

__ Bravo Auchan!

__ Noir c'est noir...

__ Uber et Manu

__ Pérou en révolte

__ Total aime l'école

__ Accueil argentin

__ Inégalités et social démocratie

__ Anthroposophie  et raison

        _______________ Revue de presse. _________

samedi 18 février 2023

Ils surveillent...

 On s'en doutait un peu.

                        Des pois chiches dans le couscous...

                                     Une réforme Dracula...  Plus de mémoire    _________________


                                                                  __________________________________

vendredi 17 février 2023

D'une guerre à l'autre

             Πόλεμος πάντων μὲν πατήρ ἐστι... 

                                        La guerre serait-elle le père de tout, comme l'écrivait le vieil Héraclite, en prenant le terme au sens large? Ou l'accoucheuse de nouvelles formes de société, comme le pensent certains du terrible conflit de 14-18, qui a amené un changement d'ère. Mais le philosophe grec pensait aussi aux luttes conflictuelles qui conditionnent la vie dans la nature: la lutte des espèces, comme les confit internes de notre vie organique entre les forces de vie et celles de dissolution, ente les virus et les globules blancs... Aucun cynisme ici, c'est une réalité vitale. Pour la guerre, c'est autre chose. Là s'affrontent passions et intérêts, parfois jusqu'à la démesure...    Si on sait comment elle commence, on ne peut deviner comment elle finira...                                                                                                                                 Qu'en est-il du conflit qui se déroule sous nos yeux, dont on voit pas l'issue, ni même la logique? Où est impliquée la Russie et sa prétendue partie rebelle, l'Ukraine. Les appréciations sont hésitantes, même si les partis pris sont fermes. Les incertitudes sont grandes sur la suite d'événements qui s'incrustent et se durcissent et ses conséquences, pas seulement européennes.           Certains parlent de course au désastre, par analogie avec le conflit e 14-18, qui vit, par le jeu des alliances, un conflit s'éterniser dans des extrêmes non envisagés au départ. Difficile à savoir, à anticiper, dans les crispations actuelles et le feu de l'action. Dans l'aveuglement général, certains tentent des hypothèses, comme Stéphane Audoin-Rouzeau  "... directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), spécialiste de la Première Guerre mondiale et président du Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre. Il publie aux Belles Lettres La Part d’ombre. Le risque oublié de la guerre, en forme de dialogue avec Hervé Mazurel, historien des affects et des imaginaires.  À partir de son travail sur la Première Guerre mondiale et sur l’anthropologie des violences de guerre, Stéphane Audoin-Rouzeau remet en cause la perception du conflit ukrainien. Pourquoi croire à une prochaine offensive russe ? Continuer à questionner les origines de la guerre revient-il à négliger de penser l’événement actuel ? Que serait une paix juste et à quel déni correspond le fait d’imaginer qu’un accord négocié en constitue l’inévitable issue ? Enfin : les pacifistes contemporains sont-ils des collabos ? Point de vue et entretien


                                                                  
Mediapart : Andriy Yermak, bras droit de Volodymyr Zelensky, a récemment affirmé : « C’est la bataille de Verdun du XXIe siècle qui a lieu en ce moment à Bakhmout et à Soledar. » Au-delà de la communication ukrainienne, habile à renvoyer chaque pays à ses propres références, qu’est-ce que cela inspire à l’historien de la Grande Guerre que vous êtes ?  _________
Stéphane Audoin-Rouzeau : Je suis effectivement frappé par les ressemblances entre la Première Guerre mondiale et ce qui se déroule aujourd’hui en Ukraine. Après l’échec de la « guerre de mouvement » russe en février et mars 2022, le conflit s’est transformé en guerre de positions, sur un front très étendu, quoique beaucoup moins « compact » que durant la Grande Guerre.    À l’époque, on trouvait près de trois millions d’hommes de chaque côté d’un front étendu sur 700 kilomètres. Aujourd’hui, il y a quelques centaines de milliers d’hommes de part et d’autre d’un front qui s’étire sur plus de 1 000 kilomètres. Mais, dans les zones très disputées, on voit se reconstituer des lignes de tranchées dont la morphologie est très similaire à celle des tranchées de la Grande Guerre, organisées selon un dispositif de lignes de défense successives.                                                                                                                                          Ce système de siège réciproque, où chacun s’est enterré pour se protéger, est extrêmement difficile à briser, comme l’expérimentent les Russes à Bakhmout, mais aussi les Ukrainiens ailleurs : dans cette configuration, la défensive l’emporte sur l’offensive. C’est un type d’affrontement épuisant pour les combattants, puisque la bataille est continue et qu’il faut tenir les lignes jour et nuit. Un type de combat extraordinairement meurtrier également. Alors qu’on s’attendait à un scénario très différent, on se retrouve donc dans une situation proche de ce que l’on a connu il y a plus d’un siècle. On constate ainsi que l’arme de domination du champ de bataille est, de nouveau, l’artillerie, et non l’aviation, pour appuyer une infanterie dont le rôle reste déterminant. Du même coup, une notion qu’on pensait vieillie, celle de « forces morales », retrouve une nouvelle jeunesse pour rendre compte de la résistance militaire ukrainienne.       ____Sans vouloir rejouer une querelle historiographique ancienne sur la part de consentement et de contrainte qui pèse sur les soldats du premier conflit mondial, diriez-vous que l’on voit aujourd’hui s’affronter en Ukraine une « armée du consentement » et une « armée de la contrainte », à en croire par exemple la vidéo récemment publiée par le « Guardian » montrant des soldats du groupe Wagner en train d’achever un de leurs officiers ?  ____Tant qu’on ne disposera pas d’enquêtes approfondies de sciences sociales permettant de savoir comment la société ukrainienne et la société russe, ainsi que les forces armées des deux camps, ont réagi à la guerre lors des différentes phases de celle-ci, il me semble impossible de répondre de manière fiable à votre question. Sait-on ce qui se passe en profondeur dans la société russe ?             Côté ukrainien, en tout cas, nous pouvons observer une société qui, dans son ensemble, consent à la guerre, en effet : ce qui signifie une acceptation du conflit et des sacrifices qu’il implique, une acceptation pleine de résolution qui vaut pour la partie armée de la population comme pour la population civile, en dépit des premières alertes lancées par Zelensky récemment, au sujet d’une forme de « relâchement » dans certaines villes. Ce consentement paraît reposer sur des bases assez semblables à celui des sociétés d’Europe occidentale en 1914 : un patriotisme défensif très fort et une hostilité marquée, voire une haine à l’égard de l’envahisseur.   Il est rare d’être ainsi confronté à des formes de réitération de situations susceptibles de constituer en quelque sorte un « laboratoire » historique : or, la guerre en Ukraine suscite une sorte de boucle de rétro-interprétation de la Grande Guerre. Beaucoup ont eu du mal à admettre un « consentement » des soldats et des sociétés dans leur ensemble en 1914-1918 : précisément, l’évidence du consentement ukrainien depuis un an ne nous permet-il pas de mieux comprendre le consentement à la guerre des sociétés européennes au début du XXe siècle ?  ____Vous rappelez dans votre dernier livre qu’« il faut un soubassement idéologique au déploiement des atrocités de guerre ». Quel serait-il, dans le cas de l’armée poutinienne qui commet ces atrocités de guerre ? L’argumentaire anti-Otan ou de « dénazification » peut-il vraiment faire office de soubassement idéologique suffisant ?


           Tout d’abord, j’ai été frappé par le fait que, comme à l’été 14, les atrocités de guerre se soient manifestées immédiatement, dès la phase initiale de la guerre, au cours de laquelle la Russie pouvait encore espérer l’emporter rapidement. Elles ne sont donc pas liées à des phénomènes de résistance dans les zones occupées, ou à des formes de radicalisation ou d’épuisement des combattants russes après une longue phase de combats.   C’est d’ailleurs la manière dont les contemporains de 14-18 se représentaient les choses. Très peu étaient capables de penser que la guerre allait durer des années, et moins encore de le dire. On attend donc la prochaine offensive comme les contemporains d’il y a un siècle l’attendaient eux aussi, dans un calendrier surdéterminé par les saisons. Alors, l’attente de l’offensive prochaine est-elle une forme de rumeur de guerre ? Observons que la logique de la guerre de positions pousse à ne pas rester éternellement enterré et à essayer d’ouvrir une brèche pour tenter d’en finir.     ___Pendant la Grande Guerre, imaginait-on aussi des offensives « anniversaires » comme celle qui serait prévue autour du 24 février prochain ?     Cette rumeur-là est étrange, car ce serait stratégiquement assez absurde, mais elle est peut-être intéressante à un deuxième degré. Dans toute guerre, je le disais, le problème du temps se pose à ceux qui la subissent : il faut essayer de le « rationaliser » pour rendre supportable son lent écoulement. On tente donc de baliser, chronologiquement, un calendrier dont les échéances restent, par nature, imprévisibles.                                                                                                                          Mais dans ce conflit, ce qui retient l’attention d’un historien, au-delà la guerre elle-même, c’est ce qu’il révèle « en creux » de notre relation à la guerre en général en Europe occidentale. Et notamment la façon dont nous avons collectivement oublié qu’elle demeurait un risque menaçant pour nos sociétés, au titre de mode de résolution des différends entre les États. Ce déni de guerre s’est manifesté constamment, notamment lors de l’avant-guerre, lorsque personne ou presque ne croyait à la possibilité d’une attaque russe.       ___En annonçant un budget des armées de 413 milliards d’euros pour la période 2024-2030, en augmentation d’un tiers, Emmanuel Macron sort-il la société française du déni de la possibilité de la guerre ?    Le réarmement européen actuel porte effectivement la marque d’une volonté de sortie de ce déni. Mais il faut distinguer les décisions des politiques et les réactions des sociétés. Jusqu’ici, la guerre en Ukraine ne « mord » pas sur la société française comme elle le fait en Pologne, dans les pays Baltes ou en Roumanie. Collectivement, je ne crois donc pas que nous soyons encore sortis du déni de la guerre – je veux dire : du déni de sa gravité, de la gravité de ses développements potentiels. Sent-on une inquiétude profonde à l’endroit de cette guerre ? Pensons-nous être directement concernés ? Pensons-nous que nous risquons de l’être ? Je ne crois pas…___Comment comprenez-vous la « surprise » qui a accompagné la révélation des crimes de Boutcha et d’autres villages ukrainiens, alors que vous rappelez dans votre dernier livre que la guerre, au moins depuis la Première Guerre mondiale, vise aussi, voire d’abord les civils ?  Tout se passe comme si les conditions de possibilité de ces atrocités étaient tellement insupportables qu’il faut redécouvrir leur réalité à chaque nouveau conflit. Nous n’arrivons pas à considérer qu’elles sont toujours « dans les cartes », sans doute parce que cela reviendrait à admettre sur nos sociétés et sur nous-mêmes quelque chose à quoi nous nous refusons.   Reconnaître pleinement que les atrocités de guerre sont un phénomène systémique - et selon moi central en temps de conflit - ne reviendrait-il pas à regarder en face ce qui se joue en profondeur en temps de guerre, du point de vue des acteurs sociaux ? C’est précisément ce qui est insupportable : paradoxalement, notre surprise et notre indignation nous protègent de cet aspect terrifiant du réel de la guerre…     ____Vous revenez dans « La Part d’ombre » sur le concept de « brutalisation » des sociétés par la guerre, forgé par l’historien George Mosse. Est-ce qu’il désigne seulement la façon dont une société peut être brutalisée à long terme par la guerre, ou est-ce qu’il permet de penser les ressorts cachés de la violence dans une société ?    Ce qui obsédait Mosse, c’était le lien, en Allemagne, entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, et la façon dont la brutalisation des sociétés en 14-18 avait facilité la réitération de la guerre en 1939-1945, au prix de niveaux de violence plus élevés encore.                                                                                                              Mais on peut regarder les choses autrement et s’intéresser aux ressorts cachés de la violence, plus puissants qu’on ne le croit généralement. Je pense que la vision de Norbert Elias selon laquelle nous formerions des sociétés à « haut niveau de pacification », comparées aux sociétés du passé, est fausse. Ce « haut niveau de pacification » n’est qu’une pellicule superficielle : dans une configuration qui l’autorise, le passage est aisé vers la violence. La plupart des conflits contemporains se sont réglés par la victoire militaire de l’un des belligérants sur l’autre et non par un accord de paix.  À cet égard, ne peut-on pas suggérer que la société russe a été brutalisée depuis le début du XXe siècle ? Première Guerre mondiale, révolutions bolchéviques, guerre civile, collectivisation agraire et Grande Terreur stalinienne, Seconde Guerre mondiale, famine et durcissement du régime stalinien en sortie de guerre, effondrement final de l’URSS avec ses conséquences économiques, sociales, politiques et culturelles… Le concept de brutalisation, décidément, me paraît assez opérant pour rendre compte de certains phénomènes sociaux… ____Comment se fait-il qu’on parle presque moins aujourd’hui de la sortie de guerre qu’un mois après le déclenchement des hostilités ?  On continue d’en parler, mais sur le mode : « à un moment ou à un autre, il faudra se mettre à la table des négociations et arriver à un accord de paix ». Mais qu’en sait-on ? La guerre de Corée ne s’est pas terminée par un accord de paix mais par un simple cessez-le-feu. Et la plupart des conflits contemporains se sont réglés par la victoire militaire de l’un des belligérants sur l’autre. L’idée que l’on va, à un moment, « revenir à la raison » et négocier me semble participer, une fois encore, d’une forme de déni. N’est-ce pas une manière – une de plus – de nous rassurer ?   ___Qu’est-ce qu’une mauvaise paix ? Une paix qui humilie ou une paix qui permet à l’agresseur de reconstituer ses forces    Je vous réponds par un détour. En 1951, alors qu’on ne sait pas si la guerre froide va devenir une guerre ouverte contre l’URSS, Raymond Aron, dans un essai intitulé Les Guerres en chaîne, écrit qu’« il importe cette fois d’abattre le monstre sans qu’il puise dans le sang versé et dans la défaite même des forces nouvelles ». S’il parle ici de l’URSS, Aron pense bien évidemment au précédent de l’Allemagne vaincue en 1918, dont le sang versé pendant la Grande Guerre avait fourni le terreau du nazisme, promoteur d’une guerre nouvelle infiniment plus meurtrière que la précédente.  Entre 1989 et 1991, l’URSS s’est trouvée vaincue, mais sans une goutte de « sang versé » comme l’envisageait Aron quarante ans plus tôt. Pourtant, dans le ressentiment et le sentiment d’humiliation alors éprouvés, la Russie n’a-t-elle pas puisé, en effet, ces « forces nouvelles » dont il nous faut acquitter le prix, trente ans plus tard ?   Une paix mauvaise me paraît donc le type de paix que redoutait Raymond Aron en 1951. Ce qui signifie sans doute qu’il n’y a pas d’autre issue que de gagner la guerre. Et de la gagner vraiment.    Qu’entendez-vous par là ?    C’est difficile à exprimer. Peut-on dire que nous avons malheureusement besoin d’une défaite russe décisive ? Et comment méconnaître alors les risques immenses que cela comporte pour nous tous ? Pour autant, peut-on espérer autre chose, au point où nous en sommes arrivés ?    Si, à l’inverse, la Russie gagnait la guerre, nos démocraties occidentales, si fragilisées déjà, s’en remettraient-elles ? Nous aurions sur nos épaules la culpabilité de n’avoir pas suffisamment soutenu militairement l’Ukraine. Et nous aurions face à nous ces trois puissances qui constituent les soutiens directs de la Russie en guerre : la Chine, l’Iran, la Corée du Nord.    C’est en ce sens que nous sommes face à une guerre idéologique, et même de plus en plus. La Russie a continûment durci son discours idéologique, tout en renforçant ses liens avec les pays déjà cités. Le camp démocratique de même, tout en resserrant ses rangs. Ce n’est pas parce que certaines guerres ont été fallacieusement menées au nom de la démocratie – et la Grande Guerre en fait partie dans une large mesure – que la guerre d’Ukraine ne met pas en jeu le sort de celle-ci.   L’historien François Furet, à propos de la guerre de 14-18, disait que « plus un événement est lourd de conséquences, et moins il est possible de le penser à partir de ses causes ». On entend beaucoup de débats sur les causes de la guerre d’Ukraine, sur le rôle de l’Otan, etc. Tout cela a-t-il un grand intérêt, aujourd’hui ? Cette guerre longue, avec sa logique propre, a acquis une importance surdéterminante qui écrase la question des origines. Le propre des grands événements – et celui-ci en est un, assurément – est que ses enjeux dépassent la question des causes qui l’ont provoqué.    Comment regardez-vous celles et ceux qui font aujourd’hui proclamation de pacifisme ?     Le pacifisme de la Première Guerre mondiale, qu’il soit français, allemand ou britannique, n’a jamais été complaisant vis-à-vis de l’adversaire. En revanche, une partie des pacifistes français des années 1930 étaient pro-Allemands, c’est à dire pronazis. Le pacifisme éthique qui refuse par principe le déploiement de toute violence de guerre, comment ne pas le comprendre et le respecter ? Mais aujourd’hui, les pacifistes qui se refusent à armer l’Ukraine au nom de principes de paix travaillent en réalité, consciemment ou non, à une victoire russe. N’est-ce pas la nouvelle version d’un pacifisme de collabos ? (Joseph Confavreux)______________________________

StéphaneAudoin-Rouzeau est directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), spécialiste de la Première Guerre mondiale et président du Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre. Il publie aux Belles Lettres La Part d’ombre. Le risque oublié de la guerre, en forme de dialogue avec Hervé Mazurel, historien des affects et des imaginaires. À partir de son travail sur la Première Guerre mondiale et sur l’anthropologie des violences de guerre, Stéphane Audoin-Rouzeau remet en cause la perception du conflit ukrainien. Pourquoi croire à une prochaine offensive russe ? Continuer à questionner les origines de la guerre revient-il à négliger de penser l’événement actuel ? Que serait une paix juste et à quel déni correspond le fait d’imaginer qu’un accord négocié en constitue l’inévitable issue ? Enfin : les pacifistes contemporains sont-ils des collabos ? Entretien.