"Nouvelle frontière"?
_________En France, on pensait le problème réglé: exploitation
trop risquée pour l'environnement, les
nappes phréatiques, étant données les techniques actuelles d'exploitation.
Ce n'est finalement pas l'
eldorado envisagé un temps.
L'exemple des USA a servi de repoussoir, malgré les résistances là-bas, notamment en
Pennsylvanie.
"...
Cette zone qui s’étend sur plusieurs Etats -la Pennsylvanie, la
Virginie Occidentale, l’Ohio et New York- regorgerait de gaz de schiste.
Shell, Exxon, Halliburton, Anardako, Chesapeake Energy et consors n’ont
pu résister. Les autorités de Pennsylvanie ont déroulé devant eux un
tapis rouge. Et se sont servies au passage. La Pennsylvanie offre une
version aboutie d’une démocratie en panne, où le système de collusion
entre les grandes entreprises et les élus –finançant ainsi leur
campagne- fonctionne à la perfection. En 2010, le gouverneur de l’Etat,
le républicain Tom Corbett, aurait touché 1.3 millions de dollars de
l’industrie pétrolière et gazière pour financer sa campagne, selon le National Institute on Money in State Politics.
Au début de cette ruée vers l’or, en 2008, les habitants n’ont pas
tout compris au film. Les propriétaires terriens ont vu arriver des
représentants des grandes firmes déjà citées, leur proposant d’exploiter
leurs sous-sols contre un chèque et des royalties sur les bénéfices
réalisés. Dans cette région pauvre, où la crise de 2008 n’a rien
arrangé, ils ont dit « oui » en masse..."
_____Mais le
lobbying continue chez nous...pour repousser de
quelques années la baisse sensible de la production pétrolière.
Total fait dans le volontarisme irréaliste, mais avoue son embarras et son ignorance: "
Nous disposons d'énormément de ressources. Le problème, ce ne sont pas
les ressources, c'est savoir comment les extraire, d'une manière
acceptable." assure son PDG, tout en avançant ses pions: «
On a diabolisé la technique de fracturation hydraulique, qui comporte des risques mais que l’on sait maîtriser», déplore
Yves-Louis Darricarrère, le patron de la branche exploration et production de Total.
Sachant le pic pétrolier sans doute atteint, les majors du pétrole font dans l'urgence, prêts à prendre parfois des risques insensés.
"... Après avoir perdu la première bataille à l’automne, le
gouvernement Fillon validant puis retirant les autorisations
d’exploration, les pro gaz de schistes comptent bien prendre leur
revanche. Ils ont cette fois-ci un soutien de poids : Arnaud Montebourg.
Enfin un soutien… Le ministre du redressement productif sait le sujet
explosif. Susceptible de fâcher les Verts tout rouge.
Mais l’idée de faire de la France un producteur important
d’hydrocarbure à tout pour séduire celui qui endosse volontiers les
habits gaullo-chevènementiste. Devant le lobby de l’énergie en France
qu’est le corps des Mines, Arnaud Montebourg a donc expliqué que
l’exploration des gaz des schistes n’étaient pas « pas un sujet interdit
». Non sans prendre quelques pincettes : « L’exploitation des gaz de
schistes pose des problèmes environnementaux sérieux. Est ce qu’il y a
des évolutions technologiques possibles ? La réponse est oui. Donc, il
faut mettre ces questions sur la table et en débattre très
tranquillement ». Une approche que ne partage pas vraiment, sa collègue
de l’écologie Delphine Batho.
La ministre PS ne
l’entend pas de cette oreille: « Rien dans l'agenda du gouvernement
aujourd'hui n'envisage de revenir sur l'interdiction de la fracture
hydraulique », a-t-elle affirmé. C’est la deuxième fois que ca sent le
gaz entre le ministère du redressement productif et celui de l’écologie.
La deuxième fois sur une question relative à l’or noir. Dans les
premiers jours du gouvernements Ayrault, le refus de signer le décret
autorisant la Shell et son partenaire Total à forer au large de la
Guyane avait couté son portefeuille à Nicolas Bricq. Son successeur à
l’écologie, Delphine Batho, n’ignore rien de cette arbitrage venu d’en
haut.
Pourtant, comme la plupart des socialistes, et
François Hollande plus qu’à son tour durant la primaire PS, Arnaud
Montebourg avait pourtant fait son aggiornamento écologiste, lui qui,
sur son site, expliquait vouloir « vaincre la résistance des industries
polluantes, leur trouver de sérieuses solutions de remplacement,
combattre les intérêts financiers considérables de celles qui épuisent
les ressources naturelles. » Le ministre du redressement productif
semble aujourd’hui plus réceptif aux arguments des pétroliers et des
productivistes..."