Ça va jazzer

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mardi 31 mars 2020

En avril...

Ne te découvre pas d'un fil
                   Et surtout....évite d'être fébrile. La bête rôde toujours.
       Ne pas baisser la garde.  Prudence, prudence...
 Une aussi longue attente, qui, elle, n'est pas mortelle. Seulement plus difficile pour certains. Très difficile parfois. Les inégalités sautent aux yeux.

    Un mois "blanc" nous attend. De longs jours encore entre parenthèses. Sûrement. Mais qu'est-ce que deux mois dans une vie?
  Peut-être le mois crucial dans cette sorte de descente vers l'abîme. Avant l'éclaircie, le mois de mai, où l'on ne fera pas   encore sans doute ce qui nous plaît.
   La confiance durera-t-elle dans" l'économie de guerre" qui va durer, une confiance qui joue un rôle important en économie, dans la monnaie comme dans l'avenir.
  Car toutes les certitudes sont balayées, dans cette crise pas comme les autres
    Nous entrons en terra incognita, une transition vers un monde à reconstruire. Sur des bases différentes, une logique contraire à celle dont nous dénonçons aujourd'hui les effets pervers.  Même, ô miracle! des économistes comme Elie Cohen, dans C'est dans l'air, étaient les apôtres de la sainte mondialisation sans limites. Avec les accents de Roosevelt exigeant un effort de guerre sans précédant et une réorientation rapide et radicale des industries majeures. Mais attention: on en a vu beaucoup, en 2008, clamer un changement radical. et oublier leurs annonces quelques mois plus tard. Rebâtir notre souveraineté, dit Jupiter:  conversion ou souci d'apaisement?  Même LR y va de son couplet.
  Dans les jours d'après, le temps sera aux nouveaux bâtisseurs inspirés, on le souhaite, par l'esprit des reconstructeurs de 1945.
    La tâche n'est pas sans risques et sans coûts, mais est prometteuse si on révise nos logiciels économiques rapidement. Il faudra une nouvelle donne politique, menée par des équipes résolues, désintéressées et courageuses. La politique ne se fait pas à la corbeille, répétait De Gaulle, soucieux de souveraineté équilibrée.
  Dans le cadre d'une Europe à reconstruire. Les grandes peurs peuvent être occasion de renouvellement. Sans concurrence absurdes. Avec des projets crédibles.
Pas question de rester l'arme au pied et de perdre la mémoire, comme trop souvent après chaque crise.
  Attention aux poissons d'avril!
Dans cette période inédite, mais qui n'était pas imprévisible, seul l'espoir raisonnable peut aider à tenir.
  La logique du pire, comme disait Rosset, peut nous amener à aimer la vie comme jamais, elle dont nous avions perdu le mode d'emploi.


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Troublants parallèles

Les pandémies se suivent
                          Et se ressemblent étrangement.
   Dans le Décaméron, Boccacio décrit la situation à Florence, à l'heure où la peste décime sévèrement la région, s'abattant sur elle comme un fléau de Dieu,  où l'impuissance est totale. Désarroi absolu. Stupeur presque indicible.
   Il dessine dans ce contexte où il est question de vie et de mort, une nouvelle approche de la vie et de ses plaisirs. Vivre prend alors une intensité plus forte que jamais, dans ce qu'elle peut avoir d'essentiel. La légèreté et la truculence surgissent chez l'auteur, au coeur du drame, comme un salut réactif à la vie.
       [Thucydide aussi, beaucoup plus tôt, en termes d'historien.]
  Dans son adaptation cinématographique, Pasolini mettra l'accent sur la transgression , la critique religieuse et sociale, comme si le drame qui se jouait faisait sauter les conventions. Repenser la vie s'impose comme aujourd'hui.
De la peste noire à aujourd'hui (cliquez)_Bosch et la peste.

      ...De ces choses et de beaucoup d’autres semblables, naquirent diverses peurs et imaginations parmi ceux qui survivaient, et presque tous en arrivaient à ce degré de cruauté d’abandonner et de fuir les malades et tout ce qui leur avait appartenu ; et, ce faisant, chacun croyait garantir son propre salut. D’aucuns pensaient que vivre avec modération et se garder de tout excès, était la meilleure manière de résister à un tel fléau. S’étant formés en sociétés, il vivaient séparés de tous les autres groupes. Réunis et renfermés dans les maisons où il n’y avait point de malades et où ils pouvaient vivre le mieux ; usant avec une extrême tempérance des mets les plus délicats et des meilleurs vins ; fuyant toute luxure, sans se permettre de parler à personne, et sans vouloir écouter aucune nouvelle du dehors au sujet de la mortalité ou des malades, ils passaient leur temps à faire de la musique et à se livrer aux divertissements qu’ils pouvaient se procurer. D’autres, d’une opinion contraire, affirmaient que boire beaucoup, jouir, aller d’un côté et d’autre en chantant et en se satisfaisant en toute chose, selon son appétit, et rire et se moquer de ce qui pouvait advenir, était le remède le plus certain à si grand mal. Et, comme ils le disaient, ils mettaient de leur mieux leur théorie en pratique, courant jour et nuit d’une taverne à une autre, buvant sans mode et sans mesure, et faisant tout cela le plus souvent dans les maisons d’autrui, pour peu qu’ils y trouvassent choses qui leur fissent envie ou plaisir. Et ils pouvaient agir ainsi en toute facilité, pour ce que chacun, comme s’il ne devait plus vivre davantage, avait, de même que sa propre personne, mis toutes ses affaires à l’abandon. Sur quoi, la plupart des maisons étaient devenues communes, et les étrangers s’en servaient, lorsqu’ils les trouvaient sur leur passage, comme l’aurait fait le propriétaire lui-même. Au milieu de toutes ces préoccupations bestiales, on fuyait toujours les malades le plus qu’on pouvait. En une telle affliction, au sein d’une si grande misère de notre cité, l’autorité révérée des lois, tant divines qu’humaines, était comme tombée et abandonnée par les ministres et les propres exécuteurs de ces lois, lesquels, comme les autres citoyens, étaient tous, ou morts, ou malades, ou si privés de famille, qu’ils ne pouvaient remplir aucun office ; pour quoi, il était licite à chacun de faire tout ce qu’il lui plaisait. Beaucoup d’autres, entre les deux manières de vivre susdites, en observaient une moyenne, ne se restreignant point sur leur nourriture comme les premiers, et ne se livrant pas, comme les seconds, à des excès de boisson ou à d’autres excès, mais usant de toutes choses d’une façon suffisante, selon leur besoin. Sans se tenir renfermés, ils allaient et venaient, portant à la main qui des fleurs, qui des herbes odoriférantes, qui diverses sortes d’aromates qu’ils se plaçaient souvent sous le nez pensant que c’était le meilleur préservatif que de réconforter le cerveau avec de semblables parfums, attendu que l’air semblait tout empoisonné et comprimé par la puanteur des corps morts, des malades et des médicaments. Quelques-uns, d’un avis plus cruel, comme étant par aventure le plus sûr, disaient qu’il n’y avait pas de remède meilleur, ni même aussi bon, contre les pestes, que de fuir devant elles. Poussés par cette idée, n’ayant souci de rien autre que d’eux-mêmes, beaucoup d’hommes et de femmes abandonnèrent la cité, leurs maisons, leurs demeures, leurs parents et leurs biens, et cherchèrent un refuge dans leurs maisons de campagne ou dans celles de leurs voisins, comme si la colère de Dieu, voulant punir par cette peste l’iniquité des hommes, n’eût pas dû les frapper partout où ils seraient, mais s’abattre seulement sur ceux qui se trouvaient au dedans des murs de la ville, ou comme s’ils avaient pensé qu’il ne devait plus rester personne dans une ville dont la dernière heure était venue.

Et bien que de ceux qui émettaient ces opinions diverses, tous ne mourussent pas, il ne s’ensuivait pas que tous échappassent. Au contraire, beaucoup d’entre eux tombant malades et de tous côtés, ils languissaient abandonnés, ainsi qu’eux-mêmes, quand ils étaient bien portants, en avaient donné l’exemple à ceux qui restaient sains et saufs. Outre que les citadins s’évitaient les uns les autres, que les voisins n’avaient aucun soin de leur voisin, les parents ne se visitaient jamais, ou ne se voyaient que rarement et seulement de loin. Par suite de ce deuil public, une telle épouvante était entrée dans les cœurs, aussi bien chez les hommes que chez les femmes, que le frère abandonnait son frère, l’oncle son neveu, la sœur son frère, et souvent la femme son mari. Et, chose plus forte et presque incroyable, les pères et les mères refusaient de voir et de soigner leurs enfants, comme si ceux-ci ne leur eussent point appartenu. Pour cette raison, à ceux qui, et la foule en était innombrable, tombaient malades, il ne restait d’autre secours que la charité des amis — et de ceux-ci il y en eut peu — ou l’avarice des serviteurs qui, alléchés par de gros salaires, continuaient à servir leurs maîtres. Toutefois, malgré ces gros salaires, le nombre des serviteurs n’avait pas augmenté, et ils étaient tous, hommes et femmes, d’un esprit tout à fait grossier. La plupart des services qu’ils rendaient, ne consistaient guère qu’à porter les choses demandées par les malades, ou à voir quand ils mouraient ; et souvent à un tel service, ils se perdaient eux-mêmes avec le gain acquis. De cet abandon des malades par les voisins, les parents et les amis, ainsi que de la rareté des serviteurs, provint une habitude jusque-là à peu près inconnue, à savoir que toute femme, quelque agréable, quelque belle, quelque noble qu’elle pût être, une fois tombée malade, n’avait nul souci d’avoir pour la servir un homme quel qu’il fût, jeune ou non, et de lui montrer sans aucune vergogne toutes les parties de son corps, absolument comme elle aurait fait à une femme, pour peu que la nécessité de la maladie l’exigeât ; ce qui, chez celles qui guérirent, fut sans doute causé, par la suite, d’une honnêteté moindre. Il s’ensuivit aussi la mort de beaucoup de gens qui, par aventure, s’ils avaient été secourus, s’en seraient échappés. Sur quoi, tant par le manque de services opportuns que les malades ne pouvaient avoir, que par la force de la peste, la multitude de ceux qui de jour et de nuit mouraient, était si grande dans la cité, que c’était une stupeur non pas seulement de le voir, mais de l’entendre dire. Aussi, la nécessité fit-elle naître entre ceux qui survivaient des mœurs complètement différentes des anciennes.

Il était alors d’usage, comme nous le voyons encore faire aujourd’hui, que les parentes et les voisines se réunissent dans la maison du mort, et là, pleurassent avec celles qui lui appartenaient de plus près. D’un autre côté devant la maison mortuaire, les voisins et un grand nombre d’autres citoyens se réunissaient aux proches parents ; puis, suivant la qualité du mort, les prêtres arrivaient, et il était porté sur les épaules de ses égaux, avec une grande pompe de cierges allumés et de chants, jusqu’à l’église choisie par lui avant de mourir. Ces usages, dès que la fureur de la peste vint à s’accroître, cessèrent en tout ou en partie, et des usages nouveaux les remplacèrent. C’est ainsi que les gens mouraient, non seulement sans avoir autour de leur cercueil un nombreux cortège de femmes, mais il y en avait beaucoup qui s’en allaient de cette vie sans témoins ; et bien rare étaient ceux à qui les larmes pieuses ou amères de leurs parents étaient accordées. Au contraire, ces larmes étaient la plupart du temps remplacées par des rires, de joyeux propos et des fêtes, et les femmes, ayant en grande partie dépouillé la pitié qui leur est naturelle, avaient, en vue de leur propre salut, complètement adopté cet usage. Ils étaient peu nombreux, ceux dont les corps étaient accompagnés à l’église de plus de dix ou douze de leur voisins ; encore ces voisins n’étaient-ils pas des citoyens honorables et estimés, mais une manière de croquemorts, provenant du bas peuple, et qui se faisaient appeler fossoyeurs. Payés pour de pareils services, il s’emparaient du cercueil, et, à pas pressés, le portaient non pas à l’église que le défunt avait choisie avant sa mort, mais à la plus voisine, le plus souvent derrière quatre ou cinq prêtres et quelquefois sans aucun. Ceux-ci, avec l’aide des fossoyeurs, sans se fatiguer à trop long ou trop solennel office, mettaient le corps dans la première sépulture inoccupée qu’il trouvaient. La basse classe, et peut-être une grande partie de la moyenne, était beaucoup plus malheureuse encore, pour ce que les gens, retenus la plupart du temps dans leurs maisons par l’espoir ou la pauvreté, ou restant dans le voisinage, tombaient chaque jour malades par milliers, et, n’étant servis ni aidés en rien, mouraient presque tous sans secours. Il y en avait beaucoup qui finissaient sur la voie publique, soit de jour soit de nuit. Beaucoup d’autres, bien qu’ils fussent morts dans leurs demeures, faisaient connaître à leurs voisins qu’ils étaient morts, par la seule puanteur qui s’exhalait de leurs corps en putréfaction. Et de ceux-ci et des autres qui mouraient partout, toute la cité était pleine. Les voisins, mus non moins par la crainte de la corruption des morts que par la charité envers les défunts, avaient adopté la méthode suivante : soit eux-mêmes, soit avec l’aide de quelques porteurs quand ils pouvaient s’en procurer, ils transportaient hors de leurs demeures les corps des trépassés et les plaçaient devant le seuil des maisons où, principalement pendant la matinée, les passants pouvaient en voir un grand nombre. Alors, on faisait venir des cercueils, et il arriva souvent que, faute de cercueils, on plaça les cadavres sur une table. Parfois une seule bière contenait deux ou trois cadavres, et il n’arriva pas seulement une fois, mais bien souvent, que la femme et le mari, les deux frères, le père et le fils, furent ainsi emportés ensemble. Il advint aussi un nombre infini de fois, que deux prêtres allant avec une croix enterrer un mort, trois ou quatre cercueils, portés par des croquemorts, se mirent derrière le cortège, et que les prêtres qui croyaient n’avoir qu’un mort à ensevelir, en avaient sept ou huit et quelquefois davantage. Les morts n’en étaient pas pour cela honorés de plus de larmes, de plus de pompe, ou d’une escorte plus nombreuse ; au contraire, les choses en étaient venues à ce point qu’on ne se souciait pas plus des hommes qu’on ne soucierait à cette heure d’humbles chèvres. Par quoi il apparut très manifestement que ce que le cours naturel des choses n’avait pu montrer aux sages à supporter avec patience, au prix de petits et rares dommages, la grandeur des maux avait appris aux gens simples à le prévoir ou à ne point s’en soucier. La terre sainte étant insuffisante pour ensevelir la multitude des corps qui étaient portés aux diverses églises chaque jour et quasi à toute heure, et comme on tenait surtout à enterrer chacun en un lieu convenable suivant l’ancien usage, on faisait dans les cimetières des églises, tant les autres endroits étaient pleins, de très larges fosses, dans lesquelles on mettait les survenants par centaines. Entassés dans ces fosses, comme les marchandises dans les navires, par couches superposées, ils étaient recouverts d’un peu de terre, jusqu’à ce qu’on fût arrivé au sommet de la fosse.
Et pour ne pas nous arrêter davantage sur chaque particularité de nos misères passées, advenues dans la cité, je dis qu’en cette époque si funeste, la campagne environnante ne fut pas plus épargnée. Sans parler des châteaux, qui dans leurs étroites limites, ressemblaient à la ville, dans les villages écartés, les misérables et pauvres cultivateurs, ainsi que leur famille, sans aucun secours de médecin, sans l’assistance d’aucun serviteur, par les chemins, sur les champs mêmes qu’ils labouraient, ou dans leurs chaumières, de jour et de nuit, mouraient non comme des hommes, mais comme des bêtes. Pour quoi, devenus aussi relâchés dans leurs mœurs que les citadins, eux aussi ne se souciaient plus de rien qui leur appartînt, ni d’aucune affaire. Tous, au contraire, comme s’ils attendaient la mort dans le jour même où ils se voyaient arrivés, appliquaient uniquement leur esprit non à cultiver, en prévision de l’avenir, les fruits de la terre, mais à consommer ceux qui s’offraient à eux. C’est pourquoi il advint que les bœufs, les ânes, les brebis, les chèvres, les porcs, les poules et les chiens mêmes, si fidèles à l’homme, chassés de leurs habitations, erraient par les champs — où les blés étaient laissés à l’abandon sans être récoltés, ni même fauchés — et s’en allaient où et comme il leur plaisait. Et beaucoup, comme des êtres raisonnables, après avoir pâturé tout le jour, la nuit venue, s’en retournaient repus à leurs étables, sans être conduits par aucun berger.
Mais laissons la campagne et revenons à la ville. Que pourrait-on dire de plus ? Si longue et si grande fut la cruauté du ciel, et peut-être en partie celle des hommes, qu’entre le mois de mars et le mois de juillet suivant, tant par la force de la peste, que par le nombre des malades mal servis ou abandonnés grâce à la peur éprouvée par les gens bien portants, plus de cent mille créatures humaines perdirent certainement la vie dans les murs de la cité de Florence. Peut-être, avant cette mortalité accidentelle, on n’aurait jamais pensé qu’il y en eût tant dans notre ville. Oh ! que de grands palais, que de belles maisons, que de nobles demeures où vivaient auparavant des familles entières, et qui étaient pleines de seigneurs et de dames demeurèrent vides jusqu’au moindre serviteur ! Que de races illustres, que d’héritages considérables, que de richesses fameuses, l’on vit rester sans héritiers naturels ! Que de vaillants hommes, que de belles dames, que de beaux jeunes gens, que Gallien, Hippocrate ou Esculape eux-mêmes auraient jugés pleins de santé, dînèrent le matin avec leurs parents, leurs compagnons, leurs amis, qui, le soir venu, soupèrent dans l’autre monde avec leurs ancêtres !...
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lundi 30 mars 2020

Keine Frage!

L'UE: une fin programmée?
                            Mutti a dit "Nein"!
                                          Mais pas seulement elle.
  Les eurobonds n'auront pas lieu. Sur ce débat déjà ancien, c'est encore le refus, même en situation d'extrême urgence, de quasi mort clinique annoncée des économies supposées interdépendantes.  La dite solidarité européenne explose encore un peu plus. Priorité aux égoïsmes nationaux. 
  Pas de dettes en commun! Chacun se démerde. Bien fait pour la gueule de ceux qui n'ont pas imité la fourmi berlinoise., les mauvais élèves C'est comme pour la Grèce, cela servira de leçon. Priorité aux marchés et aux intérêts bancaires.

   C'est le coup de grâce. Après le Brexit, la zône euro a peu de chances de se remettre. Le retour sur les sphères nationales, avec quelques échanges privilégiés comme à l'Epoque de Schuman et d'Adenauer est-il inscrit d'avance? Il y a beaucoup de chances que chaque capitale retire ses billes. Il n'est plus question d'harmonisation , déjà bien mise à mal. Pour le projet des pères fondateurs, on verra aux calendes grecques.
  La crise sanitaire est un révélateur des blocages et des replis européens déjà anciens et on s'oriente vers un éclatement de l'UE. La zizanie s'est établie en haut-lieu, sous le signe du coronavirus.
  L'euro n'était déjà plus un instrument de solidarité dans les échanges, étant donné l'économie dominante des pays du nord, les déséquilibres s'accentuant dans cet espace de libre échange à l'anglo-saxonne, la "question allemande" étant toujours au centre des débats.
Berlin impose son droit à propos des euro-obligations. Inflexible. Prémisses d'un éclatement assuré, si...
     Ce serait pourtant dans l'intérêt de l'Allemagne elle-même à terme, comme le signale Delors, surtout que les nuages s'amoncellent sur Berlin.
      Chacun pour soi et Gott pour tous...
 Delors sort de sa réserve, voyant venir le risque d'éclatement, lui qui avait déjà regretté le tournant de l'après 2008:
      ...Le manque de solidarité fait “courir un danger mortel à l’Union européenne”, a averti ce samedi 28 mars l’ancien président de la Commission européenne Jacques Delors, dans une déclaration transmise à l’AFP par l’institut à son nom qu’il a fondé.
“Le climat qui semble régner entre les chefs d’État et de gouvernement et le manque de solidarité européenne font courir un danger mortel à l’Union européenne”, estime l’ancien ministre français de l’Economie, qui a présidé la Commission de 1985 à 1995.“Le microbe est de retour”, ajoute ce grand défenseur de l’Europe, qui a suivi, selon l’Institut, les derniers développements au sein de l’Union et sa réponse face à la pandémie, en particulier le Conseil européen de jeudi qui a montré les divisions entre les 27, en particulier entre pays du Nord et du Sud. En retrait de la vie politique, Jacques Delors, aujourd’hui âgé de 94 ans, s’exprime très rarement....
Réveiller une morte vivante?

           Le ver était déjà dans le fruit, comme le signalait le pourtant fédéraliste J.Quatremer.  L'UE était déjà un organisme très affaibli. L'hégémonie de fait de Berlin était devenue l'objet de critique et de crainte an Allemagne même, de la part des plus lucides, comme Ulrich Beck.
             Les injonctions n'aboutissent pas.
" ...En quelques jours à peine, des totems de l’orthodoxie budgétaire européenne sont tombés un à un : suspension du pacte de stabilité et de croissance (qui fixe la règle des 3 % du déficit public), programme de rachat des dettes publiques et privées à hauteur de 750 milliards d’euros par la BCE, plan de relance massif en Allemagne, d’ordinaire haut lieu de l’ordolibéralisme…  Mais il en reste au moins un que les pays du nord de l’Europe, emmenés par l’Allemagne et les Pays-Bas, semblent décidés à préserver, malgré l’ampleur de la crise : la mise en place d’une capacité d’endettement commune, à l’échelle de l’Union, pour aider les pays les plus touchés par l’épidémie.     Ce que certains ont appelé, dans le sillage du chef de gouvernement italien Giuseppe Conte, des « corona-bonds ». Manière de ressusciter les « eurobonds », ou « euro-obligations », vieux serpent de mer bruxellois, très discuté lors de la crise des dettes souveraines de 2008, avant d’être écarté.           Le sommet des dirigeants européens qui s’est tenu jeudi 26 mars dans une ambiance tendue, par vidéoconférence, a relancé le bras de fer (le communiqué final est à lire ici). Mais les 27 n’ont pu que constater leurs désaccords sur ce sujet sensible : faute de mieux, ils ont temporisé, demandant à l’Eurogroupe, la réunion des ministres des finances de la zone euro, de leur formuler des propositions « d’ici deux semaines ». Ce qui leur a permis, au moins, de sauver les apparences, et s'entendre sur une déclaration finale particulièrement floue sur le volet économique.          Lors d'une conférence de presse à Lisbonne, à l'issue du sommet, Antonio Costa est allé jusqu'à qualifier de « répugnante » la position des Pays-Bas, qui aurait fait remarquer durant les discussions que certains pays auraient dû économiser davantage au cours des dernières années: « Ce type de réponse est d’une inconscience absolue et cette mesquinerie récurrente mine totalement ce qui fait l’esprit de l’Union européenne et représente une menace pour l’avenir de l’Union européenne ».          Dès mercredi, neuf États, dont la France, l’Italie et l’Espagne, le Portugal ou l’Irlande, avaient défendu l’idée d’un endettement en commun, dans une lettre envoyée à Charles Michel, le libéral belge qui préside les Conseils européens.            « À ce stade, nous avons mis en place des pare-feu économiques et accordé plus de flexibilité aux États, pour qu’ils puissent agir au niveau national, expliquait-on à l’Élysée en amont du sommet. Il faut maintenant discuter de la solidarité que l’on veut démontrer dans la durée, pour la sortie de crise, et après. » Pour la France, ce choix tactique de contourner le couple franco-allemand, en amont d’un sommet, est quasiment inédit depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017.    « Si l’on n’est pas capables de dépasser les tabous, nous ne serons pas à la hauteur. C’est une question de survie du projet européen, et la chancelière [Angela Merkel] l’a perçue », dramatise-t-on dans l’entourage du président français. Au Handelsblatt mardi, le ministre de l’économie allemand, Peter Altmaier (CDU, droite), a qualifié les discussions sur les « eurobonds » de « débat fantôme » « J’appelle à la prudence quand je constate que des concepts présentés comme supposément neufs et ingénieux sont en fait des idées zombies, écartées de longue date. »    Réponse du camp français, où l’on essayait encore d’arrondir les angles, pour ne pas braquer Berlin : « Le slogan est moins important que le contenu. Nous aurons besoin d’un instrument de solidarité accrue. »    La réunion des ministres des finances de la zone euro, mardi, avait déjà donné une idée de l’ampleur des désaccords. En particulier sur l’usage qu’il pourrait être fait du Mécanisme européen de stabilité (MES), ce fonds de 400 milliards d’euros créé lors de la crise de 2008 : l’ensemble des États y auront-ils accès ou s’agit-il de cibler certains États fragiles, au risque de les stigmatiser aux yeux des marchés ? Et à quelles conditions cette ligne de crédit nouvelle – une « covid-line credit » – pourrait-elle être débloquée ?     Quoi qu’il en soit, l’argent prêté dans le cadre du MES devra bien être remboursé par l’État membre qui a bénéficié du prêt – c’est l’inverse d’une mutualisation de la dette, qui permettrait de faire jouer la solidarité sur le continent. Jeudi soir, le communiqué final du Conseil ne mentionne même pas l’option d’un recours au MES, en raison de l’opposition de l’Italien Giuseppe Conte. Durant la réunion, ce dernier a écarté cet instrument associé, à ses yeux, à la crise des dettes souveraines, et réclamé davantage d’ambition dans la mutualisation de la dette.      Sans surprise, certains pays « frugaux » veulent durcir les conditions d’accès au crédit et mettent en garde contre le risque d’ouvrir en grand les vannes, alors que la crise sanitaire est encore loin d’être réglée. L’eurodéputée Place publique Aurore Lalucq confie : « L’Eurogroupe [de mardi soir – ndlr] m’a dépitée. Même les morts ne permettent pas de faire bouger les idéologies, ou d’en finir avec les égoïsmes nationaux. Pour l’avenir de l’Europe, je trouve ça consternant, et même perturbant. Je pensais que la pression éthique serait telle que certains pays nordiques ne pourraient plus refuser cette solidarité. »       L’eurodéputée LFI Manon Aubry juge, elle, qu’il faut franchir le pas : « J’ai envie de dire à Macron : allez jusqu’au bout de la démarche, émettez des “coronabonds” à trois, entre la France, l’Espagne et l’Italie. Ce qui aura déjà un impact positif pour l’Italie, et même pour les trois pays, qui seront moins attaquables par les marchés. Commençons par quelques-uns. » L’élue précise qu’à ses yeux, les « euro-obligations », qui impliquent un renforcement de l’intégration économique en Europe, « ne peuvent être qu’une solution à court terme, dans l’attente d’une refonte de la politique monétaire européenne »    Dès le 23 mars, quelque 400 économistes, dont le Français Thomas Piketty, ont signé une lettre ouverte exhortant les dirigeants européens à émettre de la dette en commun. « La crise du Covid-19 va concrétiser, ou faire éclater, la zone euro », écrivent-ils. Jeudi, le président du Parlement européen, le social-démocrate italien David Sassoli, a plaidé dans le même sens. Dans le détail, plusieurs pistes sont sur la table, et le débat devrait durer, au moins aussi longtemps que le confinement.    Les propositions pour émettre de la dette en commun vont d’un assouplissement plus ou moins total des conditions de prêt du MES (un montant le plus vaste possible, un guichet ouvert à tous les pays), à une émission de dette commune en bonne et due forme, qui alimenterait le budget de l’UE. « Le vrai débat, c’est de savoir si ce mécanisme servirait à prêter aux États membres ou s’il servirait à financer des politiques communes au niveau européen », précise l’économiste Shahin Vallée, ex-conseiller économique de Herman Van Rompuy à la présidence du Conseil européen, aujourd’hui chercheur associé pour le think tank allemand DGAP.       Il met en garde contre des solutions au rabais, qui se contenteraient d’une réforme du MES : « La BCE permet déjà aux États de la zone euro d’emprunter dans des conditions excellentes. Le risque d’ouvrir une “covid-credit line” au sein du MES, c’est de faire la même chose que la BCE, en moins bien. Et d’affaiblir, par ricochet, le mécanisme mis en place par la BCE. »  « Il faut créer de nouvelles ressources pour le budget européen, insiste-t-il. Une taxe sur la vente de droits à polluer ou encore une taxe carbone aux frontières de l’UE amèneraient des dizaines de milliards d’euros dans l’année. En échange, on s’engagerait à créer de la dette en commun, à même hauteur, pour financer des investissements dans la santé ou l’environnement au sein des 27. »     Hasard du calendrier, la pandémie se propage sur le continent quelques semaines après l’échec des 27 à s’entendre sur les grandes lignes du budget européen, sur la période 2021-2027. « Il serait surréaliste, sinon indécent, de reprendre la discussion là où on l’a laissée en février, de passer encore quelques nuits sur la deuxième décimale du budget européen », jugeait mercredi un proche des négociations, convaincu que la crise permettrait d’augmenter le plafond budgétaire pour l’UE.....
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"...Les pays du Nord de l’Europe sont restés campés sur leurs positions, refusant d’étendre les mécanismes de solidarité avec les pays du Sud pourtant les plus touchés par cette crise et obligés d’activer la dépense publique pour y répondre.
     Ils ont ainsi refusé la création d’eurobonds, des obligations garanties au niveau européen, permettant de mutualiser et donc de réduire l’incertitude pour l’ensemble des économies de la zone euro et notamment les plus fragiles telles que l’Italie, le Portugal ou la Grèce. Ces eurobonds auraient pourtant permis de partager la dette et sa charge et d’éviter ainsi une possible crise des dettes souveraines comme celle que l’Europe a vécue en 2010. Car la dernière chose dont nous avons besoin, c’est bien de créer une nouvelle crise en tentant de résoudre celle que nous traversons...."
                                 _Le pont de vue de Coralie._
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Résul

dimanche 29 mars 2020

A l'heure du coronamachin

                                  (Merci à Fred)                                                                                                        

Parenthèse

Nous vivons entre parenthèses
                     Et nous perdons le mode d'emploi de nos vies ordinaires, condamnés à en réinventer de nouveau. C'est le temps de l'extra-ordinaire.
  En plein paradoxe. Il nous vivre  solidaire dans l'isolement. Solidaire par nécessité, de manière plus ou moins assumée, avec des tensions et parfois des souffrances lourdes. Ne plus pouvoir visiter des proches, les assister, les enterrer dignement. Il n'y a pas que Romeo qui ne parle à distance à Juliette que par skype, situation pénible mais non dramatique. Les beaux jours refleuriront..
  Il y a pire, dans les logements minuscules, les Ehpad, la double peine dans les prisons surpeuplées, les peuples déjà exclus depuis longtemps, pestiférés de notre temps.
    Les injonctions contradictoires nous déchirent, même si nous pouvons les juger nécessaires. Il faut bien que l'économie, surtout alimentaire tourne au ralenti, pour ne pas ajouter des drames au drame. Mais quel besoin de continuer à construire des Airbus, quand tous les avions sont cloués au sol et que la reprise des marchés tarderont? Plus rien ne presse à Flamanville, les besoins en électricité chutant drastiquement.
   On invente des parades, on construit des barrages. Mais on peut douter de leur efficacité, étant donnés les intérêts en jeu et les mauvais coups déjà prévisibles. On se souvient de 2008 et des sauvetages floués.
  Le coeur encore chaud de l'économie mondiale est atteint et sera affecté plus sévèrement avec son système de santé défaillant, ses décisions drastiques tardives et la dispersion des décisions.
    Ne parlons du cinglé criminel de Brasilia qui met en péril son peuple, mais ne se remettra pas sans doute de sa folie bornée, encouragée pas des Evangélistes, qui n'on rien retenu de l'affaire de Mulhouse.
    Il ferait bien de relire Boccace, faisant un tableau surréaliste de la célèbre peste de  Florence et en tirant quelques leçons de vie à sa manière..
       « C'était alors l'usage que dames, parentes ou voisines, s'assemblassent dans la maison du mort pour y pleurer avec celles qui appartenaient directement à sa famille [...] et ses pairs, avec toute une pompe de cierges et de chants funèbres, le portaient sur leurs épaules jusqu'à l'église choisie par lui avant de mourir. Ces usages, après que la fureur de la peste eut commencé de croître, cessèrent en totalité ou en grande partie et des usages nouveaux les remplacèrent. Car non seulement les gens mouraient sans une nombreuse assistance féminine, mais beaucoup d'entre eux quittaient cette vie sans témoins. » (G. Boccaccio, Décaméron, éd. de Ch. Bec, Paris, Livre de Poche, 1994, p. 42-43)
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          Une pratique mortuaire, toujours présente à Béthune, insolite pour l'étranger,  témoigne encore d'une époque où des laïcs prenaient en charge, à leurs risques et périls, l'enterrement des pestiférés.
  A Bergame, il n'y a que des camions militaires qui "évacuent" le plus rapidement possible les corps vers les incinérateurs débordés...Une mort industrielle.

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samedi 28 mars 2020

Tenir...

Donnons-nous aujourd'hui
                                    Notre courage quotidien.
            Et délivrons-nous du mal...
     Car Notre Père n'est plus au cieux, ou alors il est en RTT prolongé.
   Et les églises sont désertées...les incantations tombent dans le vide, sauf pour certains! Il y a des chanceux...
  Seule la solidarité nous sauvera. Et le courage, devenu valeur en baisse.
  Dans le Huis clos imposé, la vie est compliquée, surtout pour les combattants du front et les abandonnés sur le terrain. La cruauté de certaines situations nous affligent. Ne pas pouvoir enterrer dignement des proches est une épreuve qui laissera des traces. La référence à Antigone et Créon vient à l'esprit, un conflit déchirant entre  valeurs privées et raison d'Etat dans le traitement de nos morts.
  Le confinement peut être parfois terrible avec le temps, une mise à l'épreuve inédite et douloureuse. L'enfer peut être les autres, pour reprendre librement JP Sartre, quand les liens se délitent, quand montent les tensions.
  Il y a le coronavirus, mais aussi un autre virus qui peut aussi empoisonner, celui de la connerie, qui se réveille parfois en certaines circonstances de dé-solidarité, la connerie humaine qui, disait Eintein, est infinie.
   Non, ce n'est pas une guerre mais une lutte de tous contre un "ennemi " sans visage, chacun à sa place et selon ses moyens. Contre le coronamachin sans visage et la zizanie entre nous. Ce qui n'exclut pas la libre critique.
  Non, il n'y a pas de "héros", mais des professionnels qui font leur travail en dépassant parfois leurs limites, et plus, avec un courage qu'il faut saluer. En retenant l'immense déficit de notre système de santé sacrifié sur l'autel du marché depuis trop d'années et que la crise révèle cruellement. Petit à petit depuis 1983.
  ..En suivant les grandes lignes des discours récents de Mr Faukon-Yaka, qui se révèle, pour la circonstance, le prophète d'une vie qui va enfin changer, d'un système qui ne peut plus durer.
                        Tenir. Tenir bon.
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vendredi 27 mars 2020

Les jours d'après...(6)

Sur la dépression qui vient.
                                     Questions d'un demi-démé.
      Sans vouloir (et pouvoir) jouer au voyant ouau prophète, on peut avancer quelques hypothèses, sans trop risquer d'être démenti, en se basant sur de précédentes crises, même si chacune a ses particularités, si comparaison n'est pas raison.
  On n' échappera pas à un fort et brutal recul économique, c'est sûr, mais de quelle ampleur, pendant combien de temps?. Le spectre d'une dépression sévère pointe à l'horizon, dont on imagine encore mal les contours et le niveau de gravité. Les parades et les solutions ne pourront être que mondiales. Il n'y aura pas de salut dans le repli frontalier, étant données les interactions de fait de l'hype- mondialisation qui s'est développée, même si elle est appelée à certainement se réduire.
     De grandes incertitudes demeurent, sur la gestion post-crise, mais la baisse d'activité et de la consommation est déjà bien présente et le chômage déjà s'installe aux USA.
 Un coronakrack pointe à l'horizon.  
        ...Cette paralysie de l’économie va faire exploser les risques déjà présents en y faisant ressortir les fragilités chroniques. La contagion va passer principalement par le niveau d’endettement des acteurs privés, qui a atteint ces dernières années des records (10), avec une croissance particulièrement importante en France. Il s’agit de la faiblesse intrinsèque de notre modèle économique, qui repose encore principalement sur le crédit pour alimenter la production et la consommation. Ce modèle de fonctionnement n’est pas préparé à un arrêt brutal. Il nécessite une circulation des fonds régulière dans l’économie pour affronter les échéances de prêt, ce qui reste le principal souci des pouvoirs publics à cette heure. ..
   Les mesures impressionnantes prises par le G 20 suffiront-elles? Cette initiative inédite et massive fera-t-elle vraiment barrage à la déferlante redoutée, ou ne constituera-t-elle qu'un frein, un parachute pour ralentir la chute et éviter l'écrasement. On verra ce qu'il adviendra de cet engagement de principe et quel jeu joueront les banques, dont on sait que la philanthropie n'est pas la vertu cardinale. 2008 en a été la triste illustration. 
  Les catastrophe bonds seront-ils adaptés dans le contexte actuel d'endettement massif et de financiarisation déraisonnable? En tout cas, c'est un signe plutôt positif  que la "vertueuse" Allemagne consente enfin au principe d'un partage des dettes et entre enfin dans le jeu de la solidarité de l'UE, qui n'était pas son souci jusqu'ici. Mais ce n'est pas joué. Son repli sur un euro fort, ses ambitions mercantilistes, ses immenses réserves financières sont mis en question et sa puissance d'hier se retourne contre elle. A quoi sert-il de produire des biens si l'on ne peut plus exporter? Ce virage dans la politique européenne qui se délitait sera peut-être le début d'un rebond plus assuré et d'une autre Europe que celle des marchés. Les hélicoptères monétaires seront-ils suffisants?
  L'orthoxie européenne est à la peine. C'est un euphémisme. Rien n'est encore joué.
     Une chute de dominos à l'échelle mondiale est en cours. Jusqu'où ira la chute?
  C'est plus qu'une torpeur, c'est un effondrement.
   Le brouillard est total dans le milieu des "experts", qui cette fois voient venir les mauvais signes. L'avantage, c'est que cette fois on voit venir  et que l'on peut anticiper, que ça n'arrive pas brutalement comme un nouveau "vendredi noir."
   On regarde avec crainte du côté des USA, qui voit s'emballer son taux de chômage. Ils conditionnent encore, qu'on le veuille ou non, avec la suprématie durable du roi-dollar, les grands choix  économiques mondiaux dans notre sphère.
   La contamination n'est pas seulement virale.
     Une course contre la montre est engagée. On attend des dirigeants de la stature de Roosevelt, qui en son temps, par des mesures innovantes, su redresser la barre d'un navire qui coulait. Sans toutefois changer le système
_______ (*)  Franklin Delano Roosevelt aurait-il la même mansuétude vis à vis du gouvernement des banques, dont le pouvoir a été à peine écorné après 2008? Roosevelt qui disait publiquement: "...Nous avons dû lutter contre les vieux ennemis de la paix – le monopole industriel et financier, la spéculation, la banque véreuse, l’antagonisme de classe, l’esprit de clan, le profiteur de guerre. Ils avaient commencé à considérer le gouvernement des États-Unis comme un simple appendice à leurs affaires privées. Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé. Jamais dans toute notre histoire ces forces n’ont été aussi unies contre un candidat qu’elles ne le sont aujourd’hui. Elles sont unanimes dans leur haine pour moi – et leur haine me fait plaisir. Je peux dire que lors de mon premier mandat ces forces menées par l’égoïsme et la soif du pouvoir ont trouvé un adversaire à leur hauteur. J’aimerais pouvoir dire à l’issue de mon deuxième mandat qu’ils ont trouvé leur maître..."
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jeudi 26 mars 2020

Journal de crise (5)

Un jour de plus...
                       Les jours se suivent et se ressemblent...sinistrement.
                           Nos vies ont déraillés, comme si on en avait perdu le mode d'emploi ...
   Il y aura un avant et un après, cela paraît une certitude, sans que l'on puisse donner un visage à cet après qui est par nature indéterminé. Le meilleur est souhaité, mais n'est pas assuré.
   C'est justement dit:

             Nous vivions des temps hypnotiques: nous allions d'un point à l'autre, de son domicile au travail, du travail à son domicile, comme de parfaits automates, rompus à une routine qui si elle pouvait parfois se montrer pesante avait l'avantage de nous occuper l'esprit. Nous n'étions pas vraiment au monde, nous nous contentions d'occuper l'espace que la société nous avait réservé et jour après jour, semaine après semaine, dans ce long continuum d'années qui finissait par former une vie, nous allions sans prendre soin de nous interroger sur le sens même de nos existences.Tout cela a volé en éclat.Nous voilà soudain nus face à nous mêmes. Chaque nouvelle journée est comme un long voyage dont nous ignorons les différentes étapes. Nous n'avons plus de structures, aucun objectif à atteindre, et cernés par l'ennui qui menace à tout moment de nous engloutir, nous cherchons un moyen de ne pas sombrer tout à fait. Nous chancelons sur nous-mêmes et pris dans les rets de ce vertige immobile, nous cherchons désespérément une branche à laquelle se raccrocher.Nous ne sommes pas malades, nous ne sommes pas vraiment en vacances mais tout ce qui hier était encore source de plaisirs, les amis, les sorties, les ivresses légères des terrasses de cafés, les promenades au large, les nuits étoilées quand les cœurs robinsonnent –la frivolité comme projet de vie– tout cela nous est désormais interdit....
    Nous avons tous été baisés biaisés, pris de court. Bien que nous aurions pu savoir et anticiper, l'impréparation a été manifeste et nos systèmes de santé ont été réduits depuis des années pour des raisons budgétaires à courte vue et la recherche a baissé la garde, victime du culte du rendement. Malgré les alertes des services de renseignement et des autorités sanitaires il y a de cela plusieurs mois. Sans parler des lenteurs  et des incoordinations.
 Les dénégations ont d'abord été nombreuses et certains veulent déjà  virer de bord. Business first!
Et pourtant, le spectre d'une dépression sévère pointe à l'horizon, dont on imagine encore mal les contours, la profondeur. et la longueur. Les parades et les solutions ne pourront être que mondiales. Il n'y aura pas de salut dans le repli frontalier, étant données les interactions de fait de la mondialisation, même si elle est appelée à se réduire.
  Le risques est grand de dérapages et d'abus de toutes sortes et il va falloir être vigilant sur le devenir des mesures provisoirement prises par nécessité, pour que l' Etat de droit retrouve son fonctionnement normal une fois la bourrasque passée.
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mercredi 25 mars 2020

Humeurs d'un confiné ordinaire (4)

Primum vivere.
              Ce n'est pas seulement moi qui le dis.
                     Quand le danger potentiellement mortel guette, il est des priorités qui dépassent toutes les autres, pour ses proches, pour soi-même et tout son entourage, proche ou lointain.
  Les besoins ordinaires de base sont(encore) satisfaits. Heureusement. Ce n'est pas toujours le cas en période de guerre, même si à la ferme familiale on ne manquait pas de rutabagas, vivant en autarcie restreinte. Un privilège à l'époque. Pommes de terre, lait, cochons constituaient la base de survie en ces quatre années d'occupation.

   L'objectif, c'est la vie. on peut se passer de moutarde, de poivre, mais plus difficilement de pain, de pommes de terre...Tant qu'on aura des pâtes et de oeufs, on survivra. 
   Mais lire c'est aussi vivre. On peut vivre sans réfléchir, comme un coronamachin, mais moins bien.
         __Confinement des villes, confinement des champs. Restez chez-vous, mais (en même temps) allez aux fraises disent-ils. C'est con, pour les con-finés.
       __On aborde une semaine  sans doute décisive, qu'ils disent. On veut bien le croire, mais cela ne mettra pas un terme à notre claustration. Et tout le monde n'a pas une vocation monastique.
      __ Au front, les combattants sont plus que fatigués. Pourvu qu'ils tiennent! Surtout dans des conditions qui s'annoncent plus difficiles encore.
       __ Dans le confinement de survie, certains ont des idées peu ordinaires. Manière de s'affirmer existant.  Pour moi, j'ai décidé de ne plus me raser ...en attendant la fin, la longueur de la pilosité étant comme un instrument de mesure des jours claustrés. Par économie aussi...Il va falloir tenir.
         __ Comme Diogène dans son tonneau, je médite comme je peux, quand je peux, sur la fragilité humaine et la folie d'un monde qui part pour l'instant en eau de boudin, le coronatruc n'étant qu'un révélateur.. Au risque de choquer par un cynisme un brin provocateur, pour réveiller les esprits endormis ou conformistes. Sidérés, voire pétrifiés comme moi aussi parfois par l'ampleur de la vague montante.
          __  Il serait temps de songer à fermer la bourse, du moins pour un temps, afin de juguler les effets de panique moutonnière trop bien connue et de freiner une spéculation devenue folle et peu soucieuse d'investissements et du long terme.  Sinon, les lendemains pourraient être terribles, comme dit Roubini, qui avait vu venir la crise de 2008. 
                   On pourrait se pencher un peu plus sur les dires d'Augustin Barrau...qui ne manquent pas de pertinence, selon son habitude.
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